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Full text of "Bulletin général de thérapeutique médicale, chirurgicale, obstétricale et pharmaceutique"

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5fi 


BULLETIN  6ÉNËRAL 


THÉRAPEUTIQUE 


MEDICALE  ET  CHIRURGICALE. 


PARIS.  —  TYPOGRAPHIE  A.  HEMNUYER,  RUE  DU  BOULEVARD,  7 


BULLETIN  GÉNÉRAL 


DE 


THÉRAPEUTIOlt; 


MÉDICALE  ET  CHIRURGICALE 


■•■>■ 


J  :>  -/  ^"^ 


BECDEIL  PRATIQUE 


PTOLIÉ 

PAR  LE  DOCTBIJR  FËLIX  BRIGHETBAU 

Chef  de  clinique  médicale  à  la  Facalté  de  médecine. 

Ancien  interne  des  hôpitaux  de  Paris, 

Lauréat  de  la  Faculté  de  médecine  de  I^aris,  Vice-Présideni  de  la  Société  anatomique. 

Secrétaire  général  de  la  Société  médicale  d'obserTation, 

Membre  de  la  Société  d'hydrologie  et  de  la  Société  d'anthropologie , 

Rédacteur  en  chef. 


TOME  QUATRE-VINGTIÈME 


PARIS 

AU  BUREAU  DU  JOURNAL 

RUE  THÉRÈSE  9  5* 

1871 


i 


—  6  — 

savants,  pas  plus  quç  ceux  qui  précèdeatf  Q^  donnent  dans  leur 
mémoire  le  détail  d'eipërienees  précises  qui  puissent  légitimer 
cette  assertion. 

En  présence  de  ces  résultats  contradictoires,  nous  avons  pensé 
qu'il  fter»it  intér^stint  d«  faire  depouyellei  redurchei  sur  le  léné, 
notammfnt  à$  (l^tormioer  |a  pâture  duporpf  ou  de$  corpi  auxquels 
il  faut  attrfbutr  les  propriétés  purgatives  de  ce  précieux  médica- 
ment. 

Âpres  quelques  essais  préliminaires  qu'il  est  inutile  de  rappor- 
ter ici^  voici  la  marche  que  nous  $ivpns  suivie  dans  ces  recherches 
délicates. 

Un  kilogramme  de  sépé  de  h  V^\t&,  PSond^  d'&rguel^  est  traité 
par  dix  fois  son  poids  d*eau  distillée  bouillante;  après  vingt- 
quatre  heures  d'infusion^  la  masse  est  exprimée,  et  le  liquide  filtré 
est  évaporé  au  bain-marie  de  manière  à  obtenir  2  litres  de  pro- 
duit. On  y  ajoute  alprs  squ  volume  d'alcool  ordinaire«  ce  qui  donne 
lieu  à  la  formation  d'un  abondant  précipité  que  Ton  recueille  à 
part.  Le  liquide,  débarriij^^é  d€  C^  priucipd  ^i  ramené  au  poids  de 
i  J^ilo^r^mne  par  ^vtporatioo  Wfê,  désigné  îei  sous  la  nom  de 
Uquiiê  êxtraeiif.  C'est  ee  produit  qui  nous  servira  %  prép^er» 
d'une  part^  la  cathartine  de  Lassaigne  et  Feneulle ,  d'autre  part 
Ymàê  iQfttblLrtiqttO  de  Oragendorff  et  Kubly. 

Caeî  i^é,  npufl  allons  «xamio^  «ueeessÎTeralent  dans  ce  mé- 
moire : 

i«  La  matière  mueiUginftuse^ 

8*  Lkt  liquide  cxiraotif  ; 

3*  lift  eathArttiia  dit  L^ssaigiift  et  7en«ulle; 

1*  Uha  raatièn  peuvelle  (catharto-raannite  T)  ; 

5*»  L'acide  catharti  que  ; 

0"»  I/acidfi  ehrysaphanique  du  i^né. 

I.   —  HATIÈRX  HUCILAGmEUSB. 

La  m^tièrd  muaîlagiueuse  existe  en  grapde  quantité  dans  le 
s^ué^  Q9X  ^^luî-ci  en  contient  râyiron  la  dixième  partie  de  son 
poids.  Elle  se  sépare  immédial^mepl  Iprsque  l'on  ajoute  à  une  in- 
fuiion  ^xmnivé^  4^  féné  «on  volume  d^aleool  ordinaire  ;  par  le  re- 
ppf  aW^  sa  rassemble  à  la  iiurfaee  du  liquide  ;  on  l'enlève  avec  faci- 
lité et  on  la  lave  à  plusieurs  reprises  avec  de  l'alcool  pour  U 
débarrasser  du  liquida  çxtr^^tif  qui  l'ioïprègnef  &I  la  d}»/M)Want 


M 

«nsuite  dans  son  Tûlume  d'eau  distillée,  on  obtient  une  solution 
un  peu  louche  et  filante,  d^une  saveup  mucilagineuse  nullement 
araère.  G'e^t  cette  solution  qui  a  été  tout  d^abord  expéviœentéa;  et 
qui  nous  a  donné  les  résultats  suivants  : 

Effets  physiologiques.  —  Nous  avons  donné  la  matière  mucila- 
gineuse du  séné  à  quîfi|(§  çpfântg  d§  fiii^q  \  treize  ans,  à  la  dose 
de  5  grammes^  de  6  grammes,  de  10  et  de  45  grammes. 

Huit  fois,  o'est-à-dire  dans  la  moitié  des  cas,  il  n'y  a  eu  auoun 
effet  purgatif,  et  ches  deuide  ces  enfants  qui  n'ont  pas  été  purgés^ 
il  y  a  eu  seulement  quelques  coliques.  A  part  cela,  nous  n^avons 
observé  aucun  trouble  appréciable  de  fièvre  ni  perte  d^appétit. 

Chez  les  sept  autres  enfants ,  il  y  a  eu  un  léger  effet  purgatif  earaor 
térisé  par  une  seule  évaouatlon  boueuse  chez  trois,  et  par  deux  à 
qnatpci  évacuations  liquides  jaunâtres  chez  les  autres,  mais  auoun 
de  ces  malades  n'a  eu  de  fièvre. 

'Voulant  coraparev  Taetion  purgative  de  cette  matière  mucila- 
gineuse retirée  du  yéné  au  liquide  extraetif  dont  nous  parlerons 
plus  loin,  voici  oe  que  nous  avons  fait  dans  les  deux  cas  3 

SuF  un  premier  enfant  de  douze  ans  qui  avait  pris  successive- 
ment 6  grammes  de  matière  mucilagineuse^  et  le  lendemain 
40  grampies  sans  éprouver  d^efifet  purgatif,  nous  avens  doniié  le 
troisième  jour,  10  grammes  de  liquide  extraetif,  et  nous  avons 
ainsi  obtenu  deoi  évacuations  liquides  sans  coliques  ; 

Sur  un  autre  enfant  de  quatorze  ans,  après  avoir  donné  la  na- 
tière  mucilagineuse  à  15  grammes,  qui  n'avait  produit  qu^une  selle 
demi-liquide,  aous  avons  fait  prendre  le  lendemain  15  grammes 
de  liquide  extraetif.  Il  en  est  résulté  alors  une  petite  purgation  ca- 
ractérisée par  cinq  selles  liquides  et  quelques  coliques. 

D  sembla  donc  que  si  la  matière  mucilagineuse  du  séné  ren* 
ferme  quelques-uns  des  principes  purgatifs  de  la  plante,  son  action 
purgative  n'est  pas  très-marquée,  puisque  à  la  dose  de  15  gramnies 
elle  peut  ne  rien  produire,  et  que  sans  dépasser  cette  dose,  lorsr 
qu'elle  agit,  cela  ne  va  jamais  jusqu'à  déterminer  d'abondaptes 
évacitations.  Remarquons,  du  reste^  qu^  15  grammes  de  ce  pro- 
duit répendent  à  150  grammes  de  séné. 

On  s'explique  d^une  manière  très-simple  comment  la  matière 
mucilagineuse  du  séné  peut  exercer  parfois  une  légère  action  purr 
gitive*  En  efiet^  lé  produit  de  DragendorfiT  et  Kubly,  qui  est  pur- 
gatify  Comme  on  le  verra,  est  insoluble  dans  Talcool  concentré  ; 
•n  eonfdit  des  1ers  qu'une  petite  quantité  de  ee  produit  puisse 


—  8  — 

accompagner  h  matière  mucilagineuse  et  qu'il  soit  difficile  d'en 
priver  cette  dernière  d'une  manière  rigoureuse. 

En  résumé,  cette  matière  mucilagineuse  ne  doit  pas  être  re- 
gardée comme  Tun  des  principes  purgatifs  du  séné. 

II.  —  LIQUIDE  BXTRàCTIF. 

L'infusion  du  séné,  privée  par  l'alcool  de  la  matière  précédente, 
a  été  évaporée  au  bain-marie  à  une  douce  chaleur,  de  manière  à  la 
débarrasser  en  grande  partie  de  l'alcool  et  à  obtenir  finalement  une 
quantité  de  liquide  égale  au  poids  de  feuilles  primitivement  em- 
ployé. 

Le  liquide  ainsi  obtenu,  d'une  couleur  jaune  brun  foncé,  pos- 
sède une  saveur  amère,  légèrement  nauséeuse.  Il  ne  précipite  ni 
par  l'eau  ni  par  l'alcool  ;  ordinaire,  mais  il  donne  un  précipité 
abondant  par  Talcool  absolu^  comme  nous  Tindiquerons  plus  loin. 

Effets  physiologiques. —  Les  effets  de  ce  liquide,  qui  représente 
à  proprement  parler  l'infusion  de  séné,  sont,  comme  on  devait  s'y 
attendre,  bien  plus  marqués  que  ceux  de  la  matière  mucilagineuse 
sur  la  sécrétion  et  les  contractions  de  rintestin.  Nous  l'avons  déjà 
dit  plus  haut  en  comparant  chez  le  même  sujet  l'action  purgative 
de  l'une  et  de  l'autre  de  ces  préparations.  Mais,  même  sans  faire 
d'observations  comparatives,  l'action  plus  énergique  du  liquide  ex- 
tractif  se  révèle  d'une  façon  absolue  par  l'étendue  des  effets  produits. 

Ainsi  nous  avons  administré  le  liquide  extractif  à  trente  enfants 
de  cinq  à  quinze  ans,  et  nous  n'avons  eu  que  trois  malades  chez 
lesquels  il  n'y  ait  pas  eu  d'effet  purgatif. 

Il  a  été  administré  à  la  dose  de  6  à  30  grammes,  et  dans  les 
trois  cas  où  il  a  été  sans  action,  nous  en  avions  fait  prendre  10, 
15  et  20  grammes  seulement.  Deux  fois  il  n'y  a  eu  qu'une  selle  ; 
sept  fois  il  y  en  a  eu  deux  ;  deux  fois  il  y  en  a  eu  trois  ;  six  fois  il 
y  en  a  eu  quatre  ;  cinq  fois  il  y  en  a  eu  cinq  ;  trois  fois  il  y  en  a  eu 
six  ;  trois  fois  enfin  il  y  en  a  eu  sept. 

Ces  évacuations  étaient  jaunâtres,  liquides,  plus  ou  moins  abon« 
dantes,  et  il  n'y  a  eu  après  la  purgation  ni  malaise  ni  fièvre. 

Quelques  malades  ont  eu  des  nausées,  d'autres  des  coliques  et 
plusieurs  un  vomissement. 

Ainsi  un  des  sujets  chez  lequel  le  liquide  extractif  à  la  dose  de 
SO  grammes  n'a  pas  eu  d'effet  purgatif  a  vomi  le  médicament,  et 
c'est  sans  doute  pour  cela  qu'il  n'y  a  pas  eu  purgation.  Les  autres» 


—  9  — 

qui  ont  vomi  avaient  pris  Tun  30  grammes  et  les  deux  autres  15. 

Trois  ont  eu  des  nausées,  Tun  sans  vomir  et  les  deux  autres 
sont  ceux  dont  nous  venons  de  signaler  le  vomissement. 

Quatorze  enfin  ont  eu  quelques  coliques,  ce  qui  montre  l'action 
convulsivante  intestinale  de  la  préparation  employée. 

III. — GATHÀRTINE. 

Pour  préparer  ce  produit,  Lassaigne  et  Feneulle  ont  suivi  un 
procédé  assez  compliqué.  Ils  épuisent  d'abord  le  séné  par  Téther^ 
puis  traitent  le  résidu  par  Teau  et  distillent  en  partie.  Le  décoc- 
tum  resté  dans  la  cornue,  exprimé  et  filtré^  est  ensuite  traité  par 
l'acétate  neutre  de  plomb,  ce  qui  donne  lieu  à  un  précipité  abon- 
dant que  l'on  rejette.  Le  liquide/ débarrassé  de  l'excès  de  réactif 
par  l'acide  sulfhydrique,  est  repris  par  de  Talcool  rectifié  et  la  solu-. 
tion  alcoolique  est  ensuite  évaporée  jusqu'à  consistance  d'ex- 
trait; celui-ci  est  repris  par  de  Palcool  acidulé  avec  de  l'acide  sul- 
furique,  puis  filtré  pour  séparer  le  sulfate  de  potasa.e  insoluble  qui 
s'est  formé.  Précipitant  enfin  l'acide  sulfurique  par  l'acétate  de 
plomb^  isolant  l'excès  de  ce  dernier  réactif  par  l'acide  sulfhydrique, 
filtrant  de  nouveau  et  évaporant  à  siccité,  on  obtient  la  cathartine^ 
corps  qui^  suivant  les  auteurs,  est  au  séné  ce  que  Témétine  est  à 
ripécacuanha. 

Le  traitement  par  Téther  et  la  distillation  sont  deux  opérations 
inutiles.  On  peut  préparer  très-exactement  le  même  produit,  et 
cela  beaucoup  plus  simplement^  de  la  manière  suivante  : 

Un  kilogramme  de  séné  est  traité  à  deux  reprises  différentes  par 
huit  à  dix  fois  son  poids  d'eau  distillée  ;  on  porte  à  Tébullition^  on 
laisse  refroidir,  et  après  vingt-quatre  heures  on  filtre.  On  réunit  les 
deux  liqueurs  et  on  évapore  de  manière  à  obtenir  1  litre  de  pro- 
duit, que  l'on  traite  par  son  volume  d'alcool  ordinaire^  afm  de  sé- 
parer la  matière  mucilagineuse.  On  chasse  l'alcool  au  bain-marie, 
et  on  ajoute  au  résidu  de  l'acétate  neutre  de  plomb,  ce  qui  donne 
lieu  à  un  abondant  précipité  que  l'on  sépare  et  que  Ton  rejette.  On 
sépare  l'excès  de  plomb  à  l'aide  de  l'acide  sulfhydrique  ;  puis  le 
liquide  filtré,  évaporé  en  consistance  sirupeuse,  est  traité  par  de 
Talcool  à  85  degrés;  on  filtre  et  on  ajoute  avec  précaution  de 
l'acide  sulfurique  très-étendu,  jusqu'à  cessation  de  précipité  ;  on 
filtre  de  nouveau  et  on  évapore  au  bain-marie. 

La  matière  ainsi  obtenue  est  d'une  couleur  jaune  rougeâtre, 


—  40  — 

d'une  saTeur  amère  et  nauséeuse,  rappelant  celle  de  Tinfusion  de 
sënë.  Elle  est  hygrométrique,  soluble  dans  l'eau  et  dans  Talcool^ 
incomplètement  insoluble  dans  Téther  \  enfin  sa  solution  aqueuse^ 
qui  précipite  abopdan^meqt  par  le  sousnacétate  de  plomb,  ipais 
non  par  le  sel  neutre,  prend  une  coloration  plus  foncée  sous  Vinv 
fluence  des  alcalis. 

Effets  physiologiques,  m  pffi  voulant  pas  employer  de  doses  ca- 
pables de  nuire  aux  malades  que  nous  avions  à  purger^  nous  avons 
d'abord  donné  SO  centigrammes^  puis  1  gramme  à  des  enfants  de 
six  à  treiie  ans.  N^ayant  rien  obtenu,  nous  ^vops  élevé  la  dose  en 
la  portant  à  5  et  10  grammes,  selon  Tâge  des  sujets. 

Dans  sept  cas  où  la  oathartine  ^  été  administrée  à  la  dose  de 
5  grammep,  il  y  en  a  eu  un  où  nulle  action  n^a  été  observée  ;  chea 
les  six  autres  malades,  il  y  a  eu  d'une  h  quatre  évacuations  liquides 
deux  fois  accompagnées  de  nausées  et  trois  fois  4c  coliques^  maiii 
chez  aucun  il  n^y  a  eu  de  vomissements,  de  malaise  nj  de  fièvre. 

Trois  fois  la  cathartine  a  été  donnée  à  la  dose  de  iO  grammes, 
chez  les  enfants  les  plus  âgés.  L'efifet  purgatif  n'a  pas  été  plus 
énergique,  car  il  n'y  a  eu  qu^une^  deux  et  quatre  évacuations  sans 
nausées  ni  vomissements^  et  une  seule  fois  avec  quelques  coliques. 

Si  l'on  observe  que  le  séné  ne  fournit  environ  que  la  trentième 
partie  de  son  poids  de  cathartine^  on  reconnaîtra  que  cette  prépa- 
ration n'a  évidemment  pas  la  puissance  du  liquide  extractif,  et  que 
par  suite  elle  ne  peut  prétendre  à  représenter  le  principe  actif  du 
séné. 

IV.  —  H^TliRB  KOUVEI.LE. 

Cette  substance,  qui  est  très-soluble  dans  Feau^  insoluble  dans 
Palcool  concentré  et  dans  Téther,  s'obtient  comme  produit  secon- 
daire dans  la  préparation  de  la  cathartine.  On  opère  ainsi  qu'il 
suit  :  Après  avoir  séparé  de  Tinfusion  de  séné  la  matière  mucila- 
gineuse^  on  concentre  la  solution,  puis  on  ajoute  de  Pacétate  neu-r 
tre  de  plomb;  le  liquide  filtré  étant  débarrassé  de  l'excès  do  plomb 
par  l'hydrogène  sulfuré^  on  évapore  en  consistance  sirupeuse  et  on 
y  ajoute  de  Talcool  concentré  :  le  résidu  insoluble  dans  ce  véhicule 
contient  le  produit  en  question.  Pour  Pobtenir,  on  diss&ut  le  tout 
dans  un  peu  d'eau  et  on  précipite  par  Talcool  ;  en  répétant  deux 
ou  trois  fois  cette  opération^  elle  est  assez  pure  pour  être  soumise 
à  Texpérimentation.  Elle  a  été  dissoute  dans  l'eau^  dç  manière  à 
obtenir  une  solution  au  dixième. 


—  il  — 

EfféH  phf^iùhgiqueê.  mm  ^oug  Pavons  d'abord  fiait  prendre  à  la 
doM  de  i  gramme  à  cinq  enfants^  qui  n^en  ont  aucunement  res- 
senti lep  effets.  Ils  n^ont  au  aucupe  nausée,  aueune  colique  et  n^ont 
pat  eu  d'évacuation. 

Les  mêmes  enfants  qui  n-avaient  pas  éié  à  la  garde-robe  depuis 
trois  jours  ont  pris  deux  jours  après  tous  les  cinq  2  grammes  de  ce 
produit  et,  comme  la  première  fois,  il  n'y  a  pas  eu  d^évaçuation. 

Le  jour  suivant^  nous  avons  donné  aux  mômes  enfants  la  dose 
de  5  grammes  sans  obtenir  d^autres  résultats  ;  il  n'y  a  eu  ni  vo- 
missement!, ni  nausées,  ni  coliques,  ni  évacuation.  Aucun  malaise 
ne  a^eit  produit.  Ces  cinq  enfants  nourseulement  n^ont  pas  éprouvé 
d*e&t  purgatif,  maii  ont  été  constipés  pendant  six  jours. 

En  présence  de  ce  résultat,  nous  avons  donné  à  chacun  de  ces 
enfants  iS  grammes  de  liquide  extractif,  et  tous  ont  eu  des  éva- 
cuationSy  dont  le  nombre  a  varié  entre  quatre  et  sept  dans  la  jour- 
née. Ces  évacuations  ont  été  accompagnées  de  quelques  coliques, 
mais  il  n'y  a  pas  eu  de  vomissements  ni  de  nausées.  La  première 
évacuation  était  dure  et  difficile,  en  présencç  de  la  solidification 
des  matières,  puis  If  s  évacuations  suivantes  ont  été  complètement 
lûiuidei. 

V.  —  ACmE  CATOARTIQUI, 

Nous  avons  préparé  cet  acide  de  la  manière  suivante  : 

Une  infusion  faite  4vçc  1  kilp^amme  de  séné  de  la  Palte  a  été 
concentrée  de  manière  à  obtenir!  litre  de  produit,  qui  a  été  addi- 
tionné de  son  vplume  d'alcool  à  78  degrés.  La  matière  mucilagineuse 
qui  se  prMpite  a  été  sép»ée  par  ôltration,  puis  le  liquide  évaporé 
en  eonsistance  sirupeuse  a  été  précipité  par  de  l'alcool  absolu.  Ce 
nouveau  traitement  donne  un  corps  noirâtre  que  Ton  dissout  dans 
Fétu  et  que  l'on  précipite  par  de  l'acide  chlorhydrique  étendu.  Ce 
produit,  qui  est  Faeide  cathartique  impur  de  Dragendorff  et  Kubly, 
a  été  dissous  à  chaud  dans  Talcool  à  60  degrés  ;  enfin  la  solution 
ainsi  obtenue  ayant  été  évaporée  en  partie  et  exactement  saturée 
par  une  solution  étendue  de  potasse,  Tacide  cathartique  a  été  de 
nmiveau  mis  en  liberté  par  Taeide  chlorhydrique. 

Un  kilogramme  de  séné  donne  6^7  grammes  diacide  cathartique 
ainsi  purifié. 

Cet  acide  est  insoluble  dans  l'eau.  Afin  de  l'administrer  en  son 
Intion  aqueuse  et  dans  un  état  analogue  à  celui  dans  lequel  il  parait 
exister  dans  la  plante,  c'est^-dire  à  l'état  {le  sel,  il  a  été  exactement 


—  12  — 

saturé  par  une  dissolution  étendue  de  potasse^  de  manière  à  obte- 
nir une  solution  au  centième,  chaque  gramme  de  ce  liquide 
répondant  par  conséquent  à  i  centigramme  d'acide  cathartique. 

Effets  physiologiques,  —  Nous  avons  administré  l'acide  cathar- 
tique, ou  mieux  la  solution  dont  nous  venons  d'indiquer  la  prépa- 
ration^ chez  des  enfants  de  six  à  quinze  ans,  et  à  la  dose  de  15  à 
30  centigrammes. 

Il  a  été  donné  à  neuf  malades,  sept  fois  à  15  centigrammes  et 
deux  fois  à  30  centigrammes,  en  raison  de  l'âge  des  sujets. 

Sur  les  sept  malades  qui  ont  pris  la  plus  faible  dose^  quatre  fois 
la  préparation  a  été  sans  effet,  et  dans  les  trois  autres  cas  il  y  a  eu 
une  fois  une  selle^  une  fois  trois^  et  une  fois  quatre,  sans  nausées 
ni  vomissements,  mais  avec  quelques  coliques. 

Dans  les  deux  autres  cas,  où  nous  avons  cru  devoir  donner 
30  centigrammes^  nous  n'avons  produit  qu'une  seule  évacuation, 
sans  nausées  ni  vomissements  et  sans  coliques. 

Il  résulte  de  là  que  l'acide  cathartique  ne  peut  à  lui  seul  repré- 
senter toute  Faction  purgative  du  séné;  en  effet,  en  admettant  que 
le  séné  en  contienne  la  centième  partie  de  son  poids,  ce  qui  est  un 
maximum,  30  centigrammes  correspondent  à  30  grammes  de 
feuilles  et  par  suite  répondent  à  30  grammes  de  liquide  extractif  ; 
or  ce  dernier  exerce  à  cette  dose  une  action  beaucoup  plus 
énergique. 

VI.  —  ACroE   CHRTSOPHANTQUE. 

Nous  venons  de  dire  que  la  cathartine  de  Lassaigne  et  Feneulle 
n'était  pas  un  principe  défini^  qu'elle  devait  être  considérée  comme 
un  mélange  de  plusieurs  corps  dont  Tun  d'eux  au  moins  était 
purgatif. 

Sans  chercher  ici  à  définir  exactement  la  nature  de  ce  mélange, 
ce  que  Tun  de  nous  se  réserve  le  droit  de  faire  ultérieurement,  il 
nous  a  paru  intéressant  de  rechercher  à  quelle  partie  de  ce  produit 
il  fallait  attribuer  les  propriétés  purgatives  de  la  cathartine.  Nous 
y  sommes  parvenus  très- simplement  de  la  manière  suivante  : 

La  cathartine  a  été  agitée  fortement  avec  de  l'éther  privé  d'al- 
cool et  ce  traitement  a  été  répété  [un  grand  nombre  de  fois,  car 
l'épuisement  est  difficile.  La  solution  éthérée  fortement  colorée  en 
jaune  a  été  évaporée  au  bain-marie  ;  le  résidu  ayant  été  repris  par 
de  l'alcool  absolu^  la  solution  filtrée  a  été  évaporée  en  consistance 
d'extrait.  Nous  avons  ainsi  obtenu  un  produit  contenant  deux  prin- 


—  43  - 

cipes  différents  :  Tun  d'eux  est  une  matière  colorante  soluble  dans 
Peau;  Tautre' jouit  de  toutes  les  propriétés  de  l'acide  encore  assez 
mal  défini  désigné  sous  le  nom  d'acide  chrysophanique. 

En  effet,  ce  corps,  presque  insoluble  dans  Teau,  est  au  contraire 
soluble  dans  l'alcool  et  dans  Téther;  sa  solution  alcoolique,  qui 
rougit  le  papier  de  tournesol,  est  jaunâtre  et  prend  une  belle  couleur 
rouge  sous  l'influence  des  alcalis.  Les  sels  ainsi  formés  sont  inso- 
lubles dans  Kalcool  et  par  contre  très-solubles  dans  Teau,  ce  qui 
permet  d'en  séparer  l'acide  organique  au  moyen  de  l'acide  acétique. 
Mais  cet  acide  ne  forme  qu'une  petite  partie  de  la  masse  extraite 
par  Féther  :  il  est  accompagné  d'une  matière  colorante  rouge  dont 
la  solution  ammoniacale  n'est  pas  troublée  par  l'acide  acétique. 

Ce  mélange,  obtenu  comme  il  vient  d'être  dit^  a  été  transformé 
en  pilules  contenant  chacune  10  centigrammes  de  produit. 

Ces  pilules,  données  à  la  dose  de  60  centigrammes,  n'ont  produit 
aucun  effet  purgatif.  Â  cette  dose^  elles  ont  même  paru  occasionner 
de  la  constipation  et  il  a  fallu,  pour  obtenir  des  évacuations^  recourir 
à  l'usage  de  notre  liquide  extractif . 

Ainsi,  sur  une  petite  fille  de  onze  ans,  20  centigrammes  donnés 
à  jeun  n'ont  rien  produit;  le  lendemain  nous  en  avons  fait 
prendre  40  centigrammes  sans  obtenir  de  résultat^  et  au  troisième 
jour  15  grammes  de  liquide  extractif  ont  donné  trois  selles. 

Dans  un  second  cas  relatif  à  une  petite  fille  de  trois  ans,  10  cen- 
tigrammes et  le  lendemain  20  centigrammes  ne  firent  aucun  effet 
purgatif,  tandis  que  le  jour  suivant  15  grammes  d'extractif  pro- 
duisent une  selle  et  le  lendemain  une  dose  semblable  amène  trois 
évacuations. 

Sur  une  autre  fille  de  quatre  ans,  trois  pilules  représentant 
30  centigrammes  ne  produisirent  aucune  action^  et  il  y  eut  ce  jour- 
là  une  évacuation  naturelle  solide. 

Enfin,  dans  un  quatrième  cas,  chez  une  fille  de  onze  ans^  après 
avoir  donné  quatre  et  six  pilules  à  un  jour  d'intervalle  sans  effet 
d'aucun  genre,  notre  liquide  extractif  à  15  grammes  produisit  de 
nombreuses  évacuations. 

Ajoutons  cependant  qu'à  haute  dose^  en  donnant  par  exemple 
dix  pilules,  soit  1  gramme  de  produit,  nous  avons  obtenu  un  effet 
purgatif  marqué. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  évident  que  l'action  de  l'acide  chryso- 
phanique du  séné  ne  saurait  être  précisée  d'après  ces  expériences, 
puisqu'il  n'a  pas  été  employé  à  l'état  de  pureté.  Nous  nous  propo- 


—   t4  — 

soBfe  dans  un  autre  mémoire  d'expérknenteir  suv  de  VênAiê  chif  «• 
flophanique  pur»  retiré  de  la  rhubarbe  et  non  du  séaé,  car  celui*ei 
ne  paraît  en  reàforkner  qu'une  irèb-faible  quantitë»  ce  qui  explique 
pourquoi  la  prëseoce  de  cet  acide  n'a  pu  èive  cootiatée  par  touâ  les 
isipérimetttateurfl* 

il  résulte  de  ce  qui  pi^écède  que  le  principe  purgatif  ooateutt  dans 
la  càthartine  devait  se  retrouver  dans  ht  partit  ialoluble  dans 
Téther.  Ctéi  en  ofifet  Ce  qui  a  lieu*  La  càthartine^  débanasée  par 
Féther  de  Tacidè  chrpophaaique  é(  de  la  matière  ooteranle^  a  donné 
lee  nésultati  suivants  c 

Sur  une  première  makdo  de  qoàtôntt  «nx,  St  grammes  nn  potion 
ont  amené  du  malaise  av«o  perte  il^appiftit^  des  naueées^  dei 
coliques  et  cinq  évacuations. 

Dans  un  second  cas^  ciiea  une  fille  ée  douae  ans^  la  ntème  dose 
produisit  des  coliques  et  cinq  Oelles^  sans  ainenar  é^evÊxm  nalaises 
ni  de  perte  d*appétit% 

£nfin;  sur  une  troisième  malade  de  doiKe  an8>  il  n'y  eut  à  k 
même  dose  aucun  malaise^  pas  de  runissements^  quelqoos  coiiqtiek 
«I  cinq  évacuations. 

GONCLUSIOl^S. 

Il  résulte  de»  ftiits  «qtte  nous  ^«mom  d^Kposer  «hns  <ee  mimeîre 
^ne  te  <5éAé  ne  peut  être  t«ittgé  dsmti  la  «érîe  des  pleiMies  qui  nt  pos- 
sMent  qu'un  aetil  principe  <ietif«  CftteKviàaiMiiiMrt  Iàceq«d4e9cpii^e 
les  diffiêultét  qui  tmt  été  rekiconiré«s  jusqu'à  ce  joier  diois  rsundyie 
de  ce  eoi^  et  l'iM^ertitiide  q«i  règm  dain;  la  «cienoe  s«r  la  mtaK 

du  principe  purgatif  du  séné. 

Notai  ^mnons  de  kirè  ^oir  d'une  nanièa^  tiès^nftle  que  l\inquel- 
Odttque  des  principes  co«istit«an^deiapla9ite,  considéré  isoléaenl> 
ne  peut  prétendre  à  présenter  l'enipemble  des  ydndipsles  propriétés 
de  cette  dernière;  en  d'autres  lenaies,  ^  Von  tncft  de  côté  Tacide 
chrysophaniqué)  qui  n^isle  qu'em  petite  quantilé,  le  séné  renferme 
au  moins  deux  principes  purgalifis  ;  Vmk  ïeçréoenté  par  l'acide  ca* 
thartique  ^  Tautre  contenu  dans  la  préparstion  de  Laoeaigve  -et 
FeneuUe  imptopremeiA  np^elée  mJtfhurtmB. 

En  effet)  la  matière  nancils^neiise  pufig»  4  peine,  Oiy  dans  k 
moitié  des  cas^  elle  ne  produit  aucun  effet  ;  si  paiMs  ^e  ftaegi^ 
c'<est  qu'elle  renferme  une  petite  fi»l]rfeitéd^acîde  cathtsrâqtie^dettt  il 
ostdi(6cile  de  la  débarrasser  complélemoHft» 

Le  liquide  «attractif,  MEifirmant  tous  les  frnncîpes  etetifc,  p»ge 


^  48  -^ 

tirèê-biétt  et  ôcèftéîônlie  dé  nombreuses  ëtAôttatiOûs  jftanâtréd 
lh}tiidô!(. 

Là  e&tbÀttittë  détermiûe  aUiisi  d'à^sëK  ftbondafitei^  titacttàtioiis^ 
ffldis  l'effet  punitif  est  tnoitis  eâi^térisé  que  celui  du  iii)uide 
eitràettf. 

Lft  màtièfe  hôiitelie  {mihairkhmMnitè?)  i^tuble  au  coAtmiye 

prodUil«  Aé  là  ebâ»ii{yalio&. 

L'àddèeàthàitiqUe  pUi^  fkiÛetaefit;  il  et^ee  UUâ  àélioll  b«àUa 
coup  itit>iûdlià  què  tBilé  du  liquidé  eztfàCtif  et  do  là  càih6MiM. 
Enfin  l'acide  chrysophanique  semble  aUiiâi  pôSkédeT  deft  pft>priélél 
purgàtité«>  lûfiâd  élled  pà)^is«eiit  faibleé,  <àar  il  faut^  pôUI"  ôblfànif  ce 
résultât^  dôûuet  UUe  doiiâ  àdsel  fôtle. 

Eu  téi»umé>  ftàuf  une  seule  dess  pt^pàmiôuis  que  uous  atout 

retirées  du  séné,  toutes  les  autres  réunies  possèdeut  led  pi1)priété9 
puir^tités  de  là  plautô  ell«»iAémeft 
Ajoutouâ  eufiu,  tomme  tonséqueuce  géuéràle  de  ee  tfàtail,  àu 

point  de  vue  clinique  et  thérapeutique^  que  la  meilleure  prépàfàtioft 
pharfiiâteutique  du  séné  est  Tinfusion  avec  ou  sans  la  matière 
mucilaginéuse,  par  exemple  eeilè  que  nous  avoUd  étudiée  douts  te 
nottk  dft  Kquiié  ^sètmcHfy  puisque  seule  elle  renferme  tous  les 
principes  purgatifs  de  la  feuille^ 


THtftÂniiTiQUE  cHittimeieALt 


»«  pr— «lit  «Ml  lé«l*iui  tMMiMuiMi|iiMi  M  d«a  ffért^Èmmm 
êhlrari^lcalès  ehea  les  aleooliqiie*  (i)  ; 

Par  IL  le  profeMeur  Ybbubijil. 

0  y  a  quelqueii  ««maines,  jt  ptoposats  à  {^Académie  la  Mprise 
d^uMs  ân)eu!tti«m  inlem>mpue  sur  la  pyohémie.  La  triste  pe»pee- 
tS^  de  tombât»  meuHfiers  en  taisait  une  question  d'actualité. 

11  fut  répondu  que,  dans  la  disposition  présente  des  esprilâ,  il 
était  impossible  d^abMrdèit  un  sujet  ta  taste^  si  tontrot^rté,  si  dif* 
Bcile. 

t)epiufe  têtte  époque,  vous  avez,  sans  ouUi(fr  vos  angoisses  pa*- 
iriotiques>  teeoutrê  un  calme  apparent  et  poursuivi,  sinon  avec 
ardeuf ,  au  moini  avec  sang-froid,  le  tours  accoutumé  de  vos  tra- 


(1)  Lu  à  rittdèni3i«  àe  médecifte,  séance  du  t^  décèmbirâ  laiTU» 


—  16  — 

vaux;  j'ai  donc  pense  que  vous  accorderiez  votre  attention  à  une 
question  tout  aussi  importante,  tout  aussi  actuelle  que  celle  dont 
vous  avez  décidé  rajournement,  mais  beaucoup  plus  circonscrite 
et  n'exigeant  ni  lectures  nombreuses^  ni  expérimentations  nou- 
velles, ni  travail  minutieux  de  critique.  Â  l'observation  clinique 
revient  surtout  la  tâche  de  résoudre  les  problèmes  que  je  vais  vous 
soumettre.  Vous  y  parviendrez  sans  peine  en  interrogeant  vos  sou- 
venirs et  en  considérant  de  plus  près  des  faits  trop  communs  pour 
vous  avoir  échappé,  mais  sur  lesquels  votre  attention  ne  s'est  point 
sans  doute  assez  appesantie. 

Je  formule  d'abord  la  proposition  fondamentale  de  cette  note  : 
La  pronostic  des  lésions  traumatiques  présente,  toutes  choses  égales 
dailleurSy  une  gravité  exceptionnelle  chez  les  sujets  entachés  d^ah 
coolisme  chronique. 

Si  la  proposition  est  démontrée^  nous  aurons  à  rechercher  d'abord 
les  causes  de  cette  gravité,  puis  les  moyens  de  l'atténuer  autant 
que  possible. 

Ce  qui  est  vrai  des  blessures  accidentelles  l'est  tout  autant  des 
opérations  chirurgicales.  Nous  aurons  donc  à  voir  encore  : 

1*^  Jusqu'à  quel  point  la  notion  acquise  peut  influencer  les  indi- 
cations et  contre-indications  opératoires  ; 

2*^  Jusqu'à  quel  point  les  opérations  pratiquées  chez  les  alcooli- 
ques peuvent  prendre  place  dans  les  statistiques  générales  destinées 
à  juger  la  valeur  relative  et  absolue  des  procédés  et  méthodes  opé- 
ratoires. 

Je  vous  ai  annoncé  un  sujet  circonscrit,  et  voici  que  je  trace  un 
programme  étendu.  Mon  but  étant  de  signaler  l'importance  de  la 
question,  j'ai  dû  en  montrer  les  faces  diverses  ;  il  dépendra  de 
vous  de  la  restreindre  ou  de  l'embrasser  dans  son  entier. 

L'actualité  n'est  point  douteuse,  puisque  parmi  les  faits  que  je 
vais  prendre  comme  texte  à  commentaires,  deux  sont  relatifs  à  des 
blessures  par  armes  de  guerre  et  ont  été  observés  dans  ces  derniers 
temps. 

Développons  d'abord  la  proposition  fondamentale. 

Depuis  une  vingtaine  d'années^  d'admirables  recherches  ont  été 
entreprises  sur  l'alcoolisme^  fléau  redoutable  de  notre  époque^  en- 
démie de  jour  en  jour  plus  envahissante,  qui^  pour  frapper  spora- 
diquement les  sociétés  modernes  soi-disant  civiUsées,  ne  les  décime 
pas  moins  que  les  épidémies  les  plus  meurtrières. 

Les  hygiénistes  et  les  médecins^  aussi  bien  comme  moralistes  ou 


—  17   — 

philosophes  que  comme  savants,  ont  insisté  et  insistent  sans  cesse 
sur  les  ravages  toujours  croissants  de  l^alcool  et  de  ses  composés. 
Ils  ont  décrit  toute  une  pathologie  spéciale  que  la  nature,  malgré 
sa  funeste  fécondité,  n'aurait  jamais  créée  et  que  Thomme  seul  a 
eu  la  folie  de  s'imposer. 

Us  ont  montré  que,  à  la  manière  des  agents  toxiques  les  plus 
nuisibles  et  les  plus  tenaces,  Talcool  altérait  à  la  longue  tous  les 
éléments  anatomiques^  tous  les  tissus,  et  modifiait  toutes  les  pro- 
priétés organiques  ;  que  cette  ruine  pouvait  s'accomplir  silencieu- 
sement, sournoisement,  de  sorte  qu'un  beau  jour  Tédiflce,  miné 
molécule  à  molécule,  s'eflondrait  sous  Tefiort  de  la  moindre  cause 
occasionnelle.  Ils  ont  prouvé  que  l'alcoolisme  devait  être  range 
parmi  les  états  constitutionnels,  à  côté  de  la  syphilis,  de  la  scrofule, 
de  l'arthritisme,  etc.,  et  que,  plus  grave  encore  que  ces  maladies 
générales,  il  place  l'organisme  dans  une  situation  des  plus  précaires 
et  sous  l'imminence  d'accidents  trop  souvent  mortels. 

Ils  sont  allés  plus  loin  encore,  en  indiquant,  sans  y  insister,  il  est 
▼rai,  que  la  moindre  lésion  traumatique  pouvait  acquérir  chez 
l'ivrogne  une  gravité  exceptionnelle. 

La  séparation  si  malheureuse  de  la  pathologie  en  deux  sections, 
médicale  et  chirurgicale,  ne  permettait  plus  h  nos  confrères,  mé- 
decins proprement  dits,  d'en  dire  davantage.  Mais  on  ne  peut  leur 
reprocher  une  lacune  dont  la  responsabilité  retombe  de  tout  son 
poids  sur  les  chirurgiens. 

Ceux-ci,  il  faut  bien  l'avouer,  sont  restés  muets;  par  indifférence 
ou  par  toute  autre  cause,  ils  n'ont  pas  pris  part  à  la  discussion,  et, 
si  l'on  arguait  de  leur  silence,  on  pourrait  croire  que  l'intoxication 
alcoolique  et  les  lésions  traumatiques,  alors  qu'elles  coexistent, 
ne  s'influencent  nullement. 

Quelques  observations  éparses  dans  les  recueils  périodiques  font 
bien  allusion  à  cette  influence  ;  mais  les  livres  classiques,  qui  de- 
vraient, à  défaut  de  descriptions  complètes,  mentionner  au  moins 
les  points  nouveaux  de  la  science,  ne  renferment  à  peu  près  rien. 

Le  seul  côté  entrevu  est  relatif  au  délire  qui  éclate  parfois  chez 
les  blessés  et  les  opérés.  On  sait  que  Dupuytren  Ta  décrit  sous  le 
nom  de  délire  traumatique,  mais  qu'il  en  a  méconnu  tout  à  fait  la 
nature.  Léveillé  a  été  plus  perspicace,  ainsi  que  Robert;  mais  tout 
ce  bagage  est  bien  léger,  et  d'ailleurs  fort  incomplet.  Si  les  chirur- 
giens avaient  en  réalité  voulu  s'occuper  de  la  question,  ils  l'auraient 
étudiée  à  deux  points  de  vue  : 

TOMELXXX.  i'*UVR.  2 


lls  aûtàiëtit  rëchert^y  dômméht  lé§  lésions  ttàUiiiâfiqUêi  àgissëût 
sUf  là  Constitution  générale  des  ivrognes,  et,  fécipi*oquemént,  quelles 
iûôdiflcatibiiS  Tétat  antérieur  d*àlcooIisthe  apporte  à  là  s^riô  dés 
pheiloitlëtlës  t^patâteurë,  ou  dèslf UttëUi's,  dont  les  blessUrëà  devien- 
nent inévitablement  le  siège  pour  s'acheminëf  Vëi^s  la  gti^j^isôh  où 
pdtir  etitMibét*  la  rdôtt. 

Ce  tàppbti  réciproque  më  ptéoceiipé  depuis  piusiëùr§  anfiéé§.  Ëh 
1967^  dans  une  cômmunicatioh  faite  au  Cotlgtës  de  t^àris,  j^eii 
pàt'làis  iticidetUtliënt,  càf  j^avàis  déjà  ëonstâté  bien  èdUVeût  Tissue 
fatale  des  blessui'es  et  opérations  chez  les  ivfogâes,  qui  se  feùcoh- 
trëtit  ëii  si  grarid  tiombî'e  datlë  nos  services  de  chirurgie. 

bépuis  celte  époque,  tnotl  attention,  constamment  (éveillée,  à  re- 
cueilli d'auti*es  pi'ëUVés^  et  mes  èonvictions  se  Sont  affermies. 

Certes,  je  tiens  le  plus  graud  côiUpte  des  conditions  d'insalubrité 
si  évidente  du  tniliëU  tiOsoCômial,  je  déploi'é  Tencômbrëment  et  la 
dissémination  des  germes  moi'hides  \  mais  Conjointement  et  paral- 
lèlement à  ces  causes  d'iusuccès  et  d'accidents^  je  placé  sans  hési- 
ÏBt  rétat  organique  déploi^ablë  qU^engëhdre  l^abUé  dé  Talcool  chez 
nos  clients  habituels  de  T hôpital. 

C^ëst  pôUi^quoi  j'affirme  hautement  qU^un  bon  nombre  dé  nos 
revers  doivent  être  attribués  à  cette  cause,  dont  la  t'réquence  extrême, 
si  elle  est  soupçonnée^  n'est  à  coup  sûi'  point  exprimée  en  des 
termes  assez  énergiques.  Et  notez-le  bien^  ce  n'est  par  seulement 
dans  les  cas  de  cachexie  alcoolique,  d'ivrognerie  avérée  et  invétérée, 
que  ces  résuUats  lamentables  s^observent.  On  voit  tous  les  jours^ 
chez  des  hommes  de  quarante  à  soixante  ans^  à  forte  constitution^ 
à  charpente  athlétique,  à  santé  inébranlable,  suivant  leur  dire, 
durs  à  la  fatigue,  ardents  au  travail  comme  au  plaisir,  on  voit, 
dis-je,  les  moindres  blessures  devenir,  en  dépit  de  la  thérapeutique 
la  plus  rationnelle,  le  point  de  départ  d'accidents  graves  que  rien 
ne  peut  entraver:  lymphangite,  phlegmon  diffus  superficiel  ou 
profond,  érysipèle  de  mauvaise  nature,  sphacèle  envahissant,  he- 
morrhagies  consécutives  ;  le  tout  accompagné  de  fièvre  intense,  de 
septicémie  rapide,  de  délire  furieux,  puis,  à  l'intérieur,  de  conges- 
tions et  de  phlegmasies  viscérales  à  marche  foudroyante. 

Si  chez  ces  mêmes  sujets  la  lésion  primitive  présente  une  grande 
étendue  ou  des  désordres  profonds,  comme  dans  les  contusions 
violentes,  l'écrasement  des  membres,  les  fractures  compliquées,  etc., 
la  mort  peut  survenir  en  quelques  heures,  deux  ou  trois  jours  au 
plus,  sans  qu'on  ait  pu  constater  le  développement  de  ces  accidents 


locâiix  ^nùiiiërës  plus  haut.  Â  Pautopsie,  on  ne  trouve  souvent 
datis  les  viscères  aucun  désordre  de  date  récente,  mais  seulement 
iés  lésions  anciennes  imputables  à  Talcoolisme,  c'est-à-dire  l'épais- 
sisëéhiënl  des  diéninges,  Tinduration  cérébrale,  la  teinte  ardoisée 
dé  l*è$tbtiiàc,  là  dégénérescence  granuleuse  ou  graisseuse  du  foie 
ou  dëd  reihÈy  ét6. 

têi  état  antérieur  des  Viscères  réagit  non-seulenàent  sur  les 
pideé  biivertes^  mais  encore  sur  des  affections  chirurgicales  dans 
Ies4ùëilës  lés  dégâts  tràumatiques  soht  très*peu  prononcés  et  les 
sacriBces  opératoires  fort  restreints. 

J^ai  traité,  dès  leur  début,  deux  cas  de  pustule  maligne,  très- 
circonsciîtè,  siégeant  à  la  tnain  et  à  Tavant-bras;  j'employai  là 
cautérisation  avec  vigueilr  de  façon  à  détruire  sûrement  le  foyer 
YÎfulént.  hs  mal  ne  fut  point  arrêté^  uii  gonflement  énorme  s'em- 
para  rapidement  du  membre  tout  entier^  de  nouvelles  eschares  se 
formèrent^  le  délire  furieux  s'alluma  et  la  mort  termina  la  scène 
en  quarante-huit  heures  environ.  Dans  les  deux  cas,  les  sujets^ 
employés  à  l'abattoir  Rochechouart,  étaient  d'une  vigueur  exôëp- 
tionnelle,  âgés  de  ({uaraDte  à  cinquante  ail^j  mais  buvetitâ  éthé^ 
rites, 

Uétrahglemënt  hërrfiàire^  lésion  purement  mécanique  en  appa<- 
rence^  est  difficilement  curable  chez  les  ivrognes.  La  kélotomie,  si 
efficace  chez  les  sujets  ordinaires  lorsqu'elle  est  pratiquée  eti  tefflps 
Of^pottan,  ne  téusfeit  pfissqtie  jèimais  chei  ëtix.  La  levée  de  l'étrati- 
glement  n'atrête  ni  hë  prévient  la  péritonite,  et  les  malades  suc- 
combeiit  bientôt  après  dans  Pagitation  ou  dans  la  prostration. 

Enfin  est-il  besoin  de  rappeler  que  les  fractures  simple^^  h^ 
phM  bénignes  en  apparenœ  et  portatft  sur  le  pét-oné,  la  t'tftUle^  h. 
davicule,  comme  j'ëii  ai  ta  des  eïemplés,  ptiïvdquent  parfois  chez 
C6S  malheureux  une  attaque  de  delirium  tremens  qui  les  enlève  en 
deux  ou  trois  jours?  Certainement^  vous  avez  tous  vu  des  cas  sem- 
blables et  vous  devez  vdus  étonner  avec  tnoi  qu^ils  n'aient  encolle 
été  Tobjet  d'auctin  travail  d'éitseiîible. 

Ce  travail  existé  |)oiiitiant,  mais  seulement  depuis  une  année  à 
peine.  Mon  élève  et  ami  lé  docteur  Péronne  a^  sur  mes  instances^ 
choisi  pour  sujet  de  thèse  P Alcoolisme  dans  ses  rapports  avec  k 
tratanaHsme»  Cette  teuvre  est  magistrale  et  par  le  fond  et  par  la 
fotiné.  C'est  une  moriographie  remarquable  que  j'ai  présentée  na- 
guère à  PAcadémie.  La  communication  que  j'ai  l'honneur  de  vous 
faire  aujourd'hui  confirme  et  complète  peut-être  les  données  éta- 


—  20  — 

blies  par  M.  Péronne.  Je  reviens  sur  ce  sujet,  parce  qu'une  thèse, 
si  bien  faite  qu'elle  soit,  n'a  qu'une  publicité  restreinte  et  risque 
d'être  longtemps  oubliée.  C'est  dans  une  compagnie  comme  la 
YÔtre  que  les  grandes  questions  retentissent  et  que  les  grandes 
difficultés  s'aplanissent;  or  M.  Péronne,  comme  l'instigateur  de 
son  travail,  a  laissé  beaucoup  de  points  indécis,  et,  entre  autres,  le 
meilleur  moyen  de  conjurer  et  de  combattre  les  accidents  si  formi- 
dables de  Talcoolisme  chez  les  blessés.  Si  mon  appel  est  entendu, 
Yous  pourrez  jeter  sur  cette  question  une  vive  lumière  et  faire  ces- 
ser mainte  incertitude. 

La  thèse  de  M.  Péronne  renferme  plus  de  trente  observations  la 
plupart  inédites  ;  quelques-unes  m'appartiennent  ou  ont  été  re- 
cueillies dans  mon  service  et  sous  mes  yeux.  Je  pourrais  les  re- 
prendre, mais  les  cas  de  ce  genre  sont  si  communs,  que  j'ai  pu  sans 
peine^  et  dans  l'espace  de  quelques  jours,  en  colliger  une  nouvelle 
série. 

Je  vais  vous  en  donner  une  analyse  sommaire. 

Obs.  1.  Contusions  et  déchirures  du  foie,  du  rein  et  de  la  cap- 
sule surrénale;  hématocèle  périrénal  du  côté  droit.  Mort  ra- 
pide. Stéatose  ancienne  du  ^foie,  pneumonie  à  gauche.  —  Un 
cocher  de  fiacre,  âgé  de  cinquante-sept  ans,  est  apporté  à  l'hôpital 
Lariboisière  dans  la  nuit  du  3i  octobre  dernier.  Deux  heures  au- 
paravant, dans  un  état  d'ivresse,  il  est  tombé  de  son  siège  sur  le 
côté  droit.  A  peine  relevé,  il  se  plaint  d'une  oppression  très-vive 
et  d'une  violente  douleur  de  l'hypocondre  droit.  L'interne  de  garde, 
soupçonnant  une  fracture  des  aernières  côtes,  fait  appliquer  dix 
ventouses  scarifiées  et  prescrit  une  potion  calmante.  La  nuit  fut 
très- mauvaise.  Le  lendemain,  à  la  visite,  le  calme  est  à  peu  près 
rétabli.  X***  est  robuste  et  jouit  d'un  embonpoint  marqué.  Son 
intelligence  est  nette  ;  il  affirme  être  bien  portant  d'ordinaire,  mais 
reconnaît  sans  difBcultéson  goût  pour  les  boissons  alcooliques.  Le 
visage  est  très-pâle,  couvert  de  sueur,  le  pouls  petit,  fréquent,  dé- 
primé, l'opression  et  l'anxiété  sont  extrêmes. 

L'examen,  quoique  pénible,  permet  d'écarter  l'hypothèse  d'une 
fracture  de  côte.  Le  poumon  et  la  plèvre  de  ce  côté  sont  indemnes. 
La  douleur,  très-intense  et  que  le  moindre  attouchement  exaspère, 
siège  plus  bas,  au  niveau  de  l'hypocondre  droit  et  de  la  région  lom- 
baire; elle  s'irradie  à  la  moitié  correspondante  de  Tabdomcn,  qui 
est  tendu  et  ballonné.  Soif  vive,  quelques  nausées,  point  de  selles. 
L'urine,  rendue  en  petite  quantité,  n'a  pas  été  recueillie.  Je  diagnos- 
tique une  contusion  du  foie  ou  du  rein  droit,  des  deux  peut-être, 
et,  en  raison  des  antécédents  du  sujet,  je  porte  d'emblée  un  pro- 
nostic très-grave,  soupçonnant  bien  que  les  viscères  contus  sont  le 
siège  d'altérations  antérieures. 


—  21  — 

Dix  nouvelles  ventouses  sur  le  flanc  droit,  cataplasmes  sur  le 
ventre,  lavement  laxatif.  Boissons  délayantes.  iO  centigrammes 
d'opium  fractionnés. 

La  journée  se  passe  tant  bien  que  mal  sans  amélioration  ni  ag- 
gravation, un  peu  de  délire  la  nuit. 

Le  lendemain  matin,  2  novembre,  le  ventre,  plus  ballonné  que 
jamais,  est  indolent  à  gauche^  très-douloureux  à  droite  au  niveau  du 
foie  et  du  rein.  Nausées  sans  vomissements.  Constipation;  le  lave- 
ment de  la  veille  a  été  rendu  sans  matières^  il  ne  renfermait  pas  de 
sang.  Soif  vive,  inappétence  absolue,  langue  sèche  et  couverte  d'un 
enduit  brunâtre,  face  vultueuse  non  grippée,  pouls  petit,  très-fré- 
quent, sans  concentration.  Nulle  trace  d*ictère. 

L'examen  des  urines  offrait  un  grand  intérêt.  La  somme  totale 
rendue  en  vingt-quatre  heures  est  très-minime,  à  peine  300  gram- 
mes, d'une  couleur  orangée;  elle  ne  renferme  ni  sang,  ni  sucre,  ni 
albumine.  Les  envies  d'uriner  sont  très-fréquentes,  et  comme  le 
malade  se  dit  atteint  d'une  ancienne  affection  des  voies  urinaires 
et  de  dysurie  habituelle,  j'explore  l'appareil .  Le  calhétérisme  et 
l'exploration  par  le  rectum  ne  révèlent  aucun  obstacle.  Du  reste,  la 
vessie  est  vide,  il  y  a  donc  diminution  très-notable  de  la  sécrétion. 

D'après  cet  ensemble  de  symptômes,  je  m'arrête  à  l'idée  d'une 
contusion  rénale  avec  néphrite  commençante  et  anurie.  L'oppres- 
sion augmentant,  la  poitrine  est  examinée  à  nouveau  ;  on  ne  trouve 
rien  à  droite  ;  mais  à  gauche,  au  niveau  de  la  base  du  poumon,  du 
souffle  et  du  râle  soûs- crépi  tant  sont  perçus  dans  une  étendue  d'un 
décimètre  carré;  Il  y  a  là  un  point  de  pneumonie,  ou  tout  au  moins 
de  la  congestion  pulmonaire. 

L'état  général  interdit  toute  émission  sanguine  et  les  douleurs 
abdominales  contre-indiquent  les  vomitifs.  Je  prescris  l'huile  de 
ricin,  de  nouvelles  ventouses  à  peine  scarifiées,  un  large  vésica- 
toîre  sur  le  côté  gauche  du  thorax. 

Tout  reste  inefticace,  une  selle  abondante  n'amène  pas  même 
de  soulagement. 

La  mort  arrive  dans  la  nuit,  cinquante  heures  à  peine  après  Tac- 
cîdent. 

Autopsie,  —  Intestins  très-distendus.  Nulle  trace  de  péritonite. 
Suffusion  sanguine  sous- péritonéale  dans  larégion  lombaire  droite. 
Ecchymose  du  mésocôlon  et  du  côlon  ascendant  dans  l'étendue  de 
7  à  8  centimètres.  L'intestin  n'est  que  contusionné. 

Le  rein  droit  est  entouré  de  sang  infiltré  dans  son  atmosphère 
et  formant  même  en  arrière  un  véritable  foyer.  Ce  sang,  en  partie 
fluide,  en  partie  coagulé,  est  très-noir  et  ne  renferme  aucun  vestige 
de  pus.  En  recherchant  la  source  de  Tépanchement,  on  découvre  à 
la  face  postérieure  du  rein,  un  peu  au-dessus  du  hile,  une  déchi- 
rure transversale  de  3  centimètres  de  longueur,  de  4  à  5  milli- 
mètres de  profondeur,  à  bords  légèrement  écartés  et  remplie  d'un 
caillot  noir  et  adhérent. 

Plus  haut,  la  capsule  surrénale  semble  perdue  au  milieu  des 
caillots  ;  ceux-ci  entraînés,  on  constate  une  lésion  rare  et  grave  de 


cet  organe.  L^  caipçule  s,ein|)le4'alv)rd  aunipin^  c|out)1ée  de  Yo1i|ipe. 
Son  centre,  en  çffet,  est  occupé  par  un  caillot  solide,  gros  commue 
une  amande  verte.  En  plusieurs  endroits  le  tissu  glandulaire  est 
déchiré,  un  fragnient  de  la  glande  est  même  copaplétement  détaché 
et  flotte  au  milieu  de  Tépanchement  sapguin. 

Le  foie  présent^  des  lésion^;  analogues,  d^ahord  une  longue  fissure 
à  la  face  inféri^urf ,  puis  une  déchirure  plus  Is^rge  et  plus  profonde 
sur  le  bord  postérieur.  Èpfin,  à  diverses  distances  de  ce  ïiiord  et  dans 
répaisseur  de  Torgau^,  plusieurs  foyers  de  contusion  irréguliers  et 
de  dimensions  oui  varient  entre  quelques  inillimètres  et  2  ou 
3centinqètres.  Fïssure^  déchirure  et  foyers  interstitiels  çont  rempli^ 
de  caillots  très-noirs,  trèç-adhérçnts,  confondue  à  leurs  limites  avec 
le  parenchyme  hépatique. 

Quant  4u  foie  lui-niême,  il  est  très-volumineux  et  offre  un  typq 
accompli  de  la  dégénérescence  graisseuse;  çtussi  les  diverses  coupe^ 
au  niveau  des  foyers  sanguins  reproduisent  exactement  Tapparence 
que  donneraient  (qu'on  lue  passe  cette  compar9.ison)  des  tranche^ 
de  pâté  dQ  foie  gras  truffé. 

La  néphrite  que  j'avais  admise  n'existait  pas,  mais  les  deux 
reins  présentaient  à  égal  degré  des  traces  non  dputeuses  d'altéra- 
tions anciennes:  adhérences  de  la  capsule  fibreuse,  qui,  de  distance 
en  distance,  offre  des  épaiçsissements  et  des  taches  bl^ncbes  ;  kystes 
multiples  disséminés  à  la  surface  et  dans  la  profondeur;  eu  plusieurs 
points,  dépression  atrophique  de  la  substance  corticale;  un  grand 
nombre  de  tubuli  remplis  çà  et  là  de  granulations  graisseuses,  etc. 

Plèvre  et  poumon  droit  sains,  sauf  un  peu  de  congestion  de  ce 
dernier.  A  gauche,  congestion  générale  beaucoup  plus  intense,  puis, 
au  point  où  nous  avions  spupçouné  la  pneunionie,  ramolli Stseinent 
rouge  puissant  même  à  son  centre  à  Thépalisation  grise. 

La  cavité  çrânieunp  n'a  paç  été  ouveytp. 

En  résumé,  contusion  de  viscèresi  entièrement  ?^ltéyés,  et  altéré^ 
éyjdçmmçnt  p^r  Tactiau  d^  ralcQol,  pneuflioniç  intercurrente,  cause 
très-probable  de  la  mort. 

Voici  encore  un  exemple  de  mort  lapide,  mais  cette  fois  la  lésion 
traumatique  atteignait  exclusivement  des  organes  externes. 

Obs.  il  Fracture  de  thumérus  droit  par  coup  de  feu.  Symp- 
tômes graves  d* alcoolisme.  Mort  rapide  sans  complications  locqles 
apparentes.  — M.  W***,  cinquante-trois  ans,  de  taille  élevée,  de 
constitution  athlétique,  est  blessé  au  bras  dans  la  nuit  du  19  nor 
vembre,  vers  minuit.  Il  est  ^mené  à  Thôpital  Lariboisière.  à  deux 
heures  du  matin.  L'interne  fait  un  preniier  pansement  et  fixe  le 
membre  dans  une  gouttière.  Le  blessé,  qui  paraissait  très-fatigué, 
mais  à  peu  près  de  sang-froid,  s'endort  et  finit  la  nuit  sans  grande 
agitation. 

Le  20  novembre,  au  matin,  je  constate  :  une  large  plaie  à  la 
partie  externe  du  bras  droit,  au  niveau  de  l'insertion  du  deltoïde  ; 


-  33  - 

unQ  seconde  plaie  iqoiQS  étendue  k  1^  f^Çe  interne  du  bras^  çn  pir- 
rière  4u  faisceau  vasçulo-nerveux^  au  niyeau  du  chef  interne  du 
triceps,  Les  deux  plaies^  siégeant  à  peu  prè?  h  i^  Tnême  hauteur, 
sont  réunies  par  un  can^l  direct  trèg-jarg^  et  dans  lequel  on  popr-: 
rait  passer  ^ans  pein^  d^ux  doigts  réunis. 

L'nuipéru§  a  été  bpsé  en  éclats  par  le  projectile, 

Poin^  d'hén)orrhagie  notable,  point  dP  gonflement  au  pourtour 
des  plaies  ni  dans  Tépaisseur  du  ^epal^r^  ;  |e  pouls  radjal  persiste, 
aucun  nerf  important  n^aété  lésp, 

I^e  blessé  n'acçpse  guère  de  douleurs,  ipême  pendant  Texplora- 
tîoiî  de  la  plaie.  Il  jouit  de  toijte  son  intelligence,  mais  semble  se 
préoccuper  mé4iQcrement  de  l'accident,  du  ïflpips  il  n^  m^nifestçi 
ni  crainte  pour  le  présent  ni  inquiétude  pour  l'avenir. 

n  dit  aVqir  été  frappé  au  pioruent  pù  i|  rentrait  naisiblemeut 
chez  lui.  il  ne  connaît  pas  Tagresseur  et  pepsp  ^voir  été  frappé  d^ 
Iqin,  car  ayant  enteudu  une  détonation  d^rme  à  feu  et  se  sentant 
atteint,  il  ne  vit  autPUr  de  lui  auçup  homme  armé,  Il  ajouta  que, 
auejqujs  teipps  après,  i|  a  été  secouru  par  plusieurs  persqpups  qui 
1  ont  conduit  à  l'hôpital, 

Ce  récit  était  peu  vraisefubl^ble.  Tout  indiquait  que  le  popp  avai^ 
été  tiré  de  très-j)rès  avec  une  arme  de  gros  calibre,  car  uu  projectile 
YQlumineux  était  seul  ç^p^ble  d'avoir  fait  une  perte  de  substance 
aussi  énorme. 

W***  était  probablejneut  en  état  d'ivressp;  il  Iç  nje  et  ayquçî  seu- 
lement qu'il  avait  pris  daus  l^,  soirée  deu^  ou  trois  v^r^ps  de  bière, 
A  son  eutrée  à  l'hôpital,  il  était,  au  dire  de  h  sQRur  4e  service,  à 
peu  près  à  rétfit  npru^aU 

Le  blessé,  çomip^  je  \%ï  dit,  est  de  constitution  lierculéenue. 


prendre  uu  çal^inet  d'affaires  et  qu'il  est  fort  actif  et  fort  oc-x 
cupé.  Sa  santé  est  çxpel|ente  et  peut  braver  tout.  Il  uiftpge  ppu  et 
np  se  plaint  c^ue  de  quelques  troubles  gastriques  ^  son  révpil.  Mal- 

S  ré  ces  renseignements  vagues,  je  soupçopu^i  fQrtefUPPt  le  blessé 
'^tre  a4PUué  à  la  débauche. 

Le  visage  er\  porte  l'empreinte,  et  la  parole  rapide,  nn  peu  sac- 
cadée, trahit  une  excitation  cérébrale  que  le  raéaecin  seul  est  apte 
à  reconnaître.  Le  récit  de  rç^ccidcnt  pst  éyjdemrppîlt  inexact.  Entiu 
la  source  principale  d^  mon  hypqtbèse  se  tire  du  changement  de 
position  indique  par  le  blessé,  S^us  n^époupaître  les  coups  in^mé- 
rités  de  la  fortune,  il  faut  bien  avouer  que  !ps  d^vibcî^nces  sociales 
8ont})ien  souvent  le  fait  de  l'inconduite.  Qr  l'abandon  d'unP  pvor 
fession  feonorép  et  fructueuse  en  proviqpe  pour  des  opératious  sour 
vent  douteuses  dans  la  grande  ville  ne  [)laide  pas  d'ordinaire  pour 
la  moralité  du  personnage. 

Qpefy  avec  tp  diagnostic  de  l'alcoolisme  très-arrêté  dans  mon  es- 
prit, je  poFtai  le  pronostic  le  plus  grave. 

l^ur  peplus  y  revenir,  je  dirai  que  mon  accusation  n'était  qua 
trop  fondée.  J'ai  appris,  en  effet  par  la  famille  de  W^*'^,  qu'il  était 


—  24  — 

Irès-débauché  et  qu'avec  tous  les  éléments  du  bonheur  matériel  e 
moral,  il  menait  la  vie  la  plus  déréglée;  il  avait  déserté  son  domi- 
cile depuis  deux  jours  entiers  quand  il  a  été  frappé^  sans  doute  à 
la  suite  d'une  rixe,  dans  un  quartier  malfamé. 

Nonobstant  ces  conditions,  il  fallait  prendre  un  parti  chirurgi- 
cal. L'expectation  ne  promettait  rien  de  bon.  La  désarticulation  de 
Tépaule  était  une  mesure  bien  radicale,  puisque  nerfs  et  vaisseaux 
étaient  respectés.  Je  pris  un  terme  mixte. 

Je  débarrassai  le  trajet  des  nombreuses  esquilles  détachées  e 
projetées  de  toutes  parts  dans  les  masses  musculaires  et  les  inter- 
stices celluleuxcirconvoisins.  J'émoussai  avec  la  scie  à  chaîne  et  la 
pince  de  Liston  les  extrémités  aiguës  des  fragments  supérieur  et 
inférieur,  lin  gros  drain  fut  passé  dans  le  trajet  pour  assurer  Té- 
coulement  facile  des  fluides.  Enfin  le  bras  fut  convenablement  as- 
sujetti dans  une  gouttière  coudée. 

Pendant  le  cours  de  l'opération,  j'avais  constaté  une  particularité 
de  mauvais  augure,  je  veux  parler  d'une  crépitation  emphyséma- 
teuse dans  la  gaîne  des  vaisseaux  à  plusieurs  centimètres  de  dis- 
tance de  la  plaie.  J'expulsai  ces  gaz  à  l'aide  de  pressions  douces  et 
j'appliquai  un  bandage  méthodiquement  roulé  sur  Tavant-bras  et  la 
partie  inférieure  du  bras. 

Le  chloroforme  avait  été  administré,  mais  le  sommeil  ne  fut  ob- 
tenu qu'avec  peine  et  après  une  agitation  violente  et  prolongée  : 
nouvel  indice  d'alcoolisme  (1).  La  journée  se  passa  sans  incident 
notable.  Le  blessé  fut  cependant  tourmenté  par  une  soif  vive  et 
quelques  vomissements,  mais  il  n'accusait  point  de  douleurs  au 
siège  de  l'opération.  A  six  heures,  la  fièvre  était  vive,  la  température 
à  39  degrés.  W***  me  demanda  avec  instance  une  préparation 
narcotique  pour  avoir  du  sommeil,  dont  il  était  privé  depuis  plu- 
sieurs jours,  disait-il.  A  neuf  heures.  M™®  W***,  ayant  appris 
Taccident  survenu  à  son  mari,  vint  le  voir  à  Thôpital.  Il  est  proba- 
ble que  cette  visite  agita  le  blessé,  qui,  assez  tranquille  jusqu'alors, 
commença  bientôt  à  délirer  et  passa  une  très-mauvaise  nuit.  Il 
tenta  à  plusieurs  reprises  de  sortir  de  son  lit,  défit  son  pansement 
et  fut  en  proie  à  la  plus  vive  agitation,  que  n'apaisèrent  ni  10  centi- 
grammes d'extrait  thébaïque  ni  une  potion  avec  2  grammes  de 
chloral. 

Le  21,  au  matin,  Tétat  général  semblait  meilleur.  Le  blessé 
avait  la  parole  brève,  mais  ses  réponses  étaient  claires  et  précises  ; 
il  ne  souffrait  pas  et  la  plaie  n'était  point  enflammée.  Cependant  la 
température  avait  encore  monté  et  le  pouls  faible  ci  précipité  battait 
J30  fois;  à  quatre  heures,  on  ne  pouvait  plus  le  compter.  La 
face  était  pâle,  les  extrémités  froides.  La  mort  survint  à  neuf  heures 


(i)  On  a  avancé,  j'ignore  en  vérité  sur  quelles  preuves,  que  les  ivrognes 
étaient  réfractaires  à  Tanesthésie  :  c'est  un»  erreur.  Le  chloroforme  provoque 
seulement  une  excitation  souvent  trës-violente,  cl  dans  les  heures  qui  suivent 
nn  malaise  prononcé. 


—  25  — 

da  soîr^  quarante-six  heures  environ  après  Taccident,  trente-cinq 
heures  après  Topération.  L'agonie,  de  courte  durée,  fut  calme.  C'est 
l'embarras  progressif  de  la  respiration  qui  termina  la  scène. 

L'autopsie  ne  fut  pas  autorisée;  elle  eût,  sans  aucun  doute,  ré- 
vélé des  lésions  viscérales  anciennes.  Je  ne  pus  que  constater  Tha- 
bitus  extérieur.  Le  ventre  était  ballonné;  malgré  la  saison  froide, 
la  décomposition  cadavérique  marchait  déjà  avec  rapidité.  La  plaie, 
du  reste,  n'était  le  siège  d'aucun  travail  inflammatoire  ni  répara- 
teur, ses  bords  étaient  flasques  et  livides,  et  la  suppuration  était  à 
peine  ébauchée. 

A  défaut  d'autopsie,  les  antécédents  établissaient  nettement  l'exis- 
tence de  l'alcoolisme,  que  j'ai  vu  déjà  plusieurs  fois  amener  la  mort 
aussi  promptement  et  avec  le  même  cortège  de  symptômes. 

Dans  les  deux  observations  qui  suivent  la  terminaison  fut  moins 
rapide.  Les  plaies  devinrent  le  point  de  départ  d'accidents  bien 
connus^  c'est-à-dire  de  phlegmons  qui  ne  furent  conjurés  par  au- 
cun des  moyens  usités  en  pareil  cas.  L'inflammation  traumatique 
ne  sut  pas  se  borner,  elle  s'étendit  sans  relâche,  et  les  opérations 
radicales^  l'amputation  de  la  jambe  et  du  bras  employées  comme 
dernière  ressource  ne  firent  peut-être  que  hâter  le  dénoûment. 

Cette  forme  de  mort  lente  ou  du  moins  retardée  est  la  plus  com- 
mune ;  on  l'attribue  volontiers  à  des  complications  fortuites  comme 
peuvent  en  offrir  toutes  les  lésions  traumatiques.  Mais,  en  réalité, 
c'est  la  constitution  des  sujets  qui  la  prépare  et  la  rend  souvent 
inévitable. 

Obs.  m.  Fracture  de  Vastragale  par  coup  de  feu.  Extirpation 
de  eet  os.  Fusées  purulentes.  Phlegmon  profond.  Amputation  au 
tiers  supérieur  de  la  jambe.  Pyohémie,  Mort,  —  B***,  quarante- 
cinq  ans,  teinturier,  blessé  lei7  novembre,  entre  à  l'hôpital  La- 
riboisière  le  lendemain.  C'est  un  homme  de  petite  taille,  assez 
chétif^  à  teint  blafard.  Etant  allé  marauder  près  de  Saint-Denis^  il 
a  reçu  au  pied  gauche  une  balle,  qui  a  traversé  le  tarse  un  peu  en 
avant  des  malléoles.  De  la  situation  des  orifices,  je  conclus  que 
l'astragale  a  dû  être  atteint.  Les  tendons  ont  été  ménagés,  car  le 
blessé,  qui  d'ailleurs  paraît  peu  sensible  à  la  douleur,  exécute  tous 
les  mouvements  du  pied. 

L'exploration  avec  le  petit  doigt  permet  de  constater  dans  le 
trajet  de  nombreux  fragments  osseux,  que  je  me  dispose  à  enlever 
après  avoir  débridé  les  plaies  d'entrée  et  de  sortie.  J'extrais  en 
effet  la  tête  de  l'astragale  en  plusieurs  pièces,  mais  m'étant  aperçu 
chemin  faisant  que  Tarticulalion  tibio-tarsienne  était  ouverte  à  sa 
partie  antérieure,  je  crus  utile  d'enlever  le  reste  de  Fos,  opération 
qui  m'a  déjà  donné  de  bons  résultats.  La  manœuvre  est  assez  la- 
borieuse, mais  dès  qu'elle  est  terminée,  la  plaie,  largement  ou- 


-?6- 

verte,  permet  aq  pus  uii  écoulenîent  hçih^  que  j'^sspre  d'^illeurfi 

ment  assujetti  ^a^ns  une  gouttière. 

Les  plaies  sont  remplies  de  çharpje  alcoolisée,  et  4^s  compresses 
moi^jUees  (lu  même  H^uide  r^couyrçi^t  le  pJ64  @t  ]a  partie  inférieure 
de  la  mmbe. 

L'opération  avait  éfé  pratiquée»  h  quatre  Jie^res  du  spjr,  l,a  nuit 
fut  agitée  et  le  i^ala^e  eut  1^  délire  pendant  quelques  heures. 

Le  lendeni^jn  matip^  il  était  calme,  inseuci^nt^  presque  gai  ;  il 
n'accuse  aucune  douleur,  et,  malgré  ma  défense,  agitp  continvielr 
lemeqt  ses  orteil^  ppuf  n^e  papntrer  quç  tout  va  bien,  ^.a  fièvre  est 
modérée,  l'appétit  conserva, 

Les  jours  suivants  se  p^ssept  biçm  q^^pt  ^  Tétat  général.  l,e 
sommeil  seul  fait  défaut,  en  dépit  de  r  opium  donné  à  la  dose  de 
10  centigrammes. 

L'état  local  est  moins  satisfaisant.  Les  plaies  sont  blafardes ^  re- 
couvertes d'un  enduit  grisâtre,  et  ne  se  détergent  pas.  La  suppu- 
ration est  sanieuse  et  de  mauvaise  ojeur,  nàalgré  le  renouvelle- 
xnfsnt  fréquent  (}^§  pc^n^^P^enlset  des  injpciipi)$  av^c  Talcool  étendu 
et  la  liqueur  de  Labarrf^nue. 

Les  gaîqes  tendineusps  périm^jléolaire^  se  prennent,  ainsi  que 
le  tissu  cellulaire  lâcbe  du  dos  du  pied.  Je  pratique  quelques 
débridements  que  le  malade  supporte  sans  accuser  dé  souflfrance. 

la^  33^  |a  ppit  a  ^té  mauvaise  et  troublée  par  des  rêves  caracté- 
risiiîjues.  g***  fi  YU  d^s  r^t^  dei^fiep^r^  4tt  plancher  pt  courir  §ur 
son  ht.  Les  majps  sont  agitées  d'un  pefit  tren^blemept  aussi  sigpi- 
ficatif.  La  peau  est  chaude,  le  pouls  fréquent,  la  tenipérature  éle- 
vée. Soif  vive,  inappétence  absolue.  Au  reste,  toujours  le  même 
sourire  un  peu  hébété.  Nulle  inquiétude  sur  son  état,  nul  soupçon 
de  la  gravité  du  mal.  Réponses  brèves  et  monosyllabiques.  Le  lau- 
d^PUip,  à  l^  dose  de  4û  gouttes,  adi^inistré  dans  du  vin,  produit 
upe  uuit  meilleure,  mais  le  phtegmen  remonta  toujours,  et  je  suis 
forcé  da  faire,  le  27,  de  nouvelles  ipcisiens  vers  la  partie  moyenne 
de  |a  jaiphf ,  pour  ouvrir  une  large  fusée  en  nappe,  qui  sépare  le 
soléair^  des  muscles  de  la  couche  profonde.  Plusieurs  drains  sont 
plfi^cés  de  haut  en  bas  et  transversalement,  afin  de  pousser  des  in- 
jections iadf^es  matin  et  soir. 

Cette  opération,  assez  longue,  est  supportée  avec  stoïcisme  ou 
indifférenpe  ;  à  peine  le  patient  se  plaint-il. 

Le  âQ,  je  constate  une  nouvelle  fusée  daps  la  gaine  même  des 
vaisseaux  tibiaux  postérieurs.  Le  pied  est  tuméhé,  ainsi  que  la 
jambe  dans  les  deux  tiers  inférieurs.  La  suppuration  est  Irès- 
ahondante  et  infecte.  Le  malade  maigrit  et  prend  une  teinte  ter- 
reuse. Je  tente,  comme  dernière  ressource,  l^araputation  de  la 
japahe  au  lieu  d'élection,  ayec  l'aide  du  chloroforme,  qui  produit 
une  vive  agitation. 

Cette  nouvelle  secousse  ne  modifie  l'état  général  ni  en  bien  nj 
en  mal,  et  le  lendemain  nous  retrouvons  notre  homme  dans  les 
mêmes  conditions  que  la  veille.  Le  moignon  n^est  peint  gonflé. 


-  87  - 

ppinl^  dou)Qureux^  cependant  un  frisson  s'est  rapntré  là  veille  au 
soir  et  la  nuit  a  été  encore  agitée  par  des  rêves.  Le  i*',  ^  djx  heure§ 
du  matin,  le  malade  s'éteint  dans  |e  ca|me  Ip  plus  parfait.  qu^~ 
rant^-sept  heures  après  l'amput^tioi). 

Am^oasi^.  —  Foie  et  reiqs  uq  peu  pâles,  mpfis  sans  lésiqns  pro- 
fondes ;  rate  ass^z  voluminei^,  diffluente  ;  trois  ^bcès  mélastatiq^es 
d^ns  le  poumon  gauche.  A  droite^  cinq  ou  six  abcès  da^as  le  lobe  jn-s 
férieup.  pleurésie  exsudativeinte^lobaire  e{  pariétale  ;  épanchement 
sérQ-puruient  peu  ^bqndant.  l|a  cavité  crânienne  n'a  pas  été  puyertjB, 

Ppint  de  njiiébite  d\\  moignqp  ni  de  là  cuisse.  Nulle  ébauche  de 

travail  réparatsur  à  )a  surface  de  la  plaie. 

'  L'examen  du  membre  amputé  noqs  ay^it  montré  des  fusées  pur 

nflente^  fl^ps  tous  les  interstices  musculaires,  une  ipfiltraljoq  de 

ipême  nature  des    mu^cle^  péronier  et  jarahier  postérieur;   de 

3 ombreuse^  traces  de  phlébite  dans  les  veines  intramusculaives  et 
ans  les  veines  tibiales  aptérieures  et  postérieures.  De  plus,  une 
inflammation  de  |>rticulatiof)  calc'anéo-cuboïdienne. 

Bien  que  1  alcoplisme  soit  évident,  d'après  l'ensemble  des  symp- 
tômes, des  lésions  viscérales  n'étaient  pas  encore  très-prpnpncées  j 
aqssi  qVt-on  pa^  observé  de  syrpptômes  violents. 

La  pjphémi'e  ^  eu  le  temps  de  se  produire.  Elle  a  été  préparég 
par  les  lésions  locales  du  paembre  blessé,  c'est:à-dire  par  le  phleg- 
mon diffus  profond,  \^  suppuration  des  muscjes^  et  surtout  les 
nombreux  foyers  de  phlébite.  Le  nombre  et  Tâge  des  collections 
métastatiques  pleurales  et  pulmonaires,  Tabsence  d'inflammation 
du  mpjgnon  démontrent  (jue  cettp  pyohéipie  existait  déjà  cju^nd  a 
été  pratiqué^  la  section  du  membre,  ipais  elle  ne  s'était  révélée  par 
aiicùn  signp  pathognomQniqqp,  sans  quoi  je  me  serais  certaincr 
n^ent  abstenq.  Au  reste,  ie  donne  ce  tait  conirpe  un  type  de  ceux 
où  tous  les  efforts  dp  la  thérapeutique  spnt  condamnés  presque 
^t^ement  à  l'impujssance. 

Peut-être  Tamputation  susnialléplaire  pratiquée  le  premier  jour 
eût-eU^  î§^y^  1^  ^^e*)  ^^js  outre  qu'une  mesure  aussi  extrême  eût 
eîihremt  tous  fes  préceptes  de  la  chirurgie  conservatrice,  rien  ne 
prouve  qu'elle  eût  pmpêché  l'évolution  funeste  et  prévenu  le 
phlegmon  et  iMnfection  purulente,  tant  ces  complications  sont  fré- 
ouentes  à  la  suite  des  aqiput£|tions  traum^tiques  primitives  pra- 
tiquées dans  nos  hôpitaux. 

0^^,  JY.  Fraciifre  dii  çondyle  humerai  avec  plaie*  Pf^legmçm 
superficiei  et  profond,  Arthriiç  purulente.  Amputation.  Mort.  — : 
M***,  <ju£^rap(e-trqis  ans,  d^F^^r  ^^^  ^\^^^'  pntrp  ^  l'hôpital  le 
!•'  ^euibre,  à  ppjpp  lieur§s  du  soir,  eu  état  d'ivresse.  Ôeu^f 
h^ur«8  aupa^avfinf,  \\  s^  ^té  repyprsé  par  uqp  yoitpfe  et  porte  en 
plusieurs  pomt$  du  corp^  des  traces  de  contusion,  |a  plupart  sans 
^yité  ;  là  seujp  lésion  s^rieqçe  siège  au  coude.  Là,  M.  Hichelot, 
iDtisrne  de  servicp,  reconnaît  avec  sags^çité  une  fracture  du  condyle 
%v^  sublpxation  du  coudp  ep  dedans,  ynp  plaip  de  quelques  miili- 
m^rei^  à  peine  d'étendue  se  repiarque  ^  3  ceqtimètres  environ  de 


—  28  — 

l'interligne  articulaire,  au  niveau  du  bord  externe  de  l'humérus. 
Elle  fournit  du  sang  noir  en  abondance  ;  partout  ailleurs,  sur  la 
périphérie  de  la  jointure,  les  téguments  sont  indemnes. 

La  rédaction  est  faite  avec  la  plus  grande  facilité  et  sans  dou- 
leurs notables.  La  petite  plaie  est  obturée  avec  la  baudruche  et  le 
collodion.  Le  membre,  convenablement  immobilisé  dans  la  demi- 
flexion,  est  placé  sur  un  coussin.  La  région  blessée  est  couverte  de 
compresses  résolutives.  En  un  mot,  les  premiers  soins  sont  donnés 
avec  autant  d'opportunité  que  d'intelligence.  Le  lendemain  matin, 
j'approuve  ces  soins,  et  les  choses  étant  en  fort  bon  état,  je  n'en- 
treprends pas  même  d'exploration  nouvelle.  La  douleur  est  nulle 
et  le  gonflement  modéré;  l'occlusion  est  parfaite. 

Mon  attention  se  porte  surtout  vers  Tétat  général.  M***  est  de 
taille  moyenne,  grêle  sans  maigreur.  La  face  est  pâle,  le  pouls 
apyrétique.  C'est  un  de  ces  ouvriers  intelligents,  moitié  artistes,  à 
figure  énergique,  à  barbe  longue,  à  œil  brillant,  s'exprimant  avec 
une  certaine  recherche  empreinte  d'affectation.  Chez  lui,  point  de 
trace  d'abrutissement,  mais  au  contraire  indices  d'un  état  habituel 
d'exaltation. 

Quiconque  a  observé  avec  quelque  soin  la  classe  ouvrière  de 
Paris  sait  que  le  type  que  je  viens  d'esquisser  se  livre  malheureu- 
sement à  des  excès  alcooliques,  sinon  violents,  au  moins  continus. 

J'énonçai  tout  haut  mes  soupçons;  M***  protesta  avec  viva- 
cité et  dans  des  termes  qui  ne  firent  que  les  confirmer.  J'appris 
d'ailleurs  que  notre  blessé  vivait  assez  mal  dans  son  ménage  ; 
que  depuis  six  mois  il  était  oisif,  faute  d'ouvrage,  et  qu'il  me- 
nait une  vie  peu  régulière.  Il  m'avoua  lui-même  que  depuis  long- 
temps il  digérait  mal,  avait  perdu  l'appétit  et  surtout  le  sommeil. 

Ses  parents  ajoutèrent  quelques  informations.  M***,  jadis  excel- 
lent ouvrier,  quoique  toujours  très -excitable,  avait  éprouvé  un 
vif  chagrin  deux  années  auparavant  ;  alors  il  avait  commencé  à 
boire  de  l'absinthe  en  petite  quantité,  il  est  vrai  ;  six  mois  de 
ce  poison  avaient  suffi  pour  amener  des  vertiges  et  de  l'affaiblisse- 
ment des  membres. 

Ces  symptômes  avaient  beaucoup  augmenté  depuis  la  cessation 
du  travail. 

Ces  renseignements  étaient  déjà  décisifs;  le  développement  des 
accidents  locaux  contribua,  de  son  côté,  à  me  convaincre. 

Dès  le  lendemain,  en  effet,  le  mal  s'était  singulièrement  aggravé. 
La  petite  plaie,  loin  de  se  réunir,  s'était  agrandie  et  fournissait 
sous  l'opercule  de  baudruche  une  suppuration  séro- sanguinolente. 
Le  coude  avait  gonflé  ;  les  téguments  étaient  d'un  rouge  livide  et 
assez  largement  décollés.  Une  première  eschare  s'était  formée  au 
niveau  du  radius,  une  seconde  au  niveau  de  Tépitrochlée.  J'inci- 
sai la  première  et  passai  un  drain  sous  la  peau  décollée. 

Le  4-,  au  matin,  le  phlegmon  avait  encore  progressé  ;  la  rou- 
geur et  le  gonflement  comprenaient  les  moitiés  supérieure  de  l'a- 
vant-bras  et  inférieure  du  bras.  Le  pus  sortait  en  abondance  des 
ouvertures  pratiquées  ;  l'arthrite  du  coude  était  évidente  ;  un  sty- 


—  29  - 

et,,  introduit  avec  p^^écaution,  constatait  la  dénudation  de  Tépi- 
condyle.  Les  injections,  deux  débridcments  superticiels,  les  panse- 
ments désinfectants  réitérés  ne  purent  arrêter  les  progrès  du 
phlegmon,  et  je  dus,  dès  le  5,  songer  à  une  action  chirurgicale 
plus  énergique. 

L'état  général  s'aggravait  simultanément.  Soif  presque  inex- 
tinguible. Appétit  nul.  Constipation  opiniâtre.  Vomissements  mu- 
queux  de  temps  à  autre.  Inquiétudes  continuelles.  Insomnie  per- 
sistante, malgré  Topium  à  la  dose  de  10  centigrammes.  La 
température  et  la  fréquence  du  pouls  étaient  modérées  le  matin, 
mais  le  soir  il  y  avait  une  recrudescence  très-marquée.  Le  ther- 
momètre alors  dépassait  39  degrés  et  le  pouls  montait  à  plus 
de  100.  M***,  taciturne,  stoïque,  et  résigné  en  apparence  le  ma- 
tin, était  atteint  le  soir  d'une  véritable  divagation.  Il  se  croyait 
perdu,  accusait  des  douleurs  insupportables,  certainement  ima- 
ginaires, et  me  suppliait  d'employer  le  chloroforme  pour  l'exami- 
ner, s'offrant  à  le  payer  si  le  médicament  était  trop  cher.  Il  se 
déclarait  d'ailleurs  préparé  au  sacrifice  de  son  bras,  redoutant 
qu'il  fût  déjà  trop  tard  pour  l'amputation. 

Le  lendemain  matin,  cet  éréthisme  avait  cessé,  mais  laissait 
après  lui  une  dépression  très-considérable.  L'opium  étant  impuis- 
sant à  procurer  le  sommeil,  j'essayai  la  digitale  à  la  dose  de 
â  grammes  de  teinture  ;  même  insuccès. 

Voyant  enfin  que  le  phlegmon  gagnait  toujours,  que  le  pus  sor- 
tait à  la  fois  de  rarticulation,  de  la  région  sous-cutanée  largement 
décollée,  et  même  des  interstices  musculaires  de  l'avant-bras,  je 
me  décidai  à  pratiquer  l'amputation  du  bras.  Il  me  fallait  aller 
jusqu'au  quart  supérieur  dans  l'épaisseur  même  du  deltoïde  pour 
dépasser  les  limites  de  l'altération  de  la  peau. 

J'avais  un  instant  songé  à  pratiquer  la  résection  du  coude, 
mais  je  fus  arrêté  par  la  crainte  d'une  suppuration  prolongée  et 
de  la  continuation  des  phénomènes  inflammatoires.  La  chirurgie 
radicale  me  paraît,  dans  ces  cas,  plus  efficace  et  plus  conserva- 
trice elle-même.  L'examen  du  membre  démontra  d'ailleurs  que 
Taraputation  était  indispensable.  En  etfet,  tout  autour  de  la  join- 
ture et  à  plusieurs  centimètres  de  distance,  tant  sur  le  bras  que 
sur  Tavant-bras,  le  pus  avait  fusé,  détruit  le  tissu  celluleux,  in- 
filtré les  muscles  et  formé  plusieurs  foyers  sans  communication 
avec  la  plaie  principale,  La  résection  eût  donc  été  à  peu  près  inutile. 

J'amputai  par  le  procédé  à  deux  lambeaux,  interne  et  externe, 
qui  s'affrontèrent  naturellement  et  que  je  réunis  dans  la  plus 
grande  partie  de  leur  étendue  avec  quelques  bandelettes  de  bau- 
druche et  le  collodion. 

L'opération,  comme  dans  le  cas  précédent,  n'apporta  tout  d'a- 
bord à  l'état  général  ni  amélioration  ni  aggravation  sensibles.  Les 
symptômes  continuèrent  et  se  compliquèrent  d'un  hoquet  inter- 
mittent très-incommode,  phénomène  commun  chez  les  buveurs 
d'absinthe  et  qu'on  suspendit  de  temps  à  autre  à  l'aide  de  la  glace, 
de  l'opium  et  des  boissons  gazeuses.  La  plaie  ne  fut  à  l'extérieur 


-âO- 

le  siège  d'aucuti  travail  inflammatoire,  Ié§  làiribeâùx  rëstëtéfit  |>âlë§ 
et  mous  ;  mais,  dans  la  profondeur^  le  tissU  cëliulàire  de  là  gaîâe 
dés  vaisseaux  et  des  interstices  musculaire^  deviht  tioirâtt'e  et  ^il- 
trilagineui^  comme  s'il  était  fràppë  de  sphàdèJe.  Ùti  siiiiitëiâêât 
sanguin  apparut  à  la  fin  du  troisième  jour,  et  se  rënoiivëlà  (ilUé 
intëtise  le  lendemain^  dUelqUës  heures  aVatit  là  rbort.  Le  iilâlddei 
pris  d^Uii  délire  tranquille  et  d^tlti  àffaissëaléht  prd^Fesëif,  âiië- 
colâbâ  sàris  àouffî'dncë,  Uh  peu  p\\ïi  de  quatre  joui'â  djpfSs  Plffl^ 
{)titation. 

Lés  ^aitâ  qui  (trécëdeiit  fêpî'éâëtiiënt  p^s^ûé  tôuâ  l6§  if^ê»  de 
i'évôlution  inexorable  que  je  voulais  mettre  en  lumiëréi  ils  ènt  éU 
la  même  terminaison  après  remploi  des  méthodes  variées  de  la 
thérapeutiques  chirurgicale;  Il  se  ressemblent  eticore  en  cek  qne 
leè  lésions  itiitialë^  épsti-giiaiit  les  Organes  e^^ëtltiëls  &  la  viëëtiêsëât 
été,  dans  d'autres  circonstances^  très-siisceptibles  de  giiérisoh.  Ùnë 
blessure  du  pied^  du  coude^  du  bras,  alors  même  que  les  os  sont 
intéressés,  ne  compromet  pas  directement  l'existenee^  et  il  lious 
arrive  bien  souvent  d'en  obtenii*  la  eûtéi  Ddils  ëë  tildttlënt  lâéftlé, 
je  conduis  à  bien  trois  blessui-es  d'àMës  à  feil  à^àrit  lé  ndêftie 
siège  et  que  j'ai  traitées  par  la  resection  de  l^humérus,  du  coude 
et  des  os  du  pied;  A  la  vérité^  les  sujets  soht  exempts  de  toute  tare 
organique.- 

Che2  le  cocher,  les  lésibns  étaietit  blu^  iéfiëd^e^,  (luistîtî'éHës 
atteignaient  les  viscères  abdomitiaux.  Mais,  en  sèmine,il  n'y  avait 
que  des  fissures  du  rein,  du  foie  et  de  la  capsule  surrénale^  avec 
épatichement  sanguin  circonscrit.  Le  travail  ré[iatateur  aurait  fort 
bietl  pu  s'opérer  à  l'àhri  dû  fcontâct  de  Téir,  cotnnjè  là  sëiëfice  eh  poè- 
sède  de  nombreux  eiemples.  Il  n'y  avait  d'îlilleiirS  àii  ëiégë  iiiêihë  de 
ces  désordres  nulle  trace  d'inflammation,  nul  vestige  de  suppura- 
tion, et  c'est  par  le  poumon,  nbn  atteint  par  la  violenèe^  que  la 
mort  paraît  s'êtt-e  produite. 

Si  dans  les  deux  derniers  ëalà  là  blessure  où  les  oiJêfatidfis  ffrâ- 
tiquées  ont  pu  faire  naître  des  accidents  locaux  capables  d^entraf- 
ner  la  mort  au  bout  d'un  temps  assez  long,  il  n'en  fttt  pas  de 
même  pour  les  deux  premiers^  où  la  terminaisoti  fatale  est  Sttt- 
venue  inopinément  avec  une  rapidité  telle  (itie  les  cônipliëàiidtis 
ordinaires  n'avaient  pas  encore  eu  le  temps  de  se  montrer.  U  n'est 
donc  pas  possible  de  refuser  à. ces  cas  une  physionomie  spéciale 
et  de  nier  l'existence  d'un  élément  particulier  de  malignités 

Le  lien  coinmun  dé  toutes  ëes  issues  funestes  estj  sttité  âttèiiii 
dotitë,  l'àlcoôlisiûè. 


-u  - 

En  présence  de  tels  faîis,  plusieurs  Questions  s'imposent  à  î^es- 
prit.  Quelle  peut  être  la  cause  d'une  disproportion  si  évidente  entre 
là  gravité  dés  lisions  primitives  et  la  gravité  de  leur  évolution? 

Fàht-il  attribuer  celle-ci  aux  lésions  viscérales  antérieures,  à  une 
àltifâhôà  siifaiguê  du  sang^  à  Tadultération  de  ce  fluide  par  les 
liquides  absorbés  à  la  surface  de  la  plaie?  Toutes  ces  hypothèses  ré- 
pètent sûr  dés  bases  acceptables,  mais  aucune  d'elles  ne  peut  s'ap- 
pliquer k  là  généralité  des  cas.  Admettons  que  les  lésions  du  foie^ 
des  i^insy  ié  l'estomac,  des  méninges  amènent  la  mort  ;  comment 
èxpliqiiet  qiie  deux  ou  trois  jours  avant  la  blessure  ces  lésions 
soiéfit  presque  ignorées  et  compatibles  avec  une  santé  convenable  en 
àppà^ncë?  comment  expliquer  qu'une  fracture  ou  une  plaie  les 
âg^avé  aussi  subitement  ? 

L^absorption  des  matières  septiques  est  à  coup  sûr  fort  nuisible, 
et  lorsqu'elle  s'effectue  dans  de  grandes  proportions  par  de  larges 
surfaces,  que  les  fluides  sont  très- délétères  et  quasi  virulents,  la 
mort  s'explique  assez  bieri,  quelle  que  soit  la  constitution  des  sujets» 
Mais  en  cas  de  petites  plaies  et  même  de  lésions  sous-cutanées  qui 
n'engendrent  pas  dé  matières  putrides,  on  voit 'de  temps  en  temps 
surgir  cbez  les  alcooliques  des  accidents  tout  aussi  graves,  tout 
aussi  foudroyants  que  ceux  dont  nos  observations  nous  fournissent 
des  exemples. 

J'aime  donc  mieux  m  arrêter  dans  la  voie  des  suppositions  et 
fons  laisser  le  soin  de  in'éclairer  sur  la  pathogénie  de  la  mort  dans 
de  telles  conditions. 

tjne  seconde  question  non  moins  pressante  est  celle-ci  :  Etant 
donné  un  blessé,  comment  savoir  aussitôt  s'il  est  alcoolique?  Il  ne 
faut  guère  compter  sur  ses  aveux  directs.  Tel  homme  du  peuple 
se  croit  sobre  en  absorbant  quotidiennement  3  ou  4*  litres  de  vin 
et  une  demi-douzaine  de  verres  de  liqueur.  S'il  a  une  profession 
lin  peu  rude^  il  s'imagine  ne  prendre  qu'une  quantité  de  boisson 
tout  k  tèil  raisonnable,  utile  même  à  Tentretien  et  à  îa  conservation 

-  " 

de  ses  forcés.  Dans  une  classe  plus  élevée^  on  cache  avec  plus  de 
soins  encore  lés  habitudes  d'intempérance,  ou  bien  on  vit  avec  ce 
préjugé  que  les  boissons  de  bonne  qualité  ne  sauraient  être  nuisi- 
bles à  la  santé. 

Toujours  est-il  que  c^est  par  surprise  le  plus  souvent  et  en  pro- 
cédant avec  tact  et  perspicacité  qu'on  soupçonne  et  qu'on  reconnaît 
l'alcoolisme. 

Lorsque  je  possédais  moins  d'expérience  et  que  j'étais  moins 


-  32  — 

préoccupé  de  cette  grande  question  de  Tétat  organique  des  blessés, 
j'arrivais  bien  à  reconnaître  les  effets  de  Talcool,  soit  à  l'apparition 
du  délire,  soit  en  raison  des  anomalies  du  travail  réparateur,  mais 
déjà  il  était  bien  tard  et  je  m'attache  aujourd'hui^  en  diagnostic^  à 
pre'voir  avant  de  constater,  comme  je  voudrais,  en  thérapeutique, 
prévenir  plutôt  que  combattre. 

Par  bonheur^  les  difficultés  du  diagnostic  précoce  ne  sont  pas 
très-grandes  pour  quiconque  a  Tes  prit  en  éveil  et  s'est  mis  au  cou- 
rant de  la  symptomatologie  de  Talcoolisme  si  habilement  exposée 
par  nos  confrères  les  médecins.  Mais  après  le  diagnostic  posé  et  le 
pronostic  établi,  le  redoutable  problème  de  la  thérapeutique  médi- 
cale et  chirurgicale  se  dresse  inévitablement  et  c'est  ici  que  je  fais 
un  appel  direct  à  vos  lumières,  en  déclarant  avec  humilité  et  regret 
qu'après  de  longues  méditations  j'en  suis  encore  à  la  période  de 
doute  et  d'incertitude. 

Aux  thérapeutistes,  aux  médecins,  je  demanderai,  un  alcoolique 
étant  blessé,  ce  qu'il  convient  de  faire  pour  conjurer  l'explosion 
des  accidents  généraux,  et  au  cas  où  ceux-ci  ont  apparu,  comment 
il  les  faudra  combattre.  J'ai  essayé  les  alcooliques^  Topium  à  doses 
faibles  ou  fortes,  le  bromure  de  potassium,  le  chloral^  la  digitale  ; 
j'ai  sauvé  quelques  malades  ou  du  moins  je  le  crois.  J'en  ai  perdu 
d'autres  dans  des  conditions  identiques  en  apparence.  Alors  j'ai 
douté,  j*ai  varié  les  essais,  j'ai  employé,  abandonné  et  repris  le 
même  agent  et  aujourd'hui  je  n'ai  plus  guère  de  conviction  ni 
d'assurance. 

Aux  chirurgiens  à  leur  tour,  je  demanderai  de  mettre  un  terme 
à  mes  perplexités  et  de  m'ofifrir  un  moyen  de  chasser  le  décourage- 
ment profond  dont  je  suis  saisi. 

J'ai  essayé  tous  lès  pansements,  j'ai  tenté  l'expectation  vigilante 
avec  toutes  ses  ressources,  j'ai  lutté  pied  à  pied  avec  tous  les  acci- 
dents locaux,  avec  toutes  les  complications  prévues  et  imprévues. 
En  cas  de  fractures  compliquées,  j'ai  fait  des  résections,  puis  des 
amputations;  j'ai  été  tour  à  tour  conservateur  et  radical.  J'ai  agi 
de  bonne  heure,  puis  j'ai  essayé  de  n'opérer  qu'après  le  premier 
orage  traumatique;  et  comme  après  toutes  ces  recherches  j'ai  con- 
signé beaucoup  de  revers  et  à  peine  quelques  succès,  je  n'ai  pu  en- 
core me  poser  à  moi-même  que  des  préceptes  empiriques  sans  bases 
valables. 

Au  bout  de  six  années  pour  le  moins  d'études  consciencieuses, 
je  ne  sais  pas  même  à  l'avance  par  quelle  voie  la  mort  va  attaquer 


~  33  — 

mes  blessés.  L'un  succombe  au  delirium  tremens^  Taulre  à  un  élat 
gastrique  mal  détermine,  celui-ci  à  la  scpliccmic  aiguë,  celui-là  à  la 
pyobémie  classique,  un  cinquième  devient  albuminurique ,  un 
sixième  hydropique  par  lésion  du  foie,  rbéniorrhagie  consécutive 
prend  aussi  sa  part  dans  les  désastres,  et  devant  tous  ces  ennemis  je 
ne  suis  assuré  que  de  mon  impuissance  presque  absolue. 

H  m'en  coûterait  peu,  messieurs,  de  faire  devant  vous  une  aussi 
triste  confession  et  de  m'accuser  d'impéritie,  si  vous  pouviez  m'ap- 
prendre  ce  que  j'ignore  et  m'aider  à  réparer  le  mal  que  j'ai  peut- 
être  commis  innocemment.  Je  serais  encore  heureux  si  vous  me 
prouviez  que  j'ai  assombri  le  tableau  et  que  j'ai  eu  affaire  à  des 
séries  malheureuses.  Bien  que  la  classe  des  ivrognes  ne  soit  pas 
très-intéressante  et  que  la  mort  ne  soit  pour  un  grand  nombre 
d'entre  eux  que  le  châtiment  presque  mérité  d'une  vie  inutile,  si- 
non dangereuse  à  la  société,  nous  devons  comme  médecins  dé- 
plorer la  léthalité  terrible  qui  les  frappe. 

Les  insuccès  ordinaires  de  la  chirurgie  chez  les  alcooliques  ont 
encore  un  grave  inconvénient  sur  lequel  j'appelle,  en  terminant, 
votre  attention. 

L'expérience  isolée  d'uïi  homme,  si  vaste  qu'on  la  suppose,  est 
impuissante  à  faire  la  science.  Jusqu'à  l'époque  encore  bien  éloi- 
gnée peut-être  où  le  dogme  chirurgical  sera  définitivement  fixé, 
il  faudra  s'aider  de  la  méthode  numérique,  c'est-à-dire  de  la  statis- 
tique, dont  nous  reconnaissons  tous  les  importants  services. 

Pour  juger  comparativement  les  méthodes  thérapeutiques,  les 
procédés  opératoires,  la  chirurgie  conservatrice  mise  en  regard  de 
la  chirurgie  radicale,  les  résections  opposées  aux  amputations,  etc., 
il  faudra  rassembler  beaucoup  de  faits,  les  classer  et  les  compter. 
Mais  comment  faire  entrer  dans  les  statistiques  dichotomiques,  telles 
qu'on  les  dresse  aujourd'hui,  des  faits  où  ni  l'opportunité  de  l'ac- 
tion, ni  Texcellence  des  méthodes,  ni  l'habileté  des  opérateurs,  ni 
la  sollicitude  des  aides,  ne  jouent  le  rôle  principal,  où  tous  les  cal- 
culs sont  déjoués  par  l'usage  antérieur  du  vin  blanc,  de  l'eau-de- 
vie  ou  de  Tabsinthe,  où  comptent  à  peine  dans  les  prévisions  le 
milieu^  la  blessure,  mais  seulement  l'état  organique  du  blessé? 

Mettre  en  série  des  faits  aussi  spéciaux,  n'est-ce  pas  introduire 
dans  la  méthode  numérique  un  facteur  évidemment  vicieux  pour 
arriver  à  des  résultats  certainement  inexacts  et  trompeurs  ? 

n  suffit,  je  crois,  d'énoncer  une  proposition  aussi  élémentaire 
pour  qu'à  l'avenir  une  catégorie  particulière  soit  instituée  dans 
TOME  Lxxx.  !'•  uvn.  3 


—  34  — 

nos  statistiques  chirurgicales  pour  le  cas  où  nos  opérations,  si  elles 
ne  hâtent  pas  parfois  la  mort  des  malades,  sont  le  plus  souvent 
impuissantes  à  les  sauver,  parce  que  ceux-ci,  de  leur  fait  même, 
sont  presque  inexorablement  condamnés  à  mourir. 

Conclusions.  —  1®  Les  lésions  traumatiques  offrent  une  gravité 
exceptionnelle  chez  les  sujets  entachés  d'alcoolisme  ; 

2°  La  mort  survient  parfois  avec  une  rapidité  foudroyante,  sans 
qu'il  soit  possible  de  la  prévoir  et  de  l'expliquer  -, 

3°  Dans  d'autres  cas,  elle  est  causée  soit  par  des  accidents 
généraux  ayant  pour  origine  les  organes  internes,  soit  par  des 
accidents  nés  de  la  blessure  et  dus  à  Tabsence  des  phénomènes  ré- 
parateurs naturels  ; 

4®  La  cause  première  de  ces  accidents  peut  être  attribuée  sou- 
vent, mais  non  toujours,  à  des  lésions  viscérales  antérieures.  L'alté- 
ration primitive  ou  consécutive  du  sang  joue  sans  doute  un  cer- 
tain rôle,  mais  la|science  ne  l'a  pas  encore  nettement  établi; 

5"  Le  diagnostic  de  Palcoolisme  antérieur  à  la  blessure  est  ordi- 
nairement assez  facile;  il  importe  beaucoup  de  le  poser  avant  le 
développement  des  accidents  locaux  ou  généraux  ; 

6®  La  thérapeutique  préventive  ou  curative  est  encore  mal  fixée, 
et  ceci  s'applique  aussi  bien  au  traitement  pharmaceutique  qu'au 
traitement  chirurgical  ; 

7°  Les  indications  et  contre-indications  opératoires  sont  encore 
vagues  et  incertaines.  Avec  toutes  les  méthodes,  on  recueille  plus 
de  revers  que  de  succès,  et  il  en  sera  ainsi  tant  que  la  prophylaxie 
et  la  thérapeutique  médicale  ne  seront  pas  plus  avancées  ; 

8°  Les  résultats  obtenus  par  la  chirurgie  conservatrice  ou  radi- 
cale chez  les  sujets  alcooliques  doivent  être  mis  à  part  dans  les  sta- 
tistiques générales. 


CHIMIE  ET  PHARMACIE 


Itccherelies  hlstorlqaea  «nr  le«  rhalMurbea, 

Ci:  OME     FALSIFICATION     DE     LA     ItHUBARBE     DE     CHINE 

Par  M.  Starislas  Martin. 

Le  plus  grand  fleuve  de  l'Europe,  le  Volga,  portait  dans  Tanti-^ 
quité  le  nom  de  Rha  ;  ceux  qui  habitaient  ses  bords  étaient  en  Rus- 
sie considérés  comme  des  barbares.  La  plante  médicinal^  qu'ils 


—  35  — 

cultivaient  portait  dans  le  commerce  le  nom  de  rliabarbarum^ 
pour  |exprimer  le  Heu  où  on  la  re'coltait  et  le  nom  de  ceux  qui  la 
vendaient  :  cette  plante  a  été  placée  par  les  botanistes  dan^  I^  far 
mille  des  poljgonacées. 

La  culture  du  rheum  palmcttum  et  du  rheum  rkaponticum  est 
très-importante  sur  plusieurs  points  du  globe^  principalement  efi 
Chine,  dans  la  Boul^harie,  le  Kokonoor^  en  Russie,  en  AUemagpe, 
en  Hpngrie,  ei>  Angleterre  et  en  France. 

C'est  à  tort  qu'on  a  donné  le  nom  de  rhubarbe  de  ftussie  à  pelle 
qui  esl  récoltée  dans  le  Kann-fou,  le  Kangou  et  dans  le  pays  ipon- 
tagneux  qui  est  arrosé  par  le  fleuve  Jaune  avant  son  entrée  en 
Chine  ;  elle  est  échangée  contre  des  pelleteries  à  un  taux  que  Pal- 
las  évalue  à  16  roubles  le  poud,  c'est-à-dire  à  50  et  quelques  francs 
les  20  kilogrammes. 

Ce  sont  les  Boukbares  de  Kbamil,  de  Kachagas^  de  Tbotan,  de 
Tourfann  qui  l'apportent  à  Kiakhta  ;  le  commerce  en  est  libre  aur 
jourd'hui,  tandis  qu^en  1772  le  gouvernement  russe  en  avait  le 
monopole  avec  le  droit  d'en  vendre  la  concession  ;  en  dernier  liei| 
c^était  la  famille  du  Boukhare  Abdrain  qui  l'avait  acquis. 

La  rhubarbe  de  Chine  vient  des  provinces  de  Sse-Tcbouèn,  de 
Yun-nan,  de  Chann-si,  de  Touang-si  et  de  Kann-fou,  ou  on 
l'apporte  à  Canton  ;  c'est  même  actuelleoient  presque  le  seul  port 
où  s'en  fasse  le  commerce. 

La  rhubarbe  est  comme  tous  les  corps  organisés^  le  climat  et  la 
nature  du  sol  influent  sur  sa  forme  physique  et  sa  composition 
chimique.  Aucun  climat  n'est  aussi  inconstant  et  aussi  variable 
que  celui  de  la  Chipe;  à  Canton^  aux  mois  de  juin  et  juillet^  le 
thermomètre^  pendant  la  période  des  chaleurs^  monte  presque  tou-^ 
jours  à  90  ou  95  degrés  Fahrenheit  (21°,30  ou25'',64  centigrades); 
en  août  et  septembre^  il  tombe  de  temps  à  autre  de  fortes  pluies 
d'orage. 

Les  Chinois  déterrent  les  racines  de  rhubarbe^  au  commence^^ 
ment  du  printemps,  avant  la  pousse  des  feuilles;  ils  les  coupent  en 
travers  longues  et  minces^  les  font  sécher  pendant  deux  ou  trois 
jours^  les  attachent  ou  les  enfilent  à  des  cordes,  pour  les  suspendre 
dans  des  endroits  froids  et  aérés  ;  là  se  complète  la  dessiccation. 

A  Canton^  le  prix  de  la  rhubarbe  varie  de  38  à  40  dollars  le  pi» 

cul  (3fr.  69à3fr,  88  le  kilogramme]^  les  racines  séchées  et  entières. 

Pour  les  racines  séchées  et  coupées,  le  prix  est  de  50  à  60  dolt- 

lars  (4  fr.  85  à  5  fr,  82).  Plus  de  1 500  piculs  (92000  kilogramme^] 


—  36  — 

de  rhubarbe  sont  apportés  annuelîomo.nt  à  Canton  pour  être  ex- 
portés en  Europe,  au  prix  moyen  de  56  dollars  le  picul  (4  fr.  85  le 
kilogramme). 

Nous  recevons  en  Europe  la  rhubarbe  emballée  dans  des  caisses 
en  bois  très-mince  doublées  d'une  feuille  de  plomb;  les  unes  ren- 
ferment 1  picul  et  cubent  173  décimètres  ;  les  autres  ne  contiennent 
qu'un  demi-picul  et  n'occupent  que  88  décimètres  ;  le  droit  d'ex- 
portation est  de  i  taël  par  picul,  c'est-à-dire  dé  12  fr.  60  par 
100  kilogrammes.  En  1855,  la  Chine  avait  expédié  à  l'Angleterre 
11466  kilogrammes  de  rhubarbe,  représentant  une  valeur  de 
719  925  francs.  En  1869,  l'envoi  était  un  tiers  en  plus. 

Les  Chinois  se  servent  peu  de  rhubarbe;  cependant  ils  savent 
fort  bien  qu'elle  agit  comme  purgatif  et  comme  tonique.  Ce  peuple 
aime  peu  les  médicaments  simples  ;  il  lui  faut  des  drogues  très- 
composées  ;  celui  dans  lequel  il  entre  cent  et  quelques  substances 
est  le  préféré. 

La  vraie  rhubarbe  de  Chine  contient  une  matière  nommée  par 
Henry  caphopicrite^  et  que  M.  Caventou,  plus  tard,  a  trouvée  for- 
mée d'une  substance  jaune,  peu  soluble  dans  Teau  froide,  qu'il 
nomma  rhuburbarin,  et  d'une  autre  insoluble  dans  l'eau,  très- 
purgative;  c'est  sa  rhubarbarine,  La  caphopicrite  ne  se  trouve  que 
dans  de  très-minimes  proportions  dans  la  racine  du  rheum  rha- 
ponticum  cultivée  en  Europe. 

Les  contrées  centrales  de  l'Asie  importent  à  Saint-Pétersbourg  et 
à  Smyrne  une  rhubarbe  sur  laquelle  on  n'a  pu  nous  donner  des 
renseignements. 

Les  rhubarbes  d'Europe  sont  peu  employées  en  médecine  ;  il  en 
est  quelques-unes,  cependant,  qui  sont  très-préconisées  dans  les 
colonies  espagnoles.  L'Angleterre  leur  en  expédie  de  grandes  quan- 
tités ;  l'Allemagne  envoie  en  Russie  et  en  Sibérie  presque  toutes 
celles  qu'elle  récolte;  les  droguistes  français  font  une  ample  con- 
sommation de  celles  d'Avignon  et  de  Paris  pour  falsifier  les 
rhubarbes  de  Chine.  Dans  le  commerce  le  rhapontic  de  Paris  porte 
le  nom  de  7'kubarbe  du  pays;  la  médecine  vétérinaire  en  fait  une 
assez  grande  consommation.  Les  Grecs  et  les  Latins  ont  connu  les 
propriétés  purgatives  des  rhapontics;  au  moins  leur  nom  de  péco, 
je  coule,  en  est  bien  la  signification. 

Les  rhubarbes  qui  nops  arrivent  de  Chine  ne  sont  pas  toujours 
de  bonne  qualité  ;  il  se  trouve  souvent  des  caisses  qui,  malgré  leur 
intérieur  doublé  de  plomb,  prennent  de  Thumidité;  les  racines  y 


—  37  — 

moisissent^  sont  piquées  des  vers^  contractent  une  odeur  et  une 
saveur  étrangères  désagréables;  il  y  a  des  rhubarbes  dont  la  dessic- 
cation a  été  imparfaite  et  peu  soignée,  d'autres  dont  le  poids  est 
léger,  la  texture  fibreuse,  d'autres  enfin  qui,  lorsqu'on  les  mâche, 
sont  mucilagineuses.  Le  pharmacien  désireux  d'avoir  un  médica- 
ment actif  rejette  de  tels  produits  ;  le  droguiste  peu  scrupuleux, 
il  y  en  a  malheureusement  quelques-uns^  les  mêlent  à  de  bonnes 
rhubarbes,  les  pulvérisent  ensemble  pour  les  livrer  au  pharmacien. 

La  rhubarbe  de  Chine  réduite  en  poudre  a  une  belle  couleur 
jaune  dorée^  une  odeur  spéciale,  une  saveur  franche.  Gomme  on  ne 
peut  obtenir  tous  ces  caractères  avec  des  rhubarbes  altérées  ou 
allongées  de  rhapontics,  les  droguistes  lui  donnent  la  couleur  dési- 
rable par  un  moyen  qu'ils  considèrent  comme  très-innocent  et  que 
nous  qualifions  de  fraude  fort  coupable  :  ils  humectent  la  poudre 
avec  de  Teau  qu'ils  rendent  légèrement  alcaline  avec  du  sous-car- 
bonate de  soude  ;  ce  mélange  est  divisé  sur  des  plaques,  séché  à  la 
douce  chaleur  d^une  étuve;  la  masse  est  triturée  dans  un  mortier 
de  marbre  et  passée  au  tamis  pour  obtenir  une  poudre  homogène. 

On  voit  par  là  que  le  pharmacien  qui  est  désireux  d'avoir  une 
poudre  de  rhubarbe  jouissant  de  propriétés  thérapeutiques  réelles, 
doit,  autant  que  possible^  la  préparer  chez  lui. 

L'analyse  chimique  permet  de  constater  la  présence  du  carbonate 
de  soude  dans  la  rhubarbe  de  Chine;  on  traite  la  poudre  par  l'eau 
distillée  froide;  on  filtre  la  liqueur  au  papier.  Si  la  poudre  est  fal- 
sifiée^ il  se  forme  dans  la  colature,  en  versant  une  solution  de  nitrate 
de  baryte,  un  abondant  précipité,  qui,  traité  selon  l'art,  permet 
J'en  isoler  tous  les  principes  constituants.  On  arrive  au  même  ré- 
sultat par  la  calcination  de  la  poudre.  Si  la  cendre  contient  ce  sel 
alcalin,  il  est  décelé  par  le  bi chlorure  de  mercure,  le  nitrate  d'ar- 
gent ou  le  chlorure  de  platine. 


BULLETIN  DES  HOPITAUX 


Panaris  tendineux  du  pouce  droit  ;  suppuration  de  la  gaîne 

DU   MUSCLE  LONG   FLÉCHISSEUR    PROPRE    DU    POUCE  ;    OUVERTURE    DE 

cette  gaîne  ;  GUÉRISON.  —  M.  le  docteur  Nicaise,  à  l'occasion  d'un 
cas  qu'il  a  observé,  rappelle  (1)  une  coraplicatiorj  grave  à  laquelle 

(1^  Gazette  médicale  de  Paris,  1870,  n»  51. 


peuvent  donner  lieu  certains  panaris  profonds^  ainsi  que  les  règles 
à  suivre  pour  conjurer  les  dangers  que  cette  complication  est  sus- 
ceptible d'entraîner. 

La  suppuratioti  de  la  gaine  du  muscle  long  fléchisseur  propre 
du  pouce^  dit  notre  confrère,  s^observe  le  plus  souvent  à  la  siiite 
d'un  panaris  tendineux  du  pouce.  L'inflammation  est  d'abord  li- 
mitée à  ce  doigt^  elle  gagne  ensuite  la  gaine  synoviale  du  tendon 
du  long  fléchisseur  propre,  puis  bientôt  toute  la  gaîiie  du  muscle. 
A  ce  moment^  le  tendon  et  le  corps  charnu  du  muscle  sont  entourés 
ou  infiltrés  par  le  pus.  Si  un  traitement  convenable  ne  vient  pas 
arrêter  la  maladie,  il  arrive  parfois  que  la  gaine  du  long  fléchisseur 
propre  se  rompt,  et  que  le  pus  se  répand  au  milieu  des  couches 
musculaires  de  l'avant-bras^  donnant  lieu  alors  à  des  symptômes 
locaux  et  généraux  graves,  qui  peuvent  nécessiter  une  amputation 
ou  même  mettre  la  vie  du  malade  en  danger.  Il  y  a  donc  urgence 
à  agir^  et  à  agir  de  bonne  heure,  aussitôt  que  Ton  petit  reconnaître 
ou  prévoir  Texislence  du  pus  dans  la  gaîne  du  fléchisseur  propre. 

J'ai  eu  dernièrement  l'occasion  d'observer  un  cas  de  ce  génre^ 
dans  lequel  l'opération  faite  de  bonne  heure  a  donné  de  bons  ré- 
sultats. 

Je  rapporte  d'abord  l'observation  de  mon  malade,  qui  a  été  re- 
cueillie par  M.  Gouin  -,  je  décrirai  ensuite  l'opération  que  je  crois 
applicable  à  tous  les  cas  de  ce  genre. 

Q***,  âgé  de  vingt-deux  ans,  mobile  d'Ille-et- Vilaine,  est  amené 
le  15  novembre  1870  à  l'ambulance  de  la  Presse,  rue  Monceau, 
dans  le  service  de  M.  Nicaise.  Ce  malade  est  atteint  d*un  panaris 
profond  du  pouce  droit. 

Pas  de  maladies  antérieures  ;  constitution  bonne  ;  tempérament 
lymphatique  î  vacciné. 

15  novembre.  Q***  s'est  fait,  il  y  a  huit  jours,  une  piqûre  à  la 
face  palmaire  du  pouce  droit,  au  niveau  de  l'articulation  des  deux 
phalanges  ;  le  corps  piquant  était  la  grosse  extrémité  d'une  aiguille 
qui,  du  reste,  a  été  retirée  entière. 

Depuis  quatre  jours  le  malade  éprouve  des  élancements. 

16.  On  constate  un  gonflement  considérable  du  pouce  et  de 
Pertinence  thénar  ;  ce  gonflement  est  un  peu  moimdre  sur  la  main 
et  Tavatit-bras.  La  peau  de  toute  l'étendue  de  la  face  palmaire  du 
pouce  est  mortifiée  et  le  cercle  d'élimination  commence  à  se  des- 
siner. 

Incision  de  l'eschare  sur  la  ligne  médiane  dans  toute  la  lon- 
gueur du  pouce;  écoulement  d'une  grande  quantité  de  pus.  Manu- 
luve  prolongé  d'une  heure;  cataplasmes. 


—  39  — 

17.  Le  malade  n'a  pas  dormi^  à  cause  des  douleurs  violentes  qu'il 
éprouve  dans  Tavant-bras.  L'état  général  est  bon. 

La  peau  de  l'avant-bras  est  rouge;  il  y  a  un  œdème  superficiel 
limité  à  la  partie  inférieure  de  la  face  antérieure  de  cette  région  \ 
on  sent,  après  quelques  recherches,  une  fluctuation  profonde. 

Incision  verticale  de  4  à  5  centimètres  au-dessus  du  poignet  et 
immédiatement  en  dehors  du  tendon  du  muscle  grand  palmaire; 
après  la  section  de  l'aponévrose  antibrachiale,  l'opération  est  con- 
tinuée avec  la  sonde  cannelée,  et  bientôt  on  arrive  sur  la  gaine  du 
muscle  fléchisseur  propre  du  pouce,  qui  est  déchirée,  et  permet 
l'écoulement  du  pus.  Il  y  eut  une  légère  hémorrhagie  veineuse. 

Manuluves  prolongés  ;  cataplasmes  \  purgation  avec  40  grammes 
de  sulfate  de  magnésie. 

iS.  La  rougeur  a  disparu;  en  pressant  au-dessus  de  Tincision, 
on  fait  sortir  le  pus  en  abondance. 

21.  Etat  général  très-bon;  appétit  revenu.  L'écoulement  du  pus 
ne  se  produit  plus  quand  on  presse  au  niveau  de  Téminence  thénar. 

23.  L'eschare  est  enlevée  avec  la  pince  et  les  ciseaux;  on  voit 
alors  le  tendon  du  fléchisseur  à  nu  et  mortiflé. 

27.  Le  pus  devient  liquide  et  séreux,  la  cicatrisation  se  fait  ré- 
gulièrement. 

28.  L'extrémité  mortifiée  du  tendon  se  détache  de  la  partie  saine 
au  niveau  de  l'extrémité  inférieure  du  premier  métacarpien. 

29.  La  dernière  phalange  du  pouce  est  nécrosée  presque  complè- 
tement, et  l'articulation  des  deux  phalanges  entre  elles  est  complè- 
tement ouverte. 

Cicatrisation  régulière.  Pansement  au  cérat. 

Ce  malade  a  été  opéré  huit  jours  après  la  piqûre  et  quatre  jours 
après  le  développement  des  premiers  symptômes.  L'incision  faite 
au  niveau  du  pouce  était  commandée  d'urgence  ;  il  n'y  avait  pas  là 
à  hériter;  mais  on  pouvait  peut-être  attendre,  avant  de  faire  l'inci- 
sion sur  Tavant-bras,  que  le  foyer  purulent  fût  mieux  indiqué  et 
qu'il  précisât  lui-même  le  heu  de  l'incision. 

En  tenant  compte  d'un  certain  gonflement  de  Tavant-bras,  de 
l'existence  de  douleurs  assez  vives  au-dessus  du  poignet  et  d'un 
œdème  superficiel  au  même  point,  je  fis  l'ouverture  de  la  gaine  du 
muscle  fléchisseur  et  il  s'écoula  une  certaine  quantité  de  pus. 

Avant  de  décrire  l'opération,  rappelons  quels  sont  les  organes 
qui  sont  en  avant  du  muscle  long  fléchisseur  propre  du  pouce. 
Nous  avons,  de  dehors  en  dedans^  le  muscle  long  supinateur,  l'ar- 
tère radiale  et  ses  deux  veines  satellites,  le  muscle  grand  palmaire 
et  enfin  le  muscle  fléchisseur  sublime. 

D'un  autre  côté,  la  synoviale  du  muscle  long  fléchisseur  du  pouce 
est  indépendante  de  celle  des  autres  muscles  fléchisseurs;  elle 


—  40  — 

s'étend  de  ^articulation  des  deux  phalanges  du  pouce  entre  elles 
jusqu'à  i  centimètre  environ  au-dessus  du  ligament  annulaire 
antérieur  du  carpe,  mesurant  une  longueur  de  10  à  12  centimè- 
tres ;  sa  partie  la  plus  large  est  au  niveau  et  au-dessus  de  l'anneau 
carpien. 

L'extrémité  supérieure  de  la  gaine  synoviale  du  long  fléchisseur 
propre,  immédiatement  au-dessus  du  ligament  annulaire,  est  en 
rapport  avec  l'aponévrose  de  Tavant-bras ,  dans  l'intervalle  qui 
existe  entre  les  tendons  du  grand  et  du  petit  palmaire.  Mais  bieatôr 
le  muscle  grand  palmaire  croise  obliquement  le  long  fléchissent 
propre,  laissant  en  dehors  de  lui  tout  le  corps  charnu  de  ce  dernier 
muscle. 

Rappelons  encore  que  le  tendon  du  long  fléchisseur  passe  en 
avant  de  l'extrémité  externe  du  scaphoïde,  et  plus  bas  dans  un 
canal  ostéo-fibreux  creusé  sur  la  face  antérieure  du  trapèze. 

Ces  données  anatomiques  indiquent  nettement  les  incisions  que 
Ton  peut  faire  pour  ouvrir  soit  la  synoviale  tendineuse,  soit  la  gaîne 
fibreuse  du  muscle  long  fléchisseur  propre  du  pouce. 

Si  l'on  veut  ouvrir  l'extrémité  supérieure  de  la  synoviale  tendi- 
neuse, on  peut  y  arriver  par  deux  chemins  différents  : 

1°  Faire  immédiatement  au-dessus  du  talon  de  la  main,  sur  le 
bord  interne  du  tendon  du  grand  palmaire,  une  incision  verticale 
de  4f  à  5  centimètres.  Après  avoir  coupé  la  peau  et  le  tissu  cellulaire, 
on  incise  l'aponévrose  antibrachiale,  et  avec  la  sonde  cannelée,  lais- 
sant en  dedans  le  petit  palmaire  et  le  fléchisseur  sublime,  on  va 
déchirer  la  synoviale  tendineuse  ; 

2°  Faire  immédiatement  au-dessus  du  talon  de  la  main,  sur  le 
bord  externe  du  tendon  du  grand  palmaire,  une  incision  verticale 
de  4  à  5  centimètres.  Après  avoir  incisé  l'aponévrose  antibrachialo, 
il  faut  prendre  les  plus  grandes  précautions,  car  on  se  trouve  sur 
le  trajet  de  l'artère  radiale.  On  continuera  donc  l'opération  avec  la 
sonde  cannelée,  en  ayant  soin  de  là  maintenir  toujours  en  contact 
avec  le  bord  externe  du  tendon  du  grand  palmaire.  L'extrémité  su- 
périeure de  la  gaîne  tendineuse  est  directement  en  arrière  et  sera 
bientôt  ouverte. 

Si  le  pus  s'est  répandu  dans  la  gaîne  fibreuse  du  muscle,  ce  que 
l'on  pourra  préjuger  par  le  siège  des  douleurs  et  de  l'œdème  super- 
ficiel, et  aussi,  dans  certains  cas,  par  une  fluctuation  profonde,  c'est 
alors  cette  gaîne  qui!  faut  ouvrir,  à  une  distance  plus  ou  moins 
éloignée  du  poignet. 


—  41   — 

D'après  les  rapports  anatomiques  que  nous  avons  rappelés  plus 
haut^  c'est  toujours  en  dehors  du  grand  palmaire  que  Ton  devra 
faire  l'incision.  Il  faudra  encore  se  méfier  de  Tartère  radiale  et 
achever  Topération  avec  la  sonde  cannelée. 

Chez  le  malade  dont  Tobservation  est  rapportée  ci-dessus,  j'ai 
faut  sur  le  bord  externe  du  tendon  du  grand  palmaire  une  incision 
verticale  de  4  à  5  centimètres,  descendant  à  1  centimètre  du  talon 
delà  main. Une  fois  l'aponévrose  antibrachiale  incisée,  introduisant 
une  sonde  cannelée  entre  le  lendon  du  grand  palmaire  et  les  vais- 
seaux radiaux^  j'ai  déchiré  les  tissus  et  ouvert  la  gaine  du  muscle  ; 
il  s'écoula  une  certaine  quantité  de  pus. 

On  pourrait  songer  à  introduire  un  tube  à  drainage  entre  Pinci- 
sion  faite  au  pouce  et  celle  faite  à  Tavant-bras,  mais  l'étroitesse  du 
canal  ostéo-fibreux,  situé  en  avant  du  trapèze,  rend  cette  opération 
impossible. 

En  résumé^  dans  le  cas  de  suppuration  de  la  gaine  du  long  flé- 
chisseur du  pouce^  il  y  a  de  grands  avantages  à  faire  de  très-bonne 
heure  l'ouverture  de  cette  gaine.  L'incision  sera  faite  plus  ou  moins 
haut,  selon  que  les  symptômes  indiqueront  une  suppuration  plus  ou 
moins  étendue  de  la  gaine;  mais  toujours  il  faudra  avoir  soin  d'évi- 
ter l'artère  radiale,  et  pour  cela  il  suffira  de  laisser  toujours  la  sonde 
cannelée  en  contact  avec  le  bord  externe  du  tendon  du  grand  pal- 
maire. 

RÉPERTOIRE   MÉDICAL 


REVUE  DES  JOURNAUX 


Iftétréelssemeiit  cicatriciel 
de  la  imlve  ;  débridement  ; 
accoochement  maltiplc.  Une 

femme  de  vingt-quatre  ans,  rapporte 
Il .  Gomes  Torres  de  Grenade,  arrive  au 
terme  d'une  grossesse  normale  avec  un 
rétrécissement  cicatriciel  de  la  vulve^ 
permettant  seulement  l'introduction 
de  l'index.  Ce  rétrécissement  était 
consécutif  à  une  gangrené  de  la  vulve, 
survenoe  une  année  auparavant  à  la 
suite  d'un  avortement  au  troisième 
mois,  qui  avait  surpris  la  malade  dans 
le  cours  d'une  fiëvre  grave. 

La  grande  lèvre  gauche,  ainsi  que  la 
petite  du  même  côté,  a  disparu  com- 
plètement; elles  sont  remplacées  par 
une  grande  cicatrice  de  consistance 
cartilagineuse.  La  grande  lèvre  droite 
est  détruite  dans  ses  deux  tiers  anté- 


rieurs et  remplacée  par  une  cicatrice 
analogue  à  celle  du  côté  gauche;  il 
reste  un  léger  vestige  de  la  petite 
lèvre,  et  au  niveau  de  la  commissure 
postérieure  se  trouve  un  appendice  de 
forme  triangulaire  de  2  centimètres 
de  longueur,  complètement  insensible 
à  la  pression,  ainsi  qu'aux  ponctions. 
Le  travail  de  raccouchement  se  fit 
d'une  manière  régulière,  la  tête  se 
présentant  en  position  occipito-iliaque 
gauche  antérieure;  mais  une  fois  que 
le  vertex  eut  atteint  la  vulve,  les  con- 
tractions, chaque  fois  plus  énergiques^ 
vinrent  chaque  fois  aussi  se  briser 
contre  la  résistance  invincible  oppo- 
sée par  le  rétrécissement,  quoique  le 
chirurgien  eût  essayé  de  ramollir  les 
parties  pendant  les  derniers  temps  de 
la  grossesse  avec  de  l'extrait  de  bella- 


-42  - 


doiie,  des  bains  de  siége^  des  injec- 
tions tnucilagineuseSi 

M.  Gomes  Torres  incisa  alors  toute 
l'épaisseur  de  la  cicatrice  siir  quatre 
points,  deux  à  gauclie  et  deux  à  droite, 
tfne  cinquième  incision  fut  pratiauée 
encore  à  gaiiche,  là  OU  la  cicatrice  était 
plus  grande,  et  une  énergique  contrac- 
tion amena  l'expulsion  d'une  Glle  ro- 
buste; un  formidable  thrombus  déve- 
loppé à  la  dernière  heure  était  encore 
cependant  venu  compliquer  les  ct)Oses. 

Les  suites  de  couches  ont  été  sim- 

Îles.  {Sud  médical  et  Lyon  médical^ 
870,  no  16.) 

Abcès    du    sinus     frontal. 

Homrtie  de  quarahte  ans,  entré  le 
4  juin  à  King's  Collège  bospital.  Début 
remontant  à  une  douzaine  d'années  ; 
gonflement  de  la  paupière  supérieure 
droite^  puis  apparition  depuis  six  mois 
d'une  tumeur  à  l'angle  interne  de  cette 
paupière,  à  la  base  du  nez.  L'œil 
droit  est  saillant  en  avant  et  de  plus 
déplacé  en  bas  et  en  dehors  ;  ses  mou- 
vements sont  diminués  ;  la  paupière 
supérieure  est  rouge  et  gonflée;  à  son 
angle,  interne  tumeur  ovale,  du  volume 
d'une  grosse  noisette,  remontant  jus- 
qu'au sourcil,  ferme  et  tendue,  mani- 
festement fluctuante  et  douloureuse  à 
la  pression.  Légère  injection  de  la 
conjonctive;  vue  normale,  pas  d'alté- 
ration du  fond  de  l'œil;  l'exophthal- 
mie  et  le  tiraillement  consécutif  du 
nerf  optique  n'ont  amené  ni  héperé- 
mie  ni  œdème  de  la  réllhè  oU  au  iierf 
optique. 

Pensant  à  un  abcès  du  sinus  frontal 
qui  se  serait  frayé  une  voie  par  la  p£l<^ 
roi  orbitaire,  M.  Wells  fait  le  16  juin 
une  incision  sur  la  tumeur,  disséqué 
la  peau  et  les  fibres  de  l'orbiculaire, 
puis  ouvre  largement  la  tumeur;  issue 
d'une  grande  quantité  de  pus  épais, 
verdâtre  ;  retour  graduel  de  l'œil  à  àa 
position  normale.  Le  petit  doigt,  in- 
troduit dans  l'incision,  pénètre  faci- 
lement dans  le  sinus  frontal  par  une 
ouverture  large  et  irrégulière  ;  une 
grande  quantité  de  pus  s'étant  écoulée 
du  sinus  distendu,  le  petit  doigt  de 
TaUtre  main  est  introduit  dans  U  na- 
rine droite  jusqu'à  ce  qUe  sa  pulpe  ne 
soit  plus  séparée  du  doigt  placé  dans 
le  sinus  que  par  une  lamelle  osseuse 
très-mince.  Cette  lamelle  est  ponction- 
née à  sa  partie  inférieure  au  moyen 
d'un  trOcart;  puis  un  tube  à  drainage 
est  conduit  de  la  narine  dans  le  sinus, 
et  de  celui-ci  au  dehors  par  Touver- 
ture  orbitaire  et  l'incision  extérieure  ; 


Tune  des  exlréihités  du  tube  6st  fixée 
au  fi*ont  par  uiie  batidelette  agglutl* 
native,  Tautre  sort  par  la  narine  ;  de 
cette  manière  le  pus  s'écoula  librement 
par  la  narine  et  on  put  laver  le  sibas 
par  des  injections  aaueuses  et  astrin- 
gentes. L'opération  fut  suivie  dé  (|uel- 
ques  symptômes  inflamrhatoires  qui 
disparurent  bientôt.  Â  partir  du  3  juil- 
let, le  malade,  sorti  de  l'hôpital  eU 
conservant  le  tube  à  drainage,  le  gon- 
flement presque  entièrement  disparu  et 
l'œil  rentré  dans  sa  situation  normale, 
se  présenta  de  lemps  en  temps  à 
M.  Sœlberg  Wells.  Le  drain  est  en- 
levé le  25  septembre,  tout  écoulement 
ayant  cessé;  l'incision  extérieure  se 
ferme  nipidement,  l'œil  a  son  aspect 
normal  et  a  recouvré  sa  parfaite  mo- 
bilité dans  toutes  les  directions.  Revu 
au  commencement  de  février  1870,  il 
est  complètement  guéri. 

M.  Wells  fait  suivre  cette  observa- 
tion des  remarques  suivantes  sur  les 
maladies  du  sinus  frontal.  Le  sinus 
frontal  peut  être  distendu  soit  par  des 
tumeurs  solides»  soit  par  des  coUec^ 
tiens  de  liquide,  pus  ou  mucus  ;  l'in- 
flammation de  sa  muqueuse,  qui  tnëue 
à  la  formation  du  pus.  peut  être  aiguë 
ou  chronique,  et  succède  généralement 
à  un  cOup  ou  à  une  chute  qui  peut 
s'être  produit  assez  longtemps  avant 
la  manifestation  des  premiers  symp- 
tômes pour  être  à  peu  près  oubliée 
par  le  malade  ou  les  siens.  Dans  le 
cas  ci-dessuji  la  maladie  parait  avoir 
été  spoHtânée  et  à  marche  chronique, 
si  on  en  juge  par  l'absence  de  symp- 
tômes ai^us,  la  distension  du  sinus  et 
la  lar^èiir  de  la  perforation  de  sa  pa- 
roi orbitaire.  Les  symptômes  fournis 
par  la  dtstens^ion  du* sinus  frontal  â0nt 
soUveilt  obscurs,  et  peuvent  simuler 
ceux  d'une  tumeur  de  l'orbite,  au  point 
que  le  diagnostic  rie  puisse  être  fait  que 
par  une  incision  exploratrice;  l'abcëà 
peut  se  frayer  une  voie  à  travers  la 
paupière  supérieure,  et  l'on  trouve 
alors  un  tt*ajet  fistuleux  qui  conduit 
dans  le  sinus.  D'autre  part,  si  le  gon- 
flement s'étend  plus  bas,  de  manière  à 
être  bridé  par  le  tendon  de  Torbicu- 
laire,  on  peut  croire  à  une  disten- 
sion du  sac  lacrymal  ;  mais  la  méprise 
est  empêchée  par  l'absence  d'épiphora 
et  de  symptômes  inflammatoires  et  par 
la  dureté  de  la  tumeur  due  à  la  dis- 
tension du  sinus.  Souvent  le  diagnos-' 
tic  ne  peut  être  posé  qu'à  l'aide  d'une 
incision  exploratrice  ;  si  alors  on 
trouve  un  abcès  du  sinus  frontal  ayant 
perforé  la  voûte  orbitaire^  ou  une  dis- 


—  43  — 


tension  da  sinas  par  da  tnticot,  il  Uni 
Tider  la  cavité  avec  le  doigt  ou  des 
in|ectioD8  d'eau  tiëde,  et  établir  une 
libre  cotaimunication  entre  le  sinus  et 
le  nés  au  moyen  d*un  drain,  comme 
dans  le  cas  actuel.  Le  drain  doit  être 
laissé  plusieurs  mois  en  place,  jusqu'à 
la  cessation  de  tout  écoulement  par  la 
narihe.  (The  Lancet,  14  mai  1870.) 


Extirpation  de  là  ctaTleuie. 

Honime  de  trente-cinq  ans.  cultiva- 
teur. Douleurs  au  niveau  de  l'épaule 
Saucbe  depuis  plusieurs  années.  Pen- 
ant  l'été  de  1868,  il  s'aperçoit  d'un 
léger  gonfletnent  de  la  clavicule  gau- 
che; état  stationnaire  jusqu'en  oc^ 
tobre  1869.  A  partir  de  ce  moment, 
augmentation  rapide,  impossibilité 
absolue  de  travailler.  Le  9  mars  187U, 
cet  hotnme  entre  à  Uriffreld  cottage 
bospital;  M.  Brilton  constate  au  ni- 
veau de  la  clavicule  gauche  une  tu- 
meur du  volume  d^une  orange^  de 
forme  ovale^  d'une  dureté  osseuse^ 
sans  mobilité^  adhérente  aux  parties 
qui  l'entourent,  faisant  sentir  des 
pulsations  quand  on  comprime  forte- 

Ïient  sa  partie  inférieure.  Elle  est  in- 
blenté,  mais  ii  y  a  des  douleurs  et 
de  l'engourdissement  dans  l'épaule  et 
le  bras;  oedëme  du  bras  et  de  la 
inain.  L'extrémité  externe  de  la  cla- 
vicule pai*alt  mobile  et  ses  mouve- 
gienls  donnent  une  sensation  de  râpe. 
'auscultation  fait  entendre  dans 
toute  la  poitrine  un  bruit  de  râpe 
aigu,  qui  a  son  maximum  au  niveau 
de  rarticulation  sterno-claviculaire 
gauche.  Le  malade  se  plaint  de  dys- 
pnée et  de  suffocation  ;  la  déglutition 
ae  fiiit  bien;  toux  spasmodique  très- 
fltlganté.  Santé  générale  affaiblie  par 
nhe  mauvaise  habitation.  Rien  du 
cOté  de  l'hérédité. 

Le  16  avrils  la  santé  générale  étant 
trë«-améiiorée  et  la  tumeur  augmen- 
tant beaucoup,  M.  Britton  se  décide  à 
en  faire  l'ablation.  Le  malade  chlo- 
roformé, le  chirurgien  fait  à  la  peau 
une  incision  sur  toute  la  longueur  de 
la  clavicule,  dissëque  jusqu  à  l'os  au 
niveau  de  l'extrémité  acromiale.  passe 
un  manche  de  bistouri  sous  l'os  et 
scie  dessus  à  un  pouce  environ  de 
l'extrémité.  Il  découvre  ensuite  la  cla- 
vicule du  côté  sternal^  éprouve  assez 
de  difficultés  à  séparer  la  tumeur  des 
tissus  environnants»  qui  sont  dans  un 
état  semi-cartilagineux,  et  achève  l'ex- 
àrpatlon  de  la  clavicule.  On  voit  Tar- 
tèresous-clavière  battre  dans  le  fascia, 


mais  elle  n^est  pas  découverte.  De 
nombreux  vaisseaux  appartenant  à  la 
tumeur  donnent  une  hémbt*rhap:ie 
asset  abondante.  Torsion  pour  tous 
les  vaisseaux,  pas  de  ligatures;  sutures 
de  soie  et  bandelettes  agglutinatives  ; 
compresse  mouillée  par  dessus. 

17  avril.  Nuit  bonne,  pas  de  dou- 
leur; pouls  à  100;  langue  nette,  res- 
piration facile,  bruit  de  râpe  disparu. 

18.  Pouls  à  86;  on  enlevé  les  su- 
tures ;  réunion  presque  complète  ;  pas 
une  goutte  de  pus. 

30.  L'opéré  peut  sortir;  il  peut 
balancer  le  bras  sans  éprouver  de 
douleur;  il  sent  seulement  de  la 
roideur  à  l'épaule. 

L'examen  microscopique  fit  recon- 
naître une  tumeur  cancéreuse.  M.  Brit- 
ton attribue  le  remarquable  succès  de 
la  cicatrisation  à  la  torsion  des  vais-^ 
seaux  et  à  l'air  pur  de  l'hôpital  (cot- 
tage bospital).  {British  Médical  Jour- 
nal, 21  mai  1870;  Lyon  médical^ 
n«>  13) 

lie  chloral  en  obstétriqae. 

Par  son  action  sédative  et  surtout  hyp- 
notique, le  chloral  a  de  nombreuses 
indications,  et,  sa  nouveauté  aidant, 
on  l'emploie  en  tout  et  pour  tout  de- 

Suis  quelque  temps.  M.  le  dor-teur 
lore  Malden  en  a  fait  aiuSi  une  large 
expérimentation  gynécologique,  dans 
son  service  des  fenames  en  couches,  k 
l'hôpital  Rotunda,  de  Dublin,  dont  il 
rapporte  vin^t-cinq  cas.  Qu'il  ait 
réussi  contre  l'insomnie  et  les  dou- 
leurs consécutives  à  l'accouchement,  il 
n'y  a  là  rien  d'étonnant;  l'indication 
en  est  toute  simple  et  rationnelle  ; 
mais  quMl  soit  applicable  dans  Taccou- 
chement  même,  cela  ne  s'était  pas  en- 
core vu.  Dans  trois  cas  de  rigidité  du 
col  relardant  le  travail,  dont  deux 
jeunes  primipares,  M .  Malden  donna 
le  chloral  dans  le  but  de  calmer  l'é- 
nergie des  contractions  et,  en  procu- 
rant le  sommeil,  de  donner  le  temps  à 
la  dilatation  de  s'effectuer.  C'est  ce  qui 
eut  lieu  dans  le  premier  cas,  après  un 
intervalle  de  huit  heures  et  4  gram- 
mes de  chloral  en  deux  fois.  Mais  un 
bain  tiède  eut  un  effet  beaucoup  plus 
sensible  sur  la  dilatation  dans  les 
deux  autres.  D'oîi  il  suit  que  ce  n'est 
donc  que  comme  calmant  et  hypno- 
tique, c'est-à-dire  très-indirectement, 
que  cet  agent  peut  être  employé  en 
pareilcas.  (DubW»  Quarterly  JaiirnaU 
mai  1870,  et  Union  médicale,  23  juil- 
let 1870.) 


—  44  — 


TRAVAUX  ACADÉMIQUES 


1^  De  l'absorption  par  la  ves- 
sie. La  muqueuse  vésicale  a  été  re- 
gardée comme  une  de  celles  qui  sont  le 
moins  propres  à  l'absorption  ;  on  a 
même  soutenu  qu'elle  lui  était  tout  à 
fait  impropre  et  Ton  faisait  remarquer 
que  ce  défaut  d'absorption  mettait 
rorg9msme  à  l'abri  de  l'intoxication 
urémique  ;  c'est  en  effet  ce  qui  sem- 
blait résulter  d'expériences  négatives 
faites  avec  le  curare  par  Kœlliker, 
Eckart  et  d'autres  médecins  allemands 
sur  des  chiens  ;  c'est  aussi  la  conclu- 
sion à  laquelle  était  arrivé  M  ■  Suzini 
dans  un  important  travail  publié  sur 
ce  sujet^  en  1868,  dans  le  Journal  de 
Vanatomie  et  de  la  physiologie. 

Les  expériences  de  MBi.  Bert  et  Jo- 
lyet  ne  sont  pas  favorables  à  la  tbëse 
de  la  non-absorption.  Ces  physiolo- 
gistes ont  injecté  de  la  strychnine  et 
de  Tiodure  de  potassium  dans  la 
vessie  de  chiens  el  de  chats,  et  les  ani- 
maux en  expérimentation  ont  éprouvé 
des  accidents  au  bout  de  dix  minutes 
environ ,  ou  bien  ont  fourni  des 
traces  d'iode  dans  leurs  sécrétions  au 
bout  d'un  temps  également  assez 
court. 

Ces  faits  sont  d'accord  avec  ceux  de 
M.  Ségalas  përe  et  montrent  l'heureux 
parti  que  l'on  peut  tirer  de  la  mu- 
queuse vésicale  pour  l'administration 
des  médicaments  lorsque  la  muqueuse 
digestive  n'est  plus  propre  à  l'absorp- 
tion, dans  le  choiera  par  exemple. 
Dans  ce  cas,  M.  Brown-Séquard  dit 
avoir  eu  recours  avec  bonheur  à 
l'absorption  par  la  vessie.  Toutes  les 
fois  que  l'urine  était  peu  abondante^  il 
injectait  des  carbonates  alcalins  et  de 
l'opium,  et  des  phénomènes  non  dou- 
teux d'absorption  se  produisaient  une 
demi-heure  après  l'injection.  Cette 
pratique  a  été  suivie  également  avec 
succès  en  Allemagne,  en  Italie  et  en 
Russie. 

M.  Bert  rappelle  que  M.  Cl.  Ber- 
nard obtenait  des  accidents  dix  mi- 
nutes après  une  injection  de  curare 
dans  la  vessie  d'un  lapin  ;  il  fait  re- 
marquer d'autre  part  que  l'état  de 


concentration  des  urines  du  matin, 
naturellement  plus  chargées  que  celles 
de  la  journée,  est  une  preuve  d'absorp- 
tion des  parties  aqueuses.  Si  M.  De- 
marquay  a  trouvé  l'absorption  par  la 
vessie  si  difficile,  c'est  qu'il  expéri- 
mentait sur  des  vessies  malades.  {So^ 
cieté  de  biologie  et  Gazette  médicale 
de  Paris,  no21,  1870.) 

En  terminantcet  article,  nous  prions 
nos  lecteurs  de  revoir  la  note  publiée 
dans  notre  tome  LXXV,  par  M.  Alling, 
sur  l'emploi  thérapeutique  des  injec- 
tions de  chlorhydrate  de  morphine 
dans  la  vessie. 


littxaUon  de  la  rotnle  $  ré  - 
duetlon  par  on  procédé  par- 
ticulier. Le  30  mars  1870,  M.  Du- 
play  communique  à  la  Société  de 
chirurgie  une  observation  de  luxation 
de  la  rotuie  en  dehors,  qu'il  a  réduite 
par  un  procédé  particulier.  La  rotule, 
ainsi  qu'on  peut  le  voir  par  un  moule 
en  plâtre  que  M.  Duplay  met  sous  les 
yeux  de  ses  collègues,  était  placée  de 
champ,  la  face  antérieure  tournée  en 
dedans,  la  face  postérieure  en  de- 
hors, le  bord  externe  en  bas  et  en- 
gagé dans  l'espace  intercondylien,  le 
bord  externe  en  haut,  faisant  sous  la 
peau  une  saillie  considérable.  Après 
avoir  fait  à  plusieurs  reprises,  avec  le 
secours  de  Tanesthésie  chlorofor- 
mique,  des  tentatives  de  réduction 
prolongées  et  très-énergiques,  M.  Du- 
play, se  croyant  dans  l'impossibilité 
d'ébranler  la  rotule  dans  sa  position 
anormale,  eut  l'idée  de  se  servir  d'un 
instrument  analogue  à  la  griffe  de 
Malgaigne.  Les  griffes  de  l'instru- 
ment étant  implantées  sous  le  bord  in- 
terne de  la  rotule,  il  est  parvenu,  par 
des  efforts  considérables  de  tractioa 
de  dedans  en  dehors,  à  dégager  le 
bord  interne  de  la  rotule  et  à  re- 
mettre l'os  dans  sa  position  naturelle. 
Les  suites  de  la  réduction  ont  été 
très-simples  ;  le  malade  est  aujour- 
d'hui complètement  guéri.  {Union 
médicale,  30  avril  1870.) 


—  43  — 

VARIÉTÉS 


Arrestation  de  M.  Paul  Thénard  par  les  PriASsiens  ;  protestation  de  Vlnsti" 
tut.  —  Au  nombre  des  notables  habitants  de  province  emmenés  en  Allemagne 
comme  otageset  internés  dans  une  forteresse,  se  trouve  M.  Paul  Thénard,  le 
chimiste^  membre  de  l'Institut.  Dans  la  séance  de  l'Académie  des  sciences  du 
26  décembre  dernier,  le  président,  M.  Liouville,  aprbs  la  lecture  du  procès- 
yerbal,  a  prononcé  les  paroles  suivantes  : 

c  L'Académie  a  appris,  par  les  récits  des  journaux,  l'arrestation  récente  de 
notre  excellent  confrère,  M.  P.  Thénard,  qui  aurait  été  envoyé  à  Brème  par 
les  ordres  des  généraux  prussiens.  Si  M.  Thénard  a  été  pris  les  armes  à  la 
main,  en  défendant  son  pays,  nous  n'avons  qu'à  l'en  estimer  encore  davantage 
et  à  nous  incliner  devant  le  sort  des  armes  qui  aurait  trahi  son  courage.  Mais 
si  le  seal  motif  de  cette  mesure  est  la  fortune  connue  de  M.  Thénard  et  son 
titre  de  savant  distingué  et  de  membre  de  TAcadémle  des  sciences,  alors  je 
n'hésite  pas  à  dire  qu'une  pareille  arrestation  serait  tout  simplement  une  in- 
famie, dont  chacun  de  nous  devrait  se'  souvenir  jusqu'à  sa  dernière  heure,  et 
dont  un  jour  ou  l'autre  la  justice  divine  saurait  punir  les  auteurs,  o 

L'Académie  a  déclaré  s'associer  pleinement  aux  paroles  de  son  président  et 
a  décidé  qu'elles  seront  inscrites  au  compte  rendu  de  la  séance.  (Extrait  des 
Comptes  rendus  de  l'Académie  des  scienceSy  t.  LXXl.) 


fiouBÂBBEMBiiT  DE  Pabis.  —  Bombardement  des  hôpitaux.  —  Le  Journal 
officiel  publie  la  note  suivante  : 

Apres  un  investissement  de  plus  de  trois  mois,  l'ennemi  a  commencé  le 
bombardement  de  nos  forts  le  30  décembre,  et  six  jours  aprës,  celui  de  la 
ville.  Une  pluie  de  projectiles,  dont  quelques-uns  pesant  94  kilogrammes, 
apparaissant  pour  la  première  fois  dans  l'histoire  des  sièges,  a  été  lancée  sur 
la  partie  de  Paris  qui  s'étend  depuis  les  Invalides  jusqu'au  Muséum.  Le  feu 
a  continué  jour  et  nuit,  sans  interruption,  avec  une  telle  violence,  que  dans 
la  nuit  du  o  au  9  janvier,  la  partie  de  la  ville  située  entre  Saint-Sulpice  et 
i'Odéon  recevait  un  obus  par  chaque  intervalle  de  deux  minutes. 

Tout  a  été  atteint  :  nos  hôpitaux  regorgeant  de  blessés,  nos  ambulances, 
nos  écoles,  les  musées  et  les  bibliothèques,  les  prisons,  l'église  de  Saint-Sul- 
pice, celles  de  la  Sorbonne  et  du  Val-de-Grâce,  un  certain  nombre  de  mai- 
sons  particulières.  Des  femmes  ont  été  tuées  dans  la  rue,  d'autres  dans  leur 
lit  ;  des  enfants  ont  été  saisis  par  des  boulets  dans  les  bras  de  leur  mère.  Une 
école  de  la  rue  de  Vaugirard  a  eu  quatre  enfants  tués  et  cinq  blessés  par  un 
seal  projectile. 

Le  musée  du  Luxembourg,  qui  contient  les  chefs-d'œuvre  de  l'art  moderne, 
et  le  jardin,  où  se  trouvait  une  ambulance  qu'il  a  fallu  faire  évacuer  à  la  hâte, 
ont  reçu  vingt  obus  dans  l'espace  de  quelques  heures.  Lies  fameuses  serres 
du  Muséum,  qui  n'avaient  point  de  rivales  dans  le  monde,  sont  détruites.  Au 
Val-de-6râce,  pendant  la  nuit,  deux  blessés,  dont  un  garde  national,  ont 
été  tués  dans  leur  lit.  Cet  hôpital,  reconnaissable  à  la  distance  de  plusieurs 
lieues  par  son  dôme  que  tout  le  monde  connaît,  porte  les  traces  du  bombarde- 
ment dans  ses  cours,  dans  ses  salles  de  malades,  dans  son  église,  dont  la  cor- 
niche a  été  enlevée. 

Aucun  avertissement  n'a  précédé  cette  furieuse  attaque.  Paris  s'est  trouvé 
tout  à  coup  transformé  en  champ  de  bataille,  et  nous  déclarons  avec  orgueil 
que  les  femmes  s'y  sont  montrées  aussi  intrépides  que  les  citoyens.  Tout  le 
monde  a  été  envahi  par  la  colère,  mais  personne  n'a  senti  la  peur. 

Tels  sont  les  actes  de  l'armée  prussienne  et  de  son  roi,  présent  au  milieu 
d'elle.  Lie  gouvernement  les  constate  pour  la  France,  pour  l'Europe  et  pour 
lldstoire.  

Le  Journal  officiel  publie  également  la  protestation  suivante  contre  le  bom- 
bardement des  hôpitaux  : 

An  nom  de  l'humanité^  de  la  science,  du  droit  des  gens  et  de  la  conven- 
tion Internationale  de  Genève^  méconnus  par  les  armées  allemandes,  les  mé- 


—  46  - 

decins  soussignés  de  Thôpital  des  Enfants  malades  (Enfant-Jésus)  protestent 
contre  le  bombardement  dont  cet  bâpi(a||  fitteinl  par  cinq  obus,  a  été  l'objet 
pendant  la  uuil  dernière. 

lis  ne  peuvent  manifester  assez  hautement  leur  indignation  contre  cet  attentat 
prémédité  à  la  vie  de  six  cents  enfants  que  la  maladie  a  rassemblés  dans  cet 
asile  de  la  douleur. 

Docteurs  âbciawiault,  Jules  8iho«^  \jÂBue,  piMii 

ROOIA,  BoVCnUT,  GiBALSiS. 


Paris,  li  janTier  1871. 

La  Salpêtriëre  est  un  hospice  oh  sont  recueillies  en  temps  ordinaire  ; 

io  Plus  de  trois  mille  femmes  ^^ées  ou  infirmes  ; 

2<>  Quinze  cents  femmes  aliénées,  et  par  surcroît^  en  ce  moment  de  suprèine 
douleur^  les  populations  réfugiées  des  asiles  d'ivry,  et  trois  cents  de  nos  bles- 
sés. C'est  là  une  réunion  de  toutes  les  souffrances  qui  appelle  et  commande  \^ 
respect;  mats  l'ennemi  qui  nous  combat  aujourd'hui  ne  respecte  rien.  Dans  la 
nuit  de  dimanche  à  lundi,  du  9  au  10  janvier,  il  a  pris  pour  point  de  mire  1^ 
hôpitaux  de  la  rive  gauche,  la  Salpêtriëre,  la  Pitié,  les  Entants  malades,  le 
Val-de-Gràce  et  les  cabanes  d'ambulance.  Â  la  Salpêtriëre,  nous  avons  reçu 
plus  de  quinze  obus.  Or  notre  dôme,  trës-élevé,  est  surmonté  du  drapeau  in- 
ternational ;  il  en  est  de  même  du  dôme  du  Val-de-Grâce. 

C'est  un  acte  monstrueux,  contre  lequel  protestent  les  médecins  soussignés, 
et  qu*il  faut  signaler  à  l'indignation  de  ce  siècle  et  à  celle  des  générations 
futures. 

Docteurs  Cruveilhier,  chirurgien  en  chef  de  la  Salpêtriëre  ;  Ghabcot^ 
médecin  de  la  Salpêtriëre;  Luts,  médecin  delà  Salpê- 
triëre; Febmoh,  pharmacien  en  chef;  Â.  Vois»,  médecin 
de  la  Salpêtriëre;  BAitLAfiGEn,  médecin  de  la  Saipêtriërei 
Triplât,  médecin  de  la  Salpêtriëre  ;  J.  Mqbeau  (de  Tours). 

^'       ■  -  ■-       ■■■■■ 

Les  soussignés,  médecins  de  l'hôpital  de  la  Charité  (annexe),  protestent 
contre  le  bombardement  dont  cet  établissement  a  été  l'objet.  Huit  obus  sont 
tombés  sur  cet  hôpital,  qui  renferme  huit  cents  malades  et  blessés,  tant  civils 
que  militaires.  Plusieurs  autres  projectiles  ont  éclaté  dans  son  voisinage  im- 


médiat. 


Docteurs  LAVNBLononB,  F^R^ol,  B.  Ball,  E,  (jAHCBHieAirx^  p.  Bboo^bdbi^ 
Ë.  L^BBÉ,  A.  Ollivipii, 


Paris,  le  13  jauTler  1871. 

Nous  soussignés,  médecins  et  chirurgiens  de  Thôpit^l  Necker,  ne  pouvons 
contenir  les  sentiments  d'Indignation  que  nous  inspirent  les  procédés  infâmes 
d'un  bombardement  qui  s'attaque  ayec  une  préméditation  de  plus  en  plus 
évidente  à  tous  les  grands  établissements  hospitaliers  de  1»  capitale.  Celte 
puit,  des  obus  sont  venus  éclater  sur  la  chapelle  de  l'hôpital  Necker,  rem- 
plie momentanément  de  malades;  c'est  |e  point  central  et  le  plus  élevé  de  ce 
grand  hôpital,  qui  sert  ainsi  de  point  de  mire  aux  projectiles  de  reunemi. 
Ce  n'est  plus  là  de  la  guerre  :  ce  sont  les  destructions  d'une  barbarie  raffi- 
née qui  ne  respecte  rien  de  ce  que  les  nations  ont  appris  à  vénérer.  Nous 
protestons  au  nom  et  pour  l'honneur  de  la  civilisation  moderne  et  chrétienne, 

DfSOBXBAUX,  GOTON^  PoTAIH^  DeLVECB, 
liABOOLBiSB,  GUAUrrABD. 


Paris,  le  13  janvier  1871, 

LMnstitution  nationale  des  Jeunes-Âveugles,  sise  boulevard  des  Invalides, 
est  un  vaste  bâtiment  isolé^  parfaitement  visible  à  l'œil  nu  des  hauteurs  de 
Cbâtillon  et  de  Meudon. 

Ce  bâtiment,  hospitalisant  deux  cents  blessés  et  malades  militaires^  et  sur- 
monté du  drapeau  de  la  convention  de  Genève,  a  été  hier,  12  janvier,  vers 


-  47  ~ 

trois  heures  ^e  raprës-midi,  par  un  temps  clair,  yisé  et  atteint  par  les  capons 
prussiens. 

Plusieurs  projectiles  ont  d'abord  sifflé  sur  l'édifice  et  dans  le  voisinage  ; 
puis,  le  tir  ayant  été  rectifié^  deux  obus  ont,  coup  sur  coup,  effopdré  l'aile 
gauche  du  bâtiment  en  blessant  trois  malades  et  deux  infirmiers.  Des  n^alheu- 
reux  atteints  de  fluxion  de  poitrine  et  de  fiëvre  typhoïde  ont  àt  être  trans- 
portés dans  les  caves. 

Le  personnel  médical  de  Tinstitution  proteste,  au  nom  de  Vbumapilé^  contre 
ces  actes  de  barbarie^  accomplis  systématiquement  par  un  ennemi  qu|  ose  ii^n 
Yoquer  Dieu  dans  tous  ses  manifestes. 

Docteur >  Romand,  inspecteur  général  des  établissements  de 
bienfaisance,  directeur  de  Tinstitution;  Lombard,  médecin  en 
chef  de  l'institution;  DésoRiiEAux,  chirurgien  en  chef;  Mène, 
médecin  traitant;  HARDt^  médecin  (raitanl;  Claisse,  médecin 
traitant  et  médecin  adjoint  de  l'institution;  Bachelet,  aide- 
major. 

Depoii»  de  nouvelles  informations  sont  venues  apprendre  au  public  que  l'hô- 
pital Gochin^  l'hôpital  du  Midi,  celui  de  Lourcine  et  la  Maternité  elle-même 
B'ont  pas  été  épargnés. 

Monsieur  le  rédacteur^ 

  la  liste  déjà  trop  longue  de  nos  établissements  hospitaliers  atteints  par 
le  bombardement,  vous  pouvez  ajouter  Tinstituiion  Sainte-Périne,  à  Auteuil. 
Depuis  trois  ou  quatre  jours,  les  obus  prussiens  font  rage  dans  cette  maison.  Il 
en  est  tombé  dans  le  réfectoire,  dans  la  cuisine,  dans  l'infirmerie^  dans  la 
diambre  d'une  pensionnaire,  dans  celle  de  l'interne,  devant  la  porte  de  l'ho- 
Dorable  directeur  de  l'institution,  sans  compter  les  toits  enfoncés,  les  dégâts 
occasioonés  dans  les  cours  et  jardins,  etc. 

On  voudrait  croire,  pour  l'honneur  de  l'humanité,  que  le  hasard  seul  ici 
est  en  ceuee.  Mais  cette  explication  est  difficile  à  admettre,  quand  on  songe 
que  Sainte- Périne  est  située  sur  une  hauteur  qui  domine  le  cours  de  la  Seine, 
que  les  vastes  bâtiments  dont  elle  est  composée  attirent  le  regard  à  une  grande 
distance  et  se  distinguent  avec  la  plus  grande  facilité  des  hauteurs  de  Cbâtil- 
lon  el  de  Meudon. 

11  y  a  Uea  de  se  demander,  en  présence  d'un  tel  acharnement,  sMl  n'y  a  pas 
là  un  véritable  parti  pris.  Les  Prussiens,  croyez-le  bien,  connaissent  Sainte- 
Périne  aussi  bien  que  vous  et  moi.  Chercher  à  jeter  l'épouvante  dans  une  mai- 
son de  retraite  oii  trois  cents  vieillards  inoffensifs  comptaient  achever  paisible- 
ment leur  carrière^ n'est-ce  pas  là  un  des  moyens  psychulogiques  familiers  à 
nos  ennemis?  inutile  de  dire  que  le  drapeau  de  Genève  flotte  sur  la  maison; 
nous  savons  depuis  longtemps  le  cas  qu'en  font  les  Prussiens. 

Quoi  qu'il  en  soit,  je  crois  utile  de  signaler  le  fait  à  l'indignation  de  l'opi- 
nlott  pnblique. 

•  Yeoillei  agréer ^  ete. 

Pocteur  Maurice  Ratnaïïd, 
Médecin  de  l'instituMon  Sainte-Périne, 


Enfin  on  lit  encore  dans  le  Journal  officiel  : 

Pendani  toute  la  nuit  du  8  au  9  janvier,  l'hôpital  de  la  Pitié  a  été  criblé 
4'oIhu.  Lo  bâtiment  de  radmiuistration  et  les  divers  bâtiments  qui  contien- 
atnt  des  malades  ont  été  gravement  atteints. 

I^ns  une  salle  de  médecine  affectée  au  traitement  des  femmes,  les  projec- 
tiles prussiens  ont  fait  une  morte  et  deux  blessées  :  les  dames  Morin,  tuée 
tn  place  ;  Mirault,  qui  a  eu  le  bras  droit  emporté  ;  Ârchambault,  atteinte  au 
l>ns  et  à  la  cuisse  (fracture)  et  grièvement  blessée  au  bas-ventre. 

L*b6pital  de  la  Pitié  se  trouvant  placé  à  l'extrême  limite  du  tir  de  l'ennemi, 
•n  n''avaJt  pas  supposé,  dès  le  premier  jour,  qu'il  eût  une  intention  particu- 
lièrement hostile  à  l'établissement  ;  mais  la  nuit  dernière,  les  obus,  envoyés 
exactement  dans  la  même  direction,  sont  venus  tomber  et  éclater  sur  les 
mêmes  points  ;  et  s'ils  n'ont  pas  occasionné  de  nouveaux  malheurs,  c'est  que 
les  précRUtione  avaient  été  prises  pour  mettre  les  malades  en  sftreté. 


—  48  — 

Cet  acharnement  semblerait  démontrer  quMl  ne  s'agit  plus  d'un  bombar- 
dement ordinaire,  mais  d'une  cruauté  sauvage  qui  s'attaque  de  préférence 
aux  établissements  hospitaliers,  dans  la  pensée  d'atteindre  plus  profondé- 
ment la  population  et  de  lui  occasionner  les  plus  dures  et  les  plus  poignantes 
émotions. 


aucune  guerre 


Société  médicale  des  hôpitaux.  —  La  Société  a  procédé,  dans  sa  dernière 
séance,  au  renouvellement  de  son  bureau  pour  l'année  1871.  En  voici  la  com- 
position : 

Président,  M.  Marotte;  ~  vice-président,  M.  Moissenet;  —  secrétaire  gé- 
néral, M.  Lailler  :  —trésorier,  M.  Labric;—  secrétaires  des  séances,  MM.  Bail 
et  Brouardel. 

Conseil  d'administration  :  MM.  Besnier,  Colin,  Desnos,  Laboulbbne, 
Moissenet. 

Conseil  de  famille  ;  MM.  Bergeron,  Rlachez,  Ghampouillon,  Gubler. 

Comité  de  publication  :  MM.  Bail,  Brouardel,  Dumontpallier,  Lailler, 
Villemin.  

Léciok  D'HONKEnn.  —  Par  décret  en  date  du  16  décembre  1870^  rendu  sur 
la  proposition  du  ministre  de  la  guerre,  ont  été  promus  ou  nommés  dans 
Vordre  national  de  la  Légion  d'honneur  les  médecins  dont  les  noms  suivent, 
qui  prendront  rang  du  8  décembre  1870  : 

Au  grade  d'officier:  M.  Combes  ( \rincent-Dominique),  médecin-major  de 
l^e  classe:  chevalier  du  14  août  1865.  —  M.  Mutel  (Alexandre-Guillaume), 
médecin-major  de  V^  classe,  chargé  du  service  de  santé  de  la  3«  division  du 
2^  corps  de  la  2«  armée  :  chevalier  du  29  décembre  1860;  23  ans  de  service, 
14  campagnes.  —  M.  Ohier  (Célestin-Servant-Pierre^,  médecin-major  de 
Ire  classe,  chargé  du  service  de  santé  de  l'artillerie  du  1^^  corps  de  la  1^^  ar- 
mée :  chevalier  du  14  septembre  1855  ;  28  ans  de  service,  11  campagnes. 

Au  grade  de  chevalier  :  M.  Sarazin  (Gharles-Âuguste  Marie),  médecin- 
major  de  i^^  classe  à  l'ambulance  du  grand  quartier  général  :  17  ans  de  ser- 
vice, 2  campagnes.  —  M.  Pallé  (Jean-Pierre),  médecin-major  de  2«  classe  à  la 
3^  division  du  i^^  corps  de  la  2«  armée  :  20  ans  de  service,  3  campagnes. 
—  M.  Simonnot  (Denis- Cyrille),  médecin  aide-major  de  2^  classe  à  l'ambu- 
lance du  grand  quartier  général  :  7  ans  de  service,  2  campagnes.  —  M.  Mo- 
reau,  médecin  requis. 

Par  décret  en  date  du  27  décembre  1870,  rendu  sur  la  proposition  du  ministre 
de  la  marine  et  des  colonies,  le  docteur  Leroy  (Osmond-Oiivier-Marie-Oné- 


Négbologib.  —  Le  corps  médical  et  l'enseignement  libre  viennent  de  faire 
une  perte  bien  regrettable  par  la  mort  de  M.  le  docteur  Martin-Magron,  l'un 
de  leurs  plus  distingués  représentants.  Aux  obsèques  de  ce  savant  confrère  as- 
sistait une  foule  nombreuse  de  médecins  et  d'amis  qui  sont  venus  honorer  la 
mémoire  de  cet  homme  excellent,  aussi  estimable  par  le  caractère  que  par  le 
savoir.  Les  cours  et  conférences  ue  M.  Martin-Magron,  destinés  surtout  aux 
élèves  qui  se  destinaient  au  concours  de  l'internat,  étaient  devenus  célèbres. 
L'enseignement  libre  n'a  pas  eu  de  professeur  plus  suivi  et  plus  estimé.  Son 
ami,  M.  le  docteur  Poterin  de  Motel,  a  prononcé  sur  sa  tombe  une  allocution 
dans  laquelle  il  a  payé  à  sa  mémoire  le  tribut  d'éloges  et  de  regrets  qu'il  a  si 
|)ien  mérité. 

Pour  les  artieles  non  signés  :  F.  BRICRETEAU. 


—  i9  — 


THÉRAPEUTIQUE  MÉDICALE 


9e  l'empolsonnenieBi  par  la  slryehiiliie  )  doses  des  préparalions 
de  noix  Tomlque  «oseepllbles  de  le  produire)  el  moyens  de 
miiemeai  proposés  % 

Par  le  docteur  Dblioqz  db  Satignac. 

Les  cas  récents  d'empoisonnement  par  la  strychnine,  qui  ont  jus- 
tement ému  Fopinion  publique,  en  mettant  une  fois  de  plus  en  re- 
lief Tactivité  effroyable  de  ce  poison,  donnent  un  intérêt  d'actualité 
aux  considérations  qui  vont  suivre.  Elles  ont  pour  but  :  d'exposer 
succinctement  Tétat  de  la  science  sur  cet  empoisonnement  ;  d'exa- 
miner à  quelles  doses  les  diverses  préparations  de  noix  vomi  que 
sont  susceptibles  de  le  produire;  de  constater  les  tentatives  faites 
pour  conjurer  ses  effets,  et  de  rechercher  si,  malgré  les  insuccès  à 
peu  près  constants  de  ces  tentatives,  il  ne  resterait  pas  encore  quel- 
que espoir  de  sauver  l'individu  empoisonné,  dans  les  cas  au  moins 
où  les  accidents  toxiques  ne  seraient  point  parvenus  au  summum 
de  gravité. 

On  sait  que  la  strychnine  est  Tun  des  alcaloïdes  les  plus  actifs 
extraits  des  substances  végétales,  lesquels,  aux  doses  les  plus  mi- 
nimes, produisent  d'énergiques  effets  physiologiques  et  doivent  à 
cette  énergie  môme  d'être  utilisés  en  thérapeutique  :  agents  de 
médications  qui,  à  côté  de  leurs  incontestables  avantages^  ont 
aussi  leurs  dangers  virtuels;  car  ils  deviennent  instruments  de 
mort  dès  que  Thabileté  médicale  cesse  de  présider  à  leur  emploi, 
lorsqu'il  y  a  méprise  ou  imprudence  dans  leur  administration, 
lorsqu'enfin  le  suicide  ou  le  meurtrier  s'en  emparent. 

C'est  à  la  strychnine  que  les  préparations  de  noix  vomique  doi- 
vent la  majeure  partie  de  leurs  propriétés  pharmacodynamiques  ; 
rigasorine  et  la  brucine  n'y  concourent  que  pour  une  moindre 
proportion.  L'igasurine  n'a  pas^  à  ma  connaissance,  reçu  d'ap- 
plications thérapeutiques  :  d'après  des  expériences  nouvelles,  elle 
serait  un  mélange  de  plusieurs  alcalis  organiques.  La  brucine, 
malgré  les  essais  favorables  de  Magendie^  d'Andral,  de  Bricheteau, 
est  très-peu  employée  ;  elle  a  des  propriétés  pharmacodynamiques 
analogues  à  celles  de  la  strychnine,  mais  moins  actives;  ce  qui  serait 
im  motif  pour  la  placer  chez  les  sujets  trop  sensibles  à  l'action  de 

TOIR  LXXX.  t*  UYR.  i 


—  50  — 

la  strychnine.  Tout  nous  engage  donc  à  avoir  spécialement  en  vue, 
dans  ce  travail,  ce  derniei*  alcaloïde,  mieux  connu,  mieux  étudié, 
et  par  suite  objet  de  nombreuses  applications. 

La  strychnine  est  presque  insoluble  dans  Teau,  puisqu'elle  ne  se 
dissout  sensiblement  que  dans  2500  parties  de  ce  liquide  bouil- 
lant, et,  à  froid,  dans  6687  parties.  Elle  est  même  peu  soluble 
dans  Talcool.  Mais,  à  en  juger  par  la  réalité  de  ses  effets  phy- 
siologiques et  thérapeutiques,  et  surtout  par  la  promptitude  de 
son  action  toxique,  elle  se  dissout,  probablement  en  se  trans- 
formant en  sel,  dans  les  sucs  acides  de  Testomac^  et  ne  tarde  pas 
à  être  absorbée. 

Cependant  on  a  remarqué  que  la  strychnine  et  les  préparations 
à  base  de  strychnine  présentent  souvent  le  phénomène  de  Taccu- 
mulation  médicamenteuse  :  c'est-à-dire,  que  les  doses  successive- 
ment ingérées,  au  lieu  d'agir  au  fur  et  à  mesure  qu'elles  sont  con- 
fiées à  l'estomac,  restent  parfois  inertes  pendant  un  certain  temps, 
pour  laisser  ensuite,  à  un  moment  imprévUj^  éclater  aveo  excès 
l'action  dynamique  qui  leur  est  propre»  On  peut  expliquer  ce  ré* 
sultat  en  admettant  que,  vu  leur  composition  variable,  les  liquides 
digestifs  n'attaquent  pas  toujours  immédiatement,  pour  en  provo^ 
quer  la  dissolution,  soit  la  strychnine,  soit  tout  autre  principe 
insoluble.  Que  si  alors,  et  après  un  temps  d'arrêt  dans  Tahsorption, 
l'action  dissolvante  s'exerce  sur  une  somme  quelconque  de  parti- 
cules médicamenteuses  tenues  on  réserve^  accumulées  dans  Tester 
maq,  il  devra  en  .résulter  une  explosion  d'effets  consécutifs  supé- 
rieurs en  intensité  à  ceux  que  Ton  attendait  de  chaque  fraction  de 
cette  somme  de  particules  actives  ;  le  s^jet  alors  se  trouve  dans  les 
conditions  de  celui  à  qui  l'on  a  administré  un  médicament,  non 
plus  à  doses  filées,  mais  à  dose  massive  ;  et  pour  peu  que  le  médi- 
cament soit  énergique  comme  l'est  la  strychnine,  on  comprend  que 
quelques  phénomènes  d'intoxication  puissent  se  manifester* 

En  prévision  de  ces  accidents  possibles»  il  y  a  donc  liett  de 
renoncer  à  l'emploi  thérapeutique  de  la  strychnine  et  de  lui  pré- 
férer l'un  de  ses  sels  solubles.  C'est  au  reste  ce  qui  se  fait  de  nos 
jours,  où  le  sulfate  de  strychnine  est  généralement  substitué  à  la 
strychnine  pure. 

Mais  que  ce  soit  l'un  ou  l'autre  de  ces  deux  médicaments  que 
l'on  mette  en  usage,  on  devra  les  manier  avec  une  extrême  réserve. 
Si  nous  avons  vu  tout  à  l'heure  que,  pendant  l'administration  des 
préparations  strychniques,  on  peut  avoir  à  compter  avec  l'accunsu- 


—  51  — 

lation  des  doses,  nous  devons  en  outre  nous  tenir  pour  avertis  que 
les  différents  sujets  présentent  une  sensibilité  très-inégale  à  Tin- 
fluenoe  de  ces  préparations  ;  que  tel  éprouve  des  soubresauts  fibril- 
laires  oa  de  la  raideur  musculaire  aux  moindres  doses^  tandis  que 
tel  «atre  en  accepte  d'élevées  et  les  supporte  en  vertu  d'une  tolé- 
rance naturelle  ou  momentanément  conférée  par  quelque  état 
mwfaide  spécial.  On  voit  même  certains  individus  tellement  in- 
flaaiçables,  que  des  doses  presque  infinitésimales  de  l'alcaloïde  en 
question  suffisent  à  provoquer  des  accidents  toxiques.  Que  tout  pra- 
ticien prudent  se  pofie  donc  comme  règles  :  de  débuter  par  des  doses 
très-inférieures  de  médicaments  strychniques^  'inférieures  à  celles 
consd liées  dans  plusieurs  traités  de  matière  médicale  ;  de  ne  les 
élever  que  graduellement,  en  tâtant  la  suceptibiiité  des  sujets  ;  de  ne 
pas  s'effrayer  sans  doute  de  quelques  secousses  et  d'un  peu  de 
rigidité  musculaires  qu'il  n^est  pas  mauvais  d'obtenir  comme  signes 
du  degré  d'action  nécessaire  pour  vaincre'certains  spasmes  et  sur- 
tout les  paralysies  du  mouvement  ;  mais  en  revanche  de  suspendre 
la  médicamentation^  dès  que  la  rigidité  envahit,  même  à  un  degré 
&ibie,  l'articulation  temporo-maxillaire^  les  muscles  vertébraux  et 
pectoraux^  à  la  première  menace  de  trismus  et  de  gêne  dans  les 
mouvements  respiratoires^  en  un  mot  dès  le  début  d'un  véritable 
strychnisme  :  ici  l'intoxication  commence. 

Oa  ne  peut  établir  d'une  manière  absolue  à  quelle  dose  la 
strychnine  devient  toxique  ^  cette  dose  variant  selon  Timpression- 
nabîlité  des  sujets,  l'état  de  santé  ou  de  maladie,  et  l'accoutumance 
établie  par  la  progression  de  doses  antérieures.  On  a  eu  beau  dire 
qu'il  n'y  a  pas  d'accoutumance  pour  les  médicaments  strychniques, 
il  y  en  a  une,  moins  marquée  seulement  que  celle  déterminée  par 
d'autres  médicaments.  En  effets  telle  dose  de  strychnine,  de  sulfate 
de  strychnine,  d'extrait  alcoolique  de^noix  vomique,  qui  est  parfai- 
tement supportée  par  un  individu  à  une  période  avancée  de  son 
tnûtement,  ne  lui  aurait  pas  été  donnée  sans  quelques  risques  au 
début  de  ce  même  traitement. 

Je  crois  que  Von  peut  considérer  la  dose  de  5  centigrammes  de 
strychnine  conoune  toxique  au  point  de  produire  la  mort  pour  tous 
les  individus  de  l'espèce  humaine,  si  elle  est  donnée  d'emblée  et  en 
une  seule  fois.  Au-dessous  de  cette  dose,  à  4  et  3  centigrammes^ 
des  accidents  très- graves  pourraient  encore  se  produire  et  aller 
jusqu'à  la  mort. 
Parmi  les  cas  d'empoisonnement  par  la  strychnine  relevés  par 


—  52  — 

M.  Tardieu  {Mémoire  sur  r empoisonnement  par  la  strychnine^ 
Annales  d'hygiène  publique,  i 856-57,  t.  VI  et  VU,  2*  série),  et 
parmi  ceux  rappelés  par  les  médecins  anglais  à  propos  du  procès 
Palmtr  {ibid),  on  en  voit  plusieurs  où  des  doses  inférieures  à  5, 
à  4,  et  même  à  3  centigrammes,  ont  suffi  pour  déterminer  la  mort, 
ou  tout  au  moins  des  accidents  très-graves. 

Dans  un  cas  cité  par  le  docteur  DiiT\aL\i(  Etude  clinique  et  médicO" 
légale  sur  l'empoisonnement  par  la  strychnine,  Ann,  d*hyg.  pubL 
et  de  méd.  lég.^  1862,  2«  série,  t.  XVII,  p.  428) ,  1  centigramme 
de  strychnine^a  failli  causer  la  mort  à  une  femme  de  trente-huit 
ans  ;  et,  conséquence  rare  et  exceptionnelle,  il  en  est  résulté  une 
paralysie  avec  atrophie  musculaire  durant  onze  mois.  1  centi- 
gramme de  sulfate  de  strychnine  en  deux  prises  a  déterminé  la 
mort  d'une  jeune  fille  de  douze  ans  et  demi  (Gallard,  De  r  empoi- 
sonnement par  la  strychnine,  Paris,  J.-B.  Baillière,  J865,  p.  27). 
Dans  les  expériences  instituées  par  M.  Andral,  il  a  même  été  ob- 
servé des  symptômes  inquiétants  chez  quelques  individus  à  la  suite 
de  l'administration  de  4  à  5  milligrammes  seulement  de  strychnine. 
C'est  assez  dire  combien  il  importe  d'être  prudent  et  réservé  dans 
la  posologie  d'un  médicament  qui  se  convertit  si  facilement  en  ua 
poison  redoutable,  et  de  se  défier  à  son  égard  de  la  susceptibilité  si 
variable  des  sujets. 

Toutefois,  ce  qui  prouve,  comme  je  le  disais  tout  à  l'heure,  que 
l'on  peut  jusqu'à  un  certain  point  accoutumer  l'économie  à  l'in- 
fluence de  la  strychnine,  c'est  que,  en  débutant  par  une  dose  très- 
minime,  de  2  à  5  milligrammes  par  exemple,  on  a  pu  donner 
graduellement  jusqu'à  10  et  15  centigrammes  par  jour.  Toutefois, 
ces  doses,  autorisées  par  MM.  Trousseau  et  Pidoux  {Traité  de  ma- 
tière médicale  et  de  thérapeutique,  art.  Noix  vomique),  me  semblent 
excessives,  et  je  ne  les  conseillerai  ni  ne  les  emploierai.  A  plua 
forte  raison  faut-il  laisser,  non  dans  les  exceptions,  mais  dans  les 
faits  inexpliqués,  et  ne  pas  prendre  pour  exemples  les  cas  cités  par 
M.  Devergie,  où  il  aurait  vu  des  malades  supporter  jusqu'à  35  cen- 
tigrammes de  strychnine  par  jour  sans  en  éprouver  aucun  effet.  Il 
est  vraisemblable  que,  dans  de  pareils  cas,  la  strychnine,  ou  du 
moins  la  plus  grande  partie  de  la  strychnine,  n'avait  été  ni  dis- 
soute ni  absorbée.  15  centigrammes  de  strychnine,  avalés  par 
méprise,  ont  suffi  pour  amener  la  mort  chez  une  femme  au  bout 
d'un  quart  d'heure  (Journal  de  chimie  médicale,  1849).  5  cen- 
tigrammes ont  fait  mourir  en  une  demi-heure  une  fille  de  sept  ans 


—  53  — 

et  demi  (obs.  du  docteur  Dan  vin,  Ann.  d'hyg,  publ.^  1864  , 
t.  XV,  2«  série). 

Pour  évaluer  la  puissance  toxique  des  sels  solubles  de  strych- 
nine, il  faut  moins  calculer  la  quantité  de  strychnine  qu'ils  con- 
tiennent que  leur  solubilité ,  et  par  suite  leur  absorbabilité  plus 
facile.  Il  se  pourrait  donc  que,  aux  mêmes  doses  que  la  strychnine, 
et  même  à  doses  inférieures,  ils  produisissent  les  mêmes  accidents. 
liais  les  faits  manquent  jusqu'ici  pour  bien  apprécier  ces  difié- 
rences. 

D'après  Soubeiran  [Traité  de  pharmacie)^  une  partie  de  strych- 
nine équivaut  à 

Sulfate  cristallisé 1,51 

Citrate  cristallisé 1,17 

Chlorhydrate  cristallisé 1,16 

Le  sulfate  de  strychnine  est  efilorescent  ;  le  chlorhydrate  est 
inaltérable  à  Tair.  C'est  donc  ce  dernier  sel  qui  devrait  être  préféré 
pour  Pemploi  médical.  C'est  pourtant  le  sulfate  qui  est  usité. 

Le  sulfate  de  strychnine,  déjà  essayé  à  diverses  reprises  lors  des 
apparitions  antérieures  du  choléra  en  Europe,  fut  de  nouveau  pro- 
posé et  employé  par  M.  Abeille  dans  l'épidémie  de  1854.  Les 
doses  étaient  :  15  milligrammes  matin  et  soir,  ou  même,  selon  la 
gravité  des  cas,  1^  2,  rarement  3  centigrammes,  également  matin 
et  soir.  Le  sel  était  administré  dans  60  grammes  d'eau  distillée  ou 
de  solution  de  gomme  ;  la  potion  devait  être  prise  en  quatre  heures, 
c'est-à-dire  par  quart  à  chaque  heure.  Ce  médicament  était  donné 
surtout  pendant  la  période  algide  ;  il  fut  continué  quelquefois  pen- 
dant la  période  de  réaction.  D'après  le  rapport  de  M.  Gérardin  à 
l'Académie  de  médecine  (séance  du  5  septembre  1854),  il  ne  ré- 
pondit pas  aux  espérances  qu'il  avait  fait  concevoir  ;  et  le  chiffre 
des  guérisons  annoncé  par  M.  Abeille  lui-même  ne  s'éleva  pas  au- 
dessus  de  celui  qu'on  obtient  généralement  du  traitement  métho- 
dique du  choléra.  Néanmoins,  l'idée  de  M.  Abeille  me  paraît  ra- 
tionnelle. La  strychnine  pourrait  agir,  dans  le  choléra,  en  excitant 
la  moelle  épinière  comme  foyer  de  chaleur,  ainsi  que  les  vaso-mo- 
teurs intestinaux  dont  Tasthénie  détermine  la  déperdition  du  sérum 
du  sang. 

La  vogue  momentanée  accordée  au  sulfate  de  strychnine  comme 
spécifique  du  choléra,  eut  pour  résultat  de  donner  une  fréquence 
insolite  aux  empoisonnements  strychniques,  et  de  démontrer  spé- 


—  54  — 

dalement  ractivité,  aux  plus  petites  doses^  du  sulfate  de  strychnine^ 
jusqu'au  jour  où  le  préfet  de  police  finit  par  intervenir  et  défendre 
aux  pharmaciens  de  la  capitale  de  vendre  aucun  remède  à  hase  de 
strychnine  sans  ordonnance  de  médecin.  La  surveillance  médicale 
elle-même  ne  mit  pas  toujours  les  cholériques  à  Fabri  des  accidents 
toxiques^  et,  comme  on  aurait  pu  le  prévoir^  les  doses  de  strychnine 
restant  inahsorbées  pendant  la  période  algide,  s'accumulaient  dans 
l'estomac  chez  certains  malades,  et  occasionnaient  ultérieurement 
des  symptômes  d'intoxication  que  Ton  dit  avoir  favorisé  ou  même 
provoqué  une  terminaison  fatale. 

Trousseau,  qui  a  introduit  avec  avantage  les  préparations  de 
noix  vomique  dans  le  traitement  de  la  chorée,  administrait  aux  en- 
fants atteints  de  cette  maladie  un  sirop  contenant  5  centigrammes 
de  sulfate  de  strychnine  pour  100  grammes  de  sirop  de  sucre.  Les 
jeunes  malades  prenaient  de  ce  sirop  strychnique  une  cuillerée  à 
café,  puis  deux,  puis  trois,  et  la  dose  quotidienne  pouvait  être  éle- 
vée graduellement  à  six  et  même  jusqu'à  dix  cuillerées  à  café.  Or  en 
évaluant  que  100  grammes  de  sirop  contiennent  à  peu  près  vingt- 
cinq  cuillerées  à  café,  chaque  cuillerée  renfermerait  t  milligram- 
mes de  sulfate  de  strychnine.  Trousseau  a  donc  pu  élever  la  dose 
quotidienne  de  sulfate  de  strychnine,  chez  des  enfants,  à  2  centi- 
grammes. Cet  éminent  praticien  recommandait  toutefois  d'être  pru- 
dent dans  l'emploi  du  remède,  et  indiquait  les  précautions  à  pren- 
dre pour  éviter  tout  accident  sérieux;  ce  qui  n'a  pas  toujours  eu 
lieu  cependant^  comme  l'a  fait  remarquer  M.  Gallard  dans  son 
savant  et  intéressant  mémoire  sur  la  strychnine.  Je  partage  Pavis 
de  Réveil,  qui  regarde  le  sirop  de  Trousseau  comme  trop  actif,  et 
propose  de  le  formuler  ainsi  :  5  centigrammes  de  sulfate  de 
strychnine  pour  500  grammes  de  sirop  simple  {Formulaire  des  mé- 
dkàmenis  nouveaux,  1865). 

Il  résulte  de  ce  qui  précède  que,  pour  les  sels  de  strychnine 
comme  pour  la  strychnine  pure,  il  ne  faut  s'élever  que  progressive- 
ment et  avec  réserve  jusqu'à  la  dose  de  5  centigrammes,  si  même 
elle  peut  être  atteinte  ;  qu'il  est  très-hardi  de  dépasser  cette  dose, 
téméraire  de  la  doubler  ;  et  que  ces  hautes  doses^  en  tout  cas^  si 
elles  étaient  données  d'emblée  et  en  une  seule  fois,  causeraient  in- 
failliblement une  intoxication  des  plus  graves. 

La  tendance  de  la  pharmacologie  moderne  est  de  substituer  aux 
préparations  qui  contiennent  tout  ou  partie  d'une  substance  végé- 
tale, les  principes  isolés  dans  lesquels  se  concentrent  les  propriétés 


—  55  - 

thérapeutiques.  Cependant  on  ne  saurait  déposséder  la  pratique  de 
plurieurs  préparations  complexes  dont  Texpérience  a  démontré  Tef- 
fieacitë.  L'extrait  alcoolique  de  noix  vomique  est  de  ce  nombre;  il 
a  même,  au  moins  pour  certains  cas^  sur  la  strychnine  et  ses  sels 
une  vëritable  supériorité.  Il  est  plus  facile  à  manier,  plus  doux, 
quoique  souvent  aussi  sûr  dans  son  action  ;  et  par  sa  complexité 
même  il  peut  satisfaire  à  des  indications  qui^  elles  aussi^  sont  dé- 
duites de  la  considération  de  plusieurs  éléments  morbides.  Cet 
extrait  a  enfin  l'avantage  de  réunir  et  de  contenir  à  Tétat  soluble  les 
trois  alcaloïdes  de  la  noix  vomique,  qui,  dans  Tordre  de  leur  acti- 
Tité^  sont  :  la  strychnine,  Pigasurine  et  la  brucine^  tous  les  trois 
combinés  avec  l^acide  igasurique  (qui  pourrait  bien  n^être  que  de 
l'acide  lactique,  selon  MM.  Pelouze  et  Frcmy).  Or  ces  combinaisons 
étant  solubles  dans  Teau  et  dans  l'alcool,  les  extraits  de  noix  vo- 
mique, et  particulièrement  l'extrait  alcoolique,  représentent  toutes 
les  propriétés  actives  de  la  semence  du  vomiquier.  Je  dirai  même 
que^  vraisemblablement  par  suite  de  l'absorption  facile  de  ces  iga- 
surates^  je  n'ai  jamais  été  témoin  de  ces  phénomènes  inquiétants 
d'accumulation  médicamenteuse  dont  ont  parlé  d'autres  thérapeu- 
tistes^  pendant  les  nombreux  traitements  que  j'ai  basés  sur  l'em- 
ploi continu  et  prolongé  d'extrait  alcoolique  de  noix  vomique.  Pour 
cette  préparation^  comme  pour  les  autres  dont  il  a  déjà  été  ques- 
tioa,  il  est  difficile  de  déterminer  où  finit  la  dose  médicamenteuse. 
J'ai  toujours  commencé  par  de  petites  doses,  m'élevant  peu  à  peu  à 
des  doses  supérieures,  selon  le  précepte  posé  plus  haut;  je  n'ai  ja- 
mais dépassé  75  centigrammes  ;  c'est  la  limite  à  laquelle  les  phar- 
macologistes  conseillent  généralement  de  s'arrêter.  J'ai  eu  rarement 
besoin  d'aller  au  delà  de  50  à  60  centigrammes  pour  Tobtention 
des  effets  thérapeutiques  que  je  recherchais.  En  tout  cas,  du  reste^ 
avec  l'extrait  alcoolique  de  noix  vomique,  les  accidents  qui  aver- 
tissent de  diminuer  ou  de  suspendre  la  dose  arrivent  plus  gra- 
duellement, sont  moins  brusques,  moins  intenses  que  ceux  qui 
suivent  l'administration  de  la  strychnine  ou  de  l'un  de  ses  sels  ;  il 
semble  que  Ton  puisse  attendre  avec  plus  de  sécurité  la  manifesta- 
tion de  ces  accidents,  et  que  l'on  ait  plus  de  marge  pour  les  combat- 
tre et  prévenir  leur  aggravation. 

Lee  empoisonnements  par  l'extrait  alcoolique  de  noix  vomique 
sont  fort  rares.  On  en  trouve  deux  exemples  dans  une  lettre  adres- 
sée au  Bulletin  de  thérapeutique,  1853,  (t.  XLIV,  p.  366)^  par  le 
docteur  Gorré^  de  Boulogne-sur-Mer.  Une  malade  de  la  Salpêtrière 


-  56  — 

succomba  en  moins  d'un  quarl-d'heure^  après  avoir  avalé  en  une 
seule  fois,  par  méprise ,  40  ou  50  centigrammes  d'extrait  de 
noix  vomique.  Un  domestique^  après  avoir  pris,  également  en  une 
seule  fois,  avec  l'intention  de  se  suicider,  quinze  pilules  de  cet  ex- 
trait^ de  5  centigrammes  chacune,  éprouva  les  accidents  toxiques 
les  plus  graves,  mais  fut  rappelé  à  la  vie  ;  saguérison  fut  attribuée 
à  remploi  du  lait,  dont  nous  aurons  plus  tard  à  apprécier  la  va- 
leur^ dans  Tespèce,  comme  antidote. 

L'extrait  aqueux  de  noix  vomique  est  très-peu  employé^  et  ne  se 
trouve  guère  dans  les  officines.  Il  est  beaucoup  moins  actif  que  l'ex- 
trait alcoolique.  Cette  différence  tient  principalement  à  ce  que  l'ex- 
trait aqueux  renferme  tout  le  mucilage  des  semences^  de  sorte  que, 
à  poids  égal^  il  renferme  moins  d'igasurates  de  strychnine,  d'iga- 
surine  et  debrucine.  Mais  ces  composés  étant,  d'après  Soubeiran, 
tout  aussi  solubles  dans  Teau  que  dans  l'alcool,  il  faut  encore  se 
défier,  plus  que  ne  le  font  certains  pharmacologistes,  des  propriétés 
toxiques  de  Textrait  aqueux,  et  n'en  point  exagérer  les  doses.  Des 
quantités  assez  petites^  5  à  20 centigrammes,  ont  suffi  à  M.  Lésant, 
pharmacien  à  Nantes,  pour  tuer  des  chiens  et  des  chats ,  animaux, 
du  reste,  très-sensibles  à  l'action  de  la  noix  vomique.  Les  expé- 
riences de  Magendie  et  Delille^  d'Orfila,  ont  démontré  que  cet  ex* 
trait,  ainsi  que  la  décoction  aqueuse  de  noix  vomique,  ont  un  pou- 
voir toxique  considérable.  L'extrait  aqueux  est  préféré  par  quelques 
thérapeutistes  dans  les  circonstances  qui  réclament  les  amers^  et 
notamment  dans  les  névroses  de  Testomac,  avec  atonie  de  Tor- 
gane^  dyspepsie,  flatulence,  se  liant  plus  ou  moins  à  l'état  chloro- 
anémique. 

Dans  les  mêmes  circonstances^  et  dans  d'autres  encore  que 
nous  n'avons  pas  à  examiner  ici,  on  emploie  aussi  la  poudre 
de  noix  vomique.  Cette  préparation  officinale,  à  la  condition 
d'avoir  été  bien  exécutée  et  d'être  en  bon  état  de  conservation, 
est  très-active;  on  la  conseille  aux  mêmes  doses  que  l'extrait 
alcoolique  ;  mais  on  peut  cependant  la  porter  plus  haut,  jusqu'à 
18,50,  ,par  exemple,  selon  quelques  auteurs,  progressivement, 
et  toujours  en  surveillant  attentivement  ses  effets.  Plusieurs  cas 
d'empoisonnement  par  la  poudre  de  noix  vomique  sont  cités  par 
Murray  (Apparattis  medicamentorum)^  cas  se  rapportant  surtout 
à  l'époque  où  Ton  donnait  cette  poudre  contre  les  fièvres  inter- 
mittentes. Mais  les  doses  toxiques  sont  mal  indiquées  par  cet  au- 
teur; deux  doses  de  15  grains  chacune  (75  centigrammes)  font  périr 


—  57  — 

une  jeune  fille  de  dix  ans;  1  scrupule  (1^,20)  cause  des  accidents 
graves  à  un  homme  adulte  ;  des  doses  qui  paraissent  avoir  été 
moindres  encore  n'en  ont  pas  moins  provoqué  des  phéno- 
mènes toxicologiques.  Dans  une  observation  communiquée  par  le 
professeur  Jules  Gloquet  à  Orfila  {Traité  de  toxicologie)^  on  voit 
qu*un  homme  de  quarante-cinq  ans^  qui  avait  pris  une  quantité 
considérable^  mais  inappréciable  (pour  60  centimes),  de  noix  vo- 
mique  concassée,  dont  il  avait  saupoudré  ses  aliments,  ne  meurt 
qu'au  bout  de  soixante  et  une  heures.  Dans  un  autre  cas  cité  par 
Orfila,  une  femme  meurt  plus  rapidement  après  avoir  pris  30  gram- 
mes de  poudre  de  noix  vomique.  Dans  un  cas  récent^  publié  par  le 
docteur  Pellarin  {Ann.  d'hyg.  pub, y  1860,  t.  XïV,  p.  431), 
20  grammes  de  noix  vomique  concassée  n'ont  été  suivis  d^accidents 
convulsifs  qu'au  bout  de  deux  heures,  mais  le  sujet  meurt  dès  le 
second  ac«ès  tétanique.  En  revanche^  et  comme  preuve  de  la  diffé- 
rence d^impressionnabilité  des  individus,  une  autre  femme  avale 
16  grammes  de  cette  même  poudre  délayée  dans  un  peu  d^eau, 
éprouve  bientôt  les  accidents  les  plus  graves,  mais  ne  tarde  pas  à 
guérir  complètement  (The  London  Med.  Gazette^  7  mars  1819, 
citation  d'Orfila,  loc,  cit.)  ;  enfin  un  ami  de  Murray,  dit  cet  au- 
teur (loc.  cit.),  avale  une  noix  vomique  tout  entière,  et  n'en  est 
aucunement  incommodé. 

La  teinture  alcoolique  de  noix  vomique  (noix  vomique  râpée,  1  ; 
alcool  à  80  cent.,  5  :  quinze  jours  de  macération,  filtrez), 
tient  en  dissolution  tous  les  principes  actifs,  et  se  trouve  consé- 
quemment  susceptible  d'agir  comme  médicament  énergique  et 
comme  poison.  Elle  est  plus  ordinairement  employée  à  ^extérieur, 
en  frictions,  qu'à  l'intérieur.  Cependant  elle  peut  être  fort  bien 
utilisée  pour  Tusage  interne,  ce  que,  à  l'exemple  de  Trousseau,  je 
fais  souvent.  Je  ne  connais  pas  d'empoisonnement  par  cette  pré- 
paration. 

En  résumé,  de  toutes  les  préparations  de  noix  vomique,  c'est 
l'extrait  alcoolique  qui  est  le  plus  généralement  prescrit  comme  mé- 
dicament ;  ce  sont  la  strychnine  et  la  poudre  de  noix  vomique  qui 
ont  été  le  plus  employées  comme  poison. 

[La  suite  au  prochain  numéro.) 


—  88  — 


THÉRAPEUTIQUE  CHIRURCIOALE 


Be  la  valemr  thérapeatiqae  da  ■éCon  dans  le  IraltemenC 
de*  ffiraelares  non  «•■■•lld^es  (i); 

Par  le  doeteur  BiaviiaBR-PiKAUD,  médecin  principal  de  la  marine. 

Le  séioQ  est  un  moyen  de  traitement  qui  a  joui  et  jouit  encore^ 
pour  bien  des  chirurgiens,  d'une  importance  très-notable  dans  le 
traitement  des  fractures  non  consolidées  ou  pseudarthroses.  Nous 
aTons  besoin  de  nous  occuper  de  lui  avec  un  soin  extrême^  car^ 
ainsi  que  nous  allons  le  voir,  il  y  a  une  certaine  difficulté  à  inter- 
préter les  faits  qui  ont  été  fournis  pour  et  contre  la  méthode^  et  ce 
n^est  qu'avec  une  logique  sévère  que  Ton  peut  espérer  d'arriver  à 
dégager  la  vérité  de  la  question. 

Il  paraît  que  Winslovr,  en  1787,  et  Percy,  en  4799,  ont  eu,  les 
premiers,  recours  au  séton  dans  le  traitement  des  pseudarthroses  ; 
mais  leurs  opérations  passèrent  inaperçues,  et  ce  n'est  qu'en  18()3 
que  Pbysick,  de  Philadelphie,  ignorant  très-probablement  que  cette 
idée  avait  eu  des  applications  déjà,  fit  un  essai  que  le  succès  cou- 
ronna ;  les  chirurgiens,  instruits  de  la  tentative  de  Physick,  prati- 
quèrent cette  opération  avec  des  résultats  différents,  et  la  méthode 
subit  afec  le  temps  assci  de  modiGcations  pour  qu'à  côté  du  nom  de 
ses  inventeurs  il  faille  aujourd'hui  en  citer  d'autres. 

Mais  disoQs  d'abord  qu'il  existe,  dans  la  grande  majorité  des 
auteurs  qui  ont  écrit  sur  les  pseudarthroses,  une  confusion  très'^ 
regrettable  h  Tendroit  du  séton  ;  en  effet,  une  opération  très-diffé«* 
rente,  celle  que  j'appelle  Yécrasement  linéaire  du  cal,  n'a  pas  été 
distinguée  de  lui  le  plus  souvent,  ce  qui  a  une  importance  assez 
grande,  car  cette  confusion  est  de  nature  à  fausser  les  résultats 
statistiques  touchant  les  chances  de  guérison,  d'insuccès  et  de  mort. 
L'écrasement  linéaire  du  cal,  opération  pratiquée  par  Seerig  et 
Sommé,  d'Anvers,  consiste  dans  la  formation  d'une  anse  de  fil  mé- 
tallique ou  organique  autour  du  foyer  de  la  pseudarthrose,  anse  qui 
est  serrée  peu  à  peu  jusqu'à  ce  qu'elle  ait  divisé  entièrement  les 


(1)  Ce  travail  est  un  extrait  du  livre  que  le  docteur  Bérenger-Féraud 
publie  actuellement  cher  A.  Delahaye  sous  ce  titre  :  Traité  des  fractures  non 
consolidées  ou  pseudarthroses,  in-8o,  700  pages  et  402  figures  dans  le  texte* 


—  59  — 

tissus  interposés  aux  fragments,  tandis  que  le  sëton  est  une  simple 
mèehe  destinée  à  irriter  le  foyer  de  la  non-consoHdation. 

Physick,  ayant  à  opérer  une  pseudarthrose  de  Phumérus,  fit  faire 
l'extension  pour  mettre  les  extrémités  osseuses  en  rapport  convena- 
ble ;  il  passa  alors  entre  elles  une  aiguille  à  séton  enfilée  d'un  fil 
de  soie^  en  choisissant  pour  rentrée  et  la  sortie  de  Taiguille  les  par- 
ties les  moins  épaisses  du  membre  et  en  ayant  soin  d'éviter  les 
Taisseaux.  Ce  séton  fut  entretenu  pendant  cinq  mois,  au  bout  des- 
quels la  consolidation  |se  faisant  il  fut  retiré.  Voilà  un  premier 
procédé  applicable  à  un  membre  qui  ne  présentait  pas  un  volume 
considérable,  et  Physick  ayant  ultérieurement  une  fracture  non  con- 
solidée du  fémur  à  traiter  par  la  même  méthode,  fit  une  incision 
avec  le  bistouri  d'abord  et  passa  ensuite  son  séton.  De  sorte  que 
voilà  un  second  modus  faciendi  de  l'opération. 

D'antres  chirurgiens  se  sont  servis  d'un  trocart  pour  faire  un 
canal  à  la  mèche  du  séton,  et  Oppenheim,  de  son  côté,  a  imaginé 
un  nouveau  procédé.  Ne  pouvant  passer  son  aiguille  à  travers  la 
pseudarthrose,  comme  cela  est  arrivé  à  Malgaigne  lorsqu'il  a  essayé 
Tacupuncture^  Oppenheim  modifia  l'opération  primitive  du  séton 
en  employant  deux  rubans  au  lieu  d*un^  et  il  a  agi  ainsi  sur  une 
plus  large  surface;  il  a  fait  en  réalité  deux  sétons  différents,  qu'il  a 
passés  à  peu  de  distance  l'un  de  l'autre,  de  chaque  côté  de  la  fausse 
articulation. 

Dans  un  cas  où  il  ne  pouvait  introduire  son  aiguille  à  sëton  par 
une  simple  ponction,  Saaurer  (Norris),  en  1833,  a  employé  une 
autre  modification  de  l'opération  :  il  fit  une  incision  au  côté  externe 
et  une  autre  au  côté  interne  de  l'os,  et  de  l'une  à  l'autre  il  fit  pas- 
ser par-dessous  le  tibia  une  aiguille  à  séton,  large  d'un  demi -pouce 
et  un  peu  recourbée.  Il  y  eut  une  inflammation  et  une  suppuration 
considérables^  le  séton  fut  retiré  le  dixième  jour,  et  trois  mois  après 
le  malade  pouvait  reprendre  les  travaux  des  champs  (Malgaigne, 
Traité  des  fractures  y  ^.  311). 

Enfin,  dans  eea  dernières  années,  M.  Denucé,  de  Bordeaux,  a 
fait  une  opération  de  séton  qui  se  rattache  à  la  méthode  par  inci- 
sion, mais  qui  est  assez  particularisée  pour  mériter  d'être  décrite  à 
part. 

Si  nous  cherchons  à  classer  les  diverses  applications  de  séton  que 
nous  venons  d'énumérer,  nous  voyons  qu'il  y  la  trois  variantes 
principales  :  i^  la  ponction  à  Faide  d^une  aiguille  ;  â""  l'incision  du 
membre  à  l'aide  d'un  bistouri  ;  3*  enfin,  le  double  séton  qui  se  fait, 


—  60  — 

lui^  soit  par  ponction  (procédé  d'Oppenheim),  soit  en  combinant 
rincision  et  la  ponction  (procédé  de  Saaurer).  Cette  classification 
est  plus  facilement  présentée  dans  le  tableau  suivant  : 

l  avec  une  aiguille.  |  Premier  procédé  de  Physick. 
Ponction  |  avec  un  trocarl. 

f  avec  un  couteau,  aiguille,  scie.  |  Denucé. 

^****"'       ,    .  .  (  Procédé  de  Physick. 

incision.  .,  .  J  p^^^édé  de  Saaurer. 

Djubleséton.  I   Procédé  d'Oppenheim. 

Voyons  en  quelques  mots  le  manuel  opératoire  du  séton  dans 
les  pseudarthroses  ;  il  est  peu  compliqué^  assurément,  mais  néan- 
moins la  description  achèvera  de  nous  familiariser  avec  les  parti- 
cularités diverses  de  la  méthode. 

1**  Ponction.  —  Ce  groupe  comprend  trois  procédés  distincts  :  le 
premier  est  celui  qu'employa  Physick  ;  le  second  est  le  procédé  par  le 
trocart  ;  enfin ^  le  troisième  est  le  procédé  de  M.  Denucé^  de  Bordeaux. 

Premier  procédé  de  Physick. '^D*SL^Ths  ce  que  nous  avons  dit 
déjà,  il  est  facile  de  tracer  le  modits  faciendi  de  cette  opération.  En 
efiet^  une  aiguille  à  séton  suffisamment  longue  et  enfilée  d'un  fil  de 
soie,  de  coton  ou  de  telle  autre  substance  qu^on  juge  convenable^ 
est  seule  nécessaire  ;  les  fragments  de  la  pseudarthrose  sont  placés 
de  telle  sorte  que  Taiguille  puisse  traverser  facilement  le  foyer,  et 
l'opération  se  fait  en  choisissant  le  point  où  le  membre  présente  le 
moins  d'épaisseur,  en  même  temps  qu'on  évite  les  vaisseaux  et  les 
nerfs  de  la  région: 

Procédé  par  le  trocart.  —  Les  instruments  nécessaires  sont  : 
1o  un  trocart  droit  et  sa  canule  d'une  longueur  plus  grande  que  le 
diamètre  du  membre  ;  2*^  une  mèche  de  fil^  de  coton,  de  soie,  etc.^  etc., 
enfilée  à  une  aiguille  ordinaire  de  trousse;  les  fragments  sont  placés 
comme  précédemment,  le  trocart  enfoncé  comme  on  enfoncerait 
l'aiguille  à  séton  dans  le  procédé  voisin,  puis  la  canule  sert  à  diri- 
ger l'aiguille  de  trousse  et  finalement  la  mèche  se  trouve  au  contact 
des  chairs. 

Procédé  de  M,  Denucé  (Mém.  Soc.  de  ckir.^  t.  V,  p.  518).— 
M.  Denucé  place  au  préalable  le  membre  dans  un  bandage  inamovi- 
ble, puis  pratique  au  niveau  de  la  fracture  une  fenêtre  en  forme  de 
valve  qui  permet  de  découvrir  un  peu  plus  delà  moitié  externe  de  la 
circonférence  du  membre.  A  ce  bandage  est  joint  un  appareil  à  exten- 
sion continue,  composé  :  V  d'une  guêtre,  garnie  sur  les  côtés  de 


—  64  — 

deux  courroies  terminées  par  des  anneaux  ;  ^<*  d'un  sous-cuisse  ; 
3*  d'une  longue  attelle  de!  mètre  et  demi^  terminée  à  chaque  bout 
par  une  poulie.  Une  corde  passant  dans  l'anneau  du  sous-cuisse  et 
les  anneaux  de  la  semelle^  puis  dans  chaque  poulie  de  Tattelle,  per- 
met une  extension  facile  et  simplement  obtenue.  Ces  dispositions 
étant  prises,  M.  Denucé  plonge  dans  le  membre  un  cou- 
teau-scie (fig.  1)  qui  détruit  les  parties  molles  interposées 
aux  fragments,  et,  avant  de  retirer  ce  couteau^  il  passe  dans 
l'œil  qui  est  près  de  sa  pointe  un  séton  ou  drain  qui  doit 
rester  à  demeure  pendant  un  certain  temps.  Le  dessinateur 
n'a  pas  suffisamment  indiqué  les  dents  de  scie  sur  le  côté 
de  l'instrument. 

S<*  Incision.  —  Ce  groupe  comprend  le  procédé  que 
Physick  employa  en  second  lieu,  quand  il  eut  affaire  à 
une  pseudarthrose  du  fémur,  et  le  procédé  de  Saaurer^ 
qui  n'est  applicable  qu'à  certains  os,  comme  ceux  de 
l'avant-bras  ou  de  la  jambe. 

Opération  du  séton  par  incision.  —  Les  procédés 
précédents  n^étant  possibles  que  sur  des  membres  d'un 
Tolume  assez  restreint,  on  a  songé  à  pratiquer  le  séton 
à  Taide  d'une  incision;  pour  cela  il  faut  :  l""  un  bistouri^ 
à  l'aide  duquel  on  ouvre  de  dehors  en  dedans  un  trajet 
plus  ou  moins  large  qui  fait  communiquer  le  foyer  de  la 
pseudarthrose  avec  un  côté  du  membre^  même  chose  est 
faite  de  l'autre  côté  ;  2®  et  alors  on  introduit  à  travers  le 
membre^  dans  le  trajet  créé  par  l'instrument  tranchant, 
une  aiguille  à  séton^  s'il  y  a  encore  quelques  obstacles  à 
diviser,  ou  une  aiguille  de  trousse  ordinaire,  et  l'on  fait 
passer  ainsi  la  mèche  qui  doit  provoquer  l'irritation  que 
Ton  cherche  à  faire  naître.  (ij] 

Procédé  de  Saaurer.  —  Ainsi  que  nous  Tavons  dit       \J 
tantôt,  en  4833,  Saaurer^  ayant  une  pseudarthrose  du        ^ 
tibia  à  traiter  par  le  séton^  imagina  de  faire  une  incision     l^ig*  4 . 
le  long  du  bord  externe  de  l'os,  entre  le  tibia  et  le  péroné  ;  une 
autre  incision  fut  faite  le  long  du  bord  interne  de  Tos,  et,  à  Taide 
d'une  aiguille  à  séton  courbe,  il  fit  passer  une  mèche  de  coton. 

30  Double  séton.  —  Ce  groupe  est  caractérisé  par  le  procédé 
d'Oppenheim.  Je  pourrais  décrire  trois  ou  quatre  variantes  con- 
nues des  opérations,  mais  il  vaut  mieux^  je  crois,  pour  abréger, 
ne  pas  entrer  dans  tant  de  subdivisions. 


—  6Î  — 

Procédé  (fOppenheim.  •—  Dans  le  cas  où  le  chirurgien  ne  peut 
ou  ne  veut  pas  traverser  le  foyer  même  de  la  pseudarthrose,  il  peut 
employer  le  procédé  d'Oppenheim,  qui  consiste  à  faire  deux  sétons 
parallèles  par  incision  ou  par  ponction,  et  comprenant  les  frag* 
ments  osseux  entre  eux;  il  y  a  naturellement  plusieurs  variantes 
de  ce  procédé  ^  en  efiet^  ou  bien  on  fait  senlement  deux  incisioiii 
cutanées^  ayant  soin  de  faire  passer  une  mèche  à  la  face  externe  «ht 
foyer  et  une  autre  mèche  k  sa  face  interne,  ou  bien  on  fait  deux 
trajets  séparés  et  parallèles,  ou  bien  encore  on  fait  une  premi^ 
incision  de  la  peau  aux  os,  et  par  cette  incision  on  conduit,  à 
Taide  d'une  aiguille  ou  d'un  .trocart  courbe,  une  mèche  le  long  de 
la  face  interne  des  fragments  et  une  autre  mèche  le  long  de  sa 
face  externe,  on  a  ainsi  trois  ouvertures  cutanées  pour  lé  passage 
des  deux  mèches.  Une,  faite  par  le  bistouri^  comprend  le  chefter* 
minai  des  deux  mèches  placées  côte  à  côte,  et  les  deux  autres  faites 
par  le  trocart  ou  Taiguille  contiennent  chacune  et  séparément  le 
chef  initial  de  chaque  mèche. 

Quel  est  le  procédé  qui  aura  notre  préférence  ?  Telle  est  la  de- 
mande qu'il  faut  se  faire,  maintenant  que  nous  les  connaissons 
tous.  Mais  on  ne  peut  y  répondre  d'un  mot  ;  en  effets  maintes  con- 
sidérations peuvent  faire  pencher  la  mesure  dans  un  sens  ou.dans 
Tautre.  Circonscrivons  d'abord  le  débat,  en  disant  que  les  divers 
procédés  du  séton  se  partagent  en  deux  catégories  :  1*  sétoa 
unique  ;  2*  séton  double.  Le  séton  de  la  première  catégorie  est  pré* 
férable  à  celui  de  la  seconde  toutes  les  fois  qu'il  est  praticable  ;  dâ 
sorte  que  le  double  séton  est  une  méthode  de  nécessité^  à  laquelle 
on  ne  songe,  bien  entendu^  que  quand  on  ne  peut  faire  autrement. 

Le  séton  unique  se  divise  en  deux  séries  :  le  procédé  par  pono 
tion  et  le  procédé  par  incision.  Le  premier,  plus  simple,  plus  rapt*- 
dément  pratiqué,  est  préférable  «  à  ce  titre,  dans  les  cas  où  le  dia« 
mètre  du  membre  est  peu  étendu,  qu'il  est  facile  de  traverser  le 
foyer  de  la  non-consolidation,  et  qu'on  est  sûr  de  ne  pas  rencoa^* 
trer  une  branche  vasculaire  ou  nerveuse  notable  sur  son  parcourt. 
Ces  dernières  conditions  sont  assez  rares  à  trouver^  on  le  voit,  et 
dans  toutes  les  autres  le  séton  par  incision  mérite  la  préférence^ 
pour  la  raison  que  l'opérateur  sait  très-exactement  ce  qu'il  fait  et  ne 
met  rien  sur  le  compte  du  hasard. 

Norris  a  recherché  si  l'opération  des  pseudarthroses  par  le  sétott 
était  plus  grave  quandy  au  lieu  de  passer  la  mèche  à  l'aide  d'ut 
trocarty  on  faisait  une  incision  aux  téguments,  et  il  est  arrivé  à  ce 


—  63  — 

résultat  que^  sur  âl  opérés  par  i'incision,  il  y  a  eu  47  guërisons, 
3  insuccès  et  une  mort;  tandis  que,  sur  24  opérés  par  le  trocart,  il 
y  a  eu  18  guérisons,  6  insuccès  et  une  mort;  d'où  il  résulte  pour 
lui  que  Tincision  ou  la  ponction  sont  éqtÛTalentes^  au  point  de  Yue 
de  la  gratitéy  dans  l'emploi  du  séton. 

Après  l'opération  du  séton,  le  membre  est  placé  dans  Timmobi- 
liié,  car  il  va  être  le  siège  d^une  inflammation  assez  vive,  et  sou- 
TeQt  il  faut  non-seulement  l'immobilité,  mais  même  les  antipblo- 
gistiques  pour  maintenir  cette  inflammation  dans  les  limites  d'une 
réaction  coUTenable.  Quelques  chirurgiens  ont  placé  sur  le  siège  de 
l'opération  des  compresses  mouillées,  froides^  manière  de  faire  utile 
et  qui  peut  prévenir  quelquefois  l'extension  de  la  réaction  ;  mais 
qu'on  me  permette  de  ne  pas  insister  davantage  sur  les  questions 
secondaires  dans  le  moment  présent;  elles  nous  entraîneraient  trop 
loin  et  ne  présentent  pas  d'utilité. 

Dans  les  opérations  du  séton  qui  ont  été  pratiquées  pour  le 
traitement  des  pseudartbroses ,  on  a  employé  des 
mèches  de  substances  diverses.  Ainsi  l'on  s'est  servi 
de  brins  de  coton^  de  fil ,  de  soie^  de  charpie,  de 
crin,  de  bande  effilée  sur  les  bords,  de  cuir  même  ; 
les  résultats  n'ont  pas  paru  à  la  plupart  des  chirur- 
giens être  sensiblement  influencés  par  cette  diversité 
de  substances.  Mais  cependant  on  peut  penser  à 
priori  qu'il  n'est  pasindifiérent  de  se  servir  de  Tune 
ou  de  Pautre,  et  Brainard^  de  Chicago,  a  cherché 
à  juger  la  question  expérimentalement.  Or  voici  les 
réioltats  auxquels  il  est  arrivé  : 

i*  Ayant  mis  un  séton  composé  de  gros  fils  de 
coton  double  à  la  surface  du  radius  d'un  jeune  chien, 
sous  le  périoste^  entre  le  radius  et  le  cubitus,  il  trouva 
au  bout  de  dix-huit  jours  une  profonde  excavation 
qui  Gomprttiait  environ  le  tiers  du  diamètre  de  l'os  ; 
le  cubitus^  distant  du  séton  à  peu  près  d'une  ligne^ 
n'avait  subi  aucun  changement.  (Fig.  S.) 

^  Ayant  mis  un  séton  composé  d'un  bout  de  laine        ^'^*  ^* 
en  contact  avec  le  tibia  et  le  péroné  d'un  jeune  chien,  il  trouva, 
au  bout  de  vingt*4ieuf  jours,  une  profonde  excavation  au  fond  de 
laquelle  l'os  était  nécrosé  et  l'épiphyse  de  l'extrémité  inférieure  de 
Tes  éiait  en  partie  séparée.  (Fig.  3.) 

3*  Ayant  mit  un  séton  composé  de  fils  de  soie  en  contact  avec  la 


—  64  — 


Fig.  3. 


surface  du  tibia  et  du  péroné  du  même  chien ^  il  trouva^  au  bout  de 
vingt-neuf  jours^  une  légère  excavation  parfaitement  polie  et  uni- 
forme. (Fig.  4.) 

Brainard  a  conclu  de  ces  expériences  que  les  sétons  de  laine,  de 
coton  et  de  soie  agissent  en  enflammant  Tos  et  en  le  faisant  résor- 
ber^ la  laine  produisant  le  plus  d'effet,  le  coton  venant 
ensuite,  et  la  soie  agissant  le  moins  ;  opinion  qui  semble 
bien  naturelle  à  priori,  et  qui,  je  crois,  est  Texpression 
de  la  vérité. 

Le  volume  de  la  mèche  du  séton  a  varié  aussi  dans 
de  grandes  limites;  tantôt  on  n'a  employé  qu'un  simple 
cordonnet  à  peine  plus  gros  qu'un  fil  ordinaire;  tantôt 
on  s'est  servi  d'une  mèche  assez  forte,  et  d'autres  fois 
on  a  commencé  par  plusieurs  fils  réunis  qu'on  a  enlevés 
successivement,  de  manière  à  diminuer  peu  à  peu  le 
calibre  de  la  mèche  jusqu'à  sa  réduction  extrême  et 
son  enlèvement  complet. 
Mais  une  question  autrement  plus  importante  est  celle  de  la  du- 
rée de  l'application  du  séton.  Cependant  rien  n'est  plus  important 
peut-être  et  rien  n'a  été  plus  variable  que  cette  durée^ 
car  dans  tel  cas  la  mèche  est  restée  en  place  deux  ou 
trois  jours  à  peine^  tandis  que  dans  d'autres  elle  a 
passé  deux^  trois  semaines,  un,  deux^  cinq,  treize 
mois  même^  au  contact  des  tissus.  (Liston^  Pratie. 
Surgert/,  3»  édition,  1840,  p.  100.) 

La  durée  d'application  d'un  moyen  aussi  énergique 
que  le  séton  ne  saurait  être  indifférente^  on  le  com- 
prend ;  et  puisque  nous  avons  entrepris  de  faire  l'his- 
toire des  pseudarthroses^  il  nous  faut  chercher  à  dé- 
terminer combien  de  temps  la  mèche  doit  être  laissée 
Fig.  4.  gjj  ^hce  quand  on  veut  obtenir  le  plus  tôt  et  le  mieux 
possible  la  guérison.  C'est  là  assurément  une  idée  éminemment 
utile  dans  la  question,  car  mille  chirurgiens  ont  formulé  à  diverses 
reprises  le  regret  que  les  règles  d'application  et  de  durée  du  séton 
ne  fussent  pas  clairement  énoncées  dans  les  livres  qui  traitent  de 
l'emploi  de  ce  moyen. 

Nous  suivrons  ici  la  marche  qui  nous  est  familière  ;  ainsi  nous 
verrons  les  divers  documents  qui  se  rattachent  à  la  question,  et 
nous  chercherons  ensuite  quelles  sont  les  conclusions  auxquelles 
on  arrive  par  l'analyse  des  faits  et  par  le  raisonnement. 


—  65  — 

Jobert  (de  Lamballe)  Youlait  que  le  sëton  fût  laissé  peu  de 
temps  en  place  dans  le^^foyer  des  fausses  articulations,  et  il  le  re- 
tirait du  cinquième  au  douzième  jour,  en  général.  Il  a  lu ,  le 
46  ayril  1860^  à  TÂcadémie  des  sciences,  une  observation  où  la 
mèche  fut  retirée  dix  jours  après ^  et  où  la  guérison  fut  com- 
plète en  un  mois  et  demi;  il  fit  remarquer  que,  dans  ce  cas,  il 
n'y  eut  pas  nécrose  et  exfoliation  des  os,  mais  simplement  excita- 
tion du  périoste,  ce  qui  abrégea  infiniment  la  durée  de  la  suppu-- 
ration  et  du  traitement. 

Jobert  (de  Lamballe)  avait  dit  déjà  que,  lorsque  le  sëton  reste 
plus  longtemps  que  huit  ou  dix  jours  en  place,  comme  le  vou- 
laient Physick  et  Percy,  par  exemple,  il  se  forme  un  trajet  osseux 
organisé,  dont  la  guérison  est  très-longue  et  très-difficile  à  obtenir. 
{Bull,  Acad.  méd.j  1"  septembre  1840.) 

Malgaigne  regardait,  de  son  côté,  la  longue  durée  d^application 
du  séton  comme  un  véritable  contre-sens,  car,  disait-il,  qu'est-ce 
donc  qui  entrave,  qui  retarde,  qui  empêche  la  consolidation  dans 
les  fractures  compliquées,  sinon  la  suppuration  prolongée?  Et,  en 
effet,  on  comprend  que  l'irritation  produite  par  le  corps  étranger 
durant  au  delà  d'un  certain  temps,  soit  aussi  souvent  capable  de 
proToquer  la  résorption  du  commencement  du  cal  formé  déjà,  que 
de  favoriser  la  prolifération  osseuse  que  Ton  recherche  pour  la 
consoUdation.  Mais  Malgaigne  signala  un  autre  écueil  :  c'est  la 
durée  trop  minime  de  l'application  de  ce  séton,  qui  ne  produit  pas 
alors  la  somme  dMrritation  suffisante  pour  imprimer  une.  modifi- 
cation favorable  à  la  vitalité  de  la  pseudarthrose.  Et  nous  ferons 
remarquer  que  Tétude  des  diverses  observations  où  le  séton  a  été 
mis  en  oçuvre,  appuie  d'ailleurs  ce  raisonnement  de  Malgaigne,  en 
montrant  que,  quand  il  a  été  retiré  trop  peu  <ie  temps  après  son 
application^  il  a  assez  fréquemment  échoué  par  insuffisance. 

Voici  les  chiffres  donnés  par  Malgaigne,  touchant  cette  question 
de  la  durée  d'application  du  séton  : 


BRAS.       AYAKT-BRAS.        iUISSE.  JAMBE.  TOTAL. 

imaétaa»       j^^    Guéri».  Total.  Guérii.   Total. Guéris.  TolaïrîaériirTÔuarGuérîr 

8  à  10  Jouit.      32  »»  il  9N  43 

13ài4—         »»  »»  2         2  »»  2         2 

22àS0—         2         1  »»  2»  »»  4         1 

2  k  12  aois.      03  »»43  xnioe; 

Totanz..  «HO  »         »  96  »         »         20       12 

TOMB  LXXX.  $•  UVR,  ^ 


—  66  — 

Gurlt  s'est  occupé  du  même  sujets  et  i|  ei^t  arrivé  k  des  coqolu- 
siQps  ua  peu  différentes^  comme  nous  allons  le  voir  : 

"""  BRAS.    AVANT-BRAS.    CUISSE.        JAMBE.  y^'^^^'  ^ 

!•  séton  est  resté.  Total  Guéris'  Total.  Caeris.  Total.  Guéris,  total.  Guéris,    total.  Guérit. 

Jusqu'à  7  jours.  ..8         S         j»         »         »          »          1          1  A)^  9» 

De  8  à  U  -^  .  .  ,  il         «         i         i         4         t         i         4  SO)  iki 

15  il  80  —  ...    4         8         i         i         8         1          4         4  12.  9, 

1  à    2  mois.  ..3         8         2         2         8         2         8         8  iir'  lOJ*' 

Aa-dflsnude  2noii.    84885488           19  14 


Totaux.  ,  .  29        18         7         7        15       10        15        15  66         50 

Q  résulte  de  là  que,  pour  upe  durée  de  quinze  jours,  il  y  a  eu 
17  guérisous  sur  34  opérés  ;  pour  upe  durée  supérieure  à  quim^ 
jours  et  ne  dépassant  pa9  deux  mois^,  23  opérés  ont  dooué  19  gué-« 
risons. 
Au-d^ssu8  de  deux  pioisj  19  opérés  comptent  14  guérisons. 
J'ai  voulu^  à  mon  tour,  étudier  la  question  à  l'aide  des  1005 
observations  qui  ont  servi  de  base  à  mon  travail  sur  Thistoire  dfi» 
fractures  non  consolidéesji  et  j'ai  trouvé  les  chiffres  suivants  : 

™J*                 BRAS.  AVANT-BRAS.  CUISSE.  JAMBE.  TOTAL, 

le  séton  est  resté. Total.  Guéris.  Total  Guéris.  Total.  Guéris.  TotaL  Guéris.  TotfdTooAriv. 

Jusqu'à  7  Jours.  ..68  li  »»  »»  6)_      ^\ 

De  8  à  10  —  ...  12       6  9.       9  4       |i  7        6  u[        is'^^ 

15à30->...4       8  4       8  10       8  6        8  24|        42) 

1  k  2  mois.  ...95  21  48  »»  isl        lO)** 

A»-<es8U8  dftSiMii.    58  il  T|  88  |f          |f 

Indéterminé.  ...,488  61  94  %       S.  «5          %i 

«otau. ...  78     28         14       8         84      18         88     28  149  ft 

Ces  chiffres  ne  sont,  dans  l'état  actuel^  qu'une  curiosité  scienti- 
fique; je  Its  ai  faits,  afin  de  ne  pas  laisser  une  îacune  dans  vokoxk 
étude  pour  ceux  qui  auraient  été  préoccupés  par  les  résultats  de 
Malgaigne  et  de  M.  Gurlt.  Mais  j'avoue  que,  pour  ma  part;»  quand 
je  vois,  comme  au  bras,  43  observations  sur  78,  par  exemple,  où 
la  durée  de  l'application  du  séton  est  indéterminée,  je  ne  suis  pas 
disposé  à  considérer  les  résultats  indiqués  par  les  autres  chif&es 
comme  bien  concluants.  ly ailleurs,  en  faisant  deux  catégories  avec 
les  quatre  premières  lignes  du  tableau,  on  a  les  résuhats  suivant^  : 

Malgaigne.  Gurlt.              L*auteur. 

Moini  del5  joursi 50  70  62  p.  109 

De  15  à  60  jours 25  82  56  p.  100 

Au-dessus  de  60  jours.  ...         60  70  62  p.  100 

Temps  indéterminé .....           »  »  27  p.  100 


—  67  — 

qui  ne  signifient  rien  en  somme,  puisque  nous  voyons  que  les 
pensons  sont  à  peu  près  dans  les  mêmes  termes,  soit  que  l'on  ait 
laissé  le  sëton  peu  ou  beaucoup  en  place.  Il  n'y  a  d'infériorité 
réelle  que  pour  la  dernière  ligne^  dont  nous  parlerons  tantôt. 

Je  ne  puis  m'empêeher  de  saisir  Toccasion  pour  appeler  Patten-^ 
tion  du  lecteur  sur  quelques  idées  qu'on  méconnaît^  ou  qu'on  ou* 
hUe  trop  facilement.  En  efiEet,  nous  avons  ici  une  preuve  de  la  dé- 
plorable habitude  qu'ont  beaucoup  d'auteurs  d'accumuler  des 
chiffres^  des  raisonnements  et  des  faits  sans  discernement,  et^  au 
liea  de  prendre  la  peine  de  faire  des  tableaux  si  compliqués  pour 
n'arriver  à  rien,  n'eût-il  pas  mieux  valu  avouer  tout  simplement 
que  ks  données  de  la  science  sur  ce  point  sont  encore  insuffisantes 
pour  chercher  à  appuyer  une  opinion  quelconque  sur  les  faits  ? 
Cette  méthode  numérique  est  assurément  une  des  meilleures , 
lorsque  ces  chifi^s  sont  bien  divisés  et  suffisamment  élevés  ;  mais 
elle  est  aussi  le  plus  détestable  moyen  quand  elle  est  torturée  par 
des  esprits  superficiels  qui  sont  plus  empressés  à  faire  des  tableaux 
enchevêtrés  de  colonnes  inutiles  qu'à  songer  à  mettre  dans  leurs 
catégories  des  chiffres  comparables. 

.Enfin,  s'il  était  encore  nécessaire  de  le  démontrer,  je  pourrais 
m'appuyer  sur  ce  tableau  pour  montrer  qu'en  vertu  d'une  ten- 
dance très-naturelle  de  l'esprit  humain^  les  auteurs  parlent  aussi 
volontiers  des  succès  qu'ils  ont  ol)tenus,  qu'ils  se  taisent  systéma- 
tiquement sur  les  faits  où  ils  n'ont  pas  réussi.  En  effets  n'est-on 
pas  frappé  que  pour  le  bras^  par  exemple^  le  séton  séjournant 
BM>ins  de  deux  mois  ait  donnée  d'après  le  tableau,  de  56  à  62 
pour  100  de  guérisons,  tandis  qu'appliqué  durant  un  temps  indé- 
tarrainé,  il  n'a  donné  que  28  pour  100  de  succès.  L'explication  de 
cet  écart  est  que,  lorsqu'un  séton  a  réussi,  nous  en  avons  eu  l'in- 
dication par  l'auteur  kii-même^  qui  a  donné  soigneusement  des 
délAÎU  sur  la  question,  ne  se  défendant  peut-être  pas  toujours  d'un 
MQtiMent  de  bienveillance  à  l'égard  de  la  méthode^  tandis  que 
quand  le  séton  n'a  pas  réussi,  nous  n'en  avons  connaissance 
^'indirectement ,  et  dans  le  cas  où  une  autre  méthode  ayant 
lémsi^  le  chirurgien  a  cité  l'insuccès  du  séton,  comme  des  autres 
moyens,  pour  faire  litière^  qu'on  me  passe  le  mot^  à  l'opération 
dont  il  vante  le  succès,  et  alors  les  détails  afférents  aux  méthodes 
qui  ont  échoué  sont  très-sommaires. 

Tout  ceci  nous  montre  combien ,  dans  l'étude  des  questions 
scientifiques,  il  est  nécessaire  d'avoir  pour  première  qualité  un 


—  68  — 

discernement  et  une  prudence  que  le  bon  sens,  plus  que  Tërudi-» 
tion,  savent  donner,  et  que,  tant  qu'on  n'a  pas  des  chiffres  nom-- 
breux  et  rigoureusement  comparables,  il  vaut  mieux  formuler  une 
opinion  basée  sur  le  raisonnement,  en  faisant  toutes  les  restric- 
tions nécessaires ,  que  de  jeter  à  la  face  du  lecteur  des  chiffres 
prétentieux,  sinon  faux.  Mais  terminons  cette  digression  pour 
reprendre  le  fil  de  notre  élude. 

Puisque  les  chiffres  sont  impuissants  à  déterminer  jusqu'ici 
combien  de  temps  le  séton  doit  être  laissé  en  place,  et  puisqu'en. 
même  temps  il  est  important  de  savoir  la  durée  que  doit  avoir  le 
contact  de  la  mèche,  nous  devons  chercher  à  élucider  la  question 
avec  d'autres  moyens  d'appréciation,  et  c'est  au  raisonnemeail, 
ainsi  qu'à  l'expérimentation  de  quelques  chirurgiens,  que  nous 
allons  faire  appel. 

Il  est  hors  de  doute  aujourd'hui  que  les  corps  étrangers  mis  au 
contact  des  parties  de  nos  tissus,  et  particulièrement  des  os^  ont 
pour  effet  d'entretenir  une  suppuration  qui  dure  tant  qu'on  ne 
retire  pas  le  corps  étranger.  Les  exemples  de  tolérance  de  nos  or- 
ganes sont  si  rares  et  soumis  à  des  conditions  si  complexes,  qu'on 
ne  peut  les  considérer  que  comme  des  exceptions.  Donc,  la  suppu- 
ration étant  la  loi  commune  des  effets  du  séton,  nous  devons  re- 
chercher l'influence  que  peut  avoir  cette  suppuration  sur  les  os,  et 
cette  influence  n'est  pas  difficile  à  déterminer.  En  effet,  les  parties 
osseuses  voisines  du  foyer  de  suppuration,  vivement  influencées 
tout  d'abord,  ont  une  tendance  à  l'absorption  ou  à  la  nécrose,  sui- 
vant le  cas,  et  cela  est  si  bien  démontré  par  mille  expériences  et 
mille  observations,  qu'on  peut  l'accepter  sans  conteste. 

Or  la  connaissance  de  ces  faits  me  paraît,  comme  à  Brainard^ 
de  Chicago,  qui  a  fait  un  mémoire  important  sur  le  sujet,  capable 
défaire  juger  la  question  de  l'opportunité  du  séton  dans  les  pseu- 
darthroses,  et,  en  effet,  c'est  d'abord  un  moyen  irritant  pouvant 
faire  naître  dans  le  foyer  d'une  non-consolidation  une  activité  qui 
n'existait  pas  avant,  si  on  l'emploie  pendant  un  temps  assez  court, 
tandis  que  c'est  un  des  plus  puissants  moyens  d'absorption  des  os 
que  nous  connaissions  lorsqu'on  l'entretient  pendant  un  temps 
assez  long.  Il  résulte  logiquement  de  là  que  les  sétons  laissés  en 
place  pendant  un  temps  assez  long  sont  un  non-sens  chirurgical. 
Qu'on  se  servît  du  séton  pour  créer  ou  entretenir  une  fausse  arti- 
culation, nous  le  comprendrions  ;  mais  qu'on  tienne  une  mèche 
dans  les  tissus  pendant  des  mois,  dans  le  but  de  guérir  une  non- 


—  69  — 

<OQ8olidatiou  des  os  voisins,  nous  paraît  être  une  pratique  radica- 
lement mauvaise.  Si  nous  avions  besoin  d'appuyer  notre  dire 
^e  faits,  nous  pourrions  accumuler  de  nombreuses  observations. 
Jious  en  citerons  une  seule,  remarquable  assurément,  pour  bien 
montrer  qu'en  efiet  le  séton  a  pu  réduire  la  propriété  ossifiante,  si 
je  puis  m'exprimer  ainsi,  au  lieu  de  l'exciter  : 

Cal  volumineux  et  raccourcissement  de  la  cuisse  traité  par  le 
séton.  —  Jean  X***  R***,  âgé  de  dix-huit  ans,  se  fractura  le 
iémur  vers  la  moitié  de  cet  os  environ,  et,  jusqu'à  la  fin  de  la 
€|uatnème  semaine,  fut  traité  à  lafmanière  ordinaire  par  un  chi- 
rurgien du  voisinage.  A  cette  époque,  ce  dernier  fut  forcé  de  céder 
aux  pressantes  sollicitations  du  malade  et  lui  permit  de  reprendre 
le  cours  de  ses  travaux  accoutumés. 

Au  bout  de  six  semaines,  le  membre  s'était  raccourci  de  deux 
pouces,  et  le  cal  avait  augmenté  au  point  d'égaler  le  volume  de  la 
tête  d'un  enfant  nouveau-né.  Alors  le  malade  fut  obligé  d'inter- 
rompre ses  travaux  et  alla  consulter  le  docteur  Weinhold.  Le  cal 
avait  dix-huit  pouces  et  demi  de  circonférence  ;  le  tissu  cellulaire 
environnant  était  surchargé  d'un  épanchement  de  lymphe,  et  il  y 
avait  dans  plusieurs  points  des  indurations  des  parties  molles  qui 
finirent  par  suppurer  et  donner  lieu  à  des  fistules.  La  maladie  était 
regardée  comme   au-dessus  des  ressources  de  l'art;  cependant 
le  membre  fut  placé  dans    un   appareil  convenable.  Au  moyen 
de  poulies,  on    pratiqua  l'extension,  qui  fut  continuée  pendant 
huit  jours  consécutifs   sans  qu'elle  agît  en  aucune  façon  sur  le 
cal,  dont  la  solidité    était  telle  qu'aucun  moyen    mécanique  ne 
pouvait  en  opérer  l'allongement.  Le  chirurgien  se  voyait  donc  forcé 
ou  d'abandonner  le  malade  ou  de  recourir  à  quelque  moyen  nou- 
veau et  qui  n'eût  pas  encore  été  essayé.  Dans  cet  état  de  choses, 
il  se  décida  à  perforer  le  cal  et  à  le  traverser  ensuite  avec  un  séton 
enduit  de  substances  stimulantes,  dans  Tintenlion  de  provoquer 
Vinflammation  et  la  suppuration  de  l'os;  en  dernier  résultat,  de 
déterminer  le  ramollissement  et  l'absorption  du  cal  et  de  rendre  à 
l'os  sa  longueur  primitive  en  opérant  sur  lui  une  extension  conve- 
nable. En  conséquence,  le  il  novembre  il  percales  parties  molles 
à  \m  pouce  environ  en  dehors  de , l'artère  fémorale,  avec  la  pointe 
d'une  aiguille  à  trépan,  montée  sur  un  vilebrequin  qu'il  fit  tourner 
lentement  lorsqu'il  eut  atteint  le  cal. 

Aussitôt  que  les  couches  externes  eurent  été  perforées,  Tinstru- 
Œent  traversa  tout  à  coup  une  cavité  de  quatre  pouces  de  pro- 
fondeur à  peu  près,  avant  de  parvenir  de  l'autre  côté,  et  lorsque 
celui-ci  eut  été  percé  comme  l'avait  été  le  premier,  les  muscles  et  la 
peau  furent  traversés  et  le  selon  fut  introduit.  Une  once  de  sang 
au  plus  s'écoula  pendant  l'opération  ;  la  partie  fut  recouverte  de 
cataplasmes  froids  pendant  les  trois  premiers  jours  ;  après  ce 
temps,  le  séton  fut  enduit  de  baume  d'Arcéus  et  avancé  matin  et 
^ir  au  travers  de  la  plaie.  Pendant  la  cinquième  semaine,  le  tissu 


—  70  — 

cellulaire  endurci  suppura  abondamment^  le  pus  trouvant  une 
issue  facile  par  une  ouverture  au-dessus  et  au-dessous  du  cal^  et^ 
peu  de  temps  après  que  Tendurcissement  du  tissu  cellulaire  eut  été 
dissipé,  ces  fistules  jfurent  guéries  par  l'emploi  de  la  compression. 
Vers  la  sixième  semaine,  le  cal  étant  devenu  très-douloureux  et 
la  température  de  la  partie  s'étant  considérablement  élevée,  des 
cataplasmes  froids  furent  employés  pendant  quarante-huit  heures, 
et  les  symptômes  qui  les  avaient  nécessités  cédèrent  sans  peine. 
Dans  la  septième  semaine,  la  suppuration  du  cal  eut  lieu,  et  en  y 
exerçant  une  pression  avec  le  doigt,  on  y  sentit  évidemment  une 
large  ouverture  qui  indiqua  que  le  moment  propice  était  venu  de 
mettre  Textension  en  usage  ;  Tappareil  fut  appliqué,  et,  pendant  la 
dixième  semaine,  il  opéra  un  allongement  tel  que  le  membre  n'eut 
plus  que  deux  lignes  de  moins  que  celui  du  côté  opposé.  Pour  plus 
grande  sûreté,  le  séton  fut  laissé  dans  la  partie  jusqu^à  la  douzième 
semaine  ;  alors  il  fut  ôté  et  la  plaie  se  ferma  quelques  semaines  plus 
tard.  Le  cal  était  considérablement  diminué,  le  malade  se  prome- 
nait sans  béquilles  et  la  cuisse  affectée  offrait  presque  l'état  naturel 
de  celle  qui  était  saine.  Le  malade,  enfin,  recouvra  ses  forces.  Il  ne 
fut  pas,  il  est  vrai,  en  état  de  travailler  aux  champs  comme  il  le 
faisait  autrefois,  mais  il  put  gagner  sa  vie  comme  cocher.  {Joum» 
der  prackt.  Beilkunde,  mai  1827;  Arch.  génér.^  !'•  série,  1828* 
t.  XXVII,  p.  446.) 

Le  séton  n'est  donc  mis  que  pour  faire  naître  une  réaction  in- 
flammatoire dans  le  cas  de  pseudarthrose  qui  ne  renferme  pas  de 
séquestre  qu'on  a  besoin  d'éliminer.  Par  conséquent,  dès  que  cette 
réaction  inflammatoire  est  produite  à  un  degré  suffisant,  le  séton 
n'a  plus  de  raison  d'être,  et  nous  sommes  donc  ramenés,  par  le 
raisonnement  et  l'examen  des  faits,  à  l'opinion  de  Jobert  (de  Lam- 
balle)  et  de  Malgaigne,  qui  étaient,  nous  l'avons  vu  tantôt,  pour  la 
courte  durée  des  sétons. 

C'est  ici  le  lieu  de  parler  des  accidents  qui  ont  pu  survenir  dans 
l'emploi  du  selon,  car  il  est  incontestable  qu'un  moyen,  qui,  comme 
lui,  n'a  pour  but  que  de  faire  naître  une  réaction  inflammatoire, 
doit,  dans  certains  cas  donnés,  dépasser  le  but  et  donner  lieu  à  des 
phénomènes  que  l'on  redoute  avec  juste  raison.  Nous  trouvons 
dans  les  pièces  justificatives,  qui  sont  à  la  fin  de  ce  livre,  cinq  morts 
qui  peuvent  être  mis  au  passif  du  séton,  et,  par  conséquent,  on 
peut  dire  à  priori  qu'une  opération  capable  de  donner  cinq  morts 
sur  cent  cinquante-neuf  observations,  c'est-à-dire  environ  le  3 
pour  100,  dans  une  affection  qui  n'est  généralement  pas  mortelle 
par  elle-même,  est  une  opération  sérieuse  et  sur  laquelle  il  fau 
méditer  avec  soin  avant  de  se  décider  à  l'employer  le  cas  échéant. 


-^  71   — 

Ces  faits  de  mott  nous  montrent  quels  sont  les  accidents  à  draindre  ; 
en  efibt^  suppuration  abondante,  fusées  purulentes  s'étendant  plus 
on  moins  loin,  inflammation  des  os^  iréritable  arthrite  traumatique 
même  ;  tout  cela  Joint  à  des  hëtnorrhagies  provenant  de  lésions 
Tasculaires  ittiportantes^  sont  autant  de  conditions  qui  exposent  à 
l'infection  purulente  ou  putride,  et  qui  peuvent  venir  à  bout  de 
l'existence  du  malheureux  que  Ton  cherchait  à  guérir  de  son  in-> 
llnmté. 

Ces  mauvaises  chances  sont  assez  rares,  dîra-t-on.  Nous  pour- 
lions  soutenir  peut-être  la  thèse  contraire,  si  nous  lisions  atten- 
tivement les  observations  129  et  224  de  la  série  ^um^rtis^  Tob- 
strtation  50  de  la  série  Atant-hras,  les  observations  188^  243, 
248«  251  de  la  série  Fêmur^  enfin  l'observation  159  de  la  série 
Jambe,  dans  mon  livre  sur  les  pseudarthroses. 

En  effets  dans  les  observations  459^  série  Jambe,  et  50,  série 
Avant-bras,  nous  trouvons  des  hémorrhagies  inquiétantes.  Dans  les 
observations  243  et  251  de  la  série  Fémur  y  nous  voyons  que  Topé- 
nation  était  assurément  aussi  grave  qu'une  résection.  Ënfîn^  dans 
les  observations  248  de  la  série  Fémur,  nous  voyons  que  l'opération 
était  assurément  aUssi  grande  qu'une  résection.  Enfin,  dans  les 
observations  248  de  la  série  Fémurs  429  de  la  série  Humérus  nous 
trotmms  Pindice  d'une  infection  purulente  incontestable.  Ces  rai-^ 
«oui  sont  suffisantes,  j'espère,  pour  faire  admettre  la  gravité  de 
Fopération  et  pOùr  faire  réfléchir  sérieusement  le  chirurgien  au 
moment  où  il  doit  se  décider  à  employer  ce  moyen  de  préférence  à 
ttti  antre. 

Les  accidents  semblent,  dans  Topération  du  séton,  dépendre  de 
deux  séries  de  conditions  :  A^  la  nature  de  la  non-consolidation  ; 
B,  la  région  où  elle  existe.  Ces  conditions  doivent  nous  arrêter  un 
instant. 

A.  Nature  de  la  pseudarihrose,  -^  D'après  ce  que  nous  avons 
^jusqu'à  présent,  il  est  incontestable  que  la  nature  de  la  pseudar- 
ihrose doit  influer  sur  la  facilité  de  production  de  certains  accidents 
dans  l'opération  du  séton.  En  effet,  si  la  pseudarthrose  flottante  est 
g^éralement  peu  influencée  par  le  passage  d'une  mèche  entre  les 
(ngnients,  si  la  pseudarthrose  fibreuse  n'en  est  généralement 
^'âssez  peu  irritée,  il  n'en  est  pas  de  même  des  autres.  Ainsi, 
par  exemple,  dans  le  retard  de  la  consolidation  ou  première  classe, 
k  foyer  de  la  fracture  est  encore  assez  vasculaire  pour  qne  la  pré- 
sence d'un  corps  étranger  provoque  parfois  une  réaction  intense. 


—  72  — 

dont  rinflammation  excessive  et  une  suppuration  abondante  peuvent 
être  la  conséquence.  Dans  la  pseudarthrose  ostéophy tique,  les 
dangers  sont  infiniment  plus  grands  et  plus  imminents;  en  efGet^ 
la  forme  anfractueuse  du  foyer  de  la  pseudarthrose  est  une  raison 
déjà  pour  que  les  produits  de  Pinflammation  que  pcovoquera  le 
séton  stagnent  dans  les  parties  profondes  et  aillent  former  des  fu» 
sées  purulentes  extrêmement  fâcheuses.  Et  notons  que  ce  n'est  là 
qu'un  des  moindres  accidents  à  craindre^  car  si  la  pseudarthrose 
était  guérie  depuis  peu,  d'ostéite  ou  de  carie,  on  comprend  que  tout 
pût  être  remis  en  question  et  que  la  réapparition  de  la  suppuration 
devînt  la  cause  de  très-fâcheux  accidents.  A  fortiori,  les  accidents 
sont  plus  à  craindre  si  la  non-consolidation  est  entachée  de  quel- 
qu'un de  ces  vices  constitutionnels  comme  le  tubercule,  la  syphi- 
lis, etc.,  etc.,  et  je  n^ai  pas  besoin  d'insister  longuement  pour  faire 
prévaloir  cette  idée«  que  la  pseudarthrose  ostéophytique  est  assu* 
rément,  de  toutes,  celle  dans  laquelle  les  accidents  apparaissent  le 
plus  facilement  sous  Tinfluence  du  séton. 

Dans  la  pseudarthrose  de  la  cinquième  classe,  ou  fibro-syno- 
viale,  le  passage  du  séton  provoquera  assurément  une  arthrite  avec 
toutes  ses  mauvaises  chances;  de  sorte  que,  quoique  moins  dange- 
reuse que  la  pseudarthrose  ostéophytique,  elle  n'en  est  pas  moins 
une  forme  dans  laquelle  des  accidents  menaçants  peuvent  prendre 
facilement  naissance,  ce  qui  fait  que  le  chirurgien  hésitera  plus 
dans  ce  cas^  que  dans  le  cas  de  pseudarthrose  fibreuse  simple^  à 
recourir  au  séton. 

B.  Région  ou  siège  la  pseudarthrose.  —  Il  tombe  très-naturel- 
lement sous  le  sens  que  le  séton  est  une  opération  d'autant  plus 
grave  que  la  partie  du  membre  sur  lequel  on  l'applique  est  plus 
volumineuse.  A  la  rigueur,  il  n'est  pas  nécessaire  de  développer 
plus  longuement  cette  idée^  qui  sera  admise  par  tout  le  monde 
à  priori,  et  d'ailleurs  les  chiffres  que  nous  possédons,  tout  incom- 
plets et  insuffisants  qu'ils  sont  par  ailleurs,  peuvent  déjà  apporter 
ici  un  appoint  sérieux.  En  effets  constatons  d'abord  que,  sur 
459  cas  d'opération  de  séton,  il  y  a  eu  5  morts,  répartis  ainsi  : 
cuisse,  3  ;  jambe,  \  ;  bras,  \ .  En  revanche,  la  guérison  est  sur- 
venue plus  fréquemment  à  ravant-bras.Il  est  inutile  de  pousser  les 
spécifications  plus  loin,  parce  que  les  chiffres  sont  trop  peu  élevés; 
néanmoins,  constatons  que  si  on  rapporte  par  la  pensée  le  nombre 
des  diverses  opérations  de  séton  à  un  même  dénominateur,  on 
trouve  que  : 


—  73  — 

La  jambe  a  guéri  dans  les  proporlions  de  57  p.  100 

L'aTant-bras  —  60  p.  100 

La  caisse  —  47  p.  100 

Le  bras  —  35  p.  100 


Or  ces  chiffres  sont  très-remarquables  à  notre  avis  ;  en  effet, 
ils  me  semblent  montrer  d^abord  que  la  jambe  et  Tavant-bras,  ré- 
gions moins  volumineuses  que  les  autres,  guérissent  plus  facile- 
ment, ou,  en  d'autres  termes,  sont  moins  exposées  aux  terminaisons 
fâcheuses  des  accidents  que  développe  le  séton,  ce  qui  pourrait  faire 
admettre  peut-être  à  quelques-uns,  par  extension,  que  les  acci- 
dents y  sont  moins  intenses. 

Mais  il  y  a  un  autre  point  de  vue  qui  est  offert  par  l'examen  de 
ces  chiffres,  et  quoiqu'il  constitue  une  digression,  je  ne  puis 
m'empécher  d'appeler  un  instant  l'attention  du  lecteur  sur  le  détail 
curieux  qui  nous  est  révélé  ici  incidemment;  la  jambe  est  de  tous 
les  segments  de  membre  celui  qui  fournit  le  plus  de  guérisons.  Or 
ne  peut-on  pas  penser  que  c'est  parce  que  la  jambe  est  la  partie 
du  corps  la  plus  facilement  immobilisable  en  cas  de  fracture 
arec  plaie?  Tavant-bras^  qui  est  presque  aussi  facilement  maintenu 
au  repos  absolu,  présente  un  chiffre  très-voisin,  tandis  que  la 
cuisse  et  le  bras  sont  beaucoup  plus  mal  partagés  à  ce  point  de  vue. 

Quand  Tesprit  est  lancé  dans  cet  ordre  d'idées,  on  est  frappé  na- 
turellement de  ce  que  l'humérus  a  fourni  moins  de  guérisons  que 
le  fémur^  et,  pour  expliquer  ce  résultat,  il  faut  faire  intervenir  ici 
une  autre  raison.. C'est  le  ramollissement  du  tissu  osseux,  suite  de 
l'impotence  du  membre;  j'ai  développé  suffisamment  cette  idée 
dans  mon  livre  pour  n'avoir  pas  à  y  revenir;  il  me  sufQt  de  dire 
ici  que  ce  chiffre,  que  nous  trouvons  actuellement^  vient  corroborer 
ce  que  je  disais  à  ce  sujet  dans  le  chapitre  qui  traite  de  Tétiologie 
des  pseudarlhroses. 

Recherchons  maintenant  dans  quelles  limites  le  séton  peut  se 
rendre  utile  dans  le  traitement  des  pseudarthroses,  puisque  nous 
connaissons  déjà  quelles  sont  les  règles  de  son  application  et  de  sa 
durée^  quels  sont  les  accidents  qui  peuvent  suivre  son  emploi, 
nous  arriverons  ainsi  à  faciliter  davantage  Pétude  de  ses  indica^ 
tions  et  de  ses  contre-indications. 

La  méthode  numérique  a  été  mise  en  œuvre  ici  comme  dans 
bien  des  points  de  l'histoire  des  fausses  articulations^  et  il  faut 
convenir  que  souvent  une  étude  plus  approfondie  des  détails  des 


—  74  — 

ê 

observations  eût  fait  formuler  d'autres  conclusions  que  celles 
qu'ont  fournies  quelques  auteurs. 

OppenhQiip  {Gasf*  méd.,  d837^  p.  487)  a  trouvé  que48  opérations 
par  le  séton  ont  donné  26  guérisons  et  22  insuccès. 

M.  Gurlt  a  trouvé  dans  sa  statistique  que,  sur  d43  emplois  du 
séton,  il  y  a  eu  69  succès,  68  insuccès  et  3  morts;  en  voici  le 
détail  : 

Goérto.         Inraoeèe.         Morts.        ^^^,       ïoW. 

Bras 24  4^  1  2  70 

Avant-bras.  .  .  9  5  »  »  14 

Cuisse 17  13  2  b  51 

Jambe 19  8  i  1  28 

6d  68  3  3  143  (1) 

J'ai  naturellement  voulu  consulter  sur  ce  sujet  les  observations 
justificatives  qui  ont  servi  de  base  à  mon  Traité  des  fractures  non-- 
consolidées ^  et  voici  les  chiffres  que  j'ai  trouvés  pour  459  cas  : 

Mrfi.         Iiineeèf.         H6Ha.      £^J^^       Total. 

Bras 28  47  1  2  78 

Avanl-brts.  •  .  8  6  >  »  14 

Gui99e 16  15  ^  a  34 

Jambe 20  12  1  &  33 

ToUux. .  .72  80  a  2  1119 

Ici  encore  mes  résultats  sont  un  peu  moins  bons  que  ceux  de 
l'auteur  allemand,  parce  que  J'ai  recherché  avec  plus  de  soin  peut- 
être  les  cas  où  la  méthode  n'avait  pas  réussi.  De  sorte  qu'au  lieu 
de  trouver  que  le  séton  a  guéri  dans  la  proportion  de  48  pour  100^ 
je  suis  entraîné  à  admettre  que  c'est  45  pour  iOO  qu'il  faut 
compter;  mais  la  différence  est  par  trop  faible  pour  que  nous  y  at- 
tachions une  importance  quelconque.  N'otiblions  pas  cependant  de 
dire  que,  bien  que  les  chiffres  indiquent  45  à  48  pour  100  de  gué- 
risons dans  l'emploi  du  séton  à  la  cure  des  pseudarthroses,  il  faut 
penser  qu'en  réalité  on  guérit  moins  souvent.  En  effet,  d'une  part, 
cette  tendance  de  Tesprit  humain  à  taire  ses  insuccès  doit  entrer 

(1  )  J'ai  réuni  dans  une  même  catégorie  les  deux  dernières  séries  qu'il  éta- 
blit^ n'ayant  pas  trouté  de  raisons  pour  justifier  eelte  séparation.  Je  ne  com- 
prends pas  dans  ce  tableau  la  première  de  ses  séries  de  séton^  qui  se  rapporte 
bien  évidemment  à  ce  que  j'ai  appelé  V écrasement  UnécAre  du  eal. 


—  75  — 

pour  quelque  chose  dans  les  indications  que  nous  transmet  la 
science  touchant  les  succès  et  les  insuccès;  d'autre  part^  il  faut 
songer  aussi  que  le  séton  a  dû  être  employé  infructueusement  dans 
la  moitié  an  moins  des  pseudarthroses  traitées  par  la  résection  ou 
l'amputation  ;  de  sorte  que  si  nous  avions  des  indications  plus  pré- 
cises, ce  ne  serait  pas  45  ou  AH,  mais  peut-être  bien  25  ou  28 
pour  iOO^  que  nous  aurions  pour  les  résultats  heureux  de  Topé- 
ration,  relativement  au  nombre  de  fois  où  le  séton  est  mis  en 
œuvre. 

C'est  ici  le  lieu  de  passer  en  revue  les  diverses  formes  de  non- 
consolidation^  pour  déterminer  dans  quel  cas  le  séton  peut  se 
rendre  utile  ;  nous  avons  déjà  vu  les  accidents  auxquels  ces  formes 
semblent  prédisposer^  mais  nous  avons  besoin  de  dire  encore  un 
mot  de  l'action  physiologique  du  séton  dans  les  différents  cas  où  il 
est  mis  en  œuvre,  pour  formuler  ce  que  nous  avons  formulé  déjà. 

Première  classe.  —  Retard  dans  la  consolidation» 

Dans  le  retard  de  la  consolidation,  le  foyer  de  la  fracture  a  be- 
soin d^être  excité  par  son  encroûtement  de  matière  calcaire^  mais 
le  séton  n^est  pas  indiqué  pour  la  raison  qu'il  constitue  un  moyen 
trop  violent  et  exposant  trop  le  sujet  à  une  inflammation  réaction- 
Délie  et  à  la  suppuration  qui^  loin  de  favoriser  la  sécrétion  phos- 
phatique  interstitielle^  ne  ferait  au  contraire  que  la  tarir  ou  la 
repdre  impuissante  pour  la  guérison. 

« 

DBUulniE  CLASSE.  -^  Pseudarthrose  flottante. 

Dans  la  pseudarthrose  de  la  seconde  classe  ou  pseudarthrose 
flottante,  les  extrémités  osseuses  ont  besoin  aussi  d'une  excitation 
qui  fera  naître  le  mouvement  réparateur  capable  de  provoquer  la 
consolidation,  mais  le  séton  ne  pourra,  on  le  comprend,  produire 
ce  résultat  qu^à  condition  d'agir  sur  les  extrémités  fragmentaires 
elles-mêmes,  et  alors  ce  n'est  plus  le  séton  simple,  mais  une  véri- 
table rugination  ou  scarification  des  fragments.  Or  c'est  en  parlant 
de  ces  procédés  que  nous  verrons  les  détails  afférents  à  la  question  ; 
dans  le  moment  présent,  nous  devons  nous  borner  à  dire  que,  si  le 
chirurgien  y  a  recours,  il  devra  se  bien  pénétrer  de  l'absolue  néces- 
sité qu'il  y  a  à  ne  pas  laisser  la  mèche  dans  le  foyer  de  la  fracture 
pendant  un  temps  trop  long. 


—  76  ^ 

TROisdEKE  CLASSE.  —  Pseudartkrose  fibreuse. 

La  troisième  classe  est  peut-être  de  toutes  celle  qui  est  le  moins 
fâcheusement  influencée  par  le  séton. 

Mais  nous  devons  bien  faire  observer  que  ce  n'est  qu'autant  qu^il 
est  parfaitement  prouvé  au  chirurgien  que  les  soins  les  plus  bénins 
sont  insuffisants,  que  le  séton  peut  se  présenter  à  son  esprit,  sur- 
tout s'il  s'agit  de  la  cuisse  ou  du  bras,  car  on  ne  saurait  oublier 
que  le  séton"  est  une  opération  assez  grave,  puisque,  sur  i59  cas, 
nous  avons  pu  constater  5  décès.  Nous  ne  pouvons  dans  le 
moment  présent  insister  davantage  sur  les  indications  et  les  contre- 
indications;  c'est  alors  que  nous  nous  occuperons  de  la  valeur 
comparative  des  divers  moyens  de  traitement  des  pseudarthroses^ 
que  nous  compléterons  ce  que  Ton  peut  dire  là  dessus  pour  étendre 
l'opportunité  de  l'opération. 


Quatrième  classe.  —  Pseudartkrose  ostéophy tique. 

La  pseudarthrose  ostéophytique^  dans  laquelle  il  y  a  des  ai- 
guilles dont  on  veut  produire  ou  hâter  l'élimination  et  sur  laquelle 
on  ne  peut  pas  porter  ^instrument  tranchant  pour  une  raison 
quelconque^  se  trouve  bien  du  séton  ;  mais  remarquons  qu'alors  le 
séton  n'est  pas  dirigé  directement  contre  la  non-consolidation,  si  je 
puis  m'exprimer  ainsi^  mais  il  n'est  utile  que  secondairement» 
c'est-à-dire  comme  simplificateur  de  la  lésion  osseuse.  A  l'excep- 
tion de  ce  cas,  on  peut  dire  hardiment  que  le  séton  est  une  mau- 
vaise opération  contre  la  pseudarthrose  ostéophy tique,  car,  réveil- 
lant dans  les  cas  les  plus  bénins  une  susceptibilité  mal  éteinte 
encore  des  fragments,  il  expose  à  des  accidents  sérieux.  A  fortiori j 
si  la  pseudarthrose  est  entachée  de  quelque  inflammation ,  si  le 
sujet  est  sous  le  coup  d'une  diathèse  ou  même  d'une  mauvaise 
constitution,  le  séton  doit-il  être  proscrit  en  faveur  soit  de  moyens 
infiniment  plus  doux^  soit  dans  quelques  cas  que  je  n'ai  pas  à  spé- 
cifier actuellement^  mais  dont  j'aurai  à  parler  ultérieurement; 
dans  quelques  cas,  dis-je^  où  il  vaudrait  mieux  recourir  à  une  opé- 
ration plus  sérieuse,  mais  aussi  offrant  plus  de  chances  de  succès, 
je  veux  parler  de  la  résection. 


—  77  — 

CiMQUiÈiEB  CLASSE.  -—  Pseudartlivose  fibro-synoviale. 

Enfin  le  selon  agit  dans  la  pscud arthrose  de  la  cinquième  classe 
par  l'arthrite  qu'il  développe,  et  ici  comme  ailleurs  nous  devons 
ajouter  que  ce  n'est  que  quand  il  est  bien  démontré  que  les 
moyens  plus  bénins  seraient  insuffisants  qu'on  peut  songer  à  y 
recourir,  car  c'est  une  arthrite  traumatique  avec  plaie  que  le  chi- 
rurgien Ta  faire  naître^  et  ce  nom  seul  est  bien  capable  d'arrêter  le 
plus  hardi^  pour  peu  que  la  fausse  articulation  soit  étendue  ou 
sî^e  près  de  la  racine  d'un  membre. 

CONCLUSIONS. 

Nous  avons  besoin  de  résumer  cette  longue  étude  de  l'emploi  du 
séton  dans  le  traitement  des  pseudarthroses,  pour  condenser  en 
quelques  mots  les  principales  considérations  qui  se  rattachent  à  la 
question.  De  cette  manière  nos  recherches  sont  plus  fructueuses^ 
il  nous  semble,  étant  présentées  synthétiquement  à  la  fm  du  travail. 

Nous  avons  vu  d*abord  que  le  séton  peut  être  pratiqué  d'après 
trois  procédés  différents  :  1°  ponction,  2°  incision,  3°  double  séton; 
et  que  le  procédé  par  ponction^  plus  simple  et  plus  rapide^  est  à 
préférer  dans  les  cas  de  volume  restreint  du  membre  et  d'assu- 
rance parfaite  qu'on  ne  rencontrera  pas  sur  sa  route  un  rameau 
vasculaire  ou  nerveux  de  quelque  importance.  Mais  nous  avons 
dit  que  ces  conditions  sont  assez  restreintes,  de  sorte  que  Tincisiou 
est  souvent  préférée.  Quant  au  double  séton,  c'est  une  opération  de 
nécessité^  et  par  conséquent  indiquée  dans  les  cas  où  les  autres 
sont  impraticables. 

Le  séton^  ayant  pour  but  d'exciter  la  vitalité  du  foyer  delapseu- 
darthrose  et  y  arrivant  par  la  réaction  inflammatoire  intense  qu'il 
fait  naître,  doit  être  laissé  en  place  le  temps  nécessaire  pour  pro- 
duire le  résultat  cherché,  temps  qui  est  assez  court  et  qui  en  géné- 
ral se  compte  par  jours  ou  au  plus  par  semaines.  Nous  avons  vu  que 
la  longue  durée  est  un  non-sens^  à  moins  qu'on  n'ait  la  pensée 
de  provoquer  ainsi  l'élimination  de  portions  nécrosées  qu'on  ne 
peut  extraire  sur  le  moment. 

Le  séton  n'agissant^  comme  nous  l'avons  dit,  que  par  le  déve- 
loppement d'une  inflammation  qu'il  occasionne^  il  est  naturel  que 
dans  quelques  circonstances  fâcheuses  cette  inflammation  dépasse 
la  limite  désirée  et  produise  des  accidents  qui  sont  le  cortège 


—  78  — 

fréquent  de  Tinflamination  :  douleur,  suppuration  des  parties 
molles  et  des  parties  dures,  fusées  purulentes,  etc.^  etc.,  avec  toutes 
les  chances  de  purulence  et  de  putridité  qui  y  sont  attachées  ;  il  est 
à  peine  nécessaire  d'ajouter  que  ces  accidents  sont  d'autant  plus 
fréquents  et  plus  graves  que  la  pseudarthrose  est  placée  dans  une 
région  plus  volumineuse  ou  plus  proche  du  tronc,  ce  qui  impliqua 
qu'on  devra^  toutes  choses  égales  d^ailleurs,  se  décider  moins  faci<* 
lement  pour  l'opération  à  la  ouisse  et  au  hras,  plutôt  qu'à  l'avant- 
bras  ou  à  la  jambe. 

Les  accidents  sont,  d'autre  part»  en  relation  aussi  avec  la  nature 
de  la  pseudarthrose,  et  c'est  ainsi  que,  moins  à  craindre  en  géné- 
ral dans  les  cas  de  pseudarthrose  fibreuse  simple  et  de  pseudar- 
throse flottante,  ils  sont  naturellement  trop  fréquents  dans  le  re- 
tard de  la  consolidation,  la  pseudarthrose  fibro-iyQoviale,  et  surtout 
la  pseudarthrose  ostéophytique,  quand  les  fragments  osseux  sont 
le  siège  d'une  irritation,  ou  que  le  sujet  est  d'une  mauvaise  constî^ 
tution  ;  toutes  raisons  qui  font  que,  si  nous  voulions  établir  un« 
échelle  d'opportunité  du  séton  dans  les  pseudarthroses,  nous  meU 
trions  au  premier  rang  la  pseudarthrose  fibreuse;  au  deuxième^ 
mais  très-loin  d'elle,  la  première  et  la  cinquième  classe  (retard  de 
la  consolidation  et  pseudarthrose  fibro-synoviale)  ;  enfin,  en  troi<^ 
sième  ligne,  la  deuxième  et  la  quatrième  classe  (pseudarthrose  flot- 
tante et  pseudarthrose  ostéophytique)^  qui  repoussent  le  séton 
également  pour  des  raisons  bien  opposées^  la  deuxième  classe  à 
cause  de  son  inutilité^  la  quatrième  à  cause  du  danger  qu'il  fait 
courir.  Il  est  bien  entendu  que  je  ne  parle  pas  ^des  cas  où^  dans  la 
pseudarthrose  ostéophytique,  il  y  a  des  «squilles  ou  des  corps  étran«* 
gers  qu'on  désire  faire  éliminer,  cas  auxquels  le  séton  est  une  opé* 
ration  à  laquelle  il  faut  recourir  vdontiers» 


CHIMIE  ET  PHAMIAOIE 


PHARMACIE  PRATIQUE 

NouTean  moyen  de  eonserrer  les  blanea  d^CBufo  ; 

Par   H.   Staxtislas   Martiit. 

Le  dranoe  sanglant  qui  a  eu  lieu  sous  les  murs  de  Paris  doit 
difier,  nous  l'espérons^  nos  rapports  avec  rAllemagne.  Jusqu'à  ce 
jour  nous  avons  accueilli  comme  frères  tous  les  Prussiens  qui  vo- 


—  79  — 

naient  s'asseoir  sur  lés  bancs  de  nos  écoles  et  de  nos  académies 
pour  s'initier  à  nos  sciences,  à  nos  lettres,  à  nos  arts,  à  notre  in*^ 
dustrie.  Bien  mieux,  chaque  année  nous  allions  cheis  eux  acheter 
une  infinité  de  produits^  que  nous  aurions  pu  fabriquer,  parce  que 
leur  fisc,  plus  intelligent  que  le  nôtre,  sait  dégrever  à  propos  de  tous 
droits  les  marchandises  dont  il  veut  fayoriser  Texportation  ;  l'alcool 
est  dans  ee  cas^  et  déjà  nous  arons  demandé  à  la  Société  de  phar- 
macie de  Paris  qu'elle  Teuille  bien  prendre  l'initiative  d'une  péti- 
tion lorsqu'un  gouyernement  sera  régulièrement  constitué,  et  dont 
le  but  sera  d'enlever  tous  les  droits  d'octroi  sur  les  alcools  em- 
ployés  à  composer  quelques  produits  chimiques  ;  il  en  résultera  que 
nos  droguistes^  n'étant  plus  attirés  par  le  bon  marché^  n'iront 
plus  chercher  des  alcaloïdes  et  quelques  produits  tinctoriaux  qu'ils 
pourront  les  préparer^  supérieurs  en  qualité  et  au  même  prix; 
BOUS  disons  qualité,  car  nous  avons  eu  l'occasion  de  signaler 
la  digitaline^  la  strychnine  et  quelques  autres  alcaloïdes  de  cette 
provenance  comme  médicaments  défectueux.  Que  faire  contre 
Tappât  du  gain  ? 

Ctomme  il  pourrait  résulter  des  fraudes  et  des  pertes  énormes 
pour  l'Etat  en  détournant  les  alcools  de  leur  destination,  il  serait 
spécifié  que  cette  substance  serait  dénaturée,  c'est-à-dire  qu'on  lui 
ajouterait  une  huile  aromatique  telle  que  Tessence  de  térébenthine, 
qui  empêcherait  qu'on  la  Ht  entrer  dans  les  liqueurs  de  table,  ou 
qu'en  le  transformât  en  eau-de-vie^  kirchv^asser  ou  rhum. 

n  est  encore  une  autre  substance  que  nous  faisons  venir  de 
FAllemagne  et  quelquefois  d'Espagne^  c'est  le  blanc  des  œufs 
desséché. 

La  dessiccation  des  blancs  d'oeufs  exige  de  grands  soins.  Pour 
l'obtenir,  on  les  étale  au  moyen  d'un  pinceau  sur  des  plaques  en 
tdle  ou  dans  des  assiettes  que  Ton  porte  dans  des  étuves  ou  dans 
des  chambres  chaudes,  bien  aérées }  lorsque  cette  première  couche 
est  sèche,  on  hti  en  ajoute  deux^  trois,  quatre^  jusqu'à  ce  qu'on  ait 
obtenu  l'épaisseur  dVm  centime.  L'albumine  desséchéeest  en  écailles 
on  en  plaques  de  diverses  grandeurs,  d'une  couleur  jaunâtre,  sans 
odeur,  d\ine  saveur  partkuUère  ;  elle  est  brillante  à  la  lumière. 

Un  œuf  de  poule  laisse^  après  la  dessiccation  de  son  albu-* 
mine,  un  résidu  qui  pèse  3  à  3^,50,  rarement  4  grammes.  Dans 
ce  cas^  il  faut  que  l'oeuf  soit  très-gros.  Le  prix  marchand  de  l'al- 
bumine est  de  ÏOO  francs  le  kilogramme.  Pendant  le  siége^  cette 
iul»tance  était  devenue  un  aliment  de  luxe  ;  messieurs  les  épiciers 


-  80  — 

semblaient  faire  une  très-grantle  faveur  au  public  en  la  vendant  au 
détail  sur  le  prix  de  600  francs  le  kilogramme. 

Aujourd'hui  beaucoup  de  confiseurs,  au  lieu  de  blancs  d'œufs, 
se  servent  d'albumine  desséchée  pour  blanchir  la  pâte  de  gomme 
dite  pâte  de  guimauve.  L'essai  que  nous  en  avons  fait  nous  a  par- 
faitement réussi.  Pour  1  kilogramme  de  gomme  arabique  et  au- 
tant de  sucre,  nous  avons  mis  ^2  grammes  d'albumine^  qui  repré- 
sentent douze  œufs.  Voici  comment  on  opère  :  on  met  l'albumine 
dans  une  capsule  avec  de  l'eau  ordinaire,  150  grammes  à  peu  près. 
On  chauffe  le  mélange  au  bain-marie  en  remuant  continuellement 
avec  une  spatule  de  bois  ;  il  est  une  condition  à  observer,  c^est 
que  les  deux  liquides  n'arrivent  pas  à  TébuUition;  on  laisse  re- 
froidir la  solution,  puis  on  la  fouette  avec  un  balai  pour  l'amener 
à  Tétat  de  neige. 

Nous  savons  que  la  richesse  d'un  pays  consiste  à  attirer  chez 
lui  des  acheteurs,  à  encaisser  le  plus  possible  de  numéraire  de 
l'étranger,  à  ne  lui  en  rendre  que  très-peu  ;  aussi  loin  de  nous  la 
pensée  de  blâmer  l'exportation  des  œufs  que  nous  faisons  à  TAn- 
gleterre  et  de  l'entraver  :  elle  nous  en  achète  pour  3  millions  de 
francs  par  année.  Nous  souhaitons  qu^elle  continue.  Il  en  résulte 
que  l'hiver,  dans  les  villes  et  surtout  à  Paris,  les  œufs  sont  tou- 
jours chers,  et  déjà  nous  avions  proposé  deux  procédés  pour  avoir 
de  l'albumine  que  l'on  peut  employer  en  thérapeutique  et  en 
pharmacie  dans  la  clarification  des  sirops;  le  premier  moyen  con- 
siste à  faire  avec  des  blancs  d'œufs  et  du  sucre  un  sirop  dont  les 
proportions  sont  si  bien  définies,  que  le  médecin  peut  le  prescrire 
pour  combattre  la  diarrhée.  L'autre  formule  consiste  à  diviser  les 
blancs  d'œufs  dans  du  charbon  animal  purifié  ayec  de  Tacide  hy- 
drochlorique.  Ce  charbon  albuminé  jouit  de  la  propriété  de  colorer 
et  de  clarifier  le  sucre  en  même  temps  ^  bien  des  fois  il  a  rendu  de 
grands  services  aux  raffineurs  qui  manquaient  du  sang  des  animaux 
que  Ton  tue  dans  les  abattoirs  pour  notre  alimentation. 

Ce  nouveau  moyen  de  conserver  l'albumine  de  Tœuf  est  d'une 
exécution  simple,  facile  ;  il  n*exige  aucune  manipulation^  aucun 
appareil;  les  médecins,  les  pharmaciens  qui  habitent  les  campagnes 
peuvent  s'en  occuper  d'une  manière  fructueuse  ;  les  fermiers  et 
tous  les  agriculteurs  y  trouveront  une  source  de  grands  bénéfices. 
On  opère  de  la  manière  suivante  :  on  prend  du  grès  ou  du  sable 
très*fin^  on  le  lave  de  manière  à  ce  qu'il  ne  contienne  plus  de 
matières  végéto-animales  ou  minérales  solubles  ;  lorsqu'il  est  sec, 
on  Tétale  sur  une  table.  Supposons  qu'on  opère  sur  10  kilo- 


—  81  — 

grammes^  chaque  jour  ou  mélange  à  ce  sable  des  blancs  d'œufs, 
les  jaunes  peuvent  servir,  sous  mille  formes,  à  Talimentation  de 
l'homme  et  même  à  celle  des  animaux,  ou  à  la  préparation  des 
peaux  destinées  à  faire  des  gants.  Leur  dessiccation  est  prompte, 
parce  que  l'opération  doit  se  faire  dans  un  endroit  chaud^  aéré, 
exempt  d'humidité;  on  continue  ainsi  jusqu'à  ce  que  chaque  grain 
de  sable  ait  acquis  un  certain  volume.  Pour  se  rendre  un  compte 
exact  de  la  valeur  de  ce  sable  et  de  la  quantité  d'œufs  qu'il  repré- 
sente, l'estimation  en  est  facile  ^  on  en  prend  iOO  grammes,  on 
les  met  dans  un  vase  en  terre  ou  en  faïence  avec  une  suffisante 
quantité  d'eau ,  on  chauffe  en   remuant  continuellement  et  en 
n'élevant  pas  la  température  au  delà  de  60  degrés  ;  on  jette  le 
mélange  sur  un  filtre,  on  lave  ensuite  le  sable  à  grande  eau,  puis 
on  le  laisse  sécher  ;  en  pesant  le  sable  restant,  on  se  rend  un  compte 
exact  de  la  quantité  d'œufs  qu'on  a  employés,  par  conséquent  de 
ce  qu'il  coûte,  de  ce  qu  on  doit  le  vendre.  Les  pharmaciens,  les 
confiseurs,  les  liquoristes,  les  teinturiers,  les  apprèteurs  de  tissus 
qui  emploient,  de  grandes  quantités  d'albumine,  doivent  l'isoler  par 
le  même  procédé  qu'on  emploie  pour  en  estimer  la  valeur.  On  doit 
le  conserver  dans  des  boîtes  en  bois  ou  en  ffer-blanc  ;  on  peut  se 
servir  de  vases  en  verre,  en  grès  ou  en  terre,  pourvu  qu^ils  ferment 
hermétiquement. 

Il  y  a  vingt  ans  nous  avons  proposé  le  même  moyen  pour  con- 
server le  suc  des  plantes  exotiques  que  les  naturalistes  désirent 
analyser.  On  opère  de  la  manière  suivante  :  on  broie  la  plante 
verte  entre  deux  pierres,  avec  l'aide  des  mains  on  exprime  le  suc 
de  la  plante  dans  du  sable,  que  Ton  fait  sécher.  Nous  savons  que 
ce  mode  d'obtenir  des  extraits  a  déjà  rendu  des  services  à  la  science, 
nous  espérons  qu'il  en  sera  de  même  des  blancs  d'œufs  pour  Pin- 
dostrie. 

Déflinffectloii  du  sulfare  de  earlioiie. 

On  arrive  à  purifier  parfaitement  le  sulfure  de  carbone  en  le  met- 
tanten  contact  pendant  vingt-quatre  heures  avec  0,005  ou  un  demi 
pour  100  de  son  poids  de  sublimé  corrosif  en  poudre  fine,en  ayant 
soin  d'agiter  de  temps  en  temps  le  mélange;  le  sel  mercuriel  se 
combine  avec  la  matière  sulfurée  à  odeur  fétide,  et  la  combinai- 
son se  décompose  au  fond  du  flacon  ;  on  décante  alors  le  liquide 
dair  et  l'on  y  ajoilte  0,02  de  son  poids  d'un  corps  gras  ino- 

TOHELXXX.  2°  LIVH.  G 


—  82  — 

dore  ;  on  distille  ensuite  le  mélange  au  bain-marie  &  une  tempe-» 
rature  modérée,  en  ayant  soin  de  bien  refroidir  les  vapeurs,  afin 
de  les  condenser  complètement. 

Le  sulfure  de  carbone  ainsi  purifié  possède  une  odeur  éthérëe 
bien  difféi*ente  de  celle  du  produit  brut  ;  on  peut  Remployer  dans 
cet  état  pour  le  traitement  des  produits  oléagineux,  il  abandonné 
par  évaporation  la  matière  grasse  dans  le  même  état  que  si  elle 
avait  été  obtenue  par  la  pression.  {Répertoire  de  pharmacie.) 


Mixlure  coulre  la  carie  dauloorcuae  den  denta. 

Voici  deux  formules  que  nous  empruntons  à  M.  le  docteur 
Magitot  : 

Pr.    Teinture  d'aconit )  ^  ^ 

Liqueur  des  Hollandais  )      " 

Teinture  de  benjoin 8       — 

Pr.    Ghlorofocme -. 5  grammes. 

Laudanum  de  Sydenham 2       — 

Teinture  de  benjoin 10      — 

On  place  dans  la  cavité  de  la  dent  cariée  une  boulette  de  coton 
imbibée  de  Tun  de  ces  mélanges,  et  ou  en  réitère  l'application 
matin  et  soir  jusqu'à  ce  que  Tinsensibilité  soit  obtenue.  Ce  résultat 
atteint,  on  peut  obturer  définitivement  la  cavité  deataire  y  mais 
quelquefois  on  n'arrive  à  ce  but  qu'après  avoir  recouru  à  des  cau- 
térisations superficielles.  (Répertoire  de  pharmacie,) 


Phénate  de  potaane. 

Ce  sel  peut  être  préparé  par  deux  procédés  :  soit  par  solution, 
soit  par  fusion. 

Si  des  solutions  alcooliques  de  94  d'acide  phénique  et  56  de 
potasse  caustique  sont  mêlées  et  évaporées,  par  le  refroidissement^ 
on  a  une  masse  cristalline  composée  de  petites  plaques  micacées 
transparentes  et  très^Hnes.  Ce  sel,  séché  au-dessus  de  Tacide  su!- 
furique^  constitue  le  phénate  de  potasse  pur. 

Pour  préparer  le  même  sel^par  voie  sèche^  on  prend  37,4  par- 
ties d'hydrate  de  potasse  ajoutées  peu  à  peu  à  62,6  parties  diacide 
phénique^  jusqu'à  ce  que  la  masse  cesse  d'êt^p  parfaitement  ho- 
mogène. 


• 


—  83  — 

Ce  sel,  quel  que  soit  le  modus  faciendi  qui  Ta  créé,  attire  l'hu- 
midité  de  l'air  et  se  colore  en  jaune,  puis  en  brun.  Très-soluble 
dans  l'eau  et  Talcool,  moins  dans  Péther.  Il  ne  renferme  point 
d'eau  de  cristallisation,  mais  il  retient^reau  de  composition  de  ses 
constituants  respectifs,  et  cette  eau  ne  peut  lui  être  enlevée  sans 
d^omposition  du  sel.  Quatre  analyses  ont  formulé  sa  composition 
ainsi  qu'il  suit  : 

Acide  phénique 56s^60 

Hydrate  de  potasse 31    ,30 

Eau 12    ,00 

99gr,90 

Ce  qui  amène  l'expression  GWO,KHO. 

Ce  sel  entre  de  plus  en  plus  dans  l'usage  médical.  Comme  désin- 
fectant, il  remplace  avantageusement  Tacide  phénique  lui-même. 
(Anntuiire  pharmaceutique  et  Journal  de  médecine  de  Bruxelles,) 


PhéDaté  de  potasse,  réaeilf  de  la  présence  de  l'eau  daim  Téf  her. 

Comme  le  phénate  de  potasse  est  absolument  insoluble  dans 
Mher  anhydre,  pendant  que  l'éther  hydraté  le  dissout  partielle- 
ment, il  en  résulte  que  l'éther  anhydre  reste  incolore^  tandis  que 
Télher  hydraté  prend  une  couleur  rouge  à  cause  du  phénate  de 
potasse  qu'il  a  dissous.  Par  ce  moyen,  l'auteur  reconnaît  la  présence 
de  2,5  pour  1000  d'eau  dans  l'éther.  {lôid,) 


CLINIQUE  DE  LA  VILLE 

Blessure  de  l'artère  huuéràle  par  arme  a  feu;  gubrison 
spontanée  de  la  plaie  artérielle;  absence  de  suppuration  dfi 
lA  PLAIE  DES  PARTIES  MOLLES  (1).  —  Il  S 'agit,  daus  ccttc  obscrva- 
tioD^  d'un  jeune  officier  de  la  garde  nationale  mobile  qui  fut  blessé 
au  bras  gauche  dans  la  matinée  du  18  octobti*e  dernier  par  un  coup 
,  de  revolver  involontairement  déchargé  sui*  lui. 

La  douleur  fut  minime;  mais  une  hémorrhagie  abondante  se 
déclara^  que  Ton  arrêta  au  moyen  d'une  pression  modérée,  du 
repos  et  des  applications  froides. 

(1)  Gommanication  de  M.  le  professeur  Verneuil  à  la  Société  de  chirurgie^ 
féaiice  du  7  déceinbre  1870  (compte  rendu  de  l'Union  médicale). 


—  84  — 

Appelé  auprès  du  blessé  par  le  médecin  bal)il!iel  de  ce  dernier, 
M.  Verneuil  le  vit  dans  la  soirée  du  même  jour.  Le  bras,  fléchi  à 
angle  droit,  reposait  sur  un  coussin  ;  l'hémorrhagie  ne  s'était  pas 
reproduite  ;  quelques  caillots  peu  voluniineux  recouvraient  seule- 
ment la  plaie  d'entrée.  Pas  de  douleur,  sensation  d'engourdissement 
etde  pesanteur  dans  Tavant-bras  et  la  main,  avec  légère  diminution' 
de  la  température  appréciable  au  toucher,  mais  conservation  de  la 
sensibilité  et  du  mouvement  dans  toute  l'étendue  du  membre. 

Absence  complète  du  pouls  aux  artères  radiale  et  cubitale,  au  pli 
du  coude  et  dans  le  tiers  inférieur  du  bras  ;  il  reparaît  au  tiers  su- 
périeur. Au  tiers  moyen,  on  constate  une  légère  tuméfaction  sur  le 
trajet  de  Tartèrehumérale,  et  là,  dans  une  étendue  de  plusieurs  cen- 
timètres de  longueur,  sur  trois  de  largeur,  existent  des  pulsations 
très-évidentes  avec  expansion  appréciable.  L'auscultation  n'est 
point  pratiquée  dans  la  crainte  d'imprimer  au  membre  des  mouve- 
ments nuisibles. 

M.  Verneuil  conclut  de  ces  constatations  qu*il  y  a  section  de  Tar- 
tère  humérale  avec  commencement  d'anévrysmc  faux  primitif. 

Ce  diagnostic  s'appuie  sur  les  commémoratifs  v\  sur  l'examen  de 
la  blessure.  En  effet,  le  projectile  est  cylindro-coniquc  et  de  petit 
calibre  (7  millimètres  de  diamètre).  Les  blessures  faites  par  ce» 
balles  ne  donnent  lieu  qu'à  une  hémorrhagie  insignifiante  quand 
elles  ne  traversent  que  les  tissus  cutané  et  musculaire.  Or  le  blessé 
affirme  que  le  sang  est  sorti  en  abondance  et  en  bouillonnant.  Un 
vaisseau  important  a  donc  été  atteint,  et  comme  en  ce  point  Tartère 
humérale  ne  donne  pas  de  branche  notable,  elle  seule  a  pu  fournir 
l'hémorrhagie.  D'ailleurs  la  balle  entrée  par  la  partie  antérieure  du 
bras,  vers  la  partie  moyenne,  à  l'union  du  tiers  interne  avec  les 
deux  tiers  externes  de  la  face  antérieure  du  biceps,  est  sortie  à 
l'union  de  la  face  interne  avec  la  face  postérieure  du  bras.  En 
raison  du  grand  développement  des  muscles,  la  distance  entre  le 
trou  d'entrée  et  celui  de  sortie  mesure  environ  9  à  10  centimètres. 
On  comprend  très-bien  que  l'artère  humérale  ait  été  atteinte, 
étant  comprise  dans  ce  trajet.  On  peut  seulement  s'étonner  que  les 
nerfs  satellites  n'aient  point  été  tranchés.  Le  petit  volume  du  pro- 
jectile explique  seul  cet  heureux  hasard. 

Les  trous  d'entrée  et  de  sortie  sont  à  peu  près  égaux  et  de  petite 
dimension,  remplis  seulement  par  un  caillot  de  quelques  milli- 
mètres. 

Malgré  la  bénignité  apparente  de  la  blessure,  on  pouvait  craindre 


—  So- 
ie retour  de  Thémorrhagie  ou  raccroissement  de  ranëvrysme  faux. 
M.  Verneuil  songea  donc  à  prévenir  au  plus  tôt  Tune  et  Pautre  de 
ces  éventualités  en  découvrant  le  point  blessé  et  en  liant  les  deux 
botits  de  la  plaie  artérielle. 

L'absence  de  gonflement;et  d'inflammation,  la  proportion  minime 
Je  l'épanchement  sanguin  auraient  rendu  facile  cette  petite  opéra- 
lion,  le  point  blessé  devant  se  trouver  nécessairement  à  Tintersec- 
lion  du  trajet  de  la  blessure  et  de  la  ligne  fictive  qui  indique  la 
situation  normale  du  vaisseau.  Diverses  causes  firent  ajourner 
l'opération,  qui  d'ailleurs  n'était  pas  urgente. 

Une  attelle  de  bois  léger  en  forme  d'équerre  et  convenablement 
garnie  fut  placée  sous  le  membre  et  assujettie  de  façon  à  assurer 
l'immobilité  complète.  Des  compresses  pliées  en  plusieurs  doubles 
et  imbibées  d'un  liquide  résolutif  et  réfrigérant  furent  appliquées 
«ur  le  bras  avec  recommandation  de  les  renouveler  sans  cesse.  Quel- 
ques grains  d'opium  furent  prescrits  pour  assurer  une  nuit  tranquille. 
Le  lendemain,  à  onze  heures,  aucun  changement  notable  n'était 
survenu  dans  l'état  du  blessé  ,  Fépanchement  sanguin  n'avait  pas 
augmenté;  les  battements  semblaient  même  amoindris;  pas  de 
douleur  locale,  pas  d'indice  d'inflammation  ni  aux  orifices,  ni  dans 
la  profondeur  de  la  plaie.  M.  Verneuil  crut  devoir  attendre  encore, 
encouragé  d'ailleurs  par  le  conseil  de  M.  Larrey. 

Les  jours  suivants  ne  furent  marqués  par  aucun  incident.  La 
tumeur  sanguine  disparut  peu  à  peu,  remplacée  par  une  induration 
diffuse  assez  étendue.  Les  battements  cessèrent  vers  le  quatrième 
jour,  et  les  plaies  recouvertes  d'une  petite  croûte  noirâtre  se  cica- 
trisèrent sans  suppuration.  L'immobilisation  complète  du  bras  à 
l'aide  de  Tatlelle  coudée  fut  néanmoins  maintenue  pendant  une 
quinzaine  de  jours. 

M.  Verneuil  a  revu  le  malade  le  5  et  le  20  novembre.  Sauf  Tab- 
seocedu  pouls  et  une  légère  raideur  tenant  à  l'immobilité  prolongée 
et  à  l'induration  persistante  de  la  gaine  du  vaisseau^  le  membre 
ëtait  dans  des  conditions  telles  qu'il  lui  a  paru  apte  à  reprendre  ses 
fonctions  normales. 

Cette  observation  fournit  un  exemple  assez  rare  de  guérison 
spontanée  d'une  blessure  artérielle  par  projectile  de  guerre.  Le 
petit  volume  de  celui-ci,  l'étroitessc  et  la  longueur  du  trajet,  sur- 
tout Tabsence  d'inflammation  et  de  suppuration,  Timinobilité  du 
membre,  ont  certainement  contribué  à  divers  litres  à  l'héniostase 
pontanée,  d'abord  provisoire,  puis  définitive. 


—  86  — 

Ce  fait  peut  êlre  rapproché  d'un  fait  semblable  communiqué  Pan- 
née  dernière  par  M.  Yerneuii  à  la  Société  de  chirurgie,  et  dans 
lequel  une  balle  de  revolver  ayant  blessé  la  carotide  et  la  jugulaire, 
il  en  résulta  un  anévrysme  artério- veineux,  qui  persiste  encore 
aujourd'hui^  mais  qui  n'a  jamais  déterminé  d'accident  grave.  La 
plaie  s'était  également  cicatrisée  sans  suppuration.  La  chance 
d'arrêt  définitif  d'une  hémon^hagie  après  hémostase  provisoire  ne 
doit  pas  cependant  faire  abroger  la  règle  d'aller  à  la  recherche  du 
vaisseau  blessé  et  d'en  lier  les  deux  bouts.  Un  ou  deux  faits  excep- 
tionnels ne  peuvent  pas  faire  loi. 

L'abstention  est  réellement  indiquée  si  le  trajet  de  la  plaie  n'est 
pas  exposé  à  s'enflammer  et  à  suppurer,  si  le  malade  est  d'une  bonne 
constitution  et  n'est  pas  menacé  d'accidents  généraux,  si  enfin  le 
milieu  est  favorable.  Dans  les  conditions  contraires,  les  hémor- 
rhagies  secondaires  sont  si  menaçantes  et  si  probables,  qu'on  ne 
doit  pas  hésiter  à  prendre  contre  elles  la  précaution  par  excellence, 
c'est-à-dire  la  hgature  des  deux  bouts  du  vaisseau  blessé. 


RÉPERTOIRE  MÉDICAL 


REVUE  DES  JOURNAUX 


Variole  mortelle  ehez  un 
enfant  vacciné  depuis  dix 
Jours.-—  Revaccinations 
nombreuses  avec  du  vaccin 
emprunté  À  cet  enfant.  —  Suc  - 
ces  de  ces  dernières  sans 
transmission  de  la  petite  vé- 
role. Un  enfant  de  vingt-sept  jours^ 
doué  des  plus  belles  apparences  de 
santé,  fut  apporté  le  28  février  1870 
à  l  hospice  des  Enfants  assistés,  et 
vacciné  des  le  lendemain.  Deux  bou- 
tons seulement  se  développèrent  sur 
le  bras  g^auche. 

Le  8  mars,  en  raison  da  bel  aspect 
de  ces  boutons  et  de  la  vigueur  de 
l'enfant,  celui-ci  fut  choisi  par  les  re- 
ligieuses de  l'hospice  pour  servir  à 
leur  propre  vaccination.  Ce  choix 
d'ailleurs  ne  fut  définitif  qu'après  ren- 
seignements favorables  sur  la  santé 
des  parents.  Bref,  il  s'agissait  d'un 
spécimen  rare  de  beau  vaccinifëre. 

Une  vingtaine  de  religieuses  de 
vingt  à  soixante-cinq  ans  furent  donc 
revaccinées  par  l'une  d'entre  elles. 


De  plus,  le  même  enfant  servit,  con- 
curremment avec  un  autre,  à  la  revac^ 
cination  d'une  quinzaine  d'inrirroiëres, 
âgées  de  vingt  à  trente  ans,  de  même 
qu'à  celle  de  tout  un  pensionnat  de 
jeunes  filles.  Ces  diverses  inoculations 
furent  toutes  pratiquées  le  même  joar, 
8  mars,  alors  que  l'enfant  ne  présen- 
tait aucun  signe  de  maladie. 

Cependant,  des  le  lendemain  an 
soir  apparaissait,  sur  le  corps  du  vac- 
cinifëre en  question,  une  éruption  qnî, 
d'ai)ord  douteuse,  se  caractérisa  bien- 
tôt de  façon  à  ne  laisser  aucune  hési- 
tation sur  sa  nature;  il  s'agissait 
d'une  petite  vérole.  Le  12  mars,  lors- 
que l'enfant  me  fut  présenté,  je  consta- 
tai, dit  M.  Guéniot,  que  l'éruption 
avait  envahi  toutes  les  régions  da 
corps  et  se  composait  de  boutons  apla- 
tis, dont  un  bon  nombre  étaient  om- 
biliqués.  Très-abondante  au  visage^ 
discrète  sur  le  tronc  et  sur  les  cuisse», 
elle  se  montrait  confluente  à  la  partie 
inférieure  des  jambes,  oii,  chose  sin- 
gulière, les  pustules  étaient  pins  dé- 


—  87 


▼•loppées  que  partout  ailleurv*  Ven- 
liiil  était  dans  la  prostration. 

Les  deux  boutons  de  vaccine,  re- 
CMYerta  d'une  croûte  mince  et  bru-r 
nàtro^  oonservaient  leur  forme  régu- 
lière ;  mais  ils  n'offraient  pas  d'au- 
réole inflammatoire.  Ils  semblaient 
dépourvus  de  vitalité. 

Le  13  mars,  l'enfant,  de  plus  en 

eus  affaissé,  était  dans  la  torpeur. 
D6  tuméfaction  légëre  se  remarquait 
au  visage,  et  l'éruption,  quoique  se 
disant  avec  difficulté,  paraissuit  un 
pen  plus  abondante,  La  mort  survint 
dans  la  soirée. 

Quant  aux  personnes  revaccinées,  la 
plupart  d'entre  elles  eurent  de  la  vac- 
cinoîde:  un  bon  nombre  (parmi  les 
jeunes  filles),  de  la  vraie  (?),  et  quel- 
ques-unes seulement  une  éruption  à 
peo  près  iusigiHfiante.  Nais  aucune 
d'entre  elles  ne  fut  atteinte  de  variole, 
Aijourd'boi  même,  3  juillet,  je  ne  sa- 
che pas  qu^une  seule  des  revaccinées 
ait  payé  le  moindre  tribut  à  Tépidé- 
mie  régnante. 

Cette  observation  me  semble  venir 
à  Tappui  de  plusieurs  vérités  déjà 
eonoaes.  quoique  toujours  contestées. 
Elle  tend  à  prouver,  en  effet  :  i°  que 
le  poison  variolique  peut  exister  dans 
l'organisme  pendant  plus  de  huit  jours 
sans  se  révéler  par  aucun  symptôme 
(i  moins  que  l'on  n'admette  l'hypo- 
tbëat,  d'ailleurs  acceptable, d'une  con- 
tagion postérieure  de  quelques  jours  à 
la  vaccination)  ;  2^  que  l'éruption  vac- 
cinale, quoique  datant  de  f>ept  jours, 
l'a  pi  conjurer  ni  l'explosion  de  la 
varÎMa  ni  sas  conséquences  funestes  ; 
3»  enfin  que  le  vaccin  pris  sur  un  su- 
jet en  puissance  de  variole  est  aussi 
efficace  que  tout  autre,  et  n'expose  pas 
à  11  transalssion  du  poison  variolique. 
{Gm.  des  Adp.,  1870,  n^  100.) 

Uéwm^^pijmîm  de  Datnre  In- 
teemiUrace.  Il  est  du  devoir  de 
toat médecin,  -dit  M.  le  docteur  Fou- 
rëre  de  Courson,  de,  relater  les  faits 
rires  4e  sa  pratique;  aussi  allons- 
iMs  parler  d'une  forme  d'hémop- 
lyaie  peu  commune. 

Mais  fûmes  appelé  le  !«'  janvier  de 
tttte  année  auprès  d'un  cultivateur, 
âgé  d'environ  quarante-cinq  ans,  qui 
ttpoia  deux  jours  expectorait  du  sang 
m  grande  quantité.  (Notons  en  pas- 
sait qae  le  malade,  d'une  (rës-bonne 
coistîtiition,  n'a  jamais  eu  de  fièvre 
iatermitlente,  et  que  la  préscncf^  de 
liberealce  dms  les  poumons  doit  être 
Uni  à  fait  écartée  comme  cause  d'hé- 


moptysie.) Nous  pratiquons  imipé- 
diatement  une  saignée  d'environ 
200  grammes.  A  notre  visite  du  len- 
demain matin,  l'hémoptysie  continue,^ 
Nous  employons  successivement  la 
ligature  des  quatre  extrémités,  les 
préparations  de  perchlorure  de  fer, 
ratanbia,  pilules  au  seigle  ergoté  et  à 
la  digitale.  Inutilité  complète  de  tous 
ces  moyens. 

Le  malade  est  trës-affaibli  et  sur- 
tout trfes-effrayé. 

Néanmoins,  depuis  quatre  à  cinq 
jours  que  cela  dure,  nous  remarquons 
avec  le  patient  que  c'est  surtout  le 
matin,  vers  six  ou  sept  heures,  que  la 
quantité  de  sang  expectorée  est  plus 
considérable. 

Alors,  aidé  de  nos  souvenirs,  nous 
nous  rappelons  un  cas  absolument 
semblable,  observé  dans  les  hôpitaux 
de  Montpellier,  et  nous  n'hésitons  pas 
à  poser  le  diagnostic  :  Hémoptysie  de 
nature  intermittente. 

En  effet,  le  malade  prend  le  soir 
1  gramme  de  sulfate  de  quinine  en 
quatre  pilules,  et  l'hémoptysie  di- 
minue notablement.  Celte  dose  est 
répétée  trois  fois,  et  l'hémoptysie 
cesse  complètement  pour  ne  plus  re- 
venir :  Curationes  naturam  morbo- 
rum  ostendunt. 

Dans  le  pays  oii  nous  exerçons,  les 
fièvres  intermittentes  étaient  trës- 
communes  il  y  a  quelques  dizaines 
d'années,  mais  depuis  que  la  culture 
des  céréales  a  fait  place  à  celle  de  la 
vigne,  que  les  marais  sont  assainis  par 
leur  transformation  en  riches  prai- 
ries, le  type  classique  de  la  fîf>vre  in- 
termiltente  à  trois  périodes  devient 
l'exception.  C'est  ainsi  que  nous  ob- 
servous  le  plus  souvent  dîes  névralgies 
du  trifacial,  sciatique,  intercostale, 
lombo-abdominale.  des  diarrhées  in- 
termittentes, et  enfin,  pour  que  rien 
ne  manque  a  ce  tableau  de  fièvres  lar- 
vées, rhémoptysie  intermittente. 

Pourquoi  ce  déguisement  de  la  fiè- 
vre paludéenne?  Nous  ne  saurions  le 
dire. 

Quant  à  l'hémoptysie,  on  peut  con- 
cevoir son  mode  de  formation.  Dans 
l'empoisonnement  miasmatique,  il  se 
fait  un  mouvement  fluxionnaire  qui  se 
porte,  dans  la  majorité  des  cas,  sur  la 
rate  ou  le  foie  ;  si  le  courant  est  di- 
rigé sur  les  poumons,  une  hémop- 
tysie ou  même  une  pneumonie  inter- 
mittente peuvent  en  être  la  consé- 
quence. 

Cette  observation  prouve  que,  dans 
les  pays  oii  les  fièvres  à  accès  régnent 


—  88  — 


endémiquement,  le  médecin  doit  tou- 
jours avoir  à  sa  pensée  Fidée  de  l'élé- 
ment intermittent  pour  tant  que  la 
maladie  qu*il  aura  à  combattre  s'éloi- 
gne en  apparence.  (Gaz,  des  hôp,, 
1870,  no  69.) 

Doit- on  toajonrs  chercher 
it,  g^uérir  la  fn^astralgie  ?  Et  d'à-, 
bord  il  importe  de  ne  pas  confondre  la 
gastralgie  avec  la  dyspepsie  doulou- 
reuse. La  gastralgie  est  la  névralgie  de 
l'estomac  caractérisée  par  des  accës 
dont  la  durée  est  limitée  et  que  séparent 
des  intervalles  dosante  parfaite. Le  gas- 
tralgique  pur  n^est  pas  dyspeptique  : 
en  dehors  des  accbs  et  quelquefois 
même  pendant  les  accës,  la  diges- 
tion s'opère  trës-bien,  aussi  l'état  gé- 
néral du  malade  est-il  excellent,  il  ne 
maigrit  pas,  son  teint  reste  bon  et  ses 
forces  intactes,  surtout  si  les  accbs  sont 
séparés  par  d'assez  longs  intervalles. 
Cette  distinction  a  son  importance 
pratique.  Dans  la  véritable  gastral- 
gie les  eaux  bicarbonatées  sodiques, 
fortement  minéralisées  ,  réussissent 
trës-bien.  Dans  la  dyspepsie  doulou- 
reuse^ au  contraire,  elles  augmentent 
la  douleur  et  donneraient^  si  Ton  n'y 
prend  garde,  un  caractère  inflamma- 
toire :  il  faut  débuter  par  une  eau 
alcaline  presque  indifférente  et  au 
besoin  même  la  couper  avec  du  lait 
ou  un  sirop  quelconque. 

Ceci  étant  établi,  cette  question  se 
pose  tout  d'abord  :  Doit -on  toujours 
chercher  à  guérir  la  gastralgie? 
M.  Bourgarel  répond  :  non.  Toute 
affection  de  nature  névralgique,  lors- 
qu'elle est  trop  brusquement  suppri- 
mée par  une  médication  imprudente, 
ou  qu'elle  disparaît  elle-même  subi- 
tement^ est  souvent  remplacée  par 
une  affection  de  même  nature  ou  de 
nature  différente  ayant  pour  siège  le 
même  organe  ou  un  organe  plus  ou 
moins  éloigné  :  et  souvent  le  malade 
ne  gagne  pas  au  changement. 

L'auteur  cite  plusieurs  exemples  à 
l'appui  de  celte  assertion  : 

lo  Une  vieille  femme  souffrait 
horriblement  d'une  névralgie  faciale 
gauche:  des  applications  calmantes 
enlèvent  la  douleur,  mais  il  survint 
de  violentes  palpitations,  deToppres- 
sion,  un  sentiment  d'angoisse  ex- 
trême et  l'état  de  la  malade  devint 
très -alarmant.  Tous  ces  accidents  dis- 
parurent en  même  temps  que  revint 
la  névralgie  lorsqu'on  eut  cessé  les 
pansements  calmants  ; 
2o  Un   homme  souffrait  depuis  sa 


jeunesse  d'une  gastralgie  qui  fat  en- 
tièrement guérie  au  bout  de  deux 
saisons  passées  à  Vichy  ;  mais  bien- 
tôt survint  une  dyspepsie  intestinale 
très -grave  qui  céda  à  un  traitement 
institué  à  Vais,  pour  être  remplacée, 
par  une  gastrorrhée  sans  gravité, 
mais  désagréable; 

30  Une  dame  de  trente- cinq  ans 
souffrant  d'une  vive  gastralgie,  fait 
disparaître  plusieurs  années  de  suite 
sa  névralgie  stomacale,  mais  chaque 
fois  la  voit  remplacée  soit  par  de  vio- 
lents accès  hystériques,  soit  par  une 
névralgie  de  la  face  ou  une  névralgie 
de  la  grande  brauche  abdominale  du 
plexus  lombaire  droit,  et  surtout  du 
rameau  pubien  de  cette  branche. 
{Marseille  médical^  mai  1870.) 

Epllepsie  slmalée,  son  dia- 
gnostic par  les  caractères 
graphiques  dn  pools.  M.  Voi- 
sin indique  ainsi  ces  caractères  : 

1°  Les  accès  épileptiques,  les  at- 
taques de  vertige  sont  caractérisés 
sphygmographiquement  par  une 
courbe  brisée ,  par  une  longueur 
plus  grande  des  lignes  ascendantes  et 
par  un  dicrotisme  marqué  qui  per- 
siste une  ou  plusieurs  heures  après 
l'accès  : 

2<>  Ces  caractères  ne  se  présentent 
pas  chez  le  malade  hors  de  l'accès, 
ni  sur  l'homme  sain  dont  la  circula- 
tion est  troublée  par  une  course  lon- 
gue et  rapide  ou  par  un  effort  mus- 
culaire prolongé  ; 

30  Ces  caractères  manquent  anssi 
daus  les  cas  d'épilepsie  simulée. 
{Scalpel,)        

Contracture  réflexe  ascen- 
dante par  traumatisme  ar- 
ticulaire, par  Duchenne,  de  Bou- 
logne. A  la  suite  d'une  chute  sur  le 
dos,  du  poignet  par  exemple,  et  du 
traumatisme  articulaire  plus  ou  moins 
marqué  qui  suit,  apparaît  une  con- 
tracture, d'abord  des  muscles  de  la 
région  atteinte  par  le    traumatisme, 

f»uis  des  muscles  voisins  ;  la  dou- 
eur  se  joint  à  la  contracture  et  peq^ 
même  lui  survivre,  indiquant  un  état 
morbide  persistant  de  la  moelle; 
force  et  sensibilité  en  général  sont 
en  même  temps  diminuées.  Le  tra- 
vail de  Pauteur  est  basé  sur  cinq 
observations,  se  ressemblant  beau- 
coup,  dit-il,  et  dont  il  en  rapporte 
une  dont  voici  le  sommaire  :  a  Con- 
tracture réflexe  d'un  grand  nombre 
de  muscles  moteurs  du  membre  su- 


-  89 


périear  droit,  datant  de  deux  ans, 
consécutive  à  une  arlhrile  du  poignet 
de  ce  côté,  produite  par  une  chute 
faite  sur  le  dos  de  la  main  droite, 
rebelle  à  des  médications  variées  et 
à  Papplication  pendant  trente  séances 
de  courants  continus ,  constants  (sui- 
vant la  méthode  de  Remak).  guérie 
en  quelques  séances  par  la  faradisa- 
tiou  énergique  et  à  intermittences  ra- 
pides, des  antagonistes  des  muscles 
contractures,  persistance  des  dou- 
leurs rachidiennes.  d 

M.  Duchenne  rappelle  que  les  con- 
tractures réflexes  observées  dans  la 
coxalgie,  la  tarsalgie,  le  valgus  dou- 
loureux, le  pied  creux  par  contrac- 
ture du  long  péronier,  etc.,  se  sont 
localisées. 

M.  Brown-Sequard  a  signalé  les 
paralysies  réflexes  d'origine  arthri- 
tique; or,  dans  les  malades  de  M.  Du- 
chenne, à  rélément  contracture  était 
joint  aussi  Télément  parésie.  Peut- 
être  la  paralysie  réflexe  arthritique, 
et  la  contracture  réflexe   ascendante 


que  décrit  M.  Duchenne,  ne  sont- 
elles  que  deux  formes  d'une  même 
maladie  médullaire.  Outre  le  succès 
que  M.  Duchenne  a  retiré  de  la  fara- 
disalion  des  antagonistes  des  mus- 
cles contractures,  il  formule  encore  ce 
précepte  thérapeutique,  c'est  que  des 
le  début  de  la  contracture  réflexe  as- 
cendante par  traumatisme  articulaire, 
un  traitement  soit  antiphlogistique, 
soit  énergiquement  révulsif  (ventouses 
scarifiées  ou  sèches,  vésicatoires , 
cautérisations  ponctuées),  doit  être 
appliqué  au  niveau  de  la  région  spi- 
nale qui  innerve  le  membre  affecté, 
car  il  s'agit  ici  d'un  processus  mor- 
bide qui  affecte  la  moelle. 

Dans  le  même  numéro  est  publiée 
une  observation  de  M.  Dubreuil,  sous 
le  titre  :  iyune  observation  peu  con^ 
nue  de  contracture  siégeant  sur  les 
interosseux  palmaires,  survenue  aussi 
à  la  suite  d'une  chute  sur  le  dos  du 

Soignet  comme  dans  l'observation  de 
[.  Duchenne.  {Gaz.  des  hôp. ,  1870, 
janvier.  ) 


TRAVAUX  ACADÉMIQUES 


Ocelnsion  intestinale;  éli- 
mination d'une  portion  d'in- 
testin tS'éle  Ionise  de 
49    centimètres.    Gnérison. 

«  M.  le  docteur  Henri  Dubois,  de  Vil- 
lers-Bretonneux  (Somme),  en  a  trans- 
mis à  l'Académie  un  exemple  remar- 
quable dans  une  observation  d'occlu- 
sion intestinale  avec  élimination  d'une 
portion  d'intestin  grêle  longue  de 
40  centimètres  et  suivie  de  guérison. 

«  En  voici  le  résumé  fidèle  :  le  8  juil- 
let 1860,  un  jeune  homme  de  quinze 
ans,  dans  un  pari,  avale,  avec  les 
noyaux.  500  grammes  de  cerises  noires; 
le  lendemain  matin  il  en  avale  encore 
500  grammes  sans  rejeter  un  seul 
noyau. 

«  Tout  se  passe  bien  jusqu'au  10  au 
matin,  quoique  depuis  le -8  au  soir  il 
n'y  ait  pas  eu  de  selle.  A  ce  moment  se 
déclarent  tout  à  coup  des  coliques 
vives  siégeant  à  Torobilic,  d'oii  elles 
8*irradieut  dans  tout  le  ventre  avec 
violents  désirs  d'aller  à  la  selle,  im- 
possibles à  satisfaire;  angoisse  extrê- 
me, borborygmes  bruyants,  ventre 
sensible,  sueur  froide  de  tout  le  corps, 
accélération  du  pouls.  Boissons  adou- 
cissantt's,  aussitôt  revoraies  ;  onctions 


huileuses  sur  le  ventre,  lavement 
huileux. 

«  Le  11 ,  aggravation  des  symptômes; 
les  vomissements  continuent.  Mêmes 
prescriptions. 

«  Les  jours  suivants,  les  douleurs 
de  ventre  deviennent  de  plus  en  plus 
vives,  principalement  vers  la  fosse 
iliaque  droite;  Tabdomen,  sensible  à 
la  moindre  pression,  est  de  plus  en 
plus  tendu,  rendant  à  la  percussion 
un  son  tympanique,  excepté  dans  la 
fosse  iliaque  droite  et  sur  le  trajet  du 
côlon  ascendant  et  transverse,  et,  le 
15,  on  sent  au  palper  une  tumeur 
globuleuse  qui,  de  la  région  du  c»- 
cum,  s'allonge  dans  la  direction  de 
la  partie  ascendante  du  côlon.  Face 
grippée,  hoquet  (le  15),  prostration 
des  forces;  pouls  fréquent,  petit, 
serré,  s'élevanl  à  128  (le  15);  vomis- 
sements de  matières  muqueuses  et 
bilieuses  le  12,  stercorales  le  13,  ren- 
fermant, le  14,  une  grande  quantité 
de  matières  fécales.  Et  pendant  tout 
ce  temps  pas  de  selle,  malgré  les  pur- 
gatifs, tels  que  sulfate  de  magnésie 
(60  grammes)  les  12  et  15,  pilules 
de  croton,  de  gomme -gutle  et  de  sa- 
vou  médicinal,  lavement  au  miel  de 


—  90  — 


mercuriale  et  friction  d'onguept  iDer»' 
curiel  belladone. 

<  Vu  rinsuccëft  de  ces  moyens  éner- 
giques, et  dans  la  crainte  qu'ils  ne 
deviennent  plus  nuisibles  qu'utiles, 
on  leur  fubstitoe,  le  15,  un  peu  d'huile 
de  ricin,  des  lavements  huileu][,  des 
suppositoires  de  beurre  de  cacao,  des 
cataplasmes,  un  grand  bain,  de  l'eau 
pure  pour  boisson. 

1  Le  17,  améliorstion,Tentre  moins 
tendUj  pouls  à  118;  les  vomissements 
ont  cessé,  et  le  malade  rend  par  l'anus 
quelques  vents  et  des  matières  jaunâ- 
tres, sanguinolentes^  exhalant  une 
odeur  gangreneuse,  TAèmu  pres- 
criptions émoUient^;  bouillon  d« 
pigeon. 

c  Le  18  au  matin^  sueurs  abondantes 
suivies  d'une  syncope  de  quelques 
instants  ;  dans  la  matinée,  étal  sa-* 
tisfaisant,  pouls  à  80;  ventre  plus  sou- 
ple, moins  sensible;  selles  de  matières 
jaunâtres  avec  débris  de  membrane 
muqueuse  intestinale. 

«  Le  19,  selles  de  même  nature, 
pouls  72.  Même  prescription. 

«  Le  20,  le  malade  va  bien,  et,  au 
milieu  des  matières  fécales  rendues  la 
nuit,  on  trouve  une  portion  d'intestin 
grêle  de  40  centimètres  de  long,  sur 
laquelle  on  distingue  visiblement  les 
trois  tuniques  qui  la  constituent. 

a  X  partir  de  ce  moment,  améliora- 
tion de  tous  les  symptOraes  ;  Tappétit 
se  rétablit;  le  ventre  est  souple,  indo- 
lore et  les  selles  sanguinolentes  ont 
disparu. 

«  Le  26,  le  malade  rend  des  matières 
moulées,  mais  il  n'a  pas  encore  rendu 
un  noyau  de  cerise. 

«  Ainsi  voilà  un  fait  dans  lequel  une 
portion  de  rinlestin  est  détachée, 
éliminée,  et  la  voie  des  matières  al^ 
vines  est  rétablie. 

«  Mais  que  sont  devenus  les  noyaux 
avalés?  il  serait  curieux  d'avoir  la 
suite  de  celte  observation  intéres- 
sanle.  »  (Acad.  de  méd,,  rapp.  de 
M.  Barth!) 

Obserwation  de  céphalé- 
matome.  L'A c;i demie  a  reçu  de 
M.  le  docteur  Danvin  (de  Saint-Pol) 
une  curieuse  observation  de  ctfphalé- 
matome  dont  voici  l'analyse  très- 
succincte.  Une  femme  de  trente  et  un 
ans,  fortement  constituée,  primipare 
et  à  terme,  met  au  monde  (le  7  juin), 
par  un  accoucberocnt  facile  et  rapide, 
après  trois  heures  de  doulturs  et  à 
peine  une  demi-heure  d'efforts  expul- 
sifs,  un  enfant  bien  développé,  por- 


tant, au-dessus  et  en  arrière  de  U 
bosse  pariétale  droite,  une  petite  Lu- 
meur,  oblongue  d'avant  en  arrière, 
du  volume  d'une  amande,  qui  s'accroH 
les  jours  suivants,  traitée  seulement 
par  des  compresses  .de  vin  et  d'eaa 
salée. 

Appelé  (le  19  juin),  douze  Jours 
après  la  naissance  de  l'enfant.  M.  Dan- 
vin trouve  une  petite  fille  bien  por^ 
tante,  ne  présentant  rien  d'anormal 
que  la  tumeur  précitée.  Celle-ci  est 
fiuctuanie,  peu  distendue,  indolore  4 
la  pression,  sans  chaleur,  sans  batte* 
menls,  et  la  peau  qui  la  recouvre  n'a 
point  changé  de  couleur. 

Saillant*;  de  deux  centimètres  et 
demi,  elle  mesure  9  centimètres  d'à* 
vant  en  arrière,  8  dans  le  sens  trans- 
versal et  21  centimètres  de  circon- 
férence à  sa  base,  qoi  est  circonscrite 
par  un  cercle  dur,  régulier  dans  sou 
pourtour,  sauf  â  la  partie  antérieure, 
où  il  est  inégal  et  rugueux. 

A  ces  caractères,  le  docteur  Danvin 
reconnaît  un  céphalématome,  et  il 
conseille  des  applic:ilions  astringentes 
et  un  appareil  légèrement  compressif. 

Cinq  jours  après  ^'24  juin),  la  tu- 
meur étant  encore  dans  le  même  état, 
ponction  avec  une  lancette  à  la  partie 
déclive;  issue  de  50  grammes  de 
sang,  qui  présente,  le  lendemain,  un 
caillot  sans  coueqne  pesant  12  gram- 
mes. Après  l'opération,  on  sent  plus 
distinctement  le  bourrelet  osseux,  qu| 
a  environ  4  millimètres  de  relief.  Ap- 
plications de  compresses  imbibées  de 
vin  salé. 

Les  jours  suivants,  aucun  incident^ 
l'enfant  se  porte  bien  ;  l'épanchement, 
qui  s'étiit  un  peu  reproduit  le  lende- 
main de  l'opération,  djminueenmême 
temps  que  le  bourrelet  osseux  de- 
vient moins  sensible,  et  le  ^  il  n'en 
reste  plus  veslige. 

Le  4  juillet,  reproduction  de  la 
tumeur,  avec  des  caractèreit  inflam- 
matoires ;  on  sent  de  nouveau  le  bour<r 
reict  osseux,  mais  moins  saillant  et 
plus  mousse.  Nouvelle  incision  ;  issue 
d'un  sang  noir  mêlé  de  pus,  beaucoup 
de  grumeaux  gris  et  lie  de  vin^  et  des 
bulles  de  gaz  inodore.  Petite  mèch« 
dans  la  plaie  :  cataplasme  de  farine 
de  riz. 

Du  5  au  10,  amélioration  de  l'état 
général^  expulsion  à  chaque  panse- 
ment d'une  certaine  quantité  de  céro- 
sité  roussâtre  et  ôt^  pus  mal  lié.  Ap- 
parition, lo  11,  sur  le  sommet  de  la 
tête,  d'un  petit  abcès,  incisé  le  12, 
avec  issue  u'une  cuillerée  à  dessert  de 


—  91  — 


pis  louable.  Le  17,  Vabcës  s'est  ou- 
tert  dans  la  poche  du  céphalématome. 
Les  deux  cavités  fournissent  un  pus 
de  bonne  nature,  s'aplatissent  peu  à 
peu  ;  récoulement  diminue^  tarit  en- 
an,  et,  le  21  juillet,  la  guérison  est 
eomprete. 

A  la  suite  de  Texposé  trës-détaillé 
de  ce  fait  curieux,  M.  le  docteur  Dan- 
vUi  relève  ce  qu'il  offre  de  plus  inté*- 
ressant  : 

La  reproduction,  avec  des  carac- 
tère! inflammatoires,  de  la  tumeur  et 
de  son  bourrelet  osseux,  après  une 


guérison  complète  en  apparence.  La 
rapidité  de  la  disparition  définitive 
du  cercle  saillant  à  la  base  du  cépha- 
lématome. 

L^  formation  d'un  petit  abcès  sans 
relief  osseux,  contigu  a  la  tumeur  san- 
guine, s'ouvraht  plus  tard  dans  la 
poche  principale,  qui  dès  lors  sup- 
pure franchement  et  arrive  à  bonne 
guérison,  en  ne  laissant  après  elle 
qu'une  légère  déformation  du  crâne 
par  exagération  de  voussure  du  côté 
malade.  {Acad.  dt  méd.,  Rapport  de 
M.Barth.) 


VARIÉTÉS 


Etude  médicale  «ar  réquitatlOD  (i); 

Par  M.  le  docteur  C.  Ridbr. 

Avant  d'examiner  rinfiuence  que  Téquitation  exerce  sur  l'homme,  il  est 
offle  de  rappeler  d'abord  les  rapports  qui  existent  entre  elle  et  les  autre^ 
modes  d'exercices  ainsi  que  les  effets  que  ces  derniers  produisent  dans  l'éco- 
nomie. Les  physiologistes  divisent  les  exercices  en  actifs,  passifs  et  mixtes. 
Les  exercices  actifs,  tels  que  la  marche,  la  course,  la  danse,  etc.,  sont  ceux 
qnl  résultent  exclusivement  des  contractions  musculaires.  Les  exercices  passifs 
consistent  dans  l'agitation  ou  la  gestation  du  corps,  au  moyen  de  machines 
dans  Issquelles  se  place  le  sujet,  et  qui  le  transportent  d'un  lieu  à  un  autre. 
Les  exercices  mixtes  sont  ceux  qui  exigent  que  l'individu,  quoique  supporté  et 
mis  en  mouvement  par  une  puissance  étrangère,  agisse  cependant,  soit  pour 
conserver  certaines  attitudes,  soit  pour  communiquer  le  mouvement  à  la  ma- 
chine sur  laquelle  il  est  placé  :  telles  sont  l'équitation  et  la  promenade  dans 
VU  bateau  quand  on  fait  mouvoir  les  rgmes  ;  tel  est  aussi  l'exercice  du  véloci- 
pède. Ponr  apprécier  exactement  l'influence  de  l'équitation  sur  l'économie,  il 
est  nécessaire  d'étudier  d'abord  les  effets  locaux  et  généraux  produits  par  les 
exerciees  actifs  et  passifs. 

Effets  des  exercices  actifs.  —  Pour  se  faire  une  idée  de  l'influence  des  exer- 
cices actifs  sur  l'économie,  il  suffit  d'examiner  l'état  dos  membres  que  l'on 
exerce  beaucoup.  Lorsque  l'on  fait  agir  une  partie  pendant  quelque  temps,  on 
It  voit  d'abord  se  gonfler  par  l'afflux  d'une  plus  grande  quantité  de  sang  ;  la 
chaleur  y  devient  plus  vive,  et  si  l'on  répète  habituellement  les  mêmes  mouve- 
ments, on  voit  se  développer  dans  la  partie  qui  les  exécute  une  plus  grande 
perfection  d'action,  un  surcroît  de  nutrition  et  d'énergie.  C'est  ainsi  que  les 
bras  des  boulangers^  les  jambes  des  danseurs,  etc.,  acquièrent  bientôt  un 
développement  remarquable. 

Ce  ne  sont  pas  seulement  les  organes  des  mouvements  actifs  qui  en  ressen- 


ti) Extrait  des  Annales  d'hygiène^  numéro  de  juillet  1870. 


—  92  — 

tent  les  effets  ;  les  fonctions  nutritives  se  perfectionnent  et  deviennent  plus 
actives  sous  leur  influence  ;  et  lorsque  les  muscles  s'exercent  beaucoup,  ils 
communiquent  en  général  un  surcroît  d'énergie  aux  viscères.  Par  le  travail  et 
la  fatigue^  le  besoin  des  aliments  devient  plus  fréquent  et  plus  impérieux; 
l'estomac,  plus  actifs  en  digère  de  plus  grandes  quantités.  Un  exercice  modéré 
de  ce  genre,  après  le  repas,  rend  aussi  la  digestion  plus  facile,  et  par  suite 
la  nutrition  plus  parfaite,  si  bien  que  les  personnes  qui  en  ont  contracté  Ttia- 
bitude  ressentent  le  besoin  impérieux  de  s'y  livrer,  et  digèrent  mal  lors- 
qu'elles ne  peuvent  pas  le  satisfaire. 

Les  exercices  actifs  déterminent  toujours  l'accélération  de  la  circulation  et 
de  la  respiration.  Beaucoup  de  mouvements  modifient  d'une  manière  bien  puis- 
sante cette  dernière  fonction;  les  uns  en  l'accélérant  seulement,  les  autres  en 
exigeant  des  dilatations  soutenues  et  fréquentes  du  thorax,  indispensables  à 
Texécution  des  efforts. 

La  calorification,  qui  n'est  qu'un  résultat  des  fonctions  nutritives,  est  nota- 
blement augmentée  par  la  force,  la  durée  et  surtout  la  fréquence  des  exercices 
actifs.  On  sait  que  la  perspiration  cutanée  est  toujours  plus  ou  moins  accrue 
par  ces  exercices.  Les  autres  sécrétions  ou  exhalations  ue  sont  point  plus  abon- 
dantes; quelques-unes  même  semblent  diminuées. 

L'exercice  actif  modéré  rend  la  nutrition  plus  parfaite  dans  tous  les  organes 
de  réconomie;  il  n'en  est  aucun  qui  n'en  ressente  TinOuence,  puisque  tous 
participent  aux  agitations  moléculaires  que  le  mouvement  des  membres  déter- 
mine dans  tout  le  corps.  Cette  augmentation  de  nutrition  est  d'ailleurs  une 
conséquence  de  la  plus  grande  activité  que  déploient  les  principales  fonctions 
viscérales,  dont  elle  est,  à  proprement  parler,  le  but  principal.  Mais  c'est  sur- 
tout dans  le  système  musculaire  que  se  manifeste  de  la  manière  la  plus  remar- 
quable  cette  activité  de  la  nutrition  ;  les  muscles  acquièrent  plus  de  volumes 
de  densité  et  de  puissance. 

L'exercice  actif,  pratiqué  dans  le  jeune  âge,  parait  aussi  activer  la  nutrition 
du  système  osseux.  Les  contractions  musculaires  le  développent  en  totalité  et 
augmentent  la  saillie  des  éminences  des  insertions.  Au  développement  du 
système  musculaire,  se  joint  toujours  celui  du  système  circulatoire  :  de  la  pré- 
dominance de  ces  deux  appareils  organiques  résulte  une  constitution  robuste, 
et  ordinairement  exempte  d'infirmités. 

En  résumé,  les  exercices  actifs  portent  d'abord  leur  influence  sur  les  mus- 
cles qui  exécutent  les  mouvements,  et  ils  augmentent  ensuite  Taclion  et 
rénergie  des  organes  assimilateurs,  parce  que  les  muscles,  en  exigeant  de 
ceux-ci  une  plus  grande  quantité  de  matériaux  propres  à  leur  développement^ 
redoublent  nécessairement  leur  travail,  et  parce  qu'ils  communiquent  encore 
aux  organes  de  la  nutrition  des  secousses  favorables  à  Texécution  de  leurs 
fonctions  et  à  la  nutrition  de  leurs  tissus. 

Effets  des  exercices  passifs.  —  Ces  exercices  ont  lieu  sans  que  les  muscles 
se  contractent  ;  le  corps  n'est  alors  soumis  qu'à  des  agitations  et  à  des  se- 
cousses plus  ou  moins  vives  et  fréquentes,  qui  le  pénètrent  pour  ainsi  dire,  et 
agissent  sur  toutes  ses  parties.  Ces  ébranlements  stimulent  les  tissus,  accrois- 
sent l'activité  organique,  et  rendent  l'exécution  des  fonctions  nutritives 
plus  facile.  Ils  ne  déterminent  point,  comme  les  grands  exercices  actifs,  de 
troubles  dans  la  digestion,  dans  la  circulation  et  dausla  respiration;  ils  n'aug- 
mentent pas  la  chaleur  animale  et  la  perspiration  cutanée  ;  ils  ne  déterminent  ni 


■  —  93  — 

i  déperditions  ni  fatigue  ;  ïïs  conviennent  donc  beaucoup  mieux  aux  convales- 

cents et  aux  individus  d'une  constitution  faible. 

Les  mouvements  passifs  donc,  ébranlant  doucement  les  viscères,  excitant 
les  organes  digestifs,  favorisent  l'absorption  du  chyle^  la  circulation,  la  res- 
piration, et  rendent  par  conséquent  la  nutrition  plus  parfaite.  Aussi  l'on  ob- 
serve que  les  individus  qui  passent  une  partie  de  leur  vie  en  voiture,  ac- 
quièrent beaucoup  d'embonpoint  et  se  font  remarquer  par  Tétat  florissant  de 
lenr  santé. 

Effets  des  exercices  mixtes.^  Les  exercices  mixtes,  et  notamment  Véquita- 
tion,  réunissent  les  avantages  des  mouvements  actifs  à  ceux  des  mouvements 
communiqués.  Ils  ont  sur  les  muscles  et  sur  les  viscëres  une  action  plus  puis- 
sante que  ces  derniers,  et  cette  action  n'a  pas,  comme  les  fortes  contractions 
musculaires,  l'inconvénient  de  déterminer  une  grande  fatigue  et  une  déperdi- 
tion abondante  de  matériaux  nutritifs  :  aussi  les  exercices  mixtes  convien- 
nent-ils à  presque  tous  les  âges,  à  presque  tous  les  tempéraments^  et  surtout  à 
tons  les  individus  qui,  accideniellemenl  ou  par  constitution,  ne  sont  pas  assez 
forts  pour  se  livrer  à  de  grands  exercices  actifs,  et  qui  ont  cependant  besoin 
de  plus  de  mouvement  que  n'en  déterminent  les  gestations. 

I.  ATTITUDE  BT  modveubrts  DU  CAVALIER.  —  Daus  Tactc  de  l'équitation, 
Thomme  suit  les  mouvements  de  la  base  mobile  qui  le  supporte.  Chaque  fois, 
que  l'animal  sur  lequel  .il  se  trouve  se  déplace^  à  l'instant  oii  ses  membres 
portés  en  avant,  rencontrent  le  sol  et  sont  ainsi  forcés  de  supporter  le  poids  du 
corps^  un  cboc  a  lieu,  c'est-à-dire  que  tout  ce  mouvement  d'impulsion  donné 
aa  corps  de  l'animal  se  trouve  répercuté  sur  lui-même,  et  lui  fait  éprouver  une 
secousse  qui  se  communique  au  cavalier.  Ces  secousses  se  répètent  à  des  inter- 
valles plus  ou  moins  rapprochés,  suivant  la  rapidité  de  la  marche  de  l'animal^ 
et  elles  sont  plus  ou  moins  fortes,  suivant  l'allure  de  ce  dernier,  la  nature  du 
terrain^  la  qualité  du  cheval  et  Thabileté  de  celui  qui  le  monte. 

On  a  prétendu  que  l'homme  reçoit,  comme  un  corps  privé  de  vie,  la  somme 
de  mouvement  que  le  eheval  lui  communique  à  chaque  déplacement;  c'est  là 
une  erreur^  et  Tart  du  cavalier  consiste  précisément  à  modifier,  même  à  neu- 
traliser par  les  attitudes  les  effets  du  choc^  à  se  lier  au  cheval  de  manière  à 
ioivre  aussi  exactement  que  possible  les  contractions  et  les  ondulations  de  son 
corps,  sans  en  recevoir  trop  d'ébranlement.  11  faut  donc  considérer  dans  l'équi- 
Ution  deux  ordres  de  mouvements^  ceux  que  le  cheval  exécute  ei  ceux  que  fait 
le  cavalier  pour  se  maintenir  en  équilibre  sur  une  base  éminemment  mobile, 
^i  que  pour  gouverner  sa  monture. 

1<*  Influence  des  allures  du  cheval,  —  Examinons  les  modifications  qu'ap- 
Porlent  au  mouvement  communiqué  à  l'homme  les  diverses  allures  de 
«heval  (1). 

IHuis  le  pas,  les  jambes  du  cheval  se  meuvent  alternativement  et  en  diago- 
^6,  et  elles  se  posent  de  même,  c'est-à-dire  qu'au  membre  droit  antérieur, 
Vd  se  lève  le  premier,  par  exemple,  succède  le  gauche  postérieur,  à  celui-ci 
^gauche  de  devant,  et  enfin  le  droit  postérieur.  Cette  marche,  où  le  centre  de 
(riTité  n'est  que  peu  ou  point  déplacé,  est  la  plus  douce  ;  le  cavalier  ne  reçoit 

(1)  Voyez  G»  Colin,  Traité  de  physiologie  comparée  des  animaux  dômes- 
^,  2«  édition.  Paris,  1870,  t.  I,  p.  421. 


—  94  — 

que  des  ébranlements  modérés  et  qui  se  répètent  à  des  intervalles  distincts,  ré- 
guliers, faciles  à  compter;  c'est  la  seule  allure  qu'on  doive  permettre  au  che- 
val si  on  lé  monte  après  le  repas  ;  c'est  aussi  celle  qui  convient  aux  personnes 
faibles,  aux  convalescents  et  aux  vieillards.  Dans  l'amble,  l'animal  effectue  la 
progression  en  levant  et  en  posant  ensemble  les  deux  membres  du  même  côté, 
alternativement  droits  et  gauches;  cette  allure,  trës-allongée  et  trës-peo  déta- 
chée de  terre,  parait  naturelle  au  chameau  et  à  la  girafe  ;  les  jeunes  chevaos 
vont  généralement  l'amble  jusque  vers  l'âge  de  deux  ans  ;  plus  tard,  cette  al- 
lure n'est  plus  guëre  que  le  résultat  de  l'éducation  ;  elle  ne  fait  que  ballotter 
très -légèrement  le  cavalier  de  droite  à  gauche  et  réciproquement  ;  les  ébranle- 
ments sont  un  peu  plus  répétés  que  dans  le  pas,  mais  n'ont  pas  beaucoup  plus 
d'intensité. 

Le  trot  est  le  mode  d'équitation  le  plus  fatigant  ;  j'entends  le  trot  à  la  fran- 
çaise, car  le  trot  à  l'anglaise  cause  peu  de  fatigue,  même  sur  un  cheval  dur,  à 
la  condition  que  l'allure  du  cheval  soit  bien  franche  et  que  l'animal,  ne  se 
déplaçant  pas  hors  du  plan  vertical,  ne  communique  pas  à  son  cavalier  de^ 
réactions  irrégulières,  et  déviant  de  droite  à  gauche  et  de  gauche  à  droite. 

Dans  celle  allure,  chaque  membre  antérieur  a^it  toujours  diagonalement 
avec  le  membre  postérieur  du  côté  opposé  ;  leur  lever  et  leur  poser  sont  simul- 
tanés :  le  cavalier  reçoit  à  chaque  mouvement  des  secousses  rudes  qui  lui  font 
souvent  quitter  la  selle;  du  reste,  la  violence  de  ces  secousses  varie  singulië* 
rement  suivant  la  nature  du  terrain,  l'habitude  que  l'on  a  de  ce  mode  d'équi- 
tation et  surtout  suivant  la  qualité  du  cheval.  Celui  qui  est  volumineux,  qnf 
n'est  pas  habituellement  consacré  au  service  de  la  selle,  soulève  la  masse  de 
son  corps  avec  plus  d'effort,  retombe  sur  le  terrain  plus  lourdement  et  commu- 
nique à  son  cavalier  des  secousses  plus  violentes.  On  peut  remarquer,  d'ail- 
leurs, d'une  manière  générale,  que  chaque  race  de  chevaux  a  ses  propriétés 
particulières,  déterminées  par  sa  conformation  :  les  chevaux  limousins,  haut- 
jambés  et  long-jointés.  c'est-à-dire  ayant  les  pâturons  un  peu  longs,  ont  des 
allures  très- douces;  il. en  est  de  même  des  chevaux  arabes,  andalous,  porto* 
gais,  tandis  que  les  chevaux  anglais,  normands,  mccklembourgeois,  hano- 
vriens,  etc.,  impriment  à  ceux  qui  les  montent  des  secousses  très-fortes  (1). 

Dans  le  galop,  la  plus  rapide  et  la  moins  fatigante  de  ses  allures,  le  cheval 
s'élance  du  train  postérieur  sur  le  train  antérieur  et  ne  fait  éprouver  au  cava- 
lier que  d'agréables  ondulations;  je  parle  là  en  général,  car  il  est  des  chevaux 
dont  le  galop  est  plus  désagréable  que  le  trot,  ce  qui  dépend  de  certaines  par- 
ticularités de  structure,  de  certains  vices  du  dressage,  ou  plus  souvent  de  cer« 
laines  maladies  ou  déTecluosités  des  membres,  surtout  à  Tarrière-main. 

Cette  allure,  lorsqu'elle  est  très-rapide,  gêne  cependant  la  respiration,  par 
l'obstacle  que  parait  apporter  à  cette  fonction  la  force  avec  laquelle  l'air  atmos- 
phérique est  pressé  dans  la  course  du  cavalier. 

Le  pas  relevé  est  encore  une  allure  assez  douce  :  c'est  une  espèce  d'amble 
rompu,  qui  ne  diffère  de  Tamble  ordinaire  que  parce  que  le  cheval  repose  pen- 
dant un  temps  fort  court  sur  les  deux  jambes  opposées  dans  la  diagonale. 

2o  Influence  de  la  nature  du  soL  —  La  nature  du  sol  influe  beaucoup  sur 


(1)  Voyez  A.  £•  Brehm,  lavis  des  animaux  ;  les  Mammifères.  Pafls^  1870, 
t.  II,  p.  559. 


—  95  — 

la  quantité  et  la  qualité  des  ébranlements  communiqués  aii  cavalier  t  la  terre 
molle  absorbe  une  portion  du  mouvement  à  l'instant  où  le  cheval  y  pose;  un 
terrain  dur,  compacte  et  résistant  rend  la  répercussion  du  mouvement  plus 
complète  et  plus  efficace. 

5*  Attitude  du  cavalier.  —  L^attitude  de  l'homme  sur  la  monture  déter- 
mine en  grande  partie  les  effets  de  Téquitation  ;  les  maîtres  en  cet  art  dis- 
patent  sur  le  plus  ou  moins  de  verticalité  à  donner  au  corps,  sur  la  courbure 
des  reins»  sur  les  points  d'appui  de  Tassielte  et  la  direction  des  cuisses.  Dans 
réquîtation  militaire,  en  particulier,  le  corps  du  cavalier  est  divisé  en  trois 
parties  :  deux  mobiles,  le  tronc  et  les  jambes^  et  une  immobile,  les  cuisses. 

Comme  nous  l'avons  vu  plus  haut,  Téquitation  est  un  exercice  mixte,  c'est- 
l-dire  que,  outre  les  mouvements  que  subit  le  cavalier,  il  faut  que  les  muscles 
agissent  pour  conserver  au  tronc,  à  la  tête  et  aux  bras  les  attitudes  conve- 
nables, et  ses  efforts  musculaires  sont  d'autant  plus  énergiques,  qu'il  a  moins 
d'expérience  et  que  par  suite  ils  sont  moins  bien  coordonnés  et  moins  bien 
appliqués  :  ces  efforts  s'exercent  surtout  dans  la  partie  postérieure  du  tronc, 
dans  la  partie  interne  des  cuisses,  dans  les  bras  et  les  jambes  ;  il  existe  dans 
tontes  les  parties  du  tronc  un  état  de  contraction  presque  continuel  pour  lui 
conserver  la  rectitude  nécessaire  à  la  demi-station  ;  les  muscles  des  membres 
agissent  tant  pour  le  maintien  de  l'équilibre  que  pour  la  direction  du  cheval. 
Du  reste,  les  mouvements  actifs  et  passifs  sont  plus  ou  moins  nombreux,  plus 
ou  moins  intenses,  suivant  le  mode  d'équitation  que  l'on  adopte.  En  Angle- 
terre, oii  les  chevaux  ont  généraleiiicnt  le  trot  assez  dur,  on  a  adopté  une  mé- 
thode dite  à  ^anglaise,  et  qui  consiste  à  briser  chaque  choc  du  cheval  par  un 
mouvement  alternatif  de  flexion  et  de  redressemeut  du  tronc  ;  les  supports  des 
étriers  sont  courts,  les  jambes  et  les  cuisses  fléchies,  le  bassin  ne  porte  que 
fort  peu  sur  la  selle,  que  les  tubérosités  ischiatiques  touchent  à  peine,  et  le 
tronc  s'élève  et  s'abaisse  alternativement  dans  chaque  mouvement  du  cheval  sur 
les  membres  pelviens  qui,  les  genoux  fixés  aux  quartiers  de  la  selle,  prennent, 
ï  l'aide  des  pieds,  d'autres  points  fixes  sur  les  étriers.  Cette  méthode  est  au- 
jourd'hui bien  connue  et  très-usitée  en  France. 

la  méthode  française,  par  la  longueur  des  porte -étriers,  fait  du  bassin  le 
point  d'appui  principal  et  met  surtout  en  action  les  muscles  du  tronc  et  de  la 
ptftie  interne  des  cuisses  ;  elle  prête  mieux  au  déploiement  des  grâces  équés- 
1ns  et  à  la  noblesse  des  attitudes;  mais,  le  cavalier  ne  pouvant  éviter  aucun  des 
mouvements  ni  atténuer  aucune  des  secousses  que  l'animal  lui  transmet,  ce 
Bode  d'équitation  agite  les  organes  des  trois  cavités  splanchniques  par  des 
SQccassioiis  plus  violentes,  dont  les  effets  sur  la  sauté  peuvent  être  vraiment 
periicieux  et  funestes  ;  la  fiatigue  qui  survient  chez  le  cavalier  novice  ou  après 
l'exercice  prolongé  de  l'équitation,  provient  et  des  secousses  passives  et  des 
^tractions  exécutées  pour  en  amortir  l'effet. 

(La  suite  au  prochain  numéro,) 


GoimssioH  d'hygiène.  —  Par  arrêté  du  3  février  1871,  M.  Gavarret,  profes- 
Mv  à  la  Faculté  de  médecine,  a  été  nommé  vice-président  de  la  commission 
centrale  d'hygibne  et  de  salubrité. 


—  96  — 

L^Gioif  d'hokmbdr.  —  Par  divers  décrets  ont  été  promus  ou  nommés  dans 
l'ordre  de  la  Légion  d'iionneur  : 

Au  grade  de  commandeur  :  M.  Lustreman,  médecin  inspecteur. 

Au  grade  d*officier  :  MM.  Perrin,  médecin  principal  de  2^  classe;—  Massié^ 
pharmacien-major  de  i^^  classe;—  Poignet,  chirurgien -major  au  24<>  bataillon 
de  la  garde  nationale  de  Paris;— Grenet,  médecin  de  i^^  classe  de  la  marine; 
—  Bonnet,  médecin  de  i'«  classe  de  la  marine;  —  Braquié,  médecin  de 
V^  classe  de  la  marine  ;  —  M.  le  docteur  Filhos. 

Au  grade  de  chevalier  :  MM.  Quod,  médecin  aide-major  de  l'<>  classe  ;  — 
Beaumanoir,  médecin  de  l'*'  classe  de  la  marine  ;  •—  Loro,  aide-médecin  de 
la  marine  ;  —  Goustan^  médecin  de  2®  classe  de  la  marine  ;  —  Thaly,  médecin 
aide-major  au  3^  régiment  d'infanterie  de  la  marine  ;  —  Gazalis,  pharmacien 
de  2«  classe  de  la  marine;  —  et  MM.  les  docteurs  Moynier^  Boutin,  Gahours, 
Pondevaux,  Roussin,  Terrier,  Le  Maguet^  Duplessis,  Delaunay^  Leménager, 
Borchard,  chirurgiens-majors  de  bataillon  dans  la  garde  nationale. 

NiGROLOGiE.  —  Un  noble  cœur  vient  de  cesser  de  battre,  une  belle  intelli- 
gence vient  de  s'éteindre,  l'Âeadémie  de  médecine  vient  de  perdre  une  de  ses 
lumi^eres.  M.  le  docteur  Falret^  qui,  pendant  sa  longue  et  laborieuse  existence, 
a  été  parmi  nous  un  des  plus  respectables  représentants  de  la  science  médicale 
et  de  la  dignité  professionnelle,  a  succombé,  le  8  octobre  dernier^  âgé  de 
soixante-quatorze  ans,  à  Marcillac  (Lot),  son  pays  natal,  à  la  longue  et  doulou- 
reuse maladie  dont  les  progrès  visibles  affligeaient  ses  amis.  Son  digne  fils, 
M.  la  docteur  Jules  Falrel,  l'un  de  nos  plus  savants  et  distingués  confrères^ 
resté  à  Paris,  n'a  connu  qu'à  la  fin  de  janvier  le  malheur  dont  il  avait  été 
frappé  trois  mois  auparavant.  {Union  méd.) 

—  Le  26  janvier  dernier,  ont  eu  lieu  les  obsèques  de  M.  Goindet,  médecin 
principal  de  U^  classe,  qui  a  été  tué  le  22  janvier.  Il  se  rendait  à  l'hôpital 
Saint-Martin,  oh  il  secondait  avec  une  rare  intelligence  M.  Gabrol,  le  savant 
médecin  en  chef.  Par  malheur,  il  avait  oublié  un  instrument.  M.  Goindet  re- 
monte chez  lui,  traverse  un  salon,  et  tombe  frappé  par  une  balle  française^  qui 
tranche  l'artère  crurale.  En  vain  le  baron  Larrey,  Gabrol,  son  maître  et  son 
ami,  Verneuil,  Panas^  ont  prodigué  leurs  soins  au  blessé  :  il  n'a  pu  survivre  à 
cette  blessure,  et  ce  savant,  qui  avait  bravé  les  périls  des  campagnes  de  Grimée, 
dn  Mexique,  et  s'était  échappé  de  Sedan  au  prix  de  mille  périls  pour  venir  se 
consacrer  à  l'armée  de  Paris,  a  été  frappé  par  un  projectile  parisien. 

—  Nous  avons  aussi  le  regret  d'annoncer  la  mort  du  docteur  RaciborskI 
Tantenr  d'un  livre  estimé  Sur  la  puberté  et  Vùge  critique  chez  la  femme,  -^ 
et  du  docteur  Gocteau,  jeune  chirurgien  des  hôpitaux  très-distingué,  agrégé  de 
la  Faculté. 


Pour  les  articles  non  signés  :  F.  BRICHETEAU. 


97  — 


THÉRAPEUTIQUE  MÉDICALE 


Bn  trallemenf  des  •yphilldes  iileéreiMes  cireoiMcrltefl 
par  le  sparadrap  de  Vîgo  (i)  ; 

Par  H.  le  docteur  ConstantiD  Paul,  agrégé  de  la  Faeallé,  médecio  des  hôpitaux. 

Nous  voyons  trop  souvent  qu'un  médecin  qui  reconnaît  à  une 
préparation  mercurielle  quelque  avantage,  la  prône  bientôt  pour 
guérir  toutes  les  affections  syphilitiques  quelles  qu'elles  soient,  si 
bien  qu'il  me  serait  facile  de  citer  les  nombreux  services  de  nos 
hôpitaux  où  la  syphilis^  quelle  que  soit  sa  forme  et  même  sa  pé- 
riode, reçoit  un  traitement  qui  ne  varie  pas. 

Tel  de  nos  collègues  refusera^  par  exemple,  de  donner  du  mer- 
cure à  ses  malades,  tel  autre  n'emploiera  que  le  protoiodure  de  mer- 
core,  tel  autre  que  les  frictions,  tel  autre  que  le  sublimé,  tel  autre 
que  les  injections  sous-cutanées^  etc.^  si  bien  qu^une  fois  que  le 
sort  a  désigné  un  malade  pour  une  de  ces  sections^  il  est  fatalement 
îoué  à  tel  ou  tel  traitement.  Il  est  pourtant  évident  que  ces  moyens 
ne  sont  pas  tous  identiques,  que  leurs  avantages  et  leurs  inconvé- 
nients ne  sont  pas  les  mêmes^  que  chacun  d'eux  doit  demander, 
pour  agir  efficacement,  certaines  conditions.  En  un  mot,  en  pro- 
voquant cette  discussion  sur  le  traitement  de  la  syphilis  et  de  ses 
différentes  manifestations,  je  n'ai  pas  pensé  qu'on  devait  recher- 
cher quelle  était  la  meilleure  préparation  mercurielle  à  opposer  à  la 
vérole.  Je  pense  au  contraire  que,  pour  que  cette  discussion  soit 
fructueuse,  il  faut  prendre  une  à  une  chacune  des  modalités  sous 
lesquelles  la  syphilis  peut  se  montrer  et  rechercher  pour  chacune 
d'elles  le  meilleur  traitement. 

Telle  préparation  qui  réussira,  par  exemple,  dans  une  forme  ou 
^e  période  de  la  syphilis,  n'est  pas  pour  cela  celle  qui  réussira  le 
nueux  dans  une  autre  période. 

H.  Liégeois  nous  a  dit  dernièrement  que,  pour  lui,  les  cas  où  les 
nijections  sous-cutanées  avaient  leur  action  la  plus  favorable  étaient 
^  syphilides  à  forme  néoplasique,  qu'au  contraire  ce  moyen  était 
moins  efficace  dans  les  syphilides  à  forme  ulcéreuse. 


(i)  Mémoire  la  par  Tauteur  à  la  Sociélé  de  Thérapeutique ^  séance  du 
V  oti  1870. 

TOMB  LXXX,  3«  UVR.  7 


—  98  — 

Je  viens  à  mon  tour  vous  fdire  connaître  une  autre  indication 
des  mercuriaux  (]ui  8*ft[)t)lique  ptédisëniétit  A\it  formes  ulcéreuses 
tardives.  Cette  méthode  consiste  dans  Tabsorption  du  mercure  par 
les  ulcères^  au  moyen  de  pansements  avec  le  sparadrap  de  Vigo, 
c^est -à-dire  d'un  emplâtre  qui  contient  environ  30  pour  100  de 
mercure^  puis  de  ^emplâtre  simple^  dg  la  cire  ot  de  la  résine. 

Obs.  I.  —  Fille  cachectique  atteinte  de  syphilis  depuis  trois  ans, 
affectée  à  cette  époque  d'une  syphilide  tuberculeuse  circonscrite  et 
aune  syphilide  gommeuse  ou  nydrosadénite  syphilitique^  guérie 
en  tfois  semaine^  pnr  des  applications  d'empiâtfe  de  Vigo.  — 
La  première  malade  à.  laquelle  j'aie  anpliquë  la  méthode  dont 
il  est  ici  question  est  une  fille  nommée  Ei***^  âgée  de  vingt-cinq 
ans,  domestique.  Cette  fille,  qui  n'était  pas  d'une  robuste  consti-* 
tution,  avait  été  affreusement  éprouvée  par  les  maladies.  Dè^ 
Tâge  de  quinze  ans,  elle  avait  souffert  d'une  angine  couenneuse; 
puis^  devenue  enceinte  à  vingt  ans^  elle  avait  vu  son  enfant  mou- 
rir le  lendemain  de  Taccouchement^  A  vingt-deux  ans^  elle  avait 
été  atteinte  d'un  érysipèle  de  la  face^  suivi  bientôt  d'une  sorte  de 
fièvre  pyogénique  avec  formation  de  neuf  abcès  à  la  tête  et  de  trois 
abcès  au  bras. 

A  peine  remise  de  cette  grave  affection,  le  44  juin  1866,  elle 
était  rentrée  deux  mois  après  à  l'hôpital,  atteinte  d'une  fièvre  ty- 
phoïde. Elle  fut  deux  mois  à  se  remettre*  et  dès  qu'elle  fut  à  peu 
près  rétablie,  la  malheureuse  contracta  la  syphilis.  Au  mois  de 
mars  1867,  on  put  constater  des  syphilides  vulvaires,  et  l'admettre 
à  Thôpital  de  Lourcine,  où  elle  entra  dans  le  service  de  M.  Desprës. 
Ob  diagnostiqua  des  plaques  muqueuses  vulvaires. 

Pendant  le  séjour  qu'elle  fit  dans  ce  service^  elle  fut  traitée  sans 
mercure.  On  lui  donna  d'abord  des  préparations  ferrugineuses^ 
puis  du  quinquina  vers  la  fin.  En  outre,  on  cautérisait  chaque 
jour  les  plaques  avec  du  chlorure  de  zinc. 

Au  bout  de  trois  mois  de  ce  traitement,  les  accidents  avaient  dis- 
paru; elle  sortit  de  l'hôpital  en  apparence  guérie. 

Malheureusement,  à  la  première  menstruation  suivante,  les  ac* 
cidents  syphilitiques  se  montrèrent  de  nouveau  ;  la  malade  rentra 
alors  dans  le  service  de  M.  Després,  et  y  resta  jusqu^au  14  dé- 
cembre 1867. 

La  pauvre  fille  ne  tarda  pas  à  tomber  de  nouveau  malade  ;  elle 
était  entrée  comme  domestique  ches  un  marchand  de  rin^  et  dès  lé 
mois  de  février  1868,  elle  contracta  une  pneumonie  qui  la  fit  ren*> 
trer  encore  une  fois  à  l'hôpital  pour  six  semaines. 

Néanmoins  et  malgré  tous  ses  malheurs,  cette  fille  jouit  d^une 
santé  passable  pendant  près  d^une  année. 

Au  mois  de  janvier  1869,  la  syphilis  reparut;  cette  fois,  les  ac- 
cidents semblaient  siéger  plus  profondément^  elle  vit  survenir  aux 
deux  jambes  des  tumeurs  rouges  et  molles. 


—  99  — 

Le  il  mai  1869,  elle  entra  à  l'hôpital  de  la  Charité,  salle  Sainte- 
Madeleine,  n®  45,  dans  le  service  de  clinique  du  professeur  Bouil- 
laud,  que  je  suppléais  alors. 

La  syphilis  datait  de  deux  ans  ;  elle  avait  dû  être  marquée  peu 
de  temps  après  son  début  par  des  plaques  muqueuses  vulvaires  qui 
n'avaient  pas  subi  le  traitement  mercuriel^  et  avaient  duré  douze 
mois. 

Il  y  avait  donc  une  année  que  ces  accidents  avaient  disparu.  Cette 
fois  Ils  manifestations  syphilitiques  étaient  d'un  autre  ordre.  Il  y 
en  avait  de  deux  espèces.  Il  y  avait  premièrement  une  syphilide 
cÎTeonscrite  tuberculeuse  dont  un  groupe  occupait  la  tempe  droite, 
et  fantre  l'épaule  gauche  au  niveau  de  la  région  sous-épineuse. 
Cette  syphilide  tuberculeuse  circonscrite  était  caractérisée  par  des 
boatons  durs,  rugueux,  couverts  de  croûtes  épidermiques  molles. 
Les  tubercules  étaient  groupés  circulairement  et  teintés  de  la  cou- 
leur de  la  chair  de  jambon. 

Outre  cette  syphilide  tuberculeuse,  il  y  avait  à  la  cuisse  gauche 

ime  tumeur  faisant  une  saillie  de  la  grosseur  d'une  amande  de  noi- 

actte.  Cette  tumeur,  qui  s'était  développée  lentement  et  sourdement, 

était  molle  au  centre  ;  la  peau  qui  la  recouvrait  était  d'un  rouge 

violacé,  très-amincie.  Cette  tumeur,  adhérente  à  la  peau  et  libre 

à  sa  face  profonde,  était,  à  n'en  pas  douter,  une  gomme  syphilitique. 

En  troisième  lieu,  on  pouvait  constater  deux  ulcères  à  bords 

taillés  àpic,  d'une  profondeur  d*un  bon  centimètre.  L'un  d'eux,  large 

comme  une  pièce  de  cinquante  centimes^  siégeait  à  la  jambe  gauche 

CI8  de  la  tête  du  péroné.  L'autre,  beaucoup  plus  étendu^  de  la 
geur  de  la  paume  de  la  main,  se  trouvait  au-dessous  et  en  dehors 
iu  mollet;  il  était  aussi  profond  que  le  précédent,  mais  sa  forme 
dentelée  et  l'inégale  profondeur  de  ses  différentes  parties  mon- 
Irnent  qu'il  n'était  que  le  résultat  de  la  réunion  de  plusieurs  ulcères 
semblables  au  premier.  Le  liquide  qui  en  sortait  était  un  peu 
dair,  fluide  et  sanguinolent. 

Nous  avions  affaire  ici  à  des  ulcères  consécutifs,  à  des  gommes 
<Kjà  détachées.  Ces  ulcères  étaient  bien  évidemment  des  ulcères 
syphilitiques  et  non  pas  des  ulcères  scrofuleux.  Le  diagnostic  diffé- 
f^ticl  en  fut  établi  sur  les  signes  suivants.  Ces  ulcères  avaient  été 
^gs  à  se  former  ;  ils  occupaient  une  région  très-limitée  et  se  dé- 
licoaient  nettement  des  tissus  voisins.  La  suppuration  avait  été 
(Pikord  centrale,  et  oe  n'est  que  peu  à  peu  que  Tulcère  avait  gagné 
ks  bords  de  la  tumeur.  Les  bords  étaient  taillés  à  pic  et  encore  indu- 
^.  Le  pus  était  sanieux,  liquide,  sanguinolent,  mais  transparent. 
Os  étaient  entourés  d'un  cercle  rouge  cuivré. 

Le  diagnostic  s'établissait  donc  ainsi  :  syphilis  datant  de  deux  ans 
ÇUactérisée  actuellement  par  deux  groupes  de  tubercules  syphili- 
li<]Qes^  une  tumeur  gommeuse,  un  ulcère  gommeux  et  un  autre 
ulcère  consécutif  à  l'élimination  de  plusieurs  gommes. 

En  outre^  on  pouvait  constater  des  adénopathies  indolentes  aux 
^oùs  inguinales,  axillaires,  cervicales  et  mastoïdiennes,  entin  de 
Timpétigo  du  cuir  chevelu. 


—  100  — 

Les  antëcédcnts  déplurables  de  celto  pauvre  fille  permellaieni  de 
comprendre  comment  chez  elle  la  syphilis  avait  pris  un  aspect  pour 
ainsi  dire  scrofuleux.  C'est-à-dire  que  ce  qui  frappait,  c'était  Ta- 
bondance  des  adénopathies,  la  forme  de  l'impétigo  et  les  ulcères. 

Il  fut  bien  établi  toutefois  que  tous  ces  accidents  étaient  bien  sy- 
philitiques et  non  pas  scrofuleux,  et  je  pensai  seulement  que  si  la 
syphilis  avait  pris  cette  forme,  on  devait  l'attribuer  à  Tétat  cachec- 
tique de  la  malade. 

Le  traitement  était  difficile.  Le  mercure  en  pareil  cas  me^em- 
blait  nécessaire,  mais  il  fallait,  à  mon  avis,  en  donner  le  moins 
possible,  pour  ne  pas  fatiguer  une  économie  déjà  si  éprouvée* 
Je  pensai  qu'en  pareil  cas,  le  mieux  était  de  faire  absorber  le  mer- 
cure par  les  plaies  de  manière  que  les  parties  malades  reçussent 
tout  le  mercure  qui  pénétrait  dans  l'organisme.  C'est  pour  cette 
raison  que  j'ordonnai  de  panser  les  plaies  avec  de  l'emplâtre  de 
Vigo. 

J'avais  déjà  acquis,  par  des  expériences  antérieures,  la  conviction 
que  quand  on  a  affaire  à  des  accidents  syphilitiques  tardifs  et  cir- 
conscrits, on  a  grand  avantage  à  faire  pénétrer  le  mercure  par  les 
parties  malades. 

On  se  borna  donc  à  laver  les  plaies  avec  du  vin  aromatique  et  à 
les  couvrir  de  sparadrap  de  Vigo. 

L'effet  de  ce  traitement  fut  des  plus  satisfaisants.  Dès  le  qua- 
trième jour,  il  nous  fut  possible  de  constater  une  amélioration  con- 
sidérable dans  les  ulcères  ;  les  bourgeons  charnus  commencèrent  à 
se  développer,  les  bords  ne  furent  plus  à  pic,  et  l'on  vit  un  com- 
mencement de  cicatrisation  à  la  périphérie. 

Au  bout  de  douze  jours,  l'ulcère  le  plus  petit  était  complète- 
ment guéri . 

Au  bout  de  quinze  jours,  l'ulcère  le  plus  important,  qui  au  début 
avait  la  largeur  de  la  main,  était  aux  trois  quarts  cicatrisé.  La  gué- 
rison  était  même  si  avancée,  que  la  maladie  se  mit  à  se  lever  et  à 
marcher  dans  la  salle.  Nous  en  fûmes  averti  par  une  rougeur  éry- 
sipélateuse  qui  apparut  autour  de  l'ulcère,  et  une  destruction  d'une 
partie  de  la  cicatrice.  On  lit  alors  observer  rigoureusement  le  repos 
au  lit,  et,  cinq  semaines  après,  la  guérison  des  ulcères  était  défi- 
nitive. 

Pendant  la  durée  de  ce  traitement,  la  malade  n'eut  pas  de  sali- 
vation ;  son  appétit  et  ses  forces  reprirent  promptement,  et  elle 
quitta  l'hôpital  dans  un  état  très-satisfaisant. 

Encouragé  par  ce  succès,  je  me  proposai  d'employer  ce  traite- 
ment à  une  prochaine  occasion  ;  elle  ne  se  lit  pas  attendre. 

Obs.  II.  —  Peu  de  temps  après,  je  reçus  dans  mon  service  une 
femme  âgée  dequarante  ans,  scrofuleuse,  qui  portait  derrière  l'épaule 
droite  une  cicatrice  provenant  d'une  ancienne  scrofulide;  elle  en 
avait  d'autres  semblables  à  la  tempe  et  sur  le  cuir  chevelu.  Cette 
femme  était  atteinte  de  syphilide  depuis  deux  ans  ;  elle  avait  eu 


—  101  — 

d'abord  des  douleurs  rhumatoïdes^  suivies  bientôt  de  roséole  et  de 
boutons  au  visage.  On  Tavait  traitée  dans  son  pays,  pour  cette  af- 
fection, au  moyen  de  Tiodure  de  potassium. 

Elle  vint  à  Paris  avec  son  mari,  celui-ci  dut  aller  se  faire  soigner 
à  Pbôpital  du  Midi.  Quant  à  elle^  elle  vit  survenir  une  nouvelle 
éruption  au  visage  et  des  plaques  dans  la  gorge. 

A  son  entrée  à  l'hôpital,  elle  montre  des  accidents  qui  se  sont 
produits  peu  à  peu. 

Cette  atfection,  qui  est  circonscrite,  se  compose  de  plusieurs  ul- 
cères qui  correspondent  à  ce  qu'on  a  décrit  sous  le  nom  de  syphilide 
ulcéreuse  circonscrite,  de  lupus  syphilitique,  et  que  M.  Bazin  nomme 
syphilide  tuberculo-ulcéreuse. 

Trois  de  ces  ulcères  siègent,  Tun  sur  l'épaule  droite,  le  second 
sur  la  région  lombaire  droite,  et  le  dernier  sur  la  partie  postérieure 
à  gauche  du  thorax. 

Chacun  de  ces  ulcères  est  large  comme  la  paume  de  la  main,  ar- 
rondi en  fer  à  cheval,  le  centre  étant  beaucoup  moins  altéré  que  les 
bords. 

Il  existe  des  ulcères  semblables  à  la  tempe  gauche  et  sur  le  cuir 
chevelu. 

Je  me  décide  à  pratiquer  le  traitement  par  Templâlre  de  Vigo  ;  je 
fais  couvrir  chaque  ulcère  d'un  morceau  de  sparadrap  de  Vigo  qu'on 
renouvelle  deux  fois  par  jour  à  cause  de  l'extrême  abondance  de 
suppuration  que  provoque  ce  mode  de  pansement.  Seulement, 
comme  je  tiens  à  ne  pas  provoquer  une  abondante  salivation  mer- 
curielle  et  que  les  surfaces  à  couvrir  sont  assez  grandes,  je  ne  fais 
couvrir  d'abord  que  les  ulcères  du  dos.  Le  mercure  ainsi  absorbé 
par  la  plaie  a  donné  aux  gencives  un  peu  d'inflammation  et  de  sé- 
crétion purulente,  et  pendant  que  ces  ulcères  marchaient  rapide- 
ment vers  la  cicatrisation,  les  plaies  de  la  face  et  du  cuir  chevelu  se 
modifiaient  d'une  manière  très-favorable,  si  bien  qu'il  n'a  fallu  que 
peu  de  temps  pour  les  guérir  ensuite  par  l'application  du  spara- 
orap  de  Vigo. 

Ce  qui  a  été  frappant  dans  ce  cas,  comme  dans  le  précédent,  c'est 
h  rapidité  avec  laquelle  les  bourgeons  charnus  se  sont  développés, 
la  cicatrisation  produite  et  le  bon  aspect  qu'ont  pris  les  ulcères  au 
bout  de  trois  ou  quatre  jours. 
La  malade  a  complètement  guéri  dans  l'espace  de  deux  mois. 
Eu  quittant,  au  mois  de  novembre  dernier,  la  suppléance  du  pro- 
fesseur Bouillaud,  je  fus  appelé  à  remplacer  M.  Vidal  à  l'hôpital 
Saint- Louis,  et  là  je  ne  manquai  pas  de  mettre  à  profit  l'expérience 
précédente  ;  je  n'ai  eu  qu'à  m'en  louer. 

J'apporte  ici  les  observations  des  malades  soumis  à  ce  traitement 
et  sortis  guéris  de  l'hôpital. 
Ces  observations  ont  été  recueillies  par  mon  interne,  M.Demeules. 

0b8.  IIL  —  Le  sieur  E***,  âgé  de  trente-six  ans,  sculpteur,  est 
entré  dans  mon  service,  salle  Napoléon,  n°  26,  le  9  janvier  1870. 


—  102  — 

Cet  homme  a  contracté  un  chancre  il  y  a  six  ans  ;  il  a  eu  dans  la 
même  année  des  plaques  muqueuses. 

Six  semaines  avant  son  entrée  à  l'hôpital,  il  a  été  pris  d'une 
éruption  spécifique. 

A  la  paupière  supérieure  droite,  il  existe  une  tumeur  du  volume 
d'une  noix  surmontée  d'une  croûte  épaisse  brunâtre  stratifiée. 

A  la  queue  du  sourcil  droite  il  existe  une  tumeur  de  la  grosseur 
d'un  marron  recouverte  d'une  croûte  brunâtre,  noirâtre  et  dure  au 
centre,  jaunâtre  et  molle  à  la  périphérie.  Ces  deux  tumeurs  sont,  à 
n'en  pasdouter^  des  tumeurs  gommeuses,  suppurées  et  recouvertes 
de  croûtes.  Il  y  en  a  une  semblable  à  l'avant-bras  droit  sur  le  trajet 
du  cubitus.  Il  en  existe  trois  autres  sur  les  cuisses. 

A  la  partie  supérieure  et  interne  de  la  jambe  droite^  il  y  a,  en 
outre,  deux  bulles  de  rupia. 

Traitement  :  pansement  deux  fois  par  jour  avec  le  sparadrap  de 
Vigo  ;  à  rinlérieur,  1  gramme  d'iodure  de  potassium. 

Dès  le  lendemain  (10  janvier),  les  croûtes  de  la  paupière  et  du 
sourcil  sont  tombées,  en  entraînant  comme  une  sorte  de  bourbil- 
lon. Il  reste  un  ulcère  profond,  laissant  suinter  une  sanie  purulente 
visqueuse  et  mélangée  de  sang. 

Les  autres  croûtes  tombées  laissent  voir  des  dépôts  blanchâtres 
ressemblant  à  des  eschares  et  entourées  d'un  sillon  d^élimination. 
Au  bout  de  quinze  jours,  il  ne  reste  plus  que  des  ulcérations  super- 
ficielles formées  par  des  bourgeons  charnus  de  très-bon  aspect.  Au 
bout  d'un  mois  la  face  est  complètement  guérie. 

Le  19  février,  quarante  jours  après  son  entrée,  le  malade  sort 
compléteqfient  guéri;  il  a  pris  des  forces  et  de  l'embonpoint. 

Obs.  IY.  —  Celle-ci  est  plus  concluante  encore  par  la  marche 
lente  de  la  maladie  sous  l'influence  d'autres  traitements. 

La  nommée  Ernestine  p***,  âgée  de  vingt-quatre  ans,  brodeuse, 
a  contracté  il  y  a  cinq  aps  un  chancre  infectant. 

Quatre  mois  après,  elle  a  vu  survenir  une  éruption  pustuleune 
occupant  les  cuisses,  les  bras  et  le  front. 

On  la  traite  par  le  protoiodure  de  mercure  ;  elle  met  six  mois  à 
guérir  de  son  affection. 

Six  mois  après,  survient  une  large  ulcération  à  marche  serpigi- 
neuse  qui  occupe  le  mollet  diroit. 

On  la  traite  par  l'iodure  de  potassium  ;  elle  guérit  au  bout  de 
quatre  mois.  Deux  ans  après  le  début  de  la  syphilis,  nouvelle  ulcé- 
ration à  marche  serpig[ineuse  occupant  la  partie  supérieure  du  cou. 
On  ne  fait  pas  de  traitement  interne,  on  se  contente  d'appliquer 
une  pommade. 

Trois  ans  après  le  début,  en  1868,  survient  une  syphilide  pus- 
tulo-crustacée.  Des  croûtes  épaisses,  jaunâtres,  couvrent  le  cuir 
chevelu,  les  joues,  les  oreilles,  les  paupières,  etc. 

La  malade  entre  à  l'hôpital  Saint-Louis  dans  le  service  de 
M.  Hardy. 

I4.  le  professeur  Hardy  lui  ordonne  des  pilqles  de  Sédillot  et  de 


—  403  — 

Pio4nre  de  potassium.  Ce  traitement  est  continnë  pendant  sii  mojs 
sans  an^élioration  ;  on  y  renonce  et  Ton  donne  le  sirop  de  Gibert  au 
biiodure  et  à  Tiodure  de  potassium  pendant  trois  mois. 

Au  bout  d'un  an  de  séjour  à  Thôpital  (septembre  i869),  la  nja- 
lude  demaude  sa  sortie;  les  croûtes  sont  tombées,  il  ne  reste  plus 
que  des  macules  syphilitiques. 

Pendant  ce  temps,  une  large  plaque  de  syphilide  pustulo-crus- 
tacée  était  apparue  à  la  région  épigastrique.  Au  moment  de  la  sortie 
de  la  malade^  il  reste  encore  sur  les  bords  des  croûtes  ambrées  très- 
épaisses  entourées  de  petites  pustules. 

Deux  autres  ulcères  se  sont  montrés  en  même  temps  aui  jarrets 
et  n'ont  pas  guéri  ;  ils  sont  encore  profonds  avec  des  bords  taillés 
ipic. 

Au  mois  de  janvier  1870^  la  syphilide  pustulo-crustacée  de  la 
face  et  du  cuir  chevelu  s'est  montrée  de  nouveau.  Elle  entre  dans 
mon  service,  salle  Saint-Thomas^  n®  5!^  le  5  février. 

Toutes  les  plaies  sont  recouvertes  de  sparadrap  de  Vigo,  les  che- 
veui  sont  coupés  et  une  calotte  du  même  sparadrap  est  appliquée 
sur  le  cuir  chevelu. 

Douze  jours  après  le  début  du  traitement,  les  ulcères  des  jarirets 
sont  guéris^  les  ulcérations  du  cuir  chevelu  sont  cicatrisées  et  pré- 
sentent une  peau  luisante  violacée,  une  véritable  cicatrice, 

Au  commencement  de  mars,  une  nouvelle  poussée  de  tubercules 
se  montre  à  la  lèvre  supérieure  avec  tendance  à  l'ulcération  ;  nou- 
velle application  de  Vigo,  guérison  aujourd'hui. 

Si  l'on  compare  la  résistance  que  ces  afieçtions  opt  opposée  au 
traitement  interne  et  leur  rapide  guérison  par  Iç  sparçidrap  de  Yigo, 
on  ne  pourra  manquer  de  voir  là  un  des  plus  heureux  effj^is  de 
Outre  méthode. 

Obs.  V.  Hydromdénite  syphilitique  guérie  par  le  sparadrap 
de  Vigo,  —  R***  Jean-Baptiste,  âgé  de  soixante- (pâtre  ans,  en- 
tre dans  mon  service,  salle  Napoléon,  n*»  56,  le  29  janvier  1870. 

Cet  homme  a  contracté,  il  y  a  cinq  ans,  un  chancre  du  filej. 

Il  est  atteint  depuis  six  mois  d'une  hydrosadépite  syphilitique, 

Les  avant-bras  présentent  sur  le  trajet  du  cubitus  de  petites  tu- 
meurs ulcérées  ou  recouvertes  de  croûtes  brunâtres,  laissant  suinter 
du  pus  lorsqu'on  soulève  leur  bord. 

Même  lésion  sur  la  partie  antérieure  du  thorax. 

Il  y  a,  en  outre,  une  gomme  ulcérée  au  mollet  droit. 

Pansement  avec  le  sparadrap  de  Vigo. 

Cinq  jours  après,  les  croûtes  sont  tombées,  entraînant  de  petites 
eschares  ;  il  reste  une  ulcération  cupuliforme,  bourgeonnante.  1.0 
fO  février,  au  bout  de  trois  semaines,  la  cicatrisation  est  cornpjète. 

Ois.  VI.  Syphilide  pustulo-crustacée  guérie  par  le  pansement 


—  104  — 

à  l'emplâtre  de  Yigo.  —  L***  Angélique,  âgée  de  vingt  et  un  ans, 
blanchisseuse,  entre  le  i9  février  1870  dans  mon  service,  sallo 
Saint-Thomas,  n<*  43. 

Cette  fille  a  été  atteinte  d'accidents  syphilitiques  dès  Tâge  de  dix- 
huit  ans  ;  elle  est  venue  se  faire  soigner  à  Thôpital  Saint-Louis,  où 
elle  a  dû  faire  un  séjour  d'un  an. 

Pendant  dix-huit  mois,  la  guérison  s'est  maintenue. 

Six  mois  avant  son  entrée  à  Thôpital,  elle  a  vu  survenir  à  la  cuisse 
droite  un  petit  bouton,  suivi  bientôt  d'une  ulcération  à  marche  ser- 
pigineuse.  En  même  temps  une  plaque  de  syphilide  crustacée  se 
produisait  au  niveau  du  sacrum.  Ces  accidents  ont  persisté  jusqu'au 
moment  de  son  admission  à  l'hôpital. 

Nous  observons,  en  effet,  au  niveau  du  grand  trochanter  droit, 
deux  ulcérations  arquées,  à  fond  grisâtre,  à  bords  taillés  à  pic,  en- 
tourées d'une  auréole  rouge  cuivrée. 

Ces  deux  ulcérations  forment  chacune  le  quart  d'un  cercle  qui 
aurait  5  centimètres  de  diamètre. 

La  partie  ulcérée  mesure  2  centimètres  en  largeur.  Le  centre  de 
ce  cercle  est  occupé  par  une  cicatrice  luisante  et  violacée.  Cette 
plaie  gêne  les  mouvements  de  la  marche. 

Il  existe  encore  une  plaque  de  syphilide  pustulo-crustacée  au 
niveau  du  sacrum. 

Le  traitement  consiste  purement  et  simplement  dans  l'application 
de  sparadrap  de  Vigo,  sans  traitement  interne. 

Au  bout  de  deux  jours,  l'ulcère  a  changé  d'aspect,  ses  bords  se 
sont  affaissés  et  la  suppuration  est  devenue  très-abondante. 

Au  bout  de  six  jours,  la  cicatrisation  s'est  faite  dans  la  moitié 
de  rétendue  de  la  surface  ulcérée.  Le  reste  bourgeonne  activement. 
L'amélioration  survenue  dans  la  plaie  rend  la  marche  bien  plus 
facile. 

En  même  temps  les  croûtes  qui  recouvrent  la  syphilide  de  la  ré- 
gion sacrée  tombent  et  ne  laissent  à  leur  place  qu  une  simple  tache 
brunâtre. 

Au  bout  de  onze  jours  les  deux  ulcères  sont  presque  complète- 
ment cicatrisés.  Après  trois  semaines  de  traitement,  tout  était  fini. 

Obs.  vil  —  Le  sieur  Pierre  B***,  employé,  âgé  de  trente- 
quatre  ans,  est  entré  à  l'hôpital  Saint- Louis,  salle  Napoléon,  u®  10, 
le  18  janvier  1869. 

Ce  malade  est  atteint  de  syphilis  depuis  près  de  six  ans. 

L'accident  primitif  a  été  un  chancre  phagédénique  du  prépuce 
pour  lequel  il  a  été  traité  à  Thôpital  du  Midi  par  M.  Puche.  Le  trai- 
tement a  consisté  dans  l'administration  du  protoiodure  de  mercure 
et  des  ferrugineux. 

Après  avoir  eu  de  la  roséole  et  des  plaques  muqueuses,  il  fut  at- 
teint, deux  ans  après,  d'une  hémiplégie  pour  laquelle  il  entra  à 
Saint-Louis  dans  le  service  de  M.  Féréol.  Cette  paralysie  Ta  retenu 
dix  mois  au  lit,  mais  a  fini  par  disparaître  à  peu  près  complète- 
ment* 


—  105  — 

Au  mois  de  janTÎer  i869^  cinq  ans  après  \e  début  de  sa  syphi- 
lis^ il  rentra  à  Saint-Louis  pour  un  rupia  syphilitique  et  y  fut  traité 
par  M.  Bazin  au  moyen  du  sirop  de  Gibert.  Mais  on  y  a  ajouté  de 
rhuile  de  foie  de  morue  et  du  vin  de  quinquina,  parce  que  de- 
puis deux  ans  le  malade  tousse  et  a  craché  du  sang  à  plusieurs 
reprises. 

Au  mois  de  septembre  1869,  lorsque  je  prends  le  service,  le  ma- 
lade est  manifestement  phthisique  ;  les  deux  sommets  sont  pris  de 
pneumonie  caséeuse,  surtout  le  gauche.  Le  malade  a  Tasnect  ca- 
chectique^ les  membres  inférieurs  sont  œdématiés,  le  malaae  porte 
des  traces  de  syphilides  profondes  ressemblant  à  des  traces  de 
scrofule. 

Il  est  atteint  de  rupia  syphilitique  sur  le  front  ;  il  y  a  des  gommes 
dans  les  environs  du  lobule  de  Toreille. 

On  applique  le  sparadrap  de  Yigo  sur  les  ulcères  syphilitiques  et 
la  cicatrisation  s'en  fait  rapidement  ;  le  malade  engraisse  et  a 
boDne  mine;'  au  bout  d'un  mois  les  plaies  sont  guéries  et  le  malade 
a  pris  des  forces  et  de  l'embonpoint. 

Les  syphilides  tuberculeuses  ont  perdu  de  leur  importance^  les 
douleurs  ostéoscopes  qui  existaient  ont  disparu.  Le  malade  est 
beaucoup  mieux;  non-seulement  ses  ulcères  ont  guéri,  mais  son 
état  s*est  amélioré. 

Très-frappé  par  ces  résultats^  j'en  fis  part  à  mon  maître,  M.  Bazin, 
le  doyen  des  médecins  de  Thôpital  Saint-Louis,  et  je  suis  heureux 
de  pouvoir  dire  que  M.  Bazin  a  employé  ce  traitement  et  en  a  con- 
staté l'efficacité. 

Voici  le  résumé  de  cinq  observations  qui  ont  été  recueillies  dans 
*on  service  par  son  interne^  M.  Thorens. 

Obs.  Vin.  —  Sarah  D***,  âgée  de  dix-neuf  ans,  entre  à  la  salle 
Sainte-Foy,  n®  20,  pour  une  syphilis. 

L'accident  initial  remonte  au  mois  d'août  1869.  En  novembre 
de  la  même  année,  apparaissent  des  syphilides  phagédéniques  sur 
wn  genou  et  une  paupière.  M.  Bazin  emploie  d'abord  les  pansements 
*ïec  le  vin  aromatique,  le  cérat  opiacé,  le  stéarate  de  fer,  sans  ré- 
sultat, bien  que  la  malade  prenne  à  l'intérieur  d'abord  des  pilules 
de  protoiodure,  puis  du  sirop  de  biiodure. 

Sur  mon  invitation,  au  commencement  du  mois  de  mars,  M.  Ba- 
onfait  panser  l'ulcère  avec  le  sparadrap  deVigo-,  un  mois  après  la 
cicatrisation  était  complète  sans  qu'il  y  ait  eu  trace  de  salivation. 

Ois.  K.  —  Victorine  C***,  âgée  de  quarante-six  ans,  entre  à  la 
S4lle  Sainte-Foy,  n®  18,  le  14  mars  1870,  pour  une  hydrosa- 
dénite  syphilitique  ulcérée,  représentant  une  syphilis  qui  date  de 
bnit  ans. 

M.  Bazin  la  soumet  au  traitement  par  le  sirop  biiodure  et  Tem- 


—  106  •- 

plâtre  de  Vigo.  Ce  traitement  lui   permet  de  sortir   guérie  le 
a  ftyril. 

ÛBg;  X.  —  Le  sieur  B***  (François),  âge  de  quarante-neuf  ans, 
entre  à  la  salie  Saint-Matthieu^  n^  26,  pour  une  syphilis  datant  d'un 
an.  Il  est  en  ce  moment  atteint  d'une  syphilide  tuberculo-crustacée. 
M.  Bazin  le  soumet  à  l'emplâtre  de  Vigo  et  au  sirop  de  biiodi)re 
iodurë.  Au  bout  d'un  mois,  le  malade  est  guéri. 

O^s.  XI.  -1-  Le  sieur  P***  (Arsène),  âgé  de  quarante  ans, 
entre  à  l'hôpital  Saint-Louis,  salle  Saint-Matthieu,  n®  50,  pour  une 
syphilis  ancienne'qui  en  est  arrivée  aux  lésions  viscérales.  Le  ma- 
lade a  subi  de|)uis  longtemps  le  traitement  mercuriel. 

Il  entre  à  l'hôpital  SaintrLouis  pour  une  syphilide  généralisée 
ulcéreuse  qu^  M.  Bazin  désigne  par  le  nom  d^n^pétigo  cerclé. 

M.  Bazin  prescrit  le  sirop  de  biiodure  ioduré  et  obtient  une  amé- 
lioration lente.  M.  Bazin  prescrit  ensuite  le  pansement  par  te  spa* 
radrapde  Vigo,  et  dès  ce  moment  l'amélioration  se  fait  d'une  ma- 
nière très-rapide.  La  surface  à  couvrir  d'emplâtre  étant  assez 
considérable,  de  la  salivation  se  produit.  Cela  n'empêche  pas  le 
malade  de  sortir  guéri  au  bout  de  trois  semaines. 

A  ces  onze  observations  j'en  joindrai  une  douzième^  elle  in'a 
été  fournie  par  M,  Cfimpenon,  interne  à  l'hôpital  des  Eïifaqts 
malades. 

M.  Campenon,  qui  était  Tannée  dernière  l'un  de  mes  externes  à 
\^  Clinique,  avait  été  frappé  des  beaux  résultats  que  j'avais  obtenus 
dans  le  traitement  des  syphilides  ulcéreuses  par  le  pansement  avec 
le  sparadrap  de  Vigo.  Un  cas  semblable  s'étant  présenté  à  son  ob- 
servation, il  a  appliqué  le  mèm^  traitement,  et  le  succès  ncoui^oné 
sa  tentative. 

Voici  l'observation  de  M^^^^^P^^^^* 

Obs.  XII.  Syphilide  tubercufo-crusiacée,-^  M,  X***,  4gé  de  qua- 
rante-cinq ans,  de  boqne  constitution,  a  6u,  il  y  a  d^ux  ans  epviron, 
une  blennorrhagie  accompagnée  d'ulcération  de  pâture  douteuse 
sur  le  prépuce. 

Depuis  cette  époque  jusqu'au  napis  d'octobre  dernier  il  pe  re- 
marque aucun  changement  dans  sa  santé^  cepepdapt  il  croit  se 
rappeler  une  éruption  «  de  points  rouges  disséminés  vers  le  prin- 
temps 1869.  » 

Au  mois  d'octobre  1869^  il  remarque  une  sorte  de  petite  boule 
dure,  indolente  à  la  partie  externe  de  la  jambe  droite  vers  la  tôte 
du  péroné;  bientôt  une  autre  se  montre  clans  le  creux  du  jarret  à 
la  partie  inférieure,  puis  une  troisième  enfin  vers  le  tiers  moyen  d% 
la  jambe  à  sa  régioa  antéro-externe. 


—  107  — 

Peu  à  peu  ces  petites  tuipeurs  se  ramollissent,  se  perforent,  puis 
elles  se  couvrent  de  croûtes  qui  ne  sont  détachées  que  pour  être 
remplacées  bientôt  par  d'autres  de  même  aspect,  c'est-à-dire  blanc 
grisâtre^  d*aspect  corné,  irrégulières. , 

Entourées  au  début  d'un  cercle  «  d'inflammation  )>,  le  malade 
continuant  à  marcher  et  h  se  livrer  à  ses  occupations  qui  le  tiennent 
delK)i|t  une  partie  de  la  journée,  ces  ulcérations  deviennent  bientôt 
indolentes  p^r  le  repos,  mais  çouseryent  leur  caraptère  et  tendent 
à  augmenter  surtout  en  profondeur. 

Au  mois  de  janvier,  ces  ulcérations  apparaissent  à  bord  à  pic, 
taillé  à  l'emporte- pièce  ;  elles  sont  rondes,  à  fond  grisâtre,  en^ 
tourées  dVn  liséré  rouge-cuivre,  ou  plutôt  rappelant  la  teinte  du 
jaipbon  ;  ses  bords  sont  durs  ;  la  plus  petite  a  la  dimension  d'une 

Sièce  d'un  fr^nç  î  U  plus  large  atteint  environ  celle  d'une  pièce 
p  deux  francs;  leur  profondeur  est  d'environ  un  demi-centimètre. 

Rien  à  la  jambe  gauche. 

Sur  les  cuisses,  sur  les  jambes,  mais  moins,  et  aussi  sur  le 
tronc,  des  taches  de  la  forme  d'une  lentille,  de  teinte  rouge  brun, 
ne  disparaissant  pas  sous  la  pression. 

Quelques  ganglions  inguiqaux. 

Rien  du  côté  de  la  gorge  ni  du  cuir  chevelu. 

Il  n'y  avait  pas  encore  eu  de  traitement,  à  moins  de  considérer 
cemme  tel  des  applications  de  cataplasme  ou  d'alcool  selon  le  ca- 
fqrice  du  jour*  @t  aussi  quelques  pots  de  houblon. 

Penser  les  plaies  deux  fois  par  jour  avec  emplâtre  de  Vigo. 

Les  laver  avec  du  vin  aromatique. 

Pas  de  traitement  interne. 

Guërison  complète  en  trois  semaines.  «  Le  malade  voyait  mar- 
cher la  cicatrisation.»  Depuis  deux  mois,  il  a  vu  la  cicatrice  se 
PUUQteiiir  parfaite,  quoique  depuis  six  seniaines  il  ait  repris  ses 
(occupations. 

ta  teinte  grisâtre  et  cuivrée  des  macules  s'est  sensiblement 
tmendée. 

Pas  de  salivation. 

Pour  ne  rien  ôter  de  sa  valeur  à  cette  méthode  et  la  montrer 
Idle  qu'elle  est  en  réalité,  je  ferai  connaîtra  également  un  cas  où 
die  a  échoué. 

Obs.  XIIL  —  Le  sieur  Emile  F***  entre  à  Thôpital  Saint-Louis, 
>dle  Saint-Matthieu,  n**  26,  dans  le  service  de  M.  Bazin.  Ce  ma- 
lade, qui  a  eu  un  chancre  il  y  a  trois  ans,  est  atteint  aujourd'hui 
de  paraplégie,  de  gommes  et  d'une  syphilide  ulcéreuse  (l'hydrosa- 
dénite  syphilitique).  Le  malade  a  été  traité  antérieurement  à  l'hô- 
pital du  Midi  par  M.  Liégeois  à  l'aide  de  quatre  injections  sous- 
CQtanées  par  jour  faites  avec  la  solution  de  sublimé. 

Le  28  février  on  commence  l'usage  de  l'emplâtre  de  Yigo  et  du 
rifop  de  biiodure.  Ce  traitement,  continué  pendant  un  mois,  n'a 


—  108  — 

Ï>as  donné  de  résultat.  On  retourne  au  pansement  simple.  Ce  roa- 
ade  est  encore  en  traitement. 


En  résumé,  treize  malades  atteints  de  syphilide  ulcéreuse  ont  été 
traités  par  le  sparadrap  de  Vigo. 

Ces  malades  ont  présenté  les  trois  formes  particulières  à  cette 
sorte  de  syphilide.  En  effet,  sur  treize  cas  nous  trouvons  la  syphi- 
lide gommeuse  arrivée  à  la  période  d'ulcération  ou,  comme  l'ap- 
pelle M.  Bazin,  Thydrosadénite  syphilitique  cinq  fois,  la  syphilis 
tuherculo-ulcéreuse  cinq  fois  et  la  syphilis  pustulo-crustacée  trois 
fois.  On  sait  que  ces  affections,  en  général  circonscrites  et  tardives^ 
résistent  au  traitement  interne,  surtout  au  protoiodure  et  au  su- 
blimé, et  qu'elles  ne  sont  guère  améliorées  que  par  le  sirop  de  Gi- 
bert  qui  contient,  pour  1 000  grammes,  0,40  de  biiodure  de  mer- 
cure et  20  grammes  d'iodure  de  potassium.  On  peut  voir  qu'une  de 
nos  malades,  entre  autres  celle  qui  fait  le  sujet  de  Tobservation 
n®  4,  a  été  traitée  sans  succès  pendant  six  mois  par  l'iodure  de  po- 
tassium et  les  pilules  de  Sédillot,  c'est-à-dire  par  des  pilules  qui 
contiennent  de  5  à  8  centigrammes  de  mercure  métallique.  On  sait 
que  ces  affections  résistent  encore  activement  aux  préparations  io- 
Hurées,  c'est-à-dire  à  l'iodure  de  potassium  donné  à  l'intérieur  avec 
ou  sans  application  de  teinture  d'iode  sur  la  plaie. 

Par  notre  méthode,  la  guérison  est  survenue  douze  fois  sur 
treize,  et  elle  a  été  obtenue  dans  un  temps  relativement  très-court  : 
quatre  fois  en  trois  semaiqes  ;  quatre  iois  en  un  mois  ;  une  fois 
en  cinq  semaines;  une  fois  en  six  semaines;  une  fois  en  deux 
mois  ;  une  fois  en  trois  mois,  chez  la  malade  dont  la  guérison 
avait  exigé  une  année  par  le  traitement  de  M.  Hardy  pour  une 
affection  semblable. 

J'ajouterai  que  cette  méthode  a  un  autre  avantage,  c'est  qu'elle 
amène  une  grande  amélioration  presque  immédiatement  et  que  par 
conséquent  les  malades  l'acceptent  avec  plaisir. 

Je  conclus  en  disant  :  Je  crois  que,  quand  on  a  affaire  à  des  sy- 
philides  circonscrites  et  ulcéreuses,  à  ces  syphilides  tardives  qui,  en 
général,  résistent  si  longtemps  au  traitement  interne,  il  faut  faire 
un  traitement  dans  lequel  tout  le  mercure  qui  entre  dans  l'orga- 
nisme pénètre  par  les  ulcères. 

Le  sparadrap  de  Vigo  est  pour  ce  traitement  d'un  usage  très- 
facile.  Les  malades  peuvent  se  panser  eux-mêmes  sans  aide  ;  il  leur 
suffit  d'appliquer  sur  leurs  ulcères  du  sparadrap  de  Vigo  qu'ils  en- 


—  i09  — 

lèvent  deux  fois  par  jour,  à  cause  de  TabondaDce  extrême  de  sup- 
puration que  provoque  cet  emplâtre. 

Je  leur  conseille  en  outre  de  laver  chaque  fois  la  plaie  avec  du 
vin  aromatique  et  de  débarrasser  les  bords-  de  la  plaie  des  fragments 
d'emplâtre  qui  peuvent  y  adhérer;  il  suffit  pour  cela  de  faire  alen- 
tour des  frictions  avec  de  la  ouate  imbibée  d'un  peu  d^huile  d'a- 
mandes douces. 

II  y  a  là^  à  mon  avis^  une  ressource  précieuse  pour  la  thérapeu- 
tique^ si  Ton  veut  bien  ne  pas  oublier  que  malgré  les  moyens  ordi- 
naires^ ces  ulcères  tendent  à  s'agrandir  et  surtout  à  s'éterniser. 

Je  me  garde  bien,  comme  on  peut  le  voir^  de  faire  du  sparadrap 
de  Vigo  le  remède  de  tous  les  accidents  de  la  syphilis;  je  ne  fais 
que  proposer  son  application  toute  spéciale  pour  une  forme  déter- 
minée de  syphilis^  et  je  serais  heureux  de  connaître  pour  chaque 
affection  syphiUtique  en  particulier  un  moyen  aussi  efficace  (i). 


THÉRAPEUTIQUE   CHIRURGICALE 


Bta  indleatlonsdela  réseetlon  dans  les  fractures  non  consolidées; 

Par  M.  le  docteur  Bbrbrgbr-Fbraud,  médecin  principal  de  la  marine. 

La  résection  est  un  des  moyens  thérapeutiques  les  plus  énergi- 
ques dans  la  cure  des  fractures  non  consolidées^  moyen  de  grande 
chirurgie  à  coup  sûr  et  capable  de  beaux  résultats  comme  de  for- 
midables  accidents.  L^idée  de  cette  opération  est  extrêmement 
simple  :  mettre  à  nu  le  foyer  de  la  non-consolidation  par  une  in- 
cision suffisante  des  parties  molles  et  retrancher  successivement  les 
portions  malades  ou  cicatrisées  des  deux  fragments  osseux  ^  qui 
sont  ensuite  replacés,  bout  à  bout^  au  fond  de  la  plaie  dans  les 
conditions  d''immobiHté  nécessaire  à  leur  fusion.  Voilà  le  principe 
de  la  résection,  et  ajoutons  que,  abstraction  faite  des  dangers  in- 
Iiérents  à  Tou^verture  du  foyer  d'une  fracture^  on  comprend  que  ce 
soit  un  moyen  qui  plaise  à  un  opérateur.  En  eiiet,  non-seulement 
il  est  radical,  mais  encore  il  permet  de  se  rendre  compte  très-exac- 
tement de  la  cause  qui  empêchait  la  guérison,  connaissance  qui 
met  souvent  à  même  de  remédier  efficacement  aux  désordres.  Mais 


(1)  In  Gazette  médvcale  de  Paris. 


-  110- 

n'oublioDS  pas  que,  pour  peu  que  la  tégioil  soit  volumineuse,  roif* 
ganisme  est  très-fâcheusement  impressionné  par  l'agression  qu'on 
inflige  aux  parties  et  que  des  accidents  réactionnels  très-^Ates 
peuvent  en  être  la  conséquence. 

La  pensée  de  pratiquer  la  r($section  des  extrémités  osseuses  da&« 
une  pseudarthrosé  peut  retnontei*  pour  les  critiques  aux  tetiips  léÊ 
plus  anciens.  On  en  trouverait  peut-être  des  indication^  tàgtte!^ 
che£  les  Arabes  et  particulièrement  dans  Ali-Abbas  ;  tnais  eomtne 
il  vaut  mieux  s^en  tenir  à  une  chronologie  moins  étendue  pdttf 
donner  plus  de  précision  aux  faits  qile  Ton  étudie,  il  vaut  bien 
mieux  admettre  que  cette  idée  Appartient  à  White,  qui  la  mit  en 
pratique  sur  un  enfant  de  neuf  antl,  en  4760,  pour  une  pseudaf» 
throse  de  Phumérus,  et  qui  la  pratiqua  aussi,  en  1769,  pour  une 
fausse  articulation  du  tibia.  White  réussit  très-heui'eUsement  dan!l 
les  dpux  cas,  et  ses  succès  étaient  bien  de  nature  à  exciter  TattentiOd 
des  chirurgiens.  Aussi,  la  résection  a  été  depuis  Tobjet  de  l'étude 
et  des  expérimentations  d'un  grand  nombre  de  chirurgiens,  ce  qui 
a  donné  naissance  à  de  nombreuses  observations  qui  permettent 
assez  bien  aujourd'hui  d'apprécier  la  valeur  de  la  méthode. 

Il  y  a  plusieurs  variétés  de  résection,  et  nous  avons,  en  effet,  à 
étudier  deux  grandes  catégories  de  l'opération  qui  nous  occupe  « 
A,  la  résection  simple;  B,  la  résection  avec  auxiliaire.  Dans  la 
première  entrent  :  i°  la  résection  d'un  seul  fragment;  2°  des  deux  ; 
3®  le  grattage  ;  4®  la  cautérisation.  Dans  la  seconde  nous  trouvons  : 
1°  la  suture  du  périoste;  2*  la  suture  de«  os  :  3'  la  ligature  des  M. 

Cette  résection  est  un  moyen  radical  de  guérison  dans  certafimili^ 
circonstances;  mais  nous  devons  aussi  faire  ressortir  qn*il  ei4 
d'une  gravité  telle,  qu'il  expose  à  des  accidents  si  nombreux  et 
parfois  (i  terribles  que  le  chirurgien  n'est  autorisé  à  y  recourir  qotf 
lorsqu^il  est  bien  avéré  que  les  autres  moyens  plus  bénins  setmtUi 
tout  à  fait  insuffisants,  et  celte  raison  n'est  peut-être  pas  de  ftafioM 
à  faire  décider  l'opérateur  à  elle  seule.  Je  crois,  pour  ma  paart,  qirïf 
faut  qu'elle  soit  doublée  de  cette  autre  considération  :•  la  nécessité 
absolue  d'agir  ;  car,  toutes  les  fois  qu'un  appareil  paiHiaitil  pouVMI^ 
satisfaire  aux  exigences  du  moment,  j'estime  que  l'eu  aurait  USt$ 
de  ne  pas  y  recourir  de  préférence. 

Dans  cette  étude  de  ia  résection,  nous  allons  dire  d'abord  M» 
mot  rapide  du  manuel  opératoire  de  chaque  variante.  £^  ceUItt* 
manière,  nous  pourrons  suivre  plus  fructueusement  les  diverses- 
phases  de  la  discussion  d'ensemble  que  nous  iwons  k  la  tin  de  ce 


chapitre,  touchant  les  arantages  et  lés  incotivëtiients  de  la  résec- 
tion, discussion  qui  mettra  ainsi  en  relief  les  indications  et  lés 
contm-iDdications  de  Topération. 

RfiSBGTION   SIMPLE. 

Nous  comprenoh»  6ous  cette  déhdmidàtidti  les  divers  pf oc^dés  de 
résteiion  qui  ont  été  mië  en  uëage  depuis  White  jusqu'à  ces  déN 
mkiteê  années,  et  que^  pout  mieux  nous  tendte  compté  des  partiéU- 
iarttétf  d6  chaque  Tafiainte  de  Topëration,  nous  partageons,  comme 
nous  Tenons  de  lé  dire,  en  quatre  Catégories  :  1*  résection  des  detlt 
fragments;  2<>  résection  d*un  seul;  S"*  grattage;  4"*  cautérisation. 
On  Gompi^nd  qu^il  serait  facile,  en  combinant  un  à  un  ces  divers 
procédësi  de  faire  une  énumération  beaucoup  plus  longue  ;  mais 
eHe  n'aurait  aucune  utilité,  et  ce  que  nous  allons  dire  de  ces  di- 
verses manières  de  pratiquer  la  résection  sera  parfaitement  sui&«- 
lant  pour  en  apprécier  les  avantages  et  les  inconvénients. 

Résection  simple  des  deux  fragments,  —Cette  opération,  qui  re- 
monte, avons-nous  dit^  à  White,  consiste  dans  la  mise  à  nu  du 
foyer  de  la  pseudarthrose  à  Faide  d'une  incision  des  parties  molles^ 
et  quand  les  extrémités  osseuses  sont  à  la  portée  de  Topérateuf, 
elles  sont  coupées  à  Taide  d'une  scie,  soit  perpendiculairement,  soit 
obliquement,  à  la  direction  de  l'axe  de  Tos^  mais  toujours  de  ma- 
nière à  se  correspondre  par  deux  surfaces  semblables,  ce  qui  faci- 
litera leur  fusion  ultérieure.  Nous  n'avons  pas  besoin  d'étudier, 
même  sommairement^  le  manuel  opératoire  de  la  résection  simple 
des  deux  fragments^  nous  savons  qu'elle  se  compose  de  trois  temps  : 
1*  division  des  parties  molles  ;  2<*  section  des  os  ;  3°  pansement. 

Une  fois  la  résection  pratiquée  et  le  pansement  fini^  le  membre 
est  placé  dans  un  appareil  immobilisateur  qui  a  varié,  on  le  com- 
preod,  avec  tous  les  chirurgiens^  et  si  nous  voulions  passer  en  re- 
T«e  ici  tous  les  systèmes  employés  ou  proposés,  nous  aurions  à 
présenter  totis  les  appareils  à  fracture  que  la  chirurgie  possédé. 

D'ailleurs^  les  indications  à  remplir  par  l'appareil  immobilisa- 
teor  du  membre  après  la  résection  étant  à  peu  près  les  mêmes  pour 
toutes  les  variantes  de  résection,  nous  les  présenterons  une  seuld 
fob,  et  il  sera  facile,  on  le  comprend,  de  rattacher  successivement 
à  tous  les  cas  particuliers  ce  que  nous  aurons  dit  une  seule  fois  et 
l'ime  manière  générale. 

Nous  ne  pouvons  nous  empêcher  de  faire  remarquer  ici  que 
comme  il  est  de  notoriété  générale  et  incontestée  que  Timmobilité 


—  H2  — 

de  la  région  réséquée  est  la  condition  la  plus  nécessaire  au  succès 
de  l'opération,  l'idée  de  Ti  m  mobilisation  directe  des  fragments  est 
extrêmement  logique,  et  que,  par  conséquent,  elle  se  présente  tout 
naturellement  à  Tesprit;  mais  n^insistons  pas  davantage  sur  ce 
point,  nous  aurons  à  y  revenir  ultérieurement. 

Résection  simple  d'un  seul  fragment.  —  Le  germe  de  cette  ré- 
section simple,  appliquée  à  un  seul  des  fragments  de  la  pseudar- 
throse,  se  trouve  dans  la  seconde  opération  de  White^  qui  peut 
servir  de  type  aussi  pour  une  autre  catégorie  de  résection  ;  mais 
cependant  un  exemple  plus  parfait  est  celui  de  Dupuytren.  Nous  y 
voyons  que  Tillustre  chirurgien  de  THôtel-Dieu  ne  pouvant  parve- 
nir à  faire  saillir  le  fragment  inférieur,  se  décida^  après  bien  des 
efforts  infructueux,  à  ne  faire  qu^une  demi -résection.  Craignant 
lui-même  beaucoup  pour  le  succès  d'une  telle  opération,  qui  guérit 
pourtant  le  malade. 

Il  est  à  remarquer  que  la  résection  d^un  seul  fragment  n'a  donc 
été  engendrée  que  par  une  impérieuse  nécessité^  et  elle  est  telle- 
ment irrationnelle,  que  nous  voyons,  en  recherchant  les  faits  de 
cette  opération  enregistrés  dans  la  science,  que  quand  les  opéra- 
teurs n'ont  pu  réséquer  qu'un  seul  fragment,  ils  ont  cherché^  au 
moins  par  le  grattage,  à  le  mettre  dans  des  conditions  favorables 
pour  la  fusion  osseuse. 

C'est  donc  tout  à  fait  un  procédé  de  nécessité,  et  les  succès  que 
l'on  peut  mettre  à  son  actif  sont  assez  rares  et  assez  extraordinaires 
pour  devoir  être  mis  plutôt  sur  le  compte  du  hasard  ou  des  bonnes 
dispositions  du  sujet,  que  sur  le  compte  de  la  demi-opération  pra-* 
tiquée. 

Lorsqu'on  se  borne  à  réséquer  un  seul  fragment^  celui  dont  on 
a  fait  choix  est  attiré  à  l'extérieur^  comme  nous  Pavons  dit,  pour 
la  résection  des  deux  fragments^  et  à  l'aide,  soit  d'une  scie  ordi- 
naire^ d'une  scie  spéciale,  ou  de  la  scie  à  chaîne,  on  pratique  la  ré- 
section. Mais  n'oublions  pas  de  répéter  encore  que  cette  résection 
d'un  seul  fragment  est  une  opération  tout  à  fait  irrationnelle,  qui 
ne  doit  jamais  être  employée  dans  les  cas  où  le  second  fragment  ne 
peut  être  réséqué  pour  une  raison  quelconque  ;  et  répétons  encore 
que  le  grattage,  la  rugination,  etc.^  etc.^  seront  le  complément 
nécessaire  de  l'opération;  d'ailleurs^  la  chose  tombe  tellement 
sous  le  sens,  qu'il  est  inutile  d'insister  longuement  sur  la  nécessité 
d^aviver  les  deux  fragments  osseux  pour  les  disposer  à  la  fusion 
intime,  qui  est  le  but  cherché  par  le  chirurgien. 


—  113  — 

Je  ne  dois  pas  manquer  de  faire  observer  ici  encore  que  Tadjonc- 
lîon  d'un  moyen  d'immobilisation  directe  des  deux  fragments  met 
Je  malade  dans  des  conditions  infiniment  meilleures  pour  la 
guérisoD,  et,  comme  pour  le  procédé  précédent^  je  dirai  ultérieu- 
rement que  cette  immobilisation  directe  se  présente  comme  un 
complément  plus  indispensable  peut-être  ici  encore  qu^ailleurs, 
puisque,  dans  le  procédé  de  la  demi-résection^  les  os  ont  moins  de 
tendance  que  dans  les  autres  à  se  souder.  Mais,  d'ailleurs,  il  est 
inutile  d'insister,  car  la  rugination,  le  grattage  sont  des  opérations 
si  faciles  à  pratiquer  dans  tous  les  cas,  que  les  opérateurs  ne  vou- 
dront pas  désormais,  j'en  suis  sûr,  se  borner  à  employer  la  ré- 
section d'un  seul  fragment^  quand  ils  se  seront  décidés  à  une 
intervention  aussi  grave  que  celle  que  constitue  l'opération  du  re- 
tranchement d'une  portion  d'os  pour  guérir  une  pseudarthrose. 

Grattage  des  fragments, — White  avaitimaginé  de  gratter  Textré- 
mité  d'un  des  deux  fragments  de  la  pseudarthrose  avec  la  lame 
d'un  couteau  épais^  pour  suppléer  à  la  résection  proprement  dite  ; 
il  excitait  de  cette  manière  suffisamment  la  vitalité  de  ce  fragment 
pour  qu'il  aidât  aux  efforts  de  l'autre^  dont  on  avait  enlevé  une 
tranche  plus  ou  moins  épaisse.  Par  cet  artifice^  White  espérait 
(â>tenir  la  consolidation  avec  une  moins  grande  perte  dans  la  lon- 
gueur du  membre,  considération  importante  dans  bien  des  cas  et 
notamment  quand  il  s'agit  du  membre  inférieur.  Cette  idée  d'éco- 
nomiser la  longueur  d'un  membre  que  l'opération  doit  raccourcir 
d'une  manière  fâcheuse  devait  naturellement  frapper  et  séduire 
plus  d'un  chirurgien,  d'autant  plus  que  l'opération  ainsi  modifiée 
est  en  somme  plus  facile  à  pratiquer,  d'une  part ,  et^  d'autre  part^ 
semble  devoir  être  moins  agressive  pour  le  sujet  ;  nous  ne  devons 
donc  pas  être  étonné  d'apprendre  que  quelques  opérateurs  ont  voulu 
alors  élever  le  grattage  des  deux  fragments  à  la  hauteur  d'un  pro- 
cédé particulier,  espérant  qu'en  pratiquant  ce  double  grattage, 
l'excitation  des  fragments  serait  suffisante  pour  leur  consolidation^ 
tout  en  étant  moins  vive^  condition  à  prendre  en  grande  considé- 
ntion  dans  une  opération  qui  a  quelquefois  occasionné  la  mort  par 
ocès  d'inflammation  ou  de  suppuration  ;  ils  ont  pensé  aussi  que^  la 
consolidation  effectuée,  la  longueur  du  membre  resterait  d'autant 
pias  voisine  de  Tétat  normal  qu'une  moindre  quantité  d'os  aurait 
Aé  enlevée^  et,  on  le  voit,  le  procédé  du  grattage  des  fragments 
âait  constitué.  Bien  plus^  les  chirurgiens  ne  se  sont  pas  arrêtés  dans 
cette  voie  de  chercher  à  rendre  l'opération  moins  dangereuse,  et 

TOUS  LXXX.  3«  LIVR.  8 


—  414  — 

bientôt  Vidée  de  faire  un  grattage  sous-cutané  des  fragments  a  été 
formulée;  mais^  par  cette  modification^  Popération  a  perdu  les  ca* 
ractères  proprement  dits  d'une  résection  pour  se  rapprocher  de  la 
méthode  de  Brainard,  qui  appartient  à  une  autre  classe  de  moyens 
de  la  thérapeutique  chirurgicale  des  pseudarthroses,  et,  par  consé^^ 
quent,  elle  est  sortie  du  champ  que  nous  avons  h  étudier  et  ne  doit 
pas  nous  occuper  actuellement. 

Si  Ton  pratique  le  grattage  sur  les  deux  fragments^  on  se  genrirt 
d'un  couteau  à  dos  épais,  avec  lequel  on  lacérera  les  anciens  traits 
de  cassure,  jusqu'à  ce  que  leur  surface  soit  saignante  et  bien  avif* 
vée,  débarrassée  naturellement  des  tissus  fibreux  et  du  périoste  qui 
pouvaient  les  recouvrir.  A  défaut  de  couteau,  tout  corps  métallique 
tranchant  ou  piquant,  une  rugine,  un  poinçon,  pourra  servir* 
L'indication  est,  on  le  comprend,  de  détruire  la  surface  cicatricielle 
des  fragments,  et  il  n'est  pas  nécessaire  d'entrer  dans  plus  de  dé- 
tails sur  ce  sujet. 

Avons-nous  besoin  d'ajouter  que  si  Ton  veut  réséquer  un  frag-» 
ment  et  gratter  l'autre,  l'opération  rentre  dans  la  catégorie  précé* 
dente,  dont  nous  avons  déjà  dit  un  mot  et  sur  laquelle  nous  n'avons 
pas  à  revenir? 

Rappelons  ici,  comme  précédemment,  que  l'immobilisation  dî* 
recte  des  fragments  augmente  tellement  les  chances  de  succès  d« 
ropération,  qu'elle  doit  être  désormais  considérée  comme  son  con* 
plément  indispensable, 

M.  Gurlt  fournit  les  chiffres  suivants  touchant  les  opérations  dt 
grattage  des  fragments  dans  les  pseudarthroses  : 

RéfulUtf 
Guéris.       Insaccèt.     inconnuf.     Morti.  Told. 

Haméras  ...  2  »  2  >  4 

Avant-bras  .  .  S  »  »  i  s 

Fémur  ....  1  »  t  t  % 

Jambe  ,  .  •  •  2  2  •  »  4 

Totaux.  .  .        7  2  2  2  13 

4 

Dans  les  pièces  justificatives  réunies  à  la  fin  de  ce  livre,  je 
trouve  : 

Guérit.  lumiccéf.  Morti.  Total. 
Humérui  .,.••••       1               »               »  t 

Âvant-bras i  >  1  % 

Fémur 1  »  »  | 

Jambe 2  2  »  4 

Totaux.  .  .       5  2  1  S 


. 


—  il5  — 

RemarquQDS  que  ces  chiffres  sont  tout  à  fait  insuffisants  pour 
fixer  l'opinion  sur  la  valeur  du  grattage  dans  la  cure  des  pseudar* 
throses  ;  mais  il  est  à  noter  cependant  qu'une  méthode  qui  fournit 
un  décès  sur  huit  opérations,  ou  deux  décès  sur  treiae,  présente 
une  certaine  gravité,  et  nous  verrons  ultérieurement  que  celte  raii- 
son  porte  à  considérer  le  grattage  comme  n'étant  pas  sensiblement 
différent  de  la  résection  proprement  dite  à  ce  point  de  vue. 

Résection  avec  cautérisation  des  fragments.  «^  On  s'accorde  gé<- 
néralement  à  attribuer  l'idée  de  la  cautérisation  des  fragments  de  la 
fracture  non  consolidée  à  White,  qui  aurait  ainsi  proposé  toutes 
les  modifications  possibles  de  la  résection. 

Norris  a  dit,  au  contraire,  que  c'est  Cline^  de  Londres^  qui,  le 
premier,  a  songé  à  faire  une  incision  à  la  peau  pour  extirper  la 
matière  ligamenteuse  intermédiaire  aux  fragments,  et  appliquer 
ensuite  de  la  potasse  caustique  sur  les  surfaces  osseuses. 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'idée  est  fort  naturelle,  et  les  chirurgiens  ont 
eu  maintes  occasions  d'y  recourir.  Nous  pouvons  voir,  dans  les 
pièces  justificatives  qui  servent  de  base  à  ce  travail,  qu^ils  en  ont  tiré 
parfois  de  bons  résultats.  Il  a  été  fait  pour  cette  cautérisation  des 
fragments  ce  qui  avait  été  fait  pour  le  grattage,  c'est-à-dire  que 
quelques  chirurgiens  ont  eu  Tidée  d'employer  la  méthode  sous- 
cutanée,  mais  alors  Popération  a  perdu  en  grande  partie  le  carac- 
tère qui  distingue  la  résection,  et  s'est  approchée,  au  contraire,  de 
cette  classe  que  nous  avons  étudiée  précédemment  sous  la  dénomi- 
nation d'irritants  intérieurs  du  foyer  de  la  pseudarthrose.  Il  y  aune 
assez  grande  difiérence  au  point  de  vue  de  )h  portée  comme  de  la 
gravité  des  deux  méthodes,  pour  qu'il  soit  bien  nécessaire  de  faire 
une  distinction  très-précise  entre  elles  ;  par  conséquent,  il  est  bien 
entendu  que  nous  ne  nous  occuperons  ici  que  de  la  cautérisation 
des  fragments  qui  a  été  faite  apr^  une  incision  des  parties  molles^ 
mettant  les  fragments  de  la  pseudarthrose  à  jour,  de  même  que 
nous  n'avons  parlé  précédemment  que  des  opérations  de  Mayor  et 
de  celles  qui  se  rapprochent  du  procédé  de  M.  Bourguet,  c'est-à-dire 
de  ces  opérations  dans  lesquelles  la  cautérisation  des  surfaces  os- 
seuses s'est  faite  par  l'intermédiaire  d'une  solution  de  continuité 
extrêmement  limitée  des  parties  molles. 

L'emploi  de  diverses  substances  pour  cautériser  les  fragments  ne 
constitue  pas  des  procédés  différents  ;  l'action  est  en  somme  tou- 
jours b  même,  quelle  qu'ait  été  la  matière  employée  ;  tout  au  plus 
pounait->on  se  retrancher  sur  le  degré,  c'est-à-dire  sur  l'intensité 


de  celle  caulérisalion,  et  encore  on  n'aurait  pas  là  un  crilérium  bien 
satisfaisant,  car  tous  les  moyens  employés  sont  des  caustiques  es- 
charifiants,  et  nous  savons  qu'à  un  certain  degré  d'énergie  tous 
les  désorganisateurs  chimiques  produisent  un  seul  et  même  effet 
surnotre  organisme,  la  mort  des  tissus  atteints. 

La  cautérisation  des  fragments  ne  mérite  pas,  d'après  quelques 
chirurgiens,  d'être  considérée  comme  un  procédé  régulier  et  dis- 
tinct de  résection  ;  mais  nous  ne  voyons  pas  pour  notre  part  pour- 
quoi on  ne  l'accepterait  pas,  car  son  action  est  assez  énergique  et 
assez  spéciale  pour  mériter  une  attention  particulière. 

M.  Gurlt  a  noté  les  chiffres  suivants  dans  ses  statistiques  tou- 
chant l'emploi  et  les  effets  de  la  cautérisation  dans  la  pseudarlhrose  : 

Guéris.  Insuccès.  Total. 

Huméros 1                     2  3 

Avant-bras »                     »  » 

Fémur »                     9  d 

Jambe 5                     1  3 

Totaux.  ...        6  3  6 

Si  nous  jetons  un  coup  d'œil  sur  les  pièces  justificatives  qui 
sont  à  la  fin  de  ce  livre,  nous  trouvons  les  chiffres  suivants  : 

Guéris.  Insuccès.  Total. 

Humérus  •  • 1                      2  5 

Avant-bras »                     »  » 

Fémur 3                      »  3 

Jambe 10                     1  il 

Totaux*  ...      14  3  17 

Mais,  une  fois  de  plus,  nous  avons  ici  la  preuve  que  les  statistiques 
mal  faites  donnent  des  indications  sur  lesquelles  il  serait  téméraire 
de  se  fier.  En  effet,  notons  que  cette  cautérisation,  guérissant  qua- 
torze fois  sur  dix- neuf,  c'est-à-dire  quatre-vingt-deux  fois  sur  cent, 
serait  un  moyen  souverain  de  traitement  des  fausses  articulations. 
Or  nous  ne  craignons  pas  d'affirmer  que,  même  en  diminuant  de 
moitié  ce  chiffre,  nous  serions  encore  hien  au  delà  de  la  réalité.  La 
statistique  de  Gurlt  et  la  nôtre  ne  doivent  donc  pas  servir  de  pré- 
texte à  une  appréciation  quelconque  sur  la  méthode,  et  c'est  à  un 
autre  élément  d'appréciation  qu'il  faut  forcément  recourir. 

RÉSECTION  AVEC    AUXILUIRE. 

Les  résultats  fournis  par  la  résection  dans  les  pseudarthrôses 
n^ont  pas  été  aussi  beaux  que  semblait  le  promettre  la  méthode,  et 


—  il7  — 

il  ëtait  tout  naturel  que  les  chirurgiens^  qui  étaient  séduits  d'une 
part  par  l'horizon  que  leur  ouvrait  Tinvention  de  White  et  qui 
cependant  voyaient  les  insuccès  se  multiplier  à  mesure  que  la  mé- 
thode était  employée  plus  fréquemment,  cherchassent  les  moyens 
d'obtenir  plus  sûrement  la  guérison. 

Or,  en  étudiant  les  causes  d*insuccès  après  les  résections,  on 
s'aperçut  bientôt  que  le  manque  de  fixité  [dans  les  rapports  des 
fragments  entre  eux  est  une  grande  cause  de  non-réussite,  et  on 
redoubla  de  soins  pour  obvier  à  cet  inconvénient.  Boyer  déjà  avait 
cherché  si,  par  diverses  positions  données  au  membre,  on  ne 
pourrait  pas  assurer  une  coaptation  plus  facile  et  plus  solide  des 
fragments.  Roux  engagea  la  pointe  d'un  fragment  dans  le  canal 
médullaire  de  l'autre.  Mû  par  le  même  désir,  et  en  1825,  un  chi- 
rurgien américain,  Kearny  Rodgers,  imagina  de  réunir  les  os  par 
une  véritable  suture  des  fragments  ;  à  partir  de  ce  moment  l'immo- 
bilisation directe  était  entrée  de  droit  dans  le  traitement  des  pseu- 
darthroses,  et  bientôt  les  chirurgiens  essayèrent  soit  la  suture  des 
os,  soit  la  suture  du  périoste,  soit  la  ligature  des  fragments,  avec 
des  succès  divers. 

Nous  connaissons  aujourd'hui  trois  auxiliaires  à  joindre  aux 
résections  :  1®  la  suture  des  os  ;  2°  la  suture  du  périoste  ;  3®  la  li- 
gature des  os.  A  cela,  ajoutons  que,  pour  assurer  la  fixité  de  coap- 
tation, on  a  pu  recourir  à  la  pointe  métallique,  d'après  les  idées  de 
Malgaigne,  et  Ton  peut,  par  conséquent,  dire  que  les  moyens  de 
maintenir  les  fragments  en  contact  à  la  suite  des  résections  sont 
aussi  nombreux  que  variés. 

Résection  avec  suture  des  os.  —  Nous  venons  de  dire  que  Kearny 
Rodgers  a  eu  Tidée  de  fixer  les  fragments  osseux  d'une  pseudar- 
throse  réséquée  avec  un  véritable  point  de  suture,  et  c'est  un  auxi- 
liaire de  la  résection  que  nous  avons  à  étudier  actuellement. 

On  entend  par  suture  des  os  cette  opération  qui  consiste  à  tra- 
verser les  extrémités  des  fragments  d'une  fractui*e  avec  un  corps 
métallique  destiné  à  les  rapprocher  et  à  les  maintenir  solidement 
en  rapport  ;  elle  ne  diffère  de  la  suture  des  parties  molles  que  par 
la  densité  des  tissus  que  parcourt  le  lien  coaptateur  ;  car  en  dehors 
de  ce  point  de  divergence,  il  y  a  identité  parfaite  entre  la  suture  des 
os  et  la  suture  des  organes  mous  dïie  suture  à  points  séparés. 

Quand  on  étudie  la  suture  des  os,  on  voit  bientôt  que  les  auteurs 
n'ont  pas  toujours  procédé  de  la  même  manière,  et  recherchant 
toutes  les  variantes  opératoires  venues  à  ma  connaissance,  j^ai 


—  1^8  — 

trouvé  qu'on  peut  en  distinguer  trois  différentes  catégories,  dont 
voici  rénuméraition  : 

d*  La  suture  proprement  dite  des  fragments,  celle  qui  est  en  tout 
semblable  à  la  suture  à  points  séparés  des  parties  molles  ; 

2"  La  rivure  des  fragments,  ou  procédé  dans  lequel  on  introduit 
dans  les  fragments  mis  en  contact  et  percés  à  Taide  d'un  foret  qui 
les  transperce  tous  deux  à  la  fois^  soit  des  chevilles  d'ivoire  ou  des 
clous  métalliques^  soit  des  vis  d'acier  ; 

3^  La  perforation  des  fragments,  dans  laquelle  des  chevilles  sont 
introduites  dans  chaque  extrémité  des  fragments,  non  pas  de  ma- 
nière à  les  fixer  directement  et  immédiatement  Tun  à  l'autre^  mais 
de  façon  que,  liées  ensemble  au  dehors  de  la  plaie  en  même  temps 
qu'introduites  dans  la  substance  osseuse,  elles  y  développent  un 
travail  irritatif  qui  doit  donner  un  essor  nouveau  à  la  sécrétion 
des  éléments  du  cal. 

Cette  troisième  catégorie,  ou  procédé  des  chevilles,  est  très- 
différente  des  deux  premières,  on  peut  facilement  s'en  assurer  ;  en 
effet,  si  on  ne  lie  pas  ensemble  les  chevilles  après  les  avoir  mises 
en  place,  elle  manque  absolument  de  ce  caractère  capital  de  la  su- 
turation  proprement  dite,  c'est-à-dire  de  rapprocher  et  de  main- 
tenir en  contact  solide  les  fragments  dès  le  premier  moment  de  son 
application  ;  elle  n'agit  plus  alors  que  par  l'irritation  des  os  qu'elle 
produit,  et  c'est  à  ce  point  de  vue  que  j'ai  cru  devoir  la  comprendre  et 
l'étudier  dans  la  partie  du  traitement  qui  s^ occupe  des  irritants  inté- 
rieurs; mais  le  procédé  que  M.  Rigaud  (de  Strasbourg)  a  imaginé 
fait  du  procédé  de  Dieffenbach  une  véritable  suture  des  os. 

Chacune  de  ces  trois  catégories  de  procédés  de  suture  des  os  com- 
prend des  subdivisions  à  son  tour;  ainsi,  par  exemple,  la  première 
peut  être  pratiquée,  soit  avec  un  fil  métallique,  soit  avec  un  fil 
organique  ;  les  fragments  peuvent  être  mis  en  contact  tels  qu'ils 
sont,  ou  bien  réséqués  chacun  de  leur  côté  de  manière  à  présenter 
une  surface  très- favorable  par  son  étendue  et  sa  direction  à  la  so- 
lidité de  la  coaptation. 

Mon  excellent  ami,  le  docteur  Fauvel  (du  Havre),  aussi  habile 
qu'ingénieux  opérateur,  a  eu  l'idée  de  combiner  la  suture  et  la  liga- 
ture des  os.  Ce  procédé  peut  avoir  dans  quelques  circonstances  son 
utilité. 

La  deuxième  catégorie  a  aussi  ses  subdivisions,  suivant  que  la 
rivure  est  obtenue  par  une  cheville  d'ivoire  ou  de  métal,  ou  par  une 
vis  introduite  dans  l'os. 


-  il9  — 

Enfin^  la  troisième  »e  partage,  si  l'on  aime  les  subdivisions,  ea 
autant  de  procédés  qu'on  peut  trouver  de  matières  différentes  pour 
fixer  les  chevilles  ensemble  à  l'intérieur  du  membre.  Ces  diverses 
subdivisions  seront  plus  facilement  retenues  en  les  présentant  leus 
forme  de  tableau  : 


i«  Procédé  avec  an  fil  métallique  tdfdtt,  la 
surface  de  sectien  étant  perpeadicu- 

fM  GAîCOORtfi.         \  ^^î**®  ^  1'*»®  <ï«  l'w» 

2o  Procédé  avec  un  fil  orgaiii<{tte  notté. 

30  Résection  oblique  à  l'axe  de  l'oe. 

4«  Combinaison  de  la  anture  et  de  la  liga- 
ture des  os,  ou  procédé  de  M*  Pauvel, 
du  Havre. 


!lo  Rivure  par  des  ebevlllea  Uaaes  orga- 
niques. 
2o  Rivure  par  des  chevilles  listes  métal- 
liques. 
2o  Rivure  par  dea  vis  métalliques. 

S*  GiTÉQORIE.           (  Chevilles  enfoncées  séparément  dans  cha- 

j  que  fragment  et  réunies  à  l'extérieur. 

Perforation              j  ou  procédé  de  M.  Rigaud,  de  Stras- 

des  fragments.            [  bourg. 


Dans  mon  JVàité  de  f immobilisation  directe  deê  fragments 
Oiseux  ions  lis  futures,  j'ai  discuté  assez  longuement  la  ques- 
tion dô  t'agressiou  de  Tos  par  la  suture  des  os  pour  n'avoir  pas 
besoin  d'y  revenir  ici,  et  je  me  borne  à  formuler  laconcluaion  :  que 
cette  agression  constitue  une  si  minime  complication,  qu'elle  ne 
saurait  faire  hésiter  un  moment  désormais  les  chirurgiens.  D'ail- 
leurs, quelque  chose  de  plus  que  mon  opinion  personnelle  peut 
être  invoqué  à  Pappui  de  ce  que  je  dis,  c'est  le  fait  suivant  :  dans 
mon  livre,  j'ai  rapporté  quatre-vingts  observations  de  suture  des 
os.  Aujourd'hui,  c'est-à-dire  un  an  à  peine  après  sa  publication, 
j'en  pourrais  ajouter  cinquante  autres  ;  à  la  liste  des  trente-neuf 
chirurgiens  qui  avaient  employé  la  suture  des  os,  à  ma  connais- 
sance, Je  pourrais  ajouter  vingt  autres  noms.  Ou  voit  donc  que  la 
notoriété  chirurgicale  est  en  faveur  de  Topération,  et  je  suis  sûr,  à 
la  faveur  avec  laquelle  Tidéeest  accueillie,  qu'elle  fera  très-large- 
ment son  chemin. 


Suture  du  périoste.  —  Un  chirurgien  disliogué  de  la  Grande- 
Bretagne,  le  docteur  Jordan  (de  Manchester),  pensant  que  la  suture 


des  03  constituât  une  agression  trop  profonde  contre  les  frag- 
ments, a  voulu  aiTÎver  à  la  fusion  des  eitrémitès  de  la  pseudar- 


throse  en  utilisant  les  propriétés  ostéogènes  du  périoste,  et  a  pro- 
posé une  opération  qui  doit  nous  arrêter  un  moment. 


—  i2i  — 

Je  n'ai  pas  besoin  de  décrire  ce  procédé^  dont  les  quatre  figures 
ci-contre  nous  donnent  une  idée  très-suffîsante. 

L'autoplastie  périostique^  qui  a  été  employée  dans  très-peu  de  cas 
jusqu'ici,  ne  paraît  pas  destinée  à  un  avenir  bien  brillant.  M.  Né- 
laton  pense  qu'elle  est  surtout  destinée  aux  pseudarthroses  simples  ; 
car  la  dissection  du  périoste^  si  délicate  par  elle-même^  aurait 
peu  de  chances  d'être  faite  convenablement  dans  le  cas  de  com- 
plications venant  soit  des  os^  soit  des  parties  molles  de  la  fausse 
articulation. 

Résection  avec  ligature  des  os, — Un  autre  moyen  direct  d'assurer 
la  coaptation  des  fragments  à  la  suite  des  résections  est  la  ligature 
des  os,  dont  je  me  suis  occupé  très-complètement  dans  mon  Traité 
précité  de  V immobilisation  directe  des  fragments  osseux  (p.  365 
à  424)  ;  je  renvoie  à  ce  travail  pour  les  détails  que  je  ne  puis  don- 
ner ici. 

Pointe  de  Malgaigne.  ^- La.  pointe  de  Malgaigne  peut  être  mise 
en  œuvre  pour  maintenir  les  fragments  réséqués  de  la  pseudar- 
throse^  comme  elle  les  maintient  dans  les  cas  où  l'on  recourt  à  l'im- 
mobilité prolongée  avec  compression  des  fragments.  Nous  n'avons 
pas  besoin  de  décrire  en  détail  cette  pointe  de  Malgaigne^  que  l'on 
connaît  assez. 

(La  suite  au  prochain  nuniéro.) 


CHIMIE  ET  PHARMACIE 


mmr  la  prèM^atlon  des  llmoiiadefl  pursatlFeu  an  elirate 

de  masnéflie  ; 

Par  N.  H.  Duquesnel*  pharmacien. 

M.  le  docteur  Delioux  de  Savignac  a  publié,  dans  un  des  der- 
niers numéros  du  Bulletin  de  Thérapeutique  y  une  note  sur  la  pré- 
paration et  l'administration  du  citrate  de  magnésie  comme  purga- 
tif. D'après  cette  note^  le  citrate  de  magnésie  doit  être  administré  à 
rëtat  neutre  et  non  acide^  parce  que  les  sels  acides  purgent  moins 
bien  que  les  sels  neutres^  et  dans  un  véhicule  non  gazeux,  parce 
que  l'acide  carbonique,  agissant  comme  anesthésiquc ,  diminue 
l'effet  purgatif  du  sel. 


• 


—  iM  — 

Il  est  aBsez  difficile  en  pratique  de  résoudre  la  première  ques- 
tion, c'est-à-dire  de  taire  un  citrate  neutre  de  magnésie,  produit 
peu  soluble  dans  Teau  froide,  ayant,  à  l'état  sec,  une  tendance  à 
se  décomposer  en  citrate  basique  insoluble,  et,  dans  Teau,  à  fk*oid 
ou  à  chaud,  en  un  citrate  acide  soluble  et  un  citrate  basique  into^ 
lubie. 

Cependant^  parmi  les  différentes  méthodes  que  Ton  suit  pour  la 
préparation  des  solutions  ou  limonades  citro'-magnésiennes,  il  eu 
est  une  qui  permet  d'obtenir  un  citrate  sensiblement  neutre,  tandis 
que  les  autres  ont  principalement  pour  but  la  préparation  rapide 
ou  la  bonne  conservation  du  produit.  Nous  allons  d^abord  citer 
deux  de  ces  dernières  : 

L'une  consiste  à  employer  le  citrate  de  magnésie  tel  qu'il  est  livré 
par  les  fabricants  et  à  le  dissoudre  dans  Peau.  Ce  moyen  est  de 
beaucoup  le  plus  défectueux,  à  cause  de  l'inégalité  de  composition 
d'un  semblable  produit. 

On  trouve^  en  effets  dans  le  commerce  le  citrate  de  magnésie  à 
Tétat  amorphe,  granulé  ou  pulvérulent,  ou  bien  encore  à  l'état 
cristallisé.  Souvent  transformé  partiellement  en  sel  basique  pres- 
que insoluble,  il  contient  plus  souvent  encore  un  certain  excès 
d'acide  citrique  destiné  à  en  assurer  la  solubilité.  On  obtient  done 
avec  un  semblable  produit  des  limonades  dont  la  proportion  d'acide 
en  excès  augmente  avec  la  dose,  et  modifie  par  conséquent  l'effet 
purgatif. 

La  seconde  méthode  que  l'on  suit  pour  préparer  les  solutions 
citro-magnésiennes  consiste  à  employer  une  solution  titrée  de  ci- 
trate de  magnésie  que  Ton  sature  en  partie,  au  moment  de  l'enfer- 
mer dans  des  bouteilles,  à  l'aide  du  bicarbonate  de  soude. 

L'acide  citrique  est  saturée  en  partie  et  l'acide  carbonique,  mis 
en  liberté,  sert  à  rendre  gazeuse  la  limonade. 

La  solution  titrée  contient  un  excès  d'acide  tel  que^  pour  une  dose 
représentant  50  grammes  de  sel  purgatif,  il  faut  employer  4  gram- 
mes de  bicarbonate  de  soude  destiné  à  saturer  l'acide.  Si,  pour 
chaque  dose  de  sel  purgatif  autre  que  50  grammes,  on  ne  prend  pas 
la  précaution  de  modifier  celle  du  bicarbonate^  l'acide  citrique  ne 
sera  plus  saturé,  et  pour  des  doses  supérieures  à  50  grammes  il 
sera  en  excès. 

De  plus,  cette  solution  titrée  s'altère  assez  facilement  au  bout  de 
quelques  jours,  et  subissant  une  sorte  de  fermentation  visqueuse, 
peut,  après  un  certain  temps,  contenir  des  sels  nouveaux,  proba- 


—  123  — 

blement  acétate  et  pxalate^  dotit  la  présence  explique  la  sateur 
amère  que  l'on  retrouve  dans  une  solution  un  peu  ancienne. 

n  est^  avons^nous  dit  d'abord  ,  une  troisième  méthode ,  que 
nous  considérons  comme  la  meilleure,  et  que  Ton  devrait  em- 
ployer à  Texclusion  des  autres  ;  mais  elle  demande  un  peu  plus  de 
temps^  et  nécessite  une  opération  pour  chaque  limonade  ou  tout  au 
moins  la  préparation  quotidienne  d*une  solution.  Nous  Tavons 
employée  souvent,  et  avec  succès,  pour  préparer  les  purgations 
CJtro- magnésiennes  sous  un  très-petit  volume. 

Elle  consiste  à  prendre  du  carbonate  de  magnésie  bien  sec^  et  à 
le  délayer  dans  Teau,  puis  à  ajouter  de  Tacide  citrique  entier  ou, 
mieux^  grossièrement  pulvérisé.  Lorsque  la  solution  est  complète^ 
ce  qui  exige,  à  froid,  environ  vingt  minutes,  on  filtre,  puis  on  édul- 
core  la  solution  avec  un  sirop  aromatique. 

Les  proportions  de  carbonate  de  magnésie  et  diacide  citrique  va- 
riant avec  les  doses  de  sel  purgatif,  nous  suivons  le  tableau  ci-dessous, 
qui  a  été  fait  expérimentalement  et  avec  beaucoup  de  soin  par 
'mon  premier  maître,  M.  Belin,  pharmacien  à  Versailles. 

Ajoutez 


UflKmtde 

aefde 

Carbonate  de    Eau. 

/  Solution 

Sirop 

Alcooiature 

à 

citrique. 

magnésie. 

'        de: 

simple. 

de  citrons. 

16 

11»,20 

7»,20 

50g,00 

60«,00 

I2g,00 

2 

gouttes* 

90 

U,00 

9,00 

75,00 

a 

120,00 

18,00 

2 

— 

25 

17,00 

11  ,25 

90,00 

u 

m   . 

140,00 

20  .00 

2 

— 

» 

Sf  ,00 

13,50 

100,00 

o 

170,00 

25  ,00 

3 

— . 

35 

S4,50 

15,50 

120,00 

OS 
ta 

200  ,00 

30  ,00 

3 

— 

40 

28,00 

18  .00 

150  ,00 

O 
0* 

225  ,00 

35  ,00 

3 

— 

45 

31  ,00 

20,50 

160,00 

250,00 

40,00 

3 

— 

50 

55,00 

22,50 

180,00 

H 

270  ,00 

45,00 

4 

— 

85 

58,50 

24,50 

190,00 

g 

310,00 

50  ,00 

4 

— 

60 

42,00 

27,00 

200  ,00 

340,00 

55,00 

5 

— 

65 

45  ,50 

29,50 

210  ,00 

370  ,00 

60  ,00 

5 

— 

70 

49  ,00 

31  ,50 

220,00 

\  380  ,00 

65,00 

5 

— 

Si  l'on  veut  employer  la  magnésie  calcinée  au  lieu  de  carbonate 
de  magnésie,  il  faut  se  conformer  au  tableau  ci-joint. 


Limooade 

à: 

Acide 
citrique. 

Magnésie 
calcinée. 

30 

17g,50 

5g,00 

40 

23,00 

7,00 

45 

26,00 

7,80 

50 

29  ,00 

8,50 

60 

35,00 

10,50 

—  124  — 

11  est  essentiel,  dans  les  deux  cas,  de  goûter  la  solution  ainsi  ob- 
tenue avant  de  Tëdulcorer^  une  saveur  trop  acide  devant  être 
corrigée  par  l'addition  de  carbonate  de  magnésie  jusqu^à  cessation 
d'effervescence^  et^  par  contre^  une  saveur  alcaline  et  amère  devant 
être  corrigée  par  Taddition  d'acide  citrique,  jusqu'à  disparition  de 
la  saveur  alcaline  amère. 

Ces  additions  sont  souvent  rendues  nécessaires  par  la  composition 
du  carbonate  ou  d'une,  magnésie  plus  ou  moins  hydratée,  ou  bien 
encore  par  une  pesée  un  peu  lourde. 

Ainsi  obtenue,  la  limonade  au  citrate  de  magnésie  n'a  pas  de 
saveur  acide^  et  convient  beaucoup  aux  malades  par  son  volume, 
qui  ne  dépasse  généralement  pas  celui  d'un  verre. 


Un  goudron  an  émulslon  ancrée  ponr  l'nsage  Interne^ 

Par  M.  Roussuï. 

Pour  éviter  les  inconvénients  inhérents  à  l'eau  de  goudron,  qui 
est  un  médicament  éminemment  variable,  M.  Guyot  a  proposé  dé 
séparer  par  distillation  la  partie  aromatique  du  goudron,  de  com- 
biner la  partie  résineuse  avec  le  carbonate  de  soude  et  enfin  de  réu- 
nir le  tout  ;  préparation  que  M.  Jeannel  a  simplifiée  en  triturant 
le  goudron  avec  le  carbonate  de  soude  et  en  émulsionnant  ce  mé- 
lange avec  l'eau. 

Ces  deux  préparations  ont  l'inconvénient  de  faire  intervenir  la 
distillation  du  goudron  ou  tout  au  moins  son  association  à  un 
carbonate  alcalin,  ce  qui  nécessairement  doit  modifier  sa  compo- 
sition chimique  et  par  conséquent  ses  propriétés  thérapeutiques. 
Il  serait  préférable  d'émulsionner  le  goudron  au  moyen  d'un  corps 
neutre  :  M.  Adrian  a  proposé  le  jaune  d'œuf  ;  M.  Roussin  donne  la 
préférence  au  sucre,  qu'il  avait  déjà  proposé  en  1863  pour  favoriser 
Témulsion  du  baume  de  copahu. 

L'émulsion  sucrée  de  goudron  s'obtient  facilement  en  triturant 
dans  un  mortier  de  porcelaine  de  manière  à  obtenir  une  pâte  ho- 
mogène :  du  goudron  purifié,  du  sucre  pulvérisé,  de  la  gomme 
pulvérisée.  On  ajoute  l'eau  par  petite  quantité,  de  manière  à  obte- 
nir Témulsion,  on  laisse  reposer  et  on  décante. 

Cette  émulsion  sucrée  n'a  pas  la  saveur  repoussante  des  mu/- 
sions  chimiques ,  elle  possède  l'odeur  franche  du  goudron  ainsi 
que  sa  saveur  débarrassée  du  principe  acre  et  amer.  Elle  est  en 
toute  proportion  miscible  à  Teau  ;  dès  lors,  avec  une  émulsion 


mère  parfaitement  dosée,  on  pourra  préparer  instantanément  des 
solutions  renfermant  la  quantité  désirée  du  principe  actif.  (Sud 
médical^  juin  1870.) 


BULLETIN  UUi  HOPITAUX 


PfiRIGÀBDITE.     ËpàNCHEHBNT     DE    SÉROSITÉ     PURULEIVTE.     PONC- 
TIOK    AYBC    l'àPPÀREIL  DU   DOCTEUR    DiEULAFOY,    GuÉRISON.  —   La 

paracentèse  du  péricarde,  bien  que  déjà  depuis  longtemps  con- 
seillée par  Sénac,  n^est  entrée  dans  la  pratique  que  depuis  un 
Dombre  d'années  fort  restreint^  grâce  à  Skoda,  Trousseau  et  Aran, 
qui  a  consigné  dans  ce  journal  le  fait  qui  lui  est  propre  (t.  XLIX). 
Depuis,  elle  a  été  faite  un  nombre  de  fois  relativement  assez  con- 
sidérable, mais  avec  des  résultats  qui ,  croyons-nous,  n'ont  pas  été 
favorables  dans  la  majorité  des  cas.  C'est  un  motif  de  faire  connaî- 
tre les  succès  (faute  de  pouvoir  publier  tous  les  cas  indistincte- 
ment)^ afin  d^encourager  les  praticiens  à  ne  pas  négliger  une 
opération  qui^  souvent,  est  la  seule  voie  restante  pour  sauver  la  vie 
des  malades.  Voici  le  fait  emprunté  au  service  de  M.  Frémy. 

R***  (Jacques),  vingt  et  un  ans,  fumiste.  Jeune  homme  d'ap- 

Sarence  robuste  ;  il  n^a  jamais  été  alité;  il  n'a  jamais  souffert  de 
oaleurs  articulaires* 

Il  entre  à  THôtel-Dieu,  dans  le  service  de  M.  Frémy,  le  28  fé- 
vrier 1870,  se  plaignant  de  points  douloureux  dans  les  deux  côtés 
de  la  poitrine^  et  présentant  de  la  fièvre,  de  la  toux,  un  peu 
d'abattement^  un  peu  d'oppression.  On  trouve  à  Tauscultation  des 
Tâles  muqueux  et  un  peu  de  souffle  dans  les  deux  poumons  en 
arrière.  Le  début  de  son  affection  remonte  à  quinze  jours.  On 
diagnostique  une  bronchite  avec  points  pneumoniques  en  voie  de 
résolution.  Cinq  jours  après,  deux  vésicatoires  et  une  potion 
kennétisée  en  avaient  eu  raison. 

La  convalescence,  franche  d'abord,    semble  bientôt  ne  plus  se 

r>Doncer  que  lentement,  et  enfin  suivre  une  marche  rétrograde  : 
pouls  s'élève,  la  langue  se  sèche,  rabattement  se  montre;  le 
ventre  semble  légèrement  ballonné.  Les  symptômes  du  début  ne 
reparaissent  cependant  pas  dans  la  poitrine  ;  et,  dans  l'embarras 
où  l'on  se  trouve  pour  prononcer  le  diagnostic,  on  se  rattache  à 
l'idée  d^une  dothicnentérie  dans  la  période  prodromique^  atten- 
dant tout  d  l'expectation. 

Cette  idée  préconçue  eut  malheureusement  pour  résultat  d'at- 
tirer Tattention  trop  particulièrement  sur  les  organes  de  l'abdomen^ 


—  Iâ6  — 

et  fit  raëconnaîlre  (rès«probablement  la  véritable   lésion   qui 
développait. 

En  effet,  la  série  des  symptômes  de  la  dothiénentérie  ne  se  dé- 
voilait pas. 

Le  pouls  était  devenu  petit  et  vite,  rabattement  persistant^  sans 
être  arrivé  jusqu'à  la  prostration  ;  pas  d^épistaxis,  pas  de  diap- 
rhée  ;  le  malade  mangeait  un  peu^  se  levait  pour  aller  au  cabinet. 
Cependant  il  se  plaignait  de  nuits  passées  sans  sommeil,  il  avait 
un  peu  d'oppression  et  présentait  une  légère  teinte  cyanosée. 

Quoi  qu'il  en  soit^  ce  n'est  que  le  19  mars^  après  Texamen  du 
thorax^  que  fut  découverte  la  véritable  lésion.  Il  existait  un  épan- 
chement  péricardique  considérable  et  un  épanchement  pleurétî-» 
que  occupant  seulement  la  hase  de  la  plèvre  gauche. 

Voici  du  reste  quels  étaient  les  symptômes  locaux  de  cet  épan- 
chement du  péricarde  :  voussure  de  la  région  appréciable  ;  maiité 
caractéristique,  franche^  avec  perte  d'élasticité.  A  rauscultatioo, 
bruits  du  cœur  sourds^  éloignés^  mais  réguliers  ;  leur  nutiimum 
d'intensité  est  entendu  dans  un  point  situé  bien  au-dessus  de  U 
base  de  la  matité.  / 

Traitement  :  un  vésicatoire,  vin  diurétique,  julep  extrait  de 
ratanhia. 

Les  jours  suivants  les  symptômes^  tant  généraux  que  locata^ 
prennent  une  intensité  croissante  ;  la  teinte  cyanosée  du  maga 
augmente,  le  tissu  cellulaire  s'infiltre  de  sérosité,  la  soif  devient 
très-vive,  l'appétit  se  pefd^  les  nuits  sont  mauvaises,  elles  se  pas* 
sent  sans  sommeil,  grâce  peut-être  à  la  gêne  de  la  respiration,  qui 
se  prononce  de  plus  en  plus.  Les  urines  du  malade,  examinées  à 
plusieurs  reprises,  sont  sans  albumine. 

Le  28  mars,  diarrhée  peu  intense  qui  dure  jusqu^au  3  avril  et 
cesse  sans  traitement  spécial. 

Enfin,  après  avoir  appliqué  cinq  véskatoires  sur  la  r^on  du 
cœur  sans  avoir  pu  arrêter  la  marche  des  symptômes^  il  faMut 
songer  à  la  ponction.  Voici  du  reste  Pélat  du  malade  le  7  avriti 
jour  où  l'opération  fut  pratiquée  : 

Il  est  couché  sur  le  côté  gauche,  indifférent  à  tout  ce  qui  l\m« 
toure  ;  Tanasarque  est  considérable,  au  point  que  les  membres  in- 
iérieurs  sont  doublés  de  volume,  et  que  les  paupières  sont  ternes, 
fermées  ;  la  dyspnée  est  intense. 

La  teinte  générale  de  la  peau  est  très-pâle^  les  lèvres  sont  vio- 
lacées, le  pouls  est  hliformc,  i  16  pulsations.  Il  n'y  a  jamais  eu 
de  syncope,  même  à  cette  période  de  la  maladie.  A  ka  région  (hi 
cœur,  voussure  considérable  ;  la  pression  détermine  de  la  douleur 
au  niveau  des  cinquième  et  sixième  côtes.  La  matité  s'éteud  à 
droite,  à  6  centimètres  en  dehors  de  la  ligne  médiane  du  stemuv^ 
sur  la  ligne  du  mamelon  ;  en  bas  elle  a  refoulé  le  diaphragnoie  eC 
elle  descend  au-dessous  de  l'appendice  xiphokie  ;  à  gauche,  elle  s€ 
confond  avec  la  matité  du  poumon.  On  se  souvient  qu'il  a. été 
signalé  un  léger  épanchement  à  la  base  du  poumon  gauche.  Avec 
la  péricardite  Tépancbement  a  grandi,  i\  occupe  maintenant  ht 


—  127  — 

moitié  inférieure  de  la  plèvre  gauche  en  arrière.  A  ^auscultation^ 
on  trouve  les  bruits  du  cœur  sensiblement  diminués,  mais  ils  ne 
sont  pas  étouffés  comme  semblerait  le  faire  croire  Tintensité  des 
autres  symptômes*  A  la  base  du  poumon  gauche,  il  y  a  absence 
de  murmure  vésiculaire,  diminution  des  vibrations  thoraciques  ; 
à  sa  partie  supérieure,  des  râles  muqueux,  pas  de  souffle,  pas 
d'égophonie. 

Le  poumon  droit  fonctionne  bien,  il  n'offre  les  symptômes  d'au- 
cune lésion. 

Avec  des  symptômes  généraux  très^graves^  une  langue  sèche 
comme  uo  copeau  et  une  soif  des  plus  vives,  il  n'existe  pas  de 
diarrhée. 

D'après  ce  tableau,  on  comprendra  que  le  seul  espoir  qui  restât 
fût  dans  la  ponction.  C'est  le  7  avril  qu'elle  fut  pratiquée,  avec 
l'appareil  aspirateur  du  docteur  Dieulafoy^  à  Taide  d'une  canule 
mesurant  2  millimètres  de  diamètre,  c'est-à-dire  à  peu  près  du 
Yoluroe  d'un  trocart  capillaire  de  trousse. 

Cette  canule  est  fortement  taillée  en  biseau  à  sa  partie  inférieure  ; 
cette  disposition  permet  de  la  faire  pénétrer  sans  qu'il  soit  besoin 
.  d'un  poinçon  intérieur.  A  sa  partie  supérieure,  elle  est  pourvue 
d'un  ajutage  qui  peut  être  mis  en  communication  directe  avec 
le  bec  d'une  seringue  en  verre,  dans  laquelle  on  a  préalablement 
fait  le  vide. 

Grâce  à  l'étendue  de  la  matité,  et  surtout  grâce  à  la  perfection 
des  instruments,  la  ponction  offrit  peu  de  difficultés.  Cependant 
Tanasarque  était  telle  ,  qu'il  fut  impossible  de  compter  les 
eipaces  intercostaux  à  travers  les  téguments  épaissis  de  plusieurs 
cimtimètres.  Le  lieu  d'élection  fut  pris  1  centimètre  au-dessus  de 
1^  base  de  la  matité^  et  6  centimètres  environ  à  gauche  de  la  ligne 
médiane  du  sternum.  On  enfonça  la  canule  inclinée  de  bas  en 
faautj  en  lui  imprimant  un  mouvement  de  rotation  ;  elle  pénétra 
facilement^  sans  faire  éprouver  plus  de  résistance  dans  un  point 
que  dans  un  autre,  et  disparut  sous  les  téguments  dans  une 
longueur  de  7  i  8  centimètres.  Un  peu  de  liquide  sortit  en  bavant 
par  l'extrémité  externe,  on  était  dans  le  péricarde  ;  appliquant 
alors  la  seringue  directement  à  la  canule ,  l'aspiration  fut  pra- 
tiquée. 

Cette  ponction  donna  environ  huit  centi  grammes  d'une  sérosité 
fluide,  il  est  vrai,  mais  parfaitement  opaque  et  de  couleur  blanche- 
jaunâtre  ;  en  un  mot,  un  liquide  parfaitement  purulent.  Un  peu  dé* 
courage  par  l'apparence  purulente  du  liquide,  et  préjugeant  que 
ropération  devait  être  inefficace,  vu  l'état  général,  on  renonça  à 
toute  injection.  Le  Uquide  avait  cessé  de  jaillir.  La  canule  retirée, 
on  n'est  pas  peu  surpris  de  la  voir  bouchée  à  son  extrémité  infé- 
rieure par  une  rondelle  de  cartilage  qui  n'avait  pas  moins  de 
4  centimètre  de  longueur^  et  était  engagée  en  entier  dans  l'ouver- 
ture, comme  dans  un  emporte-pièce.  La  canule  avait  donc  passé  au 
travers  d'nn  cartilage  costal^  et  l'écoulement  du  liquide  n'avait  eu 
lieu  que  grâce  à  une  ouverture  qui,  heureusement  pour  ce  cas^  est 


—  128  — 

placée  sur  le  côté  de  la  canule.  Encore  cette  ouverture  était-elle  à 
demi  obturée  par  la  partie  supérieure  du  cartilage. 

Le  malade  ne  semble  pas  ressentir  un  mieux  immédiat  ;  la  dys- 
pnée et  l'abattement  persistent;  cependant  le  pouls  est  moins  petit. 
Si  la  maiité  existe  toujours,  elle  est  moins  étendue  ;  elle  dépasse  à 
peine  le  bord  droit  du  sternum  ;  la  perte  d'élasticité  est  moius 
complète.  A  gauche,  la  matité  du  péricarde  se  confond  toujours 
avec  celle  de  la  plèvre.  A  l'auscultation,  les  bruits  du  cœur  sont 
manifestement  plus  éclatants,  tandis  qu'à  la  base  du  poumon  on 
trouve  toujours  les  mêmes  signes  de  pleurésie. 

Le  soir,  le  mieux  se  prononce  :  la  dyspnée  est  moins  considéra- 
ble ;  Tanasarque  a  diminué,  le  malade  manifeste  un  peu  d'appétit, 
mais^  d'un  autre  côté,  une  toux  quinteuse  le  tourmente^  et  le 
pouls  est  toujours  à  116. 

Le  lendemain,  8  avril,  l'anasarque  a  encore  diminué  ;  persistance 
delà  toux,  vomissements  des  aliments  dans  les  quintes.  Le  pouls 
donne  95  le  matin,  108  le  soir.  On  trouve  une  différence  de  2  de- 
grés entre  la  température  du  matin  et  celle  du  soir  dans  l'aisselle. 
A  l'auscultation  du  cœur,  pas  de  bruit  de  frottement;  le  premier 
bruit  est  dédoublé  à  la  base  ;  la  pleurésie  persiste  avec  tous  ses 
symptômes. 

Les  jours  suivants,  on  assiste  en  quelque  sorte  à  la  résurrection 
du  malade  :  l'anasarque  tend  à  disparaître  ;  la  dyspnée^  la  toux 
cessent;  la  soif  diminue  ;  le  sommeil  est  bon. 

Le  10  avril,  légère  épistaxis.  Le  malade  est  mis  à  une  portion 
d'aliments,  sur  sa  demande. 

Le  13^  il  se  lève.  L'anasarque  est  réduite  à  un  peu  d^œdème 
périmalléolaire.  Des  symptômes  de  péricardite,  il  ne  reste  qu'on 
peu  de  matité  très-limitée.  L^état  aigu  a  disparu,  mais  il  a  fait 
place  à  un  état  chronique  qui  fait  prévoir  que  la  guérison  complète 
sera  longue  à  venir.  Le  malade  est  très-amaigri,  très-anémié  ;  le 
moindre  effort  Tépuise  ;  en  outre,  la  teinte  de  son  visage  est  celle 
d'un  homme  dont  Thématose  se  fait  mal  ;  ses  lèvres  sont  bleues. 
Le  pouls,  qui  le  matin  donne  80^  monte  le  soir  à  100.  La  nuit^  il 
a  des  sueurs  profuses. 

A  quoi  est  dû  cet  état  de  marasme  qui  se  prolonge  sans  amélio- 
ration longtemps  après  la  guérison  de  la  péricardite  ? 

Ce  malade  a-t-il  des  tubercules  dans  les  poumons  ?  Fait-il  du 
pus  quelque  part  ?  Devons-nous  croire  à  un  cœur  altéré  dans  ses 
éléments  ?  Ou  bien  la  pleurésie,  dont  le  liquide  se  résorbe  lente^ 
ment  pour  s'organiser  en  fausses  membranes,  ne  suffirait-elle  pas 
pour  expliquer  ces  symptômes  d'épuisement  et  d'asphyxie  lente?  C  est 
à  cette  dernière  idée  qu'on  se  rattache^  et  la  raison^  c'est  que  l'on 
ne  trouve  de  lésions  que  dans  la  plèvre.  En  effet,  du  côté  du  cœur^ 
pas  signe  d'adhérence  ni  d'hypertrophie  ;  un  simple  prolonge- 
ment du  premier  bruit  à  la  base,  du  côté  des  poumons  ;  jamais  on 
n'a  pu  saisir  un  symptôme  de  tuberculisation  aux  sommets, 
tandis  que,  au  contraire,  voici  ce  que  donne  à  observer  répanche» 
ment  de  la  plèvre  gauche  : 


429  — 


plus  considérable  se  développer  dans  les  points  que  le  liquide  aban- 
donne. De  temps  en  temps^  la  toux,  les  points  douloureux  repa- 
raissent et  disparaissent  après  application  des  vésicatoires.  En  un 
mot,  on  assiste  à  la  formation  de  fausses  membranes  dans  la 
plèyre  gauche  ;  aussi  cette  plèvre  en  est  pleine  quand  le  malade 
quitte  rhôpital  pour  aller  à  Vincennes,  le  27  mai. 

La  veille  de  son  départ,  le  malade  est  toujours  amaigri^  toujours 
cyanose  ;  ses  ongles  sont  devenus  hippocratiques. 

Le  soir,  ses  malléoles  présentent  de  Tœdème  ;  en  même  temps 
le  pouls  s'élève,  la  sueur  arrive  et  se  continue  la  nuit.  Cependant 
le  sommeil  est  assez  bon,  Tappétit  assez  considérable  pour  que  le 
malade  mange  trois  portions.  Les  digestions  sont  bonnes  ;  pas  de 
diarrhée. 

Oa  peut  résumer  :  guérison,  après  ponction,  d'un  épanchement 
séro- purulent  considérable  du  péricarde. 


Mais  est-ce  bien  là  un  cas  de  péricardite?  Nous  le  croyons,  et 
^oid^  du  reste^  à  ce  sujets  les  réflexions  que  Tauteur  a  mises  à  la 
mite  de  l'observation  : 

«Certes,  ce  n'est  pas  là  un  cas  d'observation  journalière^  il  n'est 
qoetrop  facile  de  s'en  assurer  par  la  lecture  des  ouvrages  qui  trai- 
tent de  cette  matière.  Mais  c'est  cette  rareté  même  qui  doit  nous 
bire  admettre  comme  possible  toute  alternative  contraire  au  dia- 
pottic  que  nous  avons  porté.  D'autant  plus  qu'on  pourrait  accuser 
ce  diagnostic  de  pécher  dans  ses  éléments ,  soit  que  les  signes 
n'aient  pas  été  donnés  avec  toute  la  précision  possible ,  soit  même 
foe  certains  signes  aient  été  complètement  négligés^  à  ne  citer  que 
le  tracé  sphygmographique.  Essayons  de  prévoir  quelques  contra- 
ctions. En  face  du  petit  nombre  de  péricardites  purulentes^  que 
^  pleurésies  purulentes  terminées  par  guérison  !  Aurions-nous  eu 
one  pleurésie  purulente,  mais  sans  hydrothorax  ?  Gomment  sup- 
foier  on  liquide  qui  passe  de  l'autre  côté  du  sternum  au  devant  du 
ttBor?  Peut-on  supposer  un  kyste  du  bord  antérieur  de  la  plèvre 
guche,  disposé  de  telle  sorte  qu'il  donne  lieu  à  tous  les  signes  lo- 
caux et  généraux  de  i'hydrothorax^  y  compris  Tanasarque  ?  Il  nous 
lemUe  qu'il  faudrait  supposer  un  nombre  assez  considérable  de 
cifeonstanGes  bien  heureuses.  Enfin  rappelons  le  cas  d'une  collec- 
tioD  purulente  entre  le  sternum  et  le  péricarde.  Etait-ce  notre  cas  ? 
Hdas  ne  le  croyons  pas^  et  nous  nous  appuyons  sur  les  seuls  carac- 
tères du  liquide,  fluide,  filant,  composé^  selon  toute  apparence,  en 

TOME  UXX.  3*  UTR.  9 


—  i30  - 

grande  partie ,  de  sérum  liquide  comme  on  n'en  trouve  qu 
une  cavité  séreuse. 

((Ainsi  unQ affection  qui  a  été  reconnue  par  tous  ceux  qui 
le  malade  pour  un  épuisement  purulent  du  péricarde  a  pu 
après  une  ponction.  QuMI  nous  soit  permis  de  croire  que  Taspi 
appliquée  à  cette  ponction  n'est  pas  étrangère  à  ce  succès,  et 
malade  doit  en  partie  son  salut  à  ce  que  le  liquide  a  pu  être 
peut-être  complètement^  grâce  à  ce  moyen  (1).  » 


RÉPERTOIRE  MÉDICAL 


REVUE  DES  JOURNAUX 


manière  partlenlière  de 
pratiquer  le  taxis.  Ce  procédé 
opératoire  consiste  à  attirer  la  partie 
herniée  de  l'inteslin  dans  la  cavité  ab- 
dominale, au  lieu  de^ihtrcber  à  l'y 
repousser.  Le  malade  e^l  couché  sur 
le  dos,  les  cuisses  pliées  sur  le  bassin, 
les  reins,  le  thorax,  la  tète  fléchis  en 
avant,  de  manière  à  ce  que  le  corps 
soit  pour  ainsi  dire  pelotonné  et  les 
parois  abdominales  dans  l'état  de  f^là- 
cbement  le  plus  complet. 

Alors,  avec  les  doigtsde  la  main 
gauche,  le  chirurgien  saisit  la  tumeur 
herniaire  à  sa  base,  en  la  comprimant 
léghrement;  en  même  temps,  avec  la 
main  droite,  il  rapproche  autant  que 
possible  les  téguments  de  l'abdomen 
vers  l'oriGce  ventral  du  canal  herniaire, 
et,  par  un  mouvement  simultané  avec 
le  rapprochement  de  ces  téguments,  il 
produit  une  traction  sur  les  intestins 
hernies,  à  l'effet  de  les  ramener  dans 
riutérieur  de  la  cavité  al)dominale.  On 

Eeut,  pour  faciliter  la  réduction,  com- 
iner  la  pression  de  la  hernie  avec 
ceUe  traction  des  intestins  dans  Vab- 
domen. 

Tel  est  le  procédé  mis  en  usage  par 
SA.  GrvDfeUt  père,  en  1846.  et  publié 
par  lui  dans  la  Revue  médicale  fran- 
çaise et  ëirangère  de  cette  même  an- 
née. M.  Grynfellt  Gis,  agrégé  à  la 
Faculté  de  Montpellier,  a  eu  l'occasion 
de  mettre  k  répreuve  ce  mode  opéra- 
toire^  et  cela  avec  le  plus  entier  succès. 


Onvoilquela  prsitiquedeMII 
feltt  a  la  plus  grande  analogie  av 
que  M.  LanneloDgue  a  soumit 
nièrement  à  la  Société  de  chi 
dans  un  travail  iutitulé  :  D9  la 
tion  des  hernies  à  l'aide  de  U 
pression  continue  de  la  paroi  a 
nale  immédiatement  au^-dess 
pédicule  herniaire,  aidée  par  le 
M.  Lunneloogue  conseille  de  c 
ter  les  manœuvres  du  taxis  d 
compression  faite  avec  le  bora 
de  la  main  sur  la  paroi  abdoi 
au-dessus  du  pédicule  de  la 
Dans  plusieurs  cas,  le  chirurgi 
remplacer  avec  succès  la  comp 
de  rabdomen  avec  la  main  p 
compression  pratiquée  au  moy< 
sac  de  toile  contenant  2  ou  i 
grammes  de  grenaille  de  plom 
pendu  à  un  cerceau  placé  an- 
du  ventre  du  malade,  pesant 
son  poids  sur  le  point  indiqué, 
moyeu,  on  obtient  une  pressic 
tinue  et  uniforme,  qui  peut  éti 
longée  pendant  cinq,  aix  ou 
minutes  et  i)lus,  sans  être  trop  ] 

ftour  le  patient,  et  qui  facilite 
ièrement  le  taxis  si  elle  ne  le  n 
complétemeot  inutile. 

M.  Gryofeltt  fait  remarque 
M.  Labbé  que  l'idée  d'attirer 
testins  t^eraiés  dans  le  ventre 
être  antérieure  aux  travaux  d 
père.  Dans  l'Inde,  le  doeteqr  ' 
dû  comprimer  le  ventre  avec  ni 


(1)  Gazette  des  hôpitaux,  observation  recueillie  par  M.  Ponroy»  él 
sei*vice. 


—  i3i  — 


Tiette  et  le  faire  remonter  vers  l'om- 
bilic comme  pour  attirer  la  masse 
intestiDale  en  haut.  M.  Sédillot  con- 
seille aussi  les  tractions  des  intestins 
hernies  dans  la  eaviié  abdominale 
comme  moyen  de  réduction  des  her- 
lies.  IMontpdSer  médiccU.) 

WSmmphjuémke     Insolite    des 
êtmx    paupières    &    drelte* 

I.  F**%  âgé  de  vingt-quatre  ans^  né* 
goeiant  à  Rio  de  ^heiro^  vient,  dit 
H.  le   docteur  Pires  Ferreira»  me 
consulter  le  26  décembre  1869  pour  un 
cas  d'emphysème  des  paupières.   Il 
raconte  avoir  l'habitude  de  prendre 
toos  les  matins  des  bains  de  mer,  et 
foe  ce  jour-là.  en  entrant  dans  l'eau, 
fl  voit  approcher  une  grosse  vague 
qu'il  veut  fuir  en  plongeant,  mais 
celle-ci  l'attrape  et  lui  donne  un  vio- 
lât coup  à  la  figure. 

11  a  pu  cependant  rester  encore 
qielque  temps  dans  Veau,  mais  en 
Milaot  il  avait  fort  mal  à  la  tète,  et 
pei  de  temps  après  les  paupières 
onites,  surtout  la  supérieure  ;  com- 
AeBcérent  à  trembler  ;  il  se  moucha  et 
Pcnlit  un  peu  de  sang  par  la  narine 

En  même  temps  les  paupières  de- 
însieot  grosses,  lourdes  et  augmeo- 
ttet  de  volume  à  mesure  que  le  ma* 
bde  se  mouchait. 

Osand  je  Tai  examiné,  quelques 
^res  après  l'accident,  j'ai  constaté 
^h\i  suivant  :  les  deux  paupières, 
■Vtoiit  la  supérieure,  étaient  le  siège 
fil  gonflement  indolent,  sans  rou- 
iptt  et  sans  chaleur.  Le  malade  fai- 
^én  efforts  pour  ouvrir  l'œil  et 
l'y  parvenait  pas,  la  paupière  supé* 

I       rtâve  tombant  au  devant  du  globe  et 

I       ^  cachant  entièrement. 

i         le  récit  du  malade  et  la  date  toute 

'  rtceate  de  l'accident  éloignèrent  tout 
de  uite  l'idée  d'une  inflammation 
pUegDoneuse  ou  d'un  gonQemenlœdé- 
Wai,  d'autant  plus  qu'il  existait  une 
imde  dépressibilité  des  tissus,  oui 
eâdiient  bellement  à  la  pression  des 
M|ts  et  revenaient  aussitôt  q,tte  ces- 
nttla  pression.  J'ai  employé,  pour  en- 
tendre la  sonorité,  le  procédé  de  la 
cUqaenande,  que  j'ai  vu  mon  savaat 
■lure,  M.  Te  professeur  Gosselin,  em- 
ptsyer  souvent  dans  le  diagnostic  des 
bfiltratioBs  gazeuses,  et  il  m'a  été  fa- 
cile d'entenilre  un  son  aérique  très- 
^tinct  J'ai  cnerché  alors  la  crépi- 
tafioB  emphysémateuse  sans  la  pouvoir 
MUir,  ce  que  j'attribuai  à  la  lâcheté 
di  tim  œllalaire  de  la  région. 


La  couche  de  tissn  cellttlaire  qui 
s'étend  de  l'arcade  orbitaire  àt  l'oreille, 
offrait  le  même  état  emphysémateux, 
et  dans  cette  région  j'ai  parfaitement 
senti  la  crépitation. 

Le  malade  se  rappelle  avoir  reçu, 
dans  son  enfance,  un  coup  de  bâton 
sur  le  nez  sans  qu'il  en  fût  résulté  la 
moindre  incommodité.  La  région  na- 
sale ne  présente  aujourd'hui  aucune 
difformité. 

Je  pense  qa'il  y  a  en  ici  quelque 
rupture  de  la  paroi  externe  du  nez  et 
de  la  partie  correspondante  de  la  mem- 
brane de  Schneider,  et  que  le  malade 
se  mouchant  avec  force,  l'air  passa 
directement  de  la  fos^  nasale  ou  dn 
canal  nasal  dans  le  tissu  soos-jacent  à 
la  membrane  muqueuse  du  sac  lacry- 
mal et  gagna  de  proche  en  proche  ce- 
lui des  paupières. 

J'ai  employé  un  traitement  fort  sim- 
ple,et  qui  m'a  donné  une  cure  complète 
et  très-rapide.  J'ai  commencé  par  tran- 
quilliser mon  malade,  qui  s'effrayart 
beaucoup  en  voyant  tout  à  coup  son 
œil  dans  un  état  pareil.  J'ai  pratiqué 
ensuite  une  petite  incision  dans  la  ré- 
gion externe  de  la  paupière  supérieure, 
à  3  millimètres  du  rebord  ortHtaire 
externe.  L'air  s'échappa  immédiate- 
UMBt  par  l'incision  et  le  malade  put 
ouvrir  l'oeil  facilement  J'appliquai  un 
bandeau  compressif  que  le  malade  leva 
le  soir  pour  aller  dîner  en  ville.  En 
rentrant  il  se  fit  de  nouveau  appliquer 
l'appareil  jusqu'au  lendemain  matin. 
L'emphysème  n'existaK  plus  vingt- 
quatre  heures  après,  laissant  l'œil  et 
les  parties  voisines  dans  un  état  d'in- 
tégrité parfaite.  J'ai  revu  H.  F*"  cinq 
mois  après  l'accident,  il  est  parfaite- 
ment guéri.  {Gaz,  des  hôp.,  1870, 
no  82.)  

Corps  étranger  ▼elami» 
neux  de  l'orbite.  Une  femme  de 
trente  ans,  en  jouant  avec  son  mari, 
reçut  de  lui  un  violent  coup  de  pipe 
dans  la  région  orbitaire  3  l'instru- 
ment avait  été  lancé  eu  pointe  le 
tuyau  en  avant:  une  grande  quantité 
de  sang  s'écoula  aussitôt  et  le  mari 
effrayé  jeta  loin  de  lui  la  pipe  an* 
dessus  de  la  muraille;  elle  n'a  pu 
être  retrouvée. 

Quelques  remèdes  locaux  et  des 
dérivatifs  sur  le  tube  intestinal  fu- 
rent employés  pendant  dix  jours  sans 
amendement,  mais  sans  aggravation 
considérable  dans  l'état  de  la  malade. 

C'est  à  ce  moment  que  M.  Borel  la 
vit  ;  il  la  trouva  dans  TéU^  suVs«&\\ 


—  432  — 


paupières  tuméfiées  et  closes  ;  ché- 
mosis  assez  considérable  avec  état 
sain  de  la  cornée;  mouvements  di- 
rects en  bas  du  globe  oculaire  diffi- 
ciles et  incomplets  ;  l'exploration  du 
cul-de-sac  inférieur  de  la  conjonc- 
tive fait  pénétrer  le  stylet  par  une 
petite  ouverture  de  la  muqueuse  dans 
laquelle  la  sonde  rencontre  un  corps 
dur»  lisse^  facile  à  déplacer  ;  la  ma- 
lade affirme  qu'elle  a  un  tuyau  de 
pipe  dans  l'œil  depuis  dix  jours,  elle 
dit  que  depuis  ce  temps  elle  ressent 
dans  le  nez  et  dans  la  gorge,  sans 

ftouvoir  s'en  délivrer ,  le  goût  et 
'odeur  acre  d'une  pipe  imprégnée 
de  jus  de  tabac. 

L'auteur,  après  avoir  fixé  Toeil, 
charge  le  corps  étranger  entre  les 
mors  d'une  pince  et  extrait  à  la  se- 
conde tentative  un  bout  de  tuyau 
d^ambre  long  de  3  centimètres,  large 
de  8  millimètres  et  muni  encore  à  son 
extrémité  inférieure  du  fil  qui  ser- 
Tait  à  le  fixer  à  la  pipe. 

Les  suites  de  cette  petite  opération 
furent  trës-simples  et  la  malade  était 
complètement  guérie  cinq  ou  six  jours 
après.  (  Union  médicale  de  la  Seine- 
Inférieure,  15  avril  1870.) 

Effet  abortif  d*an  morceau 
d'alun  dissons  par  mégarde 
dans  une  tasse  de  café.   Les 

propriétés  de  l'alun^  employé  tant  à 
l'intérieur  qu'à  Textérieur,  sont  bien 
connues,  et  nous  n^avons  pas  à  les 
rappeler  à  nos  lecteurs.  Mais,  parmi 
ces  propriétés,  nous  n^avons  vu  fi- 
gurer nulle  part  celle  de  provoquer 
Tavortement.  Que  faut -il  donc  voir 
dans  le  cas  suivant:  une  simple 
coïncidence ,  une  action  directe  de 
cette  substance  sur  l'utérus  gravide, 
ou  bien  la  conséquence  des  troubles 
gastriques  provoqués  par  elle,  et 
telle  qu*elle  aurait  pu  être  si  la  cause 
de  ces  troubles  eût  été  autre?  C'est 
ce  que  nous  ne  saurions  dire,  en  l'ab- 
sence de  tout  fait  semblable. 

Une  jeune  femme  enceinte  de  trois 
mois  et  demi,  ayant  pour  mari  un 
homme  parcimonieux,  eut,  en  l'ab- 
sence de  ce  dernier,  la  fantaisie  bien 
excusable  de  prendre  une  tasse  de 
café.  L'infusion  prête ,  elle  ouvrit 
furtivement  une  armoire  pour  y  sai- 
sir un  morceau  de  sucre,  referma 
l'armoire,  sucra  le  café  et  avala  ce- 
lui-ci d'un  trait,  dans  la  crainte 
d'un  retour  soudain  du  mari.  La 
jeune  femme  avait  bien  trouvé  un 
goût  singulier  au  café  ;  mais,  crai- 


gnant uue  surprise,  elle  avait  bras- 
que  l'ingestion  du  breuvage,  qui  n'é- 
tait autre  qu'une  solution  vigoureuse- 
ment chargée  de  sulfate  d'alumine  et 
de  potasse.  Or  il  arriva  ici  ce  que 
nous  avons  indiqué  plus  haut:  des 
douleurs  ou  plutôt  des  pincements 
douloureux  à  l'épigastre ,  puis  des 
vomissements.  De  plus,  la  malade 
éprouva  au  bout  d'une  heure  une 
sensation  inconnue  dans  Thypo- 
gastre;  il  lui  semblait  que  Tutérus 
se  portait  dans  une  des  fosses  ilia- 
ques. Enfin  les  symptômes  précur- 
seurs d'une  fausse  couche  se  mani- 
festèrent et,  au  bout  de  deux  jours, 
le  travail  se  termina  par  l'expulsion 
d'un  fœtus,  qui  semblait  littérale- 
ment tanné.  Le  placenta  était,  lai 
aussi,  flétri,  déformé,  ratatiné.  Cet 
avortement  n'a  pas  eu  d'autres  suites. 
^  Placé  dans  de  meilleures  condi- 
tions d'observation,  nous  aurions  pu,, 
dit  le  docteur  Mauzelte,  de  Chamoa* 
Dix,  auteur  de  cette  relation,  acqaé* 
rir,  par  un  examen  anatomique  du 
fœtus  et  du  délivre,  des  notions  cer* 
tainement  instructives.  Nous  avouons 
n'avoir  pas  cherché  si  l'alun  dans 
ce  cas  avait  produit  les  effets  coa- 
gulants qu'on  lui  a  supposés,  ou 
exercé  une  simple  astriction  sur  les 
vaisseaux.  Cette  dernière  manière  d'a- 
gir nous  a  semblé  trouver  un  témoi* 
gnage  en  sa  faveur  dans  l'état  phy- 
sique apparent  du  fœtus  et  da  dé- 
livre, et  nous  nous  en  sommes  tena 
à  cette  impression.  Mais,  nous  le  ré- 
pétons, il  nous  suffira  peut-être  d'a- 
voir signalé  ce  fait  pour  qu'il  de- 
vienne le  point  de  départ  d'études- 
importantes  au  point  de  vue  de  la 
contre-indication  de  l'alun  à  haate- 
dose  dans  le  cours  de  la  grossesse. 
(Joum.  de  méd,  et  de  chir.  prat.^ 
janv.  1871.)  '^ 

Emploi  thérapentiqne  do 
l'hématoslne,  par  M.   Taboarin* 

L'hématosioe ,  matière  colorante 
rouge  du  sang,  est  une  substance 
protéique  dont  la  composition  chi-- 
mique  est  voisine  de  celle  de  l'aUiu- 
mine  et  de  la  fibrine,  mais  qui  con- 
tient en  plus  une  certaine  quantité 
de  fer ,  le  dixième  environ  de  son 
poids. 

Pour  la  préparer,  on  pétrit  le  cail- 
lot sanguin  avec  la  solution  d'un  sel 
coagulant  inoffensif;  la  pâte  est  sou- 
mise à  une  forte  pression  ;  le  gAteaa 
retiré  de  la  presse  est  émielté  et  mia 
en  digestion  dans  de  l'alcool  ordinaire 


—  433  — 


additionné  de  deux  ou  trois  cenliëmes 
d'un  adde  quelconque  ;  rbématosine 
entre  en  dissolution  dans  le  liquide 
alcoolique,  qui  se  colore  fortement, 
tandis  que  la  globuline  reste  indis- 
«onte  et  se  dépose  au  fond  du  vase. 
Le  liquide  séparé  du  précipité  dé- 
pose, après  neutralisation,  des  flocons 
roQgeàtres  abondants  ;  c'est  de  rbé- 
matosine brute,  qu'on. recueille  sur  un 
filtre  et  qu'on  lave  successivement 
«vec  de  l'eau,  de  l'alcool  et  de  l'é- 
tker.  L'hématosiue  est  alors  pure,  il 
ne  reste  plus  qu'à  la  dessécber  et  à 
la  réduire  en  poudre. 

Ainsi  obtenue  ,  elle  se  présente 
<ous  forme  d'une  poudre  inodore, 
insipide^  d'aspect  métallique,  inso- 
Inble  dans  l'eau  et  dans  l'alcool,  mais 
soloble  dans  l'éther,  les  essences  et 
les  corps  gras  quand  ils  sont  addi- 
tionnés d'une  petite  quantité  d'acide 
oa  d'alcali. 

La  poudre  d'hématosine  peut  faci- 
lement être  administrée  en  pastilles, 
en  pilules,  en  bonbons,  eu  sirop,  en 
liqoeur,  dans  le  chocolat,  avec  les 
aliments,  les  condiments  ou  les  bois- 
sons. 

Elle  est  supérieure  au  fer  en  ce 
qo'elle  est  bien  mieux  tolérée  par 
les  organes  digestifs,  qu'elle  ne  fa- 
tigue jamais  et  en  ce  qu'elle  est  plus 
ticilement  absorbée.  C'est  un  tonique 
poissant  et  un  excellent  reconsti- 
taaat  du  sang  ;  elle  est  indiquée  dans 
tons  les  cas  qui  réclament  les  toni- 
ques analeptiques.  (Société  de  ihéra- 
peuiique  de  PaHs,  février  1869.) 

Dii  perchlorare  île  fer  dans 
le  traitement  des  fièvres  ma- 
qiaeiisea  A  forme  torpide.  Sui- 
Tant  H.  Maurin,  lorsque  Téconomie 
est  affaiblie  par  la  longueur  de  la 
fiëYre  muqueuse,  frappée  d'inertie 
radicale  par  les  secousses  successives 
qo'elle  a  subies^  dans  cet  état  de 
prostration  qui  rappelle  la  fièvre  hec- 
tique avec  exacerbations  vespérines 
peu  marquées,  petitesse  du  pouls, 
vertiges,  lipothymies ,  sensation  de 
froid  interne,  le  perchlorure  de  fer 
administré  à  doses  fractionnées  ra- 
nime les  forces,  facilite  Thématose  et 
rend  le  malade  à  la  saule  en  agis- 
sant, suivant  toute  vraisemblance, 
comme  antiseptique. 

Voici  la  formule  dont  se  sert 
V.  Maurin  :  Ëau,  120  grammes  ;  si- 
rop simple,  40  ;  perchlorure  de  fer, 
tt  gouttes.  Â  prendre  par  cuillerée  à 
café  toutes  les  heures. 


Dans  le  principe  il  prescrivait  une 
simple  solution  de  perchlorure  de 
fer  dans  de  l'eau  sucrée ,  mais  le 
sel  minéral  précipitait  en  contact  di- 
rect avec  le  sucre,  inconvénient  que 
l'on  évite  en  employant  le  sirop  (?). 
(Sud  médical,  juin  1870.) 

De  la  eompreasion  da  nerf 
vag^ne  an  eon  eomme  mojen 
d'arrêter    le     vomiesement. 

Partant  de  cette  idée  que  le  vomisse- 
ment est  le  résultat  d'un  action  ré- 
flexe transmise  à  l'estomac  par  le  nerf 
vague,  M.  Waller  propose  de  compri- 
mer ce  nerf  sur  le  trajet  de  la  caro- 
tide dans  certains  cas  de  dyspepsie 
avec  vomissements  fréquents. 

Ce  moyen,  dit-il,  ne  réussit  pas 
toujours,  mais  a  souvent  de  très-heu- 
reux effets. 

Sur  une  femme  qui  rejetait  tous  ses 
aliments,  la  compression  exercée  pen- 
dant la  digestion  arrêta  les  vomisse- 
ments ;  l'auteur  put  alors  profiter  de 
ce  moment  pour  administrer  de  la 
morphine  qui  fut  tolérée  et  absorbée, 
taudis  que,  sans  la  compression,  le 
médicament  était  vomi  aussi  bien  que 
la  nourriture. 

Dans  un  second  cas  analogue,  la 
compression  du  nerf  vague  pratiquée 
une  seule  fois  pendant  la  digestion 
empêcha  le  vomissement,  qui  depuis 
lors  ne  s'est  jamais  reproduit. 

M.  Waller  exerce  la  pression  sur  la 
carotide  ;  il  en  attribue  les  effets  au 
pneumogastrique  seul  et  nullement  au 
grand  sympathique,  non  plus  qu'à 
l'interruption  de  la  circulation  san- 
guine ;  lorsque  la  ligature  de  la  ca- 
rotide produit  des  modifications  dans 
le  rhythme  de  la  circulation  et  de  la 
respiration,  dans  les  fonctions  diges- 
tiyes  et  sur  la  température,  c'est  que, 
suivant  l'auteur,  des  filets  nerveux  ont 
été  compris  dans  la  ligature.  (Société 
médicale  de  Genève.) 

Traitement  de  l'héméralo- 
pie  par  l'huile  de  foie  de 
luorne  et  l'essenee  de  téré- 
bentliine.  L'auteur,  le  docteur  Du- 
pierris,  prescrit  la  mixture  suivante  : 
Uuile  de  foie  de  morue,  50  grammes  ; 
essence  de  térébeuthine,  4  grammes; 
à  prendre  trois  cuillerées  à  café  par 
jour.  Il  a  eu  l'occasion  d'employer 
un  très-^rand  nombre  de  fois  ce  trai- 
tement k  la  Havane  sur  des  colons 
chinois. 

Lorsqu'en  effet  les   nègres  furent 
émancipés,  on  songea  à  remplacer  le 


~  134  — 


travail  esclave  par  le  travail  libre,  et 
pour  cela  on  fit  venir  à  la  Havane  des 
colons  chinois  :  ceux-ci,  sous  l'influence 
probable  des  privations  d'une  tra- 
versée longue  et  pénible,  arrivaient 
à  destination  presque  tous  atteints 
d'ophthalmies  calarrhales  et  d'bémé- 
ralopie;  les  paupières  étaient  en- 
flammées ;  la  pupille^  dilatée  et  lente 
à  se  contracter,  avait  perda  en  partie 
sa  teinte  noire,  et  des  que  le  soleil 
était  couché,  les  Chinois  ne  pouvaient 
se  conduire  seuls. 

M.  Dupierris  employa  d'abord 
rbuile  de  foie  de  morue  unie  à  la  té- 
rébenthine dans  le  but  de  guérir 
rophthalmie  catarrhale,  suivant  la 
méthode  de  Blecker;  mais,  ayant 
constaté  que  sous  Tinfluence  de  ce 
traitement.  Théméralopie  cédait  ainsi 
que  rophthalmie.  il  appliqua  à  tous 
les  béméralopes  ce  mode  de  traite- 
ment et  guérit,  avec  la  formule  que 
nous  avons  indiquée,  ses  malades  en 
deux  jours  environ. 

L'auteur  fait  remarquer  qu'il  a 
conseillé  Thuile  de  fuie  de  morue 
contre  l'béméralopie  dans  un  tra- 
vail imprimé  en  1857,  un  an  avant 
celui  que  M.  Desponts  a  inaéré  dans 
l'Union  médicale.  {Union  médicale  de 
la  Gironde,  avril  1870.) 

K;fBte  d'an  des  eondoUs 
excréteors  de  la  glande  la- 
erjmale.  Les  iiystes  des  conduits 
excréteurs  de  la  glande  lacrymale 
sont,  dit  M.  Dubrueil,  chose  peu  com- 
mune, et  personne,  je  le  pense,  ne 
doutera  de  leur  rareté,  lorsque  je 
dirai  que  M.  de  Graefe  n'en  a  rencon- 
tré que  deux  dans  son  immense  pra- 
tique. Aussi  la  relation  d'une  obser- 
vation de  kyste  de  cette  nature  m*a- 
t-elle  paru  avoir  un  certain  intérêt. 

Ëlisa  R***,  domestique,  âgée  de 
trente-cinq  ans.  est  venue,  le  1 1  mai, 
se  présenter  à  la  consultation  de 
l'hôpital  Beaujon.Elle  portait  au-dessus 
de  l'angle  externe  de  l'œil  une  tu- 
meur à  peu  près  sphérique,  du  volume 
d'une  grosse  noisette,  placée  entre  le 
globe  oculaire  et  la  paupière,  tapissée 
par  la  conjonctive,  un  peu  rougeâtre 
dans  sa  moitié  inférieure,  qui  faisait 
saillie  au-dessous  du  bord  libre  de  la 
paupière  supérieure,  lorsque  celle-ci 
était  relevée.  Lorsque  les  paupières 
étaient  rapprochées,  elle  se  c;ichait 
sous  la  supérieure,  à  travers  laquelle 
elle  faisait  un  relief  des  plus  mani- 
festes. 
Cette  tumeur  avait  débuté,  il  y  a  un 


an,  sans  eanse  apparente.  Elle  était 
fluctuante,  translucide,  indolente;  et, 
d'après  les  remarques  de  la  malade, 
elle  grossissait  notablement  chaque 
fois  que  cette  femme  pleurait.  Les 
larmes  coulaient  cependant  en  quan- 
tité à  peu  près  normale  à  la  surCace 
do  clobe  oculaire,  qui  était  un  peu 

fènedans  ses  mouvements.  La  visloii 
lait  intacte,  la  santé  générale  ex* 
oellenle,  et  ce  n'était  guère,  en  somme, 
qne  la  difformité  produite  par  le  kyste 
qui  engageait  la  malade  k  s'en  faire 
débarrasser. 

Le  12  mai,  la  paupière  supérieure 
étant  maintenue  relevée  par  un  aide, 
je  fis  sur  la  tumeur,  avec  un  couteau 
à  cataracte,  une  incision  dirigée  dans 
le  sens  de  la  fente  palpébrale,  et  tr^- 
superficielle.  Je  pus  ainsi  séparer 
dans  une  certaine  étendue  une  mem-  ' 
brane  très-mince  ou  très-amincie.  qui 
n'était  autre  que  la  conjonctive  du 
cul-de-sac  repoussée  par  la  tumeur. 

Au-dessous,  il  restait  une  mem- 
brane plus  ténue  encore,  une  vraie 
pellicule,  que  je  finis  par  crever,  et 
dont  la  perforation  donna  issue  à  une 
petite  cuillerée  environ  d'un  liquide 
séreux  que  je  recueillis  pour  le  faire 
analyser,  mais  qui,  malbeureusement, 
fut  répandu.  J'excisai  alors  avec  des  cî- 
seauxcourbestoutelaportionantérieure 
du  kyste.  L'œil  fut  fermé,  recouvert 
d'une  finecompresse  et  d'un  plumasseau 
de  charpie  maintenus  par  un  monocle. 
Le  lendemain  le  pansement  fut  enlevé  ; 
il  était  survenu,  au  niveau  de  la  partie 
du  kyste  demeurée  en  place,  un  léger 
gonflement  qui  ne  tarda  pas  à  se  dis- 
siper. 

La  malade  quitta  l'hôpital  le  14  et 
revint  nous  voir  tous  les  deux  jours 
jusqu'à  sa  parfaite  guérison,  qui  fut, 
du  reste,  des  plus  rapides.  La  seule 
précaution  à  laquelle  j'eus  recours  fut 
de  cautériser  deux  ou  trois  fois  la 
partie  du  kyste  laissée  en  place. 

Oii  s'était  formée  cette  collection  de 
liquide? 

Etait-ce  un  de  ces  kystes  conjoncti- 
vaux  que  l'on  observe  rarement,  il  est 
vrai,  mais  que  l'on  observe  quelque- 
fois sur  les  différents  points  de  la 
conjonctive,  et  qui  ont  été  étudiés  par 
Sichel  {Mémoire  sur  les  kystes  séreux 
de  Cœil  et  des  paupières,  in  Archives 
de  médecine,  1856)?  ou  bien  s'était-il 
développé  dans  un  des  conduits  excré- 
teurs de  la  glande  lacrymale?  En  fii- 
veur  de  cette  dernière  hypothèse,  on 
pourrait  invoquer  ce  fait^  signalé  par 
la   malade,  que  cbaqne  fois   qu'elle 


—  i35  — 


pleurait  la  tumeur  augmentait  nota- 
olemenlde  volume,  et  aussi  le  lieu  où 
elle  s'était  développée. 

L'opération  ne  nous  éclaira  guëre 
k  ce  sujet.  L'examen  du  liquide  con- 
tenu dans  la  poche  aurait  pu  lever  les 
Routes,  mais  j'ai  dit  que  ce  liquide 
avait  été  perdu. 

C'est  k  ranalyse  microscopique  que 
je  me  suis  adressé  en  dernier  ressort, 
et  l'examen  que  j'ai  pratiqué  avec  le 
docteur  Leg[ros  est  venu  établir  d'une 
façon  indubitable  la  nature  de  oe  kyste, 
en  nous  montrant  que  sa  face  interne 
était  tapissée  d'un  épiihélium  cy1in> 
drique,  c'est-à-dire  identique  à  celui 
des  conduits  excréteurs  de  la  glande 
lacrymale. 

En  somme,  lé  liquide  lacrymal  s'é* 
lait  collecté  dans  un  de  ces  conduits 
excréteurs,  oblitéré  dans  sa  portion 
terminale  ou  codjonciivale  et  commu- 
alquânt  encore  avec  la  glande,  comme 
le  prouvait  Taugmenlation  de  volume 
soryenant  quand  la  maldde  pleurait. 
{GoM.  éB9  hop  ,  1870,  no  92.) 


*^^M*iH^^ 


FlqAire  de  la  eeolopendre 

i«rdaate.  La  scolopendre  mor- 
dante est  un  petit  animal,  genre  des 
■rrriapodes,  de  Tordre  des  chilopodes, 
Tulgairement  appelé  mille-pieds. 

Le  corps  de  cet  insecte  est  mince, 
illongé,  aplati,  divisé  en  plusieurs 
segments.  Dix  paires  de  pattes,  dont 
les  deux  premières,  prës  de  la  léte, 
sont  terminées  par  un  crochet  dans  le 
genre  du  scorpion. 

Ces  animaux,  d'une  agilité  remar- 
quable et  très-communs  dans  le  Midi, 
vivent  sous  les  pierres  humides  et  au 
pied  des  vieux  murs.  Leur  couleur  est 
d*nn  gris  de  fer  légèrement  verdâtre, 
et  il  ne  faut  pas  les  confondre  avec 
les  autres  variétés  de  scolopendres, 
qui  sont  toutes  inoffensives.  Ce  petit 
animal,  étudié  au  microscope,  présente 
des  particularités  assez  curieuses, 
entre  autres  son  appurell  venimeux, 
placé  dans  l'intérieur  de  la  petite  mâ- 
choire, et  dont  la  disposition  offre 
beaucoup  d'analogie  avec  celui  de  la 
tlpëre. 

Dans  ces  derniers  temps,  dit  M.  Sé> 
bastiany,  il  m'a  été  donné  d'observer 
deux  cas  extrêmement  graves  de  pi- 
qûres de  la  scolopendre  mordante. 

Le  premier  était  nu  enfant  de  huit 
ans,  qui  fut  mordu  au  peiit  doigt  de 
la  main  droite,  et  qui  a  tutalement 
nerdu  la  seconde  et  la  troisième  pha- 
lange. 

ht  second  est  un  homme  de  qua- 


rante-neuf ans,  et  qui  est  encore  ma« 
lade.  Il  a  été  piqué  sur  le  bras,  un 
peu  au-dessus  du  coude.  Ce  dernier  a 
pris. son  ennemi  sur  le  fait  pour  me  le 
faire  voir» 

Les  accidents  produits  par  le  venin 
de  la  scolopendre  me  semblent  dignes 
d'être  signalés  aux  praticiens,  non- 
seulement  à  cause  de  la  gravité ,  mais 
encore  pour  ne  pas  confondre  cette 
morsure  avec  une  autre  affection  qui 
lui  ressemble. 

Aussitôt  après  la  piqûre>  le  blessé 
éprouve  une  démangeaison  à  laquelle 
succède  une  douleur  vive  qui  s'étend 
à  tout  le  membre.  La  piqûre  forme 
une  tache  rouge  qui  s'agrandit  peu  à 
peu  et  devient  noire  dans  son  centre. 
L'eschare,  dans  le  dernier  cas  dont  je 
parle,  offre  les  dimensions  d'une  pièce 
de  cinq  fhnncs. 

Les  accidenis  généraux  qui  accom^ 

fiagnent  ces  manifestations  locales  dé 
a  blessure  revêtent  un  aspect  effrayant, 
tels  que  anxiété  précordiale,  douleurs 
articulaires,  fréquence  et  irrégularité 
du  pouls,  vertiges,  céphalalgie  intense 
et  vomissements  de  matières  bilieuses. 
Vers  le  second  jour,  Taspect  de  la 
blessure  présente  tous  les  caractères 
d'une  véritable  pustule  maligne,  et  je 
suis  persuadé  qu'il  est  même  très- 
difficile  de  ne  pas  s'y  tromper. 

Il  y  a  un  fait  que  j*ai  observé  chez 
ces  deux  malades,  c*est  l'engorgement 
et  rinQammalion  des  vaisseaux  lym- 
phathiques  du  membre  et  des  gan- 
glions de  l'aisselle.  On  remarquera 
que  ce  caractère  ne  manque  jamais 
dans  la  pustule  maligne. 

Le  traitement  a  consisté  eu  applica- 
tions sur  la  blessure  et  le  membre  de 
compresses  trempées  dans  une  forte 
décoction  de  feuilles  fraîches  de  noyer. 

Comme  traitement  général,  j'ai  ad- 
ministré l'acide  phénique  à  la  dose 
de  i  gramme,  et2grammesdechloral 
dans  une  potion  de  140  grammes.  Je 
n'ni  eu  qu'à  me  louer  de  l'emploi  de 
ce  moyeu. 

Les  phénomènes  généraux  ont  cessé 
assez  rapidement,  et  après  la  seconde 
potion,  mes  malades  étaient  hors  de 
danger.  [Ga%,  des  Adp.,  1870»  n»  91). 

dmpotsoniienient  par  le 
nnlfate  de  cnlvfe.  Une  femme 
de  trente- deux  ans  avale  une  verrée 
d>au  contenant  en  solution  15  gram- 
mes de  sulfate  de  cuivre.  Les  gémis- 
sements qu'elle  pousse,  les  hoquets 
qu'elle  a  attirent  sa  domestique,  qui 
pénètre  dans  l'appartemenL  On  court 


—  136  — 


chez  le  pharmacien,  qui  délivre  de  la 
magnésie  calcinée,  et  M.  Vergely^ 
mandé  anssitôt,  constate  l'état  sui- 
vant :  faciès  non  trës-altéré,  légère 
teinte  bleuâtre  de  la  muqueuse  buc- 
cale; pouls  petit  et  n'offrant  pas  la 
fréquence  qu  indiquent  les  différents 
traités  classiques,  80  à  90  pulsations 
seulement;  sensation  de  chaleur  à 
l'épigastre,  signes  d'irritation  gastro- 
intestinale du  côté  de  Tabdomen  ; 
les  matières  vomies  ayant  été  jetées 
ne  peuvent  être  examinées. 
On  continua  la  magnésie  calcinée  ; 


le  pouls  diminua  de  fréquence  et  les 
selles  devinrent  nombreuses,  tant  sons 
l'influence  de  Tentérite  provoquée  par 
le  toxique  que  sous  celle  du  sulfate  de 
magnésie  calcinée.  L'ingestion  de 
quelques  morceaux  de  glace  fit  dis- 
paraître les  nausées  et  modéra  la  sen- 
sation de  chaleur  à  l'épigastre;  dei 
cataplasmes  de  farine  de  lin  sur  l'abdo- 
men, quelques  gouttes  de  laudannm  à 
rintérieur  calmèrent  les  accidents 
gastro-intestinaux,  et  la  guérison  eat 
lieu  en  quelques  jours.  (Union  méé^ 
cale  de  la  Gironde,  mai  1870.) 


TRAVAUX  ACADÉMIQUES 


Gnérison  depuis  dix  ans 
d'une  invagination  intesti- 
nale avec  expulsion  de 
9  5  eentimètres  d'Intestin 
l^éie.  Une  observation  bien  plus 
remarquable  encore  que  celle  qui 
a  été  donnée  dans  notre  dernier  fas- 
cicule, par  la  durée  et  le  bon  état 
de  la  santé ,  après  l'élimination 
d'une  notable  portion  de  l'intes- 
tin invaginé,  est  celle  que  M.  le 
docteur  Halleguen  (de  Ghâteaulin)  a 
communiquée  à  l'Académie  en  1853, 
avec  pièce  pathologique  à  l'appui,  et 
qui  a  fait  le  sujet  d'un  excellent  rap- 
port de  M.  le  docteur  Gaultier  de 
Glaubry.La  malade  dont  il  s'agit  s'était 
heureusement  rétablie  après  l'expul- 


sion  de  75    centimètres    d'intesUn 

frêle,  et  dans  une  note  en  date  du 
1  novembre  1862,  complétant  cette 
intéressante  observation,  M.  le  doc- 
teur Halleguen  nous  apprend  que  sa 
malade,  qui  approchait  alors  de  l'âge 
de  soixante  ans,  se  portait  de  mieux 
en  mieux,  menait  une  vie  active,  sou- 
vent pénible,  bravant  les  intempéries. 
La  guérison  remontait  donc  à  dix  an- 
nées, et  constitue  probablement 
l'exemple  le  plus  extraordinaire  qoe 
la  science  possède  jusqu'à  ce  jour, 
sinon  pour  la  longueur  de  l'intestin 
élimine,  au  moins  pour  la  longue  do- 
rée d'une  santé  complète  à  la  suite 
de  cette  élimination.  {AcçLd,  de  méd^^ 
Rapport  de  M.  Barth.) 


VARIÉTÉS 


Etnde  médicale  sur  l'équiCatloa  {i)\ 

Par  M.  le  docteur  G.  Rider. 

II.  Effets  physiologiques  de  l'£qditation.  —  L'équitation  détermine  dans 
l'économie  une  série  de  modifications  que  nous  devons  noter,  afin  d'apprécier 
l'influence  qu'elle  peut  exercer  comme  moyen  hygiénique  et  même  théra- 
peutique. 

Le  moment  le  plus  favorable  pour  s'y  livrer  serait,  en  été,  de  sept  à  dix 
heures  du  matin,  et  en  hiver,  de  onze  heures  à  deux,  dans  des  manèges  cou- 
verts. On  comprend  que  ces  heures  n'ont  rien  de  fixe,  et  que  l'exercice  pratiqué 
en  plein  air  produit  des  effets  plus  heureux  que  dans  un  local  clos,  oii  s'élève 
toujours  une  poussière  qui  ne  peut  être  que  nuisible  aux  organes  respiratoires. 

i»  Influence  sur  la  nutrition,  —  L'exercice  du  cheval,  pris  avant  le  repas, 


(1)  Suite.  Voir  le  numéro  du  50  janvier  1871,  p.  92. 


—  137  — 

exdte  Fappétit,  développe  les  forces  digestives  ;  après  le  repas,  si  le  cheval 
ne  sait  point  d'autre  allure  que  le  pas,  Téquitation  favorise  Télaboration  des 
aliments,  rend  la  digestion  plus  rapide  et  plus  parfaite^  en  même  temps  que 
rexdtalion  déterminée  dans  les  organes  abdominaux  par  les  secousses  modé- 
rées qu'ils  reçoivent  favorise  la  progression  des  fluides^  l'absorption  du  chyle 
et  l'égale  répartition  des  matériaux  nutritifs. 

2^  Influence  sur  la  circulation,  les  sécrétions,  —  En  outre,  elle  entraîne 
pea  ou  point  de  pertes  :  si  les  exercices  purement  acti&,  comme  la  marche^  la 
coorse,  la  danse,  produisent^  par  l'accélération  de  la  circulation  et  de  la  res- 
piration, une  excitation  que  le  grand  physiologiste  Haller  compare  à  un  mou- 
vement fébrile,  et  donnent  lieu,  quand  ils  sont  violents,  à  une  vive  chaleur^  k 
la  rougeur  de  la  peau,  à  la  sueur^  etc.,  l'exercice  mixte  de  l'équitation^  tout 
en  augmentant  la  force  impulsive  du  cœur  et  rendant  le  mouvement  artériel 
lensîblement  plus  fort,  ne  rend  pas  le  pouls  plus  firéquent  :  Equitatio  pulsum 
parum  augety  neque  corpus  calefacit,  dit  Haller.  C'est  un  des  grands  avan- 
tages de  cet  exercice  de  fortifier  les  tissus^  de  donner  plus  de  développement 
et  de  perfection  aux  principales  fonctions  de  l'économie^  sans  déterminer  cette 
bttgne  et  cet  épuisement  que  les  grands  exercices  actifs  occasionne/it,  et  dont 
les  inconvénients  contrebalancent  bien  pour  les  individus  faibles  les  avantages 
qa'ils  peuvent  procurer.  Aussi  le  cavalier  qui  se  porte  bien,  et  surtout  dont  les 
furees  sont  proportionnées  aux  mouvements  et  aux  réactions  du  cheval  qu'il 
aonte,n'éprouve-t*il  pas  d'augmentation  notable  dans  l'activité  de  la  circula- 
tioB  et  des  sécrétions;  la  nécessité  de  réitérer  incessamment  les  efforts  muscu- 
laires l'oblige  à  faire  des  inspirations  plus  profondes,  qui  augmentent  l'hématose; 
Vappétit,  rendu  plus  actif,  invite  à  une  alimentation  plus  abondante,  qui, 
Btieox  élaborée,  fournit  avec  luxe  à  l'assimilation.  L'équitation  a  donc,  en  dé- 
fiaitive,  comme  on  le  voit,  une  influeuce  des  plus  heureuses  sur  la  nutrition, 
qu'elle  accroît  en  réduisant  les  pertes  organiques,  en  favorisant  la  digestion, 
l'absorption  et  la  respiration,  surtout  en  imprimant  à  tous  les  tissus  un  ébran- 
lement tonique  qui  augmente  nécessairement  leur  énergie  vitale. 

Si  l'on  objecte  la  maigreur  et  la  fin  prématurée  des  postillons,  des  cour- 
riers, etc.,  il  faut  se  rappeler  que  ces  individus  abusent  de  l'équitation,  qu'ils 
>oal  fréquemment  privés  de  sommeil,  adonnés  aux  excës  alcooliques  et  autres, 
joor  et  nuit  en  butte  aux  intempéries  de  l'air,  etc.  :  ce  sont  des  hommes  sur- 
menés. On  observe  généralement,  au  contraire,  que  les  individus  qui  montent 
^itaellement  k  cheval  ont  une  constitution  robuste  et  que  beaucoup  ac- 
^aiërent  dans  toutes  leurs  parties  un  grand  développement.  C'est  surtout  parmi 
Itt  officiers  de  cavalerie  que  l'on  trouve  des  exemples  de  l'influence  favorable 
^  l'équitation  employée  avec  ordre  et  méthode  ;  ils  montrent  en  général  une 
constitution  pléthorique  et  replète.  Il  faut  cependant  ici  faire  une  restriction 
et  ajouter  que  ces  effets  heureux  ne  se  produisent  évidemment  que  dans  les 
organisations  qui  tout  d'abord  ont  pu  supporter  les  fatigues  de  cet  exercice  et 
diei  lesquelles  aucun  vice  organique  n'était  une  contre-indication. 

III.  Effets  thérapeutiques  de  l'équitation.  —  C'est  en  développant  cette 
forme  de  santé  et  en  augmentant  l'activité  de  la  vie  nutritive  que  l'exercice  du 
eheval  peut  remédier  et  remédie  en  effet,  en  le  forliCant,  à  l'exciiabilité  mor- 
bide du  système  nerveux,  à  des  affections  spasmodiques,  etc.;  aussi  l'a-t-on 
recommandé,  d'une  manière  générale,  aux  convalescents,  et,  en  particulier. 


—  138  - 

dans  des  cas  d'hystérie,  de  chorée»  d 'hypocondrie,  etc.  On  sait  <)iié  tout  ee 
qui  est  propre  à  distraire  le  tealade^  à  rappeler  la  vitalité  du  systbme  muscu- 
laire, à  exciter  Tappétit^  à  favoriser  la  digestion,  est  toujours  alors  d'un  im- 
mense secours.  Sans  doute^  l'exercice  actif  ne  convient  pas  moins  dans  le  trai- 
tement de  ces  affections  ;  le  sujet  se  trouvera  fort  bien,  en  particulier,  des 
promenades  à  pied,  des  travaux  de  jardinage  en  plein  air;  mais  les  malades 
souvent  répugnent  à  s*y  livrer^  soit  par  faiblesse,  soit,  ce  qui  est  le  plus  ordi- 
naire, par  indolence,  et  dans  ces  cas  on  les  voit  rechercher  avec  plaisir  l'exer-* 
cice  du  cheval,  dont  il  est  aisé,  d'ailleurs,  de  graduer  et  de  mesurer  l'efTet. 
Celte  action  s'explique  aisément  :  un  de  nos  hygiénistes  rappelle  qu*il  y  a  dana 
la  plupart  des  névroses  deux  éléments  solidaires,  tellement  combinés,  qu'en 
neutralisant  l'un  on  guérit  l'autre,  savoir:  éréthisme  et  faiblesse.  En  don- 
nant de  la  tonicité  à  tous  les  systèmes  vasculaires,  en  faisant  pénétrer  plus 
facilement  le  sang  dans  tous  les  tissus  et  jusque  dans  les  derniers  ramuscules 
capillaires,  en  sollicitant  par  la  succussion  des  viscëres  abdominaux  la  sécré- 
tion des  finides  gastrique,  biliaire  et  pancréatique,  l'équiiation  relève  les  forces 
organiques.  En  même  temps,  et  cela  va  sans  dire,  l'espèce  de  gymnastique 
qu'elle  commande  contribue  au  développement  des  muscles  et  de  leur  vigueur, 
particulièrement  pour  ceux  du  tronc  et  des  membrss  :  c'est  ce  que  tons  les 
voyageurs  ont  observé  chez  les  GauchoSf  ces  Scythes  du  nouveau  monde,  qui 
passent  leur  vie  à  cheval. 

Le  moral  lui-même,  comme  le  remarque  si  bien  M.  Sfichel  L^vy  (t),  le 
moral  se  trouve  heureusement  modifié  par  l'équitation,  d'abord  en  vertu  de  la 
réaction  que  l'état  matériel  des  organes  exerce  sur  lui,  ensuite  en  raison  des 
excitations  directes  quMl  reçoit.  L'émotion  timide  du  noviciat  dans  les  manèges, 
l'étude  inquiète  des  mouvements  du  cheval,  l'espèce  de  lutte  qui  s'établit  entre 
lui  et  le  cavalier,  .les  élans  et  les  prouesses  dus  à  Témulation,  rattachement 
même  que  peut  lui  inspirer  Tanimal  qu'il  monte  habituellement,  les  impres- 
sions plus  rapides  et  plus  variées  que  procure  cet  exercice,  la  fierté  quW 
éprouve  involontairement  à  dominer  l'espace  de  plus  haut  et  avec  une  plus 
grande  puissante  de  locomotion  :  voilà  autant  de  sensations  inconnues  du 
piéton,  pour  qui  la  promenade  n'est  souvent,  comme  l'a  dit  Voltaire,  que  le 
premier  des  plaisirs  Insipides.  Cette  Influence  spéciale  est  particulièrement  re- 
marquable chez  la  femme.  Pour  elle,  il  y  a  d'abord  à  triompher  de  cette 
crainte  innée,  développée  surtout  dans  les  organisations  délicates  et  nerveuses. 
Mais  aussi,  une  fois  que  cette  première  terreur  est  surmontée,  à  mesure  qu*un 
peu  d'habitude  affaiblit  progressivement  l'impression  produite  par  la  peur,  on 
voit  souvent  les  femmes  qui  se  livraient  avec  le  plus  d'appréhension  h  cet  exer- 
cice passer  subitement  de  la  crainte  au  plaisir,  du  plaisir  à  la  passion,  et 
par  une  sorte  de  réaction,  la  femme  la  plus  timide  devient,  presque  sans  tran- 
sition, une  intrépide  cavalière.  Ce  sont  là  des  particularités  que  doit  connaître» 
entre  autres,  le  médecin  qui  prescrira,  suivant  les  cas,  l'équitation. 

L'exercice  du  cheval  apportant  à  l'économie  des  modifications  aussi  impor- 
tantes et  aussi  heureuses,  il  est  donc  tout  naturel  que  les  médecins  aient  cher- 
ché à  en  tirer  parti,  eu  dirigeant  et  surveillant  ses  effets,   non-seulement 
comme  d'un  moyen  hygiénique  propre  à  la  conservation  de  la  santé,  mais  en- 


Ci]  M.  Lévy,  Traité  d'hygiène,  5e  édition.  Paris,  1869. 


—  139  — 

oore  comme  d'un  agent  thérapeutique  elBcace  dans  certaines  maladies;  et,  à 
ces  deux  titres^  il  a  trouvé  d'enthousiastes  fauteurs,  parmi  lesquels  il  faut  sur- 
out  signaler  Sydenham  :  désobstruant  pour  les  viscbres  abdominaux^  grâce  à 
l'actltité  qu'il  imprime  à  la  circulation  de  la  veine-porte,  plus  efficace  contre 
U  phthisie  que  le  mercure  et  le  quinquina  contre  la  syphilis  et  la  fièvre  inter- 
mittente^ emménagogue,  antiscrofuleux,  antichlorotique,  spécifique  des  né- 
irroses  et  des  diarrhées  atoniques,  etc.,  cet  exercice  parait  conslituer  à  ses 
5eox  le  traitement  de  la  plupart  des  affections  chroniques  et  un  moyen  souve- 
rifai  de  régénération  du  sang  :  Quod  sanguis,  perpétua  hoc  motu  indesi-- 
mniêr  exagitatus  eu:  permixtus,  quasi  renovalus  ac  vigescit  (1). 

Enfin»  il  prétend  (2)  que,  si  quelqu'un  possédait  un  rembde  aussi  puissant 
que  l'est  cet  exercice,  lorsqu'on  le  répbte  souvent,  et  qu*il  en  gardât  le  secret, 
Il  pourrait  aisément  amasser  de  grandes  richesses  :  Opes  ille  exinde  amplis^ 
êknas  facile  accumulare  posset. 

L'équitation  n'est  point  applicable  au  traitement  des  maladies  aiguës,  quand 
bien  même  la  débilité  actuelle  des  organes  ferait  désirer  son  infiuence  forti- 
ianle;  outre  que,  le  plus  souvent,  le  malade  n'aurait  pas  la  force  nécessaire 
pour  la  supporter,  l'agitalion  qu'elle  produit  ajouterait  à  l'irritation  locale  et 
à  l'excitation  générale  que  déterminent  ces  affections.  Cependant  les  fîëvres 
Intermittentes  doivent  faire  exception  :  l'exercice  du  cheval,  entre  les  accès, 
devient  un  auxiliaire  puissant  des  autres  remèdes  que  l'on  applique  ;  il  donne 
Heu  souvent  à  des  modifications  avantageuses,  retarde  les  accès  et  même  les 
prévient  quelquefois  entièrement. 

L*équltation,  croyons-nous,  a  été  trop  exclusivement  condamnée  dans  les 
phlegnasies  chroniques;  il  en  est  certainement  dans  lesquelles  elle  procure  de 
très-grands  avantages  :  nous  pouvons  mettre  au  premier  rang  les  gastro- 
entérites.  Nul  doute  que  les  malades  ne  se  trouvent  fort  bien  aussi  des  pronje- 
flides  à  pied;  mais  l'exercice  du  cheval,  pris  chaque  jour  au  pas,  ou  tout  au 
plus  à  l'amble,  détermine  une  révulsion  favorable  dans  les  tissus  extérieurs, 
prMore  d'agréables  distractions,  nécessaires  surtout  dans  les  maladies  des 
organes  de  ia  digestion,  qui  rendent  toujours  les  individus  qui  en  sont  atteints 
enclins  à  la  tristesse  et  à  Thypocondrie.  li  sollicite  aussi  l'appélit,  comme 
Boos  l'avons  vu,  et  prépare  de  bonnes  digestions.  Il  n'est  pas  moins  avantageux 
dans  les  diarrhées  rebelles,  ce  qui  avait  été  remarqué  depuis  bien  longtemps  : 
Seque  mim  tUla  res  magis  intestina  confirmât^  dit  Gelse,  en  parlant  des  bons 
effets  de  Téquitation  dans  ces  diarrhées  (5). 

Souvent  aussi  l'exercice  du  cheval  a  contribué  à  la  guérison  d'inflammations 
dironiques  delà  rate  et  du  foie.  Aussi  Sydenham  l'a-t-il  préconisé,  en  parti- 
culier, contre  les  maladies  chroniques  de  ces  organes.  Ramazzini  (4)  rapporte 
m  exemple  de  guérison  d'engorgement  de  la  rate  obtenue  par  ce  moyen  :  a  Je 
rappelle,  dit-il,  avoir  soigné  un  écuyer  qui,  après  une  fièvre  aiguë,  fut  at- 


[i]  Sydenham,  Dissert,  epistol,  ad  GuUielmum  Cote  {Op,  med,,  Genève, 
1749,  t.  I,  p.  274). 

(2)  Sydenham,  Tractatus  de  podagrà.  Londini,  1683. 

(3)  A.  Corn.  Gelsus,  liv.  IV,  chap.  i,  sect.  vu. 

(4)  Ramazzini,  Traité  des  maladies  des  artisans ^  par  Ph.  Pâtissier.  Paris, 
1822,  p.  292. 


—  140  — 

taqué  d'engorgement  à  la  rate  et  se  trouvait  menacé  d'hydropisie;  il  reprit  son 
métier  d'après  mes  conseils,  malgré  sa  faiblesse  et  sa  mauvaise  mine,  et  il  re- 
couvra la  santé  après  un  mois  d'exercice.  » 

Les  secousses  que  reçoit  le  tronc  dans  Téquitalion  se  transmettent  nécessai- 
rement aux  poumons,  et  celte  circonstance  est  importante  à  noter,  car  elle  dé- 
termine assez  fréquemment,  comme  nous  le  verrons  plus  loin,  des  maladies  de 
ces  organes  et  est  au  moins  une  cause  d'inconvénients  très-graves  pour  les 
individus  dont  les  poumons  sont  délicats;  elle  ne  peut  donc  pas  convenir  à  ceux 
qui  sont  déjà  affectés  de  quelque  maladie  de  poitrine.  Elle  exerce  cependant 
sur  les  organes  thoraciques,  dans  un  grand  nombre  de  cas,  une  influence  sa- 
lutaire, lorsque  le  cheval  va  seulement  au  pas,  à  l'amble  ou  au  pas  relevé,  ou 
même  quand  le  cavalier  a  le  soin  de  trotter  à  l'anglaise  et  qu'il  est  exercé  à 
cette  allure.  Dans  les  pblegmasies  chroniques,  si  fréquentes  dans  le  système 
pulmonaire,  Texercice  du  cheval  mal  dirigé  augmenterait  encore  l'intensité  da 
mal  ;  il  vaut  donc  mieux  le  proscrire  en  principe ,  car  il  faut  bien  reconnaître 
que  Véquitation  augmente  l'oppression  quand  il  en  existe  déjà,  détermine  une 
toux  plus  fréquente  et  plus  forte^  et  quelquefois  des  crachements  de  sang  ;  on 
ne  peut  s'empêcher  d'être  surpris  des  éloges  que  Sydenham  lui  a  prodigués 
dans  le  traitement  de  la  consomption,  de  la  phthisie,  même  accompagnée  de 
sueurs  nocturnes  et  de  diarrhée  coUiqnative.  Dans  les  cas  où  il  en  aura  obtenu 
des  succès,  il  aura  sans  doute  eu  affaire  à  quelques-unes  de  ces  affections  ca- 
tarrhales  chroniques  que  les  médecins  traitent  avec  succès  par  l'exercice  et  les 
médicaments  toniques.  C'est  surtout  dans  ces  dernières  affections  que  Texercice 
du  cheval  répété  tous  les  jours  procure  un  bien  extraordinaire,  surtout  lorsque 
le  régime  est  régulièrement  institué,  et  que  le  malade  emploie  des  chevaux 
doux  comme  les  chevaux  limousins,  arabes  ou  autres  d'allures  analogues. 

L'équitation  doit  encore  être  conseillée  dans  la  plupart  des  maladies  dans 
lesquelles  se  remarquent  le  relâchement  et  la  décoloration  des  tissus,  l'inertie 
des  mouvements  organiques,  maladies  si  fréquentes  surtout  dans  les  grandes 
villes  comme  Paris,  chez  les  jeunes  gens  des  deux  sexes  :  la  chlorose,  l'ané- 
mie, la  scrofule  ou  le  lymphalisme  poussé  quelquefois  très-loin,  le  scorbut,  etc. 
Les  ébranlements  et  les  secousses  de  l'exercice  du  cheval  peuvent  alors,  on  le 
conçoit,  réveiller  l'activité  vitale  dans  les  tissus  et  les  organes. 

Le  docteur  Fi!z-Patrick  (1),  qu'une  longue  expérience  et  des  études  spéciales 
et  consciencieuses  avaient  convaincu  des  incontestables  bienfaits  qu'on  peut  re- 
tirer de  l'équitation,  avait  fondé  à  Paris,  il  y  a  une  quarantaine  d'années^ 
un  manège  hygiénique  pour  le  traitement  des  convalescents,  des  maladies  chro* 
niques  et  des  affections  nerveuses.  La  tentative  n'eut  guère  de  succès^  et  le 
moyen  thérapeutique  dont  il  s'était  fait  le  propagateur  enthousiaste  est  tombé 
dans  l'abandon  où  le  laissent  généralement  les  médecins. 

Enfin  il  est  une  classe  d'hommes  à  qui  les  physiologistes  et  les  hygiénistes 
s'accordent  tous  à  conseiller  l'exercice  du  cheval,  dont  Londe  (2)  résume  ainsi 
pour  eux  les  effets  :  a  Ce  sont  surtout  les  gens  de  lettres  qui  doivent  pratiquer 
cet  exercice  :  ils  y  trouveront  un  moyen  propre  à  opposer  aux  dangers  de  leur 


(1)  Fitz-Patrick,  Traité  des  avantages  de  Véquitation  considérée  dans  ses 
rapports  avec  la  médecine.  Paris,  1858. 

(2)  Londe,  Gymnastique  médicale.  Paris,  1821. 


genre  de  vie;  car  la  position  qu'exige  l'équitation  et  les  mouvements  qu'elle 
détermine^  étant  très- favorables  à  la  libre  expansion  des  poumons,  détruisent 
avec  efficacité  l'effet  nuisible  de  la  position  nécessitée  par  les  travaux  de  ca- 
binet. Cet  exercice  est  d'ailleurs  un  des  plus  propres  à  reposer  le  cerveau, 
puisque,  sans  fatiguer  les  membres,  sans  «onsumer  d*influx  nerveux^  il  apporte 
dans  les  mouvements  vitaux  qui  se  dirigent  vers  Tencéphale  une  diversion  sa- 
lutaire, mais  trop  peu  considérable  pour  empêcher  cet  organe  de  reprendre 
lûentAt,  avec  la  même  énergie,  son  activité  accoutumée.  9 

Mais  pour  retirer  de  ce  moyen^  dans  les  circonstances  oii  il  convient,  les 
avantages  qu'il  peut  procurer,  il  faut  le  faire  entrer  comme  élément  dans  un 
régime  suivi,  régulier  ;  il  faut  que  les  malades  s'y  livrent  une  fois  par  jour, 
sinon  les  modifications  organiques  qu'il  détermine  sont  trop  fugaces  pour  pro- 
earer  des  résultats  avantageux,  et  leur  action,  sans  aucune  continuité,  reste 
nulle  on  presque  nulle.  11  faut  aussi,  évidemment,  que  cet  exercice  soit  pris 
avee  précaution,  et  dosé,  pour  ainsi  dire,  par  un  homme  de  l'art  secondé, 
suivant  les  cas,  par  un  écuyer  intelligent  et  attentif;  il  est  nécessaire  que  le 
dieval  soit  docile,  que  ses  allures  soient  douces  et  soigneusement  mesurées. 
On  doit  commencer  par  de  petites  promenades,  dont  on  augmentera  progressif 
Tement  la  durée.  L'allure  du  cheval  devra  aussi  être  proportionnée  aux  effets 
«pe  Ton  veut  retirer  de  l'équitation  et  à  la  nature  de  la  maladie. 

{La  suite  au  prochain  numéro.) 


covFOsrrioif  du  conseil  6éh£bal  des  hôpitaux  et  hospices. 

Le  gouvernement  de  la  défense  nationale , 

Considérant  que  le  décret  du  29  septembre  dernier  portant  réorganisation 
de  l'assistance  publique  à  Paris  et  dans  le  département  de  la  Seine  n'a  con- 
stitaé  le  conseil  général  des  hospices  qu'à  litre  provisoire,  et  qu'aux  termes 
de  l'article  9  le  principe  électif  doit  être  la  base  de  l'organisation  définitive 
de  ce  conseil, 

DâcBàTE  : 

Article  1«'.  Le  conseil  général  des  hospices  sera  désormais  composé  ainsi 
iin'il  suit: 

Deux  membres  du  conseil  municipal  de  Paris,  élus  par  le  conseil  ; 

Denx  maires  ou  adjoints  d'arrondissement ,  élus  par  leurs  collègues  des 
Tingt  arrondissements  municipaux  ; 

Un  maire  ou  adjoint  de  l'arrondissement  de  Saint-Denis ,  élu  par  ses  col- 
Ibgnes  de  l'arrondissement  ; 

Quatre  administrateurs  des  comités  d'assistance  des  arrondissements  muni- 
cipaux de  la  ville  de  Paris,  élus  par  leurs  collègues  ; 

Deux  administrateurs  des  bureaux  de  bienfaisance  des  arrondissements  de 
Sceaux  et  de  Saint-Denis,  élus  par  leurs  collègues,  à  raison  d'un  par  arrondis- 
sement; 

Deox  médecins  des  hôpitaux  et  hospices  de  la  ville  de  Paris^  élus  par  leurs 
cdllfcgues  ; 

Deux  chirurgiens  des  hôpitaux,  élus  par  leurs  collègues  ; 

On  professeur  de  la  Faculté  de  médecine  de  Paris,  élu  par  la  Faculté  ; 

Un  médecin  élu  par  la  réunion  des  médecins  des  bureaux  de  bienfaisance  de 
la  ^iUe  de  Paris  ; 


~  442  — 

Un  membre  de  la  Cour  de  cassation,  éiù  par  la  cour  ; 

Un  conseiller  d'Ëtat  ou  un  maître  des  requêtes^  élu  parle  conseil; 

Un  membre  de  la  cbambre  de  commerce  ; 

Un  membre  de  la  chambre  des  notaires  ; 

Un  membre  da  conseil  des  prud'hommes^  élu  par  ses  collègues  ; 

Quatre  membres  n'appartenant  à  aucuoe  des  catégories  ci-des&us  indiq«é«b 
et  qui  seront  choisis,  k  la  majorité  des  voix,  par  le  conseil  géaéral,  conpoté 
comme  il  vient  d'être  dit. 

Art,  2.  Les  membres;  du  conseil  sont  renouvelés  par  tiers  (mia  les  amt. 

Art.  3.  Le  conseil  est  présidé  parle  préfet  de  la  Seine,  ei  à  ton  délîi«l»tar 
un  vice-président,  élu  tous  les  ans  par  le  conseiL 

En  cas  de  partage^,  la  voix  du  président  est  prépondérante. 

Le  secrétaire  général  de  l'administration  remplit  les  fianctiois  de  &ecrél»ift 
du  conseil. 

Art.  4.  L'agent  général  des  hospices  assiste  de  droit  anx  séaneiiB  du  G««aiil 
général,  auquel  il  fait  rapport  de  toutes  les  affaires. 

Art.  5.  L'agent  général  des  hospices  a  sous  ses  ordres  toni  le  p«rs«MMl 
de  l'administration  centrale,  de  l'inspection  et  celui  des  établissements. 

Les  employés  de  tout  grade,  tant  de  radniuislralion  centrale  qiàe  de  l'un 
spection  et  des  établissements,  sont  xkommés  par  le  préfet»  Bar  la  proposiliMi 
de  Tageut  général  et  l'avis  du  conseil  général. 

L'agent  général  a  la  nomination  des  surveillants  et  gens  de  service. 

Art.  6.  La  direction  du  service  des  secours  à  domicile  dans  la  ville  de  Pa- 
ris et  dans  les  communes  du  département  ée  la  Seine  est  atlrlbaée  au  conseil 
général  des  hospices  et  à  l'agent  général.  Un  arrêté  préfectoral  réglera  l'orga- 
nisation du  service.  , 

Art.  7.  Le  membre  du  gouvernement  délégué  à  l'administratioa  du  défMir'^ 
tement  et  à  la  mairie  de  Paris  est  chargé  de  l'exécution  du  préssEl  déereL 

Fait  à  Paris,,  le  18  février  1871. 

Général  Troghu,  GLAis-Buon^ 

Jules  Fbjuix.. 

Lft  éélégné  à  la  mairie  dt  Paris  a  adressé  à  II.  I&  docteur  Broea,  président 
du  conseil  général  des  hospices,  la  lettre  suivante  : 

Paris,  le  20  févrierl&71. 

Monsieur  le  président,  au  moment  oh  son  mandat  allait  expirer,  le  gainer- 
nement  ne  pouvait  laisser  inachevée  la  réglementation  dont  le  décret  da  29  sep- 
tembre 1870,  sur  la  réorganisation  de  l'assistance  publique,  avait  posé  les  baeeft. 

Un  décret  réglementaire  vient  de  consacrer  d'une  manière  définitive  le  ré- 
gime nouveau  que  vous  expérimentez  depuis  plus  de  quatre  mois  :  créer  aa 
conseil  général  des  hospices  une  situation  indépendante,  lui  donner  la  meil- 
leure part  de  pouvoir  sans  dépouiller  la  hante  administration  da  centrale  wot' 
périeur  qui  lui  appartient  nécessairement,  concilier  le  principe  de  la  directÎAik 
collective  avec  les  nécessités  d'une  action  administrative  énergique  et  viglUate, 
tel  est  le  but  que  nous  nous  étions  proposé  en  commençant  l'épreave  et  ^pa 
nous  croyons  avoir  atteint. 

Le  principe  d'élection,  nettement  posé  pour  la  première  fois  dans  une  cmi- 
stitution  hospitalière,  et  la  représentation  de  tous  les  corps  qui  peuvent  utile- 
ment  concourir  au  développement  des  institutions  charitables  :  voilà  les  trait» 


—  143  — 

essentiels  du  système  inauguré  par  la  république.  On  peut  affirmer  que  la  ges- 
tion du  patrimoine  des  pauvres  trouvera  dans  celte  combinaison  tous  les  élé- 
ments d'autorité,  toutes  les  garanties  d'indépendance  et  de  stabilité,  toutes  les 
sources  de  perfectionnement  qui  lui  sont  indispensables. 

C'est  grâce  au  conseil  général  qui  administre  depuis  quatre  moia^  grâce  au 
dévouement,  â  la  bonne  volonté,  aux  lumières  des  membres  qui  le  composent, 
que  cette  voie  nouvelle  a  pu  s'ouvrir.  Les  circonstances  étaient  des  plus  difQ- 
ciles  qu'une  administration  improvisée  pût  affronter.  Le  zèle  du  conseil  a  triom- 
phé de  tout.  Au  nom  de  la  ville  de  Paris,  au  nom  du  gouvernement,  au  nom 
des  pauvres,  je  vous  prie  de  transmettre  à  vos  collègues  l'hommage  de  la  pro- 
fonde reconnaissance  qui  leur  est  due. 

J*ai  Thonneur  de  vous  informer,  en  terminant,  que  les  élections  des  mem-« 
bres  qui  doivent  composer  le  nouveau  conseil  général  des  hospices  auront  lieu 
le  mardi  2i  et  le  mercredi  22  février. 

Agréez,  etc.  Jules  Feurt, 


mmmm^ 


La  mortaUié  pendant  l»  siège  de  Paris.  —  Le  Moniteur  universel  publie 
les  chiffres  des  décès  survenus  à  Paris  pendant  les  dix-neuf  semaines  du 
siège  et  pendant  les  quatre  semaines  de  l'armistice. 

Ce  document  montrera  à  la  France  et,  à  l'histoire  ce  que  Paris  a  souffert 
pendant  cette  longue  période  d'iuvesUssement  ; 

Décès  coitsiaiéa  à  P«irii  Saruiioes 
du  18  septembre  1S70          corespondantes 
•u  83  février  1871.       de  l'année  prdcédeiile. 

Du  18  au  24  septembre 1272  820 

Du  35  septembre  au  («^  octobre.  ,  .      1  344  713 

Bu  2  au  8  octobre ,      1  483  737 

Du  9  au  15  octobre 1610  752 

Bu  16  au  22  octobre 1  746  825 

Bu  23  au  29  octobre 1  878  880 

Bu  30  octobre  au  5  novembre  ...      1  762  921 

Bu  6  au  12  novembre  ,..,..,      1  885  877 

Buis  au  19  novembre 2  064  900 

Bu  20  au  26  novembre 1  927  935 

Bu  27  novembre  au  3  décembre  .  •      2  023  846 

Btt  4 au  10  décembre 2455  882 

Btt  11  au  17  décembre,  .,..,.      2728  955 

Bu  18  an  24  décembre 2  728  980 

Du  25  au  31  décembre ,      3  280  921 

Bu  1«  au  6  janvier  1871 3  680  1 106 

Bu  7  au  13  janvier 3982  998 

Du  14  au  20  janvier 4465  980 

Bu  21  au  27  janvier 4  376  1 044 

Bu  28  Janvier  au  3  février 4  671  1105 

Bu  4  au  10  février 4451  1139 

Ba  11  au  17  février 4 103  1  292 

Bu  18  au  24  février 3  941  1  362 

Total  des  décès  pendant 

oetta période.  ...    64154  21978 


—  144  — 

Académie  de  médecine,  —  La  séance  du  27  décembre  dernier  a  été  en  parlie 
employée  à  TélecUon  du  bureau  pour  l'année  1871.  M.  Wurlz,  vice-président 
en  1870,  passant  de  droit  président,  M.  Barth  a  été  élu  pour  le  remplacer  à  la 
vice-présidence.  M.  Béclarda  été  élu,  par  acclamation,  secrétaire  des  séances, 
et  MM.  Richet  et  Reynal  nommés,  aussi  par  élection,  membres  du  conseil. 

Dans  la  séance  du  20  décembre^  l'Académie  a  nommé  pour  la  place  d'associé 
national  M.  Ehrmann  (de  Strasbourg],  et  pour  celle  de  correspondant  natio- 
nal M.  Tonrdes  (de  Strasbourg)^  double  élection  qui  a  le  sens  d'une  manifes- 
tation patriotique. 

Dans  la  séance  du  14  février^  ont  aussi  été  élus:  M.  Chauffard  (d'Avignon) 
pour  la  place  d'associé  national,  et  pour  celle  de  correspondant  national 
M.  Seux  (de  Marseille). 

M.  Falret»  dont  nous  avons  eu  le  regret  d'annoncer  derniërement  la  mort,  a 
légué  par  testament  à  l'Académie  de  médecine  une  somme  de  dix  mille  francs, 
pour  la  fondation  d*un  prix  de  mille  francs  à  décerner  tous  les  deux  ans  à 
l'auteur  du  meilleur  mémoire  sur  les  maladies  mentales  et  nerveuses. 


Légion  d'honneur,  -^  Toute  la  profession  apprendra  avec  la  plus  grande 
satisfaction  le  retour  à  Paris  et  la  nomination  au  grade  de  chevalier  de  la 
liégion  d'honneur  de  M.  le  docteur  Liégeois,  chirurgien  en  chef  de  la  première 
ambulance  de  la  Société  internationale  de  secours  aux  blessés.  —  M.  le  docteur 
Léon  Le  Fort  avait  reçu  la  même  distinction  à  la  fin  d'août. 


Nécrologie.  —  L'Académie  de  médecine  et  notre  profession  viennent  de^ 
Caire  une  nouvelle  perte,  et  des  plus  regrettables,  dans  la  personne  de  M.  Da- 
nyau^  décédé  le  19  février  dernier.  D'aprës  la  volonté  expresse  du  défunt,  les 
funérailles  ont  été  célébrées  sans  apparat  ;  aucun  discours  n'a  été  prononcé. 
—  M.  Danyau  était  connu  surtout  par  la  traduction  d'un  important  mémoire  de 
Nsgelé  sur  le  bassin  oblique  ovalaire,  et  par  les  recherches  qu'il  avait  entre^ 
prises  à  cette  occasion.  Mais  sa  valeur  réelle  était  en  lui,  et  n*a  pu  être  bien 
appréciée  que  par  ceux  qui  Tout  pu  suivre  à  l'hôpital  et  dans  sa  clientèle. 
Une  longue  pratique^  servie  par  un  esprit  des  plus  judicieux,  lui  avait  acquig 
une  expérience  consommée,  à  laquelle  ses  confrères  faisaient  souvent  appel . 
Ajoutons  que  l'aménité  de  ses  formes,  la  douceur  de  son  caractère,  qui  ne  (ai- 
salent  pas  tort  en  lui  à  l'esprit  de  décision^  le  rendaient  éminemment  apte  à 
l'exercice  de  la  spécialité  qu'il  avait  choisie.  Il  laisse  un  gendre,  presque  un 
fils,  M.  le  docteur  Bucquoy,  qui^  dans  une  autre  carrière,  s'est  déjà  conquis 
une  notoriété  des  plus  honorables. 

On  annonce  également  la  mort  de  M.  Ledieu,  directeur  de  l'Ecole  préparatoire 
de  médecine  d'Arras,  président  de  la  Société  locale  des  médecins  du  Pas-de- 
Calais^  enlevé  k  sa  famille  et  à  ses  amis  à  l'âge  de  cinquante-neuf  ans. 


Pour  les  articles  non  signés  :  F.  BRICIÎETEAU. 


145  — 


THÉRAPEUTIQUE  MÉDICALE 


•e  l*ciiipol0onneiiieiit  par  la  strychnine  ;  doseii  des  préparait ob« 
de  aaix  Tomlqne  sasecptlblefl  de  le  produire  9  et  moyens  do 
mUiewent  proposés  (1)  ^ 

Par  le  docteur  Duioux  db  Satigivac. 

Les  trois  alcaloïdes  qui  préexistent  dans  la  noix  vomique  ayant 
des  propriétés  physiologiques  analogues  et  qui  ne  diffèrent  que 
par  leur  degré  d'activité,  il  en  résulte  que  ^empoisonnement  par 
la  strychnine  et  celui  par  une  préparation  contenant  toute  la  sub- 
stance de  la  noix  vomique  ont  un  mode  d'expression  identique.  De 
mème^  la  médication  qui  convient  à  Tun^  conviendra  également 
à  l'autre. 

Donc^  dans  tous  les  cas^  les  principaux  symptômes  sont  les  sui- 
vants :  sensation  de  rigidité  musculaire  se  développant  progressi- 
vement^ affectant  d'abord  le  cou  et  les  muscles  qui  meuvent  la 
mâchoire^  s'étendant  ensuite  au  thorax  et  à  Tabdomen,  plus  tard 
aux  membres  ;  secousses  fibrillaires  comparables  à  celles  produites 
par  le  choc  de  Fétincelle  électrique  ;  bientôt  accroissement  de  la 
rigidité,  laquelle  se  généralise  de  plus  en  plus  ;  spasmes  convulsifs, 
secousses  tétaniques  d'une  véhémence  extrême,  s^accompagnant  de 
vives  douleurs^  s'exaspérant  ou  même  faisant  explosion  au  moindre 
contact,  au  moindre  bruit,  se  produisant  par  accès  ;  ordinairement 
sueur  abondante,  couvrant  la  face  et  le  corps  (est-ce  l'effet  de  la 
strychnine  elle-même,  oulaconséquence  des  violents  efforts  auxquels 
se  livre  le  malade  ?)^  pupilles  dilatées,  surtout  pendant  les  spasmes 
eonvulsifs  ;  dans  les  intervalles  de  calme^  persistance  de  la  rigidité; 
inteUigence  nette  d'ordinaire  ;  parfois  un  peu  de  stupeur,  celle-ci 
plus  prononcée  aux  approches  de  la  mort  ;  le  spasme  s'emparant 
surtout  des  muscles  de  la  mâchoire  et  du  pharynx^  des  muscles  respi- 
rateurs, du  cœur  lui-même,  compromet  finalement  la  respiration 
et  rhématose,  et  la^mort  arrive  par  suffocation. 

Si  cet  état  a  quelques  analogies  avec  les  paroxysmes  de  la  rage 
et  plus  encore  avec  une  attaque  de  tétanos,  il  diffère  du  moins  com- 


(i)  Soile.  Voir  le  BtiUetin  de  Théraipeiaiqw,  numéro  da  30  janvier,  p.  19. 

TOME  LX1K.  4*  UVR,  iO 


«-  146  ^ 

plétement  de  ceux  que  déterminent  les  actions  variables  des  autres 
substances  toxiques*  j  |^§  phénofi|^nç§  §j  Ip4|i6h4i  Qui  révèlent  Tin- 
toxication  strychnique  ne  permettent  pas  de  la  méconnaître  et  la 
distinguent  de  toute  autre  intoxication. 

Si  à  la  physionomie  caractéristique  de  cet  empoisonnement  on 
ajoute  i^  f^ilité  avep  laquelle  il  est  permis  aujourd'hui  de  déceler 
les  moindres  particules  de  strychnine  dans  les  matières  soumises  à 
Pexpertise  médico-légale,  on  ue  pourra  ^'^nnpôcher  de  reconnaître 
l'à-propos  de  cette  saillie  du  professeur  Stevenson  Mac  Adam  : 
H  Si  je  devenais,  dit-il^  un  chimiste  malhopnête  et  si  un  empoi- 
tonneur  me  demandait  quelle  substance  il  pourrait  employa* 
avec  le  plus  de  sûreté  afin  de  se  débarrasser  de  sa  victime  et 
d'échapper  en  même  t^mps  à  la  justice^  je  lui  dirais  :  u  Prenei 
M  ce  poison^ci  ou  ce  poison^là^  ou  encore  tel  autre;  mais  si  vous 
a  lenes  à  votre  vie,  n- essayez  pas  de  la  strychnine,  n  (Leçon  sur  la 
strychnine,  PharmoceuiicalJournaly  vol.  XVI,  n<*ii,  août  i8K6, 
traduite  dans  le  Journal  de  chimie  médicale  de  Chevalier^  1856, 
t.  11,  p.  707,  et  4857,  t.  m,  p.  43.) 

La  strychnine  porte  donc  spécialement  son  action  sur  les  fibrai 
axcitormotrices  de  la  moelle  épinière  et  sur  les  cordons  nerveus 
eouducteurs  de  la  motilité^  en  les  stimulant  outre  mesure  ;  elle 
eonvulse  ainsi  la  fibre  musculaire,  mais  de  manière  à  y  amenei 
bientôt  une  sorte  de  ^pasnoe  fixe  qui,  rendant  impossibles  les  alter-^ 
natives  H»  contraction  et  de  relâchement,  équivaut  à  une  para^* 
lysie,  laquelle,  portée  sur  les  puissances  respiratoires,  doit  fatale** 
ment  aboutir  à  la  cessation  de  la  vie. 

C'est  donc  à  rompre  ce  spasme,  tout  en  calmant  réréthism« 
de  1^  moelle  épinière,  et  à  rendre  un  libre  jeu  auit  organes  d6 
mouvement  annexés  à  la  respiration  et  à  la  circulation  pour  ai 
assurer  Texercice,  que  doivent  s'appliquer  tous  nos  efforts  jûéàâ" 
cateurs  ;  e  est  donc  aux  médications  anesthésiques  et  antispasmo* 
diques,  mais  à  leurs  agents  les  plus  énergiques^  qu'il  semble  ra** 
iioanel  de  recourir  pour  conjurer  les  effets  d^uno  sorte  de  décharge 
nerveuse  sur  les  tissus  contractiles  et  rendre  à  ceuxH^ileur  resiCft 
naturel. 

Maïs  avant  de  dire  le  bien  qu'ont  fait  et  que  pourraient  faire 
encore  les  antispasmodiques,  voyons  quels  sont  les  autres  moyens 
que  Ton  a  dirigés  ou  proposé  d'employer  contre  cette  terrible  intoxi- 
cation, 

ReproditîsoRS  d'abord  le  traitement  conseillé  par  Orfila,  dont 


r^Utorité  sera  toiijqurs  cQ^sicJérablç  en  to]p(U)lQgiej  mais  dont 
Pœuvre  cependant,  ipiparfajte  et  in^cbevée,  eat  loii)  d'ayoir  dit  le 
dernier  mot  sur  Tempoisonnement  qui  nous  occupe. 

Orfila  copseille  le  môme  traitement  contre  Tenopoisonpement  par 

h  strychnine j  hèrucine,  )a  noix  vomiquè^  la  fève  de  Saint-Ignace ^ 

fes  upas^  la  fai^$e  angusture^  le  ticunas,  le  worara^  le  curare, 

le  camphre j  la  coque  du  Levant  fit  )a  piorotoxine.  Cela  8uppose-> 

rait  que  toutes  ces  substances  oqt  une  nature  et  une  action  identin 

ques.  Or,  il  n'en  est  rien.  S'il  est  permis  d'errer  en  pareille  matière 

poarde^  9ui>slances  mal  connues,  d'une  origine  ignorée  ou  con** 

M^»  i)  n^  l'fi^t  pas  pour  des  produits  parfaitement  définis^  tels 

que  le  canapbre  et  la  picrotoxine,  qui  ont  un  mode  d'action>  le 

campbire  surtout,  très-différent  de  celui  de  la  noix  vomique,  et  qui, 

lorsque  eette  action  est  portée  au  degré  toxique,  doivent  néoessain 

rament  réclamer  P^pplication  des  moyens  appropriés  aui  phé- 

pomènes  spéciaux  qui  se  ipanifestent.   Il  faut  encore  mettre  à 

part  le  wor^ra  ou  curare  (c'est  le  même  poison)  qui  détermine 

des  effets  plus  ou  moins  différents  de  ceu^  que  produit  la  noix 

Tpipique.  }^e  ticunas^  extrait  formé  des  sucs  de  diverses  plantes 

vénéneuses,  et  dont  1a  véritable  origine  est  aussi  peu  connue  qufi 

H  composition^  semble  posséder  des  propriétés  toxiques  ana^ 

logues,  tant  à.  celles  du  curare  qu'à  celles  de  la  coque  du  Le* 

Yiiqt.  Restent  donc  la  fève  de  Saint-Ignace  (du  itrychnos  ignatia) 

^  les  Hpag  (1  ),  où  Pelletier  et  Caventou  ont  démontré  l'existence  de 

l&  strychnine  ;  |e  bois  de  couleuvre  {sirychnos  colubrina)  ;  la  fau$9e 

9fi§u$ture,  reconnue  aujourd'hui  n'être  autre  chose  que  récoroet 

dn  vomiquier  (sirychnos  nux  vomica)  et  contenant  de  la  brucine  | 

f^kmx  vomigue  enfin,  pour  former  nn  groupe  de  substances 

Cliquais  qui  développent,  après  leur  introduction  dans  Torganisme, 

1^  piêmes  phénomènes  physiologiques,  le  même  genre  d^intoxiea* 

tioq,  et  qui|  par  conséquent,  réclament  les  mêmes  moyens  thérapeun 

l^^s  en  cas  d'epipoisonnement. 


(f)  Uaess  intéressant  d'empoisoBBement  psr  Topas  tîeaté  s  été  okssrvé  tén 
ffttQept  k  la  clinique  du  professeur  Frerif^|is^  à  P^r^n  ;  1^  pe»tigr|IP9l#l^ 
prit  par  un  médecin^  k  titre  d'expérience,  déterminèrent  bientôt  def  symptOi^ei 
'intoxication  semblables  à  ceux  que  produit  la  strycbnine,  alcaloïde  quel'og 
fttrotiva  d'ailleurs  dans  l'urine.  Les  accidents  furent  conjurés  par  an  vomiUf 
*^P08é  de  tartre  stibié  et  d'ipéca^  et  par  des  dotes  répétées  de  laiaters 


—  148  — 

C'est  le  choix,  empirique  ou  rationnel,  c'est  la  valeur  de  ces 
moyens  qu'il  nous  reste  maintenante  apprécier. 

Magendie  et  Delille,  dans  des  expériences  sur  les  animaux, 
avaient  constaté  que  les  moyens  qui  réussissaient  le  mieux  pour 
annuler  les  effets  de  la  noix  vomique  et  des  poisons  analogues, 
étaient  d'abord  de  faire  vomir  le  plus  promptement  possible,  à 
l'aide  des  émétiques  et  du  chatouillement  du  gosier,  puis  de  s'op- 
poser à  l'asphyxie,  cause  principale  de  mort,  en  pratiquant  la  tra- 
chéotomie et  en  insufflant  de  Tair  dans  les  poumons.  Orfila  adopte 
et  recommande  ces  moyens,  après  en  avoir  vérifié  l'efficacité  ;  il 
insiste  particulièrement  sur  l'insufflation  de  l'air  dans  les  poumons 
et  déclare  avoir  sauvé  par  ce  moyen  quatorze  animaux  sur  vingt 
Mais  si  Ton  peut,  sur  les  animaux  et  dans  un  but  expérimental, 
pratiquer  sans  hésitation  la  trachéotomie,  on  y  regarderait  à  deux 
fois  avant  de  risquer  sur  l'homme  une  opération  qui  n'est  pas 
sans  quelque  danger,  et  dont  le  résultat  serait  douteux  d'ailleurs 
pour  peu  que  l'intoxication  fût  grave.  Ce  serait  donc,  chez  Thomme, 
à  l'insufflation  de  bouche  à  bouche  ou  exercée  avec  le  tube  laryn- 
gien, qu''il  faudrait  se  borner.  Orfila  recommande  en  outre  les  pur- 
gatifs en  potions  et  en  lavements,  et  les  a  vus  contribuer  quelque- 
fois à  conjurer  la  mort.  Ainsi  donc,  évacuants  par  l'estomac  et  par 
le  rectum  pour  provoquer  promptement  et  activement  l'élimination 
du  poison,  insufflation  pulmonaire  pour  combattre  l'asphyxie  im- 
minente, telles  sont  les  bases  principales  du  traitement  d'Orfila^  et 
l'on  ne  peut  y  voir  rien  que  de  parfaitement  rationnel.  De  contre- 
poison il  n'est  ici  nullement  question  ;  mais  le  célèbre  toxicologiste 
fait  remarquer  que  l'eau  éthérée  et  l'essence  de  térébenthine  lai 
ont  paru  exercer  une  influence  salutaire  pour  rétablir  entièrement 
la  santé  des  animaux  empoisonnés  par  les  substances  vénéneuses 
dont  il  s'agit  ;  l'inspiration  de  Teau  chlorée  (chlore  liquide,  1  par- 
tie ;  eau,  4  parties)  a  été  trouvée  par  lui  excessivement  utile  pour 
combattre  les  accidents  que  déterminent  ces  substances. 

Dans  Tétat  des  connaissances  chimiques,  on  a  dû  nécessaire- 
ment rechercher  un  contre-poison  de  la  strychnine, c'est-à-dire,  une 
substance  capable  de  former  avec  cet  alcaloïde  une  combinaison  ' 
insoluble  et  par  suite  présumée  non  nuisible  à  l'individu  empoi- 
sonné. Malheureusement,  comme  nous  l'allons  voir,  cette  présomp- 
tion ne  s'est  trouvée  jusqu'ici  qu'en  partie  réalisée  ;  car  les  com- 
binaisons insolubles  résultant  des  contre-poisons  proposés  sont 
promptement  attaquées  par  les  liquides  acides  de  l'estomac,  et 


—  149  — 

livrent  ainsi  à  l'absorption  de  nouvelles  particules  de  poison  qui 
renouvellent  ou  continuent  l'intoxication.  Tout  au  moins  faut-il 
donc  s'empresser  de  provoquer  par  le  vomissement  l'expulsion  du 
composé  formé  par  le  contre-poison,  sans  se  faire  d'illusion  sur  la 
possibilité  que  celui-ci  neutralise  les  particules  du  poison  déjà  pas- 
sées dans  les  voies  de  l'absorption.  Sous  ces  réserves,  examinons 
les  contre-poisons  ou  antidotes  de  la  strychnine. 

1^  Le  tannin^  qui  précipite  à  l'état  insoluble  les  alcaloïdes  orga- 
niques, devait  ici  se  présenter  à  l'esprit,  et  il  est  même  étonnant 
qu'on  n'y  ait  pas  songé  plus  tôt.  Guibourt  paraît  être  le  premier 
qui  l'ait  proposé  comme  contre-poison  de  la  strychnine,  dans  son 
Histoire  des  drogues  (4*  édit,,  1849,  t.  Il,  p.  516). 

Un  fait  favorable  à  l'appui  a  été  publié  par  les  Annales  de  la  so- 
ciété de  médecine  de  Gand  (mars  1851,  et  BulL  gén.  de  Thér,^ 
1851,  t.  XL,  p.  477).  Même  succès  signalé  par  le  docteur  Sudicke 
[Britisk  and  Foreing  Medico-Chirurgical  Review,  juillet  1842). 
Hais  c'est  le  professeur  Kursak  [Zeitschrift  der  jErzte  zu  Wien^ 
n?  11;  BulL  gén,  de  Thér,,  1860,  t.  LIX,  p.  271)  qui  a  particulière 
ment  insisté  sur  l'utilité  du  tannin  contre  Tempoisonnement  par  la 
strychnine,  prétendant  que  le  tannate  de  strychnine  ne  se  dissout 
pas  dans  les  liquides  digestifs.  Mais  une  expérience  de  M.  Gallard 
(Mémoire  cité)  certifie  le  contraire.  Un  chien  a  succombé  rapide- 
ment après  l'ingestion  du  précipité  formé  par  la  réaction  du  tannin 
sur  la  strychnine.  Toutefois,  on  peut  dire  en  faveur  du  traitement 
proposé  par  M.  Kursak,  que  ce  médecin  recommande  d'employer 
une  plus  forte  proportion  de  tannin,  20  à  25  parties  pour  1  de 
strychnine,  que  celle  expérimentée  par  M.  Gallard',  4  parties 
de  tannin  pour  1  de  strychnine.  Si  ces  dernières  proportions 
dfi  tannin  suffisent  pour  saturer  la  strychnine,  Texcédant  de 
tannin  conseillé  par  M.  Kursak  peut  reprendre  et  précipiter  de  nou- 
veau les  parcelles  de  strychnine  que  tendent  à  dissoudre  les  liquides 
digestifs.  Â  défaut  de  tannin  pur,  on  emploierait  une  infusion  ou 
une  décoction  d'une  substance  tannifère,  tormentille,  bistorte,  brou 
de  noix,  et  particulièrement  la  noix  de  galle,  mais  toujours  en 
grand  excès,  ce  qui  d'ailleurs  favoriserait  en  même  temps  le  vo- 
missement. M.  Kursak  recommande  d'éviter  concurremment  l'em- 
ploi des  acides  végétaux  et  des  alcooliques,  qui  favoriseraient  la  dis- 
solution du  tannate  de  strychnine. 

2*  Quoi  qu'il  en  soit,  le  degré  de  confiance  très-limité  que,  dans 
Vespèce,  inspire  le  tannin,  a  fait  songer  à  des  neutralisants  plus 


-180- 

éffleaM.  Viodë  A^ità  précipite  les  alcaloïdes  végétaux,  et  t)btiné 
l*a¥ait  indiqué  contre  les  empoisonnements  détertfnidés  par  eux,  ël 
Aôtamment  contre  l'empoisontiement  par  la  strychnine. 

M.  lé  professeur  BoUchardat  a  repris  celte  question  intéressabte, 
et^  lui  donnant  tous  les  développements  qu'elle  pouvait  compoHelrau 
dbUble  péikit  dé^uë  chimique  et  toiiéologique  {Mém,  de  tAùai. 
des  scienceSy  compta  irendus^  t.  IX,  p.  iTB,  et  Annuùi'nde  thérû' 
pMiqHes  ll342),  il  a  cril  dëvoii^  conseiller  sa  solution  d^iodurê  de 
piitàsstnm  ioàùréè  comme  applicable  à  tous  les  empoisonnemebts 
^kf  léft  alcaloïdes  tégëtaiix.  Voici  sa  formule  : 

lodare  de  potassibm * 48,00 

lode.i 0,30 

Eau 1000,00 

U  pfêsèrït  cette  solution  par  Vert'e  ou  clemi-verre^  à  coups  t^p^ 
prôchéë,  et  de  niatiière  à  remplir  Testomab  d*uh  ^excès  de  contré- 
p6isoii.  Mais  Tiodure  d^iodhydraté  dé  strychnine  qui  résulte  de  la 
féàclioh,  tout  en  se  préséntahl  dans  lé  verl'e  du  laboratoire  coknme 
tih  précipité  insoluble,  est  toxique,  même  à  petites  doses,  ainsi  que 
M.  Botichardat  Ta  reconnu  lui-même  et  que  l'a  constaté  M.  Gai- 
htû  dans  se» expériences;  il  se  redissout  donc  dans  les  liquides  di- 
gestifs^ et,  par  conséquent,  dès  que  cette  combinaison  est  supposée 
èbtèhue ,  il  flBiud^à  encore  s'empresser  d'en  provoquer  Texpulsion 
1^  Uh  v6hiitif.  Je  tae  vois  donc  pas  trop  en  quoi  ici  belté  solution 
iëdùrlié  ^ehiit  préférable  à  une  solution  tannique,  et  je  crois  l{Ue^ 
lé  cas  échéant;  j\^ptérais  pour  tetle  dernière. 

3^  Le  tkarboh  ou  Hoif  animal,  antérieurement  proposé  phf 
FbUiicrtty,  k  été  préébnistê  par  le  docteur  Garrod,  qui  Ta  employé 
ûUe  fois  aiëc  succès  éhez  rhomhie  ;  mais  le  sujet  avait  pris  en 
tnéMé  tetnps  20  béntigrariitnes  de  strychnine  et  30  centigraniraés 
de  nnnrphinë,  pniîi  bn  aVail  vidé  Testotnac  à  l'aide  de  la  poirtpe  std^ 
mÀcÀlè;  On  né  peut  donc  pas  fairâ  bien  nettement  ici  au  chatboil 
\i,  part  qui  lui  revient  dans  lé  Succès.  M.  Gallaird  se  montre  assek 
favorable  à  l'emploi  du  charbon  animal,  et  il  dit  avec  raison  que  sA 
propHété  d'absorber  certains  <iôrps,  et  en  partiôùlier  les  alcaloldei 
VégélauX;  peut  \e  tetiAte  utile  pour  entraver  l'absorption  de  Ift 
strychnine  ingéfée^  en  attendant  l'application  d'agents  plus  actifs  oa 
plus  efficaces  que  Ton  n'a  pas  toujoùt-s  à  sa  disposition  au  pnemier 
nioment. 

4*  Les  dOcteuH  Kndell  {Journal  de  chimie  médicale,  i8S6)^  et 


—  451  — 

himdeThoiï  [Gazette  hebdomadaire^  1862)  ont  prétèiidtt  cfiiè  iés 
corpB  gras  neutralisaient  ou  tout  au  moins  atténuaient  ràctiôn 
toxique  de  la  strychnine.  Ils  n^ont.  Tun  et  l'atitt-ci,  eïpëriiriënté  qtle 
snt  des  chiens  et  des  làpiris.  On  coiUpréhd,  jusqu'à  un  certain  poiht, 
^u'en  donnant  à  ces  animaiix,  ainsi  qti'ils  Torit  fait,  de  la  stry- 
chnine empalée  dans  de  la  graisse,  ils  6n  aient  un  peu  retardé 
l'absorption  -,  mais  comme  il  n*y  a  ici  aucune  action  chimique  neu- 
tralisante à  invoquer,  il  est  évident  que  tôt  ou  tard  Tabsorplioti  dU 
|H)ison  se  ferd;  et  il  est  improbable,  quoi  qu'on  ait  dit  M.  Riehder- 
hoff,  que,  cette  absorption  Une  fois  effectuée,  les  corps  gras  puift- 
aent  déterminer  des  modifications  physiologiques  capables  de  pré- 
venir les  effets  de  l'empoisonnement.  Tout  au  plus  pourtàil-dh 
concéder  qu'il  y  eût  quelque  utilité,  chez  l'homme,  à  administrer 
de  Fhuile,  tant  pour  tâcher  de  retarder  l'absorption  de  là  strychriitife 
qne  pour  provoquer  son  expulsion  par  le  vomissement,  si  Ton 
n*avait  pas  sous  la  mdin  un  vomitif  ou  un  neutralisant  plufe  effi- 
cace^ et  en  attëtidant  que  Ton  se  fût  procuré  ces  deux  agents. 

5*  Les  mêmes  objections  doivent  être  opposées  à  l'influence  fa«- 
Torable  attribuée  clu  lait  par  le  docteur  Gorré,  dans  Tempoisonne- 
inent  për  les  ptépàratidtts  de  tiôix  vomique  {Note  sûr  les  bons  effets 
du  lait  dans  Vempoisorinetnent  par  la  noidc  vomique,  Boll.  (îén., 
dbThérap.,  1853,  t.  XLIV,  p.  266).  J'y  aurais  même  encore  ttitjitts 
de  confiance  que  dans  les  corps  gras.  Les  expériences  de  M.  Gallard 
sur  des  chiehs,  auxquels  on  a  donné  simultanétneilt  et  du  lait  et 
de  la  strychnine,  ont  démontré,  comme  il  était  facile  de  le  prévoir, 
<iue  le  lait  n^exerce  aucune  action  spécifique  contre  l'empoi^on- 
nement  par  la  strychnine,  et  que  s'il  peut  quelquefois  relarder  la 
iDiuiifestation  des  accidents  caractéristiques  de  l'empoisonnement, 
^tt^est  que  comme  le  ferait  tout  autre  aliment  ingéré  en  grande 
f^uuitité  dans  l'estomac^  soit  avec  la  substance  toxique,  soit  iitlmé- 
di'tlement  après  elle  (Lettre  à  r Académie  de  médecine^  séance  du 
*  novembre  1862). 

^H.  Bardet,  pharmacien,  a  proposé  le  chlot*e  liquide  administré 
^llntërieUr;  il  en  aurait  puisé  l'idée  au  cours  de  chiniie  professé 
^  1840  à  la  Faculté  de  médecine  de  Paris  par  M.  DumaS)  lequel 
^aii  alors  signalé  l'action  décomposante  du  chlore  sur  la  strych^- 
njne,  et  indiqué  le  premier  comme  devant  probablement  servir  avec 
•uccès  d'antidote  contre  la  seconde.  Cependant,  voici  tout  ce  que  l'on 
trouve  relativement  à  Faction  du  chlore  sur  la  strychnine,  dans  le 
tome  cinquième  (p.  760),  paru  en  1835,  dU  Traité  de  chmve  de 


\ 


—  182  — 

M.  Dumas  :  a  Lorsqu'on  fait  passer  un  courant  de  chlore  dans  delà 
strychnine  délayée  avec  de  i*eau,  elle  se  dissout  parfaitement  et 
donne  par  évaporation  spontanée  une  cristallisation  d'hydrochlorate 
parfaitement  blanc.  »  J'ai  consulté  plusieurs  ouvrages  de  chimie 
où  il  n'est  pas  davantage  fait  mention  de  la  décomposition  de  la 
strychnine  par  le  chlore.  Je  crois  donc  que  l'idée  théorique  de 
M.  Bardet  laisse  à  désirer;  yoici^  du  reste,  comment  il  la  met  en 
pratique  ;  il  n'a  eu  à  expérimenter  que  sur  des  chiens.  On  admi- 
nistre d^un  seul  coup  5  grammes  de  chlore  liquide^  étendu  dans 
250  d'eau  distillée;  dix  minutes  après^  5  centigrammes  de  tartre 
stibié  dans  six  à  huit  cuillerées  d'eau  tiède  ;  aussitôt  après  le  pre- 
mier vomissement^  A  autres  grammes  de  chlore  dans  même  quan- 
tité d'eau  distillée;  au  bout  de  dix  minutes,  5  nouveaux  centi- 
grammes de  tartre  stibié,  et  après  ce  dernier  vomitif,  lait  coupé 
d'eau,  le  plus  possible,  pour  provoquer  de  nouveaux  vomissements. 
M.  Bardet  dit  avoir  sauvé  par  ce  traitement  seize  chiens  empoi- 
sonnés sur  vingt  {Annales  de  chimie  et  de  physique^  1852,  t.  XXXV^ 
3c  série,  p.  364). 

7°  M,  Thorel,  pharmacien  d^Avallon,  a  cru  trouver  dans  k 
kermès  un  contre-poison  delà  strychnine,  et  dit  en  avoir  obtenu  def 
succès  en  l'expérimentant  sur  les  chiens.  Voici  la  formule  qu'il  2 
adoptée  et  conseillé  d'employer  : 

Kermès  no  1 jg^OO 

Emélique 0  ,10 

Sirop  de  nerprun 15 ,00 

Eau 60,00 

Cette  potion  fait  vomir  et  purge;  elle  a  donc  une  action  complexe^ 
dont  Tun  des  modes  est  de  favoriser  l'expulsion  du  poison.  Mais 
M.  Thorel  prétend  qu'en  outre  une  partie  du  soufre  du  kermès  se 
porte  sur  la  strychnine  et  sur  la  brucine^  pour  former  un  sulfure 
insoluble,  dont  la  partie  non  décomposée  du  kermès,  unie  à  l'émé- 
tique,  provoque  l'expulsion  par  le  vomissement.  Le  mémoire  de 
M.  Thorel  fut  l'objet,  à  la  Société  de  pharmacie  de, Paris,  d'un 
rapport,  dont  les  auteurs,  MM.  Bouchardat  et  Gobley,  ne  jugèrent 
point  les  expériences  chimiques  indiquées  par  M.  Thorel  suffisam- 
ment catégoriques,  et  la  solution  ioduro -iodée  leur  donna  des  ré- 
sultats plus  satisfaisants.  Le  kermès  ne  paraissant  pas  d'ailleurs 
jusqu'ici  avoir  été  essayé  sur  l'homme,  nous  devons  rester  dans  le 
doute  sur  sa  valeur  réelle  dans  reropoisonnement  par  la  strychnine 


—  153  — 

(Répertoire  de  pharmacie  y  mars  1850,  et  Bull.  gén.  de  Thérap,y 
1850,  t.  XXXVIIÏ,  p.  427,  et  t.  XXXIX,  p.  263). 

{La  fin  au  prochain  numéro.) 


THÉRAPEUTIQUE  CHIRURGICALE 


Des  IndleaClons  de  la  résection  daus  les  fractureis 

non  eonsolldées  (i); 

Par  le  docteur  BxaEHGBa-FÉRAUD,  raédecin  principal  de  la  marine. 
ÀFPRÉGUTION  DES  DIVERSES  MÉTHODES  DE  RÉSECTION. 

Après  avoir  dit  un  mot  des  diverses  variantes  de  la  résection  des 
fragments  applicables  au  traitement  des  pseudarthroses,  nous  de- 
vons jeter  un  coup  d'oeil  synthétique  sur  elles  pour  arriver  à  déter- 
miner quelles  sont  celles  qui  méritent  la  préférence  des  chirurgiens, 
suivant  les  circonstances  très-diverses  qui  peuvent  se  présenter,  La 
questionestassezdifficileàtraiteràcause  de  la  complexité  des  points 
^  vue  sous  lesquels  il  faut  Tenvisager  tour  à  tour,  et  à  cause  aussi 
"C  l'abondance  des  assertions  contradictoires  qui  ont  cours  dans  la 
science  sur  son  compte.  C'est  pour  cela  qu'il  nous  faut  appeler  à 
l'^de  les  lumières  de  la  physiologie  en  même  temps  que  les  indica- 
tions fournies  par  les  expériences,  par  les  faits  et  par  le  raisonne- 
ment, afin  de  bien  comprendre  tout  ce  qu'on  peut  tirer  de  l'opéra- 
tion. 

lUais  tout  d'abord  demandons-nous  quels  sont  les  phénomènes 
1^  se  produisent  sous  l'influence  de  la  résection  des  fragments  os- 
8^Ui  d'une  pseudarthrose,  et  pour  cela  nous  avons  besoin  de  par- 
^^ger  l'étude  en  deux  catégories  :  A.  phénomènes  qui  se  passent  du 
^tédes  parties  molles;  B.  phénomènes  qui  se  produisent  du  côté 

A.  PARTIES  MOLLES.  —  Lcs  phénomènes  qui  se  passent  du  côté 
^  parties  molles  dans  la  résection  ne  diffèrent  en  rien  de  ceux  qui 
Bont  habituels  à  toute  opération  sanglante  assez  étendue,  et  sans 
iHms  occuper  de  la  douleur,  de  Thémorrhagie,  des  accidents,  en  un 
Diot,  qui  peuvent  survenir,  nous  voyons  qu'il  y  a  gonflement,  in- 


(i)  Suite  et  fin.  Voir  la  Uvraison  du  15  février  1871,  p.  109. 


—  184  — 

flamiuâtioii  des  tissUs  tnous  atteints  par  le  couteau,  gonflement  et 
inflammation  qui  se  iermiiléront  toujours  et  sans  exception  par  la 
suppuration.  Cette  considération  nous  porte  d'abord  à  penser  que^ 
toutes  choses  égales  d'ailleurs,  la  gravité  d'une  résection  se  mesu- 
rera au  volume  des  parties  nlolles  qiii  environnent  les  os,  et,  en 
effet,  les  chances  de  suppuration,  de  fusées  purulentes  et  d'infec- 
tion^ soit  putridéj  ëoll  t)UrUtënte,  sët^bilt  d'àdtdilt  t)ltis  grandes  que 
Pincision  aura  compris  une  épaisseur. de  tissus  mous  plus  consi- 
dérable. D'ailleurs,  la  chose  est  si  naturelle  et  se  comprend  si 
bien,  que  nous  n'avons  pas  besoin,  d'insister,  d'autant  quec'esta 
on  en  conviendra,  un  point  fort  secondaire  de  la  question  qui  nous 
occupe. 

B.  PARTIES  DURES.  —  Lcs  fragments  mis  à  nu  et  réséqués  par  un 
des  procédés  que  nous  avons  étudiés  précédemment,  réagissent  de 
lA  même  manière  que  les  parties  molles,  en  somme  ;  mais,  à  cause 
dé  la  moins  gl*atidé  rapidité  d'évolution  de  leurs  phénomèmes  bio- 
logiques, ce  n'est  que  plusieurs  Jours  (de  six  à  quinze  jours)  après 
l'dpératioti  que  Thyperhémie  qui  est  le  premier  terilie  de  Tinflam- 
Hiation,  se  manifeste  d'une  manière  appréciable. 

L'évolution  de  la  réaction  inflammatoire  des  extrémités  osseùsOi 
né  diffôre,  avons-nous  dit,  que  pat*  le  temps  de  la  réaction  inflam- 
matoire des  parties  molles,  de  sorte  que  c'est  toujours  le  mêtne  phé- 
nomène qui  se  produit  eki  diéflniitve.  Seulement,  cette  questiob  de 
teMps  à  iiiie  gravité  que  Ton  né  saurait  méconnaître.  En  effet,  la 
douleur  et  la  supputation  sont  de  puissantes  causes  d'afFdiblissé^ 
métit  de  iWgâtiisiUe,  et  pour  peu  que  la  maladie  osseuse  sbit  ététi» 
due,  intense  ou  de  longue  durée,  elle  atteint  plus  qu'une  aUU^ 
affection  lés  ressorts  de  la  vie.  D'àuti-e  pàt't,  la  forme,  là  natûhB^  la 
situation  du  tissu  osseUx  et  des  régions  daUs  lesquelles  se  ttoUvettl 
les  pseudatthroses  ne  se  prêtetit  pas  à  la  facile  circulation  deé  li- 
quides, et  pat*  cdnséqUôht,  dans  ce  cas  plus  que  dans  d'auirei^  le 
croupis^emeut  des  matiètts  pUi^Ulëntes  peut  se  produire,  ce  qui  eut) 
à  mon  avis,  une  des  plus  grandes  causes  d'accidents.  £t  qu'oti  Uë 
ctoië  pas  qu'il  faille  de  biëU  grandes  quantités  de  matière  puru- 
lente; eu  etfet,  c'est  ici,  plUs  que  par  ailleurs  peut-être,  qUô  Tdn 
peut  dire  que  la  qualité  réUlplace  l'aboUdahce. 

Cette  gravité  dé  là  sUppuratioh  osseuse,  qlte  noUs  veiiOHs  de  si" 
gnaler,  llbUs  explique  ilaturellemeht  pourquoi  certaines  résecliUtts 
ont  été  si  facilement  suivies  d'accidents  funestes,  et  la  conséquence 
logique  de  ce  que  nous  avons  dit  est  que  la  résection  des  fragments. 


^  15»  — 

pour  avoir  de  bonnes  chances  par  devers  elle ,  doit  porter  sur  des 

extrémités  osseuses  saines.  Nous  voyons  réapparaître  ici  cette  grande 

loi  pathblôgi(}ue,  sur  laquelle  on  a  toujours  appelé  avec  succès  Pat- 

tebtion  des  opérateurs,  la  nécessité  d'emporter  tout  le  mal.  Or, 

comitié  dans  certaines  pseudarthroses,  il  n'est 'pas  possible  d'em- 

portëi*  tout  Ce  mal  par  la  simple  résection.  On  comprend  qu'il  faut 

fôXït  elles  renoncer  à  Topétation  qui  nous  occupe,  et  je  crois  que, 

lors€!lue  Cette  considération  sera  admise  et  prisé  en  sérieuse  réflexion 

dâilB  la  pratiqué,  le  chiffré  des   succès  de  la  résection  s'accroîtra 

i^iine  manière  sensible. 

CéquenoUs  venons  de  dire  touchant  faction  physiologique,  si  je 
puis  tn'expriiner  ainsi,  de  la  résection  nous  montre  déjà  une  bonne 
partie  des  véritables  points  saillants  de  la  question,  et  nous  poU- 
YOils  dès  à  présent  en  tirer  des  conséquences  utiles  pour  établir 
d'une  manière  précise  les  indications  et  les  contre-indications  de 
l'opération.  Ainsi,  du  côté  dés  parties  molles,  nous  avonâ  vu  que 
l)ss  chances  de  réussite  sont,  toutes  choses  égalés  d'ailleurs,  en  rela- 
tion iiivérsÊ  avec  le  volume  de  la  région. 

Du  côté  des  parties  dures,  non-seulement  cette  condition  est  de 
ndUveau  feh  première  lighe,  mais  encore  Tétàt  de  santé  des  frag- 
B^ttlsest,  toutes  choseâ  égales  d'ailleurs,  Une  Condition  importante 
podr  le  succès.  Il  n'est  pas  nécessaire  de  faire  une  discussion  à  part 
pour  ce  qui  est  de  la  constitution;  ce  point  rentre  implicitement  dans 
laquestion  de  l'état  de  santé  des  fragments,  car  on  peut  direque,  si 
lôMijeteSt  vétolé,  scrofuleux,  tuberculeux,  etc.,  les  ft'agmentsde 
^pteudarlhroisô,  en  quel()Ue  bon  état  qu'ils  paraissent  de  prime 
wh],  ne  isont  pas  moins  dans  une  triste  situation,  au  point  de  vue 
«fis  thancBs  d'accidents  locaux. 

PiBhons  actuellemeht  la  question  à  Un  autre  point  de  vue  pour 
li^ sinlpliBôr  dans  quélqUes-unés  de  ses  parties,  et  hous  reviendrons 
®^8uiie  aux  indications  que  nous  venons  de  dégager  par  la  précé- 
Aaite  étude,  pbur  les  joindre  à  ciô  que  nous  aurons  appris  de  nou- 
^u,  et  constituer  ainsi  le  faisceau  de  connaissances  qui  nous  sôht 
nfcfessaites  pouf  arriver  à  entrevoir  la  vérité  dans  son  ensemble. 
Nous  avons  cité  plusieurs  variantes  de  la  résection  précédem- 
^Mt,  et  quoique  nous  ayons  dit,  chemin  faisant,  à  propos  de 
ài^we  procédé,  quelques  mots  qui  pouvaient  faire  connaître  l'opi- 
^lOD  que  noUs  avions  sur  leur  compte,  il  est  nécessaire  actuellement 
«6  les  envisager  de  nouveau,  afin  de  bien  déterminer  lesquels 
i'tnite  eux  me  semblent  destinés  à  exciter  la  préférence  du  chfrur- 


—  156  — 

gien^  sinon  dans  tous  les  cas^  au  moins  dans  certains  cas  bien  dé- 
terminés. 

La  résection  des  deux  fragments  est  le  type  le  plus  complet  en 
même  temps  que  le  plus  ralionnel  de  l'opération  qui  nous  occupe. 
Et,  en  effet,  avivant  également  les  deux  fragments  de  la  pseudar- 
tfarose,  elle  les  met  d'abord  dans  les  meilleures  conditions  pour  la 
fusion  osseuse,  toutes  choses  égales  d'ailleurs.  On  peut  reprochei 
deux  choses^  il  est  vrai,  à  la  résection* des  deux  fragments  :  1®  la 
plus  grande  surface  traumatique  osseuse  ;  ^^  raccourcir  davantage 
la  longueur  du  membre  ;  et  ces  deux  accusations  sont  assez  gravai 
pour  que  nous  devions  nous  arrêter  sur  elles  un  moment  :  car  si 
elles  étaient  fondées  en  tout  point,  nul  doute  qu'elles  ne  jetassent 
une  défaveur  sérieuse  sur  le  procédé. 

i®  Etendue  de  la  surface  traumatique  osseuse.  —  Cette  étendue 
n'est  plus  considérable  que  relativement  à  ce  que  donne  le  procéda 
de  la  résection  d'un  seul  fragment^  car  on  comprend  que  le  grat- 
tage fournit  une  surface  traumatique  aussi  vaste^  s'il  est  fait  dam 
les  conditions  où  H  doit  être  pratiqué.  Mais  nous  avons  montré  pré- 
cédemment que  la  résection  d'un  seul  fragment^  qui  n'avait  d'ail- 
leurs pris  naissance  que  comme  opération  de  nécessité,  est  fonciè- 
rement une  mauvaise  pratique  sous  le  rapport  du  résultat.  En  effet 
un  des  deux  fragments  n'étant  pas  mis  par  le  chirurgien  dans  d< 
bonnes  conditions  de  fusion  osseuse^  on  comprend  que  la  réussite 

doive  logiquement  être  moindre. 

Donc^  la  résection  d'un  seul  fragment  lui  est  inférieure  très-na 
tablement,  et  il  ne  reste  plus  que  le  grattage  et  la  cautérisation  i 
mettre  en  parallèle.  Or^  remarquons  que^  dans  ces  procédés,  la  sur 
face  traumatique  n'est  pas  moindre  ;  nous  verrons  ultérieuremeiï 
qu'elle  est  dans  de  moins  bonnes  conditions,  etdonc^  pour  ce  qa 
est  du  premier  point,  la  résection  des  deux  fragments  mérite  la  pré- 
férence. 

2°  Longueur  du  membre  réséqué.  —  Ce  reproche  n'est  pas  ap- 
plicable aux  résections  du  membre  thoracique  ;  on  comprend,  ei 
effet,  que  dans  des  affections  aussi  sérieuses,  aussi  fâcheuses  qu'uni 
pseudarthrose^  le  malade  et  le  chirurgien  doivent  se  féliciter  telle- 
ment  du  succès^  quand  ils  l'obtiennent,  qu'ils  n'ont  pas  à  marchan- 
der quand,  comme  pour  le  membre  thoracique,  les  fonctions  m 
sont  absolument  pas  altérées,  gênées  même  par  un  raccourcisse* 
ment  de  2  à  5  centimètres.  Mais  il  reste  le  membre  abdominal  qu 
ne  peut  pas  être  diminué  sensiblement  de  longueur  sans  devenii 


—  457  — 

aussitôt  très-insuffisant,  sinon  impropre  à  la  déambulation.  Il  est 
▼rai  que  l'adjonction  d'un  talon  ou  d^une  semelle  plus  éleve'e  peut 
permettre  un  raccourcissement  de  3  à  5  centimètres  aussi  sans 
grsnd  inconvénient,  et  remarquons  que  la  résection  n'enlève  proba- 
blement pas  souvent  une  telle  longueur  de  la  diaphyse  ;  de  sorte 
que  le  reproche  du  raccourcissement  perd  considérablement  de  sa 
ndeur,  et  on  peut  dire  que  neuf  fois  sur  dix  peut-être,  la  résection 
des  deux  fragments  pourra  être  pratiquée.  Mais  pourtant,  comme 
il  faut  prévoir  toutes  les  conditions  possibles^  disons  que  dans  le 
cas  où  la  résection  des  deux  fragments  devrait  entraîner  une  trop 
grande  perte  de  longueur  de  la  diaphyse^  un  autre  procédé,  et  parti- 
eulièrement  celui  qui  s'en  rapproche  le  plus,  c'est-à-dire  la  résection 
d'un  fragment,  le  grattage  de  l'autre,  pourra  lui  être  substitué  ; 
mais,  ajoutons  que  cette  distinction  est  plus  théorique  peut-être  que 
pratique,  et  que  les  opérateurs  savent  bien  au  fond  que  la  rondelle 
oiseuse  excisée,  peut  être  si  mince,  que  vraiment  elle  n'est  pas  à 
craindrci  relativement  surtout  à  la  défectuosité  du  grattage  des  frag- 
lûents. 

Nous  arrivons  donc  à  cette  conclusion  que  la  double  résection  est 
▼Mtablement  le  moyen  préférable  rationnellement,  et  ajoutons  que 
n  cette  résection  des  deux  fragments  est  accompagnée  de  l'auxiliaire 
pûssant  que  lui  donne  la  suture  osseuse,  c'est-à-dire  du  contact 
^médiat  solide  et  de  l'immobilité  des  deux  portions  osseuses  mises 
^  présence^  on  peut  dire  à  priori  que  la  pseudarlhrose  est  dans  les 
ineillenres  conditions  possibles,  toutes  choses  égales  d'ailleurs^ 
pour  la  guérison  ;  et,  en  effet,  si  tel  accident,  comme  la  suppura- 
tion et  ses  fâcheuses  conséquences,  l'inflammation  excessive,  etc.,  ne 
^t  pas  détruire  ou  empêcher  la  production  des  phénomènes  de  la 
ï^Mffation  osseuse,  il  est  logique  de  croire  que  la  prolifération  aura 
Ok»Q8  que  dans  tout  autre  procédé  besoin  de  faire  de  grands  efforts 
Poor  arriver  à  la  guérison. 

Le  grattage  des  fragments  s'est  présenté,  avons-nous  vu,  comme 
^  artifice  opératoire  pour  mettre  les  os  dans  les  conditions  de  cir- 
^tion  et  de  vitalité  nécessaires  à  la  fusion  osseuse  de  la  pseudar- 
^se,  tout  en  conservant  le  plus  de  longueur  possible  aux  frag- 
*(^;aussi^  comprend-on  que,  suivant  les  régions,  toutes  les 
Nantes  possibles  aient  été  essayées,  et  que  nous  ayons  vu  em- 
ployer, soit  le  grattage  des  deux  fragments,  soit  la  résection  propre- 
^t  dite  de  l'un  et  le  grattage  de  l'autre,  etc.  Ce  procédé  est,  à  mon 
^t  assez  voisin  de  la  double  résection,  mais  il  lui  est  néauavovcA 


—  1^  rr- 

ipférieur  soqs  bjeq  des  rapports  pour  ne  deyoir  être  mis  en  9^9 
tique  que  dans  les  cas  où  le  premier  procédé  est  inapplicable  ;  )ç 
grattage  entraîne,  en  effets  une  dilacérationj,  une  contusion  des  ^\-7 
trérnités  auquel  le  traumatisme  de  la  scie  ne  saurait  être  comparé| 
et  je  crois  que,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  la  réaction  osseuse 
dpit  être  plus  grande  quand  on  a  ¥ioIemment  déchiré  et  broyé  les 
surfaces  fragmentaires  que  quand  on  les  a  coupées  nettement  ^^^ 
une  ^cie  bien  affûtée. 

Jja  réfection  d'un  seul  fragmept  est^  nous  l'ayons  yu,  un  uoih 
seqs  chirurgical^  ep  cela  que  c'est  une  opération  incomplète  ;  celui 
des  deux  fragmepts  qui  a  été  ^vivé  par  la  scie  fait  tops  l^P  ^rais  4c 
la  réparatiopi  m^is  il  se  trouve  en  présence  de  sop  congénère  qui  n'a 
pas  été  placé  dans  de  bonnes  conditions  pour  s'unir  ayec  lui,  de 
§prte  qu'il  y  a  bien  des  chances  pour  qu'il  épuise  infructueusenieni 
ses  tifforts  de  réparation  et  qu'en  fin  de  compte  la  coasolid^li^ 
p'ait  rien  gagné. 

La  cautérisatiop  des  fragmepts  n'est  pas  upe  opération  k  ccm^ 
seiDer  pour  les  cas  ordinaires.  D'ailleurs,  si  nous  jetons  un  ÇQUf 
d'œil  ^ur  les  faits  dans  lesquels  op  a  cru  deyoir  y  recourir»  nous 
Yoyops  que  le  plus  souvent  cette  cautérisatiop  a  été  un  pro<^^ 
4e  pécessiié  imposé  par  une  maladie  des  fragments  ;  c'est  plutôt 
Upe  pratique  afférente  à  la  fracture  compliquée  qu'à  la  pseu4|ll'' 
tbrose  propremept  dite.  D'ailleurs,  cette  cautérisatiop  a  pour  bllt 
4'aviver  les  surfaces  fragmentaires  cqpipie  |^  double  résection,  ft 
remarquons  qu'elle  n'arrive  à  ce  résultat  qu'après  une  éliminiitioA 
assez  abondante  et  une  suppuration  d'assez  longue  durée;  degQrli 
(ipe,  quoique  l'pn  ait  dit  que  les  plaiejs  par  brûlure  avaient  la  prpY* 
priété  4'^xposer  pioips  que  les  autres  aux  accidents  d'ipft^ction  pu* 
rulente^  pous  sopimes  disposas  à  ne  vpjr  dans  la  cautérisation  4iM 
fragpients  qu'une  port4e  4veptue||e,  t^pdis  que  la  résection  q^ 
naire  nous  paraît  l'opération  classique  à  préférer  le  plus  spuv^fitt 

Quant  aux  auxiliaire^  que  nous  avons  vu  paettre  ep  œuvre  pçor 
le^  résection»,  nous  dirons  que  la  suture  des  os  se  présente  #091 
des  auspices  favorables,  et  j'ai  déj^  assez  parlé  de^  bopa  effl^tf  iê 
cette  suture  pour  n'avoir  p^s  besoin  d'y  revepir  encore. 

La  suture  du  périoste  p'a  pas  ep  jg^rand  §uecèf  jusqu^i^  mlgftf 
l'autorité  de  ses  pronioteurs. 

Tout  le  monde  est  d'accord  aujourd'hui  sur  l'action  ostéqpl^ 
tique  du  périoste  ;  on  sait  que  cette  enveloppe  fibreuse  joue^  un  rAI^ 
capital  dans  la  nutrition  et  }a  reproduction  des  os;  mais  }i.  foriw 


—  459  — 

ne  s'est-il  pas  un  peu  exagéré^  comme  bien  d'autpes,  ee  rôle,  tout 
important  qu'il  est,  en  lui  donnant  un  exclusivisme  qu^ii  n*a  pas, 
et  en  déshéritant  les  autres  éléments  d'une  certaine  puissance  de 
formation  et  de  réparation?  Quand  Thabile  chirurgien  de  Manches- 
ter conclut  au  rapprochement  des  fragments  osseux  jusqu'au  con- 
tact immédiat,  de  peur  que  le  manchon  périostique  seul  ne  puisse 
produire  un  cal  suffisamment  solide,  il  juge,  sans  y  penser  peut- 
être,  le  débat  dans  un  sens  qui  n'est  pas  tout  à  fait  celui  qu^il  adopte 
dans  ses  conclusions^  et  nous  porte  à  penser  que  Tintervention  du 
périoste  dans  la  consolidation  de  la  pseudarthrose  réséquée  est  as- 
sez secondaire^  puisque  la  seule  conservation  de  la  manchette  n'as- 
rare  pas  le  succès^  et  qu'il  faut,  pour  avoir  plus  de  chances^  rap- 
procher les  fragments  l'un  contre  l'autre,  c'est-à-dire  pour  que  le 
ti^Bu  osseux  proprement  dit  puisse  sécréter  par  la  tranche  de  la 
résection  les  éléments  d'un  cal  suffisamment  solide.  Quand  M.  Jor- 
daq'dit  que  la  suture  du  périoste  présente  encore  cet  avantage, 
qu'elle  rerpplsice  jusqu'à  un  certain  point  la  suture  des  os,  et  qu'elle 
maintient  les  fragments  dans  un  rapport  plus  intime^  il  avance 
une  idée  qu'un  peu  de  réfiexion  conduit  à  repousser  immédia- 
tement. En  effet,  que  la  suture  du  périoste  puisse  remplacer  jus- 
qu'à Hn  certain  point  la  suture  des  os^  le  fait  est  incontestable,  si 
iious  ajoutons  qu'elle  remplace  ainsi  un  moyen  énergique  par  un 
ipoyen  qui  Test  moins.  Mais  dire  que  la  suture  du  périoste  main- 
tient les  fragments  dans  un  rapport  plus  intime,  c'est  consacrer  une 
ittexactitude.  Gomment  est-il  possible  que  le  point  de  suture  plaeé 
BUF  QDe  gatne  molle  périphérique  à  l'os  et  rendue  assez  indépendante 
délai  par  la  dissection,  soit  plus  solide  que  le  point  qui  passe  dans 
le  tissu  osseux  lui-même? 

D  ne  reste  donc  en  faveur  de  l'ostéoplastie  périostique  de  M.  Jor- 
dan qae  ce  point,  qu^il  a  indiqué  en  ces  termes  :  «  Nous  rejetons 
le  procédé  opératoire  (la  suture  des  os)  pour  un  motif  très-impop- 
^t.  Dans  une  semblable  opération,  il  faut  avant  tout  éviter  la 
topparation.  La  suppuration  est  le  plus  grand  obstacle  à  la  pro- 
'oclion  du  cal.  Or,  que  faiteer-vous  quand  vous  introduisez  un  fil 
Diôallique  entre  les  deux  boutir  d'une  pseudarthrose?  Vous  provo- 
V^  un  travail  inflammatoire  et  suppuratif  dans  le  foyer  de  la  00- 
talion  de  continuité  ;  vous  dépassez  le  but,  qui  était  d'irriter  seu- 
*''>eiit,  et  votre  opération  est  suivie  d'insuccès  d'une  manière 
P^ue  certaine,  d  Certainement,  il  est  incontestable,  en  théorie^ 
T^'unt  «uture  qui  traverse  le  tissu  de  Tos  le  di«pose,  plus  eiti'usA 


—  160  — 

qui  ne  traverse  que  le  périoste^,  à  la  suppuration,  et  personne  ne 
songe  à  mettre  en  doute  que  la  suppuration  du  foyer  d^une  fracture 
ou  d'une  résection  ne  soit  une  chose  fâcheuse;  mais,  cependant, 
croit-on  de  bonne  foi  que  la  méthode  de  M.  Jordan  melte  dans  la 
pratique  bien  mieux  que  la  suture  osseuse  h  Tabri  de  cette  suppu- 
ration? Non,  car  la  dissection  du  manchon  périostique^  Faction  de 
la  scie  pendant  la  résection  ont^  dans  cette  méthode  comme  dans 
Tautre,  porté  une  telle  atteinte  à  Tos,  que  le  point  de  suture  de  l'os 
n'est  plus  qu'une  question  du  plus  au  moins  si  petite  qu'il  ne  vaut 
vraiment  pas  la  peine  de  s'en  tant  préoccuper. 

En  résumé,  nous  devons  dire  que  la  suture  du  périoste  expose 
aussi  bien  que  la  suture  proprement  dite  des  os  à  la  suppuration  ei 
à  la  réaction  inflammatoire  ;  et  comme  par  ailleurs  il  n'est  pas, 
d'une  part,  toujours  commode  de  disséquei'  la  manchette  périos- 
tique^  surtout  quand  on  a  affaire  à  des  fragments  d'os  sains  ;  que, 
d'autre  part,  on  n'obtient^  avec  la  suture  du  périoste,  qu'une  im- 
mobilité bien  moindre  que  celle  que  procure  la  suture  ou  la  liga- 
ture des  os^  cette  suture  du  périoste  doit  être  tout  à  fait  délaissée 
en  faveur  de  la  suture  ou  de  la  ligature  des  fragments  osseux  eux- 
mêmes. 

La  ligature  des  os  est  moins  fréquemment  applicable  que  h 
suture  dans  lès  résections^  par  la  raison  que  l'obliquité  des  frag- 
ments nécessaire  pour  son  emploi  nécessiterait  un  raccourcissement 
trop  considérable  du  membre.  Pour  ne  pas  donner  à  mon  étude 
une  étendue  trop  considérable^  je  renvoie  le  lecteur  à  la  page  470 
de  mon  Traité  de  l'immobilisation  directe  des  fragments,  où  j'é- 
tudie en  détail  la  question  de  la  valeur  comparative  de  la  suture  et 
de  la  ligature  des  os. 

Je  me  bornerai  ici  à  dire  que  la  ligature  n'est  guère  applicable 
que  dans  les  cas  de  fracture  très-oblique,  s'étant  terminée  par  une 
pseudarthrose  de  la  deuxième  catégorie  *,  dans  ce  cas,  après  avoir 
mis  les  fragments  à  nu  et  avoir  avivé  les  tranches  de  cassure  par 
la  rugination  ou  le  grattage,  la  ligature  des  os  peut  assurer  la  con- 
solidation sans  raccourcissement  appréciable.  Dans  tous  les  autres 
cas,  c'est  la  suture  des  fragments  qui  me  paraît  préférable  à  la 
ligature  des  os. 

La  pointe  de  Malgaignepeut,  daosmaintes  circonstances,  produire 
la  coaptation  des  fragments  d'une  manière  très-solide  et  sans  faire 
subir  aux  os  une  agression  aussi  violente  que  celle  qu'impose  la 
suture }  mais  songeons  que  la  pointe  de  Malgaigne  n'est  applicable 


—  164  — 

qu'à  certaines  régions  et  à  certaines  formes  de  fracture  ;  d'autre 
part^  cette  pointe  de  Malgaigne,  appliquée  extérieurement  au  mem- 
bre, peut  être  dérangée  par  un  mouvement  intempestif  ou  pendant 
les  pansements,  de  sorte  qu'elle  présente  une  intériorité  marquée 
sur  la  suture,  quoique  dans  maintes  circonstances  elle  puisse  être 
mise  en  œuvre  avec  succès. 

En  résumé^  nous  arrivons  à  formuler  que  la  résection  des  deux 
fragments  ou  bien  la  résection  de  Pun  d'eux  et  le  grattage  de  Fautre^ . 
ou  bien  encore  le  grattage  des  deux,  suivant  les  cas,  avec  Tadjonction 
de  la  suture  des  os  comme  moyen  complémentaire^  est  la  variante 
qui  nous  paraît  préférable  aux  autres  ;  c'est  elle  qui  doit  désormais 
être  la  résection  classique  de  la  pseudarthrose^  et  les  autres  va- 
riantes ne  seront  que  des  procédés  de  nécessité. 

Les  auteurs  qui  se  sont  occupés  de  la  résection  dans  le  traite- 
ment des  pseudarthroses,  en  se  basant  sur  un  certain  nombre  de 
bits,  ont  eu  naturellement  le  désir  de  consulter  la  méthode  numé- 
rique pour  lui  demander  un  contrôle  qui  semble  d'autant  plus  sé- 
rieux qu'il  a  des  allures  mathématiques  et  qu'il  semble  que  rien  ne 
respire  un  air  de  vérité  comme  les  indications  que  fournissent  les 
chifiùres^  et  c'est  pour  cela  que  déjà  Malgaigne,  en  1847,  a  donnée 
d'après  JNorris,  les  chiffres  suivants,  qu'il  a  pu  recueillir,  poui'  62  cas 
de  résection  : 


Total. 

27 
17 

9 

8 

1 

62 


Gorlt  a  trouvé,  par  Tinspection  des  chifires  de  ses  tableaux  sta- 
^ques^  les  résultats  suivants  pour  121  cas  de  résection  : 


Guéris. 

iDsuecéf. 

MOI 

Homénu.  •  •  • 

.  .      11 

14 

2 

Fémur   .... 

.  .      10 

3 

4 

Avant-bras.  .  . 

7 

2 

> 

Jambe 

8 

» 

» 

M&choire.  .  .  . 

1 

> 

> 

Totaux.  .  . 

.  .      57 

19 

6 

Gnéiii. 

Insnoeài. 

Morts. 

Indétermioéi. 

Total. 

Hamérus  •  •  .  • 

.      25 

26 

3 

2 

56 

^éniar 

.      14 

6 

7 

1 

28 

Avaat-bras  .  .  • 

.      16 

2 

9 

2 

20 

Jambe 

.      12 

5 

9 

» 

17 

Totaux. 

.      67 

39 

10 

121 

TOME  LXXX. 

4*  LIVR. 

V\ 

De  mon  tôié,  j'ai  voulu  faire  le  même  travail^  et  ji3  suis  arrif  i 
aux  chiffres  ci-après,  pour  239  cas  de  résection  : 

Guéris.         Insacoèâ.  Morts.     Indélermioés.      TotaL 

Humérag 44  52  3  5  104 

Avant-bra»  ....  23  6  1  b  30 

Fémur 32  9  11  »  52 

^ambe 38  15  d  »  53 

ToUux.   .137  82  15  5  239 

Mais  les  statistique^  faites  ainsi  sont  trop  obscures  et  trop  vagues 
pour  donner  un  enseignement  réel;  aussi  ai-je  voulu  étudier  plus  l 
fond  la  question,  et  nous  allons  voir  les  resuhals  auxquels  je  suij 
arrivé  :  il  était  important,  il  me  semble,  en  effet,  de  déterminei 
avec  plus  de  précision  dans  quelles  conditions  les  succès,  les  insuc 
ses,  les  morts  se  sont  rencontrés  plus  fréquemment. 

J'ai  fait  remarquer  précédemment  que  les  chiffres  indiqués  poai 
la  cautérisation  des  {"ragments  semblaient  montrer  l'opération  soa: 
un  jour  èï  favorable  ^our  ce  qui  est  des  succès  comparativemen 
aux  insuccès,  qu'il  ne  fallait  pas  leur  prêter  une  grande  confiance 
donc  on  me  permettra  d'éliminer  d'abord  les  résultats  indiqués  pouJ 
cette  opération.  Cette  élimination  faite,  il  nous  reste  les  chiifrei 
suivants  : 

Gaéris.  Ibsuccés,  Morts.  Indéterminés.  Total. 

Huinéras.  .  .   ;  .      43               50  3                5  191 

.  Avânt-bras  .  .  .  .  '   23                 6  1                d  30 

Cuisse 32                  9  11                 \>.  52 

Jambe 33                14  o                »  47 


Totaux.  .151  79  15  5  230 

qui  sont  plus  exacts  que  les  précédents,  et  qui  portent  sur  des  cas 
qu'on  |>eUt  un  peu  mieux  comparer  entre  eux^  quoiqu'ils  M^at 
encore  très-différents  souvient  l'un  de  l'autre. 

Nous  avons  vu  tantôt  les  phénomènes  physiologiques  de  la  résec- 
tion des  fragments  dans  les  pseudarthroses  ;  jetons  maintenant  un 
cdfiip  d'oeil  sur  les  accidents  qui  peuvent  compliquer  rop^tfttMn^ 
afin  d'avoir  Une  connaissance  aussi  complète  que  possible  du  inoyen 
que  nous  avons  entrepris  d'étudier. 

Les  tableaux  statistiques  que  nous  venons  de  voir  touchant  la  ré- 
section, nous  montrent  que  cette  opération  n'est  ptt  dépourvue 


—  103  — 

d'iin  certain  danger.  Eti  effet,  quand  elle  peut  cotnpter  15  mortft 
sur  230  opérations^  i4  serait  téméraire  de  conseiller  ati  chirurgien 
d'agir  »ans  avoir  réfléchi  aux  conséquences  de  son  intervention. 
Toyons  donc  quels  sont  les  accidents  qui  peuvent  survenir  dans  la 
résection. 

L'hémorrhagie  a  été  observé^  quelquefois,  soit  comme  accident 
primitif,  soit  comme  accident  consécutif  de  la  résection  ;  c'est  tou- 
jours une  fâcheuse  chose  que  la  lésion  d'un  vaisseau,  pour  peU 
que  son  calibre  ait  une  certaine  importance,  et  le  chirurgien  devra 
tpportet*  toute  son  attention  et  toute  sa  prudence  pour  Péviter.  Mais 
ajoutons  que  comme,  d'une  part^  un  opérateur  instruit  saura  tou- 
jours assez  bien  éviter  une  artère  de  gros  calibre,  et  que,  d'autl% 
part,  il  est  encore  possible^  après  la  lésion  d'un  vaisseau  asseï  vd- 
lumineux,  d^obtenir  la  guérison,  pourvu  qu'on  n'ait  pas  affaire  à 
Tartère  principale  du  membre;  la  cminte  de  l'hémorrhagie  ne  sau- 
rait être  donnée  comme  une  condition  condamnant  absolunièiit 
Topération. 

La  lésion  des  nerfs  a  été  constatée  quelquefois  dans  la  résection  : 
ùnsi  dans  certaines  régions  même  elle  a  été  assez  fréquente,  ptli9- 
<|u'à  l'humérus,  par  exemple^  nous  n'en  trouvons  pas  moins  de 
quatre  cas  parmi  les  faits  que  nous  avons  examines.  La  cotiséqtiétloe 
d'ba  pareil  accident  est  la  paralysie,  qui  est  le  plus  souvent  pëf^ 
listante^  et  qui  est  temporaire  par  exception,  conditions  qui  fotit 
qu'on  doit  redouter  la  lésion  d'un  nerf  à  l'égal  de  celle  d'Un  vais- 
ttau  sanguin  important. 

Vinfiammation  est  toujours  la  suite  d'une  opération  Aiissi  Së- 
fv^iiie  qu'une  résection^  et,  tant  qu'elle  reste  dans  certaines  Uiilites, 
fille  n'est  pas  inquiétante  ;  mais  parfois  elle  dépassé  les  bdrhés  et 
iait  courir  aux  sujets  des  dangers  plus  ou  moins  grands.  Q'ëst 
Wout  à  la  cuisse  et  à  l'humérus  qu'on  a  noté  cette  inflammàtiOti 
ttagérée^  et  remarquons  que  comme  elle  ne  facilite  pas  la  cotisoli- 
^on  ultérieure  quand  le  suiet  a  surmonté  les  accidents  auxqtiels 
filk  l'a  exposé,  c'est  un  accident  fâcheux  à  tous  les  titres^  conditioti 
qui  fait  qu'on  doit  doublement  chercher  à  la  prévenir  et  à  i'earâyttr^ 
À  c'est  possible. 

La  mûri  est  survenue^  avons -nous  dit,  15  fois  sur  930  obter- 
ntioDs  et  plus  exactement  sur  225  cas,  puisque  dans  cinq  cîrcoa^ 
stances,  nous  ne  connaissons  pas  le  résultat  de  la  résection  \  elle 
est  donc  entrée  pour  un  peu  plus  de  6  pour  100  dans  le  total  des 
opérations^  chiffre  élevé  assurément*  Nous  avons  vu  que  c'est  sur- 


—  i64  — 

tout  par  excès  d'inflammation  entraînant  l'infection  putride  ou  pu- 
rulente que  la  mort  est  survenue,  de  sorte  que  c'est  une  raison  de 
plus  pour  que  le  chirurgien  s'attache  plus  encore  à  prévenir  celte 
inflammation,  si  cela  lui  est  possible. 

V insuccès  a  été  trop  souvent,  on  peut  le  dire,  le  résultat  de  l'opé- 
ration (le  la  résection,  si  Ton  note  qu'il  a  été  constaté  soixante- neuf 
fois  sur  deux  cent  vingt-cinq  opérations;  mais  en  songeant  que  la 
résection  n'a  été  mise  en  œuvre  généralement  que  dans  des  cas  où 
tout  autre  moyen  était  impraticable  ou  avait  échoué,  on  est  porté 
à  considérer  la  résection  d'un  moins  mauvais  œil.  Pour  ma 
part,  je  croîs  que  le  chifiTre  des  insuccès  pourra  assez  facilement 
être  réduit  dans  l'avenir  par  quelques  précautions  assez  faciles  à 
prendre. 

£n  effet,  quelles  sont  les  causes  d'insuccès  de  la  résection  ?  Eq 
étudiant  avec  soin  les  pièces  justiticatives  sur  lesquelles  est  basé  ce 
travail,  et  surtout  en  faisant  appel  soit  à  nos  souvenirs,  soit  au  rai- 
sonnement, nous  voyons  que  l'insuccès  provient  généralement  ou 
bien  du  manque  d'immobilité  qu'il  y  a  eu  entre  les  fragments,  ou 
bien  du  ramollissement  du  tissu  osseux  et  de  l'atrophie  des  parties 
voisines  de  1 1  pseudarthrose.  Je  sais  bien  qu'il  y  a  nombre  d'autres 
causes  d'insuccès,  mais  on  me  passera  que  je  viens  d'en  citer  deux 
très-influentes  et  qui  se  présentent  souvent.  Or,  grâce  à  l'immobi- 
lisation directe  des  fragments,  d'une  part,  et  en  songeant  à  ce  que 
nous  avons  dit  de  1  importance  du  traitement  palhatif  pour  l'ac- 
complissement des  fonctions  biologiques  du  membre  atteint  de 
pseudarthrose,  on  aura  la  possibilité,  d'une  part  de  maintenir 
les  fragments  dans  une  coaptation  exacte,  et  d'autre  part  d'opérer 
sur  un  membre  dont  les  parties  dures  et  les  parties  molles  sont 
dans  un  état  physiologique  satisfaisant  pour  le  succès  que  l'on 
désire. 

Ce  que  nous  venons  de  dire  touchant  les  accidents  qui  peuvent 
survenir  dans  la  résection,  nous  montre  assurément  que  c^est  là 
une  opération  grave  dans  tout  état  de  chose,  et  à  laquelle  il  ne  faut 
se  décider  que  lorsqu'il  est  bien  démontré  que  les  moyens  plus 
bénins  ne  peuvent  avoir  chance  de  guérir.  Bien  plus,  il  faut,  comme 
nous  le  dirons  plus  tard,  que  le  sujet  ait  besoin  à  tout  prix  de  la  fonc- 
tion de  son  membre  pour  que  le  chirurgien  soit  autorisé  à  y  re- 
courir. 

La  résection  est  loin  d'avoir  la  même  gravité,  suivant  qu'elle  est^ 
7>rati9uée  sur  une  région  ou  sur  une  autre  et  il  nous  faut  l'étudier*^ 


—  165  — 

dans  les  diverses  parties  des  membres  pour  compléter  nos  con- 
naissances sur  la  valeur  absolue  et  relative. 

Si  nous  partagions  les  membres  suivant  le  segment  sur  lequel  a 
porté  Topération^  nous  trouvons  les  chififres  suivants  : 

Gaéris.       Insuccès.         Morts.       IndétermiDés.     Total. 
Cuisse  et  bras.  ...      75  59  14  5  153 

Jambe  et  avant-bras  .      56         .      20  1  »  77 


Totaux.   .   .     131  79  15  5  9m 

c'est-à-dire  que  la  résection  a  guéri  48  pour  100  au  bras  et  à  la 
cuisse,  tandis  qu'elle  a  gucri  72  pour  100  à  Tavant-bras  et  à  la 
jambe^  de  même  qu'elle  a  fourni  9  pour  100  de  morts  à  la  cuisse 
et  au  bras,  tandis  qu'elle  n'en  a  fourni  que  1/2  pour  iOO  à  l'avant- 
bras  et  à  la  jambe. 

Mais  il  est  absolument  nécessaire  que  nous  entrions»dans  des 
spécifications  plus  précises  pour  arriver  à  des  résultats  acceptables 
par  les  esprits  les  plus  positifs.  Envisageons  donc  séparément  la 
résection  dans  chaque  partie  de  membre,  au  bras  comme  à  la 
jambe. 

La  cuisse  est  la  partie  où  la  résection  est  le  plus  grave,  au  point 
de  vue  des  dangers  que  court  la  vie  du  sujet  :  en  effets  les  tableaux 
précédents  nous  montrent  quMl  y  a  eu  32  guérisons,  9  insuccès^ 
11  morts  pour  52  opérations,  et  nous  savons  que  les  morts  sont 
survenues  le  plus  souvent  par  excès  d'inflammation,  de  suppuration, 
infection  putride^  purulente,  etc.   A  priori^  donc,  on  peut  dire 
qu*une  opération  qui  fournit  19  pour  100  de  morts^  est  une  opéra- 
tion très-grave,  et^  pour  ma  part,  j'avoue  qu'il  faudrait  que  je 
fosse  pressé  par  des  considérations  bien  majeures  pour  me  laisser 
aller  à  la  pratiquer  ;  dans  tous  les  cas^  ce  ne  serait  jamais  dans  un 
grand  hôpital,  à  une  époque  de  Tannée  où  Ton  peut  craindre  une 
épidémie,  que  j'y  aurais  recours,  et  je  dois  dire  même  que,  me 
apposant  à  la  campagne^  à  une  époque  favorable,  en  face  d'un 
mjet  placé  dans  de  bonnes  conditions,  je  ne  m'y  déciderais  pas 
Unt  que  j'aui-ais  l'espoir  qu'un  autre  moyen  pût  réussir  et  tant 
<iu'il  ne  me  serait  pas  démontré  que  l'opération  est  absolument 
indispensable. 

L'humérus  est  loin  de  présenter^  au  point  de  vue  du  danger  que 
court  la  vie  de  l'opéré,  la  gravité  qu'ofl^re  la  cuisse;  en  effet,  nous 
soyons   que  pour  43  guérisons  il  n'y  a  eu  que  3  morts  ;  mais 


—  166  — 

notons  quMI  y  a  eu  50  insuccès.  La  résection  de  rhumërus  entraîne 
donc  environ  7  pour  100  de  mortalité,  chiffre  élevé^  déjà  et  qui 
nous  porte  à  formuler  tout  d'abord  que  le  chirurgien  n'est  autorisé 
à  y  recourir  qu'en  cas  de  nécessité  bien  constatée,  mais  qui  cepen- 
dant ne  fera  pas  taxer  de  témérité  extrême  celui  qui  se  décidera  à 
y  recourir,  surtout  lorsqu'il  y  aura  une  nécessité  bien  démontrée 
h  opérer.  Si  la  vie  n'est  pas  aussi  fréquemment  menacée  que  dans 
la  résection  de  la  cuisse^  Tinsucccs  est  assez  souvent  le  résultat  des 
tentatives  du  chirurgien  sur  Thumérus  :  nous  en  savons  la  cause. 
En  effet,  c'est  cette  atrophie  des  parties  molles  et  dures,  ce  ra- 
mollissement du  tissu  osseux  qui^  joints  à  l'extrême  difficulté  qu'il 
y  a  de  maintenir  les  fragments  dans  un  contact  immobile,  em- 
pêchent la  guérison.  Or^  nous  connaissons  maintenant  les  moyens 
d'obvier  à  ces  deux  inconvénients,  et,  d'une  part,  en  faisant  au 
préalable  porter  au  sujet  un  appareil  palliatif  qui  rendra  au 
membre  une  grande  partie  de  sa  force  en  lui  rendant  ses  fonc- 
tions; d'autre  part,  en  faisant  accompagner  la  résection  d'un 
point  de  suture,  on  arrivera  certainement  à  de  meilleurs  résul- 
tats^ et  le  chiffre  des  guérisons  atteindra,  j'espère,  alors  un  chiffre 
relativement  assez  élevé  pour  encourager  les  tentatives  qui  ont  pour 
but  de  guérir  le  sujet. 

La  jambe  a  fourni,  ainsi  que  nous  Pavons  vu  par  les  tableaux 
précédents,  38  guérisons  contre  15  insuccès,  chiffre  assez  encou- 
rageant pour  que  le  chirurgien  se  décide  assez  facilement  à  recourir 
à  la  résection  lorsque  les  autres  moyens  ont  échoué  ;  ces  succès  si 
nombreux  tiennent  assurément  à  la  facilité  de  la  contention,  à 
l'étendue  des  surfaces  osseuses  mises  en  contact  à  l'état  de  con- 
servation, des  parties  qui  n'ont  généralement  pas  perdu  toute  fonc- 
tion ou  qui  au  moins  sont  restées  nourries  suffisamment  sous 
l'influence  des  mouvements  que  faisait  le  sujet,  même  alors  qu'il 
marchait,  soit  avec  une  jambe  de  bois,  soit  avec  des  béquilles  ; 
enfin,  ajoutons  que  la  jambe  est  une  partie  qu'il  est  très-facile 
d'immobiliser  parfaitement,  et  il  n'y  a  rien  d'étonnant  que  le  suc- 
cès ait  assez  souvent  couronné  les  tentatives. 

Quant  à  l'avant-bras,  les  résultats  sont  plus  beaux  encore,  car  si 
nous  laissons  de  côté  le  fait  de  mort  qui  lui  est  imputé,  et  qui  peut 
bien  être  regardé  comme  un  accident  assez  rare  dans  le  cas  qui  nous 
occupe,  nous  voyons  qu'il  y  a  eu  vingt-trois  gut-risons  pour  six  in- 
succès, chiffre  assurément  très-beau  et  qui  est  dû  évidemment,- 
d'une   part  à  la  conservation  facile  de  quelques  fonctions  de  la 


—  i67  — 

main^  malgré  la  pseudarthrose  de  Tavant-bras;  d'autre  part  à 
l'extrême  facilité  avec  laquelle  on  peut  maintenir  au  contact  les 
fragments  osseux  d'une  fracture  ou  d'une  résection  dans  cette  ré- 
gion. 

De  cette  étude  des  diverses  régions  des  membres,  relativement 
à  la  résection  des  fragments  dans  la  pseudarthrose,  il  ressort  que  pour 
l'avant-bras  et  un  peu  aussi  pour  la  jambe,  Topération,  quoique  pré- 
sentant une  assez  sérieuse  gravité,  offre  néanmoins  des  chances  de 
succès  assez  grandes  pour  que  le  chirurgien  soit  autorisé  à  y  recou- 
rir volontiers  quand  les  autres  moyens  ont  échoué,  et  qu'il  est  im- 
portant d^agir  chirurgicalement  ;  mais  pour  Phumérus  la  chose  est 
infiniment  plus  sérieuse,  et  si  sérieuse  surtout  pour  le  fémur,  que 
vraiment  il  faut  que  le  chirurgien  et  le  malade  soient  poussés  par 
des  considérations  d'une  absolue  nécessité  pour  y  recourir. 

CONCLUSIONS 

Pour  en  finir  avec  cette  longue  étude  que  nous  venons  de  faire  de 
la  résection,  disons  en  quelques  mots  ce  qui  est  ressorti  de  la  dis- 
cussion ; 

1®  C'est  la  résection  des  deux  fragments  avec  la  suture  des  os  ;  ou 
bien,  si  ce  procédé  est  inapplicable,  c'est  la  résection  d'un  frag- 
ment avec  le  grattage  de  l'autre,  ou  le  grattage  des  deux  fragments 
toujours  avec  la  suture  des  fragments,  qui  est  le  procédé  opératoire 
applicable  quand  on  est  décidé  à  recourir  à  la  résection  des  frag- 
ments dans  le  traitement  des  pseudarthroses  ; 

2<»  A  Tavant-bras  et  à  la  jambe^  le  chirurgien  peut  se  décider 
assez  facilement  à  cette  résection,  quand  les  auties  moyens  ont 
échoué  ;  mais  au  bras^  et  plus  encore  à  ia  cuisse,  il  faut  une  abso- 
lue nécessité,  l'opération  étant  très-loin  d'être  sans  danger  ; 

3®  On  ne  saurait  considérer  la  résection  comme  une  opération 

de  gravité  moyenne  d^une  part,  et  d'efficacité  assurée  d'autre  part. 

En  effpt,  le  chififre  de  la  mortalité  est,  nous  Tavons  vu,  assez  élevé 

pour  que  le  chirurgien  hésite  longtemps  avant  d'y  recourir;  et 

quoique,  par  les  recofnmandations  que  j'ai  faites  plusieurs  fois  de 

recourir  d'abord  à  un  apparej}  palliatif  pour  ramener  la  vie  locale 

"Ws  des  conditions  normales,  le  succès  doive^couronner  désormais 

p'us  souvent  les  teptatives,  le  chirurgien  ne  doit  pas  perdre  de  vue 

"u  seul  instant  que  la  résection  fait  courir  des  chances  très-fâ- 

^<^Uses,  qu'il  n'est  autorisé  à  y  recourir  que  lorsque  les  autres 


—  168  — 

moyens  plus  bénins  ont  échoué ,  que  le  traitement  palliatif  ne  peut 
être  mis  seul  en  œuvre,  et  que  le  malade  a  non-seulement  un  grand 
désir,  mais  aussi  un  besoin  indispensable  d^être  guéri  de  son  infir- 
mité. 


CHIMIE  ET  PHARMACIE 


Du  miel  ro«ai  et  «le  ma  ffeisiflcatioii  t 

Par  M.  J.  Patkl,  pharmacien. 

Le  prix  très -élevé  des  roses  de  Provins  a  suggéré  aux  droguistes 
et  autres  de  nombreux  modes  de  préparation  du  miel  rosat,  qui 
tous  tendent  à  dénaturer  ce  produit  ;  de  sorte  qu'il  est  rare  de  ren- 
contrer aujourd'hui  des  mellites  de  roses  préparés  selon  la  formule 
du  Codex. 

Le  pharmacien  peut  et  doit  toujours,  il  est  vrai,  préparer  le  miel 
rosat  dans  son-laboratoire,  et,  par  suite,  l'avoir  tel  qu'il  doit  être; 
mais  il  doit  pouvoir  aussi,  au  besoin,  reconnaître  les  falsifications 
qu'on  lui  fait  subir,  ainsi  que  les  caractères  distinctifs  d'un  bon 
miel  rosat. 

Les  diverses  falsifications  consistent,  tantôt  à  diminuer  notable- 
ment la  proportion  de  roses  prescrite;  tantôt  à  remplacer  Tinfusion 
de  roses  rouges  par  une  décoction  d'écorces  de  chêne,  mêlée  à  une 
infusion  de  roses  pâles  et  colorée  artificiellement;  tantôt  à  fabriquer 
un  miel  rosat  avec  une  infusion  de  coquelicots  ou  de  roses  tré- 
mières^  additionnée  de  tannin,  et  parfumée  soit  avec  l'essence  de 
géranium^  soit  avec  Teau  de  roses,  ete.^  etc. 

Toutes  ces  préparations  sont  loin  de  remplir  le  but  que  le  mé- 
decin se  propose  en  prescrivant  le  miel  rosat^  et,  du  reste,  les 
rempliraient-elles^  n'en  sont  pas  moins  des  falsifications. 

Il  m'a  donc  paru  utile  de  chercher  les  caractères  distinctifs  d'un 
miel  rosat  bien  préparé,  caractères  qui  permettent  de  le  distinguer 
facilement  des  mellites  plus  ou  moins  altérés  qui  sont  employés 
chaque  jour.  C'est  le  résultat  de  ces  recherches  que  je  viens  donner 
ici  en  quelques  lignes. 

Prenons  d'abord  un  miel  rosat  préparé  d'après  la  formule  du 


—  169  — 

Codex.  Le  mellite  que  donne  ce  procédé  possède  une  odeur  pro- 
Doncëe  et  très  agréable  de  roses  de  Provins  ;  sa  saveur  est  tout  à 
la  fois  celle  du  miel  et  de  la  conserve  de  roses  ;  sa  couleur  est  d'un 
rouge  un  peu  terne^  mais  non  brun  ;  une  couleur  brune  serait  l'in- 
dice d'une  falsification,  ou  elle  prouverait  au  moins  qu'on  a  em- 
ployé un  miel  coloré  pour  sa  préparation.  Le  miel  rosat  est  rare- 
ment limpide  vu  en  niasse^  quelque  précaution  que  l'on  ait  prise 
pour  filtrer  l'infusion;  vu  en  petite  quantité,  il  doit  être  cependant 
clair.  Ce  défaut  de  limpidité  ne  tient  pas  toujours  au  miel  que  Ton 
emploie  ;  ainsi  du  miel  de  mercuriale  préparé  avec  le  même  miel 
que  le  mellite  de  roses  pourra  être  clair,  tandis  que  le  dernier  sera 
légèrement  terne  ;  ce  qui  me  fait  supposer  que  c'est  l'infusion  de 
roses  qui  nuit  à  sa  limpidité. 

Ces  caractères  physiques  n'ont  rien  de  bien  précis  \  mais  j'arrive 
à  des  caractères  plus  tranchés. 

Si  à  4  grammes  de  miel  rosat  du  Codex  on  ajoute  4  gouttes 
d'acide  chlorhydrique,  on  obtient  par  l'agitation  un  mélange  très- 
limpide  d'une  belle  couleur  rouge -framboise  ;  après  quelques 
instants,  ce  mélange  se  prend  en  une  gelée  claire,  mais  peu  con- 
sistante. 

Avec  l'acide  sulfurique  aux  mêmes  doses,  on  observe  à  peu  près 
les  mêmes  phénomènes,  avec  cette  différence,  toutefois,  qu'au  bout 
de  deux  minutes,  on  obtient  par  l'agitation  une  gelée  transpa- 
rente^ très-consistante,  et  de  cette  belle  gelée  couleur  de  framboises. 
Cette  réaction  est  caractéristique. 

Avec  l'acide  nitrique,  le  mellite  prend  une  belle  couleur  rouge, 
comme  avec  les  deux  acides  ci-dessus^  mais  il  ne  se  prend  pas  en 
gdée;  ce  n'est  qu'après  douze  heures  de  contact  que  le  mélange 
s'épaissit  un  peu^  et  au  bout  de  deux  jours,  la  couleur  rouge  a  fait 
place  à  une  teinte  cai'amel,  qui  elle-même  s'affaiblit  de  plus  en 
plus  avec  le  temps. 

Le  nitrate  acide  de  mercure,  toujours  à  la  même  dose,  coagule 
immédiatement  le  mellite  du  Codex,  et  le  mélange  prend  une  teinte 
Inhd  sale  qui  présente  par  la  suite  des  taches  grisâtres  provenant 
<lc  la  réduction  du  sel  de  mercure.  Cette  réaction  est  aussi  très- 
Cttractëristique. 

Si  l'on  agite  avec  4  grammes  de  miel  rosat  i  gramme  d'une  so- 
lution de  nitrate  d'argent  au  vingtième,  on  obtient  après  quelques 
instants  un  mélange  de  couleur  brun,  noir,  qui  passe  assez  rapide- 
>>^«a  gris  sale^  par  suite  de  la  réduction  du  sel  d'argent;  les 


—  170  — 

parois  du  flacon  se  tapissent  d'argent  réduit;  le  mélange  conserve, 
du  reste,  la  consistance  primitive  du  mellitc. 

Les  alcalis  (ammoniaque,  carbonate  de  potasse)  font  éprouver 
un  léger  changement  de  couleur  au  miel  rosat  ;  il  prend  une  teinte 
tirant  un  peu  sur  le  vert;  mais  si  Ton  sature  Talcali  par  un  acide, 
la  belle  teinte  rouge  reparaît  aussitôt. 

Le  sulfate  de  fer  y  détermine^  comm(3  on  doit  s'y  attendre,  une 
couleur  noire  ;  c'est,  du  reste,  ce  qui  arrive  avec  tous  ou  presque 
tous  les  miels  rosats,  que  Ton  se  garderait  bien  de  ne  pas  addi- 
tionner de  matière  astringente. 

Les  miels  rosats  falsifiés  ont  en  général  une  teinte,  rouge  tirant 
sur  le  brun,  ou  bien  une  teinte  violacée  ;  leur  parfum  est  d^ordinaire 
ou  trop  fort  ou  trop  faible;  leur  saveur  ne  rappelle  que  très-peu 
celle  du  miel  rosat  ;  ils  présentent,  du  reste,  de  grandes  différences 
avec  ce  dernier,  si  on  les  traite  avec  les  réactifs  déjà  employés. 

Ainsi,  tandis  que  l'acide  sulfurique  donne  une  réaction  si  carac- 
téristique en  produisant  avec  le  mellite  du  Codex  une  gelée  couleur 
framboise,  très-consistante,  on  n'obtient,  avec  les  miels  rosats  faU 
siiiés  qu'un  changement  de  couleur  se  rapprochant  plus  de  U 
teinte  groseille;  mais  jamais  le  mélange  ne  se  prend  en  gelée.  On 
trouve  même  des  miels  rosats  qui  n'éprouvent  aucun  changeaient. 

Les  acides  chlorhydrique  et  nitrique  sont  aussi  très-loin  de  pro- 
duire les  changements  observés  avec  le  véritable  mellite  ;  la  teiute 
ne  fait  que  s'éclaircir  un  peu  et  passer  légèrement  au  rouge,  seu- 
lement avec  certains  mellites. 

Le  nitrate  acide  de  mercure,  qui  donne  instantanément  une  gelée 
très-épaisse  avec  le  miel  du  Codex,  ne  coagule  pas,  ou  après  plusieurs 
minutes  seulement,  les  mellites  altérés.  Jamais,  du  r-este,  le  codi- 
gulum  n'est  aussi  consistant.  La  réduction  du  sel  mercuriel  ne 
s'opère  aussi  que  difficilement,  et  l'on  n'observe  pas  de  fâches  gri- 
sâtres comme  dans  le  premier  cas. 

Le  nitrate  d'argent  ne  produit  la  teinte  gris  sale  qu'au  bout  dô 
quinze  minutes,  et  encore  cette  teinte  n'est-elle  jamais  aussi  nette 
qu'avec  le  mellite  du  Codex;  ce  qui  revient  à  dire  que  les  mellile» 
falsifiés  réduisent  moins  facilement  les  sels  d'argent. 

Si  l'on  a  affaire  à  un  mellite  dont  la  seule  falsification  njB  pon.- 
siste  qu(î  dans  la  suppression  d'une  partie  des  roses  prescrites,  c>n 
reconnaîtra  encore  facilement  cette  altération. 

Ainsi  un  pareil  mellite  ne  dctnnera  avec  l'acide  sulfurique  qii'i-a>  w 
gelée  derai-cou§ist4nle  et  de  couleur  groseille,  taudis  que  peljcs    ^ 


—  471  — 

meilite  vrai  est  plus  ferme  et  plus  foncée;  du  reste^  cette  gelée  ne 
se  formera  qu'après  cinq  minutes  au  lieu  de  deux  minutes. 

Le  nitrate  acide  de  mercure  ne  coagulera  ce  meilite  que  diffici- 
lement, et  jamais  le  coagulum  ne  sera  ferme  comme  dans  le  pre- 
mier cas. 

Enfin  ce  même  meilite  ne  réduira  le  nitrate  d'argent  qu'au  bout 
de  dix  minutes. 

J'ai  passé  en  revue  les  différents  miels  rosats  que  l'on  rencontre 
le  plus  souvent;  sans  doute,  j'en  ai  omis;  mais  ces  recherches 
n'ont  qu'une  importance  relative;  elles  doivent  être  complétées.  Je 
me  crois  néanmoins  autorisé  à  résumer  mes  observations  ainsi 
qu'il  suit  : 

Tout  meilite  de  roses  qui,  additionné  de  4  gouttes  d'acide  sulfu- 
rique  pour  4>  grammes  de  meilite,  ne  donnera  pas,  au  bout  de  deux 
ou  trois  minutes,  une  gelée  consistante,  limpide,  de  belle  couleur 
framboise,  pourra  être  regardé  comme  falsifié,  ou  comme  ne  con- 
tenant pas  la  quantité  de  roses  prescrite. 

Tout  meilite  de  roses  qui,  additionné  de  4  gouttes  de  nitrate 
acide  de  mercure  pour  4  grammes  de  meilite,  ne  donnera  pas  instan- 
tanément un  coagulum  très-consistant  de  couleur  brun  sale,  pourra 
être  regardé  eomme  falsifié  ou  comme  ne  contenant  pas  la  quantité 
de  roses  prescrite,  (Archives  médicales  belges.) 


BIBLIOGRAPHIE 


TnAté  MHoriquê  et  prtUique  de  la  syphilis,  par  le  docteur  B.  Lahcsrbavz, 
ebef  de  clinique  de  la  FacuUé  de  méUeciue  de  Paris  ;  lauréat  de  riustitut 
de  France^  de  la  FacuUé  de  naédecioe  et  de  rÂcadémie  de  médecine,  membre 
de  la  Société  de  biologie  ;  accompagné  de  planches  gravées  et  coloriées. 

Nombreux,  trop  nombreux  peut-être  sont  les  ouvrages  qui  trai- 
tent spécialement  de  la  syphilis  et  d'une  manière  plus  générale  des 
D»aladies  vénériennes.  En  plusieurs,  en  effet,  il  est  facile  de  lire 
«*ns  les  interlignes  que  les  auteurs  y  sont  plus  préoccupés  de 
donner  à  leurs  leçons  un  retentissement  lucratif,  que  d'éclaircir  les 
points  douteux  de  la  science  et  de  travailler  à  son  réel  progrès.  Il 
•ttttt  d'embrasser  d'un  coup  d'oeil  le  vaste  et  complet  programme 
lie  s'est  tracé  dans  son  livre  noti'e  très -distingué  confrère,  M.  Lan 


—  172  — 

cereaux,  pour  reconnaître  de  suite  que,  si  Fauteur  vise  ici  à  éclai- 
rer, à  assurer  la  pratique  dans  ses  applications,  il  ne  le  fait  pas 
en  y  sacrifiant  la  science  proprement  dite,  qui  reste  toujours  l'objet 
principal  de  sa  laborieuse  enquête. 

Un  historique  inévitable  de  la  syphilis  précède  le  grand  travail  de 
M.  Lancereaux;  nous  n'en  dirons  rien,  sinon  qu^il  est  aussi  com- 
plet qu'il  peut  Têtre.  Les  lacunes  qui  se  rencontrent  sur  plusieurs 
points  dans  cette  sorabre  histoire,  notre  savanl  confrère  les  a-t-îl 
fait  disparaîtie?  Nous  ne  le  croyons  pas;  et  cette  impuissance^ 
nous  aimons  mieux  qu'elle  s'avoue  ingénuement,  plutôt  que  de  se 
voiler  sous  le  masque  de  théories  qui  se  heurtent  à  chaque  pas  à 
des  faits  qui  leur  échappent.  Dans  tous  les  cas,  Fauteur  n'a  voula 
rien  laisser  en  dehors  de  son  cadre  et  nous  l'approuvons  d'autant 
plus  d'avoir  tracé  largement  cet  historique^  que  son  livre  n'aspire  à 
rien  moins^  et  non  sans  raison,  qu'à  être  un  traité  complet  de  la 
maladie  dont  il  traite. 

La  plus  grande  partie  de  cet  immense  volume  est  consacrée  à 
la  nosologie  ;  c'est  que  M.  Lancereaux,  partant  de  la  lésion  locale^ 
porte  d'entrée  de  la  syphilis,  la  poursuit  dans  toutes  ses  métamor- 
phoses, depuis  les  manifestations  cutanées  ou  muqueuses  les  plus 
ordinaires,  jusqu'aux  manifestations  viscérales  les  plus  imprévues. 
C'est  même  là,  si  nous  ne  nous  trompons,  ce  qui  donne  sa  véritable 
originalité  à  son  livre.  Plusieurs  des  émules  de  notre  laborieux  con- 
frère, plus  habitués  que  lui  à  la  pratique  des  manifestations  vul- 
gaires de  la  syphilis,  ont  pu  en  tracer  un  tableau  au  moins  aussi 
complet,  au  moins  aussi  vivace  ;  mais  nous  ne  croyons  pas  qu'au- 
cun d'eux^  et  nous  entendons  parler  ici  des  plus  aulorisés,  ait  jeté 
autant  de  lumière  sur  une  des  questions  les  plus  graves  de  l'in- 
toxication syphilitique,  celle  qui,  par  un  progrès  lent,  insensible^ 
a  fini  par  atteindre  les  viscères  les  plus  importantes^  et  en  altérer  la 
vitalité  de  la  manière  la  plus  grave.  C'est  une  chose  étrange  qne 
cette  incubation  silencieuse  d'un  virus  au  sein  de  l'organisme^  et 
qui  tout  à  coup,  au  lieu  de  s'exprimer  par  ses  manifestations  cuta- 
nées ou  muqueuses  ordinaires,  traduit  sa  présence  par  les  troubles 
fonctionnels  les  plus  graves^  soit  du  côté  de  l'appareil  de  la  circu- 
lation^ soit  du  côté  du  foie,  soit  du  côté  des  centres  nerveux,  etc. 
M.  Yirchow,  fidèle  à  sa  doctrine  de  l'infection  progressive^  pense 
que,  dans  ces  cas^  le  virus  ou  quelque  ferment,  plutôt  idéalement 
connu  que  constaté^  cantonné  dans  quelque  repli  de  l'organisme^ 
s'est  propagé  sourdement  loin  de  son  lieu  d'origine^  et  est  vena 


—  173  - 

ainsi  peu  à  peu  troubler  ces  instruments  principaux  de  la  vie  dans 
leur  rénovation  moléculaire.  M.  Lancereaux  s'abstient  à  cet  égard 
de  toute  hypothèse  et  se  contente  de  constater  le  fait  ;  mais  il  le 
constate  par  un  nombre  relativement  considérable  d'observations 
presque  toutes  authentiques,  et  qui  nous  paraissent  propres  à  faire 
la  conviction  dans  les  esprits  jusque-là  les  plus  réfractaires  à  cette 
conception.  Convaincu  d^ailleurs  que  les  symptômes  qui  se  mani- 
festent en  semblable  occurrence  se  lient  à  .un  traumatisme  quel- 
conque des  organes  dont  ils  traduisent  la  vie  troublée,  Fauteur 
s'applique  à  rechercher  en  quoi  consiste  ce  traumatisme^  et  montre 
qu'il  consiste  en  des  altérations  dont  le  mode  ne  révèle  pas  la  na- 
ture spéciale  sous  l'influence  de  laquelle  elles  se  sont  produites. 

Bien  que  l'illustre  médecin  de  Berlin,  dont  nous  parlions  tout  à 
llieure,  se  soit  efforcé  d'appliquer  le  microscope  à  l'étude  de  ces 
Déoplasies,  et  qu'il  se  soit  livré  à  cette  étude  avec  l'intention  de 
marquer^  s'il  se  pouvait,  les  caractères  originaux  qui  pourraient  les 
distinguer^  il  ne  paraît  pas  qu'il  y  ait  réussi.  Notre  attentif  confrère 
s'est  proposé  le  même  objectif,  et  sauf  quelques  circonstances  de 
forme  des  gommes  syphilitiques^  siégeant  dans  les  centres  nerveux^ 
et  évidemment  insuffisantes  au  point  de  vue  d'une  caractérisation 
sérieuse^  nous  ne  voyons  pas  qu^il  ait  été  plus  loin  que  le  professeur 
allemand  dans  cette  délicate  recherche.  Mais   heureusement  le 
succès  de  ces  fines  investigations  importe  plus  à  la  science  propre- 
ment dite  qu'à  la  pratique  qui^  par  la  haute  efficacité  du  spécitique 
qu'elle  emploie  dans  ces  cas^  en  révèle  clairement  l'incontestable 
originalité. 

Si  nous  avons  cru  devoir,  dans  cette  esquisse  rapide^  appeler 

nurtout  l'attention  des  praticiens  sur  cette  partie  du  remarquable 

ouvrage  de  notre  savant  confrère,  c'est  que  c'est  là  surtout  qu'ils 

trouveront  compendieusement  développée  cette  page  si  importante 

de  l'histoire  nosologique  de  la  syphilis.  Non  que  dans  les  ouvrages 

<pii  ont  même  de  tcès-loin  précédé  celui-ci^  on  ne  trouve  d'inté- 

Kisantes  données  sur  cette  dernière  étape  de  la  syphilis  ;  mais  nulle 

part,  même  dans  les  livres  les  plus  récents  et  signés  des  noms  les 

plus  autorisés,  on  ne  trouve  aussi  judicieusement  colligés  des  faits 

>i  nombreux  et  si  propres  à  forcer  la  conviction  de  ceux-là  mêmes 

fu  inclineraient  le  plus  au  scepticisme.  Ces  localisations  tardives 

^  ferment  syphilitique^  on  en  trouve  donc  de  nombreux  exemples 

"*n8  l'ouvrage  de  M.  Lancereaux;   mais  épuisent-elles  toutes  les 

^'"^ilestations  possibles  de  la  maladie?  Nous  ne  saurions  le  ^eivc^t» 


—  174  - 

Maintenant  que  les  yeux  des  observateurs  sont  ouverts  sur  les  faits 
de  cet  ordre,  et,  nous  aimons  à  le  répéter,  grâce  surtout  aux  labo* 
rieuses  enquêtes  de  notre  laborieux  et  sagace  confrère^  nous  ne 
doutons  pas  que  Tavenir  n'étende  encore  les  limites  de  cette  féconde 
observation.  Sans  prétendre,  pour  notre  compte,  à  reculer  ces 
limites,  qu'il  nous  soit  permis  de  signaler  à  notre  savant  confrère 
un  cas  d'ataxie  locomotrice  progressive  déjà  assez  avancée  dans  ses 
manifestations,  et  qui  disparaît  assez  rapidement,  et  sans  laisser 
de  traces^  à  la  faveur  d'un  traitement  antisyphilitique  méthodi- 
quement employé.  Quand  on  pense  que  cette  grave  affection  aboutit 
presque  constamment  à  un  terme  fatal,  bien  que  tardif^  on  est  heu- 
reux de  penser  que  des  cas  peuvent  se  présenter  à  l'observation  où, 
s'il  sait  s'informer  suffisamment^  le  médecin  peut  tempérer  un  peu 
la  gravité  de  ce  pronostic. 

Nous  voudrions  pouvoir  suivre  Fauteur  dans  maintes  autres 
pages  de  son  livre^  par  exemple  dans  le  judicieux  tableau  qu'il 
trace  de  la  syphilis  héréditaire^  dans  le  jugement  qu'il  porte  sur  la 
sypliilisation^  dans  tout  ce  qui  a  trait  à  la  prophylaxie  de  la 
syphilis ,  dont  il  est  temps  de  s'occuper  sérieusement,  dût-on^  dans 
les  mesures  qu'elle  commande^  porter  quelque  atteinte  à  la  liberté, 
qui^  en  somme,  n'est  ici  que  la  liberté  dans  le  mal,  etc.  Mais  le 
temps  et  l'espace  nous  manquent  tout  ensemble,  et  nous  nous  con- 
tenterons des  indications  qui  précèdent,,  bien  qu'elles  n'expriment 
que  d'une  manière  fort  incomplète  tout  ce  que  nous  pensons  de 
bien  de  ce  livre.  Un  long  temps  se  passera  peut-être  avant  que  les 
livres,  nos  livres  surtout^  puissent  arriver  à  se  rééditer^  heureu- 
sement pour  celui-ci,  quoiqu'on  y  pût  signaler  quelques  lacunes 
et  y  rectifier  quelques  vues  un  peu  aventureuses^  le  fond  en  est  so- 
lide, et  la  pratique,  pendant  de  longues  années,  pourra  y  puiser 
des  enseignements  sûrs,  comme  la  science  y  trouvera  un  point  de 
départ  certain  pour  s'avancer  encore,  s'il  se  peut^  dans  la  voied'mi 
nouveau  progrès. 


SULLETIM  DES  HOPITAUX 


Deux  cas  bb  delirium  tremens  dans  lesquels,  après  l'échk 

DE  l'opium,    la  6UÉR1S0N  A  ÉTÉ  OBTENUE    AU    MOYEN    DE    LA    DIOI* 

TALE.  —  Le  Bulletin  de  Thérapeutique  est  le  premier  journal  en 


—  i75  — 

France  qui  ait  fait  connaître  au  public  médical  (1860^  t.  LIX)  le 
traitement  dii  dclirinm  ircméns  par  la  digitale  à  haute  dose.  On  se 
rappelle  que  ce  traitement  révélé  par  le  hasard  au  docteur  Jones, 
de  Jersey^  puis  expérimenté  par  ce  chirurgien  dans  Un  grand 
nombre  de  cas^  a  donné  à  notre  confrère  anglais  des  efEets  qui  lui 
ont  paru  si  satisfaisants^  qu'il  a  cru  devoir  le  recommander  comme 
étant  supérieur  aux  autres  moyens  mis  en  usage  jusque-là.  Il  pa- 
rait avoir  été  adopté,  en  Angleterre  et  avoir  procuré  en  général 
de  irÈs-bons  résultats,  tandis  qu'il  a  été,  sinon  tout  à  fait^  du 
moins  presque  tout  à  fait  négligé  en  France,  malgré  la  recomman- 
dation si  pleine  d^autorité  de  M.  le  professeur  Gubler,  qui^  dans  ses 
commentaires  thérapeutiques  du  nouveau  Codex^  a  pris  le  soin  de 
spécifier  les  cas  pour  lesquels  la  médication  par  la  digitale  doit  être 
réservée.  Sans  aucun  doute,  un  des  motifs  qui  ot)t  pu  et  dû  retenir  les 
praticiens  français,  c'est  la  crainte  de  donner  lieu  à  des  accidents 
toxiques  par  l'emploi  d^ aussi  hautes  doses  de  teinture  de  digitale 
que  celles  indiquées  par  M.  Jones,  dans  l'incertitude  où  nous 
sommes  si  la  teinture  de  digitale^  en  Angleterre  et  en  France,  ren- 
ferme les  mêmes  proportions  de  principe  actif.  On  verra  dans  les 
observations  suivantes  que  les  quantités  élevées  recondmandées  par 
le  chirurgien  de  Jersey  ne  sont  pas  nécessaires,  puisque  les  doses 
qui  ont  été  administrées  dans  ces  cas  furent  beaucoup  moins  con- 
sidérables. 

Qltt.  I.  —  C***  P***,  âgé  de  quarante-deux  ans,  employé,  est 
mxé  à  rbôpital  Saint-Barthélémy,  Ghatham^  le  3  Juillet  1869. 
Aretatrée,  le  malade  présentait  tous  les  symptômes  ordinaires  du 
MiHtttn  tremen8>  dont  le  début,  d'après  les  renseignements  reçUs^ 
lemontait  déjà  à  quatre  jours.  On  lui  prescrivit  XXX  fninims  de 
liqueur  sédative  d'opium  dans  une  once  d'eau  à  répéter  toutes  les 
trais  heured.  Durant  toute  la  nuit,  il  fut  en  proie  à  Une  agitation 
incoercible,  et  on  fUt  dans  la  nécessité  de  mettre  auprès  de  lui  Un 
hobimé  pour  le  surveiller  d'une  manière  incessattte.  La  miiture 
ti-nlessus  désignée  fut  continuée  aux  mêmes  doses  jusqu'au  7  juil- 
kt}  c'est-à-dire  pendant  quatre  jours,  mais  sans  aucun  résultat 
avantageux.  Bien  au  contraire,  il  devint  de  plus  en  plus  violent, 

E attisant  des  cris  de  toutes  ses  forces  ;  une  fois  même  il  sortit  de  son 
l^et,  en  dépit  des  efforts  de  son  gardien,  îl  parvint  à  ouvrir  une 
des  fenêtres  de  la  salle. 

U  7  juillet,  aucun  effet  n'étant  obtenu  au  moyen  de  Topium, 
on  prescrivit  :  teinture  de  digitale  2  drachmes  (1  drachme  =  3b^88) 
<^8  une  once  d'eau  à  faire  prendre  toutes  les  trois  heures.  Ce 
^icament,  commencé  le  soir,  fut  continué  aut  intervalles  qui 
^iconeut  d'être  indiqués  jusqu'au  lendemain,  trois  heUlres  du  solt^ 


—  176  — 

oîi  le  sommeil  arriva.  Le  malade  se  réveilla  le  matin,  parfaitement 
calme  et  ayant  repris  tout  à  fait  l'usage  de  sa  raison.  Il  sortit  guéri 
le  10  juillet. 

Obs.  II.  —  Le  nommé  G***  M***,  âgé  de  quarante-deux  ans,  est 
admis  à  Thôpital  le  16  février  1870,  présentant  également  les 
mêmes  symptômes  du  delirium  tremens.  Les  renseignements  por- 
taient que,  depuis  un  mois^  cet  individu  avait  été  presque  constam- 
ment en  état  d'ivresse.  Pouls  à  80,  langue  saburrale,  nausées.  On 
lui  administre  immédiatement  des  pilules  de  coloquinte  composées, 
10  grains;  puis,  à  cinq  heures  quarante  minutes  du  soir,  on  fait  à 
la  partie  interne  du  bras  droit  une  injection  sous-cutanée  d'un 
quart  de  grain  de  morphine.  Â  huit  heures  cinq  minutes  du  soir, 
garde-rohe  abondante;  beaucoup  de  nausées;  pas  de  sommeil. 
Injection  d^un  demi-grain. 

Le  17  février,  à  minuit  et  demi,  pas  de  sommeil.  Nouvelle  in- 
jection d'un  demi^rain.  A  six  heures  du  matin,  le  malade  e&t  tou- 
jours sans  sommeil  et  très-agité.  Injection  de  trois  quarts  de  grain. 
A  dix  heures  et  demie  du  matin,  continuation  des  nausées.  Il  n'y  a 
pas  eu  un  instant  de  repos  durant  toute  la  nuit.  Potion  efferves- 
cente^ fragments  de  glace,  injection  de  1  grain  de  morphine.  A  une 
heure  cinquante  minutes^  disparition  des  nausées,  mais  toujours 
aucun  repos.  Nouvelle  injection  de  1  grain,  répétée,  les  symptômes 
ne  se  modifiant  pas,  à^cinq  heures  cinq  minutes,  puis  à  huit  heures 
quinze  minutes.  La  nuit,  le  malade  dort  à  ditférents  intervalles,  et 
le  matin  venu^  de  bonne  heure,  nouvelle  injection  de  1  grain. 
L'augmentation  de  Tagitation  oblige  à  injecter  encore  trois  fois  la 
même  dose. 

Le  matin  suivant  (19  février)^  l'excitation  et  l'insomnie  persis- 
tant, on  cesse  les  injections  hypodermiques  et  Pon  fait  prendre  une 
drachme  de  liqueur  sédative  d^)piumy  puis  toutes  les  trois  heures 
XXX  minims  de  la  même  préparation,  le  jour  et  la  nuit,  et  néan- 
moins c'est  avec  la  plus  grande  difticulté  qu'on  parvient  à  mainte- 
nir le  malade  dans  son  Ht.  C'est  pourquoi,  le  lendemain,  âO  février, 
Topium  est  laissé  de  côté  et  remplacé  par  2  drachmes  de  teinture 
de  digitale  dans  de  Teau  qu'on  administre  à  midi  ;  le  même  médi- 
cament est  répété  à  la  dose  de  1  drachme  toutes  les  trois  heures 
jusque  vers  onze  heures  du  soir  où  le  malade  s'endort  d'un  som- 
meil paisible  et  profond  qui  dure  jusqu'à  six  heures  du  matin.  A 
dix  heures  et  demie,  le  malade  paraissait  avoir  toute  la  liberté  de 
son  intelligence  -,  on  lui  administre  néanmoins  encore  une  dose 
de  teinture  de  digitale.  Il  y  eut  à  la  suite  cinq  heures  encore  de 
sommeil  dont  il  sortit  tout  à  fait  remis  et  en  état  de  manger  un  bon 
repas. 

Cet  homme  partit  guéri  le  2  mars ,  n'ayant  laissé  voir  aucun 
retour  des  symptômes  de  sa  maladie. 

Ainsi  ces  faits  démontrent,  comme  a  soin  de  le  remarquer 
M.  Nankiwetl,  dans  le  service  duquel  ils  ont  été  observés,  qu'il  est 


—  177  — 

des  cas  où  le  médicament  généralement  regardé  comme  méritant 
d'être  placé  au  premier  rang  des  moyrns  à  opposer  au  delirium 
tremens,  l'opium,  peut  se  montrer  impuissant  à  faire  cesser  les 
symptômes  de  cette  grave  affection. 

CSela  peut  être  une  question  de  doses  :  car  si  ^généralement  encore, 
il  est  admis  que  dans  cette  grave  maladie  l'opium  peut  et  doit 
être  administré  à  haute  dose,  et  si  dans  beaucoup  de  cas  il  a  été 
employé  en  effet  très -largement  et,  paraît -il,  avec  succès,  on  sait 
que  des  médecins  des  plus  autorisés,  entre  autres  M.  Galmeil,  sont 
d'avis  qu^il  convient  de  ne  l'administrer  qu'à  des  doses  beaucoup 
plus  modérées  qu'on  ne  Ta  fait  souvent. 

Quoi  qu'il  en  soit,  dans  les  cas  dont  nous  venons  de  donner 
Fanalyse,  Topium  n'a  donné  aucun  résultat  satisfaisant. 

Dans  le  premier,  le  malade  s'est  montré  beaucoup  plus  agité  et 
phis  violent  pendant  le  temps  qu'a  duré  l'administration  de  l'opium, 
qu'il  ne  Tavait  été  auparavant,  tandis  que  la  digitale  amena  rapide- 
ment le  sommeil. 

Dans  le  second,  l'injection  sous -cutanée  de  morphine  procura  à 
dieax  ou  trois  reprises  un  peu  de  sommeil  pendant  un  court  espace 
de  temps,  après  quoi  le  malade  se  montra,  chaque  fois,  beaucoup 
plus  violent  qu'auparavant.  On  essaya,  en  conséquence,  d'admi- 
nistrer l'opium  par  une  autre  voie  et  on  le  fit  prendre  par  la  bou- 
che ;  mais  cela  ne  réussit  pas  davantage,  car  le  délire  et  Tagitation 
allèrent  plutôt  croissant  jusqu*au  moment  où  l'on  se  décida  à  re- 
courir à  la  digitale. 

n  est  bon  de  remarquer  que  dans  aucun  de  ces  deux  cas  la  di- 
^ftale  ne  fut  administrée  aux  doses  élevées  recommandées  par 
M.  Jones,  mais  seulement  à  celle  de  1  drachme  répétée  toutes  les 
trms  heures,  ce  mode  d'administration  ayant  paru  à  M.  Nankiwell, 
d'après  son  expérience  à  l'hôpital  Saint-Barthélémy,  présenter  à 
U  fois  toutes  les  conditions  désirables  de  sécurité  et  de  succès. 


RÉPERTOIRE  MÉDICAL 


REVUE  DES  JOURNAUX 

Aakylose  de    la    hanche  i     1870.  11.  W.  Adams  a  présenté  k  la 

!^«lUMi  soMë-cMianée  da  col     Société    médicale   de    Londres    un 

1;  gaériaon.  Le  25  avril     homme  auquel  il   a  pratiqué   ayec 

TOU  hXXX.  4*  LIVR.  12 


-    17S  — 


ÉQCC^  h  réseclion  soos-cntanée  du 
col  du  fémur,  dans  Tiatérieur  de  la 
capsule,  pour  remédier  à  une  diffor- 
mité considérable  et  à  une  ankylose 
osseuse  de  rarticulation  coxo-fémo- 
raie.  Le  sujet  est  un  homme  de  vingt- 
quatre  ans;  Taultylose  a  dél)uté  il  y  a 
sept  ans  et  demi  à  la  suite  d'une 
attaque  de  rhumatisme.  On  fut  con~ 
vaincu  que  Tankylose  était  osseuse 
par  ce  fait  que,  le  sujet  étant  chloro- 
formé, l'extensloD  forcée  échoua,  bien 
qu'à  trois  reprises  successives  on  y 
eût  employé  une  force  considérable. 

Le1*r  décembre  1869,  M.  Adams 
sectionne  à  Tintérieur  de  la  capsule  le 
col  fémoral,  en  se  servant  d'un  long 
ténotome,  puis  d*une  étroite  scie  sous- 
cutanée  à  lame  de  1  pouce  et  quart  de 
long.  L'os  sectionne,  il  fallut,  pour 
pouvoir  placer  le  membre  dans  rex- 
tension,  diviser  le  tendon  du  droit 
antérieur,  celui  du  long  adducteur,  et 
enûn  le  tenseur  du  fascia  lata  ;  le 
membre  fui  ensnite  fîxé  à  une  longue 
attelle  droite.  Celte  opération  a  été 
faite  à  Great-Northorn  bospital  ;  le 
chirurgien  en  a  communiqué  les  dé- 
tails et  montré  les  instruments  à  la 
Société  the  Lancet  ne  fait  connaître 
ni  les  uns  ni  les  aufres).  Le  7  dé- 
cembre on  fait  le  premier  pansement, 
il  s^échappe  quelques  gouttes  de  pus 
de  la  plaie  superficielle,  mais  il  ne  se 
forme  pas  de  suppuration  profonde. 
Pansement  avec  solution  phéniquée. 
Le  16,  on  enlève  Tattelle;  Topéré 
peut  soulever  la  jambe  presque  aussi 
bien  que  la  saine;  il  se  passe  des 
mouvements  à  la  hanche.  Le  22  dé- 
cembre, la  plaie  superficielle  est  à 
peu  prës  cicatrisée  et  le  malade  se  lève 
pour  la  première  fois  trois  semaines 
après  l'opération. 

Pendant  une  quinzaine  de  jours,  k 

{)artir  de  celte  date,  M.  Williams  fit 
iaire  des  mouvements;  mais  voyant 
qu'on  ne  pouvait  les  conserver  et  qoe 
le  membre  commençait  décidément  à 
s'enroidir,  il  abandonna  l'idée  d'ob- 
tenir des  mouvements,  et  essaya  d'ar- 
river à  une  ankylose  osseuse  avec  le 
membre  dans  l'extension.  L'opéré  fut 
tenu  au  lit,  la  jambe  étcndite^  0i  dea 
tractions  faites  sur  elle  par  un  poids 
de  3  livres;  au  bout  de  trois  se- 
maines le  col  du  fémur  semblait  soli- 
dement uni,  et,  le  24janvier,  le  malade 
est  transféré  à  Royal-Orlhop^dic 
hospital,  oti  il  est  encore.  Depuis  cette 
tfale  jusqu'amourd'har,  Topéré  a  été 
lenu  généralement  au  lit,  la  jambe 
mainteaue  par  un  poids  extenseur; 


mais  on  Ta  laissé  faire  cfaaque  jour 
un  peu  d'exercice,  d'abord  avec  deux 
béquilles,  puis  avec  une  ou  deux 
cannes.  Aujourd'hui  il  ne  se  sert  plus 
que  d'une  seule  canne  et  marche 
beaucoup  chaque  jour.  Jl  peut  mar- 
cher dans  la  salle  sans  canne  et  sans 
aide  quelconque,  mais  il  n'a  pas  en« 
core  assez  confiance  dans  ses  forces 

fiour  en  faire  davantage.  En  somaoe, 
e  succès  est  aujourd'hui  complet,  et 
cet  homme  est  eu  voie  de  recouvrer 
un  membre  utile  et  solide.  (Lyon 
médicaX) 

IVoyaox  de  cerises  «rrélés 
ii  la  iralvale  lléo-eœeale  ;  naf 

le  docteur  Eroery.  —  Le  5  juillet 
1863,  M"»  B***,  femme  d'un  chef  de 
bureau  à  une  compagnie  de  ehemlo 
de  fer,  me  présentait  sa  petite  fille, 
âgée  de  deux  ans  environ,  laquelle, 
dans  les  premiers  jours  du  moia  de 
juin,  avait  mangé  des  cerises  aaia 
qu'on  eût  eu  soin  de  Tempécher  d'ea 
avaler  les  noyaux. 

Quelques  jours  après  l'iogestion  de 
ces  cerises,  la  petite  fille  avait  été 

Îirise  do  diarrhée,  puis  de  téneamOf 
equel  s'était  progressivement  accru, 
au  point  que  depuis  huit  jours  Ten- 
faut  ne  restait  pas  un  quart  d'beare 
sans  s'accroupir  et  faire  des  eflbrta 
de  défécation  qui  n'aboutissaient  qd*i 
l'expulsion  de  quelques  gouttes  de 
liquide  jaunâtre  et  poisseux. 

Cet  enfant,  qui  avait  toujours  été 
forte  et  avait  joui  d'une  bonan  santé* 
était  très-amaigrie  ;  elle  mangeait 
peu  et  seulement  des  aliments  demi- 
liquides  (lait,  panade)  ;  elle  ne  pa* 
raissait  éprouver  des  douleura  qn'at 
moment  où  elle  faisait  des  ellorta  potf 
aller  à  la  garde-robe. 

L*abdomen  était  tendu  sans  être 
trop  ballonné.  A  la  palpation  (la 
mère  a  été  la  première  à  me  le  fiiire 
observer)  on  troavait,  aa  niveaii  de 
la  fosse  iliaque  droite,  une  tumeor 
assez  volumineuse,  molle,  et  sous  la 
pression  des  doigts  on  sentait  mou- 
voir des  corps  arrondis  que  l'on  dé- 
plaçait facilement. 

le  Ile  saurais  mieux  faire,  pour 
donner  une  juste  idée  de  l'impression 
produite  par  le  déplacement  de  ces 
corps,  que  de  la  comparer  à  celle 
qu'on  éprouve  en  pressant  le  jabot 
d'un  poulet  gorgé  de  grains  de  mais. 

Evidemment  cette  tumeur  était  pro- 
duite par  les  noyaux  de  cerises  acctf- 
mnlés  dans  cette  partie  de  l'intestin, 
formant  bouchon  et  ne  donnant 


—  179  — 


sage   qu'aux   matiëras  liquides   du 
produit  de  la  digestion. 

Les  premiers  noyaux  de  cerises  in- 
gérés, ayant  parcouru  rinlestiOigrêle^ 
s'étaient  arrêtés  à  la  valvule  et  avaient 
opposé  un  obstacle  à  ceux  que  la  petite 
fille  avait  avalés  les  jours  suivants  et 
il  tous  les  corps  non  réductibles  par  la 
digestiutt. 

L'enfant  avait  déjà  reçu  les  soins 
de  deux  médecins,  qui  avaient  eu  re- 
cours aux  lavemeuts.  aux  purgatifs 
et  aux  émollients  (bains,  cataplas- 
mes, etc.). 

Je  ne  crus  pas  devoir  de  nouveau 
aiBployer  cette  médication,  et  je 
prescrivis  une  potion  avec  la  strych- 
iiioe«  qui  produisit  des  contractions 
évidentes  des  membres  et  probable- 
■ent  de  l'intestin,  mais  sans  aucun 
résultat  pour  l'expulsion  des  matibres. 

Le  surlendemain^  j'ordonnai  des 
ÏHctlons  sur  la  fosse  iliaque  droite 
avec  une  pommade  à  l'extrait  de  bel- 
ladone et  du  sirop  de  belladone  ii 
ViUtérieuri  à  prendre  dans  de  la 
tisane  de  tamarin. 

Vin|Strquatre  heures  aprës,  l'enfont 
rendait  quelques  noyaux  de  cerises 
({*avais  prié  sa  mëre  de  conserver  le 
plus  qu'elle  pourrait  des  matières 
«puisées). 

Le  traitement  fut  continué,  et  au 
bout  de  sept  jours  la  mëre  m'appor- 
tait trois  rent  huit  noyaux  de  cerises 
el  UD  fragment  d'os  de  côtelette  ;  c'é- 
tait, me  disait-elle,  tout  ce  qu'elle  avait 
pa  garder,  car  la  petite  fille  en  avait 
rsadîi  quelquefois  liors  de  chei  elle, 
•t  elle  n'avait  pu  les  recueillir. 

Ces  corps  étrangers  étaient  done 
nslés  impunément,  pendant  près 
é'nn  mois,  en  grande  partie  vers  la 
vilvale  iléo-coecale  et  le  reste  au- 
éMsasi 

Depais  lors  la  santé  de  cette  enfant, 
ipi  est  aujourd'hui  une  jeune  fille, 
a'i  pas  paru  se  ressentir  de  cet  accl- 

émt.  {ÂbeiUê  mêdiccUei) 


Troie  céis  de  giiérlsoD  de 
héntle.  Aux  cas  de  guérison  de 
Fyémie  récemment  cités  par  Guérin 
tt  pir  Broca,  on  peut  ajouter  trois 
nires  faits  décrits  par  J.  Bell. 

Le  premier  se  rapporte  à  un  jeune 
«KDme  de  vingt-  trois  ans,  chez  lequel 
^•Bvrit  un  abcès  osseux  du  tibia.  11 
K  produisit  alors  une  sécrétion  trës- 
PJ|flde,  accompagnée  de  fièvre  et  d'un 
J]f^e  firieux  :  bientôt  suivirent  deux 
>^utoui.  j.  fiell  fit  alors  i'ampuU- 


tion  de  la  cuisse  aa  tiers  inférieur  { 
plus  tard,  quatre  abcès  secondaires 
se  formèrent  dans  la  cuisse;  puis  le 
malade  se  plaignit  de  douleurs  tho- 
raciques  et  fut  pris  d'une  toux  assez 
vive;  dans  un  effort  de  toux  assez 
violent^  il  cracha  une  certaine  quan-> 
tité  de  pus  mêlé  de  sang.  Mais  bientôt 
les  lésions  pulmonaires  diminuèrent 
d'intensité  et  les  abcès,  qui  avaient  été 
traités  par  l'acide  phénique«  guérirent 
rapidement;  enfin,  deux  mois  après 
l'opération,  le  moignon  était  entière- 
ment cicatrisé. 

Le  deuxième  malade  est  un  jeune 
homme  de  dix-sept  ans  qui,  dans  une 
ehute.  s'était  fait  une  fracture  iotû- 
pliquée  du  tibia  gatiche  avec  dlie  dé- 
chirure de  Tartère  tlbiale  antérieure. 
Quelques  jours  après  survint  une 
gangrène  humide  du  membre,  qui 
s'étendit,  en  peu  de  temps^  Jusqu'àti 
milieu  de  la  cuisse.  L'amputation  ftit 
faite  près  du  trochanteri 

Après  l'opération,  le  malade  fut 
extraordinairement  agité;  du  onzième 
au  quatorzième  jour,  il  fut  pris  de 
trois  frissons,  puis  Survint  dans  là 
moitié  gauche  du  thorax  une  inatlté 
très-nette;  quelque  temps  après,  il 
rendit  une  certaine  quantité  de  pus 
en  toussant.  Cependant  son  état  s'a^ 
méliora  rapidement,  etj  deux  mois 
après  l'opération,  le  malade  qttltUI 
l'hôpital,  complètement  guéri. 

Le  troisième  malade  est  tm  Jeana 
garçon  de  quatorze  ans,  à  qui  l'du  fat 
obligé  de  faire  une  amputatieh  pH^ 
mitive  de  la  cuisse  pour  un  éorase^ 
ment  de  la  jambe. 

Mais  la  plaie  fut  bientôt  prise  àê 
gangrène  nosocomiale;  le  malade  sa 
plaignit  denombreui  frissons;  le  pied 
gauche  se  tuméfia,  devint  ddoîda- 
reux;  une  diarrhée  abondante  tint 
encore  Tépuiser  davantage  ;  cepen- 
dant Tappetit  était  toujours  bon^  et^ 
dix  jours  après,  tous  ces  symptômai 
graves  diminuèrent  petit  à  petit  d'in- 
tensité, puis  disparurent.  Le  malade 
rendit  aussi  dans  ce  eas  par  la  bouché 
une  certaine  quantité  de  pus  prete-^ 
nant  de  la  rupture  d'un  ab«ès  piilflid-<> 
naire. 

La  région  hépatique  était  atliai 
très-douloureuse^  et,  pendant  qoèl^aa 
temps,  on  observa  dans  les  selles  une 
certaine  quantité  de  pas  qai,  d'après 
l'auteur,  pouvait  bien  provenir  de  la 
rupture  d'un  abcès  hépatique  dans  Itf 
canal  intestinal;  les  urines  dontettaieflt 
aussi  de  notables  quantités  de  pas) 
peu  à  peu  l'état  du  mAlajii«%'«nJ^9Awt«L% 


—  i80  — 


quatre  mois  aprbs,  il  était  en  com- 
plète voie  de  guérison. 

Un  séquestre  de  la  surface  de  sec- 
tion fut  alors  extrait,  et  la  guérison 
fut  bientôt  définitive. 

Le  traitement  suivi  fut,  dans  les 
trois  cas,  le  même.  Localement.  Bell 
employa  Tacide  phénique  ;  une  nour- 
riture forte,  des  boissons  alcooliques 
servirent  à  remonter  Tétat  général. 
Le  chirurgien  anglais  regarde  des 
soins  judicieux  et  constants  comme 
un  des  meilleurs  adjuvants  ;  jamais 
aucun  spécifique  ne  lui  a  paru  être  de 
quelque  avantage.  {Abeille  médicale,) 

ObserYatioB  d'Uéos  guéri 
par  rélectriclté  s  par  le  docteur 
Macario. —  M.  M*'\  âge  de  soixante  et 
onze  ans,  d'un  tempérament  nerveux, 
d'une  constitution  sèche,  demeurant  à 
Mice,  avenue  du  l'rince- Impérial, 
no  '2b,  est  atteint  depuis  longtemps  de 
dyspepsie  hypocondriaque  et  sujet 
à  une  constipation  opiniâtre  pour  la- 
quelle il  a  trbs-souvent  recours  aux 
purgatifs  et  aux  lavements  simples  ou 
irritants,  dont  il  abuse  d'une  manière 
étrange.  Dans  la  matinée  du  21  fé- 
vrier, il  s'administra,  en  effet,  six 
lavements  dans  Tespace  de  quelques 
heures/ afin,  dit -il,  de  vider  complè- 
tement son  intestin  j  il  garda  les  deux 
derniers,  puis  il  déjeuna  comme  d'ha- 
bitude, et,  une  demi-heure  après, 
c'est-à-dire  vers  onze  heures,  il  fut 
pris  tout  à  coup  d'une  vive  douleur 
dans  la  région  ombilicale,  qui  alla 
toujours  en  augmentant.  Cette  dou- 
leur suivait  le  côlon  transverse  et  lui 
barrait  le  ventre,  suivant  son  expres- 
sion. 

Vers  quatre  heures  du  soir,  le 
malade  commença  à  vomir  et  eut  en 
même  temps  une  garde-robe  liquide, 
reliquat  sans  doute  des  lavements  pris 
dans  la  matinée;  puis  les  selles  furent 
complètement  supprimées,  ainsi  que 
l'issue  des  gaz  par  l'anus  ;  il  y  eut  en 
•utre  suppression  des  urines  pendant 
la  nuit  et  des  crampes  violentes  aux 
mollets  ;  ses  traits  étaient  fort  altérés, 
le  regard  était  fixe,  hagard;  en  même 
temps,  les  vomissements  se  succé- 
daient à  de  courts  intervalles,  tous  les 
quarts  d'heure  environ,  d'abord  bi- 
lieux, pois  stercoraux. 

Le  lendemain  matin  22,  M.  le 
docteur  Massiera  lui  prescrivit  un 
purgatif,  qu'il  vomit  aussitôt  avec  des 
matières  stercorales.  —  Mon  confrère, 
jugeant  avec  raison  le  cas  très-grave, 
Youloi  s'entourer  de  conseils,  et  il 


me  fit  l'honneur  de  m'appeler  en  con- 
sultation. Lorsque  j'arrivai,  il  y  avait 
vingt  huit  heures  que  les  premiers 
symptômes  étaient  apparus;  le  patient 
était  plongé  dans  une  sorte  d'assoa- 
pissement.  d'oîi  il  était  tiré  tous  les 
quarts  d'heure  par  des  douleurs  ab- 
dominales crampoldes,  suivies  de  yo- 
missements.  H  n'y  avait  çoint  de 
fièvre,  mais  le  pouls  était  petit,  misé- 
rable, le  ventre  ballonné  ;  les  circon- 
volutions intestinales  se  dessinaient 
à  travers  les  parois  abdominales  ;  il  y 
avait  du  hoquet;  des  vomissements 
stercoraux  eurent  lieu  en  ma  pré- 
sence. J'explorai  avec  soin  le  ventre 
et  ne  trouvai  point  de  hernie  d'aucane 
sorte.  Le  matin:  il  lui  fut  administré 
un  lavement  purgatif  avec  2  gouttes 
d'huile  de  croton  tiglium,  qui  fat 
aussitôt  rendu. 

En  présence  d'un  cas  si  grave 
d'iléus,  l'idée  me  vint  d'appliquer 
l'électricité;  elle  fut  acceptée  par  le 
docteur  Id assiéra.  Je  courus  chez  mol 
chercher  l'appareil  d'induction  volta- 
faradique  de  Gaiffe  et  je  procédai  de 
suite  à  l'opération.  A  cet  effet,  j'in- 
troduisis dans  le  rectum  un  réopbore 
métallique  à  olive,  que  je  fis  commu- 
niquer tantôt  avec  le  pôle  positif^ 
tantôt  avec  le  pôle  négatif,  et  promenai 
l'autre  réophore,  garni  d'une  éponge 
mouillée,  sur  les  parois  abdominales, 
le  long  du  côlon  transverse,  partfca- 
lièrement  oii  était  le  siège  de  la  dou- 
leur. Je  donnai  de  prime  abord  le 
courant  en  entier.  Sous  son  influence, 
les  parois  du  ventre  se  soulevaient 
comme  une  'mer  agitée  ;  le  patient 
poussait  des  cris  et  nous  priait  en 
grâce  de  cesser.  L'opération  dura  dix 
minutes.  Immédiatement  après,  la 
douleur  en  barre  avait  disparu,  les 
vomissements  ces.«èreut  et  l'état  gé- 
néral s'améliora  notablement.  Nous 
crûmes  devoir  suspendre  l'électricité 
et  attendre  les  événements.  Le  calme 
se  maintint,  les  vomissements  ne  re- 
parurent pas.  Dans  la  soirée,  quatre 
heures  après  l'opération,  il  y  eut  une 
première  évacuation  alvine,  liquide  et 
spontanée,  qui  fut  suivie  de  deaz 
autres,  également  liquides,  dans  le 
courant  de  la  nuit,  et  le  lendemain 
tout  était  rentré  dans  l'ordre.  Le 
ventre  était  souple;  mais  il  resta 
légèrement  douloureux  à  la  pression 
pendant  deux  ou  trois  jours.  {Lyon 
médical,) 


lie  permanganate   de 
tasae  dans  qnel^nes 


—  iSl  — 


dUes  des  iemnies  %  tradait  par  le 
docteur  Y.  Dubois. —  Le  docteur  Wil- 
liams, de  Sprinborg,  appelle  l'atten- 
tiou  des  pratieieos  sur  quelques  ap- 
plicalioDs  du  permanganate  de  potasse 
dont  les  auteurs  ne  parlent  pas.  Ce 
médicament,  vanté  depuis  quelque 
temps  pour  les  services  qu*il  a  reudus 
à  la  pratique  chirurgicale,  n'est  pas 
moins  utile  en  obstétrique  et  en  gyné- 
cologie, -et  l'auteur  en  a  retiré  de 
grands  avantages  contre  les  locbies 
purulentes  abondantes  et  de  longue 
durée.  Il  y  a  un  an,  il  fui  appelé 
auprès  d'une  femme  accouchée  de 
quinze  jours,  primipare,  «et  d'une 
constitution  scrofuleu^e;  un  homœo- 
palhe  l'avait  assistée  dans  son  accou- 
eberoent,  qui  fut^  du  reste,  très-facile. 
liais  les  lochies,  abondantes  au  dé- 
but, devinrent,  vers  le  cinquième  ou 
sixième  jour,  purulentes  et  extrême- 
ment fétides,  et  s'accrurent  si  fort, 
att'on  manda  le  docteur  Williams, 
lotre  homœopatbe,  consulté  par  le 
mari  et  sa  femme,  justement  alarmés, 
avait  déclaré  qu'il  n'y  avait  rien  à 
faire,  que  l'intervention  du  médecin 

f courrait  tuer  la  malade  et  que  l'af- 
èction  guérirait   d'elle-même.  A  la 
Ïiremière  visite  du  docteur  Williams, 
es  lochies  étaient  tellement  fétides, 
que,  même  à  distance,  on  ne  pouvait 
pas   rester  dans   la   chambre.  Pour 
chasser  cette  fétidité  et  bien  déterger 
les  parties,  il  prescrivit  une  solution 
de  permanganate  de  potasse  (0e,50 
dans  i  litre  d'eau  tiède)  et  ordonna, 
des  injections  abondantes   doux  fois 
par  jour.   Deux   jours   après,  à  sa 
seconde  visite,  toute    odeur    mau- 
vaise avait  disparu  et  les  lochies, 
d'apparence  normale,    étaient  beau- 
eoap  moins  abondantes.  On  continua 
le  même  traitement  pendant  deux  au- 
tres jours,  et  la  guérison  fut  assurée. 

fleoreux  de    ce    succès,   l'auteur  . 
eiaya  du  même  remède  dans  plu- 
liears  autres  cas  et  réussit  parfaite- 
Kent.  Non-seulement  le  permanga- 
ute  de  potasse  eulève  la  fétidité  et 
■odifie  la    qualité  de   la  sécrétion, 
ttis  en  diminue  la   quantité.  Aussi 
poamit-il  être  utile  dans  le  cas  de 
tinple  hypersécrétion  lochiale:  deux 
^  de  l'auteur  confirment  cette  idée, 
^acoup  d'accoucheurs  font  dépen- 
^  cette  hypersécrétion  d'ulcérations 
do  canal  cervical  ou  du  museau  de 
ISDche,   et  Cazeaux,    entre    autres, 
propose  à  cet  égard  l'emploi  du  spé- 
^iâmetde  la  pierre  infernale.  Bien 
VM  ces  nlcérations   n'existent   pas 


toujours,  peu  importe,  le  permanga- 
nate de  potasse  sera  également  efficace, 
sinon  pour  guérir  radicalement,  du 
moins  cour  activer  considérablement 
la  guérison.  On  pourrait  donc  l'em- 
ployer aussi  contre  les  ulcères  de 
l'utérus  dépendant  de  causes  diverses, 
et  l'auteur  cite,  à  l'appui  de  ce  qu'il 
avance,  trois  cas  guéris  par  lui.  Il  ter- 
mine en  exprimant  l'espoir  que  d'au- 
tres praticiens  von()ronl  bien  essayer 
ce  remède  et  publier  leurs  observa- 
tions. {Journ,  de  méd,  de  BruxeUes.) 

Mëtaax  électriques  dans 
les  maladies  nerveascs  ;  par 

le  docteur  Miergues.  —  Voici  com- 
ment M.  Miergues  applique  le  couple 
électrique  :  pour  une  gastralgie,  par 
exemple,  il  fait  appliquer  sur  Tépi- 
gastre  un  disque  de  zinc  sous  lequel 
est  placée  une  rondelle  de  drap  hu- 
mectée d'eau  vinaigrée ,  et  un  disque 
de  cuivre,  accompagné  aussi  d'une 
rondelle  acidulée,  est  placé  entre  les 
épaules  ;  ils  sont  réunis  tous  les  deux 
au  moyen  d'un  fil  conducteur  et  le 
tout  est  maintenu  par  une  ceinture. 

Bien  des  fois  il  a  employé  le  couple 
galvanique,  et  toujours  avec  succès, 
dans  des  cas  de  gastralgies,  de  né- 
vralgies capricieuses  et  souvent  re- 
belles à  tout  traitement,  de  crampes 
des  membres  inférieurs  chez  les 
femmes  enceintes,  etc. 

Entre  autres  faits,  il  cite  l'histoire 
d'une  canlinière  du  génie  atteinte  de 
gastralgie;  cette  affection  avait  résisté 
pendant  plusieurs  années  à  tous  les 
traitements  qu'on  lui  avait  opposés, 
la  malade  était  devenue  anémique,  sa 
douleur  ne  lui  laissait  pas  de  repos, 
sans  être  aggravée  ni  diminuée  par 
l'alimentation.  La  malade  a  gardé 
huit  jours  le  couple  galvanique,  au 
bout  desquels  une  éruption  pustuleuse 
développée  sous  la  plaque  de  zinc  la 
força  de  lever  l'appareil  La  douleur 
avait  disparu  pour  ne  plus  reparaître. 
[Journ.  de  méd.  de  Bruxelles.) 

De  riodare  de  potasslani 
dans  le  traitement  de  la  pa- 
ralysls  a8(ltans  ;  par  le  professeur 
Villemin.  du  Val-de-Grâce.  —  Il 
s'agit  d'un  soldat  de  trente  ans,  chez 
lequel  la  maladie  débuta,  en  1865, 
par  des  douleurs  dans  l'épaule,  le 
bras  et  la  j  ambe  droite,  avec  vive 
céphalalgie.  Le  24  septembre  1869,  le 
tremblement  commença  à  se  mani- 
fester dans  le  bras,  et  le  30  décembc^ 
dans  la  tète  ;  lo»  do\i\«MX%  ^\&^^t^yc^\]Xv 


—  183  — 


Bitis  le  tremblemtiil  empira  pregres- 
slvenent. 

Au  moment  deradmission  k  l'hôpi- 
tal, le  tremblement  occupe  la  tèle  et 
le  membre  supérieur  droit;  il  consiste, 
pour  la  téte^  en  des  mouvements  de 
fotation  continuelle  vers  la  droite, 
accompagnés  d^a^aissement  et  de  re- 
dressement sur  le  cou,  et,  pour  le 
membre  supérieur,  en  mouvements 
de  pronation  et  de  supination  de  la 
totalité  du  membre  combinés  avec  des 
mouvements  de  flexion  et  d'extenuion 
des  doigts  sur  la  main,  de  la  main  sur 
l'avant-bras,  et  de  Tavant  bras  sur  le 
bras.  Le  membre  inférieur  n*est  le 
siège  (l'aucun  mouvement  patholo^i- 
crue,  mais  la  coniractiMté  y  est  bien 
diminuée.  Les  diverses  sensibilités 
font  complètement  perdues  ou  très- 
notablement  diminuées  dans  toute  la 
moitié  droite  du  corps. 

La  maladie,  soumise  successivement 
au^  eaux  de  pourbonne,  au  bromure 
de  potassium  jusqu'à  la  dose  de 
iO  grammes  par  jour^  au  nitrate  d'ar- 

fent.  jusqu'à  commencement  de  teinte 
leuaire  de  la  peau,  ne  fut  nullement 
influencée  et  continua  ses  progrès; 
M.  Villemin  administra  alors  l'iodure 
de  potassium,  qu'il  porta  rapidement  k 
Z  grammes  par  jour.  Dès  lors  un 
amendement  sensible  n'a  pas  tardé  à 
se  manifester;  Tagitatipn  de  la  tète  a 
comipeQiïé  ^  diminuer;  elle  était  com- 
plètement suspendue  au  bout  de  trois 
semaines;  la  sensibilité  avait  aussj 
lég^reiqen^  paru  dans  le  bfas  droit  ; 
mi|is  je  niaïade,  qui  était  réformé,  a 
^oula  gbs^luroent  sortir  de  l'hôpital. 
L'aotçur  ne  donne  aupûn  renseigne- 
ment sqr  l'état  dé  son  malade  au  point 
de  vue  de  U  ^philis. 

Quoique  l'observation  de  M.  Ville- 
n)ln  ne  soit  pas  cpmplëte^  elle  nous 
pafalt  intéressante  par  les  heu  peux 
r^sujtata  que  l'iodure  de  potassium  a 
paru  obtenir  dans  uue  affection  aussi 
grave  que  la  paralysie  agitante; 
M.  Âxenfeld  avait  déjà  pu  suspendre 
pend^ut  dix-huit  mois  les  manifesta- 
tions morbides  dans  un  cas  de  para- 
lysis  agitans  par  l'usage  combiné  de 
nodure  de  potassium,  des  bains  sul- 
fureux et  (Tun  cautère  à  la  puque. 
{X(Uon  mèdica\,) 

Pansemefit  des  plaleit  an 
chlprpre  de  zinc.  La  question  du 
traitement  des  plaies  est  toujours  et 
plus   que  jamais  à  l'ordre  du  jour. 

t)ana  le  numéro  dq  15  octqbre  du 
MrMsh  AHkHcàl  Journal,  M.  Camp- 


bell de  Morgan,  chirurgien  de  11 

sex  hospital  à  Londres,  a  faàX 

rer  la  note  suivante  sur  le  TVati 

des  plaies  d'armes  à  feu  par  le 

rure  de  zinc.  Apres  avoir  fait  < 

ver  que  la  guerre  actuelle  foun 

occasion  pour  témoigner  des  n 

de  divers  désinfectauts,  et  qu 

impossible,  dans  les  pansemén 

suivent  les  batailles,  d*employ< 

cide  phénique  avec  le  soin  et  1 

tails  minutieux  nécessaires  à  soi 

ces,  il  demande  que   l'on  essj 

chlorure  de  zinc,  que  pour  sonc 

il  emploie  encore  de  préférence 

autre   désinfectant.   Pour    les 

récentes,  il  emploie  une  solutj 

30  à  40  grains  pour  1  once  d'es 

tillée;  au  moyen  d'une  éponge 

arrose  largementla  plaie,  surtou 

ses  angles  et  ses  anfractuosités, 

les  cavités  osseuses  comme  ail 

jusqu'à  ce  que  toute  la  surface 

aspect  crémeux.  Gela  amène  ui 

sudation  sanguine  passagère  ; 

les  vaisseaux  importants,    on 

comme  d'habitude,  puis  on  re< 

d'une  compresse  trempée  dans  u 

lutionde5  grains  de  chlorure  d 

pour  1  once  d'eau,  et  que  l'o: 

tenir  constamment  humide.  SI  h 

6Ht  contuse,  on  doit  agir  de  i 

sauf  la  réunion  qu'il  ne  faut  pas 

La  plaie  réunie  se  remplit  en 

ou  vingt-quatre   heures  de  a^ 

sanguinolente;  on  l'évacué  en 

chant  un  point  de  suture,  puisoi 

nit  et  on  panse  comme  précéder 

En  agissant  ainsi,  M.  de  Mor 

obtenu  la  cicatrisation  rapide  e 

suppuration  de  plaies  confuses  ( 

chirées,  la  réunion  parfaite  pai 

mière  intention  dans  de  grande: 

rations  comme  l'opération  de  la  c 

et  fort  souvent  la  réunion  ave 

très- faible  suppuration.  U  pens( 

sans  faire  disparaître  absolum 

pyohémie,  ce  mode  de  traitem 

rend  beaucoup  plus  rare,  en  a' 

sant  efficacement  à  la  putréfactii 

liquides    produits    à  la    surfac 

plaies.  (Lyon  médical.) 

Un    noairel    anflsepth 

traduit  du  Lancet,  par  le  d< 
H.  de  Br...  —  Le  chlorure  h] 
d'aluminium,  sur  lequel  M.' 
Gamgce  vient  d'appeler  l'atU 
des  praticiens  et  du  public,  » 
être  un  important  antiseptique. 
Il  est  aussi  puissant  que  lechl 
de  zinc  ou  l'acide  phénique,  el 
sente  en  outre  l'avantage  de  n 


—  183  — 


être  vénéneux  el  d'être  dépourvu  de 
tonte  odeur  désap^réable.  Os  qualités 
De  peuvent  manquer  de  lui  assurer  une 
vofiTue  aussi  prompte  qu'étendue. 

IJ  est  étrange  que  les  propriétés  de 
cet  agent  n'aient  pas  été  reconnues 
plus  tôt.  Gela  lient  probablement  à  ce 
qu'il  ne  constitue  pas  un  produit  inu- 
tile dans  les  manufactures  cbimiques  : 
anhydre,  il  sert  à  la  fabrication  de 
l'aluminium,  et  partant  il  est  trës>coù- 
teux. 

Le  procédé  le  plus  économique 
pour  préparer  le  chlorure  d'alumi- 
nium hydraté  consiste  à  faire  réagir 
le  sulfate  d'alumine  sur  le  chlorure 
de  calcium  du  commerce.  Il  se  fait 
une  double  décomposition.  Au  mo- 
meot  du  mélange  des  solutions  des 
deux  sels,  le  sulfate  de  chaux  formé 
«e  précipite^  tandis  que  le  chlorure 
d^alaminium  hydraté  reste  dissous. 
^e  liquide  filtré  est  évaporé  à  une 
douce  température,  et  il  se  forme  des' 
^fistaux  d'hydrate.  Si,  à  la  faveur 
d  QQe  forte  chaleur ,  on  essaye  d'éli- 
'^*ner  l'eau  du  produit,  il  se  décom- 
P^«e.  Il  se  forme  d'abord  de  l'acide 
jînJorlïydrique  et  de  Toiychlorure  d'a- 
lumine; en  dernier  lieu^  de  l'alumine. 

l^Q  traitement   «les   plaies 

J^ii^trantes  de  la  poitrine  et 

dea  ponmons;  par  ?I.  Jacinko. 

"^Toutes  les  opinion?  qui  dominent 

^4ourd'bui  dans  notre  littérature  sur 

je  traitement  chirurgical  des  plaies  de 

''j>oitrin.e  se  réduisent  aux  questions 

'■'^antes:  a)  Doit-on^  oui  ou  non,  pra- 

Mqner  la  réunion  dans  une  plaie  pé- 

^•^''aiite  de  la  poitrine?  t)  Une  her- 

*'*  du  poumon  doit-elle  être  réduite? 

wUo|t-on  extraire  les  corps   étran- 

S^   introduits  dans  la  cavité  pleu- 
nle? 

Les  golutioQs  que  Ton  a  données  à 

^   importants  problèmes  sont  dia- 

^tr^Iemenl  opposées.  Quelques  uns 

J*  <îonlenteiit  d'appliquer  un  simple 

vaiKdage,  d'autres  réunissent  la  plaie 

C'^^née;  les  uns  repoussent  dans  la 

civité  le  poumou  hernie  ;  les  autres, 

sv  Contraire,  s'abstiennent  de  cette 

^tique  ;    quelques-uns    sondent  la 

P[*^e,  el  vont  avec  une  pince  à  la  re- 

^w^'rcbe  des  corps  étrangers  dans  la 

'^^Uéde  la  plèvre,  et  pénètrent  même 

^Us  le  lissu  pulmonaire;  d'autn;s,  au 

wntralre,  croient  toujours  contre-in- 

^i<luée  et  très -préjudiciable  toute  ma> 

nœuvrc  faite  dans  ce  but.  Mais  il  y  a 

vue  autre  question  qui  est  bien  loin 

4'itre  résolue,  c'est  celle  de  savoir  la 


manière  par  laquelle  doit  être  réac- 
tivée la  fonction  du  poumon  flétri 
par  l'entrée  de  l'air  dans  la  cavité 
pleurale,  cl  la  manière  d'arrêter  l'hé- 
morrhagie  de  la  plaie.  Mes  recher- 
ches depuis  quatre  ans  sur  cet  objet, 
de  même  que  les  expériences  sur  les 
animaux,  ont  donné  des  résultats  bien 
arrêtés  et  tr'es-signifîcatifs;  et  le  pro- 
fesseur Bardeleben  croit  qu'elles  ont 
fait  faire  un  notable  progrès  au  trai- 
tement des  plaies  delà  poitrine.  QuMl 
me  soit  donc  permis  de  rendre  public 
chacun  des  résultats  obtenus. 

Si  la  plèvre  est  incisée,  le  poumon 
tombe  sur  lui-même  et  se  contracte. 
Si   Tair  pénétré  dans  la  cavité  s'é- 
loigne, le  poumon  se  distend  de  nou- 
veau. On  réussit  facilement  à  enlever 
l'air  de  la  cavité  pleurale  au  moyen 
d'un  entonnoir  muni  d*une   valvule 
dans  une  seule  direction,  ou  bien  avec 
un  instrument    peu   différent   d'une 
pompe  stomacale.  La  possibilité  d'une 
extraction  complète  de  l'air  de  la  poi- 
trine est  assez  démontrée  sur  les  ani- 
maux, chez  lesquels  les  plèvres  des 
deux  côtés  furent  incisées,  et  qui  à  la 
suite  de  ces  plaies  se  trouvaient  sur  le 
point  de  succomber  à  l'asphyxie  :  à 
peine  l'air   était-il  retiré  du   thorax 
que  la  respiration  se  rétablit  complè- 
tement. Il  est'beaucoup  plus  difficile 
d'empêcher  la   rentrée  de  l'air  dans 
la  cavité  pleurale  à   travers  la  plaie 
externe;    cependant  j'ai   assez  bien 
réussi  a   fermer   hermétiquement  la 
plaie,  et  à  interdire  complètement  la 
rentrée  de  l'air;  dans  ce  but,  je  me 
suis  le  mieux  trouvé  de  la  suture  avec 
le   fil  de  fer.    L'influence  qu'exerce 
l'extraction  de  l'air  sur  la  vie  de  l'ani- 
mal se  démontre  clairement  par  Tex- 
périence    comparative    faite   sur  ley 
animaux  blessés  à  la  poitrine  en  même 
temps,  et   chez  lesquels  l'air  fut  ex- 
trait pour  quelques-uns,  tandis  que 
les  autres  étaient  abandonnés  à  eux- 
mêmes.  Les  premiers  restèrent  en  vie 
et  guérirent,  les   autres  moururent. 
Quelque    temps  après,    mais  à   des 
époques  variées,  les  lapins  qui  avaient 
survécu  furent    tués,  et  à  l'autopsie 
on  rencontra  toujours  la  cavité  pleu- 
rale libre  de  tout  ex»udat  pleurétique 
et  un   poumon  à  Tétat  normal  :   ces 
conditions   se  vérifièrent  aussi  bien 
immédiatement  après  l'extraction  de 
l'air  ({ue  huit  jours  apr'es,  et  persis- 
taient même  apr'es  une  année.  Dans  les 
plaies  de  la  poitrine  compliquées  de 
fracture  de  côte,  nous  avons  toujours 
constaté  les  bons  effets  de  Véloigiie- 


-  184  — 


«eatde  l'air  pénétré  dans  la  cavité. 
Tontes  les  expériences  aassi  bien 
que  les  autopsies  des  animaux  bles- 
sés de  cette  façon  ont  été  pratiquées 
en  présence  du  professeur  Svyma- 
nowsky,  et  toutes  permirent  de  con- 
stater rintégrité  de  la  cavité  pleurale. 
Ainsi  donc,  les  poumons  reprenaient 
leur  fonction  aussitôt  que  l'extraction 
de  l'air  renfermé  dans  la  plèvre  était 
faite.  Cette  fonction  peut  se  rétablir 

Îilus  lentement,  en  substituant  de 
'eau  à  l'air  pénétré.  Mais,  n'ayant  pas 
institué  d'expérience  à  Tégard  de  ces 
deux  méthoaes,  je  m'en  tiens  pour  le 
moment  aux  résultats  obtenus.  Je  dois 
pourtant  noter  que  ces  expériences 
réussissent  fort  bien  chez  les  ani- 
maux supportant  peu  les  plaies  de  la 
poitrine ,  comme  le  sont  les  lapins. 
Non-seulement  les  expériences  de 
blessures  de  la  plèvre^  mais  encore  des 
poumons,  ont  démontré  que  nous  ne 
aevons  pas,  en  présence  de  ces  lé- 
sions^ rester  spectateurs  inertes,  parce 
que  non- seulement  nous  sommes  dans 
le  cas  de  devoir  arrêter  Thémorrhagie 
provenant  de  la  plaie  du  poumon, 
mais  aussi,  ce  qui  est  le  plus  impor- 
tant, parce  que  nous  devons  rétablir 
les  actes  fonctionnels  du  poumon  sain 
comme  du  poumon  lésé.  Gomme  exem- 
ple, je  rappelle  l'expérience  suivante  : 
Je  pratiquai  une  plaie  sur  la  partie 
droite  de  la  poitrine  d'un  lapin,  de 
manière  à  blesser  la  plèvre  et  le  pou- 
mon ;  je  dilatai  la  plaie  extérieure  et 
celle  de  la  plèvre,  et  la  partie  du  pou- 
mon lésé  retranchée,  je  l'attirai  .et  la 
liai  avec  un  fil  de  soie  ;  de  cette  fa- 
çon je  réussis  à  prévenir  toujours 
l'hémorrhagie  ;  ensuite  de  l'eau- tiède 
fut  injectée  dans  le  cavité  pleurale. 
J'appliquai  à  la  plaie  extérieure  un 
entonnoir  de  verre,  muni  d'une  val- 
vule et  d'un  tube  de  {!omme^  au  moyen 
duquel  je  retirai  de  la  poitrine  le 
sang  et  l'air  pénétré  de  l'extérieur^  et 
finalement  je  réunis  la  plaie  par  la 
suture.  Douze  jours  après,  le  lapin  fut 
sacrifié,  et  à  l'autopsie  je  ne  constatai 
pas  la  moindre  trace  de  pleurésie  ;  le 
poumon  était  crépitant  dans  toutes  ses 
parties,  et  la  plaie  était  guérie  an 
moyen  d'une  cicatrice  rayonnante  et 
légèrement  rétractée. 

Une  autre  expérience  fut  faite  à  Ber- 
lin, le  l«r  janvier  1870,  avec  l'habile 
coopération  du  docteur  Nachtigal  : 
Je  pratiquai  une  plaie  pénétrante  lon- 
gue de  1  centimètre  et  demi  au  côté 
droit  du  thorax  che^  un  lapin  ;  le  pou- 
mon se  présente  à  travers  la  plaie  ;  la 


partie  procidente  du  viscère  i 
avec  un  fil  de  soie  ;  l'air  est  exi 
moyen  de  Tentonnoir  de  verre 
plaie  extérieure  est  suturée.  Â 
trième  jour,  la  suture  tombe  et 
pin  est  très-vivace. 

L'animal  ayant  été  sacrifié  le  i 
1870,  l'autopsie  donne  les  mèn 
sultats  que  dans  la  première 
rience.  {Ann.  de  la  Soc,  de  n 
Gand.) 

Flexion   forcée   pour 
ter  une  hémorrhagie  : 

du  the  Médical  Gazette^  par  le  ( 
H.  de  Br...  —  Le  docteur  Ai 
rapporte  six  cas  d'hémorrhagie 
matiques  arrêtées  par  la  flexion 
du  membre  blessé.  11  s'agit  de 
de  l'artère  radiale  et  de  l'arca 
maire,  d'une  blessure  au  nivi 
l'articulation  du  coude  et  d'u 
de  feu  dans  le  pied  droit  ;  dai 
ces  cas,  la  flexion  a  été  sui 
succès . 

L'auteur  conclut  comme  suit 

l»  La  flexion  forcée  est  un 
aussi  sûr  qu'expoditif  pour  faii 
ser  les  hémorrhagies  artériel 
membres  ; 

2o  On  aura  recours  à  cette  m 
avant  de  s'adresser  aux  causti(| 
à  la  ligature  ; 

3o  On  peut  l'essayer  avec  con 
alors  que  la  ligature  reste  san 
ces; 

4o  La  flexion  forcée  est  surt< 
commandable  dans  la  chinirgi( 
taire  ; 

5o  11  serait  à  souhaiter  c 
moyen  hémostatique  fût  popu 
afin  qu'un  blessé  sache  comn 
comporter  en  attendant  le  cbiri 

Cnre  abortlire  de  V4 
pèle,  an  moyen  dn  «11 
de  potanse  ;  par  Piazza.  — 
avoir  décrit  les  symptômes  d'un 
pèle  primitif  de  la  face,  intense 
venu  chez  une  femme  de  treni 
ans,  de  constiiution  forte,  et  ay 
enfant  à  la  mamelle,  l'auteur  no 
conte  qu'il  se  décida  à  tenter  1 
abortive  de  cette  affection,  en  < 
sant  de  deux  à  trois  couches 
solution  peu  concentrée  de  s 
de  potasse  les  surfaces  ma 
malgré  la  présence  de  petites  j 
tènes. 

Le  premier  effet  de  la  médi 
fut  la  disparition  de  la  rougeu 
surface  de  la  peau,  recouver 
verre  soluble  à  la  manière  d'un 


—  i86  — 

épjifs;  dès  lors,  la  douleur  diminua  la  même  manière.  Et  le  docleor  Fi- 
el   finit  par  cesser  avec  le  prurit  in-  glioli  a  réussi  tout  aussi  bien,  avec 
tolérable  qui  chagrinait  la   malade,  ce  seul  remède,  dans  le  traitement 
Vin^ft-quatre  heures  après  l'invasion  des  érystpèles  consécutifs  aux  plaies 
des   accidents,  l'inflammation  dispa-  et  aux  traumatisroes. 
raissail  peu  à  peu,  et  l'on  n'avait  plus  Dès  lors,  continue  M.  Piazza,  dans 
k  redouter,  pour  les  tissus  voisins,  la  notre   hôpital,   la   cure  abortive  de 
diffusion  du  processus  morbide.  Dans  '  l'érysipèle  primitif  ou  secondaire,  par 
h  nuit,  la  fièvre  tomba,  l'état  saburral  le  silicate  de  potasse,  est  devenue  une 
le  modifia  et  les  souffrances  se  dissi-  pratique  banale:  toujours  les  résuU 
fièrent  au  point  que  la  malade^  guérie,  tats  ont  été  les  mêmes,  sans  qu'on 
pat  sortir  de  l'hôpital  le  quatrième  ait  jamais  eu  à  se  plaindre  des  effets 
jour,  sans  avoir  cessé  d'allaiter  son  si  redoutés  de  la  répercussion  et  sans 
enfant.  avoir  le  moins  du  monde  recours  à 
Cinq  autres  cas   d'érysipèle,  dont  une  médication  interne  ou  générale. 
trois  de  la  face  et  deux  des  membres  [Journ.  de  méd.  de  Bruxelles,) 
inférieurs,  ont  été  traités  et  guéris  de 


■.K 


VARIÉTÉS 


Etude  mrclicttle  «ur  l*équitation  (i)^ 

Par  M.  le  docteur  C.  Rider. 

I^.  Dargbrs  et  AcciDEMTs.  PROPHYLAXIE.  —  Si  l'équilation,  employée  dans 
m  liflutes^  a  ses  avantages,  elle  a  aussi  ses  inconvénients,  même  ses  dangers 
'^tqui,  pourtant,  se  réduisent,  en  somme,  à  peu  de  chose  pour  l'individu 
QBi&'en  fait  pas  sa  profession,  pour  l'homme  du  monde  qui  n'y  cherche  qu'une 
ditlractiou  ou  un  exercice  hygiénique  agréable,  tout  en  évitant  l'excès  ;  et  il  y 
>  ttcès^  non-seulement  quand  l'équitation  se  prolonge  journellement  outre 
B^re,  mais  encore  lorsqu'il  existe  une  disproportion  entre  l'intensité  des 
noQTements  et  des  réactions  du  cheval  et  les  forces  du  cavalier.  Après  avoir 
^poaé  les  ressources  que  l'on  en  peut  retirer,  soit  pour  la  conservation  de  la 
*ttté,  soit  aussi  pour  la  guérison  de  certaines  maladies,  nous  devons  faire 
^Uullre  les  accidents  auxquels  le  cavalier  peut  être  sujet  et  les  moyens  pré- 
^tifiqu^il  peut  employer  pour  s'en  préserver.  C'est  en  indiquant  les  causes 
^^llnflaenee  desquelles  la  santé  de  l'homme  de  cheval  peut  être  dérangée, 
^ttoyens  d'éloigner  ces  causes  et  de  corriger  l'influence  de  celles  dont  il  ne 
Mm  garantir,  les  précautions  à  prendre  pour  empêcher  le  développement 
^  Mladies  et  s^opposer  à  leur  accroissement  ou  à  leur  dégénération,  que 
i^  lurons  occasion  de  voir  que,  de  ces  maladies  qui  attaquent  le  cavalier, 
^vnes  sont  suspendues  par  l'emploi  de  quelques  précautions  ou  soins  hygié- 
^Mi,  tandis  que  d'autres  ne  peuvent  guère  voir  leur  guérison  s'effectuer 
^  par  la  cessation  complète  de  l'exercice  du  cheval,  venant  en  aide  à  l'action 
^traitement  approprié. 

^*  flitfmop/]/«tef .  — Rappelons  d'abord,  sans  y  insister,  car  c'est  là  un  acci- 
^t  relativement  rare  dans  la  pratique  de  Téquitation  civile,  que  les  jeunes 


(i)SQite.  Voir  le  Auméro  du  15  février  1875,  p.  136. 


9  -  186  - 

soldats,  qqi  n'oBt  point  encproVb^bjtude  du  cbetal,  et  dont  la  copslUation  Qst 
délicate,  que  raènie  les  postillons  et  )es  courriers  de  profession,  lorsqu'ils  ont 
fait  de  longues  courses  sans  prendre  de  repos,  sont  assez  fréquemment  affectés 
d'hémoptysies,  causées  par  cette  allure  si  pénible,  surtout  avec  certains  chs- 
Taui,  du  trot  à  la  française.  Dans  l'armée,  si  raccident  se  répète,  on  prend  le 
parti  de  faire  passer  le  cavalier  dans  l'infanterie,  ou  bien  l'on  s'expose  kle 
voir  périr  de  pbtbisie  pulmonaire.  La  pblbisie,  en  effet,  est  un  des  résultats 
fréquents  des  fatigues  de  Téquitation.  lorsque  surtout  cet  exercice  est  repris 
trop  tôt  et  sans  ménagement  à  la  suite  de  diverses  maladies  des  organes  de 
la  cavité  tboracique,  p^r  des  sujets  prédisposés  déjà  à  la  tuberculisation. 

On  a  reprocbé  à  l'exercice  du  cheval,  même  dans  l'allure  du  pas  [placida  €t 
lenta  êquitatio),  de  déterminer  une  fatigue  excessive  et  d'altérer  les  fonctions; 
telle  est  du  moins  l'assertion,  inexacte,  à  notre  avis,  de  quelques  médecins  an- 
ciens, Âëtius,  par  exemple,  assertion  répétée  par  Mercurialis  (1).  Il  est  certain 
que  ce  serait  plutôt  dans  les  autres  allures  qu'on  pourrait  trouver  des  causes 
de  maladies;  le  irot  fatigue^  imprimant  des  secousses  trës-rudes  au  cavalier, 
et  même  le  désarçonnant  à  chaqp§  fénotion.  I^e  galop  est  tout  à  la  fois  plos 
rapide  et  moins  pénible,  mais  occasionne,  en  particulier,  dans  la  respiration^ 
des  troubles  qui  ne  peuvent  provenir  que  de  la  force  et  de  la  vitesse  avec  la- 
quelle est  pressée  alors  la  colonne  d'air  opposée  au  mouvement. 

2o  Anévrysmes,  —  Morgagni  dit  n'avoir  vu  chez  aucune  classe  d'hommes 
un  plus  grand  nombre  d'anévrysmes  de  l'aorte  que  chez  les  postillons,  les 
courriers  et  ceux  qui  passent  une  grande  partie  de  leur  temps  à  cheval  :  a  Cela 
n'est  pas  étqnnant,  ajoute-t-il,  car,  sans  parler  des  chutes,  des  efforts,  des 
injures  de  l'air  auxquels  ils  s'exposent,  l'agitation  du  sang  doit  nécessairement, 
à  la  fin«  pelftcher  le  tissu  des  parois  artérielles  et  vaincre  leur  résistnace.  Ce 
genre  de  lésion  survient  enoore  plus  facilement  lorsque  l'ineontinence  et  lei 
maladies  se  joignent  ii  oes  circonstances  (9).  t 

Beaucoup  d'autre^  auteurs,  Ramazzini  et  Palissjer,  Cabanis,  Londe,  etc., 
s'aecordent  pour  classer  parmi  les  effets  pathologiques  d'une  équitation  exMi- 
sive,  les  anévrysmes  du  cœur  et  des  gros  vaisseaux. 

Qorvisart  (5)  a  remarqué  également  que  les  postillons  et  les  courriers  étaient 
trës«rsujets  aux  maladies  du  eceur.  11  cite  l'histoire  d'un  homme  de  trente  ans, 
d^un^  constitution  vigoureuse,  qui  avait  quitté  une  profest^ion  sédentaire  fAW 
se  faire  courrier.  Livré  à  ce  genre  de  vie  trës-pénihle^  il  voyageait  siina  cflfie 
dans  les  différentes  oours  de  l'Kurope.  Quand  il  entra  à  l'hôpital  de  laGl|%< 
rite,  il  venait  de  faire  mille  lieues  à  cheval,  sans  prendre  de  repos  ;  ayiint  ei«> 
suite  lait  le  voyage  de  Londres  à  Paris,  il  avait  éprouvé,  pour  la  premi^rt 
fois,  dans  la  traversée,  de  la  gène  dans  la  respiration  et  un  craobemeRt  dt 
sang.  Il  continua  pa  route  malgré  ces  symptômes;  le  mal  s'aggrava  et^  d^  un 
arrivée  à  Paris,  les  étouffements  et  les  douleurs  qu'jl  ressentait  dans  la  poi* 
tHne  augmentèrent;  il  fut  saigné  cinq  fois  dans  l'espace  de  trois  jours  anni 
éprouver  aucun  soulagement.  Les  jours  suivants  se  passèrent  dans  une  horfildê 
agitation;  la  suffocation  devint  imminente  et  il  mourut.  A  l'ouverture  du  ca** 


(1)  MercurialjSj  De  qrfe  gymnastica  l^hri  sex.  Parisiis,  157' 

(2)  Morgagni,  De  sedibus  el  rausis  morburum,  epist.  XVII. 
(7y)McUadies  du  cœur  et  d$s  gros  vaisseaux. 


—  487  — 

ilfnm,  An  trooYa  dio»  le  «œur  une  lésion  peu  ancienne  expliquant  parfaile- 
sant^aatre  lea  phénpmënea  d'étouffement,  la  mort  elle-même  (1). 

5^  AfffdUonf  d$9  voies  respiratoires.  —  Une  course  rapide  contre  le 
vant,  répétée  ou  contiaue^  peut  déterminer  des  lésions  pius  ou  moins  sé- 
HeoMM  des  voies  respiratoires,  bronchites,  laryngites^  se  manifestant  par  la 
taa^f  l'enrouement,  la  raucité  de  la  voix  et  quelquefois  mâme  Vaphonie.  Un 
•ainiar  qui  avait  fait  à  frane-étrier,  sans  se  reposer^  le  voyage  de  Paris  à 
liaone,  fu(,  quifiie  jours  aprës,  affeeié  d'une  apiionie  complète  accompagnée 
4^atie  djspné§  dep  plus  incommodea, 

4^  I^i^ies,  —  De  tous  les  accidents  spéciaux  k  la  profession  de  cavalier,  ou 
fai  aUeignant  le  plus  fréquemnient  eeui  qui  sa  livrent  à  cet  CKercice,  le  plus 
cwiUBqa  ai  «usai  un  des  plus  graves,  e'est  eertainement  la  hernie^  et  en  par-r 
Hllllisr  la  herilia  Inguinale. 

P^ro^t  (ml  A  fait  un  trës«grand  uoiuhre  de  recherches  sur  ce  sujet,  a 
•aaslaté  qu'qn  vingtième  environ  des  soldats  d^  cavalerie  en  était  atteint. 

llvtia  a  éial^li  une  statistique  des  hernieux  existant  k  l'hôtel  des  Invalides 
ta  1859,  atatistique  qui  donne  lea  résultats  suivants  :  sur  896  hernies  consta- 
tée, 96  recnnpaisaent  pour  eaMse  Véquitation  \  5S,  des  contusions  de  Tabdo-^ 
ien{25,  des  fotigues  et  des  n^archaa  forq^es|  36,  des  chutes  ou  des  efforla 
poar  les  éviter  ;  58,  des  sauts  de  fossés  ou  d'ohstaeles  ;  68,  des  faux  pas  ; 
iS6,  la  toux  ;  3643  ^^>  efforts  musculaires  pour  aoulever  das  fardeaux  ;  t80  sont 
Wveaaes  seules  ou  sans  causea  appréciables,  etc. 

Qd  voit  par  cea  chiffres  que  si  le  pombre  des  hernies  eaiisées  par  Téquitatloq 
n'Mtiei  qna  le  trente-quatrième  environ  du  nembre  tptali  il  mérite  cependant 
4'étpe  ligqalé.  Hnlin  a  noté,  en  outre,  que  cea  hernjos.  chez  les  oavaliera, 
^^^^  apparnea  à  dea  ftgea  différents,  dans  ipa  prepertions  auivantes  < 

De  se  à  10  ans • 

oe  le  i  40  aqi,..,,,, ,,.,.,,,. ...^     • 

pa  4q  i  50  ans-. t-ti-t- .m .••••    « 

De  50  à  60  ans ^ ,.,,.,,,,..*...  ^      Sf 

Pe  60  i  Ç?.  «qs.,. ,..,,,,,,..,. .,,t. ^ 

U  (réquenee  da  o^a  acoidenta  peu|  s'at|ribner  tant  a^^  changements  variéa 
4*  (liaiaBaions  de  la  eayité  abdominale  par  suite  des  roouyemenls  de  coqtrao- 
%  JBiitiBctifs  et  forcés  de  aes  parois^i  qu'aux  secousses  plus  ou  moins  violent ea 
^Piaées  eontinqellement  aux  viscères  du  bas-ventre  ei  au  ballottement  que 
^Ipiastins  éprouvent  dans  les  différentes  allures  duchevalj  la  position  même 
^  cavaliar  faisant  qu'ils  retombent  sans  cesse  et  de  tout  leur  poids  vers  lea 
Nrlipi  lea  plus  déclives  de  la  paroi  de  l'abdomen.  Il  faut  accuser  aussi,  très- 
^veqt,  la  forme  vicieuse  du  pantalon,  inconvénient  qui  peut  êtra  dlfninué, 
PtRFlant,  dans  une  certaine  mesure,  par  l'emploi  du  caleçon. 

Nrle  pantalon,  en  effet,  la  ceinture,  d'ailleurs  étroite,  remontant  quelque- 
^  fiprt  haut,  a  pour  premier  et  nuisible  résultat  d'exercer  une  copstriction 


(i)  Gorvisart,  E^sai  sur  les  maladies  et  les  lésions  organiques  du  cœur 
Paris,  1818. 


—  188  — 

sur  la  base  de  la  poitrine^  et  d'empêcher  la  dilatation  horizontale  de  la  eafKé 
thoraciqiie  ;  elle  oblige  par  là  le  diaphragme  à  s'abaisser  plas  qu'il  ne  devrait 
le  faire  dans  la  respiration,  qui,  par  suite  de  ce  développement  incomplet  du 
thorax,  se  trouve  gênée,  surtout  dans  les  exercices  violents  du  cavalier.  Cou- 
courant  avec  ce  mode  d'action  du  diaphragme,  qui  presse  de  haut  en  bat,  la 
ceinture  du  pantalon,  au  lieu  de  soutenir  la  paroi  abdominale  dans  sa  rèfjiM 
hypogastrique,  la  comprime  dans  la  zone  supérieure,  refoulant  la  masse  dM 
viscères  vers  les  parties  antérieure  et  inférieure  du  bas-ventre,  surtout  vert 
les  régions  inguinales,  qui  offrent  précisément  le  moins  de  résistance.  Parla 
continuité  d'action    des   agents  d'impulsion,  cette  résistance,  à  un  momeit 
donné,  est  vaincue,  et  d'autant  plus  aisément,  dans  cette  circonstance,  que  les 
ouvertures  formées  par  les  anneaux  inguinaux  ne  sont  pas  exactement  ren- 
plies  par  les  cordons  spermatiques,  et  que  ceux-ci  non-seulement  ne  s'oppo- 
sent pas  à  la  sortie  de  ces  parties,  mais  encore  dirigent  en  quelque  sorte  lear 
marche  (1).  C'est  là  ce  qui,  joint  à  Faction  des  diverses  causes  sous  l'influence 
desquelles  se  développent  généralement  les  hernies,  ne  contribue  pas  pen  à 
rendre  ces  maladies  relativement  fréquentes  chez  les  soldats  des  troopes  i 
cheval.  C'est  pour  cela  aussi  que  les  hernies  inguinales  sont  plus  communes 
que  les  autres  chez  les  cavaliers;  leur  attitude  à  cheval  rend  raison  du  pen  de 
fréquence  des  hernies  crurales. 

Certains  auteurs  ont  dit  que  les  hernies  étaient  plus  fréquentes  dn  cdié 
gauche  que  du  côté  droit  chez  les  hommes  adonnés  à  l'équitation  ;  d'antreiy 
au  contraire,  ont  remarqué  que  le  côté  droit  en  était  plus  souvent  affecté  qne 
le  gauche,  et  ils  ont  voulu  expliquer  ce  fait  par  les  tiraillements  qu*éprooTe« 
raient  les  fibres  de  l'anneau  inguinal,  à  droite,  lorsque  le  cavalier,  ayant  le 
pied  gauche  appuyé  à  l'étrier,  fait  effort  pour  se  soulever  et  passer  la  Jambe 
droite  par-dessus  le  troussequin  de  la  selle  ;  mais  tous  les  chirurgiens  saTent 
que  dans  les  autres  classes  d*individu8,  les  hernies  inguinales  sont  aussi  ploi 
communes  à  droite  qu'à  gauche.  Et  lors  même  qu'il  existerait  à  cet  égard  nne 
différence  chez  les  cavaliers,  les  conditions  anatomiques  de  la  région  ren* 
d raient  peu  admissible  cette  explication. 

On  a  dit  aussi  que  l'équitation  française,  à  ce  point  de  vue,  faisant  tenir  les 
étriers  un  peu  longs,  était  dangereux.  La  manibre  dont  les  Anglais  montent  à 
cheval,  avec  les  étriers  courts,  semblerait  donc  devoir  les  préserver  des  her- 
nies ;  et  cependant  il  paraîtrait  que  leur  cavalerie  en  présente  encore  un  pins 
grand  nombre  que  la  nôtre.  Quelques  auteurs  ont  attribué  cette  fréquence  des 
hernies  chez  les  Anglais  à  la  laxité  de  la  fibre  et  des  tissus  ;  mais  on  en  trou* 
verait  peut-être  une  meilleure  raison  dans  les  mouvements  continuels  d'éléfa- 
tion  et  d'abaissement  qu'ils  exécutent  sur  la  selle  à  l'allure  du  trot,  les  jambes 
écartées  et  les  pieds  prenant  un  point  d'appui  sur  les  étriers.  Le  roi  Georges  H, 
surpris  de  voir  admettre  quatre-vingt-deux  réformes  pour  cause  de  hernies 
dans  un  seul  régiment  de  cavalerie,  proposa  un  prix  de  100  000  écns  pour 
celui  qui  trouverait  un  moyen  d'obvier  à  cet  accident.  Un  de  ceux  qui  rempli- 
raient le  mieux  le  but  serait  l'emploi  de  pantalons  bien  confectionnés,  surtout 
à  la  partie  supérieure,  afin  d'éviter  le  refoulement  des  viscères  vers  la  région 
inférieure  de  Tabdomen. 


(1)  RenottU,  Des  causes  de  hernie  dans  la  cavalerie. 


—  189  - 

Ue  panialon  des  cavaliers  ne  devrait  pas  dépasser  en  hauteur  les  deux  der- 
iS^es  côtes  asternales.  Le  rang  vertical  des  boutons  de  la  brayelle^  ou  qui  fixe 
Il  ceinture  derrière  le  pont»  sur  le  trajet  de  la  ligne  blanche,  devrait  descendre 
ti^prësdu  pubis,  afin  de  soutenir  la  région  hypogastrique,  sur  laquelle  d'ailleurs 
Ve  vilement  devrait  se  mouler  et  s'ajuster  aussi  parfaitement  que  possible.  Les 
yattes,  espèce  de  demi-ceinture  que  Ton  serre  sur  les  reins  au  moyen  d'une 
boade,  devraient,  par  le  même  motif,  être  fort  larges  et  placées  sur  Tos  iliaque 
■ême  et  non  au-dessus  de  cet  os.  Par  là,  elles  fourniraient  au  bas-ventre  un 
piiiit  d'tppui  qui  contre-balancerait  Teffort  des  muscles  inspirateurs,  par  les- 
qeels  les  viscères  de  Tabdomen  sont  chassés  vers  sa  partie  inférieure.  On 
fownit  encore,  d'ailleurs^  donner  un  peu  plus  d'ampleur  à  la  partie  supé- 
rieure, de  manière  à  faciliter  les  mouvements  de  dilatation  du  thorax;  des 
bretelles  ne  pourraient  ainsi  amener  aucun  inconvénient;  du  reste^  la  pression 
iicenmode  qu'elles  exercent  habituellement  sur  les  épaules  est  à  peu  près 
nUeehei  le  cavalier,  le  pantalon  tendant  de  lui-même  à  remonter  par  l'effet 
del'eierciceà  cheval. 

Nous  ne  parlerons  que  pour  les  proscrire  de  ces  moyens  de  contention^  de 
eeieersets  qu^emploient  de  vieux  ^eatio;  pour  dissimuler  leur  obésité^  com- 
prlnerlear  abdomen  et  se  donner  k  cheval  une  tournure  jeune  et  élégante. 
IlyaUipour  eux  une  source  d'inconvénients  graves  auxquels  ils  s'exposent 
^  gaieté  de  cœur  par  une  ridicule  coquetterie.  Mais  ce  que  les  cavaliers  de- 
^nraient  s'astreindre  à  porter^  c'est  une  ceinture  destinée  à  concourir,  avec  les 
ivtres  moyens  indiqués  ci -dessus,  à  fixer  autant  que  possible  la  masse  intesti- 
laledansla  cavité  qu'elle  occupe,  et  à  la  soustraire  ainsi,  dans  une  certaine 
■Mare,  à  Taction  des  secousses  violentes  qui,  outre  les  accidents  plus  ou 
■oiaa  sérieux  que  nous  signalons,  causent  au  moins  des  points  de.  côté  plus 
MBoins  gênants  ou  même  douloureux,  ainsi  qu'une  fatigue  que  la  ceinture 
^  à  diminuer  beaucoup. 

Pour  que  cette  ceinture,  toujours  en  étoffe,  atteigne  bien  son  but,  il  faut 
fi'dle  soit  large,  qu'elle  corresponde  à  la  partie  la  plus  basse  de  l'abdomen, 
^6  ion  bord  inférieur,  soit  placé  au-dessous  de  Tépine  antérieure  et  supé- 
fî^rede  l'os  des  lies,  au  niveau  des  épines  pubiennes,  et  qu'elle  couvre  toute 
la  baaleur  de  la  région  hypogastrique.  Si  on  a  l'attention  de  la  serrer  plus  en 
^qa^en  haut,  on  sent  qu'elle  s'applique* plus  exactement  à  la  partie  infé« 
rieore  du  ventre,  qu'elle  contient  les  viscères,  les  porte  en  haut  et  les  éloigne 
^forifiee  supérieur  du  canal  inguinal,  dans  lequel  les  intestins  pourraient 
^  poossés  à  s'engager.  Du  reste,  les  individus  affectés  de  hernies  et  qui  sont 
^^ofns  obligés  de  monter  à  cheval  ou  qui  tiennent  à  ne  pas  se  priver  de 
^exercice,  ne  doivent  jamais  le  faire  sans  porter  un  bandage,  ou  bien  ils 
>^ttpoient  à  tous  les  accidents  et  à  tous  les  périls  d'un  étranglement.  Ce  ban- 
Ne  peat  maintenir  les  parties  en  position  ;  mais,  malgré  tout,  il  y  a  là  un 
Wilable  danger  à  continuer  l'exercice  du  cheval  et  à  se  livrer  à  de  grandes 


Si  les  Arabes  et  les  peuples  orientaux  semblent  être'  rarement  atteints  de 
Waies.  c'est,  a-t-on  dit,  parce  qu'ils  portent  des  étriers  fort  courts  et  que 
^  région  abdominale  est  libre  sous  leurs  amples  vêtements.  D'ailleurs,  ils 
•W  de  larges  ceintures,  et  c'est  surtout  à  la  manière  d'en  serrer  les  tours, 
cdadée  sans  doute  d'après  les  inconvénients  à  combattre,  que  la  cavalerie 


—  190  — 

asiatique  et  africaine,  ainsi  qoe  certains  corps  de  cavalerie  européenaei  doitèn^ 
de  présenter  moins  de  sujets  hernieux. 

5«  Hématurie.*- CheiXes  hommes  forcés  d'être  sodvent  et  longtempsà  ohevali 
l'hématurie  est  extrêmement  fréquente.  On  conçoit  facilement  qu'elle  doit  m* 
Tcnt  être  déterminée  par  les  secousses  réitérées  d'an  cheval  dur»  fougueaJLori 
indocile^  la  forme  de  certaines  selles,  sur  lesquelles  le  périnée  est  soumil  I 
une  compression  continuelle  ;  par  l'exercice  longtemps  prolongé  sous  les  ar^ 
deurs  du  soleil,  la  soif  qui  en  est  le  résultat,  et,  pour  les  soldats  en  partictUirt 
par  rimposslbilité  de  satisfaire  au  besoin  d'uriner  lorsqu'il  se  fait  leatlr.  Hm 
cavaliers  eA  ont  été  souvent  attaqués  pendant  la  campagne  d'Egypte.  Rtu 
n'insisterons  pas  sur  les  phénomènes  intimes  de  cet  accident^  sur  les  lésiMU 
spéciales  de  la  vessie  ou  du  canal  de  l'urèthre  qui  peuvent  se  naniftistar  pÉi 
et  signe.  Van  Bwieted  dit  avoir  donné  des  soins  A  on  fiimeox  éenyo*  qi! 
éprouvait  des  pissements  de  sang  si  considérables,  qu'ils  lui  faisaient  pflrdri 
pouf  longtemps  ses  forces  et  ses  couleurs.  Lorsque  cet  accident  se  prodtilj 
même  sans  apparence  de  gravité,  l'exercice  du  cheval  doit  être  sttapéMI 
quelque  temps,  sans  préjudice  da  traitement  approprié,  s'il  y  a  lien,  et  loraqm 
le  cavalier  le  reprend,  il  doit  tenir  ses  étriers  très-courts,  afin  de  peser  11 
moins  possible  sur  le  périnée  (1). 

60  Abcès  de  la  région  scier o~coccygiennei  —  La  manière  même  de  moittl 
à  cheval  peut  avoir  les  plus  graves  inconvénients  :  si  le  cavalier  s'élanoe  i 
cru  sur  sa  monture  et  qu'il  ne  tombe  pas  d'aplomb  sur  le  do;)  de  raniiiMl|il 

peut  y  avoir  des  contusions  à  la  suite  desquelles  on  a  va  snrvenir  des  aMbi 
de  la  région  sacro-coccygienne. 

7»  C'on/tt«tofi  des  tesiioutes.  —  La  compression  simple,  le  froissemeitj  11 
contusion  des  testicules,  qui  arrivent  assez  souvent,  lorsque  le  eavalier  tÈÊk 
aur  le  cheval  sans  se  servir  des  étriers^  comme  dans  les  exercices  du  BMégi 
lorsque  le  trol  est  très-dur,  ou  que  certains  mouvements  irréguliera,  ttruaqw 
et  violents  de  l'animal  viennent  changer  subitement  l'assiette  du  cavalier^  êh 
terminent  de  fréquentes  maladies  da  scrotum  et  des  organes  qu'il  renfefaa 
des  hydrocèles,  des  hématocèles,  des  orchiles  et  même  des  vaHcocèlee. 

Le  suspensoir  a  été  conseillé  par  plusieurs  médecins  militaires  pouf  vmfM 
cher  la  compression  et  les  froissements  des  testicules  dans  Texereioe  da  dkm 
val.  A  première  vue,  l'emploi  de  ce  bandage  parait  indispensable  et  sambtol 
seul  moyen,  moyen  d'ailleurs  déclaré  déjà  par  beaucoup  très-efficaee,  d'obrifl 
à  tous  les  accidents  que  nous  venons  de  signaler,  en  prévenant  les  Ufuil 
lements  du  scrotum,  abandonné  sans  cela  k  son  propre  poids  et  pouvant  sim 
prendre»  par  rapport  à  la  selle  et  au  siège,  des  positions  vicieuses'  et  dasi 
gereuses.  Tout  eu  partageant  cet  avis  an  point  de  vue  de  l'utilité  du  sa^ 
pensoir  dans  certains  cas,  nous  ne  pouvons  que  condamner  ici,  en  prid 
cipe,  sa  confection  et  son  mode  d'action,  et  voici  pourquoi  :  il  a  ptfl 
effet  de  relever  les  bourses  et  les  testicules  jusqu'au  niveau  du  pnbiSi  ^ 
les  y  fixant,  pour  ainsi  dire;  or,  si  le  cavalier  qui  s'en  sert  monte  an  sM 
val  rétif  qui  fait  volte-face  devant  le  plus  petit  obstacle,  à  Timprovit^ 
qui  se  cabre  tout  à  coup  et  pointe  plusieurs  fois  de  suite  quand  on  V9 
le  ramener,  il  peut  arriver  que  l'homme  glisse  de  la  selle  et  tombe  h  pft 
ventre  sur  le  dos  de  l'animal  :  les  testicules,  qui  ne  peuvent  fuir  ni  se  d« 

(1)  Âran,  D$  l'hématurie  chex  les  gens  de  cheval. 


—  191  — 

p\ftcer,  sont  nécessairement  pressés  avec  violence.  Le  chévât  fait-tl  ce  qu*dh 
appelle  un  saut  de  mouton,  ou  seulement  quelques  ruades,  le  cavalier  petit 
6lre  jeté  sur  le  pommeau  de  la  selle  ou  sur  le  cou  de  Tanimal  ;  le  même  acci- 
^nt  a  Heu,  enfin,  lorsqu'il  s^agit  de  sauter  un  fossé  ou  un  obstacle,  et  le  inême 
Inconvénient  peut  encore  :<e  présenter.  De  plus,  à  peine  est-on  à  cheval^  que 
la  sueur  a  mouillé  les  sous -cuisses  du  suspeosoir,  qai  se  roulent  sur  eut- 
mfcmes  par  la  succession  des  mouvements  variés;  les-poils  sont  pris  dans  leut*s 
replis,  et.  à  chaque  déplacement,  ces  poils  s*arrachent  et  causent  une  vive 
doolear.  Puis  le  frottement  continu  de  ce  corps  rond  suffit  bientôt  poût  pro- 
duire des  excoriations,  pour  peu  qu'on  reste  à  cheval.  En  outre,  chez  les  ôâ- 
nliers  de  profession,  chez  ceux  qui  ne  peuvent  toujours  s'astreindre  à  des  soins 
de  propreté  rigoureuse,  le  suspensoir^  qui  Joumellettent  Siora  été  imbibé  de 
Mwar,  se  durcira  en  séchant,  et  par  son  contact  tveo  la  peau  déterminera  ra- 
pidement I  la  fhcé  Interne  des  caisses  et  âu  sorotum  une  irfitiitlon  qni  paot 
^  suivie  d'ulcérations  difficiles  à  guérir. 

Userait  cependant  bien  nécessaire  d'obvier  aux  accidents  auxquels  sont 
tt|MMè8  les  testicules,  par  un  moyen  ne  pouvant  causer  aucun  fiSioheux  résul- 
lit  A  notre  avis,  aucun  moyen  ne  donnera  nne  pleine  sécurité  tii  tié  mettra 
complètement  à  l'abri  de  tout  froissement  et  de  toute  côntustob  ,*  ce  qui  est 
belle  à  admettre  lorsqu'on  a  pratiqué  un  peu  l'équitation  et  qu'on  veut  bien 
M  rappeler  les  cas  de  déplacements  que  nous  avons  pris  plus  haut  pour 
exemples.  Tout  ce  que  Ton  peut  faire,  c'est  de  prévenir,  dans  la  mesure  du 
pûMible,  la  trop  grande  mobilité  du  scrotum  sans  le  fixer  exactement.  On  a 
proposé,  dans  ce  but,  Temploi  d'un  caleçon  à  bretelles  confectionné  de  ma- 
>i^  à  bien  s'adapter  au  périnée  et  qui  aurait  une  espbce  dé  poché  d'un  côté 
^  de  l'antre  pour  recevoir  les  testicules  et  même  la  \er^e,  les  relever  un  peu 
^  ttt  maintenir  sans  les  serrer.  Ce  vêlement  paraîtrait  avoir  tous  les  avantages 
^'i mpetasoir  tins  en  avoir  tous  les  inconvénients  que  nous  avons  notés  plus 
^t.  Ifôlis  pensons  qu'il  serait  suffisant  de  porter  un  pantalon  bien  fait  et 
te^Bsté,  s'adaptant  exactement  atik  régloâd  publeniie  et  pèrlttéale. 

{La  suite  prochamev/mt.) 

é  II     > ^M    ■     ■ 

la  Faculté  de  Strasbourg.  —  C^est  du  fond  du  ctjftur  que  lions  nous  atoo- 
chità  la  pensée  exprimée  dans  les  termes  suivants,  pai*  M^  Dechambre,  dans 
^OrnaUê  hêhdomadaire : 

t  Otke  TÂlsace  ne  noas  doit  pas  arrachée  Bhns  que  la  pressé  médicale  ellvoie 
»  Boins  une  triste  parole  d'adieu  à  nos  saVahts  et  patriotes  cônfrbres  de  cette 
Mrtie  de  la  France,  et  surtout  ik  la  Faculté  de  Strasbourg  !  Cette  faculté  avait 
Nr  luItsIOB  spéciale  d'opérer  la  fusion  entre  le  génie  de  la  science  allemande 
ttedni  de  la  science  française,  et  d'établir  un  doublé  courant  de  t)rogri»  pa- 
^le  entre  les  deux  grandes  nations.  Elle  y  réussissait  à  merveille.  Quel- 
fMi-UM  de  ses  professeurs  sont  la  personnification  vivante  de  cette  alliance 
'fcb  médetlne  physiologique  et  de  la  médecine  clinique,  dont  nous  cherchons 
^teeejonrnal  à  servir  la  cause. 

*  Ponrquoi  ne  nommerions-nous  pas  ceux  qui  nous  sont  le  plas  connus  : 
t*  Séhatzemberger  (qui  a  fbit  du  point  de  vue  que  nous  lAdiquoni  le  lujet 
^  son  enseignement  et  de  ses  écrits],  MM.  Coze,  G.  Tourdes,  Fée,  Stoèbér, 
^te,  Heoht,  HirtXj  etc.?  Et  en  chirurgie,  n*est-il  pas  dur  de  voir  se  détacher 
^  notre  couronne  des  noms  comme  ceux  de  Sédillot^  de  Rigaud^  de  Bach  ? 


—  192  — 

Que  tous  ces  honorés,  ces  aimés  confrëres  et  leurs  dignes  émules  de- la  FacuLlt 
sachent  du  moins  que  cette  séparation  ne  s'opérera  pas  sans  qu'un  déchire- 
ment soit  senti  à  Paris,  à  Montpellier  et  dans  lout  le  corps  médical  !  Qui  Bsd> 
d'ailleurs  si  plusieurs  d'entre  eux,  maîtres  après  tout  de  leur  personne^  ne 
refuseront  pas  d'abandonner  la  patrie  française  ?  Ce  seraient  là,  en  un  sens,  d0 
nobles  victimes  de  la  guerre,  d'illustres  orphelins  ;  que  ne  devrait-on  pa» 
faire  ici  pour  leur  venir  en  aide  ?  » 

M.  le  comte  Jaubert  a  écrit  la  lettre  suivante  à  M.  le  président  de  VAcadé- 
mie  impériale  des  Curieux  de  la  nature^  en  session  à  Dresde  : 

«  Bordeaux,  20  février  1871. 

c  Monsieur  le  président, 

c  Je  me  suis  senti  grandement  honoré  lorsqu'on  1858  j'ai  reçu  le  diplôme  de 
membre  de  votre  célèbre  Académie^  sous  le  cognomen  de  Gundelsheimer,  compi- 
gnon  de  Tourneforten  Orient.allosion  obligeante  à  mes  travaux  comme  botaniste 
voyageur  dans  ces  contrées.  La-  guerre  actuelle  entre  nos  deux  nations  a  prii 
un  tel  caractère,  qu'un  Français  ne  peut  plus,  sans  compromettre  sa  propre 
dignité,  entretenir  de  relations,  même  scientifiques,  de  l'autre  côté  du  RUÉ. 
En  conséquence,  je  vous  prie  de  vouloir  bien  retrancher  mon  nom  de  la  llale 
des  membres  de  votre  Académie. 

a  Agréez  personnellement,  monsieur  le  président,  l'assurance  de  ma  ooofll- 
dération  très-distinguée. 

a  Comte  Jaubert, 

c  Membre  de  l'Institut,  député  da  €3ier 

k  l'Assemblée  nationale.  > 

Une  lettre  dans  le  même  sens  a  été  adressée  par  M.  le  comte  Jaubert  à  la 
Société  royale  de  botanique  à  Ratisbonne. 


ï 


Nécrologie.  —  Nous  avons  appris  la  mort  de  M.  le  docteur  Blain,  médednlÉ 
Thôpital  de  Vincenues,  qui  a  succombé  aux  suites  d'une  piqûre  anatomiqoe  vm 
doigt  qu'il  s'était  faite  .en  donnant  des  soins  à  un  blessé  allemand.  Ses  obië- 
ques  ont  eu  lieu  le  6  février,  et  les  derniers  adieux  lui  ont  été  adressés  pac 
M.  Mire,  médecin  aide-major  au  même  hôpital. 

Nous  avons  aussi  le  regret  d'annoncer  la  mort  de  M.  le  docteur  Hardml 
deCharenton),  décédé  le  2  mars,  à  Paris,  où  l'investissement  l'avait  contraini 
e  se  réfugier.  Il  a  succombé  à  une  brunchile  chronique  dont  les  fatigues  «fi 
les  tristesses  du  siège  ont  précipité  la  terminaison  funeste. 

Nous  apprenons  encore  la  mort  bien  regrettable  de  notre  honoré  confîrèrfl 
parisien  M.  Destouches,  qui  a  succombé,  nous  assure-t-on,  aux  fatigues  d'os 
service  médical  qu'il  avait  volontairement  accepté  dans  l'armée  de  la  Loire. 

M.  te  docteur  Déguise  père,  ancien  chirurgien  en  chef  de  la  maison  d'ali^ 
nés  de  Charenton,  serait  également  une  victime  indirecte  de  la  guerre  :  rétif* 
dans  sa  maiijon  de  campagne,  à  Châteauneuf,  il  aurait  succombé  par  suite  des 
mauvais  traitements  que  les  Prussiens  lui  auraient  infligés. 

Enfin,  à  la  liste  des  victimes  médicales  de  cette  guerre,  ajoutons  le  nom  d 
M.  le  docteur  M illiot,  médecin-major  de  première  classe  au  premier  régimetf 
de  tirailleurs  algériens.  Pendant  la  bataille  de  Frœschwiller  (6  aoftt  1870^ 
ce  dévoué  confrère,  après  avoir  épuisé  son  approvisionnement  de  linge  i  paiv 
sèment,  se  rendit,  au  milieu  d'une  grêle  de  projectiles  de  tout  calibre,  Jusoi^ 
l'ambulance  du  quartier  général,située  dans  le  château  du  comte  de  'Tnrckeiaa 
c'est  quelques  instants  après,  au  sortir  de  cette  ambulance,  et  alors  qu'il  njofl 
gnait  les  blessés  de  son  régiment  couchés  sur  le  champ  de  bataille,  que  M.  M 
docteur  Milliot  reçut  un  éclat  d'obus  qui  détermina  une  plaie  pénétrante  0 
l'abdomen  avec  hernie  épiploïque,  dont  la  mort  fut  le  lendemain  la  triste 
séquence. 

Pour  les  articles  non  signés  :  F.  BRICHETEAU. 


—  193  — 


THÉRAPEUTIQUE  MÉDICALE 


Bm  reaipolMOBiieiiieBf  par  la  «(ryehnine  ;  do«e«  de«  préparation* 
mm  nalx  ToniKiae  soseeptlble*  de  le  produire  9  ci  moyen*  do 
tTSUenenf  proposés  (1)  ; 

Par  le  docteur  Dblioitz  db  Sayigrac. 

Anglada  avait  proposé  entre  le  contre-poison  et  Yantidote  une 
distinction  qui  mériterait  d'être  admise  dans  le  langage  scientifique. 
Le  contre-poison  est  Tagent  qui  décompose^  neutralise  chimi- 
quement une  substance  toxique,  en  la  transformant  en  une  autre 
non  nuisible  ou  moins  dangereuse.  L'antidote  est  un  modificateur 
physiologique,  antagoniste  du  poison^  ou  développant  dans  Torga- 
nisne  des  phénomènes  à  la  faveur  desquels  s'atténuent  ou  s'éva- 
nouissent, et  les  symptômes^  et  les  dangers  de  l'intoxication. 

Anglada  avait  aussi  engagé  à  distinguer  V empoisonnement,  action 
fempoisonner^  de  ^intoxication^  effet  du  poison. 

Nous  venons  de  voir  que  la  science  n'oppose,  quant  à  présent^ 
anx  alcaloïdes  de  la  noix  vomique  que  deux  contre -poisons  ou 
neutralisants  chimiques  bien  avérés,  et  encore  d'une  efficacité  rela- 
tive :  le  tannin  et  l'iode.  Voyons  maintenant  si  nous  pouvons 
iDettre  plus  dé  confiance  dans  le  traitement  antidolique^  ou,  en 
iUntres  termes  y  s'il  existe  des  modificateurs  physiologiques  suscep- 
tibles d'entraver,  de  rompre  le  strychnisme,  de  le  combattre  avec 
plus  ou  moins  de  succès. 

8*  La  substance  sur  laquelle  on  a  cru  un  moment  pouvoir  fonder 
kphifl  d'espoir  comme  antagoniste  de  la  strychnine,  c*est  le  curare. 
K,  Harley  [Archives  générales  de  médecine ^  décembre  i856), 
M.  Vella  {Académie  des  sciences,  3  septembre  1860)  opinent  en  fa- 
veur de  cet  antagonisme;  M.  Vulpian  (Union  médicale,  i5  jan- 
^  1857)  et  M.  Pélikan  {Comptes  rendus  de  r Académie  des 
ttimeei,  1857^  t.  XLIV,  p.  507)  sont  d'un  avis  contraire;  et 
HM.  Hartin-Magron  et  Buisson  ont  déduit  de  leurs  expériences 
ftli  existe  une  parfaite  similitude  d'action  entre  les  deux  poisons 
y^muU  de  physiologie  de  Brown-Séquard^  1859  et  1860,  et 
fitttete  médicale  de  />am/ 1859,  p.  103).  Pour  le  médecin  d'ail- 

(i)  Suite  et  Dn.  Voir  les  livraisons  des  30  janvier  et  28  février  1871. 

TONI  I.XXX.  5*  LIVR.  V^ 


■--  194  -^ 

leurs  il  n'y  a  vraiment  pas  là  une  question  pratique;  il  est  eilré- 
mement  difficile  de  se  procurer  du  curare,  et  il  Test  encore  plus 
de  le  manier  avec  sécurité  chez  Tbomme.  Songeons  donc  à  des 
moyens  d'une  efficacité  moins  discutée  et  surtout  moins  dan< 
gereuse. 

9<>  On  a  beaucoup  cherché  à  combattre  par  les  stupéfiants  et  les 
narcotiques  les  effets  de  la  noix  vomique.  S'il  faut  s'en  rapportei 
aux  expériences  sur  les  chiens  de  M.  Rofoldo-Rofoldi,  la  morphine^ 
Tatropide,  Is^  jusquiame,  Taconit  auraient  triomphé  des  symptàmei 
d'intoxication  strychnique  provoqués  chez  ces  animaux  [Gù%n  m^, 
lombarda  et  Gazette  hebdomadaire ^  juin  i855;  BulL  gén.  d 
Thérap.y  1855,  t.  XLIX,  p.  41).  Mais  d'autres  expérimentatenn 
ont  obtenu  des  résultats  moins  satisfaisants. 

Uopiurriy  utile  dans  le  tétanos,  qui  a  tant  d'analogie  avec  \\ 
strychnisme,  a  souvent  en  conséquence  été  essayé  dans  ce  deroiei 
cas.  Mais  les  opinions  diffèrent  sur  son  degré  d'efficacité.  On  a  va- 
rié les  préparations  opiacées,  on  a  expérimenté  particulièremeni 
la  morphine.  M.  Gallard  dit  n'avoir  jamais  trouvé  sur  les  animaiu 
la  morphine  capable  de  neutraliser  en  aucune  façon  l'action 
toxique  de  la  strychnine.  Mais  n'en  peut-il  pas  être  autrement  siii 
l'homme?  Ainsi,  par  exemple,  un  cas  récent  a  été  rapporté  pi^rk 
docteur  Pusey,  de  Livcrpool,  où  la  morphine,  en  injection  hypo- 
dermique, a  triomphé  rapidement  d'un  empoisonnement  strychpîqn* 
[Médical  Times  et  BulL  gén.  de  Thérap.,  1868,  t.  LXXV).  Je  k 
répète,  Tefficacilé,  non  constante  assurément,  mais  parfois  constata 
des  opiacés  contre  le  tétanos  justifie  TinductiQn  en  faveur  de  kcs 
application  au  traitement  des  effets  de  la  noix  vomique.  Il  me  sembl 
donc  que  ce  sont  des  moyens  à  essayer  de  nouveau,  ne  fût-ce  qu'^ 
l'absence  ou  dans  Tinsuflisance  d'autres  moyens. 

10°  L'essai  de  V atropine^  par  la  méthode  des  injections  hypcs 
dermiques^  dans  le  traitement  du  tétanos^  a  porté  M.  Gallani 
l'essayer  de  même  sur  un  chien  empoisonné  par  la  strychnine^ 
n'y  a  eu  qu'insuccès  absolu  dans  les  deux  cas. 

11°  Plusieurs  médecins  anglais  ont  recommandé  le  tabac  ;  t^ 
sont  M.  Haughton^  de  Dublin,  qui  a  cité  un  cas  [Dublin  QuarteiT^ 
Journ.  ofMedic.  Science,  août  1862,  et  Mémoire  de  Gallard,  p,  9^ 
dans  lequel  une  pinte  d'infusion  d'une  once  de  tabac  aurait  gi)^ 
un  jeune  garçon  qui  avait  pris  une  dose  de  strychnine  évaluée 
4  grains;  M.  O'Reilly  [Med.  Times  and  Gaz.,  1866),  et  M.  Ck^e 
vers  {The  Indian  Annales  of  Med,  Science,  1866^  et  Gazette  kebdà' 


—  195  — 

maiairêy  1866^  p.  828),  rapportant  l'un  et  l'autre  un  cas  de  gaé- 
risôn  par  une  dose  moindre  de  tabac.  Dans  tous  les  cas^  ce  remède 
détermina  d'abondants  vomissements.  La  propriété  réellement  an- 
tîdotique  du  tabac  reste  donc  en  question,  malgré  les  raisonnements 
théoriques  de  M.  Chevers  (voy.  loc.  cit.)  ;  et,  dans  le  doute,  on 
devra  hésiter  à  recourir  à  une  plante  qui,  surtout  à  la  dose  indi- 
quée par  M.  Haughton,  étant  éminemment  toxique^  peut  com- 
pliquer l'a  situatioji  au  lieu  de  l'améliorer.  C'est  avec  la  même 
réserve,  en  tout  cas  d'intoxication^  que  doit  être  accueilli  dans  la 
pratique  tout  antidote  prétendu  qui,  n'ayant  pas  fait  suffisamment 
ses  preuves  d'efficacité,  est  susceptible  en  revanche  d'aggraver  l'in- 
toxication. La  première  condition  du  contre-poison  chimique  est  de 
ne  pas  nuire  ;  c'est  la  première  aussi  pour  Tantidote  physiologique. 
d^  Ces  objections^  applicables  au  curare,  à  l'atropine,  au  ta- 
bac et  à  la  nicotine,  le  sont  également  à  la  ciguë  et  à  la  coniciney 
préconisées  par  quelques  médecins  anglais.  Les  expériences  de 
M.  Gallard  sur  les  animaux  constatent  la  complète  inefficacité  de  ce 
dernier  alcaloïde. 

i3*  MM.  Wookes  et  Hanson  ont  recommandé  Vaconit  comme 
antagoniste  de  la  strychnine;  ils  ont  employé  à  cet  effet  la  teinture 
dcoolique  d'aeonit.  M.  Gallard  a  expérimenté  sur  les  animaux 
Ptconitine  en  injections  hypodermiques  ;  elle  a  diminué  les  symp- 
^mes  de  l'intoxication,  retardé  la  mort;  il  n'y  a  pas  eu  de  succès 
positif,  mais  néanmoins  ces  tentatives  autoriseraient  quelques  espé- 
niDees.  En  outre,  MM.  Liégeois  et  Hotlot,  dans  leurs  observations 
ttur  Taconitine,  lui  ont  trouvé  des  propriétés  physiologiques  com- 
plètement opposées  à  celles  de  la  strychnine  {Action  de  Vaconitine 
<M*  f économie  animale,  Journal  de  phtsiologie  de  l'homme  et 
^  ANIMAUX,  janvier  1865^).  il  est  donc  à  désirer  que  Ton  étudie, 
difei  rhomme,  Tinfluence  des  préparations  d'aconit,  tant  dans  le 
Wtement  du  tétanos  que  dans  celui  de  l'empoisonnement  par  la 
strychnine. 

14*  Voici  maintenant  le  cannabis  indica  qui  nous  est  signalé 
ptr  M.  Stacy  Hemenway  comme  un  nouvel  antidote  de  la  strych-> 
Bine.  Un  malade  ayant  pris  une  forte  dose  de  strychnine,  et  vivant 
encore  douze  heures  après  l'accideqt  (ce  qui  nous  paraît  bien  sin- 
(ulier),  est  soumis  à  des  doses  répétées  (mal  spécifiées  et  ayant 
Pair  de  s'être  élevées  aux  environs  de  3  grammes)  d'extrait  alcoo- 
lique de  eawnabis  indica  en  pilules,  et  guérit  en  quelques  heures. 
Noos  ne  pouvons  que  relater  ce  fait,  il  en  faudrait  d'autres  plus 


—  i9«  — 

explicitement  exposés  pour  conclure  [Gazette  hebdomadaire^  iSffl 

p.  767,  extrait  du  Pacific.  Medic,  and  Surg,  Journal^  août  1867] 

15°  L'antidote  le  plus  récemment  proposé  et  qui  paraît  mérite 

une  attention  particulière  est  la  fève  de  Calabar.  D'après  le  pn 

fesseur  Ëben  Watson,  de  Glascow,  cette  substance  serait  Tantagi 

niste  physiologique  de  la  strychnine^  par  suite  de  la  faculté  que  I 

première  possède  de  diminuer   le  pouvoir  excito-moteur  de  I 

moelle,  tandis  que  la  seconde  Texalte.  Dans  des  expériences  sur  àk 

chiens  et  des  lapins,  cet  antagonisme  s'est  en  eiïet  assez  bien  nu 

nifesté;  mais  il  n'en  ressort  pas  moins  qu'il  est  encore  délicat  i 

difficile  d'en  faire  l'application  à  l'homme  ;  car,  d'une  part,  Tactio 

de  la  strychnine  est  plus  prompte  que  celle  de  la  fève  du  Galabai 

et  pour  triompher  de  l'action  de  la  strychnine  et  Tarrèter  à  temp 

il  parait  nécessaire  de  lui  opposer  la  fève  du  Calabar  par  la  méthoc 

des  injections  hypodermiques  ;  d'autre  part,  la  fève  du  Calabar  e 

aussi  un  poison,  et  le  secret,  qu'il  importerait  de  dévoiler  au  pic 

tôt,  est  de  n'en  donner  que  la  quantité  nécessaire  pour  vaincre  I 

strychnisme,  et  non  pour  causer  une  autre  espèce  d'intoxication, 

y  a  donc  de  nouvelles  études  à  faire  pour  préciser  la  valeur  de  la  fèi 

du  Calabar  comme  antidote  et  les  proportions  dans  lesquelles  on 

pourrait  compter  avec  toute  sécurité.  Déjà  quelques  faits  autheii 

tiques  de  guérison  du  tétanos  traumatique  par  la  fève  du  Galabfl 

autorisent  à  croire  à  la  possibilité  ^d'un  succès  pareil  contre  I 

strychnisme,  sorte  de  tétanos  artiticiel  ;  et  une  fois  même  ce  sucd 

a  été  obtenu  par  M.  Keyworth,  qui  a  pu  rappeler  à  la  vie,  par  1 

teinture   de  fève  du  Calabar,  une  femme  empoisonnée  par  nn 

poudre  très-répandue  en  Angleterre  pour  la  destruction  des  ani 

maux  nuisibles,  Batlte's  vermin  Killer,  laquelle  contient  de  I 

strychnine   (Mémoire  sur   l'action  physiologique  de  la  fève  d 

Calcbaretsur  son  antagonisme  avec  le  tétanos  et  le  strycànisnu 

par  le  docteur  Ëben  Watson ,  ëdinburgh  medic.   Journ.,  18OT 

trad.  Fonssagrives,  in  Gazette  hebdomadaire,  1867.  —  Cas  d^em 

poisonnement  par  la  strychnine  traité  avec  succès  au  moyen  à 

la  fève  du  Calabar,  Bull.  gén.  de  Thérap.,  1869,  t.  LXXV] 

p.  278. —  Deux  cas  de  tétanos  traumatique  traités  avec  succès  pa 

la  fève  de  Calabar,  ibid.,  1867,  t.  LXXII,  p.  272). 

Si  jusqu'à  présent,  en  définitive,  les  stupéfiants  et  les  narco^ 
tiques  n'ont  pas  fourni  de  résultats  bien  concluants  en  leur  faveui 
voyons  si  Ton  peut  être  plus  heureux  en  recourant  aux  anesthd 
siques  et  aux  antispasmodiques.  Trois  substances  de  cet  ordre  oc 


—  197  — 

ea  et  ont  encore  leurs  partisans  :  le  camphre,  le  chloroforme  et 
Tëther. 

i&*  Quelques  médecins  anglais  et  américains  ont  vanté  le 
camphre,  entre  autres  M.  Prilchard  {Gazette  des  hôpitaux ^  1857), 
M.  Rochester  {Bull,  gén.  de  Thérap.,  1857).  M.  Arnelt  signale  le 
camphre  comme  lui  ayant  servi  à  conjurer  un  empoisonnement 
strychnîque  chez  un  nègre  (Gazette  des  hôpitaux ^  iS^S).  Depuis 
cette  guérison,  il  dit  avoir  eu  occasion  de  renouveler  Temploi  du 
camphre  pour  combattre  l'action  délétère  de  la  strychnine,  avec  les 
mêmes  avantages  que  la  première  fois.  En  outre^  toutes  les  fois 
qyie  la  strychnine,  donnée  comme  médicament^  produit  des  effets 
ph-ysiologiques  dépassant  la  limite  à  laquelle  il  veut  s'arrêter^ 
M.  Arnett  administre  le  camphre  pour  dissiper  les  accidents.  Il 
pi^oportionne  la  dose  à  la  quantité  de  strychnine  ingérée  et  à  la 
▼iolence  des  symptômes  d'intoxication.  Les  partisans  du  camphre 
le  donnent,  tantôt  en  nature,  tantôt  en  dissolution  dans  l'alcool; 
ttiais  on  remarque  aussi  que,  en  même  temps,  ils  font  vomir  ou 
▼ident  l'estomac  par  la  pompe  stomacale.  Partageant  l'avis  de 
M.  Gallard,  je  n'aurais  pas  une  grande  confiance  dans  ce  médi- 
cament. 

17*  Les  inhalations  de  chloroformey  déjà  appliquées  avec  succès 
*u  traitement  de  diverses  affections  convulsives  :  éclampsie,  téta- 
'^os,  convulsions  de  l'enfance,  etc.,  pouvaient  par  suite  inspirer 
Quelque  confiance  dans  le  traitement  de  l'empoisonnement  strych- 
nîque. Le  fait  suivant,  emprunté  au  Boston  Médical  Journal  par 
*'Oiibn  médicale  du  35  novembre  4852,  est  très- favorable  à  l'em- 
ploi de  ce  moyen.  Un  homme  de  quarante  ans  avala  par  erreur  une 
gorgée  d'une  potion  qu'il  croyait  contenir  de  la  morphine  et  qui 
^ntenait  de  la  strychnine  ;  la  quantité  ingérée  de  celle-ci  fut  envi- 
*t>n  de  1  ou  2  grains.  Vingt  minutes  après,  M.  Matinson  trouva 
"C-sujeten  proie  aux  symptômes  caractéristiques  d'un  empoisonne- 
raient très-grave,  contre  lequel  divers  moyens  avaient  été  employés 
^ns  résultat.  M.  Maunson  songea  alors  au  chloroforme.  4* grammes 
^  ce  liquide  furent  versés  sur  un  mouchoir  de  soie  et  on  l'appro- 
cha de  la  bouche  du  malade.  L'effet  en  fut  décisif:  le  malade^  qui 
^tait  assis  et  dans  l'impossibilité  de  se  déplacer,  sous  peine  d'être 
plis  des  convulsions  les  plus  effrayantes,  demanda  à  être  couché, 
^qui  fut  fait  sans  exciter  le  moindre  spasme.  Le  chloroforme  fut 
continué  pendant  quelques  heures,  le  malade  tenant  lui-même  le 
^vtOQchoîr  la  plupart  du  temps  pour  prévenir  les  spasmes  affreux. 


—  1©8  — 

auxquels  il  avait  ëté  en  proie.  La  guérison  fut  très-rapide  ;  deux 
jours  après  ce  malade  avait  repris  ses  habitudes.  Les  inhalations 
de  chloroforme  ont  encore  ëté  employées  avec  succès  par  M.  Jervit, 
de  Boston,  et  par  M.  Dresbach^  de  TOhio  [Mém.  de  Gallard).  Le 
docteur  Part  a  relevé  cinq  cas  de  guérison  par  le  chloroforme,  quatre 
fois  en  inhalations,  une  fois  à  l'intérieur  (iitV/.).  Enfin  un  autre  cas 
tout  récent  de  guérison  par  les  inhalations  de  chloroforme  a  été 
publié  par  la  Gazette  médicale  de  Turin,  et  reproduit  en  extrait 
par  Y  Union  médicale^  1870,  et  le  Bulletin  de  Thérapeutique  du 
30  novembre  i870.  Il  y  aurait  donc  lieu,  à  mon  avis,  de  recourir 
à  ce  moyen,  tout  en  employant  en  même  tcmps^  parmi  les  anti- 
dotes qui  viennent  d'être  passés  en  revue,  l'un  de  ceux  qui  paraî- 
traient pouvoir  être  le  plus  efficaces.  Dans  le  dernier  cas,  on  a  ad- 
ministré simultanément  la  teinture  d^aconit  à  Pintérieur. 

18^  Véther  agirait  probablement  dans  le  même  sens  que  le 
chloroforme.  C'est  Tagent  auquel  j'ai  eu  recours  lorsque^  dans  les 
traitements  par  les  préparations  de  noix  vomiqué,  j'ai  vu  leurs 
effets  dépasser  les  limites  physiologiques  désirables  et  revêtir  un 
caractère  de  strychnisme  plus  ou  moins  inquiétant.  J'ai  administré 
alors  Téther  à  l'intérieur,  en  potion^  depuis  4  et  8  grammes  jus- 
qu'à 15,  selon  Tintensité  des  accidents,  et  j'ai  toujours  vu  ceux-ci 
disparaître  assez  rapidement.  Je  pense  donc  que  l'éther^  dont  il 
a  été  peu  parlé  à  ce  sujet,  serait  appelé,  sinon  seul,  du  moins 
concurremment  avec  d'autres  moyens,  à  rendre  de  bons  services 
dans  l'empoisonnement  par  la  strychnine. 

En  résumé^  on  voit  que  la  strychnine  est  un  poison  d'autant 
plus  redoutable  que  nous  ne  sommes  assurés  d'en  conjurer  les 
effets  par  aucun  des  contre-poisons  ou  des  antidotes  proposés  jus- 
qu'ici. Raison  de  plus  pour  s'empresser  d'en  débarrasser  l'estomac 
au  plus  vite;  si  l'on  arrive  à  temps^  l'administration  d'un  vomi- 
tif est  la  première  indication  à  remplir.  Si  le  vomissement  ne  pou- 
vait être  obtenu,  il  ne  resterait  de  ressource  qu'en  vidant  l'estomac 
à  l'aide  de  la  pompe  stomacale.  Nous  avons^  dit  M.  Part  (The  Lan- 
cet  y  6  avril  186i,  e{  Mémoire  de  Gallard),  dans  l'acte  du  vomisse- 
ment le  véritable  et  réel  antidote  de  Tempoisonnement  par  la 
strychnine,  et  c'est  en  maintenant  l'économie  dans  l'état  dans  le- 
quel la  place  l'acte  de  vomissement  que  nous  pouvons  raisonnable- 
ment espérer  de  combattre  les  effets  morbides  du  poison.  Sur  dix- 
huit  cas  de  guérisons  authentiques  d'individus  empoisonnés  pa: 
la  strychnine,  relevés  par  M.  Part^  dans  trois  cas  les  vomitifs  o» 


—  199  — 

été  administrés  seuls,  et  dans  six  autres  ils -ont  été  employés  con- 
curremment avec  d'autres  moyens. 

Toutefois,  si  Ton  a  sous  la  main  Tun  des  contre-poisons  chi- 
miques que  nous  avons  considérés  comme  les  meilleurs,  tannin^ 
iode,  noir  animal,  on  l'emploiera;  mais  comme  Ton  sait  que  le 
pirdcipité  formé  ne  tardera  pas  à  abandonner  une  partie  de  la  strych- 
ni  ne  pour  la  livrer  à  l'absorption,  on  administrera  aussitôt  après 
uzi  vomitif.  Le  choix  du  vomitif  n'est  pas  indifférent.  Nous  devons 
à   IM.  Gallard,  expérimentant  de  concert  avec  M.  Mayet,  les  excel- 
lentes observations  qui  suivent  :  le  sulfate  de  zinc  et  le  sulfate  de 
cuivre  redissolvent  sensiblement  le  précipité;  le  tartre  stibié  le  dis- 
sout moins  ^  celui-ci   serait  donc   préférable.  L^'ipécacuanha,   qui 
li'agit  aucunement  sur  le  précipité,  serait  meilleur  encore,  selon 
M.  Gallard,  et  c'est  lui  qu'il  recommande.  Mais  qu'il  me  soit  per- 
mis d'ajouter  que  l'action  vomitive  de  l'ipécacuanha  est  généra- 
lement trop  lente  pour  un  cas  où  il  faut  obtenir  prompteraent  Teffet 
désiré.  Il  résulte  de  mes  observations  cliniques  que  le  vomitif  le 
plus  prompt  et  le  plus  certain  est  le  mélange  de  tartre  stibié,  10  à 
^  ^  centigrammes,  et  de  poudre  d'ipécaçuanha,   J  à  2  grammes, 
dans  de  l'eau  tiède  et  non  sucrée;  c'est  celui  que  je  recommande, 
'  ^  est  celui  dont  je  me  suis  servi  avec  avantage  dans  des  cas  d'em- 
poisonnements divers. 

Je  crois  que  le  tartre  stibié  jouit  d'une  autre  propriété  dont  peut 
"énéficieM'individu  empoi?onné  par  la  strychnine;  à  petite  dose, 
®t  c'est  précisément  la  do<ïe  vomitive,  il  excite  le  pouvoir  excito- 
^oteur  de  la  moelle  épinière,  mais  autrement  que  la  strychnine  ; 
^^r,  tandis  qu'il  résulte  de  l'action  de  celle-ci  une  rigidité  coiitrac- 
^Urale  et  permanente  des  organes  innervés  par  la  moelle,  le  tartre 
•tîbié  sollicite  des  contractions  alternantes,  d'un  rhylhme  plus  phy- 
siologique pour  ainsi  dire,  qui  peuvent  se  substituer  dans  les  puis- 
•îinces  respiratoires  à  l'état  tétanique,  et  par  suite  modifier   les 
^uses  d'asphyxie  et  ranimer  l'hématose.  En  outre,  l'acte  du  vomis- 
semienl,  en  rompant,  au  moins  momentanément,  le  spasme  lixe  dé- 
^cjTniné  par  la  strychnine,  produit  dans  l'état  du  sujet  un  ébran- 
lement favorable.  Le  tabac,  dans  les  cas  où  il  aurait  guéri,  senible 
ftifbir  agi  autant,  sinon  plus,  par  ses  propriétés  émétiques  que  par 
*C8  propriétés  stupéfiantes.  Sous  ce  rapport  les  émétiques,  et  à  leur 
*«e  le  tartre  stibié,  doivent  entrer  en  ligne  avec  les  antagonistes 
physiologiques  de  la  strychnine,  et  être  comptés,  dansTintoxicalion 
par  cet  alcaloïde,  autant  comme  des  modificateurs  du  système  ner- 


—  200  — 

▼eux  que  comme  des  ëvacuants.  A  eux  donc^  à  tous  les  titres,  le 
premier  pas  dans  Tempoisonnement  par  la  strychnine,  avec  l'em- 
ploi simultané  d'un  contre-poison  chimique  s'il  est  possible;  à 
d'autres  antagonistes  ensuite,  judicieusement  choisis  et  prudem- 
ment appliqués,  d'achever  l'œuvre  de  salut,  lorsque  les  premiers 
n'y  auront  pas  suffi. 


fVouToaa  niodA  de  frallemenf  de  la  pbtblnfe  tiibercalea«e, 
aa  moyeu  de  Tbaile  de  ffole  de  morne  «aponlOée  par  la  ehaax  % 

Par  M.  le  docteur  yar  dbn  Corput, 
prorcsseur  de  clinique  médicale  à  l'hôpital  Saint-Jean  de  Bruxelles •  etc. 

Quelle  que  soit  la  théorie  que  l'on  adopte  quant  à  la  genèse  et 
au  développement  de  la  tuberculisation  pulmonaire,  il  est  un  point 
sur  lequel  tous  les  praticiens  sont  d'accord,  c'est  le  peu  de  succès 
des  différents  moyens  recommandés  pour  combattre  cette  cruelle 
maladie  et  le  résultat  trop  souvent  funeste  de  son  évolution. 

Parmi  les  innombrables  substances  auquelles  la  thérapeutique  a 
eu  recours  jusqu^à  présent  pour  tenter  d'enrayer  la  marche  fatale 
de  cette  afieclion,  Thuile  de  foie  de  morue  produit,  comme  Ta  dit 
Walshe,  a  une  amélioration  plus  réelle  et  plus  prompte  que  n'im- 
porte quel  autre  médicament.  »  (Traité  clinique  des  maladies  de 
potirine,  trad.  par  le  docteur  Fonssagrives,  p.  596.) 

Mais  s'il  n'est  guère  de  praticien  qui  n'ait  pu  apprécier  les  bons 
effets  de  cet  agent  dans  certains  cas  de  phthisie  pulmonaire,  il  n'en 
est  pas  non  plus  qui  n'ait  éprouvé  le  regret  de  devoir  s'abstenir 
de  son  emploi  chez  bien  des  malades,  qu'une  répulsion  invincible 
oblige  de  renoncer  aux  bénéfices  de  ce  puissant  modificateur,  on 
dont  Tappareil  digestif  se  montre  réfractaire  à  son  absorption. 

Le  docteur  Williams ,  de  Londres,  estime  à  5  pour  100  le 
nombre  des  phthisiques  chez  lesquels  on  est  obligé  de  renoncer  à 
l'huile  de  morue. 

Si  Ton  y  ajoute  ceux  chez  qui  l'on  est  forcé  d^en  suspendre  l'a* 
sage  avant  qu'elle  ait  eu  le  temps  de  produire  quelque  efiet  favo- 
rable, cette  proportion  sera  certes  beaucoup  plus  élevée. 

L'ne  infinité  de  moyens  ont  été  proposés  dans  le  but  d'obvier 
aux  inconvénients  qui  résultent  de  la  saveur  repoussante  et  de  l'as- 
similation très-souvent  difficile  de  cette  huile.  Différents  correc- 
tifs, des  adjuvants  variés  lui  ont  été  associés,  sans  que  les  condi- 
tions cherchées  aient,  jusqu'à  ce  jour,  pu  être  obtenues. 


—  201  — 

Le  sirop  de  Vanier,  tant  vanté  par  un  grand  nombre  de  méde- 
cins^ a  le  défaut  de  ne  contenir  qu'une  quantité  d'huile  de  morue 
à  peu  près  illusoire. 

Quant  aux  succédanés  de  cette  dernière ,  aucun  n^approche  de 
la  composition  très-complexe  ni ,  partant ,  des  propriétés  du 
remède. 

Aussi  est-ce  en  vain  que  Trousseau  avait  imaginé  de  lui  substi- 
tuer remploi  du  beurre  salé  à  Tiodure  de  potassium  ;  Tabsence , 
dans  ce  composé,  de  la  gaduine  et  des  autres  éléments  actifs  de 
rhuile  de  foie,  de  morue ,  fit  [oublier  bientôt  cette  contrefaçon  im- 
parfaite. 

Jusqu'à  présent^  le  procédé  le  plus  simple  et  le  moins  défec- 
tueux pour  faire  ingérer  cette  substance,  consiste  dans  l'emploi  de 
capsules  de  gélatine.  Mais  le  moindre  des  inconvénients  de  ce  mode 
d'ingestion  est  d'occasionner  souvent  un  sentiment  de  -pesanteur  à 
l'estomac,  qui  s'accompagne  d'éructations  pénibles,  rapportant^ 
jusque  dans  la  bouche^  la  saveur  désagréable  et  nauséeuse  de  l'huile 
brute. 
Fréquemment  encore^  celle-ci  amène  un  relâchement  d'entrailles. 
En  somme,  si^  dans  quelques-uns  des  cas  où  Ton  parvient  à 
la  faire  assimiler,  l'huile  de  foie  de  morue  produit  réellement  des 
résultats  remarquables ,  il  n'arrive  que  trop  souvent  que  cette  sub- 
stance ,  en  troublant  les  fonctions  digeslives  et  provoquant  la  py- 
fose,  conduit  à  des  effets  précisément  opposés  à  ceux  que  Ton 
cberehe  à  obtenir. 

D'autre  part^  lorsque  nous  nous  plaçons  au  point  de  vue  ana- 
^omo-pathologique  de  la  tuberculisation  pulmonaire^  les  nécrosco- 
pi^  nous  montrent  que  le  mode  le  plus  fréquent  de  guéri  son  spon- 
^^Q^  de  cette  maladie  est  la  crétification  ou  régression  calcaire 
^  niasses  tuberculeuses. 

Partout,  en  outre,  où  dans  l'organisme  se  concentre  la  chaux^ 
'^  trouvons  également  des  dépôts  de  graisse  (moelle  dans  les  os) 
^  nous  voyons  celle-ci  accompagner  l'induration  calcaire  comme 
^8  l'athérome. 

C'est  guidé  par  ces  considérations  que,'depuis  nombre  d'années^ 
^8  l'espoir  d'imiter  le  processus  heureux  de  la  nature,  j'ai  été 
^ûduit  à  administrer  la  chaux  sous  différentes  formes,  concur- 
'^'"unent  avec  l'huile  de  foie  de  morue,  sinon  comme  médication 
^^tive,  au  moins  comme  palliatif  dans  la  phthisie. 
^  bons  effet  de  cette  base,  qui  entre  pour  une  si  lai^e  ^^èsV 


dans  réyolution  physiologique  de  Tëconomie^  avaient  d^ailleun 
été  depuis  longtemps  reconnus  par  différents  observateurs  Aê 
mérite. 

Vantée  déjà*par  les  anciens  médecins^  la  chaux  fil,  surtout  ven 
le  milieu  du  dix-huitième  siècle  Tobjet  de  nombreuses  recherchei 
thérapeutiques. 

Fick  {De  cake  viva^  Jena>  1725)^  Gartheuser  {De  aquœ  calcù 
Vîvœusu  tntemo^  Francof.  ad.  Od.,  i743),  Detarding  (De  aqua 
calcis  Uîvœ  utu  intemosaluiûr.y  Rostock,  d746),  Schaller  {De  UiU 
caicis  dissert. ^  Ingolstadt^  1767)  et  quelques  autres  proposèrent 
son  usage  pour  diverses  affections,  telles  que  la  goutte,  la  gra* 
velle,  la  diarrhée,  etc. 

Quarin  (Animadversiones)  recommandait  Peau  de  chaux  dans 
la  phtbisie  pulmonaire. 

Burlet  (Mémoires  de  r Académie  de  Paris,  i699)  en  a  fidi 
mention  également  d'une  manière  élogieuse. 

Fourcroy  la  proposa  contre  les  scrofules  et  les  affections  de  poi- 
trine (Bist.  de  la  Soc,  de  méd.  de  Paris,  t.  V,  p.  268). 

Meyeret  OUenroth  {Sobemheim,  ArzeneimitL,  p.  3i5)  ▼aillè- 
rent à  leur  tour  Teau  de  chaux  dans  le  traitement  de  la  phthisic 
pituiteuse. 

Defontenay  a  préconisé  en  1846  Teau  de  chaux  édulcorée  pt^ 
le  sirop  deTolu  contre  la  phlhisie  tuberculeuse  à  marche  chronique 
Beddoes  (Essay  on  Pulmonary  Consumption,  London^  1790^ 
ainsi  que  Herzog  de  Posen  {Grœfe  und  Walther  Joum.g  Ber 
lin,  1831)  ont,  de  leur  côté>  recommandé  le  chlorure  de  calciiUn 
£n  1857,  des  expériences  peu  connues,  quoique  d'un  haut  infts 
rôt  pour  la  thérapeutique^  furent  instituées  dans  Tun  des  hôpitaff 
de  Moscou,  sur  Pemploi  des  os  calcinés  dans  le  traitement  de  1 
phthisie  pulmonaire. 

De  quatre-vingt-dix  femmes  atteintes  de  cavernes  tuberculeuta  : 
et  traitées  par  ce  moyen,  vingt-cinq  quittèrent  Thôpilal  guéries 
ou  tout  au  moins  dans  des  conditions  de  santé  relative. 

C'est  vraisemblablement  le  même  composé  calcaire  qui  joue 
principal  rôle  dans  la  poudre  de  James,  dont  refficacité ,  recoub  ^ 
dans  certains  cas  de  phthisie,  a  maintenu  jusqu'à  nos  jours  la  ju^ 
réputation  ; 

Les  écailles  d'huitres  pulvérisées^  qui  sont,  comme  on  sait^  eor^ 
posées  de  carbonate  calcique^  d'une  petite  quantité  de  phosph^ 
et  d'une  matière  animale,  furent  également  recommandées  enl^ 


—  «03  — 

par  Despiney^  de  Lyon,  dans  le  traitement  de  la  première  période 
de  la  phthisie  pulmonaire. 

lie  docteur  Stone,  de  la  Nouvelle-Orlëans,  employait  le  phosphate 
de  chaux  dans  le  traitement  de  la  scrofule  et  de  la  tuberculisation 
pulmonaire  ,  et  associait  fréquemment  à  ce  sel  l'huile  de  foie  de 
morue» 

Enfin,  dans  ces  dernières  années^  M.  le  docteur  Piorry  appela  de 
nouveau  Tattention  sur  l'utilité  de  la  chaux  pour  favoriser  l'indu- 
rHiion  des  tubercules.  Il  annonça  dans  sa  Médecine  du  bon  sens^  pu- 
l^liëe  vers  la  fin  de  Tannée  1864,  Tintention  de  se  livrer  à  des 
f^Gcherches  dans  ce  but. 

Les  salutaires  effets  produits  chez  quelques  tabescents  par  le 
l^^me  lacté,  tant  recommandé  depuis  Hippocrate  par  la  majorité 
des  praticiens,  ne  pourraient-ils  pas  aussi  se  rattacher  à  la  présence 
dit  phosphate  calcique  qui  existe  dans  ce  liquide  en  même  temps  que 
fe  lieurre? 

Parmi  les  eaux  minérales  qui  ont  été  préconisées  contre  la  tuber- 
culose^ les  sources  calcaires  de  Weissenburg,  dans  TOberland  ber- 
i>oîi,  prises  avec  du  lait  de  chèvre  riche  en  beurre  et  en  phosphate 
de  chaux,  sont  celles  qui  fournissent  les  plus  nombreux  succès. 

JNe  serait-ce  pas  également  grâce  à  la  chaux  qu'elles  contiennent 
^H  forte  proportion^  bien  plutôt  qu'à  leur  principe  sulfuré,  que  les 
B^m-Bonnes  doivent  leur  excellente  réputation  dans  le  traitement 
de  la  phthisie  pulmonaire,  et  qu^elles  étaient  employées,  au  temps 
de  Bordeu,  pour  cicatriser  les  plaies? 

Iles  expériences  dans  la  direction  précédemment  indiquée  por- 
^^v^k  d'abord  sur  Temploi  du  sucrate  de  chaux,  puis  sur  celui  du 
<^l^lorQre  de  calcium. 

Le  premier  de  ces  sels  me  parut  entraîner  une  délitescence  plus 
lapide  des  lubei'cules,  sans  doute  par  suite  de  la  formation  d'acide 
Inique  aux  dépens  du  sucre.  C'est  le  chlorure,  qui,  associé  à  Thuile 
^foiede morue,  me  donna  les  résultais  les  plus  favorables.  La  for- 
mule que  je  prescris  depuis  longtemps  dans  mon  service  d'hôpital 
^  la  suivante  : 

l'ft  '    Pr.  Hoile  de  foie  de  morue 250  grammes. 

i*|  Chlorure  de  calcium 4       — 

Essence  d'amandes  amëres  ou  d'anis.  .  .         fi       -«• 

Hèles. 

A  prendre  deux  à  trois  cuillerées  à  soupe  par  jour,  immédiate- 
[^1     nient  après  les  repas. 


Agiter  fortement^  à  chaque  prise^  le  mélange. 

Quoique  plus  efficace  déjà,  dans  la  plupart  des  cas,  que  Thuile 
simple,  cette  préparation  est  loin  cependant  de  présenter  les  avan- 
tages que  m'a  donnés  le  savon  que  j'ai  nommé  jécoro-calcaire. 

Ce  fut  précisément  pendant  que  je  poursuivais  Tétude  compara*- 
tive  de  ces  moyens  thérapeutiques^  que  j'eus  occasion,  en  1864^  de 
constater^  à  l'hôpital  civil  de  Venise,  les  excellents  résultats  obtenus 
par  mon  savant  ami,  M.  le  professeur  Namias,  de  l'emploi  simul- 
tané de  Teau  de  chaux  et  de  l'huile  de  foie  de  morue. 

Je  conçus  dès  lors  Tidée  de  réunir  ces  deux  éléments  actifs  de  la 
médication  antiphthisique  en  une  combinaison  solide,  d'une  in-* 
gestion  plus  commode  et  d'une  assimilation  plus  facile,  qui  per- 
mit d'administrer  l'huile  sans  aucun  dégoût,  et  qui  complétât  en 
même  temps  son  action  curalive.  Dès  cette  époque  aussi  je  me  li- 
vrai à  l'aide  du  savon  jécoro-calcaire,  auquel  j'associai  de  préfé- 
rence^ comme  sédatif  aromatisant,  l'essence  d'amandes  amères  ou 
de  laurier-cerise. 

S'il  est  d'observation  que  certaines  substances,  en  émulsionnant 
ou  saponifiant  les  corps  gras  auxquels  on  les  mélange,  ont  pour  ef- 
fet de  rendre  plus  facile  le  passage  de  ceux-ci  dans  l'organisme,  il 
est  tout  aussi  évident  que  certains  agents  médicamenteux^  et  parti* 
culièrement  les  éléments  minéraux,  acquièrent,  lorsqu'ils  ont  on. 
corps  gras  comme  involvant  ou  véhicule,  une  efficacité  qu'ils  n^ 
posséderaient  point  sous  une  autre  forme. 

A  en  juger  par  la  composition  du  chyle  et  par  celle  de  la  bilft^^ 
les  médiateurs  par  lesquels  la  plupart  des  corps  simples  pénètren.'tt 
dans  l'organisme  seraient  les  graisses,  bien  plutôt  que  l'albumine  9 
comme  le  veut  M.  le  professeur  Gubler  (4). 

Dans  mon  opinion,  les  corps  élémentaires  ne  peuvent  être  admm^ 
à  faire  partie  intégrante  du  sang  ou  des  tissus  vivants  qu'aprfirs 
avoir   été,  pour   ainsi  parler ,  dynamisés ,  c'est-à-dire  préparéi^ 
à  l'évolution  organique  par  leur  combinaison  avec  certaines  sab" 
stances  plus  ou  moins  complexes  ,  telles  que  les  graisses  ou  l'alba- 
mine,  etc. 


(i)  D'aprës  quelques  observations  que  je  D*ai  fait  encore  qu'ébaucher,  ]• 
suis  fondé  à  croire  que  les  savons  médicament eitx  à  base  de  mercure,  d*aii- 
timoine  ou  de  fer  y  etc.,  pourraient  être  utilisés  avec  certains  avantages  tt 
thérapeutique.  11  y  a  dans  cette  voie  toute  une  médication  nouvelle  à  inai- 
^urer,  D'  v.  d.  C. 


-  205  — 

En  d'autres  termes,  il  est  pour  moi  hors  de  doute  que,  pour 
prendre  part  aux  mutations  de  la  matière  organisée,  les  éléments 
minéraux  surtout  doivent  éprouver  un  commencement  de  vitali- 
sation,  en  s'associant  à  des  composés  ternaires  qui  permettent  leur 
assimilation  histogénétique. 

Cest  dans  le  règne  végétal  que  s'élabore^  dans  Tordre  naturel, 
cette  sorte  de  préparation  de  la  matière  minérale  à  la  vie  plus  éle- 
vée de  Tanimalité. 

Une  fois  admis  dans  l'intimité  des  tissus  ,  les  principes  les  plus 
combustibles  de  ces  combinaisons  y  subissent^  les  premiers  une 
oxydation  lente  qui  les  brûle  avec  production  de  chaleur,  tandis 
qpie  les  corps  incombustibles,  les  métaux,  les  terres  alcalines,  et 
particulièrement  la  chaux,  demeurent  fixés,  en  raison  de  leur  inso- 
lubilité, pendant  un  temps  plus  ou  moins  long  dans  l'organisme  où^ 
pirmi  tous  les  éléments  constituants  de  l'économie,  la  chaux  repré- 
sente l'un  des  plus  stables. 

Il  semble  que  cette  base,  en  communiquant  aux  tissus  ou  aux 
néoplasmes  plus  de  solidité  et  une  plasticité  plus  grande,  ait  pour 
iMe^  tout  à  la  fois,  de  contribuer  à  l'histogenèse  et  de  ralentir  le 
travail  de  désassimilation  ou  de  délitescence  organique  que  faci- 
litent, au  contraire,  les  alcalis  et  les  sels  alcalins. 

Ce  retard  d'évolution,  que  nous  montre  à  Tétat  physiologique  la 
lenteur  relative  du  travail  de  rénovation  des  os,  se  remarque  surtout 
lil'état  pathologique  dans  les  produits  anormaux  qui  sont  le  plui? 
en  dehors  de  l'activité  vasculaire. 

Benecke  n'a  rencontré  que  des  traces  ou  même  l'absence  complète 
(le  chaux  dans  les  tubercules  crus.  Le  même  savant  a  trouvé  la  pro- 
portion des  alcalis  de  beaucoup  supérieure  dans  le  tubercule  en 
^de  ramoHissement  ou  de  fonte  sur  celle  de  la  chaux,  tandis  que 
celte  dernière  prédomine  de  plus  en  plus  pendant  la  transformation 
Qâacée,  véritable  travail  de  pétrification  par  substitution  de  la  chaux 
^  éléments  graisseux  qui  sont  résorbés  ou  brûlés. 

De  même  aussi  i'obsolescence  calcaire  accompagne  ordinairement 
kd^nérescence  graisseuse  ou  lui  succède. 

La  chaux  paraît  donc  non-seulement  concourir,  comme  le  veulent 
Cinis  et  Benecke,  à  la  formation  des  cellules,  mais  encore  ralentir 
dans  une  certaine  mesure  la  destruction  pathologique. 

Sous  l'influence  de  cette  base,  les  sécrétions  muqueuses  dimi- 
nuent^ la  suppuration  se  tarit,  en  même  temps  que  la  proportion 
des  aliments  solides  s'accroît  dans  l'économie. 


—  206  — 

La  chaux  prédomine  dans  la  vieillesse  à  mesure  que  l'aolifité 
organique  se  ralentit  ;  elle  succède  à  l'adipose  qui  caractérise  le 
calme  de  Tâge  mûr  chez  Thomme  et  Tépoque  de  la  ménopause 
chez  la  femme.  A  ces  époques  aussi,  la  phthisie  tuberculeuse 
devient  plus  rare.  Elle  est  exceptionnelle  chez  le  vieillard,  tandis 
qu'on  la  voit  éclater  surtout  à  l'âge  où  la  fièvre  de  jeunesse  con- 
sume de  tous  ses  feux  le  flamheau  de  la  vie. 

Un  fait  qui  me  paraît  confirmer  encore  la  relation  qui  existe 
entre  les  fluctuations  de  la  chaux  et  l'évolution  des  tubercules  dans 
l'organisme,  c'est  Tincompatibilité  qui  existe,  dans  une  certaint 
limite,  entre  le  rachitisme  et  la  tuberculisation  pulmonaire.  De 
même  que  pendant  la  grossesse  nous  voyons  la  chaux  se  détourner 
des  os  de  la  mère  rendus  plus  flexibles  pour  se  porter  sur  le  sque- 
lette du  fœtus,  de  même  on  s'explique  que  dans  le  rachitisme  la 
chaux,  déviée  des  os,  favorise  la  formation  des  calculs  et  entrave  k 
développement  des  tubercules  en  se  fixant  sur  ceux-ci. 

La  nature  plus  ou  moins  calcaire  des  eaux  ou  du  sol  peut^  dans 
certaines  localités,  exercer  de  son  côté  une  influence  manifeste  lar 
la  marche  de  la  tuberculose. 

J'ai  trouvé  la  phthisie  tuberculeuse  beaucoup  moins  fréquente  i 
Moscou  où  les  eaux  de  la  Moskov^a,  très-chargëes  de  chaux,  rend 
les  calculs  calciques  extrêmement  communs  y  qu'à  Vienne  où 
tuberculisation  pulmonaire,  le  morbus  viennensis^  ne  rencont 
aucun  élément  modificateur  ou  enrayant  dans  les  eaux  du  Danu 
qui  ne  charrient  que  des  traces  à  peine  sensibles  de  chaux. 

Dans  sa  combinaison  savonneuse  avec  l'huile  de  foie  de  morcm^ 
la  chaux  —  outre  les  éléments  combustibles  fournis  par  les  matièK"*^ 
grasses  —  se  trouve  accompagnée  de  gaduine  et  de  substances  gl^7 
cogènes  éminemment  alibiles,  ainsi  que  des  traces  de  phosphc^^ 
qui,  avec  l'aide  de  la  base  terreuse,  favorise^  d'après  la  théorie  ^' 
Liebig,  le  travail  végétatif. 

Le  savon  jécoro-calcaire  satisfait  par  conséquent  à  la  plupart  «1^ 
indications  qui  résultent  de  la  tabescence. 

Tout  en  constituant,  mieux  que  Fhuile  brute,  un  aliment  d'ëp0>^ 
gne  pour  l'organisme  auquel  elle  fournit  des  éléments  combu^^'" 
blés,  la  nouvelle  préparation  que  je  propose  favorise  la  régénérât»^** 
plastique  par  ses  éléments  phosphores  ou  azotés  et  provoque^  par  '* 
chaux  qu'elle  contient,  la  cicatrisation  ou  la  régression  calcflû^ 
des  lésions  tuberculeuses. 

En  d'autres  termes ,  en  réparant  les  troubles  de  la  nutriti^^ 


—  Ml  — 

physiologique  défiëe ,  le  savon  jëcoro-calcaire  paraît  enrayer  ou 
ratentîr  le  déYeloppement  du  travail  pathologique  qui  aboutit  à  la 
destruction  de  Torganisme. 

Il  n'est  nullement  impossible  qu'une  certaine  quantité  de  savon 
calcaire,  émulsionnée  par  la  bile  et  le  suc  pancréatique^  participe 
directement,  en  englobant  Talbumine,  à  la  formation  des  cellules, 
et  que  ce  composé  éprouve  plus  tard  une  modilication  qui  aurait 
pour  résultat  ultime  la  décomposition  des  acides  gras  en  acide 
carbonique  et  la  fixation^  dans  les  dépôts  tuberculeux,  du  carbonate 
calcique  ainsi  formé. 

C'est  en  effet,  d'après  Lebmann,  surtout  le  carbonate  calcique, 
trës-prédominant  sur  le  phosphate^  qui  se- rencontre,  en  même 
temps  que  de  la  cholestérine  et  de  la  graisse,  dans  les  tubercules 
erétifiës. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  explications,  qui  peut-être  ne  satisfe- 
ront pas  certains  esprits  trop  empressés  à  condamner  comme  enta- 
chée de  chiroisme  toute  interprétation  qu'ils  ne  peuvent  com- 
prendre, on  conviendra  qu'elles  présentent  une  garantie  scientifique 
qae  n'offrent  pas  toujours  les  théories  proposées^  dans  ces  derniers 
Icmps,  pour  expliquer  l'action  intime  encore  si  obscure  de  bien  des 
médicaments. 

A  défaut  même  d'une  théorie  qui  n'est  d'ailleurs  qu'une  satis- 
betion  plus  ou  moins  ingénieuse  dont  se  paye  notre  amour-propre, 
Im  iaits,  qui  seuls  doivent  former  la  base  de  la  vraie  médecine, 
puient  positivement  en  faveur  de  la  préparation  dont  j'indique  ici 
^  formule  telle  que  je  la  prescris  d'habitude  : 

B(ds  jéeoro-caloaires.  (D*  van  den  Gorput.) 

^*  Haile  de  foie  de  morue  pure,  100  grammes. 
Saponifiez  selon  Tari  en  consistance  pilulaire  par  : 

Chaux  hydratée Q.  S. 

ÂromaUsez  avec  : 

Huile  essentielle  d'amandes  ambres  ou  d'anis,  i  gramme. 

Hèles  exactement  et  divisez  en  bols  de  20  à  35  centigrammes. 

hvolvex  dans  un  mélange  de  sucre  pulvérisé  trois  parties,  et 
V^te  de  racines  d'iris  une  partie, 

Oq  peut  encore  enrober  ces  bols  au  moyen  de  la  teinture  étbérée 
i^Tolu. 

A  prendre  six  à  huit  par  jour^  par^deux  à  la  fois,  inuaédiate- 
'^  4yrèi  les  repcts. 


—  208  — 

'  Dans  quelques  cas,  j'associe  au  savon  calcaire  soit  un  sel  d 
morphine,  soit  l'extrait  d'aconit  ou  celui  de  jusquiame,  soit  tout 
autre  substance  dont  Tindication  peut  se  présenter  dans  les  dil 
férentes  phases  de  la  maladie. 

Ce  n'est  qu'après  avoir  vërifië  pendant  plusieurs  années  et  sv 
plusieurs  centaines  de  malades  l'action  favorable  de  cette  mëdîca 
tion  comparée  au  traitement  par  Thuile  brute  et  par  les  autn 
moyens  thérapeutiques  ;  c'est  après  avoir  vu  ses  bénéfices  eoi 
firmes  par  d'honorables  confrères  à  qui  j'avais  fait  part  de  m( 
idées^  que  je  me  suis  décidé  à  livrer  à  la  publicité  ce  nouvea 
mode  de  traitement  de  la  phthisie  tuberculeuse. 

Sans  vouloir  lui  reconnaître  en  aucune  façon  une  spécifie! 
quelconque  et  moins  encore  la  considérer  comme  infaillible, 
me  crois  à  même  d'affirmer  que  ma  méthode^  soutenue  par  v 
régime  et  par  des  conditions  hygiéniques  convenables,  se  foDi 
tout  à  la  fois  sur  des  données  théoriques  rationnelles  et  sur  v 
nombre  aujourd'hui  suffisant  de  faits  pour  pouvoir  en  tirer  d 
conclusions  positives. 

Il  serait  trop  long  de  relater  dans  cette  simple  note  l'historiqi 
des  observations  que  je  réserve  pour  un  travail  plus  complet  si 
le  traitement  de  la  phthisie  pulmonaire. 

Il  me  suffira  de  dire  que  la  généralité  des  malades  soumis 
l'usage  du  savon  jécoro-calcaire  ont  éprouvé  sous  son  influeiii 
un  amendement  manifeste. 

A  part  toute  prévention  que  la  paternité  d'une  idée  quelconqu 
si  modeste  qu'elle  soit,  engendre  trop  souvent  chez  son  auteur^ 
puis  affirmer  que^  comme  fond  de  traitement,  le  savon  jécon 
calcaire  m'a  paru  être,  de  toutes  les  préparations  jusqu'à  ce  jo 
recommandées,  celle  qui,  dans  la  majorité  des  cas^  mérite  la  pn 
férence. 

Ce  n'est  nullement  à  dire  pour  cela  que  cette  médication  ne  puis 
et  ne  doive  même  parfois  être  modifiée  ou  plutôt  aidée  par  l'inti; 
vention  d'autres  agents,  suivant  les  indications  qui  se  présentei 
Il  est  évident  pour  tout  médecin  instruit  et  consciencieux  qu 
ne  peut  exister  pour  aucune  affection  de  formules  fixes  et  arr6t^ 
à  l'avance.  Admettre  celles-ci  serait  tomber  dans  l'empirisme.  Ib 
entre  toutes  les  médications^  c'est,  croyons-nous,  celle  que  no 
venons  d'exposer  qui  pourra  le  plus  souvent  et  avec  le  plus  d'ata 
tages  être  mise  à  contribution  pour  le  bien-être  des  tabescent8« 


'      —  209  — 

C'est  surtout  au  début  de  la   tuberculisation  que  l'usage  du 
savon  jécoro-calcaire  se  montre  d'une  utilité  réelle. 

administré  dès  les  premiers  signes  de  la  maladie  et  pendant  un 
teizsps  plus  ou  moins  long,  variable  suivant  les  sujets  et  surtout 
soi  v'ant  la  nature  ou  le  degré  des  lésions^  je  l'ai  presque  toujours  vu 
retsiTder  la  marche  de  l'affection,  amender  d'une  manière  notable 
la  dégradation  organique  et,  par  suite  de  la  modification  apportée 
daEms  le  travail  nutritif,  amener  parfois  la  guérison,  ou  tout  au 
moi  ns  un  arrêt  plus  ou  moins  prolongé  dans  l'évolution  patholo- 
gie! m:ae  de  la  tuberculose. 

A^  une  période  plus  avancée  de  l'affection,  son  action,  quoique 
moi  us  efficace^  m'a  paru  apaiser  encore  certains  symptômes  d'une 
ma.i[mière  très-notable.  L'un  des  effets  les  plus  évidents  de  cette 
préparation  est  de  diminuer  sensiblement  l'expectoration  en  même 
tencftps  que  la  toux^de  modérer  la  fièvre  hectique  et  de  ramener  les 
foToes  à  leur  diapason  normal  en  favorisant  d'une  manière  sensible 
lacàiatrition  interstitielle. 

I^^autre  part^  les  avantages  directs  de  cette  préparation  comme 
inédicament  sont  sa  forme  solide  et  une  saveur  très-peu  pronon- 
ce qui  n'a  rien  de  désagréable. 

E^ar  suite  de  son  ingestion  et  de  son  assimilation  plus  faciles,  le 

i&^OQ  jécoro-calcaire  ne  trouble  presque  jamais  le  travail  digestif  et 

o^occasionne  point  la  diarrhée,   que  provoque  si  souvent  Thuile 

^ute  non  saponifiée.  Assez  souvent,  au  contraire,  il  détermine  un 

W^  de  constipation. 

Cependant  lorsque,  à  la  suite  de  son  usage  prolongé,  un  dégoût 
momentané  annonce  une  certaine  fatigue  de  l'estomac,  il  convient 
interrompre  ou  de  diminuer  pendant  quelques  jours  Tadminis- 
^tion  du  remède.  La  pancréatine  ou  les  amers  pourraient  dans 
^  cas  lui  être  associés  avec  succès.       i^ 

Les  seules  contre-indications  réelles  à  son  emploi  se  présentent 
^squelques  cas  dephthisie  très-avancée,  lorsque  la  fièvre  hectique 
^excessive  et  que  les  fonctions  digestives  sont  déjà  profondé- 
^^i  altérées. 

0  convient  également  de  surseoir  à  l'administration  de  cette 
P^paration  lorsqu'il  existe  de  l'hémoptysie. 

^kùs  la  troisième  période  de  la  maladie,  le  savon  jécoro-calcaire 
Produit,  dans  bien  des  cas  encore,  une  sédation  très-marquée  de 
^plupart  des  phénomènes  hectiques.  Par  ses  propriétés  reconsti- 
*^te8  aussi  bien  que  par  suite  de  son  aclion  etvTVjwAft,  W  ^^ 

TOME  LXXX,  5^  UYR.  \4 


tarde  le  moiivcment  cl^  (Iç^assirpilation  féhnlp  et  ramène  l'epa- 
bonpoint. 

148  plus  souvent  la  diarrhée  cesse  ou  se  ralentit,  Téléva^ior 
vespérale  de  la  température  s'abaisse,  les  sueurs  colliquative?  di 
minuent  et  le  corps  augmente  sensiblement  ei^  poids,  P^rfoji 
même  le  remède  a  paru^  après  une  administration  prolongé^,  ^voi] 
s^mené  la  cicatrisation  ou  le  tarissement  de  cavernes  peu  étendues 

C'est  particulièrement  d^qs  la  phymatose  torpide,  dans  c^th 
forme  de  phthisie  tuberculeuse  entée  sur  le  lympbatismCj  (jn 
constitue  son  expression  la  plus  commune,  surtout  dans  pps  çon 
trées,  et  qui  3'accompagne  le  plus  fréquemment  d'hypoémie^  ^ 
j'ai  trouvé  le  savon  jécoro-calcaire  d'une  utilité  véritable. 

Il  ne  m'a  paru  exercer  aucune  action  réellement  efficace  4aps  ]i 
pbtbisie  aiguë,  heureusement  beaucoup  plus  r^re. 

La  médication  jécoro-calcaire  réussit  d'autant  plus  sûrement,  (rai 
la  maladie  est  moins  avancée.  Elleramènedans  ces  cas  Thistogéfiçs^ 
physiologique  à  son  fonctionnement  normal  avec  d'autapt  plus  c|< 
promptitude,  que  la  déviation  tuberculeuse  est  moins  profopde 

La  durée  du  traitement,  qui  peut,  sans  inconvénient^  être  wpo 
longée  d'une  manière  indéfinie,  varie^  en  général^  de  six  semaine 
h  trois  mois, 

Ordinairement^  déjà  après  deux  ou  trois  semaines,  les  râl^  01 
les  gargouillements  diminuent,  la  touji:  devient  moins  fréquente 
l'expectoration  se  modifie  et,  après  un  certain  temps,  )a  fièvr 
tombe,  ou  tout  au  moins  se  ralentit. 

L'appétit  est  presque  toujours  conservé  ou  même  augmenté. 

En  tout  état  de  cause,    le  traitement  que  je  préconise,  s'il  p" 
guère  plus  qu'aucune  autre  des  méthodes  proposées  le  pouvoir  P 
sauver  à  coup  sûr  la  vie  des  tabescents,  peut,  dans  la  plupart  4- 
cas,  rendre  celle-ci  plus   supportable,  en  prolonger  souvent 
cours  et  parfois  même  éloigner  indéfiniment  le  terme  fatal  de 
maladie. 

De  ce  qui  précède,  il  est  donc  permis  de  conclure  que  si,  ^ln 
l'expression  de  Walshe ,  que  nous  citions  en  commençant  (fe: 
cit.  y  p.  599),  l'huile  de  foie  de  morue  est  Vun^  des  conquêtes  * 
plus  importantes  de  la  thérapeutique  moderne,  il  s'en  fallait 
beaucoup,  jusqu'à  ce  jour,  qu^elle  fût,  à  cause  de  ises  ikQvciiaW^ 
inconvénients,  aussi  généralement  profitable  qu'elle  pourra  l%f 
désormais,  grâce  à  l'introduction  dans  la  thérapeutique  du  fifsT^ 
jécorO'Càlcàire, 


—  %M  — 


THERAPEUTIQUE  CHIBURGIGHE 


BSéflttzIOBM  «ar  les  plaies  d'armes  à  fea  observées  pendanl  la 

eampa^ae  de  France  de  t9fa-Vfl  ; 

Par  M.  le  docteur  Tillaux,  chirurgien  de  l'hôpital  Saint-Antoine. 

JPlacé  à  la  tête  d'une  des  ambulances  internationales,  j'ai  pu, 

Cf^-armime  la  plupart  de  nos  confrères^  observer  un  assez  grand 

no  rxibre  de  plaies  d'armes  à  feu.  Je  n'ai  pas  l'intention  de  commu- 

nicj'ucr  aux  lecteurs  du  Bulletin  un  rapport  complet  sur  ce  que  j'ai 

Yim  ^    ce  qui  du  reste  serait  fort  difficile  eu  égard  aux  conditions  dans 

les  quelles  nous  avons  dû  observer.  Peu  d'entre  nous^  je  pense^ 

saf*  tout  dans  les  ambulances  volantes  attachées  aux  armées  de  la 

pro^ince^  ont  pu  suivre  assez  longtemps  leurs  opérés  pour  pouvoir 

éle^blirune  statistique  des  opérations.  Pour  nos  blessés  de  Sedan 

même,  malgré  notre  séjour  dans  cette  ville  pendant  un  mois,  la 

i^1:istique  serait  nécessairement  incomplète,  car  à  notre  départ  bon 

^^xmbre  de  blessés  étaient  évacuables,  il  est  vrai,  mais  non  guéris, 

^  f>lu8  forte  raison  cela  est-il  juste  pour  les  blessés  de  Tarmée  de  la 

^ÎTe,  qui  sont  restés  dans  nos  mains  un  temps  beaucoup  moins 

^^6'  ^^  ™^  contenterai  donc  de  noter  quelques-uns  des  faits  qui 

'"^^Ont  le  plus  frappé. 

I^es  auteurs  classiques  divisent  les  plaies  d'armes  à  feu  en  simples 
^^  Compliquées.  Parmi  les  plaies  compliquées,  les  unes  intéressent 
tes  tfois  grandes  cavités  :  abdomen,  thorax,  crâne,  et  sont  presque 
^Ujours  suivies  d'une  mort  immédiate  ;  les  autres  atteignent  les 
**^enibres  et  peuvent  guérir  avec  ou  sans  opération. 

J'ai  recherché  sur  j5  soldats  qui  avaient  trouvé  la  mort  à 
^^an  le  i*'  septembre  la  cause  de  mort  immédiate.  Voici  ce  que 
**^*ont  démontré  les  autopsies  :  3  (Français)  avaient  le  crâne  frac- 
^^é  par  balles-,  4  (3 Français  et  1  Bavarois)  avaient  reçu  une  balle 
^^s  la  poitrine;  2  (Français)  avaient  une  plaie  pénétrante  de  la 
vitrine  et  de  l'abdomen  à  travers  le  diaphragme  ;  2  (1  Français  et 
^  Bavarois)  avaient  une  plaie  pénétrante  de  l'abdomen  ;  2  (Bava- 
^is)  présentaient  une  fracture  du  bassin  et  une  déchirure  des  gros 
^aisseaux;  i  (Français)  avait  suc(;ombé  à  l'hémorrhagie  fournie  par 
U  fémorale  profonde  brisée.  Enfin  le  dernier  cadavre  que  j'ai  exa- 
Qùné  au  point  de  vue  des  blessures  qui  entraînent  la  mort  immë- 
^>ite  m'a  laissé  dans  un  grand  embarras  ;  c'était  un  Bavarois^  Je 


—  212  — 

n'ai  trouvé  aucune  blessure.  La  peau  ne  présentait  pas  la  plus  lé- 
gère trace  de  plaie  ni  de  contusion.  J'ignore  encore  absolument 
aujourd'iiui  la  cause  de  la  mort.  Explorant  avec  soin  toutes  les  par- 
ties, je  rencontrai  une  balle  très -dé  formée  à  la  face  externe  du  bras 
gauche  sous  la  peau;  mais  c'était  le  résultat  d'une  ancienne  bles- 
sure :  !e  projectile  était  enkysté. 

Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  les  blessures  par  armes  à  feu  se 
divisent  en  celles  qui  sont  immédiatement  mortelles  et  celles  qui 
peuvent  être  suivies  de  guéri  son. 

Parmi  les  premières  se  trouvent  les  blessures  des  trois  grandes 
cavités  et  celles  qui  s'accompagnent  de  la  rupture  de  vaisseaux 
importants. 

Les  secondes  des  intéressent  le  plus  vivement  le  chirurgien, 
puisqu'il  peut  être  d'un  puissant  secours  au  malade  par  le  ti'ai- 
tement  qu'il  y  oppose.  On  les  divise  en  simples  et  compliquées. 
Qu'entend-on  par  ces  deux  expressions?  Est-ce  la  largeur,  la  pro- 
fondeur de  la  plaie  qui  constitue  la  complication?  ou  bien  la  lésion 
d'un  nerf  (mais  quel  doit  être  le  volume  du  nerf?),  celle  d'une  ar- 
tère, d'une  veine,  ou  celle  du  squelette,  ou  bien  une  communication 
articulaire?  Il  est  donc  fort  difficile  d'établir  une  ligne  de  démarca- 
tion tranchée  entre  la  simplicité  et  la  complication  d'une  plaie  par 
arme  à  feu.  La  même  difficulté  se  présentait  en  clinique  pour  les 
fractures  en  général.  Mais  nous  sommes  tous  d'avis  aujourd^ui 
que  des  esquilles,  un  épanchement  de  sang,  la  pénétration  du  trait 
de  la  fracture  dans  une  articulation^  la  déchirure  des  muscles^  etc., 
ne  constituent  pas  une  fracture  compliquée^  mais  sont  des  accidents 
d'une  fracture  simple. 

Dans  le  langage  actuel,  les  chirurgiens  se  comprennent  quand 
on  parle  d'une  fracture  compliquée  ;  cela  veut  dire  :  fracture 
dont  le  foyer  communique  avec  Tair  extérieur  par  une  plaie  de  la. 
peau;  fracture  compliquée  et  complications  des  fractures  sont  de* 
expressions  synonymes  au  point  de  vue  grammatical,  mais  qui 
n'ont  pas  du  tout  le  même  sens  en  chirurgie,  et  cette  distinctioiL 
constitue  un  véritable  progrès. 

Les  chirurgiens  avaient  remarqué  que  de  la  pénétration  de  l'air 
extérieur  dans  le  foyer  de  la  fracture  naissait  la  gravité  de  cette 
fracture.  Or,  à  la  suite  d'une  blessure  par  arme  à  feu,  il  y  a  né- 
cessairement large  pénétration  de  l'air  extérieur  dans  la  plaie;  si  en 
même  temps  l'os  est  atteint,  ne  rentrons-nous  pas  dans  le  cas  pré- 
cédent ?  Ce  n'est  pas  seulement  une  idée  théorique  qui  me  conduit 


—  213  — 

àc?£  raisonnement,  mais  l'observation  de  tout  ce  que  j'ai  vu  durant 
ceC&e  campagne.  Dans  Timmense  majorité  des  cas,  la  gravité  d'une 
bl^fisure  par  balle  est  liée  à  la  lésion  du  squelette^  lésion  variable 
daf>uis  la  simple  dénudation  de  Tos  jusqu'à  un  broiement  complet. 
LaL  lésion  la  plus  légère  de  Tos,  une  éraflure,  imprime  une  marche 
to«.x.le  différente  à  la  plaie.  Tandis  qu'un  trajet  de  balle  occupant 
torn:!.  te  Tépaisseur  d'un  membre  pourra  se  cicatriser  en  quelques 
jouLYS,  plusieurs  mois  seront  souvent  nécessaires  si  Tos  aété^  même 
lé^^rement^  intéressé. 

Je  propose,  en  conséquer.ce,  de  réserver  exclusivement  le  nom 
de  jolaies  compliquées  à  celles  qui  s'accompagnent  d'une  lésion  du 
sq  ut  dette. 

X^e  débridement  des  plaies  d'armes  à  feu  a  jadis  beaucoup  pré- 
occupé les  chirurgiens.  Il  avait  de  chauds  partisans  et  d'ardents 
antagonistes;  je  pense  que  la  question  ne  saurait  être  aujourd'hui 
litigieuse.  Il  ne  s'agit  bien  entendu  que  du  débridement  primitifs 
qu'on  a  appelé  encore  préventifs  mot  indiquant  fort  bien  le  but 
qii'on  se  proposait  :  convertir  une  plaie  irrégulière  et  contuse  en 
une  plaie  longitudinale  et  simple,  prévenir  Tinflammation  profonde 
et  les  effets  de  l'étranglement  par  les  plans  fibreux,  etc.  Ces  vues 
0  étaient  que  théoriques.  Pourquoi  vouloir  prévenir,  au  prix  d'une 
opération  qui  n'est  pas  sans  importance  (un  débridement  sous-apo- 
û^vrotique),  des  accidents  problématiques?  Ne  sera-t-il  pas  temps 
^  l'étranglement  survient?  Je  ne  crois  pas  qu'il  faille  appliquer  ici 
"^*  règles  autres  que  celles  mises  en  usage  dans  la  chirurgie  ordi- 
'***i'e.  Le  débridement  primitif  n'a  de  raison  d'être  que  pour  faci- 
liter l'exploration  d'un  trajet  ou  extraire  des  corps  étrangers  ;  il  ne 
'^^Us  paraît  dans  aucun  cas  devoir  être  préventif  :  c'est  du  moins 
>  enseignement  que  nous  avons  retiré  des  faits  observés. 

Hien  n'est  plus  aisé  que  de  reconnaître  dans  bon  nombre  de  cas 
^  présence  d'un  projectile  dans  les  parties  molles.  L'existence  d'une 
^^ie  ouverture,  sans  fournir  une  preuve  absolue  de  la  présence  de 
^^  balle,  apporte  néanmoins  une  forte  présomption.  Lorsque  le 
^^ps  étranger  est  sous-cutané,  le  toucher,  parfois  la  vue  même, 
'^ffit  à  le  faire  rencontrer  ;  une  boutonnière  pratiquée  à  la  peau 
^  permet  très-aisément  l'extraction.  Mais  si  le  projectile  est  pro- 
fondément situé,  s'il  existe  en  même  temps  une  fracture  commi- 
^^tive,  la  difficulté   est  parfois  grande,  insurmontable  même, 
enfermement  à  ce  que  conseillent  les  chirurgiens  militaires,  nous 
nous  sommes  suilout  servi  du  doigt  comme  agent  d'ex^lo^^Vvo^w^ 


—  214  — 

ne  craignant  pas  de  débrider  ausjsi  Islrgehietit  qu'il  était  nécessaire. 
Raremetit  nous  arons  ainsi  méconnu  l'existence  d'Un  projectile. 
Nous  avons  eu  recours  oomine  agents  d'explotation  au  stylet  simple, 
à  la  pince  à  pansetnent,  au  stylet  de  M.  Nélaton  ;  mais  ces  instru- 
ments ne  nous  ont  rendu  qu'un  médiocre  service.  Le  contact  d^tin  stylet 
liur  un  corps  dur,  que  ce  soit  une  esquille,  une  balle  ou  un  éclat 
d'obus,  ne  donne  pas  à  Texplorateur  la  même  sensation  ;  il  y  a  là 
des  nuances  que  la  description  rendrait  imparfaitement,  et  que  fait 
apprécier  l'habitude.  Lorsque  la  balle  n'est  pas  déformée,  le  doigt 
la  reconnaît  mieux  évidemment  que  lorsqu'elle  est  tnâcbée;  mais^ 
dans  ce  cas-là  encoi*e^  il  peut  se  présenter  une  difficulté  que  j'ai 
rencontrée  sur  un  des  blessés  de  la  bataille  de  Beau  mont  à  mon  am- 
bulance  de  Pouilly.  Ce  soldat  avait  teçu  dans  le  creux  poptité  droit 
une  balle  qui  avait  fait  éclater  les  condyles  du  fémur  et  qui  nécessita 
l'amputation  de  la  cuisse.  Il  me  fut  impossible  de  distinguer  avec  le 
doigt  et  le  stylet  si  je  touchais  une  balle  non  déformée  ou  bien  la 
partie  postérieure  des  condyles  fémoraux  détachée  et  revêtue  de  son 
cartilage*  L'autopsie  du  membre  me  démontra  que  c'était  une  por- 
tion du  condyle  :  la  balle  était  au  centre  de  Tarticulàlion.  Il  m'a 
semblé  que  l'élasticité  du  cartilage^  sa  surface  polie  rendaient  ce 
diagnostic  l'un  des  plus  difficiles.  Le  stylet  de  M.  Nélaton  trouverait 
sans  doute  là  son  application,  mais  je  ne  l'avais  pas  à  ma  dispo- 
sition à  Pouilly. 

Dans  les  cas  difficiles^  les  auteurs  conseillent  de  faire  préciser  ail 
malade  la  position  qu'il  occupait  au  moment  où  il  reçut  lablessui^; 
j'ajouterai  qu'il  faut  aussi^  en  explorant  minutieusement  toutes 
les  parties  voisines,  tenir  compte  de  la  douleur  déterminée  par  lA 
pression.  Ces  deux  -  circonstances  m'ont  permis  de  faire  une 
belle  extraction  de  balle  sur  iin  Prussien  dans  mon  ambulance  de 
Ladon,  à  l'armée  de  la  Loire  :  la  balle  avait  pénétré  dans  l'épaiile 
gauche  au  niveau  de  Tacromion;  l'exploration  du  trajet  ne  put  më 
fournir  aucun  renseignement;  je  m'assuraijque  le  projectile  n'était 
pas  dans  l'articulation  ni  dans  le  thorax^  et  me  basant  sur  les  deut 
circonstances  que  j'ai  relatées  plus  haut^  après  avoir  endormi  le 
malade,  je  pratiquai  une  large  et  profonde  contre-ouverture  datlit 
la  fosse  sous- épineuse,  tout  près  de  Tangle  de  Tomoplate^  et  malgré 
le  peu  d'encouragement  que  j'avais  rencontré  dans  l'assistance,  je 
trouvai  la  balle  au-dessous  de  la  couche  musculaire. 

La  présence  de  la  balle  constatée ^  Textraction  en  est  générale*- 
ment  facile^  non  dans  tous  les  cas  cependant  :  la  balle  peut  s*in- 


—  218  — 

criifitér  dâtts  les  os  et  défier  lés  efforts  du  chihlrglen.  Sur  leca- 
datre  d'un  Prussien  tué  le  i''  septembre  à  Sedan,  une  balle  était 
iticrUstéé  si  solidement  dans  la  fosse  iliaque  exterhe,  que  je  ne  pui 
l'attacher  ;  il  eût  falltl  sculpter  l'os  ou  sfe  setvir  de  la  gouge  et  du 
ttiaillet. 

L'arsenal  chirurgical  contient  beaucoup  de  tire-balles  qui  sont 
pour  la  plupart  heureusement  tombés  dans  l'oubli.  Une  bonne 
pince  d  anneaux^  à  point  d'arrêt,  à  mors  larges  et  excavés,  conduite 
sur  le  doigt  comme  conducteur,  m'a  exclusivement  servi  et  toujours 
àVec  succès.  Le  tire-balles  de  MM.  Robel't  et  Collin,  à  mors  recourbés 
et  pointus,  ne  iii'a  point  réussi;  les  branches,  trop  flexibles,  ne  peu- 
Vent  résister  à  la  pression  que  la  main  doit  éxercei*  pour  attirer  la 
balle;  elles  se  décroisent  et  lâchent  le  projectile. 

LA  recherche  des  projectiles  dans  les  tissuà  peut  être  singulier 
ieinent  gênée  par  les  circonstances  suivantes. 

C'est  un  fait  bien  connu  que  les  vêtements  sont  parfois  refoulés 
pairies  projectiles  dans  la  plaie  sans  céder  sous  la  pression,  en  sorte 
çue  lorsqu'on  retire  les  vêtements  du  blessé,  la  balle  se  dégage  de  la 
pl&ie,  d'où  le  précepte  de  toujours  examiner,  quand  on  le  peut,  les 
VfitcQients  (jue  pôlrtait  le  blessé  au  moment  de  l'accident.  C'est  ainsi 
V^^à  mon  ambulaticé  de  Ladon  un  soldat  de  la  ligne  avait  reçu  à  la 
t^^^tie  supérieure  et  externe  de  la  cuisse  droite  une  balle  qui,  tout 
to  trouant  les  patties  molles,  n'avait  pas  intéressé  le  pantalon.  L*ex>- 
pioration  de  la  plaie  faite  avec  le  doigt  ne  me  signala  aucun  projec- 
**'®»  et  comme  Taction  venait  d'avoir  lieu,  je  pus  examiner  le  pan- 
talon^  qui  était  intact  \  j'étais  donc  certain  que^  malgré  une  plaie 
^^îque,  le  corps  étranger  était  ressorti. 

Lorsque  la  plaie  est  peu  profonde^  et  l'exploration  par  conséquent 

^^ï"!  aisée,  lorsque  les  vêtements  peuvent  être  présentés  au  chi* 

'^^tBil,  le  diagnostic  n'offre  aucune  difficulté  ;  mais  que  la  plaie 

•^It  très  <•  profonde ,  qu'elle   intéresse  non -seulement  les  partie* 

'^^^Hei,  mais  aussi  lé  squelette,  que  les  vêtements  aient  disparu,  on 

^^ifcoil  combien  il  est  difficile  d'affirmer  que  la  balle  est  ou  n'est 

^'^  datiB  le  niembre.  Il  y  a  une  grande  présomption  pour  la  pré*- 

*^tice  de  la  balle,  évidemment,  puisqu'il  n'y  a  qu'une  seule  ouver- 

^^ire  et  que  le  doigt  pénétrant  jusqu'au  fond  de  la  plaie  rencontra 

^^  ttou  dans  l'os^  mais  on  peut  se  tromper,  même  dans  ce  cas, 

^insi  que  le  pi^ouve  l'observation  suivante,  qui  m'a  vivement  fra|)i)é. 

M.  L***,  lieutenant  de  la  mobile  du  Cher,  eu  se  portant  vaillam- 

^eniàla  tête  de  sa  Compagnie  au-devant  de  l'onncmi,  reçut  à.  la 


—  216  — 

bataille  de  Juranville  un  coup  de  feu  dans  Pépaule  gauche.  Gomme 
il  n'était  pas  à  une  grande  distance  de  son  domicile,  il  put  s'y  faire 
transporter  après  avoir  reçu  les  premiers  soins  de  M.  Yerneuil^ 
élève  de  f  hôpital  Saint-Antoine,  chirurgien  de  la  mobile  du  Cher. 
Il  fut  alors  confié  aux  soins  de  mon  ami  le  docteur  Témoin,  de  Né- 
rondes,  ancien  interne  des  hôpitaux  de  Paris.  La  plaie  était  étroite, 
le  trajet  sinueux  et  profond  ;  le  stylet  arrivait  sur  une  partie  dure, 
résistante,  un  peu  mobile;  M.  Témoin  crut  reconnaître  à  ces  signes 
la  présence  de  la  balle,  sans  toutefois  en  avoir  la  certitude.  C'était 
le  moment  où  l'aile  droite  de  l'armée  de  la  Loire  opérait  sa  retraite 
de  Gien  sur  Bourges.  La  marche  rétrograde  de  l'armée  m'amena 
avec  mon  ambulance  à  Nérondes,  où  le  docteur  Témoin  me  parla  de 
son  intéressant  blessé.  Je  lui  conseillai  d^agrandir  la  plaie  avec  le 
bistouri  et  d'explorer  complètement  avec  le  doigt.  Cette  manœuvre 
lui  permit  de  s'assurer  que  le  stylet  touchait  une  esquille,  mais  ne 
lui*donna  aucune  notion  sur  la  situation  de  la  balle.  Il  fut  convenu 
que  nous  verrions  ensemble  le  malade  et  que  je  pratiquerais  Topé- 
ration  nécessaire. 

Lorsque  j'examinai  M.  L***,  il  y  avait  plus  d'un  mois  écoulé  de- 
puis le  combat  de  Juranville  ;  l'épaule  était  tuméfiée,  extrêmement 
douloureuse.  La  plus  légère  pression  au  pourtour  de  l'articulation 
causait  de  violentes  douleurs.  Je  constatai  en  un  mot  les  signes 
d'une  arthrite  aiguë.  Le  trajet  de  la  balle  laissait  écouler  une  grande 
quantité  de  pus.  Le  malade  ne  goûtait  pas  un  instant  de  repos  et 
maigrissait  de  jour  en  jour;  ajoutons  que  l'inutihté  des  tentatives 
précédentes  pour  lui  extraire  sa  balle  Pavait  complètement  démo- 
ralisé. 

  la  face  externe  de  l'épaule^  à  la  hauteur  du  col  chirurgical^  exis- 
tait un  trou  unique;  le  doigt  rencontra  aisément  le  fond  de  la 
plaie  et  pénétra  dans  une  excavation  creusée  dans  l'épaisseur  même 
de  la  tête  de  Thumérus  *,  je  ne  sentis  pas  de  balle;  Texploration  mi- 
nutieuse des  régions  avoisinantes  ne  me  fournit  non  plus  aucun 
renseignement.  Je  pris  le  parti  d'endormir  le  malade,  de  pratiquer 
une  longue  incision  au-dessus  et  au-dessous  du  trajet,  et  d'arriver 
couche  par  couche  sur  le  col  chirurgical;  j'étais  assisté  d'un  jeune 
médecin  du  pays,  de  M.  Témoin  et  de  M.  Chaume,  chirurgien  de 
mon  ambulance.  Je  pus  alors  m'assurer  de  visu  que  la  balle  n'exis«- 
tait  pas  au  fond  de  la  plaie  et  je  ne  doutai  pas  un  seul  instant 
qu'elle  ne  fût  enclavée  dans  la  tête  de  Thumérus  au  fond  du  trou 
dans  lequel  plongeait  le  doigt.  La  conduite  à  tenir  était  toute  tracée 


—  217  - 

81  bien  prévue,  que  j'en  avais  averti  et  le  malade  et  la  famille. 
I  prsLliquai,  séance  tenante^  la  résection  de  la  tête  de  l'humérus  : 
igr&i^dis  mon  incision  verticale,  la  transformai  en  '^  renversée  par 
le  i Excision  horizontale  et  désarticulai  à  l'ordinaire.  L'humérus 
il  sci^  au-dessous  de  l'entrée  de  la  balle,  c*est-à-dire  à  la  partie 
iférieure  du  col  chirurgical  ;  la  cavité  glénoïde  n^était  pas  brisée. 
/inci  sion  verticale  externe  qui  m'était  imposée  par  le  siège  de  la 
ilessure  ouvre  un  accès  beaucoup  moins  facile  sur  l'articulation 
pie  l'incision  verticale  antérieure  ;  je  conseille  de  ne  jamais  rem- 
ployer quand  on  a  le  choix  du  procédé. 

fanais  hâte  de  trouver  la  balle,  je  pratiquai  donc  une  section 

Wtkgitiidinale  coupant  en  deux  moitiés  la  tête  de  Thumérus.  Je 

fus  stupéfait,  je  l'avoue,  en  ne  trouvant  pas  de  projectile  dans 

te  tissu  spongieux  de  la  tête  humérale,  où  je  le  supposais  ;  le  trou 

tt  terminait  en  cul-de-sac  à  1  centimètre  environ  de  la  surface 

.  cartilagineuse.  Le  pansement  n'étant  pas  encore  fait,  il  me  fut 

Wle  de  m'assurer  directement  dans  cette  immense  plaie  qu'au- 

c^6  balle  n'existait  dans  aucun  point  de  la  région.  Le  doute 

n'était  pas  possible;  bien  que  la  balle  eût  traversé  le  deltoïde 

fit  creusé  la  tête  de  l'humérus,  elle  avait  repoussé  les  vêtements 

fin  doigt  de  gant  et  était  ressortie  quand    on  avait  déshabillé 

"  malade.  On  ne  put  me  présenter  les  habits,  qui  avaient  été 

hissés  sur  le  champ  de  bataille  après  le  premier  pansement.  Â 

Pcioe  réveillé,  le  malade  m'adressa  cette  unique  demande  :  «  Don- 

i^iDoi  ma  balle.  »  Je  fus  très- embarrassé,  d^ autant  plus  que  je 

n  avais  pas  émis  le  moindre  doute  sur  son  existence  au  fond  de  la 

pl^e,  sur  son  enclavement  dans  le  tissu  spongieux  de  la  tête  humé- 

ide.  De  graves  désordres  étaient  déjà  produits  dans  l'articulation  : 

bisa  osseux  friable,  ramolli,  décortication  des  cartilages,  et  la  ré- 

'fiction  de  la  tête  humérale  était  dix  fois  indiquée. 

Oidigé  de  retourner  immédiatement  à  mon  ambulance  de  Ma- 
^^f  je  ne  pus  suivre  l'opéré,  mais  j'appris  bientôt  les  détails 
levants:  Dès  la  nuit  qui  suivit  l'opération,  le  malade  dormit,  les 
'ooleors  disparurent  complètement;  la  gaieté  revint  ainsi  que 
l'^pétit;  le  malade  ne  tarda  pas  à  se  lever  en  portant  son  bras  en 
^Wpe,  et  lorsque  je  rentiai  à  Paris,  après  la  conclusion  de  la 

F^>la  gaérison  était  complète. 

(A  suivre,) 


CHIMIE  ET  PHARMACIE 


De«  saceédanés  da  perehlorure  de  fer  et  de  fies  laeempalllillltéi 

Par  M^  BouiLHON,  pharmacien. 

Le  pérchlortire  oti  sësqilicllibturé  de  fer  est  Uti  tnëdit^mei 
assëa  fréquemment  ëtUployë  en  iiàtUte  ou  associé  à  divers  téhl 
cUles.  L^habitudé  a  cdtisAcré  Tusage  du  perehlorure  ;  mais  d'auth 
sels  de  sesquioxyde  possèdeht  isiiissi  des  protJtiétés  a&stringèDtlh 
Plusieurs  éxpériinetltàtetii'S  ont  préconisé  le  sulfate  de  sëàqtii 
bkydë  de  feJr^  Tacétatè  de  sestitiioxydé^  Tazotate  de  seS(}UiôiÊ}di 
le  sulfate  double  de  sesqtiioiydé  de  fer  et  de  potasse  ou  àlU6  k 
bfé  Mais  tes  pi^pàrations^  qiioictUé  efficaces^  ii'oilt  pas  ëiicorë  pu 
ràug  dans  là  pratique. 

U  élit  à  regretter  cfue  Talun  de  fer  surtout  soit  resté  daiii^  Totlb 
car  il  cristallise  et  peut  par  èonséquétit  être  obtenu  dàiis  uU  état  i 
nëuti^lité  absolue  ;  il  est  de  plus  ddué  d'iiile  àstriugetice  dOnèiil 
rablé. 

Puisqu'on  a  persisté  quand  hiêinë  datlb  Tetaploi  ëicltlèif  dl 
përëhlortlre  de  fbrj  ne  parlons  qUë  de  lui  et  entrous  dans  ({oelqiiii 
dételdppetnents  sût  lëis  modificatious  qu'il  peut  BUbif  quûd  il  eil 
sduittis  à  riuflueUcé  de  didérehts  agents» 

Oti  peut  se  proëurer  le  petchlorurë  de  fer  sous  trois  (États  dlfr 
liants  i 

Le  chlorure  atih]fdre  et  cristallisé  en  laknes  violacées  trè«^* 
qUëscëntés;  Ce  corps  ebt  parfaitement  itiUtilë>  attendu  qu'il  â'hydMM 
dès  quW  le  fait  etittef  dans  une  ptépabatiôu  quelconque; 

Le  chlorure  hydraté  et  sdlidéj  sdùs  formes  de  |)lbquesjiitlfiesi 

La  solution  nortnâle  dé  petchlorure  à  30  dégrés  ;  c'est  là  pttfi^ 
ration  la  plus  usitée  ëtéëllô  qU'oh  se  procure  aiséfcneht  dàiiâ  tëMa 
lëlB  dfficitlësi 

BeUs  (jùelque  forme  que  të  sôit,  le  perbhloriilre  de  tibi*  doit  M 
chimiquëiiieht  iiéUtre,  eieitipt  dé  chlore  et  de  sbtis-sels  de  féh  Li 
solution  à  30  degrés  est^  cotntne  nods  l'avons  dit,  presque  tttiil 
siVement  eniployée;  La  pratique  a  déknontré  què  cette  .ëbnëâfiM 
tion  était  sufiisante^  et  dans  bien  des  cas  on  tie  TàppliqUe  ioM 
qu'étendue  de  sort  Volume  d'eau.  Cette  solution  contient: 

Perehlorure  de  fer  anhydre 20 

Eau 74 


Le  pérchIol*nte  de  fer  est  un  mëdicatlietit  à  Pégâfd  duquel  le  mé- 
jecilidoit  se  montrel*  très- sobre  de  mélanges^  car  son  emploi  est 
incompatible  atec  celui  d'un  très-grand  nombre  de  substances. 
Aitiri  11  précipite  ou  est  décomposé  pat  : 
Les  sels  d^argent  ; 
L^  protosels  de  metcute; 
lies  alcalis^  letll*s  carbohàteâ  et  bicarbonatés  ; 
tiGs  arsénites  et  arséniatés  ; 
Le  borate  de  sdude  ; 
Les  tannins  et  autres  substances  astringentes  ; 

Les  gommes  ; 

Les  extraits  végétaux; 

Les  infusions  de  plantes  ; 

L'albumine; 

Li  caséinei 

Le  percblorure  de  fer  ne  doit  pas  non  plus  être  mis  en  présence  de 
tth  qui,  par  une  double  décomposition  et  cependant  sans  produire 
1^  précipité,  en  changeraient  complètement  la  nature  et  forme- 
niait  d'autres  sels  dé  sesqUioxyde  sur  là  valeur  desqueJs  on  n^est 
^  aussi  bien  fixé.  Ainsi  il  est  évident  que  si  rdrl  formulait  une 
*AA\oû  contenant  du  përchloi'dt'ë  de  fei*  et  de  Tacétate  dô  soude^ 
die  lie  rënferitierait  que  du  chlorure  de  sodium  et  de  Tacétate  de 
iS^uibxyde  de  fer. 

ilèstdotlc  prudent^  pdiir  Paditiinisti'atîon  interne,  de  s^en  tenir  à 
Itt^tion  oMitiàire,  faite  à  TeaU  distillée  et  édulcorée  au  sirop  de 
^Q6re  iuÊoldtë  ;  en  se  gardant  bien  de  jatjfiàis  y  mettre  de  sirop  de 
gomme  ou  de  sirops  composés,  ni  des  teintures^  qui  précipiteraient 
kstibstance  actité  et  en  changeraient  la  côtnpositioii. 

Le  suci'e  même  altère  le  perchlortlre  de  fer,  et  cela  se  produit 
'Uitant  plus  rapidement  que  Finfluence  de  la  lumière  et  celle  de  la 
ddlear  sotit  plus  protioncées.  Dans  ce  cas  le  perchlorure  est  réduit  et 
f  Amehé  d'abord  à  l'état  de  sel  ferroso-ferrique,  tandis  que  le  sucre 
I  l^itlte^feHit  sous  Tinflueticë  de  Tacide  chlorhydrique  mis  en  liberté. 
HTàction  se  continue,  la  quantité  de  protosel  augmente  graduel- 
koeDt.  Aussi  le  sirop  de  perchlorure  de  fer  ne  doiHt  être  préparé 
{ifan  tournent  du  besoin^  à  froid,  par  simple  mélailgë,  et  conservé 
irobscurité  pendant  tout  le  temps  que  le  malade  en  fait  usage. 

Ooe  ancientié  préparation  ferrugineuse,  la  liqueur  de  Bestucheff^ 
dons  fourtiit  Un  exemple  analogue.  Ce  médicament  consiste  cti 
line  solution  de  perchlorure  de  fer  dans  tirl  inélange  d'éthei*  et 


—  220  — 

d'alcool.  Récemment  préparé,  ce  liquide  est  d'un  beau  jaune,  maie 
sous  l'influence  de  la  lumière  la  teinte  devient  de  plus  en  plm 
Verte  par  suite  de  la  réduction  du  sel  ;  en  même  temps  de  Paddi 
chlor hydrique  est  mis  en  liberté  et  forme  de  Téther  chlorhydriqoi 
en  réagissant  sur  l'alcool. 

Comme  le  sirop,  cette  liqueur  doit  être  préparée  au  moment  di 
besoin^  et  il  est  plus  que  probable  que  son  altérabilité  et  par  coik 
séquent  les  échecs  qui  ont  dû  se  produire  à  la  suite  de  son  admi 
nistration  sont  cause  de  l'oubli  dans  lequel  elle  est  tombée. 


BIBLIOGRAPHIE 


Traité  des  fractures  non  consolidées  ou  pseudarthroses ,  par  le  doctei 
Bérenger-Féraud,  médecin  principal  de  la  marine.  In-8%  700  pages 
102  figures. 

Notre  excellent  ami  le  docteur  Bérenger-Féraud,  que  les  lecteun 
du  Bulletin  connaissent  bien^  et-  depuis  longtemps,  vient  de  pa- 
blier  un  livre  qui  aura,  nous  Tespérons,  une  place  honorable  dans 
la  science  :  c'est  un  Traité  des  fractures  non  consolidées  ou  pieur 
darthroses,  en  700  pages,  avec  i  02  figures  dans  le  texte  pour  la  fa- 
cile compréhension  des  descriptions.  Ce  livre  remplit  une  lacone 
que  les  praticiens  regrettaient  souvent  de  voir  exister  dans  rhistoisB 
des  fractures^  et  notre  affectionné  collaborateur  a  cherché  à  remplil 
la  tâche  aussi  consciencieusement  et  aussi  complètement  qu'il  était 
possible. 

On  sait  que  trop  souvent  les  fractures  restent  sans  consolidatioii, 
condamnant  ainsi  les  malades  à  une  impotence  extrênoemenl 
fâcheuse,  importance  que  les  plus  grands  chirurgiens  depuis  dfli 
siècles  se  sont  préoccupés  de  combattre^  puisque  Celse  déjà  nfi 
pas  dédaigné  de  décrire  avec  soin  et  détails  l'opération  du  frotlB 
ment  des  fragments  dans  les  cas  d'absence  de  cal  à  la  suite  dfl 
fractures.  Dans  les  temps  plus  modernes^  nous  trouvons  non-seo 
lement  Guy  de  Ghauliac^  les  deux  Fabrice,  La  Motte,  Dionis,  etc. 
mais  encore  Boyer,  Roux^  Dupuytren,  Larrey,  Velpeau  en  France 
Cooper,  Bell^  Brodie,  Laugenbeck,  etc.^  à  l'étranger^  dès  que  not 
songeons  aux  fausses  articulations  ;  et  si  nous  voulions  citer  cev 
des  chirurgiens  de  Tépoque  actuelle  qui  ont  été  frappés  par  Tétrai 
geté,  l'obscurité,  la  difficulté  qu'il  y  a  encore  autour  de  ce  point  ( 


la  chirurgie,  nous  serions  obligé  de  donner  la  liste  de  tous  les 
bommes  ayant  un  nom  grand  ou  modeste  dans  la  science^  et  il  y  a 
foelque  chose  d'aussi  général  que  la  liste  de  ceux  qui  ont  étudié 
les  pseudarthroses,  c'est  Tunanimité  avec  laquelle  on  a  déclaré  que 
les  fractures  non  consolidées  sont  un  des  points  les  plus  obscurs  de 
la  pathologie  chirurgicale. 

Pendant  longtemps,  les  chirurgiens  qui  ont  écrit  sur  les  pseu- 
darthroses  se  sopt  bornés  à  citer  quelques  observations  personnelles 
en  faveur  de  telle  ou  telle  opération  qu'ils  avaient  imaginée  ou  vu 
mettre  en  pratique^  de  telle  théorie  qui  leur  paraissait  juste  ou  pro- 
bable. Les  résultats  signalés  par  celui-ci  étant  révoqués  en  doute 
par  celui-là,  on  prit  la  peine  de  faire  une  étude  critique  de  la  ques- 
tion^ et  cette  étude  critique  ne  pouvant  mieux,  s'appuyer  que  sur  des 
observations^  on  se  mit  en  quête  de  faits.  Norris,  en  1842,  en  re- 
cueillit cent  cinquante  dans  un  mémoire  souvent  invoqué  et  chercha 
avec  ce  chiffre  imposant  de  prime  abord  à  sonder  les  obscurités  de 
la  question.  Son  travail^  très-estimé,  a  été  un  progrès  réel,  mais  il  a 
laissé  forcément  bien  des  points  dans  l'ombre.  D'ailleurs,  son  peu 
fâendue  commandait  de  laisser  de  côté  nombre  de  détails  qui 
Aûent  cependant  d'une  importance  capitale.  En  1862,  M.  Gurlt  a 
bnrni  quatre  cent  quatre-vingts  faits  à  l'appui  de  son  dire^  mais 
eette  accumulation  n'a  guère  servi  à  la  science^  car,  faite  sans  ordre, 
MUS  idée  élevée,  travail  de  myope  de  l'esprit  comme  la  plupart 
fc  ces  travaux  de  statistique  si  estimés  en  Allemagne  où  la  quan- 
tité des  matériaux  est  extrême  et  le  résultat  nul  le  plus  souvent, 
l'étude  de  M.  Gurlt  sur  les  pseudarthroses  n'a  pas  en  somme  fait 
trancer  la  question  d'un  pas. 

Notre  excellent  ami  le  docteur  Bérenger-Féraud  a  compris  que, 
As  le  moment  qu'en  Amérique^  *en  Allemagne^  on  avait  appuyé 
nr  de$  chiffres  une  étude  des  fractures  non  consolidées,  il  fallait 
ftt  les  travailleurs  français  montrassent  qu'ils  savaient  faire  de 
11^,  et  ce  n'est  ni  150  ni  480  faits  qu'il  a  recueillis,  c'est 
i005,  chiffre  vraiment  énorme  et  autrement  plus  concluant;  mais 
bitons-nous  de  dire  que  M.  Bérenger-Féraud,  tout  en  basant  son 
éinde  sur  ces  nombreuses  observations^  répète  au  début,  au  milieu^ 
àbfin  de  son  livre  que  les  faits  sont  encore  insuffisants,  qu'il  faut 
iBrtout  savoir  les  interpréter^  et,  en  effets  les  matériaux  sont  bien 
vtiles  dans  toute  œuvre  de  la  main  ou  de  l'esprit  de  l'homme  ;  mais 
que  seraient-ils  sans  l'intelligence  qui  les  utilise?  Ceci  soit  dit  en 
pissant,  comme  une  protestation  du  sens  commun  et  sévère  contre 


—  n%  — 

upe  tendance  peui-êtr@  trop  généralisée  anjourd'l^ui  vers  limi4tllod( 
numérique,  qui  semble  de  prime  abord  très-facjle  et  qui  est  Q^ftm 
d^nt  Mrissée  de  difficultés.  Que  les  statisticiens  présents  et  fuliin  ni 
roubljent  pas  :  rien  nest  vrai  et  rien  nest  faux  comme  les  chiffrer 
et  si  Ton  ne  sait  pas  avec  un  tact  extrême  réunir  et  comparer  d4 
facteurs  de  même  nature  et  rigoureusement  finalogues^  on  n'arfiv 
qu'à  des  résultats  d'autant  plus  fâcheux  qu^ils  ont  une  fausae  appe 
rençe  d'autorité. 

Aprèç  une  courte  entrée  en  matière  qui  familiarise  le  lecteur  av^ 
le  but  que  Tauteur  ^  cherché  h  atteindre  et  la  marche  qu'il  comjfvl 
suivre  dans  son  livre,  M.  Bérenger-Féraud  entre  dans  Tétude  i)^ 
taillée  de  T^n^tomie  pathologique  des  fractures  non  consolidée! 
montrant  qu'une  grande  cause  de  l'obscurité  qui  a  régné  jusqu'il: 
dans  la  question  tient  à  ce  qu'on  n'a  pas  suffisamment  tenu  compta 
dQ  la  forme  matérielle  des  diverses  pseudarthroses  ;  ce  chapitre  9 
une  grande  importance  et  nous  le  signalons  aux  travailleurs.  Les 
fractures  non  consolidées  y  sont  partagées  en  cinq  classes  : 

1^  Retard  d^ns  la  consolidation  ; 

^^  Pseudarthrose  flott^te  pu  avec  complète  indépendance  449 
fragments  ; 

30  Pseudarthro^e  fibreuse  ; 

4^  Pseudarthrose  ostéophytique  ou  avec  maladie  des  fragmenti  { 

S°  Pseudarthrose  fibro-synoviale. 

]^e  chapitre  de  Tétiologie  devait  avoir  une  très^nptahle  impoT* 
t^nce,  car  il  était  nécessaire  de  passer  en  revue  le  chiffre  presqii^ 
innombrable  de  causes  cap^b|eS|  selon  les  uns  et  le^  autresi  ^ 
produire  les  pseudarthroses^  et  il  fallait  déterminer  avec  autant  (te 
précision  que  possi))|e  leur  9omnie  d'influence  puisque  dç^ns  main^ 
circonstances  on  a  prêté  une  puissance  imaginaire  à  des  conditions 
qui  ne  peuvent  réellement  ^voir  aucune  faction.  Afin  d'éviter  lef 
chs^nçes  d'erreur.  M,  Pérenger-Féraud  a  cherché  à  grouper  ces  ^ 
verbes  cs^uses  d'une  mctnière  méthodique,  et  trouvant  que  les  di^ 
ficatiqns  antérieures  de  Boyer,  Richerand,  Norris,  Mal^aig*^ 
étaient  incomplètes,  \\  en  a  fait  une  qui  comprend  un  no(At^ 
vraiment  considérable  de  divisions  et  subdivisions.  Yoici  ^,'9^ 
leurs  cette  classification^^  dont  on  pourra  apprécier  Tétendue  e% 
précision. 

A.  Causer  gH^ralfs, 
l.  Influences  e^té-  (  P^ys* 


rieure^.         (  Saiiop. 


! 


-m- 


IfifloeBeesper- 
iMif^les. 


Sexe. 

Relation  des  pseudarthroses  aux  frac- 
tures, 
/   **  Pliysioiogi-  •  1  Prédisposition  de  certains  os. 
qv^r  \  Régiiçe. 

Grosses^t). 
Lactation. 
Onanisme. 
Influences  mopales. 

Variole. 
Typhus. 
If aladies  alipis,  {  Fièvre  typhtfde. 


2o  Morbides. 


\    30  Toxiques. 


gryiipële. 
gcQrbut,  etq.|  çtç. 

Rachitisme. 
Scrofules. 
Mal.  chroniques.  {  Goutte. 

Syphilis. 
Gaiip6Pj  etf.^  $|p. 

Métaux  altérants. 

Plantes. 

Baux  minérales. 


B.  Causes  locales. 


Gloses  locales  affectant  le  mem- 
bre en  dehors  de  la  fracture. 


•  Causes  locales  se  rattachant  aux 
conditions  du  lieu  mêpe  de  la 
frtelure. 


(•  Cames  locales  résultant  du  trai- 
tement. 


Paralysie. 

0bsti|ç)6  à  (a  circulation. 
P)iUigf{ipi)  du  membre. 
SrysipHe  du  membre. 

Siège  de  )a  fracture. 

Direction  de  la  fracture. 

N^tufe  d^  la  fracture. 

Ecartement  des  fragments. 

Interposition  d'un  corps  étranger. 

Suppi^pglÎQn  du  foyer. 

Défaut  de  nutrition  de  Tun  des  frag- 
ments. 

Affection  de  l'os  au  niveau  dç  }|  frger 
ture. 

[  Abus  des  topiques  humectants. 
Scorbut  local. 

Application  trop  prolongée  du  bandage. 
Application  prématurée  du  bandage. 
Mobilité  44  fr9g«P9lf  • 
S]LçrçM;e  pr^pnitoré. 


—  224  — 

Ajoutons  que^  pour  être  absolument  complet^  Tauteur  a  fait  on 
troisième  classe  de  causes. 

C.  Causes  inconnues. 

Et  nous  voyons  par  ce  scrupule  combien  la  question  de  Tétic 
logie  a  pu  être  approfondie  avec  soin. 

Dans  une  œuvre  éminemment  pratique^  la  question  du  traiteme 
devait  tenir  une  grande  place,  aussi  M.  Bérenger-Féraud  s'esL 
occupé  de  la  thérapeutique  des  fractures  non  consolidées  avec  ai 
attention  qu'on  pourrait  appeler  minutieuse^  car  il  a  cherché  à  ei 
visager  tous  les  cas^  à  passer  en  revue  tous  les  moyens  essayés,  1 
discutant,  les  appréciant  à  mesure  pour  en  déterminer  rigoure 
sèment  la  valeur.  Voici  encore  la  marche  qu'il  a  suivie  pour 
étude. 

TRAITEMENT  DES  PSEUDÀRTHROSES. 

A.  Traitement  médical; 

B.  Traitement  chirurgical. 
Le  traitement  médical  se  partage  en  trois  groupes  : 

i^  Altérants. 

2o  Excitants.  » 

3»  Préparations  calcaires. 

Le  traitement  chirurgical  se  partage  aussi  en  trois  catégo 

10  PalliaUf. 
20  Curatif. 
3o  Amputation. 


Minéraux l 


Pour  le  traitement  médical,  Fauteur  a  subdivisé  les  groupes  a.: 

Mercure. 
Iode. 

Altérants ^  /  Aigremoine. 

Végétaux |  Primevère. 

f  Garance. 
Toniques. 

Excitants \  Ean  de  goudron. 

Mumie. 

Pierre  ostéocolle. 

^  ,        ,.          ,    .  ,  Phosphate  de  chaux. 

Préparalion»  calcaires J  Carbonate  de  chaux. 

Eau  de  chaux. 

Le  traitement  chirurgical  se  divise,  avons-nous  dit^  en  troi 
tioDS  '.palliatifs  curatif ^  amputation. 


—  M5  —  • 

Le  traitement  palliatif  comprend  des  appareils  qui  se  classent 
Qsi  : 

Applicables  k  la  clavicule,  l'humé-  )  „  ,, . 
ruseU'avant-bras.  (  ^'"^^«"• 

IWhile. 
Briot. 
Charrière. 
Reil. 

vant  bras.       I  l  Bailly. 

f  Pression    Hmi-  \  Champion. 

^  tée.  I  Duval  (de  Brest). 


Bmbre  thoraci- 
que. 


Charrière. 


Applicables  à  Tavant-bras  seule- 
ment. 

Faisant  marcher 
sur 


/  Âpppareils  im- 
mobilisant l'ar- 
ticulation supé- 
rieure et  les 
pseudarthroses. 


?  Barde. 

it  marcher  j  -^, ., 
le  pied.      \^'^'' 


Qibre  abdomi- 
nal. 


Permettant  les 
mouvements  de 
cette  articula- 
tion supérieure. 


Kmpéchant  le 
sujet  de  mar- 
cher  sur   son 

•  pied. 

Faisant  marcher  \  ^^^f^^' 
sur  le  pied.      ^  M**^'««- 


Charrière. 


Empêchant  le 
sujet  de  mar- 
cher sur  son 
pied. 


\ 


Produisant  un  certain  frottement 
entre  les  fragments. 


Hunter. 

Smith. 

Bohrer. 


Lte  traitement  chirurgical  se  subdivise  en  cinq  catégories  : 

[  Simple. 

^'immobilité  prolongée \  Avec  compression  des  fragments. 

f  Avec  extension  des  fragments. 

Rubéfaction  de  la  peau. 

Yésication  de  la  peau. 

Cautérisation  de  la  peau. 

Electricité. 

Aiguilles. 

Cautérisation. 

Perforation  sous-cutanée. 

Séton. 

Ecrasement  linéaire  du  cal. 

Implantation  de  corps  étrangers. 


Les  irritants  extérieurs  .   .  . 
^-  Le  frottement. 

•  1^1  irritants  intérieurs  .  •  . 


TONB  LIXX.  5^  LIYR. 


^.  ...  {  D'uh  seul  fragmeht. 

(   Proprement  dile.  .  .  J  ,,     ,       * 
V  (Des  (Jeux  fragments. 

^  '  \  Grattage  des  fragments. 

V.  Résection  .  .  )  v  Cautérisation  des  fragments. 

(  Suture  du  périoste. 
ilvec  auxiliaire  •   •  •  ]  Suture  des  os. 

(  Ligature  des  os. 

C'est  avec  un  certain  plaisir  que  noUs  avoUs  feuilleté  le  livre  de 
notre  affectionné  collaborateur,  car  nous  y  avons  trouvé  çà  et  là 
des  aperçus,  àeê  remarques  qui  nous  font  croire  qUe  le  praticien  y 
puisera  de  préitiëux  renseignements  dans  mille  cas.  Nous  applau- 
dissons donc  à  Toéuvre  et  nous  la  signalons  à  riod  lecteurs. 

Terminons  en  faisant  observei*  qUc  le  docteur  Bérenger-FérauJ 
publiait  Fannëo  dernière  à  peine  son  Traité  de  r immobilisation 
directe  dans  les  fractures,  qu'il  tient  aujourd'hui  la  parole  qu'i' 
donnait  dans  ce  livra  en  annonçant  pour  cette  année  la  publicatior 
de  son  Traité  des  pseudarthroses^  Nous  espéfons  fermement  qa« 
Tannée  prochaine  verra  la  publication  dé  sort  Traité  de  V entorse 
qu'il  prooiet  aujourd'hui  à  la  première  page  de  son  livre^  et  noiA 
serons  heureuïde  donner^  en  temps  opportun,  à  nos  lecteurs  lafiri 
raeur  de  quelques  chapitres  de  ce  pl'ôchaitt  ouvrage,  comktlË  noui 
leur  avons  donné  déjà  la  ptikoeUr  de  quelques  points  intéressam.1 
du  Traité  de  V immobilisation  directe  des  fragmeiits  et  du  Trait 
des  fractures  non  consoHdéeê. 


BULLETIN  DES  HOPITAUX 


ÂTROPHII   tfOSGULAI&JE    CONSÉGUtlYE   AUX   CONGÉLATIONS.    —     I^ 

toutes  Its  calamités  qui  ont  atteint  nos  soldats  durant  cette  trisi 
campagne,  le  froid  excessif  n'a  pas  été  la  moindre  ;  aussi  un  gr6LD 
nombre  d'entre  eux  ont-ils  présenté  des  phénomènes  dâ  oongélalioi 
Nous  avons  donc  malheureusement  pu  étudier  cet  accident,  d^oi 
dinaire  assez  rare  en  France. 

Je  crois  avoir  observé  et  «ignalé  le  premier,  en  1868,  un  ph^**^ 
mène  consécutif  des  coUgëlations>  ra^ro/>Aeemusczi/atr&;  me  "p^^ 
posant  de  faire  un  travail  sur  ce  sujet,  je  n'avais  pas  éticot^e  p<ël1)U 
les  observations  sur  lesquelles  je  m'appuyais.  Je  ne  veux  pas  taX^^ 
plus  longtemps  à  appdef  l'attention  de  mes  confrères  sur  ce  pob 


—  M7  — 

Gurieux  de  Thistoire  des  congélations.  Obserte-t-on  souTent  l'atro- 
phie musculaire?  Dans  qUellos  cotiditions  se  rnanifeste-t-elle? Lft 
campagne  actuelle  va  nous  fournir  de  nombreux  âiatétiaili  pour 
résoudre  ces  questions. 

Voici  la  première  observation,  recueillie  dans  mon  service  en 
4868}  et  rédigée  par  M.  Babaut,  externe. 

Hirage  (Céleste)^  dix-huit  ans^  charretier,  entre  à  l'hôpital  le 
4  O  janvier  18t)8. 

Il  y  a  huit  jours,  le  malade  s'est  couché  dans  du  foin  après  en 
avoir  déchargé  pendant  trois  heures  ^  il  ne  s*est  point  aperçu  qu'il 
avait  froid  aux  pieds,  car  il  avait  eu  très-chaud  à  la  suite  de  cette 
besogne.  Depuis,  il  a  continué  son  travail  jusqu'au  moment  où  la 
rëaction  contre  cette  congélation  qu'il  présente  aux  orteils  a  parui 
Il  entre  à  rhôpital  après  n'avoir  pas  senti^  dit-il, -ses  pieds  de  quel- 
ques jours)  difficultés  dans  la  marche  au  point  de  mettre  trois 
beures  pour  venir  de  la  rue  de  Reuijly  au  quai  de  Bercy;  déjà,  il  y  a 
trois  ans,  dans  le  département  de  la  Nièvre,  il  avait  eu  les  talons 
Sçlés.  Le  jour  de  son  entrée  on  constate  ce  qui  suit  :  sensibilité  mi- 
nime au  talon,  absence  de  sensibilité  aux  orteils,  douleur  dans  les 
niollets  succédant  à  une  enflure  des  jambes.  Teinte  noirâtre  des 
orteils,  phlyctènes  sanguinolentes  sur  les  orteils,  où  l'on  peut  con- 
stater les  quatre  degrés  de  gelure.  Quand  le  malade  marche,  il  sent 
4^'îl  est  appuyé  sur  la  plante  des  pieds,  les  talons  lui  font  .mal 
ftlors.  Insensibilité  des  pieds  au  toucher,  il  ne  peut  distinguer  deux 
choses  différentes;  il  lui  semble  qu'il  ne  possède  que  la  moitié  phs- 
térieure  du  pied  ;  les  orteils  sont  cependant  chauds  et  présentant 
^n  commencement  de  réaction.  Engourdissement  dans  les  piedsa  Ga<>> 
^^plasmes  tièdes. 

il  janvier.  Aiigmentation  de  souffrance,  surtout  dans  le  mollet 
^^ojt,  où  depuis  trois  heures  de  l'après-midi  il  a  eu  des  élance- 
5*ents,  des  picotements  allant  jusqu'au  jarret.  Dans  les  orteils  même 
r^uleur.  La  phlyctène  du  gros  orteil  est  enlevée,  le  derme  est  à  nu  ; 
^^sensibte  de  prime  abord,  le  malade  sent  cependant  quand  on  lui 
P^ue  le  derme,  sauf  au  sommet.  M.  Tiilaux  enlève  répiderme,tous 
^es  orteils  se  dépouillent  successivement.  Analgésie  complète  sur 
^ute  la  plante  du  pied,  sauf  le  talon  ;  sensibilité  au  toucher  sur  là 
^<>8.  Absence  de  sensibilité  à  la  douleur  et  au  toucher  dans  Tes- 
^ï'faiité  des  orteils,  cela  va  jusqu'à  leur  racine. 

Dii  côté  gauche,  face  dorsale  du  pied  sensible,  mais  cuisson  dans 
^^  tiers  antérieur  -,  pour  la  face  plantaire^  sensibilité  complète  ; 
Couleur  dans  le  mollet. 

Le  malade  a  dormi  quatre  heures.  Cataplasmes. 
iS.  Le  malade  sent  son  pied  droit  ;  disparition  de  î'anesthésie* 
Au  niveau  du  gros  orteil,  le  sphacèle  est  limité  par  une  plaque 
^^rltre.  Augdlentation   des    souffrances.  L^élimmation  tend  à 
^enir  superficielle.  Quand  le  malade  est  levé,  il  sent  tous  uûs 
^^rteils  appuyer. 


—  228  — 

13  janvier.  Insomnie.  Augmentation  des  douleurs,  surtout  dans 
le  mollet.  Une  pilule  extrait  thébaïque,  5  centigrammes. 
Même  état  pour  le  reste, 

14.  Augmentation  des  douleurs.  Picotements  dans  les  orteils» 
surtout  du  côté  droit,  comme  si  on  lui  coupait  le  pied  avec  un 
couteau  ;  ceci  existe  aussi  du  côte  gauche,  où  la  réaction  est  lente  < 
à  s'établir^  tandis  qu'à  droite  elle  est  complète  et  Teschare  formée  iLai 
la  superficie  des  orteils  tend  à  s'éliminer. 

Côté  gauche.  Limite  de Tcschare  qui  tend  à  se  former,  nullemen^^ 
accusée;  même  douleur.  Sensibilité  dans  les  deux  pieds  comme  sr^ 
on  y  plantait  des  épingles.  Douleur  au  toucher,  quand  on  appuie  is 
Le  malade  sent  seulement  la  partie  inférieure  du  pied  droit. 

Cataplasmes  tièdes.  Une  pilule  extrait  thébaîque. 

15.  Souffrances,  surtout  augmentées  dans  le  pied  droit;  douleur^a 
dans  le  gros  orteil.  Sensibilité  complète  des  deux  côtés. 

16.  Souffrances,  surtout  dans  le  pied  droit.  Même  état. 

17.  Diminution  des  souffrances;  pied  droit  assez  chaud;  Vi 
chare  sera  sans  doute  limitée  au  derme  ;  fourmillements,  élanci 
ments.  Le  malade  ne  peut  marcher  que  sur  ses  talons;  il  lui  seml 
que  ses  pieds  ont  grossi,  qu'il  y  a  un  poids  comme  suspendu,  qi^^  ' 
marche  sur  une  forte  semelle. 

18.  Du  côté  gauche,  le  gros  orteil  s'est  dépouillé  superficiel  "Me 
ment,  et  il  souffre  beaucoup  néanmoins.  Deuxième  orteil  de  mêirm.6. 
Même  douleur. 

21.  Le  malade  s'est  levé^  il  a  marché;  souffrances  exagérées  dai.  wnî 
le  mollet  ;  il  sentait  peu  ses  pieds  en  marchant. 

22,  23.  Même  état. 

24.  Même  état.  Souffrances  augmentées  du  côté  gauche^  etc'ét^i-î^ 
du  côté  droit  qu'il  soutirait  davantage;  la  réparation  du  gros  orC^î 
du  côté  gauche  tend  à  se  faire  ;  Textrémité  de  la  pulpe  présente  ^^ 
la  suppuration  ;  tendance  à  l'élimination. 

25,  26.  Souffrances  très -augmentées  ces  jours-ci  sous  TinfiueKB^^ 
de  la  gelée. 

28.  Douleurs  continues  dans  tous  les  orteils  et  les  mollets.  L'^^^' 
mination  est  superficielle  des  deux  côtés. 

29.  Hyperesthésie  des  deux  gros  orteils.  Même  état. 

30.  Souflrances  toujours  dans  le  pied  droit,  mais  moins 
Du  côté  gauche,  souffrances  très-grandes.  Hyperesthésie  du  ^ 
orteil  gauche  et  du  bord  interne  du  pied  gauche.  Douleur  dans  1^ 
deux  mollets,  sensation  de  lassitude.  Varicelle^  fièvre  depuis  qa^'  " 
ques  jours. 

1"  février.  Même  état,  souffrances  augmentées  le  matin. 

2.  Amaigrissement  très-marqué  des  deux  mollets,  il  exista  ** 
une  atrophie  qui  s'est  faite  depuis  Pentrée  du  malade  dans  le  i^^' 
vice.  Souffrances  diminuées,  mais  par  instants  douleurs  tjr^^ 
grandes  dans  les  mollets;  la  douleur  est  plus  grande  dani9^  j^ 
gauche,  où  elle  débute  par  le  bord  interne  du  pied;  la  surface  ^^ 
pied  présente  maintenant  un  aspect  blanchâtre.  L'élimination  ai.  ^^ 
superficielle,  Tépiderme  seul  a  été  atteint.  Au  niveau  du  sonm*'^ 


—  229  — 

du  gros  orteil  et  du  deuxième  du  côté  gauche ,  la  pulpe  des  doigts 
s'élimine,  elle  présente  une  teinte  rosée  et  saigne  quand  on  y 
touche.  Du  côté  du  pied  droit,  où  tous  les  orteils  étaient  noirs^  la 
réparation  se  fait,  la  teinte  rosée  reparaît.  Du  côté  gauche  de 
même,  les  trois  premiers  ongles  sont  tombés. 

3  février.  Même  état,  diminution  des  souffrances. 
7,  8.   Souffrances  plus  grandes  depuis  quelques  jours  dans  les 
deux  pieds^  surtout  à  la   plante.  Douleurs  très-vives  dans  les 
mollets.  , 

i2.  Plus  de  cataplasmes;  les  douleurs  sont  moins  fortes. 
45.  Toujours  des  douleurs. 

24.  Etat  local  très  bon.  Engourdissement  des  pieds;  douleur 
dans  le  mollet;  le  malade  marche  sur  le  talon;  les  orteils  ne  lui 
font  plus  de  mal  ;  il  existe  un  léger  gonflement  de  la  jambe. 

5  mars.  Hypereslhésie  des  deux  côtés  dans  le  pied  et  le  mollet. 
Tous  les  ongles  du  pied  gauche  sont  tombés. 

6.  Persistance  des  douleurs;  difficulté  dans  la  marche  et  fai- 
blesse dans  la  station  debout. 

12.  Douleurs  dans  tout  le  pied,  surtout  sous  la  plante.  Au 
^alon ,  douleurs  et  fourmillements  ;  douleur  au  toucher.  Les 
d^ux  derniers  ongles  du  pied  droit  sont  tombés  Elancements,  dou- 
ï^iirs  plus  fortes  le  soir  que  le  matin,  surtout  la  nuit,  par  le  froid 
^laepar  le  chaud. 

L'atrophie  des  muscles  déjà  signalée  a  augmenté.  Le  malade 
**iarche  sur  ses  talons;  il  a  une  jurande  faiblesse  dans  les  jambes  ; 
^  t.ielquefois  il  croit  poser  son  pied,  mais  la  jambe  fléchit. 
U.  Le  malade  part  pour  Vincennes. 

24.  Sorti  de  Vincennes,  le  malade  rentre  à  l'hôpital  ;  il  se  pré- 
'Bte  un  ou  deux  jours  avant  à  la  consultation  en  se  plaignant  de 
*^^  pouvoir  marcher  que  difficilement;  qu*il  soit  assis  ou  debout,  il 
l^prouve  de  grandes  douleurs  à  la  plante  des  pieds  et  jusque  dans 
*^a  talons  ;  les  douleurs  sont  plus  grandes  dans  le  gauche;  il  y  a  ce- 
l^^ndant  des  alternatives  avec  le  droit.  Electricité. 

3  avril.  Depuis  le  28  mars,  les  séances  d'électricité  sur  les  mol- 
*^ts  et  sur  les  pieds  malades  n'ont  amené  aucune  amélioration  :  aux 
l^^ntsoii  l'anesthésie  existait  correspond  une  insensibilité  complète 
encourant  électrique;  aux  points  seuls  où  la  sensibilité  existait,  le 
^^alade  sent  le  courant  électrique  ;  il  le  sent  plus  ou  moins  suivant 
^^lela  sensibilité  en  ces  points  a  été  conservée  plus  ou  moins  long-  • 
^Mps  durant  la  maladie,  ou  suivant  qu'elle  était  plus  ou  moins 
^^érée.  Dans  le  mollet,  la  sensibilité  à  Télectricité  est  surtout 
très-marquée  quand  la  force  du  courant  est  à  son  maximum. 
0  existe  des  points  où  le  malade  ne  sent  point  du  tout. 
Plante  du  pied,  —  Niveau  des  orteils  :  sensibilité  faible  ;  nulle 
pour  le  gros  orteil  du  côté  droit. 
1*iers  antérieur  :  un  peu  de  sensibilité. 
Partie  médiane  ;  assez  grande  sensibilité. 
Talon  :  sensibilité  nulle. 
face  dorsale  du  pied.  —  Sensibilité  à  rclcclncilè  dîa.\îLVwv\.  \^m& 


—  330  — 

marquée^  que  le  courant  agit  davantage  sur  le  bord  intem 
très-sensibles. 

En  se  rapprochant  du  cou-de-pied,  la  sensibilité  diniii 
augmenter  ensuite  jusque  dans  les  mollets,  où  elle  esl 
prononcée. 

27  avril.  Le  malade  sort  de  l'hôpital  forcément,  ma 
préfecture  de  police;  Télectricité, continuée  pendant  quelc 
et  cessée  huit  ou  dix  jours  avant  son  départ,  ne  lui  avai 
aucun  effet  et  n'avait  point  amélioré  sa  position. 

7  juin.  Ce  jeune  homme  revient  à  l'hôpital  pour  ren 
sœur.  H  marche  très-péniblement  avec  \m  bâton  et  v 
Paris,  car  il  ne  peut  travailler  pour  gagner  sa  vie. 

TlLLAUX, 

Chirurgien  de  l'hôpital  Sain 


RÉPERTOIRE  MÉDICAL 


REVTJE  DES  JOURNAUX 


Traitement  de  rempoison- 
cément  par  l'opiii|nr  e|  par 
la  belladone.  Dans  Touvrage 
classique  sur  les  narcotiques  qu'il 
a  publié  dernièrement,  le  docteur 
Harley  démontre  que,  dans  l'em- 
ppisonnement  par  l'opium,  la  mort 
survient  par  suite  de  la  suspension 
des  phônomënes  respiratoires,  et  qu'en 
0  9trf,  ^  une  périoqe  plus  ou  moins 
avancée,  Testomac  lui-même  est  frappé 
de  paralysie;  De  là  l'inutilité  des 
contre-poisons  administrés  par  la  voie 
gastrique,  quand  l'intoxication  dure 
depuis  un  certain  temps,  Les  indica- 
tions les  plus  urgentes  sont  alors  les 
suivantes:  i^  Débarrasser  complète- 
ment reatomac  au  moyen  d'eau  tiède 
sinapiaée.  Appliquer  à  l'épigastre 
des  sinapismes  et  des  morceaux  de 
linge  chaufTés.  On  peut  réussir,  avec 
des  boissons  trës-chao^s,  à  exciter 
les  plexus  gastrique,  pulmonaire  et 
c^rdiaoue^  ainsi  que  lea  nerfs  spi- 
naux. 2o  Faire  passer  des  couraifts 
cardiaques  de  la  partie  postérieure  du 
cou  au  thorax  et  à  Téplgastre. 
3o  Quand  le  cœur  dénote  un  grand 
affaiblissement,  introduire,  par  la  voie 
hypodermique,  un  quutre-vingt-sei- 
ziëme  de  grain  de  sulfate  d'alropinn, 
toutes  les  deux  heures.  Des  doses 
plusgrandes,  ou  trop  souvent  répétées» 
pourraient  produire  des  effets  diamé- 
tnhmeaè  opposés  à   ceux  que  Yoiv 


recherche,  une  dépression 
fonde,  un  narcolisroe  plus 
Dans  Teropoisonneroent  ] 
ladone,  c'est  la  respiration 
•entretenir,  et  activement, 
cours  à  l'opium,  non  qu* 
véritable  contre-poison,  n 
qu'il  calme  bien  l'agi  ta tioi 
excessive  qui  s'empare  d 
Cependant  il  ne  faut  jam: 
que  celui-ci  est  beaucoup 
danger  dans  les  périodes  ' 
et  d'agitation,  que  quand  il 
dans  un  profond  sommeil 
dans  le  premier  cas,  les  no 
respiratoires  obéissent  à  '. 
partie  du  cerveau;  dans 
5U)nt  fortement  entravés, 
tisme  est  toujours  beaucoAi 
dontable  dans  l'empoisonii 
la  belladone  que  dans  l'en 
ment  par  l'opium.  {Jomm. 
de  Bruûcelles.) 

Périoste;  de  sa  ec 
tion  dans  la  ehirnrj 
ra taire.  M .  le  docteur  Stol 
blin,  donne  les  cooclusioAs 
basées  sur  les  expériences 
giques  et  les  observations  c' 
MM.  Ollicr,  Langenbeck,  Lil 
Wood,  de  lui-même  et  cCauti 
giens  qui  ont  étudié  cette  q 

I"  Dans  les  résections  so 
Vée%,  la  reijroduction  osseu: 


—  13J  — 


comprete  et'plus  rapide  qu'après  Vàh- 
Jatioii.conipfète  deTos  et  du  périoste; 
2o  Les  propriétés  ostéogéniqnes  du 
périoste  varient  suivant  qu'il  appar- 
tient à  qu  os  long  ou  à  un  os  court  ; 
elles  sont  plus  marquées  pour  le  pé« 
rioste  des  os  longs; 

3°  Le  type  normal  de  Varticulatîon 
est  mieux  reproduit  quand  on  a  la  pré- 
<»Btlon  de  conserver  le  revêtement 
périostique  ; 

4*  Les  résections  sous-périostéea 
sont  plus  exemptes  de  danger  que  les 
antres.  Celte  proposition  s'appuiesur- 
tout  sur  les  expériences  faites  par  OU 
lier  sur  les  animaux  ;  le  nombre  des 
résultats  défavorables  a  été  plus  grand 
da48  les  cas  de  résectious  non  périos- 
tées; 

âo  Les  difficultés  que  l'on  rencontre 
^  détacher  le  périoste  sur  le  cadavre 
"^^  doivent  pas  empêcher  d'employer 
^tte  méthode  sur  le  vivant.  Sur  ce- 
lui^ci^  Tadhérence  est  moins  grande, 
®'  dans  la  majorité  des  cas  le  périoste 
^8  os  malades  est  épaissi  ; 

6o  i^g  chances  de  raccourcissement 
^u  membre  sont  diminuées  par  cette 
^^thode,  comme  le  montrent  les  ré- 
sultats de  la  résection  tibio*tarsienne 
^>^ii8  la  dernière  guerre  du  Schles- 
^îfC-Holstein; 

"70  Les  résections  aous^périostées 
S^nt  plus  conservatrices,  en  ce  que, 
d«iiB  oon  nombre  de  cas,  elles  diroi- 
i^Ueiit  la  nécessité  de  Tampulation, 
(Gaji^^te  médicale  de  Paris.) 


Vlésectleiis     soiis  *  pérlos- 

**••.  M.  le   docteur  WtlUfeme,    de 
Jf^ons,  a  envoyé  à  FAcadémie  royale 
^Q  médeeine  de  Belgique  une  commu- 
nication fort  intéressante  relative  aux 
JL^ections  sous^périostées.  M.  Wll- 
•J^me,  ayant  eu  l'occasion  d'observer,  à 
1  hôpital  eivil  de  lions  une  fracture 
^oibinhintive  de  l'humérus,  procéda, 
^  concert  avec  son  confrère  M.  le 
acteur  Defontaine,  à  l'enlëvement  de« 
^•qnilles,  réséqua  toute  la  portion  dé- 
nudée deU  diaphyse,  le  périoste  étant 
^iisenré  et  demeuré  tout  entier  dans 
J^  plaie.  Les  os  de  Vavant-bras  étant 
■^Ucts,  il  les  maintint  à  leur  distance 
Normale  de  l'extrémité  inférieure  du 
Segment  de  l'humérus,  et  résolut  d*at- 
^^dre  la  régénération  et  la  re consti- 
^tion  des  parties  osseuses  enlevées, 
f"^- résultat  fut  des  plus  heureux,  car 
{)  M  forma  une  nouvelle  tête  articu- 
laire, et  les  mouvements  d'extension 
^^  de  flexion  de  l'articulation  furent 
^naervés.  Cette  remarquable  commu- 


nication, précédée  d'un  aperçu  des 
données  de  la  physiologie  expérimen- 
tale sur  les  propriétés  ostéogéniques 
du  périoste,  se  termine,  ou  plutôt  se 
résume  dans  les  propositions  suivantes, 
que  nous  extrayons  du  Bulletin  de 
VÂcadémie  royale  de  médecine  (|« 
fielgiqve,  dans  lequel  le  mémoire  de 
M.'Willibmeaété  publié: 

1®  Toutes  les  expériences  physfolo- 
piques  démontrent  que  le  périoste 
joue  un  rôle  très-prépondérant  dans 
la  régénération  osseuse,  lorsqu'un  os 
entier  ou  une  partie  plus  ou  moins 
étendue  de  toute  l'épaisseur  d'un  os 
a  été  enlevée  ou  s'est  complètement 
nécrosée  ; 

2o  L'os  lui-même  peut  produire  de 
Tos  nouveau,  lorsqu'il  demeure  en 
contact  par  l'une  de  ses  faces  avec  une 
de  ses  membranes  vasculairés ,  moelle 
ou  périoste  ; 

30  Les  tissus  ayant  pour  base  la 
cellule  conjonctive  peuvent  aussi  pro- 
duire de  l'os,  mais  exceptionnellement 
et  jamais  en  grande  abondance  ; 

40  L'application  des  résections  sous- 
périoslées  à  la  pratique  chirurgicale  a 
aujourd'hui  suffisamment  prouvé  que 
le  périoste  reproduit  parfaitement  l'os 
chez  rhorome  ; 

50  L'évidemenl  sous-périosté  des 
os  a  également  conduit  a  d'excellents 
résultats,  sous  le  rapport  de  la  régé- 
nération osseuse; 

60  Ces  deux  méthodes  opératoires 
ne  doivent  pas  s'exclure;  elles  ont 
chacune  leurs  indications  propres  qui 
se  déduisent  facilement  de  rcxaroen 
des  faits  cliniques.  {Ann.  de  la  Sfif. 
de  méd.  de  Gand.) 

Traitement  da     psoriasis. 

Dans  un  mémoire  lu  dernièrement  à 
la  Société  de  médecine  de  Londres,  le 
docteur  Sîmras  a  proposé  le  copahu 
comme  très  efficace  contre  les  cas 
rebelles  de  psoriasis  et  aussi  contre 
l'affection,  aiguë  chez  les  adultes. 
L'exanthème  spécial  au  copahu  ap- 
paraît assez  promptement  chez  les 
jeunes  sujets,  plus  tard  chez  les  vieil- 
lards, (lancet.)  Rappelons  aue  ce 
moyen  a  été  expérimenté  déjà  par 
M.  le  professeur  Hardy,  à  l'hôpital 
Saint-Louis. 

—  M'Nab,  regardant  le  psoriasis 
comme  une  manifestation  locale  d'un 
dérangement  fonctionnel  de  l'orga- 
nisme accompagnant  généralement  la 
dialhèsc  goutteuse,  réclame  pour  lui 
un  traitement  local  et  général .  Loca- 
lement il  se  loue  bcaucov^v  ^^  V«wv^\^^ 


—  232  — 


de  l'acide  carbonique.  Celui-ci  agi- 
rait en  coagulant  la  sécrétion  albumi- 
neuse  du  choriou  qui  comprime  les 
parties  et  empêclie  Texsudation  ;  la 
composition  chimique  spéciale  de  l'a- 
cide carbonique  tend  en  outre  à  neu- 
traliser les  effets  pernicieux  de  l'at- 
mo8phëre{sur  le  nrocessus  local.  La 
pommade  dont  il  se  sert  renferme 
1  partie  d'acide  carbonique  et  4  par- 
ties d'axonge  ;  tous  les  soirs  on  fait 
une  application  de  cette  pommade  et 
Ton  recouvre  d'une  enveloppe  en 
gutta- percha  pour  empêcher  l'éva- 
poration  de  l'acide.  Quand  les  squam- 
mes  tombent  et  que  les  téguments 
commencent  à  reprendre  leur  aspect 
normal,  on  substitue  à  cet  agent  une 
pommade  à  l'oxyde  de  zinc.  Par  ce 
traitement  on  arrive  à  des  résultats 
plus  prompts  que  par  toute  autre  mé- 
thode, si  on  a  soin  d'instituer  en 
même  temps  un  traitement  générat 
en  rapport  avec  les  indications  mor- 
bides. (Lancel,) 

—Dans  une  lettre  à  flébra,  le  docteur 
Passavant  recommande  comme  spéciû- 
que  du  psoriasis  un  régime  exclusive- 
ment animal.  11  a  pu  s'en  convaincre 
sur  lui-même  ;  aiïecté  depuis  vingt- 
cinq  ans  d'un  psoriasis  généralisé^  il 
l'a  vu  s'améliorer  au  bout  de  quelques 
semaines  d'un  régime  strictement  ani- 
malisé.  Dans  un  aulreicas  les  squam- 
mes  disparurent  au  bout  de  six  se- 
maines, puis  le  malade  reprit  son  ré- 
gime ordinaire  et  il  y  eut  récidive. 
Le  docteur  Caspari.  en  parlant  de  cette 
méthode^  regrette  de  ne  pas  avoir  pu 
l'expérimenter  lui-même,  mais  il  est 
un  exemple  de  guérison  de  cette  af- 
fection par  la  méthode  entièrement 
opposée.  Atteint  aussi  d'un  psoriasis 
généralisé,  il  essaya  sans  succès  de 
tous  les  remèdes  possibles;  puis^  au 
bout  de  quelques  années,  à  la  suite 
de  troubles  gastriques,  il  en  vint  à  ne 
plus  se  nourrir  (|ue  de  lait,  de  pain, 
de  soupe  et  de  riz  ;  bientôt  ce  régime 
l'affaiblit  et  lui  fit  perdre  de  son  poids, 
mais  le  psoriasis  disparut.  {Practition- 
ner.) 

—  Enchanté  des  préparations  de 

toudron  contre  le  psoriasis,  Balmano- 
quire  a  essayé  pendant  longtemps 
la  créosote  ;  il  a  trouvé  (|ue  la  pom- 
made renfermant  2  parties  de  créo- 
sote pour  1  partie  de  cire  blanche  est 
la  meilleure  préparation  à  employer  : 
elle  est  très-efficace  et  beaucoup  plus 
commode  que  la  pommade  de  gou- 
dron liquide  de  la  pharmacopée.  La 
peau   malade  est  moins   sensible  à 


Tactiou  de  la  créosote  que  1 
saine.  {Americ.  Journ.  Syphi 
Dermat,) 


la  ciguë;   ■«•  bei 
fets   dans    les    coniroli 

Après  les  recherches  de  MM.  1 
Damouretle  et  Pelvet,  que  nou 
publiées  dans  notre  dernier  ^ 
nous  citerons  l'étude  de  M. 
qui  est  très-remarquable  au 
point  de  vue  physiologique 
nous  nous  bornons  ici  à  la  q 
thérapeutique.  La  ciguë  est  in 
d'après  M.  Harley,  toutes  1 
qu'il  y  a  irritation  directe  ou 
des  centres  moteurs. 

Convulsions  de  l'enfance.  1 
en  cite  un  exemple  très-remar 
C'était  un  enfant  de  dix-hui 
atteint  déjà  souvent  de  conv 
de  contractures,  de  spasme^ 
giens.  L'auteur  commença  par  1 
tes  de  suc  de  conium  macul 
graduellement  arriva  à  8  g] 
par  jour.  Vingt  minutes  aprè 
gestion  du  médicament,  les  ps 
devenaient  pesantes,  l'enfant 
ses  jeux,  se  couchait  sur  le 
restait  tranquille  une  heure  oi 
Chez  cet  enfant,  les  convulsions 
sous  l'influence  de  l'éruption  d 
binS'Vépilepsie,  la  ciguë  a  ai 
action  heureuse,  surtout  si  '. 
sie  a  un  point  de  départ  pé 
que.  Dans  un  exemple  que 
donne,  il  débuta  d'emblée  par 
mes  de  suc  de  conium  et  ne 
pas  9.  Dans  la  chorée ,  la  cigi 
sit  très-bien  aussi.  L'auteur 
peu  de  faits  de  son  emploi  dai 
tanos  pour  rien  conclure.  M 
fois,  entre  ses  mains,  ce  suc  d 
a  dissipé  merveilleusement^ 
successivement  croissantes 
12  grammes,  données  de  trois 
heures  après  le  repas,  à  int 
de  quelques  jours,  une  phot 
intense  avec  contracture  de  1 
laire  par  suite  de  kératite  c 
petite  fille  de  huit  ans,  phot 
qui  avait  résisté  au  chlorofor 
injections  d'atropine,  aux  < 
mercurielles  belladonées.  (Z^ 
dical.) 

De  qaelqae*  compliei 
pea  fréquentes  de  la  •> 
fine  et  dn  traitement  qi 
réclament  ;  par  Spendei 
consistent  dans  :  i°  Tarthrite 
que;  2«  le  délire;  o^  les  abcès 

L'arthrite  pyëmique  diffèi 


—  233  — 


lynofile   simple ,  passagère,  par  sa 
persistance^  son  intensité  et  sa  ten- 
dance à  la  suppuration,  à  la  nécrose 
et  à  la  destruction  des  cartilages  arti* 
eulaires.  C'est  à  l'articulation  radio - 
earpienne  qu'on  l'observe  le  plus  sou- 
Tent,  d'aprës  Fauteur  ;  puis  au  genou 
et   à  la  hanche.  Quant  au  traitement 
de    cette  complication,  dont  Vexaroen 
Ihermométrique   facilite    singulière- 
ment  le  diagnostic,  il  consiste  dans 
des  applimtions  locales  de  chaleur, 
radministration  à  l'intérieur  du  sul- 
btede  quinine,  qui  abat  la  fièvre, 
dissipe  les  symptômes  locaux  et  mène 
rapidement  à  une  franche  convales- 
cence. La  quinine  agit  ici  tout  au- 
tant comme  antiseptique  que  comme 
uttiphlogistique,  selon  la  remarque  de 
BinzetCohnheim. 

l^délirej  qui  se  montre  surtout  à 
QBe  période  avancée  de  la  maladie, 
ttten  rapport  intime  avec  la  sup- 
,  pression  de  la  fonction  rénale  ;  quel- 
îoefois  ce  sont  des  accès  épilepti- 
i  nraes  ;  d'autres  fois,  il  apparaît  dans 
tente  sa  gravité,  sans  phénomènes 
prodromiques  spéciaux.  Le  traitement 
de  ces  cas  d*urémie  (car  ce  n'est  pas 
SQlre  chose)  doit  se  borner  à  Tappli- 
cation  du  froid  'sur  la  têle  et  à  l'usage 
^diurétiques  énergiques. 

Les  abcès  du  cou  succèdent  à  l'eff- 
{orgement  des  ganglions  cervicaux 
âni apparaît  au  début  de  la  maladie; 
uoteor  recommande  d'en  faire  Tin- 
eision,  mais  avant  que  la  suppuration 
7  toit  bien  établie  ;  l'incision  tardive 
^pleine  de  dangers,  les  muscles  du 
COQ  pouvant  s'infiltrer  de  pus  et  dé- 
l^niner  la  gangrène  des  parties  cir- 
coBToisines  :  Trousseau  et  Graves  ont 
Y  des  accidents  semblables  se  pro- 
duire. Il  faudra  tenir  ensuite  le  ma- 
lade dans  une  position  scmi-fléchie  et 
ne  loi  donner  que  des  aliments  li- 
<lvides.  Quant  à  l'engorgement  chro- 
^Be,  qui  persiste  après  la  dispari- 
^  de  l'anéction,  on  en  aura  raison 
P^  à  nn  traitement  général  et  lo- 
ttl  convenable.  {Journ,   de  méd,  de 

Béaeetion  intrabnccale  du 
■atlllalre  sapériear.  Après 
itroir  pratiqué  onze  fois  la  résection 
di  aaxillaire  supérieur  -  d'après  les 

CMédés  classiques,  qui  comprennent 
parties  molles  de  la  face,  le  doc- 
^  Bottini  a  eu  à  déplorer,  dans 
IMS  les  cas,  une  paralysie  unilalé- 
^  des  muscles  du  visage  et,  dans 
M  cas,  des  fistules  salivaires,  dont 


deux,  à  la  vérité^  guérirent.  Pour  évi- 
ter ces  inconvénients,  voici  le  pro* 
cédé  qu'il  institua  dans  un  cas  par- 
ticulier : 

Premier  temps.  — Avec  un  petit  bis- 
touri convexe,  il  incise  la  muqueuse 
labio -buccale  dans  la  plus  grande 
étendue  de  la  face  externe  du  maxil- 
laire, puis  avec  un  couteau  à  pé- 
rioste met  l'os  à  nu  depuis  la  su- 
ture nasale  jusqu'à  la  suture  zygo- 
matique. 

Deuxième  temps,  —  Mettant  de  côté 
le  bistouri,  le  chirurgien  prend  un  fort 
scalpel,  qu'il  dirige  sur  l'indicateur 
gauche  contre  la  suture  zygomalique, 
la  divise  entièrement  de  deux  coups 
de  maillet;  puis,  longeant  le  rebord 
ofbitaire,  il  sectionne  l'os  jusqu'au 
niveau  de  l'apophyse  montante,  qu'il 
comprend  dans  la  section.  Alors,  armé 
de  la  cisaille  de  Signorini.  modifiée 
par  Rizzoli,  il  entame  l'arcade  den- 
taire et  la  voûte  palatine  jusque  en- 
viron 1  centimètre  en  avant  du  voile 
du  palais.  11  fait  ouvrir  la  bouche  et, 
avec  un  bistouri  solide  recourbé  en 
crochet,  divise  transversalement  la 
membrane  muqueuse  périoslée  depuis 
le  sommet  de  l'incision  faite  avec  la 
cisaille  jusque  immédiatement  au  delà 
de  la  dernière  molaire.  11  prend  l'os 
à  pleine  main,rébranle,  et  si  celui-ci 
est  mobile,  ce  qui  doit  arriver  chaque 
fois  que  tous  les  points  attaqués  ont 
été  sectionnés,  il  passe  au  troisième 
temps,  sinon  il  détache  les  adhérences. 

Troisième  temps,  —  Avec  une  pince 
de  Liston,  il  saisit  l'os  en  plein,  le 
tord  sur  son  axe  et  l'extrait. 

L'opération  est  peu  douloureuse, 
ne  dure  que  trois  ou  quatre  minutes, 
et  ne  réclame  pas  la  ligature  du  moin- 
dre petit  vaisseau  ;  les  cornets  et  les 
os  palatins  restent  en  place,  de  façon 
qu'on  limite  la  résection  à  la  seule 
portion  d'os  malade.(Gazzet(a  medica 
itaL  lomb.) 

IVonvean  procédé  pour  la 
gnérlflon  des  tameurs  hé- 
morrhoKdairefl.  Le  professeur 
Carlo  Gallozzi,  ayant  eu  à  traiter  plu- 
sieurs cas  de  varices  et  de  tumeurs 
hémorrhoîdaires  inattaquables  par  les 
divers  moyens  chirurgicaux  propo- 
sés, y  compris  Técraseur  linéaire  de 
Ghassaignac,  toutes  ces  tumeurs  pré- 
sentant une  base  trop  large  pour 
qu'on  pût  isoler  leur  pédicule,  eut 
recours  au  procédé  suivant:  il  pre- 
nait un  entérotome  de  Dupuytren  et, 
après  en  avoir  écarté  le&  dft^v  \)>\^^^ 


—  234  — 


ches  k  h  maniëre  d'nn  forceps,  il  les 
appliquait  snr  les  côtés  de  la  tumeur 
dans  toute  sa  longueur ,  puis,  les 
rapprochant  par  un  mouvement  brus- 
que et  rapide,  il  déterminait  une  forte 
contusion  dans  les  tissus  soumis  à  leur 
action  :  il  excisait  ensuite  toute  la 
partie  libre; au-devant  de  l'entérolome 
et  passait  sur  la  plaie  un  petit  pin- 
ceau trempé  dans  une  solution  de 
perchlorure  de  fer. 

La  douleur  est  légère,  Thémorrha- 
ffie nulle  et.au  bout  de  quelques  jours, 
la  base  de  la  tumeur  se  détache  sous 
forme  d'une  esetiare  sëche  et  dure  ; 
Fauteur  rapporte  plusieurs  observa- 
tions à  l'appui  de  sa  nouvelle  mé- 
thode^ qu'il  intitule  i  Ecrasement  H^ 
néairê  rapide  et  excision  des  varices 
et  des  tumeurs  h^morrhoidaires, 
(Oa%M.  medica  di  Tortno.) 

Nonveav  dilatateur  ntérin. 

L«  docteur  Âscoli,  professeur  des 
maladies  des  femmes  aux  Etats-Unis, 
dans  un  mémoire  publié  dans  17m- 
par%ialê ,  recommande ,  parmi  les 
moyens  propres  à  provocruer  Taccou- 
chement  prématuré  artinciel,  un  in- 
strument nouveau  qu'il  nomme  dila- 
tateur et  auquel  il.  a  recours  quand 
des  difficultés  insurmontables  s'op- 
posent à  l'application  de  l'éponge 
préparée.  Le  nouvel  instrument,  fa- 
çonné sur  les  indications  de  l'au- 
teur^ est  assez  simple,  facile  à  ma- 
nier, prompt  dans  ses  résultats,  et 
n'offre  aucun  danger  pour  la  femme. 


Ce  dilatateur  est  en  métal 
forme  de  l'instrument  don 
sert  pour  élargir  les  doigts 
On  l'introduit  dans  le  col  ai 
et  l'on  exerce,  pendant  sh 
minutes,  une  pression  croiss 
le  manche,  ce  qui  entraîne 
ment  des  branches  placées 
col.  On  le  relire  ensuite  < 
substitue  une  canule  d'aï 
forme  de  sonde  de  femme,  i 
verte  aux  deux  extrémités,  q 
avec  une  serviette  ;  la  séroi 
guinolente  s^écoule  et.  au 
vingt-quatre  à  trente-six  he 
membraties  de  l'œuf  se  déts 
sont  expulsées,  tout  cela  san 
malade,  dans  la  majorité  des 
Ion  l'auteur,  soit  obligée  de  ■ 
lit.  {Journ.  de  méd.  de  Brua 

Emploi  du  bromure 
taflMium  dans  le  dlal 

docteur  A.  Flint  a  presc 
trois  cas  de  diabète  1  gramro 
de  bromure  de  potassiui 
fols  par  jour,  conjointemen 
régime  antidiabélique  ordl 
constata  chaque  fois  une  cess 
pide  de  la  soif^  une  diminui 
la  quantité  et  le  poids  spéi 
l'urine  jusqu'à  son  retour  i 
normal,  et  une  amélioration 
des  conditions  générales  de 
mie.  —  Â  l'expérience  de  m< 
qu'il  faut  penser  de  tels 
{Journ.  de  méd.  de  BruxeU» 


TRAVAUX  ACADÉMIQUES 


De  rinHuenee  de  l'alcoo- 
lieme  enr  la  vue.  M.  le  docteur 
Galesowski  a  lu  à  l'Académie  de  roé-^ 
decinCf  séance  du  88  février  dernier^ 
une  note  sur  ce  sujets  dont  voici 
l'analyse. 

Ou  sonnait  généralement  combien 
sont  fréquents  les  troubles  des  sens 
chez  les  individus  atteints  de  delirium 
iremensimuU  ee  qui  est  moins  connu, 
c'est  la  forme  particulière  d'amblyopie 
qui  survient  dans  l'alcoolisme  chro- 
nique. Pourtant,  dit  l'auteur,  cette  af- 
fection est  trbs- fréquente  à  Paris, 
surtoutdepuis  l'état  de  siège,  et  tandis 
que  sur  plus  de  trois  mille  nouveaux 
malades  de  ma  clinique  de  Tannée 
dernière,  je  n'ai  rencontré  que  dix- 
neuf  cas  do  cette  amblyopie,  il  s'eitt 
prégenté   plus  de    cinquante  de  ces 


malades    pendant   les  cinq 
mois. 

Cette  affection  dépend  évi 
des  conditions  hygiéniques  e 
nellesdans  lesquelles  nous  n 
viens  pendant  le  siège  ;  et  c 
ouvriers  étaient  réduits  à  st 
mal,  et  qu'un  grand  nombr 
eux  remplaçaient  une  partie  d 
ture  par  l'alcool,  qu'ils  absor 
grande  partie  à  jeun,  il  en 
naturellement  une  absorptloi 
elle  de  ce  poison  et  une  in 
lente. 

C'est  surtout  dans  la  elas$ 
qu  on  rencontre  celte  affecti 
au  contraire  qui  se  nourris 
eu  sont  généralement  exen 
demmrnt  rin(oxic:ilion  se 
plus  facllemenl  lorsque   l'e 


—  335  — 


conttiPt  point  4'alimeDU.  Je  n'ai  yu 
qo'vn  seul  cas  d'ambljopie  alcoolique 
chez  les  femmes  ;  c'est  pourquoi  on 
peat  dire  qu'elle  est  exclusivement 
propre  au  sexe  masculin. 

Voioi  les  signes  qui  caractérisent 
oette  maladie  : 

i<>Lavue  s'affaiblit  d*une  manière 
Ofui  brusque,  et  elle  reste  ensuite 
uns  grand  cl^angement  pendant  des 
aeiQfiines  et  des  mois  ; 

20  L'acuUé  visuelle  s'affaiblit  au 
point  que  les  malades  peuvent  à  peine 
oistÎBguep  de  trës-gros  caractères  ; 

2*  La  vision  au  loin  se  perd  d'une 
minière  très- sensible,  et  à  quelques 
pasU  leur  est  impossible  de  recon- 
ultra  la  figure  d'une  personne  ; 

4*  Le  gQiri  les  malades  semblent 
V9lr  iBienx  ;  le  trouble  de  la  vue  est 
ttoins  accentué.  La  même  chose  a  lieu 
h  Batin,  et  j'ai  vu  des  malades  qui 
pimient  très-bien  lire  le  matin 
|[*tDt  de  quitter  leur  lit,  tandis  que, 
wi  la  journée,  ils  voyaient  à  peine 
•  «conduire; 

B*  Par  moment,  il  y  a  de  la  diplo- 
Pjç  et  de  la  polyopie,  ou  bien  les  ob- 
jets lemblent  se  rapprocher  ou  s'éloi- 
per  lorsqu'on  les  lixe.  Selon  moi,  ce 
pUienène  ne  peut  être  expliqué  que 
P'OQ  spasme   du  muscle  aeoommo-p 

••Le  trouble  de  la  faculté  chroma - 
oqae  n'est  pas  constant  :  tantôt  le 
J]^  parait  brun  ou  noir,  et  le  vert 
jwieit  gris.  Souvent  on  remarque 
{^  contrastes  successifs  des  couleurs 
'rtj-accentuées  ; 

^  Les  pnpilles  sont  souvent  iné- 

W^  fortement   dilatées  et  peu  mo- 
bilei; 

^  A  l'examen  ophthalmoscopique, 


on  ne  remarque  généralement  aucune 
altération.  Chez  quelques  individus^ 
j'ai  pu  constater  pourtant  des  infiltra- 
tions rétiniennes  séreuses  et  des  con-f 
tractions  apparentes  dans  les  artères  ; 

90  Cette  affection  est  ordinairement 
rebelle  au  traitement  ;  elle  dure  très- 
longtemps  et  ne  cède  qu'après  la  ces- 
sation complète  de  Tusage  des  alcoo-? 
liques; 

lO»  On  obtient  une  amélioration 
incontestable  après  l'usage  du  bro- 
mure de  potassium  porté  à  de  hautes 
dosM,  comme  cela  avait  été  conseillé 
par  le  professeur  Gubler  contre  Tal- 
coolisme  en  général  ; 

ii^  L'expérience  m'a  démontré  que 
le  collyre  à  l'ésérine  fciilabarine), 
instillé  deux  fois  dans  l'œil,  amène  une 
amélioratioq  immédiate  ;  c'est  pour- 
quoi je  le  considère  comme  un  des 
moyens  les  ptus  importants  dans  le 
traitement  de  cette  amblyopie; 

12*  Cette  affection  n'est  pas  grave, 
si  elle  est  soignée  dès  le  début;  autre- 
ment il  faut  craindre  qu'elle  ne  de- 
vienne chronique. 

En  parlant  de  l'influence  de  l'al- 
coolisme sur  l'œil,  il  est  indispen- 
sable de  signaler  aussi  son  effet  désas- 
treux sur  les  opérations  oculaires. 
J'ai  vu  quelquefois  une  simple  exci« 
sion  de  l'iris  êlre  suivie  d'une  iritis 
ou  d'iridochoroldile  ;  quelquefois  la 
plaie  coruéenne  restait  deux  et  trois 
semaines  sans  cicatrisation. 

Des  accidents  bien  plus  graves  en- 
core peuvent  survenir  consécutive- 
ment a  une  opération  de  la  cataracte 
par  extraction  ;  on  voit  apparaître  des 
iritis  suppuratives  et  des  sphacèles  de 
la  cornée  qui  compromettent  le  succès 
de  l'opération. 


VARIÉTÉS 


Etade  mêdicttle  mw  réqaltatlon  (1): 

Par  M.  le  docteur  C.  Rider. 

«•  Vréthrife,  —  L'uréthrite  a  été  comptée  au  nombre  dea  accidenta  que 
l*«l  causer  l'équilation  ;  mais,  dans  celte  circonstance,  elle  est  bénigne  et  il 
nnitdu  repos  et  de  quelques  bains  pour  on  avoir  raison. 

^  Impuissance.  —  Parmi  les  résultats  morbides  attribués  à  l'exercice  cx- 


WlSnite  et  fin.  Voir  le  numéro  du  28  février  1811,  l^.  \So. 


—  236  — 

cessif  du  cheval,  se  trouve  raffaiblissement  de  l'activité  génitale^  rimpuissance. 
Cette  remarque^  'dit-on,  fut  faite  par  Hippocrate  sur  les  Scythes.  Or  Hippo- 
crate,  signalant  leur  constitution  lymphatique,  froide,  molle,  pea  portée  à 
l'exercice  des  fonctions  de  la  génération,  se  contente  d'ajouter  :  c  De  plof, 
harassés  par  une  perpétuelle  équitation,  ils  perdent  de  leur  puissance  virile  (1).» 
Plus  loin,  il  revient  sur  les  effets  de  cet  exercice  exagéré  :  a  Là  où  l'équitation 
est  un  exercice  journalier,  beaucoup  sont  affectés  d'engorgements  des  arUca- 
lations,  de  sciatique,  de  goutte,  et  deviennent  inhabiles  à  la  génération  (2).  » 
De  nos  Jours,  Bro\Kn(3)  a  fait  la  même  remarque  sur  les  mamelouks.  On  a 
voulu  chercher  la  cause  de  cet  accident  dans  Thabitude  qu'avaient  les  penplee 
de  l'antiquité  de  monter  à  cru  et  les  jambes  pendantes,  ainsi  que  dans  la  com- 
pression et  dans  le  froissement  perpétuels  des  testicules,  qui  en  déterminaien 
l'atrophie.  Rien  d'étonnant,  d'autre  part,  que,  par  l'effet  d'une  équitation  oon- 
tinuelle  (4),  la  suractivité  permanente  d*un  certain  nombre  d'organes  ou  d« 
systèmes  organiques  nuise  aux  fonctions  d'un  ou  de  plusieurs  d^entre  Itt 
autres  organes  :  explication  que  rend  encore  plus  vraisemblable  l'ensembE 
des  mauvaises  conditions  de  la  vie  des  Scythes.  Cabanis,  dans  cet  or'dr 
d'idées,  fait  observer,  avec  juste  raison,  qu'il  en  était  de  ces  peuples  coran 
de  toutes  ces  hordes  errantes  dont  la  vie  est  précaire,  qui  supportent  di 
grandes  fatigues  et  qui  vivent  exposées  à  toutes  les  intempéries  d'un  ciel  rS 
goureux,  sans  qu'une  nourriture  continuelle  et  abondante  renouvelle  constam 
ment  leur  corps  épuisé.  Ensuite,  il  est  reconnu  que  l'assiette  du  cavalier,  1 
frottement  du  périnée,  réchauffement  et  le  ballottement  des  organes  génitau 
entretiennent  en  eux  une  surexcitation  permanente  qui  se  traduit,  8urt(»« 
quand  l'individu  a  une  certaine  force  de  constitution,  par  des  excës/des  pol 
luttons  qui  dégénèrent  plus  tard  eu  pertes  séminales  involontaires.  C'est  aim 
qu'on  voit  des  cavaliers,  et  en  particulier  des  courriers,  épuisés  par  les  polio 
tions.  On  connaît  (5)  l'histoire  d'un  postillon  qui  fut  obligé,  pour  cette  raisoi 
de  changer  de  profession.  Il  faut  donc  reconnaître  là  une  autre  cause  d'iin 
puissance,  d'autant  plus  prompte  à  s'établir  que  l'équitation  est  plus  assidue 
Lallemand  (6)  la  signale  parfaitement,  et  nous  croyons  qu'elle  suffit  à  expli 
quer  en  partie  le  passage  d' Hippocrate,  applicable  seulement  à  l'excës  joumA- 
lier  de  l'exercice  équestre.  Outre  les  exemples  que  nous  avons  notés  plus  haut 
on  cite  encore  celui  de  Charles  XII,  qui  avait  passé  la  plus  grande  partie  dé 
sa  vie  à  cheval  et  chez  qui  l'on  trouva,  après  sa  mort,  les  organes  de  la  géné- 
ration presque  atrophiés.  En  somme,  d'après  ces  explications,  il  ne  sembla 
nullement  prouvé  que  l'équitation  modérée  détermine  ces  fâcheux  résultats;  oa 
observerait  plutôt  qu'elle  exerce  généralement  sur  les  organes  génitaux  toB 
influence  opposée,  et  des  auteurs,  Âristote,  par  exemple,  ont  remarqué,  ev 
effet,  que  les  cavaliers  sont  très-enclins  aux  plaisirs  de  l'amour. 


(1)  Hippocrate,  Des  airs,  des  eaux  et  des  lieux,  21,  in  Œuvres  complète^ 
édition  E.  Littré.  Paris,  1840,  t.  II,  p.  75. 

(2)  Hippocrate,  ibid.,  p.  81. 

(3)  Brown,  Voyage  d'Egypte,  1. 1,  p.  75. 

(4)  Van  Swieten,  Comm.  in  Boè'rh.,  aph.  1063. 
(ô)  Prix  de  V Académie  de  chirurgie,  t.  V. 

/6)  Lallemand,  Des  pertes  séminales  involontaires.  Paris,  1836-1842. 


—  237  — 

L.^  docteur  Lallemand  (1)  dit,  dans  le  même  sens  :  a  L'exercice  du  cheval 
pn^^oque  Texcilation  des  organes  génitaux.. •  L'équitation  a  donc  de  graves 
ineoxivénients  à  l'approche  delà  puherté...  Si  j'en  juge  par  les  faits  nombreux 
que  j'ai  pu  observer,  il  est  prudent  de  ne  faire  aborder  les  manèges  que  long- 
temps après  cette  époque  critique.  D'ailleurs,  aucun  inconvénient  sérieux  ne 
peat  résulter  de  ce  retard.  > 

iO«  Influence  sur  Vutérus.  —  Des  médecins  ont  cependant  conseillé  aux 
lemes  filles,  dans  certains  cas,  l'usage  de  Téquitation  à  doses  modérées,  pour 
Miller  et  favoriser  l'établissement  de  la  fonction  menstruelle.  L'influence  de 
cet  exercice  sur  Tutérus  est  d'ailleurs  facile  à  concevoir  et  bien  constatée  :  elle 
pouvait  du  reste  se  déduire  de  son  effet  général  sur  Téconomie.  Les  femmes 
<âtex  lesquelles  la  menstruation  se  fajt  régulièrement  devront  s'en  interdire, 
iTec  précaution^  un  usage  trop  fréquent^  parce  qu'il  pourrait  en  résulter  pour 
dles  des  pertes  qu'il  serait  plus  ou  moins  difficile  de  maîtriser.  Pour  celles^ 
au  contraire,  dont  la  menstruation  est  peu  régulière,  ou  s'exécute  péniblement, 
l*exercice  du  cheval^  pris  à  propos,  serait  un  excellent  emménagogue. 

11*  Excoriations,  —  L'équilatipn  détermine  souvent,  comme  tout  le  monde 

^  sait,  des  excoriations,  variant  d'étendue  et  de  profondeur,  aux  fesses  et  au 

P^tiaée,  ainsi  même  qu*à  la  partie  supérieure  et  intérieure  des  cuisses,  quel- 

^tfois  aux  genoux  :  c'est  principalement  chez  le  jeune  cavalier  qui  n^a  pas 

^^core  l'habitude  du  cheval,  chez  ceux  qui  montent  à  cru  ou  sans  étriers  on 

9^1  font  de  longues  courses  sur  un  cheval  dont  le  trot  est  dur  et  surtout  irré- 

^^ier,  que  Ton  observe  cet  accident  bien  léger,  quoique  souvent  assez  doulou- 

'"^tixet  toujours  fort  gênant.  Ces  excoriations  reconnaissent  fréquemment  aussi 

Pour  cause  un  pantalon  mal  sjusté,  faisant  sous  le  siège  des  plis  dans  lesquels 

^  peau  se  prend  et  se  meurtrit  ;  on  les  préviendrait  en  ne  portant  que  des 

Ionisions  bien  faits,  sans  coutures  saillantes  en  dedans,  ou  encore,  ce  qui  se- 

'^It  préférable,  par  l'usage  aujourd'hui   répandu  de  caleçons  confectionnés 

^V<e  loio.  Les  avantages  de  ce  vêtement  sont  depuis  longtemps  reconnus  pour 

^tiaorber  la  sueur,  empêcher  le  frottement  immédiat  du  pantalon  sur  la  peau. 

^^  prévenir  ainsi  les  excoriations  et  diverses  affections  cutanées.  Inutile 

^* jouter  que  la  propreté  la  plus  minutieuse  est  de  rigueur.  Une  autre  précau- 

^Oi  bonne  à  prendre,  c'est  de  ne  pas  laisser  aux  étriers  trop  de  longueur  ; 

^«if  raccourcissement  donne  à  l'assiette  un  peu  plus  de  stabilité. 

On  voit  aussi  quelquefois  survenir  au  cavalier,  au  voisinage  même  de  l'anus, 
^^  végétations  sur  la  nature  desqueUes  il  pourrait  être  facile  de  se  tromper  et 
^nll  ne  £iut  pas  confondre  avec  les  condylêmes,  auxquels  elles  ressemblent 
^^«ancoup.  c  Je  me  souviens,  dit  Ramazzini,  qu'un  jeune  écuyer  élégant  de  notre 
^lUonége  me  vint  voir  un  jour  et  me  dit,  en  rougissant  et  en  attestant  les  dieux 
^  ion  innocence^  qu'il  avait  depuis  longtemps  une  tumeur  à  l'anus.  Je  le 
^iqaillisai  et  l'avertis  que  ce  mal  ne  devait  faire  naître  aucun  soupçon  contre 
^ttjÊOËon,  mais  qu'il  venait  de  son  exercice.  >  Les  grandes  chaleurs^  la  mal- 
propreté, des  excoriations  négligées  favorisent  souvent  le  développement  de  ces 
tuieors.  Gomme  elles  peuvent  s'ulcérer  à  la  suite  d'un  exercice  prolongé,  il 
^  onentiel  de  s'opposer  à  cet  accident  par  le  repos  et  les  bainsj  et  d'en 
*Pto  ensuite  la  section  ou  la  ligature. 


(1)  Lallemand,  Education  physique.  Paris^  1848. 


—  238  — 

• 

19*  Hémorrhcëées.  —  Les  hémorrhoïdes  sont  un  des  ioconvénienU  lea  pla 
fréquents  et  les  plus  pénibles  attachés  à  Téquitation  habituelle  et  prolongée 
elles  résultent  surtout  d'une  pression  continue  de  la  selle  sur  Tanus,  de  la  etaa 
lear  et  de  la  congestion  que  cette  pression  et  la  position  assise  y  entretienneni 
des  secousses  d'un  cheval  dont  l'allure  est  trop  dure,  et  enfin  de  la  constipa tio 
habituelle,  qui  est  une  conséquence  ordinaire  de  Téquitation.  Le  seul  moyen  d 
prévenir  celte  incommodité  serait,  suivant  certains  auteurs.  Colombier,  pa 
exemple,  remploi  de  selles  modifiées  de  manière  qu'il  y  eût  une  exeavatien 
l'endroit  oU  repose  l'anus.  On  peut  faire  contre  ce  moyen  l'objection  qai  a  él 
élevée  contre  l'usage^  pour  les  hommes  de  cabinet^  des  coussins  mobiles  t 
forme  de  couronne,  qui,  exerçant  une  compression  circulaire,  refoulent  le  aaa 
vers  la  marge  de  l'anus  ;  on  a  recommandé,  au  contraire,  Tusage  de  conuii 
bombés  au  milieu.  Les  hémorrhoïdes  peuvent  avoir  pour  le  cavalier  des  sait* 
fléheuses,  car  lenr  inflammation  par  l'efTet  de  courses  longues  et  précipita 
pêiit  se  terminer  par  des  abcës  et  quelquefois  même  par  des  fistules  k  l'aiii] 
Il  importe  donc  d'entraver  les  progrès  de  cette  maladie  et  d'en  suspendre  1 
résultats  par  le  repos,  des  saignées  locales,  des  bains  de  siège  et  des  lavesiei] 
émollienls  pour  faciliter  la  sortie  des  matières  qui  embarrassent  TintetU 
notons  enfin  que  D.-J.  Larrey  n'a  pas  observé  les  hémorrhoïdes,  dans  rarmé 
plus  fréquentes  «hcz  les  cavaliers  que  chez  les  fantassins  ;  au  contraire,  il  a  v 
l'exercice  du  cheval  guérir  cette  maladie. 

13o  Eruptions  pntrigineuses.  —  On  voit  souvent  survenir^  sur  les  cuisse 
et  les  jambes  des  jeunes  cavaliers,  des  éruptions  prurigineuses  causées  par  i( 
frottement  des  membres  inférieurs  contre  les  flancs  du  cheval.  L'usage  da  ca- 
leçon peut  diminuer  les  effets  de  ce  frottement,  qui  ne  se  font  plus  sentir^  da 
reste,  ches  le  cavalier  habitué  à  cet  exercice.  Le  frottement  continuel  aaqoel 
les  genoux  sont  exposés,  chex  les  individus  peu  exercés,  détermine  quelqueCïii 
des  inflammations  de  l'articulation  tibio-fémorale,  et  l'on  a  vu  cette  inflaouM- 
tion  être  suivie  de  tumeurs  blanches.  On  peut  prévenir  encore^  dans  une  cer- 
taine mesure,  ce  redoutable  accident^  d'ailleurs  rare,  en  conseillant  aux  jeoBCi 
cavaliers  l'usage  du  caleçon  et  en  leur  faisant  raccourcir  davantage  les  étrien* 

14<>  Vcuices,  —  On  observe  assez  fréquemment  des  varices  aux  jambes  et 
même  aux  cuisses  chez  les  cavaliers  ;  on  en  conçoit  facilement  la  formitioa» 
lorsque  l'on  réfléchit  à  l'influence  de  Taction  musculaire  sur  la  drcolstiel 
veineuse  :  outre  que,  chez  l'homme  à  cheval,  l'immobilité  relative  des  membm 
inférieurs  prive  le  sang  des  veines  saphènes  de  cette  cause  d'impulsion,  li  p^ 
sition  dans  laquelle  ils  demeurent  plus  ou  moins  longtemps  apporte  un  titi* 
obstacle  an  retour  du  sang  veineux  vers  le  centre  circulatoire.  On  a  propos^ 
ponf  s'opposer  aux  progrès  de  cette  maladie,  peu  importante,  en  appareseSy 
lia}*  qai,  d'abord  gênante^  peut  donner  lieu,  suivant  les  organisations  et  ni' 
vaut  les  eas^  à  des  accidents  vraiment  graves,  différentes  espèces  de  bas  oa  ^ 
bandages  coiirp^essifs  qnl  ont  bien  leur  utilité  et  sur  lesquels  noos  n'avoM  p*^ 
k  insister.  La  calotte,  qui  s'arrête  au  milieu  du  membre  inférieur^  ne  doit  p^ 
exercer  scrr  lui  de  constriction,  sous  peine  de  favoriser  la  production  de  9^ 
ifectdeats   aoxqaels  donnaient  lieu  les  guêtres  de  nos  soldats  :  codkiM^  < 
varices,  etc. 

15o  Coliques,  diarrhées.  -*  Des  coliques,  des  diarrhées  attestent  suffisam'^ 
ment  que  la  digestion  est  troublée  par  un  exercice  pénible  pris  immédiateiael^ 
après  le  repas,  et  en  pariiculier  par  uile  course  à  cheval  £aite  à  ce  nonent  laiM 


—  â39  — 

néBa^eneat  aurait.  Il  est  cependant  des  cavaliers  qui  sont  obligés  de  prendre 
des  aliidents  solides  avant  de  monter  à  oheval,  pour  éviter  des  douleurs  ^ro- 
ddttes  par  des  tiraillements  du  foie  et  de  la  fate.  De  plus^  il  y  a  des  tempéra- 
ments^ surtout  les  tempéraments  bilieux^  qui>ne  peuvent  supporter  aucun  exer- 
cice'violent,  et  notamment  celui  du  cheval,  lorsque  l'estomac  est  vide;  les 
personnes  qui  sont  dans  ce  cas  doivent  alors  prendre  Un  bouillon  oii  quelque 
attBieiit  léger  et  de  facile  digestion  avant  de  faire  de  l'équitation. 

1&^   Goutte,  rhumattsmes,  sciatique.  —  On  a  dit  que  la  goutte,  les  fhd'- 
flilismes  et  la  névralgie  sciatique  étaient  plus  fréquents  chez  les  cavaliers  que 
éba  les  fantassins.  Si  cette  assertion  est  exacte,  il  est  difficile  d'en  trouver  la 
«aie  dans  l'équitation,  et  l'on  ne  peut  attribuer  ces  affections,  chez  nos  eava- 
tters,  au  défaut  d'étrîers,  que  l'on  avait  regardé  comme  leur  source  pour  les 
Scfthes^  les  Romains^  les  Numides  et  les  autres  peuples  de  l'antiquité  adonnés 
*  à  l'exercice  équestre.  On  ne  peut  guëre  rapporter  ces  maladies  qu'à  l'influence 
il  fhiid,  auquel  les  gens  de  cheval  sont  plus  exposés  par  suite  de  l'immobilité 
dais  laquelle  séjournent  les  membres  inférieurs.  Otl  ne  doit  pas  prendre  pour 
b  goatle  une  tuméfaction  rouge  et  douloureuse  de  l'articulation  du  gros  orteil, 
He  Ntveiit  au  frottement  de  Tétrier.  Il  se  manifeste  aussi  astei  fréquemment 
tedoaleors  danft  l'articulation  coxo- fémorale^  douleurs  qui  peuvent  atotr 
H^  origine  un  écartement  tfop  considérable  des  extrémités  inférieures  néces- 
sité par  un  cheval  trop  large  ou  dans  quelques  cireonslanees  variées. 

1>  Courbure  du  membre  inférieur i  -^  L'ejiereice  habituel  dé  râquitation 
^it  par  amener,  dans  diverses  mesures,  au  membre  inférieur,  une  courbure, 
SMireat  trës-prononcée,  dunt  le  sommet  est  au  genou,  qui  est  repoussé  en  de- 
^1  par  rapport  aux  extrémités  opposées  du  fémur  et  du  tibia. 

llN  Chutes.  —  Les  gens  de  cheval,  dans  les  chutes  qu'ils  font,  sont  fré- 
Vaunent  atteints  de  blessures  plus  ou  moins  graves  ;  mais,  comme  elles  ne 
Nttpas  directement  liées  à  l'exercice  de  Téquitation,  nous  ne  las  compterons 
N  parmi  les  Inconvénients  qu^elle  entraîne,  non  plus  que  les  (iontusiotls  on 
liMNpsde  pied  que  peuvent  recevoir  de  leurs  chevaux  les  cavaliers  dans  les 
lihi  itn*Us  Itur  donnent  ou  dans  diverse»  ciroonataneesi 


1*1 


hMiéBméiecinë  dé  Parié,  —  L'onvettar^  des  eodts  da  dénllfett^  8«- 
jMitfe  de  la  Faeblté  de  médecine,  retardée  par  les  6téneÉieiit0>  aura  lies  le 
wi  S7  mars. 

hnUé  des  tctences  de  Pttris.  —  Les  cours  du  second  semestre  de  la  Fa- 
*dti  éas  icienoas  de  Paris  s'ouvriront  le  jeudi  16  mars,  à  la  Sorbonne» 


UaoK  n'nomiBVR.  •—  Par  décret  en  date  du  7  février  1871,  ont  été  promus 
H  aonmés  dans  l'ordre  de  la  Légion  d'honneur  : 

dtr^rodirfe commandeur;  MM.  Gerrler  et  Cbampoilillon,  médedns prifr- 
*Nx  de  !'•  clane  ; 

^  grade  d^ officier  :  MM.  Didiot,  médecin  principal  de  l'«  elasse;  Colin, 
*^^n  principal  de  2^  classe  ;  Gastex,  Azsis  et  Béraud,  médecins-majors  de 
V*  disse  ;  Darcy,  médecin-major  de  2«  classe  ;  de  Montëze,  pharmacien- 
•^  de  1"  classe  ; 

Àuorade  de  chevalier  :  MM.  Mabillat,  médecin-major  de  2e  classe.;  Moy- 
■^,  Uénard,  Gug,  Bachelet,  Jacquemet,  Bonnefoy,  Goze  et  Ërambert,  méde- 
^  lUea-nijon  de  l^e  classe  ;  Gottel,  médaeiu  aide«major  de  2<  classe; 


—  240  — 

Badal,  médecin  aide-major  de  2*  classe  auxiliaire  ;  Judicis,  pbarmacien-maj 
de  2»  classe  ;  Gilibert,  vétérinaire  ;  Blanc,  médecin  aide-major  au  3«  batal 
Ion  de  la  Drôme;  Pinard,  médecin  au  1«'  bataillon  du  Finistère;  Bourde 
médecin  aide-major  au  7«  bataillon  de  la  garde  mobile  de  la  Seine  ;  Portefo; 

médecin-major  aux  francs-tireurs  de  la  Presse. 

*<» 
Par  décret  en  date  du  5  mars  1871,  M.  le  docteur  Galler,  médecin  de  la  1 
gion  des  mobilisés  de  l'/klsace  (colonel  Keller),  a  été  uQmmé  cbevalier  de 
Légion  d'honneur  pour  sa  belle  conduite  au  combat  de  Saint- Valbert^  deri 
Héricourt. 


Grades  universitaires  des  Alsaciens  et  des  Lorrains.  —  Le  conseil  monû 
pal  de  Lyon  vient  d'émettre  le  vœu  suivant  : 

c  Le  conseil  municipal  de  Lyon  : 

«  Considérant  que  la  séparation  de  l'Âlsaoe  et  de  la  Lorraine  ne  peut  êi 
que  provisoire  ; 

<  Qu'il  est  à  propos  de  rattacher  nos  frères  à  la  France  en  leur  conserv: 
tous  leurs  droits  de  Français  ; 

€  Porte  auprès  du  pouvoir  central  le  vœu  suivant  : 

«  Tous  les  grades  universitaires,  toutes  les  inscriptions  d'enseignement  i 
((  périeur  et  tous  les  diplômes  acquis  par  des  Alsaciens  et  Lorrains  auprès 
<  écoles  et  des  facultés  établies  ou  à  établir  en  Alsace  et  en  Lorraine  aar 
«  en  France  la  même  valeur,  et  leurs  titulaires  jouiront  des  mêmes  droits  < 
c  s'il  les  avaient  acquis  en  France,  sous  la  seule  condition  par  eux  d'avo»! 
((  justifier  de  leur  origine  française. 

c  L'équivalent  des  grades  sera  déterminé  par  un  règlement  spécial.  • 


Météorologie.  —  Le  service  de  la  météorologie  internationale  n'a  point 
interrompu  par  la  guerre.  M.  Marie  Davy,  avant  la  capitulation  de  Paris,  l'a^ 
organisé  d'abord  a  Tours  et  puis  à  Bordeaux.  En  outre,  les  savants  franc 
qui  habitaient  les  pays  investis  ont  continué  leurs  observations  malgré  la  p: 
sence  de  l'ennemi. 

Le  docteur  Bérigny  n'a  point  interrompu  pendant  un  seul  jour  sa  belle  séi 
de  Versailles. 

M.  Renou  a  parcouru,  comme  il  en  avait  l'habitude,  les  environs  de  Te^ 
dAme.  Il  a  été  arrêté  plusieurs  fois  comme  suspect  d'espionnage.  Partoi 
malheureusement,  comme  à  Paris,  l'hiver  a  *élé  exceptionnel.  Le  thermomël 
est  descendu  à  12  degrés  à  Vendôme,  à  16  degrés  à  Montpellier,  à  17  degréi 
Bordeaux,  à  23  degrés  à  Périgueux.  Nos  armées  de  secours,  pour  éprouver  d 
retraites  de  Moscou,  n'ont  pas  eu  à  sortir  de  France.  Le  général  Hiver  éta 
arrivé  dans  les  bagages  des  barbares. du  Nord. 

Mais,  sublime  consolation!  cet  hiver,  si  rigoureux,  si  funeste,  est  le  pretti 
qui  ait  été  prédit  scientifiquement,  eu  vertu  d'une  loi  de  récurrence  (( 
M.  Renou  a  découverte  et  publiée  aans  les  Comptes  rendus  de  rAcadémied 
sciences.  {Union  méd.) 


Société  de  pharmacie.^  Cette  société  a  renouvelé  dernièrement  son  borti 
M.  Bussy  a  quitté  le  fauteuil  de  la  présidence  pour  le  céder  au  vice-préside 
M.  Lefort  ;  M.  Stanislas  Martin  a  été  élu  vice-président  ;  M.  Morlreux,  secf 
taire  annuel.  M.  Buignet  reste  secrétaire  perpétuel  ;  M.  Desnoix^  trésorier. 


Pour  les  artides  non  signée  :  F.  BRIGMETBAU. 


—  241  — 


THÉRAPEUTIQUE  MÉDICALE 


flaelqaefl  prluelpes  thérapeaCiques  à  propos  de  la  palbogénle 

des  scrofales^ 

Par  M.  le  docteur  Dactbaghb  père^médecio  de  Thâpilal  de  Manosque  et  des  épidémies 
de  rarrondissement  de  Forcalquier,  membre  et  lauréat  de  plusieurs  Académies 
de  médecine,  etc. 

Pendant  que  M.  Monneret,  dans  sa  Pathologie  générale^  vou- 
lait  ne  suivre  que  les  principes  de  Bacon  et  ne  jamais  s'écarter  du 
phénomène,  que  M.  Chapelle  (d'Angoulême)  cherchait  à  montrer 
deirant  l'Académie  de  médecine  qu'il  n'y  a  pas  un  véritable  anta- 
gonisme entre  leâ  principes  du  chancelier  d'Angleterre  et  ceux  de 
Descartes,  le  praticien,  en  attendant  la  solution  du  débat,  ne  re- 
msirquait  pas  moins  que  tel  phénomène  qui  paraît  vrai  et  démontré 
aujourd'hui  ne  Test  plus  demain  :  témoin  cet  admirable  phéno- 
ïTfcène  de  glycogénie  par  le  foie  élayé  de  tant  d'expériences  physio- 
logiques de  l'habile  M.  Cl.  Bernard,  contesté  naguère  par  des 
expériences  non  moins  sérieuses  que  produisaient  M.  Louis  Figuier 
€t  le  savant  professeur  de  physiologie  de  T école  de  Paris. 

Ces  circonstances  montrent  évidemment  ce  que  soutenait  Trous- 
seau :  que  la  science  spéculative  peut  bien  éclairer  la  pratique^ 
naais  ne  la  dispense  pas  de  consulter  Tobservation  clinique.  J'ajoute 
quece  n'est  que  lorsque  ces  deux  conditions  coexistent  et  s'étayent 
mutuellement,  que  la  pratique  a  le  droit  de  prétendre  marcher 
dftng  une  voie  plus  sûre  et  plus  fructueuse.  On  peut  dire  même  que, 
s&tis  cet  appui  réciproque  de  la  science  et  de  la  pratique^  on  risque 
fonde  faire  fausse  route.  Il  est  à  craindre  que  l'on  ne  reste  ou 
tes  la  théorie  nébuleuse  ou  dans  une  routine  insensée,  toutes 
tel  sans  résultats  probables,  laissant  alors  tout  le  soin  aux  eflojrts 
^  la  nature,  lorsqu'on  ne  la  contrarie  pas. 

Science  et  observation  clinique  m'ont  frappé  depuis  longtemps 
*tt  sujet  deTafiection  scrofuleuse,  si  variable  dans  ses  manifesta- 
^ons,  si  unitaire  dans  sa  cause  ou  plutôt  dans  son  phénomène  pa- 
Ihogénique  primordial,  phénomène  qui  ne  varie  guère  que  par  son 

<Jegré. 

La  plupart  des  auteurs  eux-mêmes  comprennent  que  ce  phéno- 
mène existe:  «  Les  scrofules,  dit  Kortum  [Commentaires  sur  le  vice 
^crofuleux)^  ne  sont  pas  une  maladie  locale,  et  les  manifestations 

TOME  LXXX.  6*  LIVR.  \^ 


—  24Î  — 

morbides  qui  se  déclarent  en  diverses  parties  du  corps  prouvent 
de  la  manière  la  plus  évidente  qu'il  existe  une  cause  générale.  » 
Les  auteurs  du  Compendium  de  médecine  définissent  les  scrofules 
«  un  ensemble  de  phénomènes  dus  à  une  altération  générale  pri- 
mîtite  et  le  plus  souvent  héréditaire  dans  l'organisme  » . 

Toutefois,  quelle  est    cette  altération  générale  ?  On  la  trouve 

ordinairement  dans  le  tempérament  lymphatique.  Mais  qu'est-ee 

que  ce  tempérament  lymphatique?  Là  est  la  question,  là  est  le 

.  problème,  que  je  crois  résolu  à  la  fois  par  la  science  et  par  la 

pratique» 

Par  la  science,  en  ce  qu'on  ne  peut  plus  dire  aujourd'hui  que 
c'est  une  prédominance  du  système  lymphatique  sur  le  sanguîn^ 
puisqu'il  est  démontré  que  la  lymphe  n'est  que  du  sang  à  Tétai 
rudimentaire,  ou,  si  Ton  veut,  à  un  certain  degré  de  formation  ; 
puisqu'il  a  été  manifeste  qu'en  poursuivant  dans  le  système  lym- 
phatique et  ganglionnaire  la  lymphe,  on  la  trouve  d'autant  plus 
parfaite,  d'autant  plus  conforme  an  sang  lui-même  dans  ses  élé- 
ments chimiques  et  microscopiques,  qu'on  la  recherche  plusprèsdu 
canal  thoracique,  plus  rapprochée  du  moment  oii  elle  va  se  verseï 
dans  le  torrent  circulatoire  :  c'est-à-dire  que  plus  on  l'observe  loin 
de  la  périphérie  et  alors  qu'elle  a  parcouru  un  plus  grand  nombre 
de  ganglions,  mieux  on  la  trouve  élaborée  et  rapprochée  de  la  con- 
stitution sanguine,  a  C'est  seulement,  dit  J.  Mûller  [Manuel  de 
physiologie,  t.  I,  p.  207),  lorsque  la  substance  alimentaire  (chyle 
ou  lymphe)  se  trouve  contenue  dans  les  vaisseaux  lymphatiques 
qu'elle  acquiert  la  propriété  de  se  coaguler,  et  plus  elle  avance  dans, 
le  système  lymphatique,  plus  celte  propriété  devient  prononcée,  » 
c'est-à-dire  plus  il  y  a  de  transformation  d'albumine  en  fibrine. 

D'autre  part,  quelle  est  la  fonction  des  radicales  lymphatiques! 
C'est,  évidemment,  de  s'emparer  de  la  sérosité  sanguine  qui  n^ 
pas  été  assimilée  dans  le  phénomène  de  la  nutrition  :  plasma  im- 
parfait de  l'hématose,  délaissé  et  encore  impropre  à  l'assimilation, 
qui,  en  subissant  de  nouvelles  élaborations  dans  le  système  lym- 
phatique, reprend  de  nouvelles  propriétés  physiologiques  et,  johrt 
au  chyle  provenant  de  la  nourriture,  versé  avec  ce  dernier  daos 
le  canal  thoracique,  sert  de  nouveau  à  ce  mouvement  sans  fin  de 
composition,  de  décomposition  et  de  recomposition  qui  s'opère  in- 
cessamment dans  l'organisme.  C'est  ce  qui  résulte  des  divers  tra- 
vaux de  Tiedeman,  J.  Mûller,  Gmelin,  Burdach,  Magendie,  Gdl*- 
lard  de  Maitigny,  Lhéritier,  etc.  «  Ce  qui  paraît  surtout  démontré; 


àà  U.  Lhëritier  {Chimie  pathologique^  p.  3i),  c'tst  que  la  lymphe 
profient  d'une  transformation  digestite  de  la  substance  même  du 
oorps.  » 

Voilà,  en  abrégé,  ce  que  fournit  la  science .  Quant  à  la  pratique, 

die  démontre  clairement  que  Tinaction,  Pétat  sédentaire^  Thabi* 

tAtion  dans  les  endroits  bas  et  humides^  mal  aérés^  engendrent  les 

aerofules  et  toutes  les  formes  tuberculeuses  et  rachi tiques.  Si  les  ob- 

serirations  de  la  plupart  des  praticiens  n'attestaient  pais  ce  fait,  les  ex« 

périences  de  MM.  Goster  et  Fourcault  le  mettraient  dans  tout  son  jour, 

t&ndis  que  j'ai  constaté  que  nos  paysans  strumeux  qui  présentaient 

jusqu'à  l'âge  de  douze  à  quinze  ans  des  flux  scrofuleux^  des  oph« 

thalmies,  des  ganglions  tindurés  et  suppures^  guérissent  tout  seuls, 

saos  remèdes,  par  les  trayaux  des  champs.  Entre  nombre  de  faits, 

j^en  possède  un  très-remarquable,  puisqu'il  témoigne  des  deux 

terjaies  de  la  question. 

XJq  paysan,  marié  en  secondes  noces^  habitait  une  maison  étroite, 

basse,  sans  issue  par  derrière^  sans  fenêtres  de  ce  côté,  adossée 

q^a^cUe  était  à  d'autres  maisons.  Cet  homme,  qui  passait  toute  sa 

i»iumée  aux  champs,  n'a  jamais  rien  eu,  non  plus  que  son  fils  aîné, 

qu'il  put  de  bonne  heure  emmener  et  faire  travailler  avec  lui  ; 

mais  ses  deux  femmes  et  nombre  d'autres  enfants^  qui  étaient  con- 

^mment  obligés  de  rester  enfermés  dans  cet  étroit  et  humide  mé-* 

phttisme^  périrent  tous  ou  de  scrofule  ou  de  phthisie.  Sa  dernière 

fttnme,  que  j'avais  vue  jeune  fille  vigoureuse,  après  trois  de  ses 

<Aiants  qui  périrent  y  succomba  elle-*même  à  la  fois  à  la  scrofule 

^  Jk  la  phthisie. 

Lt^observation  qui  vient  d'associer  ici  la  phthisie  et  la  scrofule 
(cl  certes  ce  n'est  pas  la  seule  que  je  pourrais  produire,  puisque 
i^^i  vu  nombre  de  frères  ou  phthisiques  ou  scrofuleux)  m'amène 
^torellement  à  cette  question  :  si  ces  afiections  n'auraient  pas  une 
^gine  commune.  On  ne  saurait  en  douter,  puisque  les  expériences 
^  Coster  attestent  qu'il  suffit  de  renfermer  un  animal  dans  un  air 
^>€î^  par  l'humidité  et  les  émanations  de  carbone,  en  le  privant  de 
Mouvement,  pour  le  faire  devenir  ou  scrofuleux,  ou  tuberculeux^  ou 
'^hitique.  Baudelocque  pensait  même  qu'une  des  causes  fréquentes 
^e  tubercules  ou  de  scrofules  était  l'habitude  qu'avaient  certains 
^faBts  de  dormir  avec  la  tête  sous  les  couvertures  de  leur  lit. 

Il  y  a  plus  ;  j'ai  tout  lieu  de  croire  que  la  chlorose  peut  être  lepre« 
^r  degré  de  toutes  ces  maladies.  Voici  entre  autres  quelques  obser- 
^Hions  qui  me  l'ont  prouvé  d'une  manière  bien  évidente.  Bn  4659, 


—  946  — 

mentant  ht  poîssance  drcalatoire^  en  augmente  le  degré  d'âabo-* 
ration. 

L'exercice,  les  bains  froids  ne  se  bornent  pas  à  cette  action  sur 
le  système  lymphatique.  De  même  que  les  bains  d'air  comprimé, 
ils  ont,  avec  ces  derniers,  la  propriété  de  multiplier  la  puissance, 
respiratoire  et  partant  de  favoriser  les  dépurations  carbonées,  dé* 
purations  d'autant  plus  parfaites  que  les  conflits  moléculaires  on 
été  augmentés  dans  tout  le  système  organique  et  leurs  résid 
entraînes  dans  la  circulation  veineuse  pareillement  activée.  Orcfr^s 
effets  |ne  retentissent-ils  pas  toujours  sur  l'albumine  ou  peul-ètr^<^ 
ses  qualités,  s'il  est  vrai,  comme  l'établit  M.  Michaêlis,  que  cell 
renfermerait  plus  de  carbone  que  la  fibrine?  Dès  lors  ne  serait- 
pas  ce  carbone  qui  a  joué  un  rôle  si  prééminent  dans  l'étiolo^ 
de  la  maladie,  dont  l'excès  serait  la  première  cause  de  l'altérati 
de  Talbumine? 

Toujours  est- il  que  la  maladie  ne  nous  paraît  pas  seulemc 
tenir  à  un  excès  d'albumine  ;  et  bien  que  celui-ci  dépende  surtout 
son  défaut  de  transformation  en  fibrine,  il  est  encore  permis  d'^ 
mettre  quMl  excite  dans  l'albumine  une  certaine  viciation.  BurdcLoli 
et  Lhéritier  ne  sont  pas  éloignés  de  cette  pensée  lorsqu'ils  disecat  : 
«  La  diathhe  alàumineuse  provient  d'une  assimilation  abondante» 
mais  incomplète,  qui  se  dénote  par  un  sang  vermeil,  visqueux» 
mais  pauvre  en  fibrine.  »  (Burdach.)  «  Cette  diathèse  est  propre 
phthisiques  et  aux  scrofuleux.  Qiez  eux,  la  formation  du  sang 
meure  à  un  degré  inférieur^  parce  que  l'assimilation  et  la  respii^' 
tion  s'exécutent  d'une  manière  incomplète  :  il  se  forme  moins  ^ 
fibrine  et  de  seU  terreux;  Talbumine  prédomine,  quoique  imparf^ottr 
tentent  développée  ;  la  coagulation  est  facile^  mais  faible,  et  lecofl* 
gulum  repasse  bientôt  à  la  fluidification.  »  (Lhéritier^   op.   ct^* 
p.  261 .) 

Nul  doute  qu'il  n'y  ait  même  des  degrés  fort  divers  et  de  cei^ 
abondance  d'albumine  et  de  son  état  d'imperfection.  Aussi  bi^^ 
des  auteurs  ont  reconnu  que  souvent  un  excès  de  graisse,  oï^ 
obésité  trop  prononcée  étaient  un  premier  degré  de  scrofule.  N'est-^^ 
pas  là,  en  effet,  une  surabondance  de  matériaux  carbonés,  insuf^^ 
samment  brûlés  dans  l'intimité  des  fonctions  de  nutrition?  Ce  qu^  ^ 
y  a  de  certain,  c'est  que  j'ai  analysé  le  sang  de  quelques  person 
ainsi  chargées  de  sucs  et  d'embonpoint,  et  c'est  chez  elles  que  j' 
trouvé  la  plus  grande  proportion  d'albumine,  11, 13  poui*  100.  . 
résultat  m'a  été  donné  surtout  par  le  sang  d*un  individu  doa^^ 


-  147  — 

nombre  de  firëres  et  sœurs,  de  môme  que  plusieare  enfants  à  loi; 
avaient  succombé  à  la  phthisie  ou  à  la  mënîngite  granuleuse.  J'ai 
connu  une  dame  étonnamment  chargée  de  graisse,  dont  l'enfant, 
qu'elle  avait  allaité,  périt  dans  les  extrêmes  transformations  du  ra« 
chitisme,  tandis  que  ceux  qui  furent  mis  en  nourrice  évitèrent 
cette  maladie.  N^y  a-t-il  pas  là  de  nouveaux  témoignages  pour  notre 
manière  de  voir  et  de  considérer  la  pathogénie  scrofuleuse  ?  Ajou«< 
tons  que  de  telles  constitutions  ne  se  rencontrent  pas  chez  nos 
paysans  laborieux^  eux,  cependant,  qui  usent  presque  uniquement 
d*one  nouiTiture  végétale,  c'est-à-dire  particulièrement  atbumineusa 
et  carbonée  :  preuve  plus  manifeste  encore  de  la  puissance  de  Fexer-* 
cice  musculaire,  d'une  respiration  activée  sur  Tassimilation  et  les 
transformations  chimîco- vitales  de  Thématose.  Ces  travailleurs 
trouvent  ainsi  facilement  dans  leurs  rudes  labeurs  ce  que  les  classes 
riches  ne  peuvent  souvent  rencontrer  à  grands  frais  sur  les  diverses 
plages  marines,  dans  les  établissements  hydrolhérapiques  ou  pneu« 
matiques  particuliers.  N'est-ce  pas  le  cas  de  s'écrier  avec  Virgile  : 

0  fortunatos  nimium,  sua  si  boaa  norint, 
Agricolas!... 

Malheureusement  ils  ne  connaissent  pas  leur  bonheur  et  ils  aban-* 
donnent  souvent  ces  champs  fortunés  pour  le  séjour  des  villes,  oit 
ils  deviennent  des  artisans  nécessiteux,  périssant  de  scrofule,  qu'ils 
gagnent  dans  des  bouges  étroits  ou  dans  le  méphitisme  des  ateliers. 
Enfin,  pour  en  finir  sur  ce  sujets  disons  que  M.Dubois  (d'Amiens), 
contrairement  à  Burdach,  Lhéritier  et  nous,  aurait  trouvé  une  pro« 
portion  moindre  d'albumine  dans  le  plasma  du  sang  des  scrofu« 
leux;  mais  ceci  dépend^  croyons-nous,  de  l'espèce  de  la  maladie,  at 
surtout  de  son  ancienneté  chez  le  sujet  examiné.  Nous  aussi,  nous 
avons  trouvé  une  proportion  moindre  d'albumine  et  môme  plus  de 
fibrine  chez  Içs  phthisiques  et  les  scrofuleux  à  un  degré  extrême 
d^émaciation.  Celte  particularité  est  la  conséquence  des  derniers  ef- 
forts de  l'organisme^  de  la  résorption  musculaire  même  qui  fait  vivre 
ongtemps  diverses  espèces  de  malades  sur  leurs  propres  chairs.  Ce 
ihénomène^  que  chacun  a  pu  observer  et  s'expliquer  facilement,  n'a 
as  échappé  à  M.  Lhéritier^  puisqu'il  dit  :  a  La  transformation 
igestive  dans  laquelle  les  lymphatiques  jouent  un  rôle  absolument 
mbiable  à  celui  des  chylifères^  c'est  que  la  vie  elle-même  se  soutient 
x  la  résorption  de  la  graisse  et  des  muscles,  etc.,  qui  sont  comme 
s  aliments  réduits  à  l'état  du  sang«  quand  la  digestion  stomaco** 


—  248  - 

intestinale  est  insuffisante.  »  (Op.  cit.,  p.  21).  N'est-ce  pas  cette 
propriété  des  vaisseaux  lymphatiques,  et  probablement  des  veines 
aussi  (Magendie)^  que  nous  utilisons  pour  faire  résoudre  ces 
phlegmons,  ces  engorgements  strumeux?  Et  la  compression^  les 
frictions  iodurées  que  nous  employons^  font-elles  autre  chose 
qu^activer  cette  faculté  de  résorption  pour  reprendre  les  matériaux 
de  ces  tumeurs  ? 

D'ailleurs,  il  existe  deux  espèces  de  scrofules,  et  notre  illustre 
maître  le  baron  Alibert^  après  Warthon,  les  avait  distinguées  en 
scrofule  vulgaire  et  endémique  ou  momie  {Nosologie  naturelle). 
Chez  celle-ci^  qu'il  a  figurée  dans  Touvrage  cite,  Témaciation  est  ex- 
trême, la  peau  est  aride,  sèche,  comme  momifiée.  Tout  manque 
alors^  et  les  sucs  blancs  et  les  globules,  ou  plutôt  ce  qui  reste  de  ces 
derniers  et  de  la  fibrine  ne  vient  plus  d'une  assimilation  alimen- 
taire^ mais  de  la  décomposition  propre  dos  chairs  que  nous  avons 
signalée.  C'est  pourquoi  déjà  dans  noire  Hydrothérapie  générale 
nous  avions  reconnu  une  scrofule  comme  une  chlorose  hyper  et 
hypoalbumineuse  (voir  cet  ouvrage). 

Il  est  donc  bien  avéré  que  la  curation  de  la  scrofule  existe  tout 
entière  dans  les  moyens  de  redonner  au  sang  les  qualités  chi- 
miques et  physiologiques  qu'il  n'a  jamais  eues  ou  qu^il  a  perdues. 
Baumes,  Bégin  l'avaient  déjà  exprimé,  tandis  que  M.  Fleury  dans 
son  Traité  d'hydrothérapie  s'explique  ainsi  qu'il  suit  :  «  La  lâche 
du  médecin  est  de  faire  recouvrer  au  système  sanguin  la  prépon- 
dérance d^action  qu'il  a  perdue,  d'eiciter  les  organes  élaborateurs 
du  sang.  Que  l'on  analyse  tous  les  moyens  qui  ont  procuré  des 
succès  soutenus  dans  le  traitement  des  scrofules,  et  partout  on  re- 
connaîtra que  la  maladie  ne  se  dissipe  qu'alors  que  les  élaborations 
rouges  et  que  l'appareil  sanguin  ont  acquis  ou  recouvré  leur  pré- 
pondérance. »)  (1"  édit.,  p.  385.)  «  C'est  sur  la  gymnastique  mé- 
dicale, dit  Bégin  {Dict.  des  sciences  médicales,  t.  L,  p.  356),  que 
repose  tout  entier  le  succès  du  traitement  ;  mais  le  bain  froid  est 
un  des  moyens  les  plus  efficaces  que  l'on  puisse  employer  soit 
pour  prévenir,  soit  pour  combattre  les  accidents  des  scrofuleux.  p 

Il  est  évident  que  ces  auteurs  avaient  vu  le  point  principal  de  la 
question;  mais  personne,  avant  nous,  n'avait  expliqué  suffisamment 
le  véritable  mécanisme  physiologique  par  lequel  ces  élaborations 
s'opèrent  et  se  provoquent.  Or  c'est  réellement  le  mode  de  ce  mé- 
canisme organo-fonctionnel  qui,  en  dévoilant  l'action  positive  des 
traitements  qui  réussissent  le  mieux  dans  ces  maladies,   fournit 


—  249  — 

aui  praticiens  les  plus  sûres  et  plus  réelles  indications  thérapeu- 
tiques. En  efiet^  l'action  de  Tair  des  champs^  celle  des  bains  d'air 
comprimé^  de  la  gymnastique^  les  résultats  suilout  des  travaux  de 
la  campagne,  des  bains  froids,  de  Tair  et  des  eaux  de  mer  ne  sont 
plus  des  mystères  ou  des  moyens  empiriques;  ce  sont  des  effets 
dont  l'action  est  positivement  dévoilée  et  que  Ton  peut  suivre 
jusque  dans  leurs  dernières  conséquences  et  leurs  résultats  finaux. 
Est-ce  tout?  n'y  a-t-il  plus  à  s'occuper  de  l'assimilation  par  le 
régime  alimentaire,  dès  Tinstant  que  le  système  lymphatique  ainsi 
ramené  à  des  fonctions  plus  parfaites  se  charge  lui-même  de  pro- 
luire des  élaborations  fibrineuses  perfectionnées?  On   serait  tenté 
le  le  croire  en  voyant  les  guérisons  qu'obtiennent  nos  paysans^  le 
tempérament  fîbrineux  qu'ils  acquièrent,  même  avec  une  nourri- 
ture végétale,  très-ordinairement  féculente,  et  partant  plus  parti- 
culièrement albumineuse.  Mais  tout  le  monde  peut-il  s'astreindre 
à  de  tels  travaux?  tout  le  monde  peut-il  aller  prendre  des  bains 
d'air  comprimé,  des  bains  de  mer,  suivre  des  traitements  dans  les 
établissements  hydrothérapiques  ?  Malheureusement  non  ;  aussi 
l)eaucoup  ne  guérissent  pas  ou  ne  guérissent  qu'incomplètement  et 
attendent  toujours  quelque  récidive. 

be  régime  alimentaire  doit  d'ailleurs  être  pour  quelque  chose 
dui8  le  traitement^  je  n'ose  dire  pour  beaucoup  devant  les  faits 
prudents.  Cependant  ce  ne  peut  être  sans  raison  que  l'expérience 
générale  conseille  des  viandes  rôties  et  grillées,  c'est-à-dire  un  ré- 
gime  azoté  et  fibrineux  ;  qu'elle  proscrit  les  féculents  et  le  lait  en 
Wiculier.  Pour  moi,  après  avoir  insisté  sur  tous  les  moyens  pré- 
sents, que  je  dispose  suivant  les  ressources  et  la  position  de 
^«acun,  je  joins  aux  viandes,  à  du  vin  généreux,  au  café  surtout, 
^  toniques  en  général,  des  herbacés,  notamment  les  choux,  les 
'^^▼ets,  les  chicorées,  les  raiforts,  les  radis,  quelquefois  l'oignon, 
*^ivent  l'ail,  qui  me  paraît,  par  l'usage  qu'en  font  nos  paysans,  non- 
'^ement  un  stimulant  favorable  aux  organes  digestifs,  mais  en- 
^^e  un  excitant  des  fonctions  nutritives  et  à  coup  sûr  un  dépuratif, 
^lûme  l'indique  l'odeur  qu'il  communique  à  la  respiration,  à  la 
*Jieur  et  aux  urines.  Ne  sait-on  pas  que  le  seul  ouvrage  de  méde- 
^*De  qu'on  ait  découvert  en   Turquie,  pendant  notre   guerre  de 
^^mée,  donne  l'ail  comme  une  panacée  merveilleuse,  et  à  la  fois 
}^*i  aliment  précieux  et  un  remède  universel?  Certainement  je  suis 
"ïtt  de  partager  une  telle  opinion;  mais  l'observation  m'a  récon- 
^>Vé  avec  ce  condiment  vulgaire,  dont  nos  pères  faisaient  d'ail* 


—  MO  — 

leurs  un  grand  usage.  Nous  lisons  que  la  grande  noblesse  du  teiii| 
ne  le  repoussait  pas  comme  de  nos  jours,  puisqu'on  rapporte  qi 
le  duc  de  Richelieu,  voulant  aller  souper  un  certain  jour  eh 
Marion  Delorme,  lui  envoya  d'avance,  pour  son  écot,  un  din 
farci  à  l'ail.  Ne  serait-il  pas  aussi  un  aphrodisiaque  ? 

Ceci  dit  en  passant,  constatons  aussitôt  que  le  traitement  d 
différer  sensiblement  lorsque  le  sujet  est  éraacié,  soit  par  son  tem|i 
rament  originel,  soit  par  les  progrès  du  mal.  Alors  le  sujet  esthj|: 
albumineuz,  et  si  quelquefois  on  trouvait  dans  son  sang  une  pn 
portion  notable  de  fibrine,  c'est  qu'il  prendrait  directement  celle 
sur  la  fibre  musculaire  elle-même,  et  non  pas  sur  le  chyle  proT 
nance  de  Talimentation  ou  le  plasma  restant  de  la  nutrition,  fi 
vu,  en  effet,  quelquefois  chez  les  phthisiques  dans  le  marasme 
caillot  du  sangtrw^  par  de  la  couenne.  Ne  sait-on  pas  aujourd'hi 
que,  dans  les  maladies  pour  lesquelles  on  saignait  à  outrance,  4 
n'était  pas  le  sang  des  premières  saignées  qui  était  couenneux,c'es 
à-dire  fibrineuz,  mais  celui  des  dernières,  alors  que  le  malM 
était  obligé,  précisément  par  ces  spoliations  sanguines,  de  résorh 
sa  propre  substance?  Dans  ce  cas,  les  indications  changent 
outre  l'exercice,  les  bains  froids,  les  bains  de  mer,  surtout  l 
bains  d'air  comprimé,  tous  les  analeptiques  albumineux  et  fibi 
neux,  même  le  lait,  sont  indiqués.  L'huile  de  foie  de  morue,  lorsqi 
la  fièvre,  dernier  effort  de  l'organisme,  n'est  pas  allumée,  doit  et 
prescrite,  et  à  doses  énormes,  par  verrées  même,  comme  je  l'ai  ^ 
employer  à  M.  Bazin,  à  l'hôpital  Saint-Louis. 

Est-ce  là  tout?  que  dirons-nous  de  l'iode  et  de  ses  préparatioii 
nous,  élève  particulier  de  Thôpital  Saint-Louis  et  même  de  Lop 
qui  avons  assisté  à  ses  principaux  travaux  et  qui  en  avons  vu  1 
grands  et  beaux  résultats?  La  division  établie  ci-dessus  par  Ws 
thon  et  Alibert,  spécifiée  par  nous  dans  tes  caractères  chimiques  < 
sang,  nous  sert  encore  particulièrement  de  guide. 

Dans  le  premier  cas,  où  l'albumine  ne  fait  défaut  que  par  1 
qualités,  et  celles-ci  probablement  surtout  par  suite  de  l'abaitl 
ment  fonctionnel  du  système  lymphatique,  nous  donnons  l'iodi 
l'intérieur,  de  préférence  la  solution  iodurée  concentrée  par  goutti 
lorsque  cette  exubérance  des  sucs  blancs  est  très-prononcée, 
dans  cet  état  nous  apercevons  encore  un  abaissement  concomiti 
des  globules,  c'est-à-dire  une  complication  chlorotique,  nous  pi 
ferons  l'iodure  de  fer  ;  tandis  que,  dans  tous  les  cas,  nous  n'hé 
tons  pas  à  attaquer  les  engorgements  extérieurs  par  les  pvépii 


~  «54  —      • 

tions  iodurées,  le«  ioduro-mercurielles,  auiquelles  nous  joignons  la 

compression  toutes  les  fois  qu'elle  peut  s'employer  d'une  manière 

méthodique,  particulièrement  dans  les  maladies  articulaires  ;  car, 

ûofii  que  Récamier^  Velpeau  et  notre  digne  et  regrettable  ami 

Bonnet  (de  Lyon),  nous  regardons  la  compression  comme  un  moyen 

héroïque.  Aussi  pourrais«Je  fournir,  si  les  limites  de  cet  article  me 

le  permettaient^  quelques  eas  remarquables  de  tumeurs  blanches 

guéries  avec  les  moyens  combinés  des  irrigations  froides,  de  la 

compression  et  des  frictions  iodurées.  Enfin,  dans  la  scrofule  hyper- 

albumineuse,  où  il  s'agit  plutôt  de  transformer  que  d'acquérir^  je 

ne  donne  pas  l'huile  de  foie  de  morue. 

J*ai  obtenu  la  guérison  d'abcès  froids,  d'engorgements  du  pé- 
rioste^  de  carie  du  fémur,  sur  une  belle  et  grande  demoiselle  ap- 
jMirlenant  à  notre  premièi*e  noblesse  de  Provence,  et  à  coup  sûr  à 
tttte  forme  hyperalbumineuse,  car  elle  avait  un  teint  et  des  formes 
edmirables.  Seraitce  vrai,  ce  que  j'avais  maintes  fois  entendu  dire 
iAlibert,  que  les  plus  belles  et  plus  jolies  femmes  avaient  toujours 
vn  peu  de  scrofule  ?  L'iode  fut  employé  chez  cette  demoiselle  sous 
toutes  les  formes:  à  l'extérieur,  en  injections,  en  frictions  ;  à  l'in- 
t^ar,  ht  solution  iodurée  concentrée  fut  portée  jusqu'à  la  dose  de 
tt  gouttes.  Chose  singulière  peut-être,  jamais  dans  le  service  de 
Uigol,  à  l'hôpital  Saint-Louis,  ou  dans  ma  pratique  je  n*ai  ren- 
Mntré  riodisme.  Cette  cure  fut  aidée  par  les  douches,  les  irriga- 
IXHis  froides  sur  les  parties  malades,  et  assurée  par  les  bains  de 
Bier;  tandis  que,  avant  que  je  visse  la  malade,  des  eaux  thermales 
li^-chaudes  en  Italie,  qu'on  lui  avait  conseillées,  avaient  (ramené 
les  accidents,  qui  s'étaient  amendés  une  première  fois.  M.  le  pro- 
fesseur Courly  (de  Montpellier)  avait  été  aussi  consulté  pour  cette 
intéressante  malade,  et  voulut  bien  sanctionner  notre  traitement, 
<lont  les  effets  ne  se  sont  plus  démentis. 

Chez  de  tels  malades,  où  il  s'agit  plutôt  de  transformer  que 
d'ecquérir,  nous  ne  donnons  pas  T huile  de  foie  de  morue,  n'étant 
fis  nécessaire  de  donner  des  aliments  respiratoires  pour  augmenter 
k  combustion  et  par  suite  la  calorifîcation.  C'est  surtout  à  l'exer- 
^1  aux  bains  de  mer,  à  la  natation,  à  la  gymnastique,  aux  bains 
^W  comprimé,  que  nous  demandons  cette  calorifîcation  pour  brûler 
li>  matériaux  carbonés  en  excès.  Dans  la  scrofule  hypoalbumi- 
'^iQie,  c'est  différent  :  nous  donnons  spécialement  l'aliment  respi- 
^ire,  afin  que  l'organisme  ne  brûle  pas  sa  propre  substance  et 
^ttietienne  son  calorique  en  dehors  de  ses  matériaux  particuliers  ; 


—  252  — 

cela  cependant  sans  proscrire  Texercice  au  grand  air,  que  LugoL 
ordonnait  même  à  ses  malades  les  plus  ëmaciés,  car  il  les  faisais 
souvent  transporter  dans  les  cours  de  Fbôpital  Saint-Louis^  lors- 
qu'ils ne  pouvaient  s'y  rendre  eux-mêmes.  Nous  prescrivons  encore 
les  bains  froids,  qui  servent  toujours  à  l'assimilation ,  à  rélaboratioK 
de  la  lymphe,  en  activant  les  fonctions  du  système  lymphatique  cL^ 
la  périphérie  au  centre,  c'est-à-dire  selon  la  direction  fonctionnelle 
de  ces  vaisseaux.  Toutefois  nous  employons  différemment  ces  dm 
vers  moyens  hygiéniques  et  physiologiques  :  dans  le  cas  de  scrofia1< 
hyperalbumineuse,  nous  conseillons  les  bains  froids^  les  bains  d 
mer,  ceux  d'air  comprimé,  l'exercice^  très-prolongés  ;  dans  le  eau 
de  scrofule  hypoalbumineuse^  nous  les  ordonnons  de  courte  duréi 
et  répétés,  afin  de  donner  sans  épuisement,  et  proportionnellemeni 
aux  forces^  de  simples  impulsions  fonctionnelles  à  l'organisme^  im- 
pulsions qui^  quoique  beaucoup  plus  difficilement  ici,  finissent  quel- 
quefois petit  à  petit  ou  d'encore  en  encore  par  réveiller  le  consensiu 
organo-fonctionnel  et^  en  activant  ses  effets,  en  déterminent  les  ré- 
sultats. C'est  ainsi  que  nous  considérons  toujours  Torganisme 
comme  une  machine  à  engrenage,  dont  on  fait  mouvoir  tous  les 
rouages  en  agissant  souvent  simplement  sur  Tun  d'eux.  Enfin  c'est 
toujours^  quand  nous  traitons   la  scrofule^  sur  le  grand  phéno- 
mène de  la  sanguification  et  de  la  nutiîtion  que  nous  faisons  portée 
nos  efforts^  ce  qui  nous  permet  de  nons  étayer  encore^  dans  ce  caiEi^ 
de  ces  paroles  de  M.  Ghossat,  que  toute  maladie  est  un  problèt»^ 
d'alimentation.  Or,' c'est  alimenter^  et  de  la  meilleure  manière 
que  d'arriver  à  produire  une  bonne  assimilation. 


Série  de  formules  pour  le  traitement  de  la  bronehUe  % 

Par  U.  le  docteur  Dklioux  db  Sàtignàc. 

De  toutes  les  maladies,  celle  qui  affecte  le  plus  grand  nombre 
d'individus,  qui  se  manifeste  le  plus  communément,  surton"^ 
pendant  les  saisons  froides  et  humides  et  accidentellement  sons  fe 
règne  des  constitutions  grippales  ou  catarrhales ,  c'est  la  bron- 
chite ;  c'est  ce  que  dans  le  langage  vulgaire  on  appelle  le  rhume^ 
La  bronchite,  même  à  un  degré  faible,  doit  toujours  exciter  la  sol- 
hcitude  du  médecin  ;  toute  souffrance,  et  c'en  est  une,  appelle  uni 
remède  ;  la  bronchite,  dans  bien  des  cas,  mériterait  d'autant  plu^ 
d'être  rationnellànent  attaquée  dès  son  début  et  dirigée  vers  une 


—  283  — 

solution  prompte  et  heureuse,  que,  faute  de  soins  appropriés,  elle 
tend  à  persister,  à  passer  à  Tétat  chronique,  et  constitue  alors 
poar  le  patient  une  vdritable  infirmité.  De  plus^  chez  certaines  per-* 
ftoaiies,  on  est  plus  ou  moins  fondé  à  craindre  son  influence  sur  le 
ûéyeloppement  de  maladies  plus  graves  des  organes  respiratoires^ 
par  exemple  Textension  de  la  phlegmasie  bronchique  au  paren- 
chyme pulmonaire  ou  une  excitation  fatale  à  Tégard  de  tubercules 
htents  et  peu  avancés  encore  dans  leur  évolution.  Et  cependant, 
81  poar  les  motifs  les  plus  plausibles,  si  pour  les  raisons  les  plus 
trieuses  tous    les  enrhumés  devraient  réclamer  Tintervention 
iQédicale,  nous  savons  tous  que  la  plupart,  au  moins  au  début  de 
'eor  afiection  et  dans  ses  formes  en  apparence  les  plus  bénignes, 
^  soustraient  aux  prescriptions  du  médecin,  et,  prenant  peu  ou 
point  de  précautions,  continuent  à  vaquer  à  leurs  affaires  ;   lesau- 
*ï^8,  et  ce  sont  les  plus  nombreux,  sur  la  foi  des  annonces  et  des 
prospectus^  mettent  leur  confiance  dans  les  pâtes,  pastilles^  bon- 
1h>ds,  sirops,  etc.,  de  prétendus  spécialistes  qui,  en  débitant  leurs 
produits,  ont  plus  souci  de  leur  fortune  que  de  la  guérison  réelle 
^^  teurs  clients.  Ces  pituiteux,  ces  catarrheux  que   Ton  rencontre 
^ïï  foule,  et  parfois  même  ces  sujets  tourmentés  par  une  toux  inces- 
sante, à  caractère  suspect,  sorte  d'écho  d'une  phthisie  imminente, 
^e  sont  la  plupart  du  temps  que  les  victimes  d'un  premier  rhume 
^^tigé  ou  d'une  série  d'irritations  des  tubes  aériens  dont  aucune 
^^asubi  le  traitement  rationnel  qui  pouvait  et  la  faire  disparaître 
^1t  prévenir  toutes  les  autres. 

Notre  intention  n'est  point  de  présenter  le  traitement  de  la  bron* 

^^ite,  mais  simplement  de  poser  quelques  indications  générales  et 

^^  vulgariser  quelques  formules  dont  l'expérience  nous  a  montré 

*'iatilitéy  ce  qui  ne  sera  pas  sans  intérêt  au  milieu  des  nombreux  cas 

4q  maladies  de  poitrine  dont  nous  sommes  témoins  en  ce  moment. 

L'erreur  du  public  et  celle  de  quelques  médecins   est  de  croire 

^^'un  seul  et  même  remède  peut  être  opposé  à  toute  espèce  de 

^ixmchite  et  à  toutes  les  périodes  de  la  maladie.  Mais  il  n'en  est 

^en:  selon  le  cas  et  selon  le  moment  où  l'on  intervient^  tel  remède 

^^  préférable  à  tel  autre. 

Ainsi,  au  début  de  la  plupart  des  bronchites,  la  toux  est  sèche 

^tquinteuse,  souvent  accompagnée  de  plus  ou  moins  de  dyspnée, 

^^cet  état  persiste  jusqu'à  la  période  de  coclion^  selon  l'expression 

•^^ppocratique  ;   en  d'autres  termes,  jusqu'à  la  production  d'un 

^^ludat  dont  les  bronches  doivent  se  débarrasser  par  l'expectora.^ 


—  ac- 
tion. Il  y  a  doncj  au  début  de  ces  broDchites,  indication  dts 
dicaments  expectorants,  en  tête  desquels  se  recommandent  le 
mes,  l'ipëcacuanha  et  la  scille.  • 

Le  kermès  et  Kipëcacuanha  favorisent  non-seulement  Fex 
ration,  mais  encore  la  sécrétion  des  mucosités  et  du  muco-pi 
constituent  la  matière  des  crachats  ;  ils  hâtent  donc  la  përiod 
tique  désirée,  tout  en  facilitant  Télimination  de  son  produit, 
lorsque  ce  produit,  par  suite  d*un  excès  de  viscosité  ou  d'adhd 
à  la  muqueuse,  est  difficile  à  éliminer,  que  la  scille  intervien 
avantage,  justifiant  alors  les  propriétés  incisives  que  les  ai 
lui  attribuaient.  Concurremment  les  opiacés  n'ont  besoin  d'êti 
voqués  que  pour  faire  tolérer  l'un  des  trois  médicaments  pH 
ou,  si  ceux-ci  n'y  suffisaient  pas,  pour  calmer  la  toux.  Ik 
but,  on  emploiera  aussi  les  hydrolats  de  laurier-eerise  et  de 
d'oranger. 

Voici,  en  conséquence,  pour  le  traitement  initial  de  la  broi 
aigué,  fébrile,  avec  toux  sèche  et  douloureuse,  des  exempl 
potions  expectorantes  : 

No  1.  Kermfes Og,20 

Hydrolat  de  laurier-cerise.  ....  10  ,00 

Sirop  de  Tola 30  ,00 

Mucilage  de  gomme 120  ,00 

N«  %  Kermès 0«,10 

Hydrolat  de  fienrs  d'oranger.  ...  30  ,00 

Mucilage  de  gomme «   .  100  ,00 

Sirop  d'ipécacuauba 15  ,00 

Sirop  d'opium 15  ,00 

No  3.  Kermfes 0g,15 

Oxymel  scilliUque 30  ,00 

Mucilage  de  gomme 100  ,00 

Sirop  d'opium 15  ,00 

Sirop  de  capillaire 15  ,00 

Dans  toutes  les  potions  kermétisées,  il  est  bon  de  prendre 
véhicule  un  mucilage  un  peu  épais  de  gomme  arabique  ou 
gante,  afin  de  suspendre  le  kermès^  ce  qui  ne  doit  pas  disp 
d'agiter  la  potion  à  chaque  moment  de  son  administration.  L 
lange  de  kermès  et  d'ipécacuanha  est  plus  susceptible  de  proT< 
des  nausées  et  même  des  vomissements  que  l'une  ou  Taul 
ces  substances  isolément  employée  \  c'est  pourquoi  j'indiqi 
préférence,  pour  la  potion  n®  %  Tadjonction  du  sirop  d'op 


—  285  — 

y^an  de  laurier«cerise  et  le  sirop  de  Toln  fayorisent  la  tolérance 
du  kermès  ;  s'ils  n'y  parviennent  pas^  ajoutez  du  sirop  d'opium  ou 
de  morphine. 

Dans  le  service  d'hôpital  et  d'ambulance,  j'ai  souvent  employé 
couramment,  et  comme  applicable  à  un  grand  nombre  de  malades, 
afin  de  simplifier  les  prescriptions^  le  julep  pectoral  ci-dessous^ 
calmant  et  expectorant,  contre  les  bronchites  de  moyenne  intensité; 

N«  4.  Sirop  d'ipécacuanha 15s,00 

Sirop  d'opium 15  ^00 

Sirop  <(e  capillaire 45  ^00 

Infusion  de  tilleul  gommée 100,00 

Toutes  les  potions  qui  peuvent  déterminer  l'état  nauséeux  ne 
fcvent  être  administrées  qu'à  distance  des  repas  ;  c'est-à-dire  qu'on 
b  suspendra  une  demi-heure  avant,  qu'on  ne  les  reprendra  qu'une 
Iieure  après; 

Il  ne  faut  pas  se  dissimuler  que  l'état  nauséeux  favorise  l'expec- 
toration, apaise  la  toux  et  diminue  la  fièvre  \  il  peut  donc  y  avoir 
intérêt  à  le  provoquer,  sans  en  abuser.  Il  est  même  des  cas  où  il 
6st  utile,  où  il  est  urgent  de  provoquer  non-seulement  la  nausée^ 
DMÛ8  le  vomissement. 

Ainsi  dans  certaines  bronchites  catarrhales^  dans  la  grippe^  sur- 
tout avec  complication  d'état  saburral  de  l'estomac,  d'état  bilieux, 
A  surtout  encore  lorsque,  après  le  repos  de  la  nuit,  surviennent  le 
OMtin  des  quintes  de  toux  n'amenant  que  très-difficultueusement 
mpulsion  des  mucosités  amassées  dans  les  bronches,  l'acte  du 
vomissement  débarrasse  les  bronches  et  l'estomac  en  même  temps 
9^  Tageut  vomitif  modifie  avantageusement  les  muqueuses  di- 
pstiTes  et  respiratoires.  Pour  faire  vomir  alors,  on  peut  adminis- 
^  coup  sur  coup  plusieurs  cuillerées  d'une  potion  avec  mélange 
«kermès  et  d'ipécacuanha  ;  on  rendrait  cette  potion  plus  sûrement 
Vfii&itive  en  substituant  le  tartre  slibié  au  kermès. 

Oh  il  est  le  plus  urgent  de  provoquer  le  vomissement,  c'est  }ors-> 

VQ  l'engouement  bronchique  se  propage  jusqu'aux  derniers  cana- 

"^  aériens,  dans  la  bronchite  capillaire  en  un  mot.  Alors  ce 

aii  plus  une  potion  expectorante,  mais  une  potion  vomitive  qui 

Itre  formulée,  telle  que  la  suivante  : 

No  5.  Tartre  slibié 0s,20 

Sirop  d'ipécacuanha 40 ,00 

Ëaa  disliliée tôO  ,0(> 


—  256  — 

Adonner  par  cuillerées,  de  quart  en  quart  d^henre,  jusqu'à  vo- 
missement ;  suspendre  un  peu  après  cet  effet  obtenu^  et  reprendre, 
pour  Tobtenir  de  nouveau^  autant  qu'il  est  jugé  nécessaire. 

On  doit  d^autant  plus  se  presser  d'en  agir  ainsi  dans  la  bron- 
chite  capillaire,  que  plus  on  attend^  plus  on  a  de  peine  à  détermi- 
ner tant  Texpectoration  que  le  vomissement  ;  qu'il  arrive  un  mo- 
ment où  les  nerfs  pneumo-gas triques,  comprimés  par  les  bronches 
distendues,  semblent  se  paralyser  et  cessent  de  répondre  à  l'excita- 
tion des  émétiques. 

Dans  une  épidémie  de  bronchite  capillaire,  oh  le  tartre  stibié  se 
montrait  souvent  impuissant,  je  Tai  remplacé  avec  quelque  succès 
par  le  sulfate  de  cuivre  aux  doses  de  20^  30,  40  centigrammes.  La 
potion  vomitive  au  sulfate  de  cuivre^  que  Ton  administrerait  comme 
il  a  été  dit  pour  la  potion  n*^  5^  se  formule  ainsi,  en  masquant  par 
des  correctifs  la  saveur  désagréable  du  cuivre  : 

m 

No  6.  Sulfate  de  cuivre 08,30 

Hydrolat  de  fleurs  dVanger.  ...  20  ^00 

Sirop  de  capillaire  ........  30,00 

Eau  distillée 100  ,00 

On  peut  aussi  essayer  de  combiner  Faction  émétique  du  sulfata 
de  cuivre  avec  celle  du  sirop  d'ipécacuanha. 

Signalons  en  passant  le  souffle  doré  d' antimoine j  médicamec^t 
trop  négligé  aujourd'hui,  opérant  à  peu  près  dans  le  même  secms 
que  le  kermès^  et  semblant^  mieux  que  celui-ci^  agir  comme  d)«L- 
phorétique;  ce  dernier  effet,  qu'il  est  toujours  avantageux  de  pro- 
voquer dans  les  maladies  aiguës  de  poitrine,  est  une  sorte  de  d^« 
concentration  toute  au  profit  des  organes  respiratoires  primitivemecit 
congestionnés. 

A  un  moment  donné,  la  gomme  ammoniaque  l'emportera  sur  1^^ 
antimoniaux  et  Tipécacuanha  pour  débarrasser  les  bronches  parisn 
dernier  effort  d'expectoration  et  tarir  leurs  sécrétions  patholog^' 
ques.  Aussi  est-elle  particulièrement  indiquée  dans  les  catarrhe 
humides  persistant  après  la  bronchite  aiguë,  dans  la  bronchi^^ 
chronique,  dans  la  bronchorrhée.  Je  la  recommande  sous  les  deU^ 
formes  que  j'ai  antérieurement  fait  connaître,  soit  en  potion  (Bui^* 
de  Thérap.,  t.  XLVIÏ,  p.  34),  soit  et  mieux  en  sirop  {ibicf^f 
t.  XL VIII,  p.  386). 

Voici  une  autre  potion  que  j'ai  souvent  prescrite  contre  la  toi^ 


—  287  — 

bronchique,  sèche,  douloureuse,  avec  expectoration  nulle  ou  diffi- 
dle^  sibilance  et  oppression  : 

No  7.  Sesquicarbonate  d'ammoniaque.  ..là  2s^00 

Rhum  ou  eau-de-vie.  • 50  ,00 

Hydrclat  de  fleurs  d'orauger  ....    40  ^00 

Sirop  de  gomme 20  ,00 

Sirop  de  Tolu 20,00 

Sirop  de  morphine 15  ^00 

Cette  potion  calme  le  spasme  et  la  douleur  des  bronches,  les 
humecte,  et  facilite  Texpectoration  en  fluidifiant  les  crachats. 

L'élément  alcoolique  agit  surtout  contre  les  toux  nerveuses,  ainsi 
fffie  le  prouve  son  efficacité  contre  la  coqueluche  ;  il  convient  aussi 
tn  cas  d'enrouement,  et  mieux  encore  en  cas  d'aphonie.  Cepen- 
dant, en  cas  d'aphonie,  avec  ou  sans  toux,  je  préfère  Téther.  Telle 
est,  par  exemple,  la  potion  contre  l'aphonie  que  je  conseille  : 

No  8.  Ether 48,00 

Hydrolat  de  menthe 50  ,00 

Hydrolat  de  fleurs  d'oranger 50  ,00 

Hydrolat  de  mélisse 60,00 

Sirop  de  gomme 25  ,00 

Sirop  de  Tolu 25  ,00 

L^aconit  a  été  appliqué  d'une  manière  banale  par  certains  spé- 
cialistes à  toutes  les  irritations  des  bronches.  Il  ne  convient  pas  ce- 
pendant à  toutes  indiiïéremment.  Je  le  trouve  particulièrement 
utile  et  je  l'emploie  au  début  d'une  bronchite  ou  d'une  laryngo- 
l^ronchite  due  à  un  violent  et  subit  refroidissement,  avec  irami- 
Wnce  simultanée  de  coryza,  ou  bien  encore  au  début  du  coryza, 
surtout  sur  les  sujets  chez  lesquels  Tinflammation  de  la  pitui taire 
tend  à  se  propager  plus  ou  moins  prochainement  à  la  muqueuse 
'^roDchique*  il  est  bon  d'en  aider  l'action  par  des  infusions  aroma- 
ligues  bues  chaudes,  celles  de  lierre  terrestre,  de  tilleul,  de  sauge. 
^  préparation  que  j'emploie  est  Talcoolature  ;  afin  d'en  rendre 
■€&t  plus  calmant,  on  y  peut  adjoindre  les  éléments  que  je  vais 
^rire  dans  la  formule  ci-dessous  : 

No  9.  Âlcoolature  d'aconit 2s,00 

Uydrolat  de  laurier-cerise 8  jOO 

Hydrolat  de  fleurs  d'oranger  ....  30  ,00 

H3fdrolat  de  laitue  ou  tUleul 60  ^00 

Sirop  d'élher 15  ,00 

Sirop  de  codéine 15 ,00 

Sirop  de  capillaire 20  .00 

jpia  Lxxx.  6«  UYR.  M 


—  258  — 

Celle  potion,  trèt»-uiile  pour  conjurer  les  eflels  d'un  refro 
ment^  pour  enrayer  Tenvahissement  inflammatoire  des  p 
supérieures  de  la  muqueuse  aérienne,  est  aussi  très-calmî 
convient  également  contre  les  toux  sèches,  nerveuses  ou  d 
lion  sans  exsudai  des  bronches;  elle  excite  le  sommeil,  li 
priétés  hypnotiques  de  la  codéine  étant  renforcées  par  ce 
Télher,  et  réciproquement. 

Je  rappellerai  aux  praticiens  que  la  belladone,  la  jusqi 
le  bromure  de  potassium  sont  encore  des  substances  à  rat 
comme  béchiques  et  sëdatites,  contre  les  éléments  nervei 
maladies  du  larynx  et  des  bronches. 

Mais  le  remède  le  plus  employé,  et  souvent  avec  raison,  i 
béchique^  c'est-à-dire  comme  calmant  du  symptôme  toux  et  < 
ritationqui  le  provoque,  c'est  Topium.  Il  ne  doit  pas  cependa 
employé  ici  inconsidérément  et  à  tout  propos^  D  abord  cl 
enfants,  il  faut  en  user  avec  d'autant  plus  de  discrétion  qu'il 
plus  jeunes.  Ensuite,  dans  la  période  initiale  du  catarrhe 
chique,  il  n'est  rationnel  d'y  recourir  que  comme  adjuvant  d 
médicaments  alors  mieux  indiqués  et  que  nous  avons  cité 
rôle  arrive  lorsque  le  moment  est  venu  de  tarir  les  sécrétions 
chiques;  il  y  concourt  beaucoup  et  souvent  même  il  y  suffi 
Il  contribue  également  à  apaiser  les  dernières  excitations  qui 
tiennent  la  toux.  En  revanche,  si  celle-ci  n'a  pour  mobile  < 
névrose  ou  une  irritation  ne  tendant  naturellement  à  aucune 
tien  critique^  les  opiacés  peuvent  être  essayés  d'emblée.  L'< 
d'opium  et  ses  préparations  conviennent  mieux  là  où  il  fat! 
fois  calmer  la  f  oux  et  tarir  les  sécrétions  bronchiques  ;  la  moi 
et  la  codéine^  qui  n'en  semble  que  le  diminutif,  réussii^sent 
contre  les  irritations  sèclies  des  bronches^  pour  mettre  fi^ 
spasmes  se  traduisant  par  les  retours  incessants  de  la  toux.  ïa 
celle-ci  prend  des  proportions  excessives  dans  le  cours  des  | 
masies  thoraciques^  trouble  et  empêche  le  sommeil^  je  susj 
durant  la  nuit^  la  médication  que  j'ai  cru  devoir  approprier 
la  journée^  à  la  nature  et  à  la  période  de  ces  phlegmasies, 
n'user  jusqu'au  matin  que  du  sirop  de  morphine  ou  de  co< 
parfois  associé  au  sirop  d*éther^  par  cuillerées  à  café  admini 
aussi  souvent  que  l'insomnie  et  la  toux  le  rendent  nécessaire. 
Je  signalerai  en  terminant  les  très-bons  effets  de  la  diète  1 
Le  lait  a  des  propriétés  béchiques  et  pectorales  que  je  n'exj 
pas^  mais  que  l'expérience  m'a  démontras  chez  plusieurs  suj< 


\ 

I 

t 


—  «19  - 

teiaU  àê  br^ochitedi  tant  aiguës  que  chroniqucfli  lesquek^  ajprès 

afràr  retiré  pau  ou  point  de  profit  de  diverft  moyens^  ont  ^uéri  par 

la  diète  lactée  strictement  observée^  ou  tout  au  moins  par  Temptot 

du  lait  à  grandes  doses.  Cette  médication^  et  Ton  pourrait  aussi 

bien  dire  ce  régime,  convient  spécialement  aux  bronchites  chro« 

niques^  qui  semblent  être  un  acheminement  à  la  phthisie.  En  pareil 

casy  je  crois  aussi  avoir  parfois  complété^   non  sans  aTantage^ 

cette  méthode  de  traitement  par  Fadjonctioa  d'c^ufs  frais^  crus^ 

battus  et  mélangés  avec  le  iait^  et  d'une  dose  journalière  de  4  à 

SgramiBes  de  chlorure  de  sodium»  L'œuf>  en  ouU'e  des  propriëtéa 

alibiles  qu'il  doit  à  ses  éléments  protéiques,  ofifre  dans  sa  matière 

grasse  un  équivalent  de  l'huile  de  foie  de  moruei  Quant  au  chio- 

nire  de  sodium^  je  le  tiens  depuis  longtemps  pour  Tun  des  agents 

k$  moins  incertains  à  opposer  à  la  tuberculisatioa  iratninenlé  ou 

même  déclarée»  On  comprendra  donc  ce  que  cette  méthode  a  de  ra«- 

ti'oonel  en  principe  et  ce  qu'elle  peut  apporter  de  modifications 

ikTorables  dans  la  nutrition» 


THÉftAPÉItTlQUE  6limOftCieÀLE 


^^^jLtém  Mit*  le*  j^lattes  tf'artneii  à  tèn  ébàervéea  pen^àât  là 

imt  ««  France  ée  i  »§•••«  A  (1)9 


Pa^  M.  le  docteur  Tillauz,  èhirurgien  âe  l'hôpital  Saiot-ÂDtoioe. 

^lorsqu'un  projectile  a  traversé  les  parties  molles  sans  léser 

^^^anes  importants,  sans  toucher  le  squelette^  le  traitement  est 

^*^  plus  simples  :  un  pluknasseau  de  charpie  trempé  dans  Tieaù  aU 

^^Usée,  assujetti  par  quelques  tours  de  bande^  est  ce  qui  m^a  tou» 

J^Ur*  servi.  Lorsqiœ  l'os  a  été  intéressé  superficiellement,  te  patl- 

^t&ent  est  le  même  ;  seulement  il  y  a  de  grandes  chances  pour  que 

^  guérison  se  fasse  attendre  beaucoup  plus  longtemps,  et  si  les 

^nditions  hygiéniques  s^nt  mauvaises^  il  en  pourra  inéstlter  une 

^^puration  interminable^  des  fusées,  des  abcès  éloignés.  C'est 

•iûsi  qœ  le  nommé  Decol,  capoirai  au  36*  de  ligne,  bfessé  à  Sedan 

(v  de«x  balles^  l'une  au  cou  et  Tautre  à  la  fesse  gauche^  était 


\1)  Saite.  Voir  le  BtiU9HH  tU  Thérapmitique,  Buméro  4u  Ift  màn,  p,M, 


—  260  — 

presque  complètement  guéri  le  20  septembre  ;  il  se  promenait  toute 
la  journée  dans  les  jardins,  et  c'est  à  peine  si  nous  regardions  les 
plaies,  qui  ne  suppuraient  presque  plus.  Vers  cette  époque  les  con- 
ditions hygiéniques  de  la  maison  où  se  trouvait  ce  blessé  changè- 
rent tout  à  coup  et  nous  eûmes  à  déplorer  un  certain  nombre  de 
morts  par  infection  purulente  chez  nos  amputés.  Decot  n'échappa 
pas  à  cette  influence  ;  le  sacrum  avait  été  légèrement  touché  par  la 
balle;  aussi  la  plaie  prit«elle  rapidement  un  mauvais  aspect  et  sup- 
pura abondamment  ;  l'état  général,  excellent  jusqu'alors,  devint 
mauvais.  Nous  pûmes  heureusement  le  faire  transporter  en  Belgi- 
que,  dans  l'espoir  que  le  changement  de  milieu  lui  serait  favorable. 
Si  le  traitement  est  des  plus  simples  dans  les  deux  cas  précédents, 
il  n'en  est  pas  de  même  lorsque  l'os  est  fracturé  ;  c'est  à  notre  avis 
le  côté  véritablement  très-difiicile  de  la  chirurgie  d'armée,  que  le 
traitement  des  fractures.  A  parties  cas  où  tous  les  chirurgiens  sont 
d'accord  pour  amputer,  le  broiement  d'un  membre,  Touvertur^ 
d'une  grande  articulation  etc.,  c'est  à  propos  des  fractures  que  se 
pose  toujours  cette  question  si  grave  de  l'amputation  immédiate  . 
ou  de  Id  conservation  du  membre.  Un  traitement  bien  fait  des  frac^ 
tures  par  coup  de  feu  est  à  nos  yeux  d'une  importance  telle,  qu'il 
doit  faire  tenter  la  conservation  dans  beaucoup  de  cas  où  jadis  Ton 
eût  amputé.  Les  fractures  des  champs  de  bataille  sont  la  plus 
haute  expression  des  fractures  compliquées.  Ëh  bien,  n'est-ii  pas 
vrai  que  depuis  quelques  années  un  traitement  mieux  entendu  de 
ces  fractures  a  diminué  notablement  le  nombre  des  amputations 
immédiates  dans  la  chirurgie  civile  et  en  particulier  dans  les  hô- 
pitaux de  Paris  ?  Il  faut  donc  employer  le  même  traitement.  Celui- 
ci  repose  sur  un  grand  principe  de  chirurgie,  applicable  aux  lésions 
osseuses  et  articulaires,  Timmobilisalion;  mais,  comme  pour  beau- 
coup d'autres  médications,  c'est  une  arme  à  deux  tranchants,  qui, 
mal  employée,  peut  causer  de  graves  accidents  ;  aussi  l'immobi- 
lisation, telle  que  l'employaient  Larrey  et  Bégin,  me  parait-elle 
devoir  être  absolument  rejetée,  et  je  m'explique  très-bien  la  vive 
critique  qu'en  a  fait  M.  Legouest  dans  son  Traité  de  chirurgie 
d'armée.  Voici  comment  s'exprime  cet  auteur  :  a  Les  appareils 
inamovibles  demandent,  pour  être  convenablement  appliqués,  un 
temps  considérable.  Us  emprisonnent  les  membres  et  les  dérobent  à 
la  main  et  à  la  vue  -,  les  bandages  s'opposent  au  gouflement  dé- 
terminé par  le  mouvement  fluxionnel  qui  accompagne  la  plupart 
du  temps  la  sortie  des  corps  étrangers  ;  ils  compriment  les  mem- 


—  261  — 

bres^  occasionnent  de  vives  douleurs^  de  la  fièvre,  de  l^insomnie  ; 
ils  deviennent  intolérables  et  sont  définitivement  enlevés  par  le 
chirurgien,  qui  s'estimera  trop  heuilsux  s'il  n'a  que  la  perte  de  son 
temps  à  déplorer,  s'il  n*a  point  à  combattre  des  phlegmons  diffus, 
des  abcès,  des  fusées  purulentes  ou  des  gangrènes.  Il  semblerait  que 
les  bandages  inamovibles  dussent  rendre  de  grands  services  lors- 
({oe  les  nécessités  de  la  guerre  obligent  à  transporter  les  blessés  ; 
cependant  les  membres,  souvent  mal  placés^  toujours  soumis  à  des 
mouvements  ou  à  des  secousses  plus  ou  moins  rudes,  se  tuméfient 
et  réagissent  contre  un  appareil  de  traitement  devenu   un  appareil 
de  torture,  que  les  malades  vaincus  par  la  douleur  enlèvent  eux- 
mêmes  et  que  le  chirurgien  ne  pourra  remplacer  en  route  que  par 
110  appareil  provisoire  souvent  insuffisant.  En  résumé,  les  banda- 
ges inamovibles  ne  sont  utiles  dans  les  fractures  par  coup  de  feu 
Çu'au  même  titre  que  dans  les  fractures  compliquées,  c'est-à-dire 
pour  maintenir  une  fracture  voisine  de  la  guérison  ou  qui  tarde  à 
^  consolider  ;  leur  application  est  dangereuse  sur  des  blessés  qui 
"oivent  être  transportés.  » 

M.  Legouest  reproche  donc   surtout  aux  appareils  inamovibles 
qu'il  a  employés  de  causer  de  vives  douleurs   aux  blessés  et  de 
gèuer  leur  transport.  Or  Ijes  deux  principales  qualités  que  je  leur 
reconnais  sont  la  diminution,  la  suppression  même  de  la  douleur 
^^  la  facilité  du  transport.  C'est  qu'en  effet  le  mode  d'applicalion  de 
^  appareil  inamovible  est  absolument  différent.   Tout  ce  que  dit 
^*   Legouest  s'applique  à  juste  titre  aux    appareils   circulaires 
enveloppant  complètement  le  membre  ;  mais  aucun  de  ses  repro- 
ches n'est  imputable  aux  appareils  inamovibles  partiels,  tels  que 
^ous  les  employons  depuis  longtemps  à  Paris,  tels  que  nous  les 
^vons  employés  dans  la  campagne  actuelle.  Il  s'agit  de  l'appareil  à 
belles  plâtrées  de  M.  Mai  son  neuve  :  matériaux  de  construction 
&isés  à  trouver  et  à  porter  avec  soi,  application  rapide,  immobili- 
sation absolue,  examen  et  pansement  faciles  des  plaies,  etc.,  tels 
soiil  les  avantages  de  ce  genre  d'appareil,  et  il  n  est  personne  qui, 
l'ayant  vu  convenablement  appliqué,  n'ait  été  absolument  convaincu 
^  son  immense  supériorité  sur  tous  les  autres.  Dans  plusieurs 

« 

Circonstances,  avant   d'avoir  une  expérience  personnelle,   nous 
avions  conseillé  son  emploi  pour  les  fractures  par  coup  de  feu,  et 
luijourd'hui  que  nous  avons  pu  l'employer,  nous  insistons  encore 
bien  davantage. 
En  présence  d'une  fracture  par  coup  de  feu,  la  coivdwxVe  &vx  Ocxv 


—  5ê2  — 

rorgrien  me  parait  devoir  être  la  suivante  r  s-assurer  d'abord  da 
degré  de  complication  de  la  fracture,  reconnaître  la  présence  des 
esquilles.  Le  projectile  peut  avoir  nettement  brisé  l'os   en  deux 
fragments,  mais  il  nous  a  semblé  que  ce  cas  était  de  beancoup  le 
plus  rare.  Sur  les  pièces  pathologiques  qui  ont  été  disséquées  et 
déposées  au  musée  de  Clam  art,  on  peut  constater  les  désordres  que 
produisent  sur  les  squelettes  les  projectiles  actuels.  Les  os  sont  par- 
fois brisés  en  mille  éclats  ;  sur  plusieurs  pièces  le  trajet  de  la  balle 
est  parsemé  de  poussière  d'os  et  ressemble  à  un   chemin  sablé  5 
de  larges  esquilles  se  détachent  d'un  point  situé  bien  au-dessus  oxx, 
au-dessous  de  l'endroit  frappé  et  de  longues  fissures  apparai 
quand  on  a  détaché  le  périoste.  Il  est  bien  évident  que  si  le  cblm- 
gien  applique  un  appareil  par-dessus  tout  cela,  il  ne  tardera  pas 
voir  apparaître  une  inflammation  violente  et  une  suppuration  pi* 
portionnelle  au  nombre  de  corps  étrangers  à  éliminer.  Après 
endormi  le  malade,  il  faut  agrandir  la  plaie  autant  que  cela 
utile  pour  faire  une  bonne  exploration  ,  se  préoccuper  d'abord 
projectile,  puis  enlever  les  esquilles  avec  une  pince  à  pansem^ 
et  surtout  avec  un  davier  ;  elles  sont  quelquefois  engrenées  les  wn 
dans  les  autres  ou  retenues   par   des  fibres  musculaires  ;   je 
d'avis  de  les  ébranler  doucement,  de  les  attirer  lentement  et  gn 
duellement  avec  le  davier  ;  si  elles  adhèrent  au  reste  de  l'os  par 
périoste,  il  faut  les  laisser  en  place  :  elles  pourront   se  consolld 
plus  tard.  Si  les  fragments  sont  très-pointus  et  ont  une  tendance 
faire  saillie  dans  la  plaie  ou  sous  la  peau,  on  enlèvera  rextrémit^ 
avec  une  pince  de  Liston  ou  une  pince  coupante.  La  plaie  est  eq^ 
suite  lavée  largement  avec  une  seringue,  de  façon  à  la  débarrasse: 
de  toutes  les  ordures  qui  auraient  pu  y  pénétrer  avec  le  projectile 
ainsi  que  des  caillots  ;  il  est  très>rarc  d'avoir  à  réprimer  une 
morrhagie.  On  aura  quelquefois  avantage  à  passer  ensuite  dans  l 
foyer,  par  les  deux  trous  du  projectile  ou  par  une  contre-ouvertu 
établie  au  point  convenable,  un  tube  à  drainage  de  fort  calibre  quL 
permettra  un  libre  écoulement  du  pus  et  surtout  les  lavages  aveo 
les  divers  liquides  désinfectants.  Immédiatement  après,  la  fracture 
étant  réduite  et  le  membre  mis   dans  une  bonne  position ,  oa 
applique  l'appareil  à  attelles  plâtrées^  en  laissant  à  découvert  les 
plaies  sur  lesquelles  on  pose  un  plumasseau  de  charpie  trempé 
dans  de  l'eau  alcoolisée.  On  ne  saurait  croire  combien  les  panse* 
ments  ultérieurs  sont  simplifiés  par  ce  premier  appareil^   moins 
foag  à  appliquer  d'ailleurs  que  l'aç^iareil  de  Seultet.  Nous  signale- 


—  263  — 

roDf  entre  autres  blessés  ayant  bénéficié  de  ce  mode  de  traitement: 
Matau,  soldat  au  i^  régiment  du  train  des  équipages,  évacué  le 
83  septembre  sur  Dunkerque  ;  Birbes,  du  i7«de  ligne,  blessé  à 
Beaumont  et  évacué  sur  Bruxelles  le  ^8  septembre  ;  Loriot,  du 
Wde  ligne,  blessé  à  Sedan,  évacué  sur  Bruxelles  le  28  septembre  ; 
Gourdel,  du  âl»  de  ligne,  blessé  à  Sedan,  évacué  le  23  septembre 
flQr  Dunkerque  ;  Ravachol,  du  27»  de  ligne,  évacué  sur  Mézières 
le  87  septembre  ;  Torchut,  du  !•'  bussards,  évacué   sur  Mésières 
fc27  septembre  ;  Cornet,  caporal  au2i*de  ligne,  évacué  sur  Mé- 
zières le  27  septembre.  Il  est  inutile  de  publier  ici  les  observations 
Çne  j'ai  entre  les  mains  ;  qu'il  me  suffise  de  dire  que  ces  soldats 
•▼aient  des  blessures  graves,  et  que  sans  le  traitement  employé, 
<!**e!ques-uns  eussent  dû,  sans  nul  doute,  subir  une  amputation. 
Tout  en  préconisant  l'appareil  à  attelles  plâtrées,  nous  sommes 
'oîn  i%  repousser  l'emploi  des  gouttières  en  fil  de  fer  et  de  Tap- 
pa.i*eil  de  Scultet,  qui  trouvent  de  fréquentes  applications.  Ce  der- 
*^ier  surtout  est  à  peu  près  le  seul  qui  convienne  aux  fractures  de 
*^  ouisse,  à  la  partie  moyenne  et  au-dessus  ;  on  arrive  à  bien  im- 
•■^otiliser  le  membre,  surtout  si,  l'appareil  terminé,  on  l'enveloppe 
^"^ec  une  longue  bande  de  flanelle. 

J'ai  dit  plus  haut  l'état  dans  lequel  on  trouve  parfois  les  os,  qui 
^^ot  comme  pulvérisés  par  le  projectile  ;  c'est  sans  doute  l'aspect 
^G    semblables  désordres  qui  a  pu  faire  songer  à  l'existence  de 
bulles   explosibles.  L'hypothèse  paraissait  encore  confirmée  lors-r 
^^'au  milieu  des  esquilles  on  trouvait  de  petits  morceaux  de  plomb 
disséminés.  La  première  pièce  anatomique  que  j'observai  à  Sedan 
^lait  une  extrémité  supérieure  du  tibia,  et  son  aspect  nous  suggéra 
^  tous  ridée  d'une  balle  explosible.  La  tête  du  tibia  avait  éclaté  en 
Plusieurs  morceaux,  et  le  trajet  du  projectile  était  parsemé  de  dé- 
"rts  d'os  et  de  plomb.  J*ai  également  appris  que  les  trois  premiers 
chirurgiens  qui  examinèrent  la  blessure  du  maréchal  Mac-Mahon 
Cïtwrent,  pour  les  mêmes  motifs,  à  l'explosion  d'une  balle.  J'ai  plu- 
*ïeur8  fois  entendu  des  médecins  formuler  les  mômes  reproches 
Contre  les  projectils  allemands,  et  les  journaux  politiques  se  sont 
Wt«  l'écho  de  ces  plaintes.  D'autre  part,  dans  sa  réponse  à  la  circu- 
feirede  M.deChaudordy,  M.  de  Bismark  a  déclaré  qu'il  avait  entre 
«W  mains  une  balle  explosible  française,  en  sorte  que  les  deux  ar- 
mées se  sont  réciproquement  accusées  de  la  même  cruauté.  Dans 
^ule  la  campagne  nous  n'avons  rien  vu  qui  nous  permette  de 
conclure  à  l'existence  des  balles  explosibles.  Les  çctiU  m<yc^'^^a- 


—  264  — 

de  plomb  disséminés  dans  les  plaies  proviennent  non  des  balles, 
mais  du  revêtement  en  plomb  des  obus  prussiens.  Lorsque  Fobui 
éclate,  la  fonte  se  brise  en  un  petit  nombre  de  morceaux,  mais  1; 
couverture  de  plomb  se  fragmente  en  un  nombre  considérable  d 
parcelles  qui  pénètrent  les  chairs  ;  c'est  évidemment  la  principal 
cause  de  la  méprise.  D'autre  part^  les  balles  bavaroises  sont  exca 
vées  au  culot  ;  les  bords  de  celui-ci  se  déchirent  et  s'écartent  comm 
si  une  substance  détonnante  intérieure  eût  produit  ce  résultai 
Quant  aux  balles  explosibles  françaises,  est-il  besoin  de  dire  qu 
jamais  notre  armée  n'a  employé  ces  engins?  Si  on  a  présenté 
M.  de  Bismark  une  balle  française  réputée  explosible,  voici  £ian 
doute  la  cause  de  Terreur.  Dernièrement,  à  notre  ambulance  d 
Bourges^  plusieurs  chirurgiens  de  l'ambulance  ont  tiré  un  certai 
nombre  de  balles  avec  un  chassepot  sur  un  mur,  à  environ  100  m^ 
très;  au  lieu  d'être  tordues  sur  elles-mêmes,  mâchées  ou  aplaties 
ainsi  qu'on  les  trouve  le  plus  souvent  dans  les  chairs^  presqu 
toutes  étaient  retournées  sur  elles-mêmes  en  doigt  de  gant,  en  sort 
qu^elles  présentaient  la  forme  d'une  petite  calotte  creuse  à  bord 
déchiquetés.  Une  balle  tombant  sur  le  tibia,  par  exemple,  a  pi 
subir  la  même  déformation,  d'où  le  soupçon  de  balle  explosible. 

On  se  souvient  du  bruit  que  fit  le  fameux  prix  proposé,  il  y  J 
quelques  années^  par  l'Institut  sur  la  conservation  de»  membres  poi 
la  conservation  du  périoste.  Napoléon  III,  en  donnant  20000  franc 
pour  ce  prix^  songeait  évidemment  aux  services  que  rendrait  au. 
soldats  blessés  une  si  admirable  découverte.  La  question  ainsi  posa 
semblait  faire  croire  qu'on  arriverait  à  rendre  aux  blessés  le  menr 
bre  qu'ils  avaient  perdu  en  gardant  leur  périoste.  Je  n'ose  pas  pra 
noncer  le  mot  de  mystification^  mais  quelle  profonde  illusion 
Sans  réaliser  les  prétentions  auxquelles  la  chirurgie. n'avait  jama.'î 
songé^  les  trdvaux  de  Flourens^  de  MM.  Sédillot,  Ollier,  ont-ils  ai 
moins  trouvé  une  application  pratique  dans  la  campagne?  Je  n'o^ 
trop  l'espérer.  Quand  nous  avons  dû  nettoyer  le  foyer  d'une  trac 
ture  comniinutive,  nous  avons  enlevé  les  esquilles  libres  au  foiB 
de  la  plaie,  sans  que  le  périoste  eût  aucun  rôle  à  jouer  dans  la  àM 
constance;  il  ne  s'agit  donc  que  des  résections  articulaires^  et  : 
serait  bien  désirable  que  de  bonnes  observations  vinssent  porter  V 
conviction  dans  l'esprit  de  beaucoup  de  chirurgiens,  jusqu'alor 
incrédules,  quant  au  pouvoir  ostéogénique  du  périoste  chez  te 
adultes. 


263  — 


CHimE  ET  PHARMACIE 


la  préparation  et  des  earaetères  dn  savon  calcaire  à  l^liuile 

de  foie  de  morne  ; 

Par  M.  O.  DB  Bbck,  pharmacien  en  chef  de  l'hôpital  Saint-Jean,  à  Bruxelles. 

En  présence  des  recherches  entreprises  depuis  quelques  années 
pour  assigner  aux  agents  thérapeutiques  leur  rôle  véritable  dans 
l'organisme  et  pour  approprier  leur  application  d'une  manière 
raisonnée  à  la  nature  de  la  maladie,  nous  croyons  utile  d'appeler 
inattention  de  nos  confrères  sur  la  préparation  d'un  composé  nou- 
veau, auquel  l'expérimentation  clinique  a  donné  jusqu'ici  une 
sanction  libre  de  tout  reproche. 

L'initiative  de  cette  excellente  idée  appartient  tout  entière  à  M.  le 
docteur  van  den  Corput  (1  ),  chef  de  service  à  l'hôpital  Saint-Jean,  et 
c'est  pour  déférer  au  désir  qu'il  nous  en  a  exprimé  que  nous  avons 
entrepris  de  rechercher  le  meilleur  mode  de  préparation  de  ce  pro- 
^^it,  dont  les  éléments  constitutifs  sont  la  chaux  associée  à  l'huile 
^^    foie  de  morue.  Cette  association  présente,  au  point  de  vue  de 
' ^<3ministration  du  médicament,  un  double  avantage:  elle  facilite 
^assimilation  de  l'élément  calcaire,  et,  obviant  aux  propriétés 
'^poussantes  de  l'huile  de  foie  de  morue,  qui  sont  neutralisées 
^^ti8  l'influence  de  la  saponification,  çlle  en  maintient  tous  les 
!*"*^ncipes  actifs  et  les  rend  propres  à  une  digestion  facile  et  rapide, 
^oici  la  formule  et  le  çnode  opératoire  auxquels  nous  nous 
'^I3iroes  arrêté,  après  plusieurs  essais,  et  qui  donnent   un  savon 
^^Icaire  parfaitement  défini,  d'une  composition  invariable  et  d*une 
^^ïisistance  appropriée.  L'honorable  professeur  de  clinique  interne 
^^  l'hôpital  Saint-Jean  en  fait  depuis  assez  longtemps  une  applica- 
^on  heureuse  dans  le  service  médical  confié  à  ses  soins  ;  et  bien 
ÎU^il  ne  nous  appartienne  pas  de  discuter  les  propriétés  thérapeu- 
^ques  du  nouveau  médicament  ni  d'interpréter  l'utilité  ou  l'op- 
portunité de  son  emploi,  nous  pouvons  affirmer  que  les  résultats 
obtenus  ont  été  des  plus  remarquables. 

MODUS  PAGIENDI. 

Pr.  :  Chaux  éteinte  en  poudre  impalpable  ....      600  grammes. 

Huile  de  foie  de  morue  naturelle 500        — 

Eau  de  pluie 1700       — 

(i)  Voy.  le  mèm.  du  D' van  den  Gorput,  Bull,  de  Thér.,  n**  du  15  mars  1871  « 


—  266  — 

Délayez  d^une  part  Phydrate  de  chaux  dans  deux  fois  et  demie 
son  poids  d'eau  bouillante,  et  formez-en  un  lait  de  chaux  bien  ho- 
mogène, marquant  à  l'aréomètre  18  degrés  Baume. 

Introduisez  d'autre  part  Thuile  de  foie  de  morue,  additionnée 
de  200  grammes  d'eau  chaude,  dans  une  bassine  de  cuivre  non 
étamée,  d'une  capacité  double  de  celle  que  nécessite  le  volume  des 
ingrédients  employés.  Remuez  intimement  le  mélange  huileux  de 
manière  à  former  une  émulsion  parfaite.  Incorporez-y  alors,  par 
parties  fractionnées  et  sous  Tinfluence  d'une  agitation  continuçUai 
le  lait  de  chaux  bouillant.  Chaufifez  graduellement  la  masse  ju9" 
qu  a  la  température  de  l'ébuUition  aqueuse.  Soutenez  cette  ébuliî* 
tion  d'une  manière  modérée,  en  maintenant  ragitation,  jusqu'à  ç# 
que  la  chaux  ait  entièrement  disparu  et  que  le  savon  ait  acquis  une 
couleur  jaunâtre  uniforme  et  une  consistance  ferme  et  homogène. 
Décantez  l'eau  mère  devenue  complètement  limpide  ;  lavez  instan- 
tanément le  savon  à  grandes  eaux,  foulez  et  comprirpez-le  à  Taid^ 
d'une  large  spatule  de  bois,  et  cessez  seulement  les  lavages  lorsqut 
les  derniers  liquides  passeront  incolores  et  insipides.  Evapores  U 
masse  savonneuse  à  un  feu  très-doux,  et  ne  la  conservez  pour  l'usage} 
que  lorsqu'elle  aura  été  débarrassée  de  toute  eau  interposéo. 

Ainsi  préparé,  le  savon  jécoro-caleaire  se  présente  sous  la  form^ 
d'une  pâte  liante  et  flexible^  ayant  une  consistance  analogue  h  caU# 
de  la  cire  ramollie.  Sa  couleur  est  d'un  blanc  jaunâtre,  sa  saveur 
fade  et  peu  caractéristique.  A  l'état  de  pureté^  il  ne  croque  pas  soi» 
la  dent,  et  ne  laisse  voir  sur  sa  cassure  aucune  parcelle  da  chaux 
libre.  Complètement  inodore  lorsqu'il  résulte  de  la  saponigcatioo 
d'une  huile  pure  et  naturellement  blanche,  qui  n'a  subi  ni  fermeo* 
tation  ni  l'action  d'une  température  élevée,  ce  savon  rappelle  ce» 
pendant  très-faiblement  Todeur  de  morue  quand  sa  prëparatio«. 
8*est  effectuée  au  moyen  d'une  huile  brune.  L'addition^  eq  ce  q4S| 
de  quelques  gouttes  d'essence  d'amandes  amères  suffit  pour  loi 
enlever  la  dernière  trace  de  son  odeur* 

Fraîchement  préparé,  il  renferme  une  proportion  d'eau  variabki 
entre  15  et  i9  pour  iOO.  Il  est  insoluble  dans  l'eau  (1),  trèsrfai*- 
blement  dans  l'alcool.  L'éther  sulfurique,  le  chloroforme,  le  sul- 


(1)  Le  traitement  à  Teau  froide  permet  de  eonatater  ei  la  saponification  t 
été  complète.  En  cas  de  négative^  une  portion  de  savon  calcaire,  essayée  avee 
de  l'eau  pure,  laisse  apparaître  à  la  surfaee  du  liquide  dea  geatUlsUM  M- 
]êu§eê,  et  la  liqneur  filtrée  précipite  par  ToxaUte  amioaiqiM. 


—  M?  — 

ftiF8  d«  earboM  et  Pessence  de  tërëbenthine  le  ramollissent  et  I0 
dédoublent  au  bout  d'un  certain  temps  de  contaot  en  deux  séries  de 
sels  calcaires  différents  :  les  uns  solublés,  les  autres  insolubles 
dans  le  vëhieule  employé.  Il  se  désagrège  et  se  dissout  dans  les 
•eîdei  lactique  et  chlorhydrique  dilués.  Traité  h  l'aide  d'une  douce 
ehaleurpar  l'acide  nitrique  dilué^  il  se  décompose  et  donne  lieu  à 
la  mîpe  en  liberté  de  divers  acides  qui  constituent  un  mélange  d'acides 
oléique,  palraitique^  stéarique^  butyrique,  acétique^  fellique,  cbo^ 
linique,  photphorique  et  sulfurique.  L'acide  cblorhydrique  con- 
MDtrë  le  colore  en  noir  ;  l'acide  nitrique  rutilant  en  isole  une 
matière  grasse,  solide^  d'un  jaune  orangé. 

Souipis  à  l'action  de  la  chaleur,  il  se  boursoufle,  subit  une 
faiian  partielle  et  se  décompose.  Chauffé  sur  la  lame  de  platine^  il 
Mie  arec  éclat  et  laisse  par  Tincinération  61,50  pour  iOO  de  rér 
liai,  Bes  cendres  cèdent  à  l'eau  bouillante  environ  1,50  pour  iOO 
éb  ids^  où  l'on  peut  constater  la  présence  du  phosphore,  du  chlore^ 
'h  hrome  et  surtout  de  l'iode. 

AbandoBné  au  contact  de  l'air^  il  brunit  à  sa  surface  et  acquiert 
^ifiur  en  jour  une  plus  grande  dureté  (i).  C'est  que  les  phene-^ 
iil&i)^a  chimiques  qui  se  sont  ppërés  entre  ses  éléments  pendant 
licte  de  la  saponification  n'ont  pas  été  entièrement  terminés. 
^te  réaction  intime  se  poursuit  lentement  et  graduellement  jus- 
V^'fc  60  que  1q  sel  calcaire  soit  devenu  sec  et  friable.  Aussi  doit-il 
^tva  oo^serré  dans  des  vases  hermétiquement  fermés  et  la  prépaT 
^^^^n  doit'elle  en  être  renouvelée  assev  fréquemment, 

Pour  avoir  un  produit  parfait  et  toujours  uniforme^  il  ne  nous 

s^tnble  pas  superflu  d'insister  sur  les  conditions  essentielles  qui  doi- 

^eot  présider  à  réexécution  de  çettç  préparation.  Les  chances  de  va- 

^bilité  auxquelles  elle  est  soumise,  sont  inhérentes  au  choix  des  ma^ 

^^^  premières  et  aux  proportions  employées.  L'oubli  ou  l'omission 

u((;ertaiqes  précautions  opératoires  peut  encore  susciter  au  roaqi- 

pnUteur  4es  mécomptes  auxquels  il  est  souvent  difficile  de  pouvoir 

ïttftédiçr. 

&ui4é  par  ces  considér^ttiops  et  voulant  prévenir  les  divergeqces 


^^m 


(1)  Pour  le  conserver  et  lui  maintenir  assez  longtemps  sa  bonne  consistance^ 
il  se  présente  un  moyen  facile  et  pratique.  11  consiste  à  placer  le  savon  frai- 
otanMif  préparé  dans  un  vase  en  grës  rempli  d'eau  froide.  On  l'en  reUrera 
u  «Mitat  du  ëtuoia^  •!  rexpriia«n  et  !'•«  ea  ^r^adra  la  i[«aatité  néusti- 
tée  pour  V usage. 


—  268  — 

que  nous  avons  rencontrées  dans  le  cours  de  nos  essais,  nous  réini- 
merons  nos  remarques  dans  les  trois  points  suivants  : 

i^  Les  ingrédients  doivent  être  purs  et  de  première  valeur. 

On  ne  se  servira  donc  que  de  chaux  délitée,  suffisamment  lavéeet 
privée,  par  voie  de  lévigation,  des  matières  siliceuses  ou  étrangères 
qui  pourraient  la  souiller  (1).  Avant  d'être  transformée  en  lait  de 
chaux,  la  poudre  calcaire  doit  avoir  été  soumise  au  tamisage  et 
présenter  le  plus  haut  degré  de  ténuité  possible. 

Il  importe  que  Thuile  de  foie  de  morue  soit  naturelle  et  sans  mé- 
lange.  Celle  qui  résulte  d'une  extraction  soignée^  conduite  sous  de 
basses  températures^  est  la  meilleure.  C'est  celle  de  Loffoden,  pr(H  ; 
duite  par  les  foies  de  la  morue  officinale.  Les  huiles  de  Bergen,  de  j 
Terre-Neuve  et  de  Dunkerque,  quoique  conduisant  au  même  ré^  i 
sultat  thérapeutique,  se  saponifient  plus  difficilement  et  donnent  i 
un  produit  moins  consistant.  Quant  aux  huiles  de  foie  de  morue 
blanches  artificielles,  qui  proviennent  d'une  décoloration  ou  d'une 
dépuration  opérée  sous  Tinfluence  d'agents  divers ,  elles  résistent 
à  une  saponification  régulière,  donnent  lieu  à  la  formation  de  gru- 
meaux et  prolongent  notablement  la  durée  de  l'opération.  Leur 
masse  savonneuse,  molle  et  flasque,  reste  souvent  imprégnée 
d'huile  et  n^atteint  que  lentement  la  solidification  propre  à  la  na- 
ture des  savons  terreux  ; 

2o  Les  quantités  respectives  de  chaux  éteinte  et  d'huile  de  foie 
de  morue  doivent  être  observées  avec  rigueur.  Le  moindre  écart 
dans  les  proportions  indiquées  conduirait  à  un  produit  dépourvu  de 
l'homogénéité  requise,  qui  tiendrait  en  suspension  soit  de  l'huite 
non  saponifiée,  soit  des  particules  de  chaux  libres; 

3°  Le  mode  d'exécution  demande  à  être  suivi  avec  la  plus  scru- 
puleuse exactitude. 

Seul,  il  donne  un  produit  irréprochable  en  fort  peu  de  temps. 
Une  demi-heure  suffit  pour  mener  la  saponification  à  bon  terme. 
Efiectuée,  au  contraire,  en  incorporant  à  froid  le  lait  de  chaux  dans 
l'huile  émulsionnée  et  soumettant  le  mélange  à  Tébullition,  ou  bien 
en  chauffant  d'abord  séparément  les  deux  liquides  avant  leur  mé- 
lange, l'opération  devient  plus  laborieuse  et  exige  plus  d'une  heure 
de  manipulation. 

lin  — 

(1)  Eq  recourant  directement  à  la  chaux  vive^  on  ne  devrait  choisir  que 
celle  qui  est  douée  de  la  plus  grande  causUcilé  et  susceptible  de  s'éteindre 
parfaitement  sans  laisser  de  parties  solides. 


—  269  — 

Des  expériences  comparatives,  établies  dans  des  conditions  va- 
riées^ Qous  ont  démontré  la  nécessité  de  diviser  intimement  les  ma- 
tières et  de  les  transformer  préalablement  à  Fétat  liquide  par 
Tintermède  de  Teau.  La  densité  de  substances  bien  différentes  étant 
ainsi  rapprochée,  la  réaction  de  leurs  éléments  devient  plus  prompte 
et  leur  combinaison  plus  intime. 

Grâce  à  Tinlervention  d'une  température  modérée,  et  vu  la 
faible  solubilîtj^  de  la  chaux  dans  les  dissolutions  bouillantes,  la 
combinaison  devient  encore  plus  immédiate  et  se  traduit  par  la 
pédpitation  spontanée  de  la  majeure  partie  de  la  masse  savon- 
Mise. 

Est-il  nécessaire  de  faire  observer  que  le  maintien  d'une  tempe- 

;  Mure  douce  et  régulière  dans  la  première  phase  de  la  saponifî- 

'  cation  empêche  la  déperdition  des  principes  volatils  de  Thuile  de 

Me  de  morue?  Aucun  praticien  ne  l^ignore,  mais  l'observation  de 

Il  température  présente  encore  son  importance  dans  la  suite  de 

l*opëration.  Il  faut  que  la  masse  savonneuse,  replacée  sur  le  feu> 

NÎt entretenue  dans  un  état  de  bouillonnement  modéré;  sinon  la 

lessive  calcaire  dont  elle  se  trouve  imprégnée  pourrait  atteindre  une 

tanpérature  voisine  de  150  degrés,  et  dès  ce  moment  elle  décom- 

IMerait  le  savon  neutre  déjà  formé  en  un  savon  acide  et  en  un 

,  ^Oû  basique.    Ce   dédoublement  amènerait  la  formation  d'ua 

i  poduit  mal  défini,  et  dont  Tinstabilité  occasionnerait  une  prompte 

ïiocidité. 

Pour  ne  pas  prolonger  inutilement  la  durée  de  la  saponification, 
^pour  entretenir  le  sel  calcaire  dans  une  plus,  grande  homogé- 
néité, nous  n'avons  eu  recours  qu'à  la  quantité  d'eau  qui  fût  stric- 
teent  indispensable.  Elle  satisfait  ainsi  au  double  rôle  qu'elle  est 
•ppelée  à  remplir  :  rôle  chimique,  en  fournissant  à  une  portion 
[^principes  constituants  du  corps  gras  les  éléments  aqueux  né-* 
^ssaires  pour  former  la  glycérine;  rôle  mécanique,  en  faisant  fonc- 
lien  de  bain-marie  pour  éviter  l'altération  de  la  substance  orga- 
ne et  pour  la  soustraire  à  l'action  de  la  chaleur. 

Enfin  il  est  de  toute  nécessité  d'observer  une  agitation  continue. 
Ble  évite  la  formation  de  grumeaux  et  répartit  uniformément  le 
calorique  nécessaire  pour  réaliser  une  saponification  complète. 

L'emploi  de  bassines  étamées  doit  être  proscrit.  Le  savon  calcaire 
•^hère  avec  facilité  au  fond  de  ces  bassines;  il  y  attaque  l'étamage 
et  donne  lieu  à  la  perte  d'une  partie  du  produit  ou  à  son  mélange 
»wc  de$  fragments  durs  et  altérés.  S'il  ne  s'agissait  que  de  tra- 


—  «70  — 

Tailler  sur  une  faible  échelle^  il  serait  préféraUt  de  Bt  Et  itrtif  l^ae 
de  capsules  en  porcelaine. 

En  raison  de  sa  consistance  onctueuse^  le  sayon  calcaire  réeei^ 
ment  prépare  se  prête  parfaitement  à  toute  espèce  de  forme  médi- 
camenteuse solide.  On  peut  donc  l'administrer  en  pilules^  bolf^ 
dragées  ou  pastilles.  Les  bols  ou  pilules  dragéiformes  soat  h 
forme  ordinaire  que  M.  le  docteur  Tan  den  Gorput  prescrit  à  l'Btigi 
de  ses  malades. 

Voici  le  mode  d'exécution  que  nous  aTons  adopté  pour  tattsilifi 
à  ses  indications.  Sans  être  aussi  parfait  que  le  procédé  dd  Qtiê 
suiTi  pour  la  gélatinisation  des  pilules,  il  est  plus  commoèt  i 
donne  des  résultats  plus  expéditifs. 

Pr.  :  Savon  calcaire  à  Vhuile  ûe  foie  de  morue.    âO  grammes, 
âuile  volatile  d'amandes  ambres  .....      4  goaltes. 

Malaxez  le  mélange  dans  un  mortier  et  divises  la  masse  piiultiit 
selon  les  quantités  prescrites. 

Les  bols  ou  pilules  sont  enrobées  dans  la  teinture  éthérée  à 
baume  de  Tolu  et  roulées  encore  humides  dans  du  sucre  blaa 
pulvérisé.  La  vaporisation  éthérée  a  pour  effet  de  les  recouvri 
d'une  enveloppe  saccharo-résineuse  qui,  tout  en  leur  communiquai 
une  forme  agréable^  les  protège  du  contact  de  Tair  et  empêche  ' 
matière  savonneuse  de  subir  un  durcissement  rapide* 

On  peut  encore  agiter  les  bols  ou  pilules  dans  une  boite  h^Im 
rique  renfermant  une  solution  gommeuse  concentrée ^  les  rouI^i 
ensuite  dans  du  sucre  en  poudre  et  les  exposer  à  une  chalei 
ménagée. 

Afin  de  leur  donner  ce  glaçage  qui  flatte  la  vue  et  enveloppa  l 
noyau  médicamenteux  d'une  couche  blanche  et  uniforme,  on  i 
servira  avec  avantage  du  sirop  simple  suisaturé  de  sucre  puWérifA 

A  ceux  qui  nous  objecteraient  que  la  saponification  calcaift  ii 
constitue  pas  une  préparation  nouvelle  ou  qui  nous  rappelleràiflB^ 
Texistence  d'un  savon  à  Thuile  de  foie  de  morue^  nous  répoodrÎMil 
que  la  composition  de  ce  produit  diffère  essentiellement  de  ellk 
dont  nous  venons  d'indiquer  la  préparation.  La  saponificatiou  cil* 
caire^  il  est  vrai^  trouve  tous  les  jours  dans  l'industrie  d'utiles  i^ 
plications.  Elle  se  pratique  sur  une  large  échelle  et  requis  des 
appareils  spéciaux.  Mais  le  mode  d'exécution  suivi  pour  la  iafari^ 
cation  des  bougies  stéariques  ou  pour  la  formation  de  la  glyeériiA 
n'a  rien  de  commun  avec  les  conditions  opératoires  d'un  prodiûi 


[■ 


—  171  - 

6ffléinftl^  dont  )a  ptMlë  doit  iitè  atatit  tout  la  sauvegarda  de  son 
apt>lkatioû  thérapeutique. 

Il  eiiste  de  plus  une  différenise  notable  entre  les  proportions  de 
cbaux  qui  constituefit  la  base  des  difers  savons  calcairesi  La  chaux 
qui  entre  dans  la  composition  du  savon  requis  pour  la  production 
de  la  stéarine^  et  qui  se  trouve  combinée  aux  acides  gras  du  suif  de 
kdeuf  ou  de  mouton,  représente  à  peine  la  dixième  partie  du  corps 
gras  employé*  D'autres  matières  grasses  ne  réclament  qu'une  quan- 
tité de  base  égale  à  la  vingt-^quatrième  partie  de  leur  poids.  Le  sa^ 
f(m  calcaire  à  Thuile  de  foie  d«  morue^  au  contraire,  exige  une 
p^portion  de  chaux  supérieure  à  celle  de  Thuiie. 

Quant  au  savon  à  l'huile  de  foie  de  morue  dont  la  composition 
est  due  à  notre  savant  et  regretté  confrère^  feu  Deschamps  (d'A val- 
lon), il  résulte  d'une  saponification  sodique  et  renferme  les  cinq 
ihièoies  dé  son  poids  d'huile*  Sa  consistance  est  molle  et  visqueuse, 
iMi  odeur  0t  sa  saveur  des  plus  désagréables.  Participant  des  pro- 
priétés de  rhuile  de  foie  de  morue,  il  occasionne  des  éructations  et 
laipire  aui  malades  une  vive  répugnance* 


corréspûnûance  médicale 


AstleM  fiiérarp««il4ae  de  remSi*»U  ••••élli|««  de  «eoMoee*  de  eel« 
chifiae  danii  le  rhanatlsme  articulaire  (i). 

Le  Codex  indique  la  préparation  d'un  extrait  alcoolique  de  se^ 
niefices  de  colchique  ;  cet  extrait  est  préparé  à  l'aide  de  semences 
à  colchique  grossièrement  pulvérisées^  et  après  avoir  retiré  par 
distillation  toute  la  partie  spiritueuse  ,  on  reprend  le  produit  de 
maporation  avec  quatre  foîs  son  volume  d'eau.  Celte  manière  de 
^parer  Textrait  de  colchique  est  défectueuse  ;  elle  prive  l'extrait 
le  la  plus  grande  partie  de  ses  principes  actifs;  aussi  n'est -«il  pas 
toployé,  ainsi  que  le  dit  M.  Gubler  dans  sa  Thérapeutique. 

M.  Hepp,  pharmacien  en  chef  des  hospices  civils ,  prépare  son 


(I)  Cette  note  dôime  les  résultats  de  plusieurs  obser? Ation»  reoueilUeS  i  la 
MqM  de  H.  Hirtz  par  9.  Eudes,  interne  da  service.  Eftte  »  été  insérée  dans 
kêmêUê  mééicak  de  Strasbçwg,  iSTO,  uo  1&. 


—  272  — 

extrait  avec  des  semences  pulvérisées  très-finement  et  reprises  avi 
Valcool  à  85  degrés  ;  de  cette  manière,  il  obtient  une  préparatic 
bien  plus  active,  facile  à  doser  et  à  manier,  bien  plus  avantageii 
sous  tous  les  rapports  que  les  autres  préparations  de  colchiqu 
vin  ou  teinture,  dont  les  doses  sont  difficiles  à  déterminer.  Âio 
M.  Gubler  indique,  pour  la  teinture,  la  dose  de  1  à  8  gramme 
et  pour  le  vin^  la  dose  double  ;  ces  différences  considérables  ent 
les  doses  dépendent  évidemment  du  mode  de  préparation^  et  m 
des  susceptibilités  individuelles  pour  le  médicament. 

L'extrait  de  semences  de  colchique ,  tel  qu'il  est  préparé  pi 
M.  Hepp^  est  un  médicament  fidèle^  à  effets  constants^  à  manieme 
facile  et  peu  coûteux. 

Doses.  —  On  prépare  des  pilules  de  1  centigramme  ou  de  5  cei 
tigrammes. 

On  peut  donner  le  premier  jour  jusqu'à  huit  ou  même  dou 
pilules  de  1  centigramme  ou  deux  pilules  de  5  centigrammes  eh; 
cune.  Les  pilules  de  1  centigramme  se  donnent  de  dix  en  dix  m 
nutes  ;  celles  de  5  centigrammes  se  donnent  :  une  le  matin,  ui 
le  soir.  — On  a  donné  jusqu'à  trois  et  même  quatre  pilules  < 
5  centigrammes  ;  cette  dose  est  déjà  trop  forte^  comme  nous 
verrons  plus  loin.  —  Avec  10  à  12  centigrammes  on  obtient  d 
eflets  suffisamment  prononcés  ;  il  serait  dangereux  de  dépasst 
ces  doses. 

Action  physiologique.  —  Effets  généraux,  —  La  température 
été  abaissée  dans  les  cas  fébriles  suhaigus.  Ainsi  de  38*^,8  ellee 
descendue  dans  un  cas  jusqu'à  37°, 5^  après  l'administration  c 
20  centigrammes  d'extrait  de  colchique. 

Dans  les  cas  avec  peu  ou  point  de  réaction  fébrile,  de  38  degt 
elle  est  descendue  à  37^,5  ;  de  37°, 3  à  36^,3  ;  dans  d'autres  ca 
elle  n'a  pas  subi  de  variation  sensible. 

(Nous  comparons^  bien  entendu,  les  températures  sérales,  g 
sont  ordinairement  plus  élevées.) 

Le  pouls  a  subi  les  mêmes  variations  que  la  température.  Dai 
le  premier  cas  que  nous  citons,  le  pouls  est  descendu  de  120  à  1  < 
et  92  ;  dans  le  dernier,  de  68  jusqu'à  56. 

Quant  aux  urines^  nous  ne  pouvons  rien  affirmer  de  constai 
Dans  deux  cas,  elles  ont  été  évidemment  augmentées^  mais  seul 
ment  plusieurs  jours  après  Tadministration  du  colchique  ;  de  0^ 
elles  ont  monté  jusqu'à  1  800  dans  un  cas  ;  dans  d'autres  cas,  eU 
n'ont  pas  subi  d'augmentation.  Ces  différences  tiennent  sansdoiit 


-  273  — 

aux  sécrétions  complémentaires,  sueurs  et  diarrhée  plus  ou  moins 

a]x)odantes9  suivant  les  cas. 

Nous  n'ayons  pas  constaté  d'action  particulière  sur  les  sueurs. 

Effets  purgatifs,  —  En  général,  le  premier  jour,  après  huit 

pilules  del  centigramme  et  même  deux  pilules  de  5  centigrammes^ 

on  n'observe  pas  d'effet  purgatif;  ce  n'est  que  le  lendemain,  après 

l'administration  d'une  nouvelle  quantité  d'extrait,  que  les  effets 

purgatifs  se  prononcent. 

Ainsi,  dans  un  cas,  après  huit  pilules  de  1  centigramme,  on  n'a 
observé  le  premier  jour  ni  coliques  ni  selles  ;  le  lendemain,  après 
l^administration  de  quatre  pilules,  on  obtient  jusqu'à  six  selles 
diarrhéiqucs. 

Dès  qu'on  cesse  l'emploi  du  médicament,  la  diarrhée  cesse  éga- 
fcment;  il  est  rare  d'observer  des  selles  diarrhéiqucs  après  la  ces- 
sation de  l'administration  de  colchique. 

L'effet  diarrhéique  n'est  pas  plus  prononcé  après  les  fortes  doses. 
Ainsi  20  centigrammes  administrés  en  vingt-quatres  heures  ne 
provoquèrent  que  trois  selles  diarrhéiqucs  ;  il  faut  ajouter  que 
*i'autres  phénomènes  se  manifestèrent  :  nous  y  reviendrons  à  l'in- 
stant. 

l-a  diarrrce  provoquée  par  le  colchique  est  modérée  ;  elle  n'in- 
commode pas  autrement  le  malade  ;  dans  tous  les  cas  que  nous 
*^ons  observés,  elle  n'a  jamais  provoqué  de  coliques;  jamais  de  sang 
dans  les  selles^  pas  de  ténesme;  à  petites  doses,  pas  de  diminution 
d®  l'appétit,  pas  de  nausées. 

L'effet  nawseewx  véritablement  toxique  ne  s'est  présenté  que  deux 

'^ois  :  chez  une  femme  qui  a  pris  trois  pilules  de  5  centigrammes  en 

^n  jour^  et  chez  un  jeune  homme  qui  a  pris  20  centigrammes  en 

^ngi^uatre  heures  ;  dans  ces  deux  cas^  on  a  observé  du  malaise,  des 

ï^auséos,  des  vomissements  fréquents,  de  la  prostration.  Toutcecor- 

^e  de  symptômes  d'intoxication  s'est  évanoui  spontanément  après 

l'ois  ou  quatre  jours  ;  l'effet  antirhumatismal  n'en  a  été  que  plus 

Dïanifeste. 

Effets  antirhumatismaux, -^DdXiS  tous  les  cas,  sans  exception, 
lious  avons  vu  un  amendement  très-marqué,  quelquefois  du  jour 
*u  lendemain  ;  d'autres  fois,  après  trois  on  quatre  jours  de  l'ad- 
onnistration  du  médicament,  des  douleurs  et  gonflements  articu- 
laires. 

Un  des  malades,  qui  était  entré  avec  des  douleurs  articulaires 
Séndralisées,  avec  rougeur  et  gonflement,  avec  réaction  fébrile  e^ 

TOME  LXXX.   6LJVn.  \% 


teropëraturt)  de  3^,6,  a  été   guéri  ëii  huit  jdiirs^  du  i7  ^.-^i 
25  juin. 

D'autres  malades^  après  trois  ou  quatre  jours  de  traitement  i^si.v 
le  colchique^  ont  vu  les  douleurs  articulaires  disparaître  compldi.^- 
ment^  et  ont  pu  sortir  de  l'hôpital  après  huit  à  dix  jours  de  8éjo«:ft.ir« 

Dans  un  cas  aigu  de  moyenne  intensité^  les  douleurs  articsut. 
laifes^  très -vives  à  l'entrée  du  malade ,  occupant  les  deux  exti-^-. 
mités  inférieures  dans  toutes  leurs  articulations^  ont  été  promp<- 
tement  moditiées  ;  après  deux  jours  de  traitement,  le  malade  pouvait 
se  leniuer  dans  son  lit  et  se  coucher  à  son  aise  ^  la  rougeur  avAit 
disparu^  Tépancbement  avait  diminué. 

Dans  un  seul  cas,  nous  avons  vu  la  douleur  articulaire  résister  i 
Tefiet  d  umédicament  jusqu'à  cinq  jours. 

Conclusions.  —  En  résumé,  on  peut  constater  que  la  prépar^f 
tion  d'extrait  alcoolique  de  semences  de  colchique  de  M.  Hepp  pr^^' 
duit  des  elTets  exeilents  dans  les  cas  de  rhumatisme  articulaire  ai 
de  moyenne  intensité  et  dans  les  rhumatismes  subaigus  et  afébril 
On  ne  Ta  pas  essayé  encore  dans  les  rhumatismes  suraigus. 

A  8  et  10  centigrammes  par  jour^  elle  produit  des  effets  diarrb 
ques  constants,  sans  coliques,  sans  malaise,  et  une  diminution  d 
manifestations  rhumatismales. 

Ce  n'est  qu'à  doses  plus  fortes^  à  15  et  20  centigrammes^  que 
médicament  donne  lieu  à  des  eiïets  toxiques,  faciles  à  éviter. 


08 

ce 


BULLETIN  DES  HOPITAUX 


D£DX    CAS    d'kHPLOI    DE    L'aTTBLLE    DE     ShITH    (  tPlNARTHÉCI^^^  ^ 

DANS  LES  FRACTURES  DU  FÉMUR.  —  L'Aujériquc^  qui  a  déjà  reoi^^^" 
à  la  chirurgie  contemporaine  des  services  d'une  grande  importan 
a  fourni  dans  ces  dernières  années  un  appareil  à  fracture  qui  m-^^^ 
rite  Tattention  des  praticiens^  car  il  a  sur  beaucoup  d'aulies 
avantages  incontestables.  Cet  appareil,  dû  au  professeur  H.  Smitb 
été  importé  en  Europe  par  le  docteur  Guntillon^  qui  Ta  présenté  à  '^ 
Société  de  chirurgie  en  1864.  Il  a  trouvé  dans  le  docteur  Shrimpt^ — "^^ 
un  vuigi^risateur  aussi  empressé  que  convaincu. 

M.  le  professeur  Dolbeau,  dont  tout  le  monde  a  su  app: 
cier  la  sagacité  et  la  grande  valeur  pratique^  l'a  considéré  de 


) 


les 
a 


—  275  — 

lil  afff'ès  ravoir. essayé  dans  quelques  csls  tàdiii  pAt  lé  doetétif 
►evignevielle  (Thèses  de  Paris ^  1867),  et  il  est  à  croire  que  Tei- 
'ême  simplicité  de  cet  appareil,  se  joignant  à  son  efficacité  très- 
rande,  tendra  à  le  faire  employer  très-fréquemfnent  à  mesure  qu'il 
3ra  plus  connu,  et  cersera,  je  crois,  une  très-heureuse  chose  pour 
ft  |iratique,  car  l'épinarthécie  est  réellement  une  idée  destinée  à 
iire  son  chemin  dans  le  traitement  des  fractures. 

Je  connaissais  comme  tout  le  monde  Papparéil  de  H.  Smith  ; 
nais,  n'ajant  prêté  qu'une  attention  superficielle  à  âa  description  et 
son  étude,  je  n'avais  pas  été  frappé  de  sa  supériorité,  quand,  au 
oinmencement  du  siège  de  Paris,  le  docteur  Shrimpton  m'en  parla 
Lvec  la  plus  grande  faveur  et  fit  naître  en  moi  le  désir  de  Tappli- 
|aer  pour  juger  par  expérience  de  sa  valeur  thérapeutique  réelle. 
Chargé  que  j'étais  d'un  important  service  de  chirurgie  à  l'hôpital 
nîlitaire  du  Val-de-Grâce>  l'occasion  ne  tarda  pas  à  se  présenter,  et 
'ai  pu  dans  l'hiver  de  1870  à  1871  charger  l'attelle  de  Smith  du 
raitement  exclusif  de  deux  fractures  du  fémur,  sans  compter  les  cas 
rti  je  l'ai  mise  en  œuvre  pour  des  fractures  de  la  jambe,  des  plaies 
iu  genou,  etc.,  etc.  Les  bons  effets  que  j'en  ai  retirés  dans  tous  les 
^s  me  sollicitent  à  en  parler  aujourd'hui,  et  pensant  qu'il  est  inutile 
l'ajouter  quelque  chose  à  ce  que  le  docteur  Shrimpton  a  fait  con- 
naître touchant  les  fractures  de  la  jambe  [Gaz,  des  hôp. ,  juillet  1870), 
i^  ne  veux  parler  ici  que  des  indications  de  l'appareil  dans  les  ca9 
^  cassure  récente  du  fémur  sans  plaie,  d'autant  que  je  me  propose 
^c  revenir  ultérieument  sur  l'emploi  de  l'épinarthécie  au  traitement 
^8  fractures  du  fémur  avec  plaie  et  des  autres  fractures  du  membre 
^férieur. 

Je  suivrai  pour  cette  étude  une  marche  qui  m'est  familière  et 
ï^e  les  lecteurs  du  Bulletin  qui  me  font  l'honneur  de  suivre  ftiés 
^ï^avaux  connaissent  depuis  longtemps.  Je  vais  d'abord  décrire  f'ap- 
P^reil  dans  ses  détails,  afin  de  bien  présentera  l'esprit  les  particu- 
Ic^tés  de  la  méthode  ^  puis' je  fournirai  deux  observatioQs  asse2 
^tendues  pour  que  leur  lecture  indique  autant  que  possible  les 
l^hases  d'un  emploi  de  l'attelle  de  Smith  dans  une  fracture  du  fé- 
'ïïiir,  et  enfin  en   dernier  lieu  je  chercherai  à  déterminer  let* 
^^antages  qui  peuvent  être  rattachés  à  la  pratique  qui  nous  occupe, 
^n  d'en  dégager  les  indications,  c'est-à-dire  l'opportunité  de  son 
^ikiploi  ;  seulement,  comme  les  habitudes  de  ce  journal  veulent 
9Ue  le  Bulletin  des  hôpitaux  soit  un  résumé  concis  de  faits  obser- 
^^1,  je  dois  donner  le  moins  d'étendue  possible  k  ceWe  àettà^^t^ 


-^  276  — 

artie,  qui  par  conséquent  De  sera  qu^un  sommaire  pour  ainsi  dix 
de  la  question. 

L'attelle  de  Smith  est  un  cadre  en  fil  de  fer  ayant  6  centimètf< 
de  large  sur  1  mètre  à  1™,20  de  longueur;  ces  fils  de  fer  sont  cylî 
driques,  de  3  à  6  millimètres  de  diamètre  ;  et  comme  les  moind: 
tractions  dans  le  sens  latéral  altéreraient  la  forme  rectangulaire 
Tattelle^  deux  traverses  en  fil  de  fer  du  même  diamètre,  placées 
niveau  de  chaque  tiers  de  la  longueur,  sont  chargées  de  mainten  îr 
le  parallélisme  des  tiges  des  deux  grands  côtés;  de  plus^  deux  ira.» 
verses  mobiles  portant  un  anneau  à  la  partie  moyenne  sont  des- 
tinées à  la  suspension  de  l'attelle. 

Le  fil  de  fer  de  l'attelle  de  Smith  est  assez  malléable  pour  pouvoir 
se  coudera  volonté;  néanmoins,  pour  faire  un  angle  en  un  pois^t 
précis  quand  on  le  désire,  on  se  sert  d'une  pince  ordinaire  ;  M.  Cha-^^' 
rièrea  imaginé,  pour  produire  d'une  manière  parfaitement  exac'^^ 
les  courbures  que  Ton  désire,  une  forte  pince  très-ingénieuse  * 
branche  mâle  et  branche  femelle  et  qui  se  trouve  dans  beaucoi^^P 
d'arsenaux  de  chirurgie,  mais  qui  peut  être  suppléée  très-bien  àax:^  ^' 
la  pratique  habituelle  par  des  pinces  ou  des  tenailles  ordinaires. 

A  proprement  parler,  l'appareil  de  Smith  ne  se  compose  de  ri< 
autre;  en  effet,  est -il  nécessaire  d'indiquer  que  l'attelle  est  coi 
plétée  par  un  morceau  de  forte  ficelle  qui  la  suspend  en  prenant  l^f- 
forme  d'un  A,  et  qui  s'attache  elle-même  à  une  corde  qui  descen^^^^ 
du  plafond  ou  du  ciel  du  lit;  je  n'ai  pas  besoin  non  plus  d'a^^^* 
jouter  qu'en  portant  le  malade  à  droite  ou  à  gauche,  en  avant  o^^^^ 
en  arrière  de  la  verticale  de  cette  corde,  on  donne  au  membre  ai^:^^— ^* 
tant  de  positions  diflérentes  qui  peuvent  être  utilisées  contre  1^  -^ 
déplacements,  en  augmentant  ou  en  diminuant  l'extension  d^  -^ 
fragments  de  la  fracture. 

Pendant  la  guerre  de  1866,  le  docteur  Darby  a  improvisé  di 
appareils  de  Smith  avec  des  fils  télégraphiques;  j'ai  suivi  à  ph 
sieurs  reprises  la  même  pratique  pendant  le  siège  de  Paris,  et  mêi 
dans  des  cas  où  j'avais  un  fil  de  fer  trop  mince,  je  l'ai  doublé  d'i 
autre,  les  fixant  avec  des  bandelettes  de  diachylon  et  leur  donni 
ainsi  la  solidité  nécessaire. 

L'application  de  l'appareil  de  Smith  est  extrêmement  simpli 
l'attelle  étant  courbée  comme  on  le  désire,  on  commence  par  la  fi] 
au  bassin  à  l'aide  d'une  bande  qui  fait  des  circulaires  et  des  obli( 
pour  former  un  8  de  chiffre  ;  puis  on  fixe  le  membre  à  l'attelle 


in  en  loin  à  l'aide  de  quelques  tours  de  bande  ou  de  quatre  larges 
ndelettes'de  diacbylou,  et  l'atlelle  est  suspendue  dans  la  position 
siiëe.  La  figure  ci-dessous  en  donne  une  idée.  Il  est  temps  alors 


:  foire  un  bandage  spiral  qui  va  des  <iTleils  à  la  tète  du  péroné  et 
ki  assure  la  position  de  la  jambe,  puis  un  aulre  bandage  spiral 
t  fait  le  long  de  ta  cuisse  afin  d'assurer  de  la  même  manière  les 
'pporis  de  cette  partie  du  membre. 

Je  n'envisage  pas  ici  le  cas  où  une  plaie  existe  sur  un  point  quel- 
nque  de  la  longueur  du  membre,  mais  on  comprend  que  rien 
est  facile  dans  un  cas  pareil  comme  de  laisser  à  ce  nireau  un 
Œïus  au  bandage  spiral,  de  manière  à  pouvoir  faire  des  pansements 
cikmént  et  autant  que  besoin  est. 

Ois.  I.  —  Fracture  de  la  partie  moyenne  du  fémur  gauche  sam 
oie.  Chevauchement  des  fragments.  Emploi  de  l'altelle  de 
fiith.    Guérison  sans  roceonrcissement.  — Le  12  janvier  1871, 

nommé  Janvier,  matelot  de  troisième  classe,  est  enseveli  avec 
!m  de  ses  camarades,  au  fort  de  Monti'ouge,  sous  une  pile  de  sacs 
lerre  renversée  par  un  obus.  Ses  camarades  sont  tués  sur  le  coup, 
'  lui  a  une  fracture  de  la  partie  moyenne  du  fémur ,  sans  plaie  ; 
tevauchement  considérable  ;  déplacement  angulaire  des  fragments; 
tCcourcisseraent  du  membre*,  dont  la  paitie  inférieure  est  renversée 
ln$  l'adduction  exagérée. 

Lechirurgicn-maîor  du  fort  applique  un  appareil  extemporané, 

Janvier  est  dirigé  aussitôt  sur  le  S' al -de-Grâce.  Arrivé  le  même 
'îtdans  monservice,  salle  28,  lit  n'2,  je  constate,  le  13  février,  à  ta 
Site  du  matin,  la  déformation  indiquée  ci-dessus  :  la  cuisse  est 
^Ulonreuse  et  chaque  mouvement  imprimé  fait  pousser  un  cri  au 
letsë. 

Désireux  de  recourir  à  l'épinartbécie ,  j'applique  l'altelle  de 
■tntb,  de  la  manière  indiquée  par  M.  le  docteur  Shrimplon,  c'est- 


—  278  — 

à^dire  que,  mesurant  la  longueur  normale  de  la  cuisse  et  de  U 
jambe  du  «uj^t,  je  recourbe  Tattelle  de  manière  à  ce  qu'elle  main** 
tienne  le  membre  dans  un  état  de  demi-flexion  et  que  ses  extré- 
mités, se  recourbant,  se  moulent  sur  Tabdomen  et  sur  le  dos  du 
pied. 

Je  commence  par  fixer,  à  l'aide  d'une  bande  à  spica,  Textrémité 
supérieure  de  raltelle  convenablement  doublée  de  ouate  et  je  l'as- 
sujettis convenablement  non-seulement  par  des  tours  circulaires, 
mais  par  des  8  de  cbiOre  dont  le  croisé  se  fait  sur  l'attelle  au  ni- 
veau de  Faine.  Une  fois  cette  extrémité  «supérieure  bien  appliquée, 
je  fais,  avec  une  bande  ordinaire,  deux  tours  qui  appliquent  la  par- 
tie de  la  cuisse  correspondant  au  fragment  supérieur  contre  Tattelle, 
et  j'en  fais  autant  au-dessous  de  la  fracture  ;  puis  je  fixe  le  mollet 
et  le  pied. 

Il  est  à  remarquer  que  le  déplacement  et  le  chevauchement 
réduisaient  à  mesure  et  de  la  manière  la  plus  simple,  sans  aucun 
souffrance,  alors  que  la  moindre  extension  avait  précédemment  fai' 
pousser  les  plaintes  les  plus  vives.  La  déformation  disparaissai 
peu  h  peu,  et  la  cuisse,  prinrjitivement  raccourcie,   reprit  naturel 
iement  et  d'elle  seule  sa  longueur  normale  sans  nul  effort. 

Dès  que  le  membre  est  suffisamment  adhérent,  l'attelle  est  sua 
pendue,  et  aussitôt  toute  sensation  pénible  disparaît  comme 
enchantement  ;  je  fais  alors  un  bandage  roulé  depuis  le  pied  jûa 
qu'au  niveau  de  la  tête  du  péroné,  un  autre  sur  toute  la  longue 


du  fémur,  et  le  malade,  n'accusant  plus  aucune  douleur,  est  lai»^  -^ 
dans  soif  lit,  sa  jambe  suspendue  et  pouvant  être  remuée  da^a^i 
tous  les  sens  sans  faire  éprouver  aucutie  gêne,  quelque  fait:3»te 
qu'elle  fût. 

Le  18  janvier,  le  gonflement  dos  parties  molles  avait  cessé  pr^^ss- 
que  entièrement  ;  on  pouvait  sentir  au  toucher  les  fragments,  et:-    te 
lieu  de  la  fracture  était  appréciable.  Il  n'y  avait  absolument  auc  '«fl 
déplacement^  aucun  raccourcissement,  et  les  mouvements  imprior^^ 
^u  membre  susj)endu  à  l'attelle  étaient  si  parfaitement  indoloi-^» 
quelque  vigoureux  ou  étendus  qu'ils  fussent,  que  je  me  demao  ^Jiu 
si  par  hasard  je  n'aurais  pas  aifaire  ù  un  de  ces  hommes  dont     ^ 
sensibilité  obtuse  n'est  excitée  que  faiblement  par  ces  douleurs  c^td 
sont  si  poignantes  d'ordinaire.  Pour  vérifier  le  fait,  j'eus  soin    ^ 
relâcher  la  suspension  de  manière  à  ce  que  le  talon  appuyât  sui*  ^ 
lit  et  je  me  mis  à  couper  les  bandes  qui  appliquaient  le  roembr^^ 
l'attelle    métallique;  dès  qu'il   n'y  eut  plus   que  quelques  M^ni 
autour  de  la  fracture,  Janvier  accusa  de  la  gêne,  bientôt  une  dou- 
leur vive,  et  on  voyait  en  même  temps  la  cuisse  s'incurver  d'une 
manière  très-fâcheuse;  ma  main  gauche,  appuyée  sur  la  région  "® 
ia  fracture,  sentait  le  déplacement  angulaire  et  le  chevaucheia^"^ 
en  train  de  se  reproduire;  rexpdriencc  étant  faite,  je  me  hâtai  dff  ^ 
mettre  les  choses  en  état,  et  aussitôt,  douleur  et  déplacement,  tc^^ 
disparut  de  nouveau  comme  par  enchantement.  Je  iis  enduire    *® 
bandage,  que  j'appliquai  en  ce  moment,  d'une  couche  de  sili^?-*^^ 
de  potasse,  et  Janvier  n'put  plus  beioiq  de  ^oius,  mangeant,  d^^ 


a.nt,  remplissant  en  un  mot  toutes  les  fonctions  de  la  vie  sans 
aucane  gêne. 

-A  ce  moment  le  bombaHement  de  Paris  prit  une  nouvelle  in- 
tensité ;  des  obus  tombaient  en  ^and  nombre  sur  le  Val-de-Grâceç 
UTi  malade  fut  tué  dans  son  lit,  un  incendie  s'était  déclaré  près  de 
la.  salle  28.  dont  les  fenêtres  avaient  eu  tous  leurs  carreaux  brisés 
P^i^  les  éclats  de  projectiles  ;  on  évacua  les  blessés  vers  un  endroit 
plus  abrité,  et  Janvier  put  être  transporté  sans  inconvénient.  Le 
îô  janvier,  le  bombardement  ayant  cessé,  il  fut  de  nouveau  déptaeë 
pour  revenir  à  son  lit  primitif,  et  il  n'avait  éprouvé  absolument  au- 
ciine  sensation  pénible  pendant  ces  deux  transports. 

l<e  1^  février,  étant  au  trente  et  unième  jour  de  la  fracture,  je 
tt^fis  le  bandage  silicate  et  j'étendis  avec  grandes  prf^cautions  le 
îïiembre  sur  le  lit  à.  côté  de  son   congénère.  Janvier  n^dprouva 
d  a.bord  pas  de  douleur  et  j'en  profitai  pour  mesurer  très-exacte- 
nncîntles  diverses  parties  et  montrer  à  mes  aides-majors  qu'il  n'exis- 
J^it  aucun  vestige  de  déplacement  ni  de  raccourcissement  ;  mais 
bientôt  un  sentiment  de  plus  en  plus  pénible  se  fit  sentir  au  niveau 
^G  lafracture  et  je  replaçai  l'attelle  de  Smitb  comme  le  premier  jour. 
l»e  26  février,  c'est-à-dire  le  quarante-cinquième  jour  de  la  frac- 
tupe,  j'enlevai  momentanément  Tattelle  ;  le  membre  était  parfaite- 
ment solide,  le  cal  peu  volumineux  se  sentait  à  peine,  la  jambe 
pouvait  être  remuée  dans  tous  les  sens  dans  le  plan  horizontal, 
IJïais  ne  pouvait  encore  se  soulever  par  ses  seuls  efforts  musculaires. 
«e  replaçai  encore  l'attelle  par  excès  de  précaution,  d'autant  que 
I  appareil  n'était  absolument  pas  gênant  et  qu'il  permettait  au  inBr 
l*de  tous  les  mouvements  nécessaires  dans  le  lit. 

Le  i"  mars,  Tattelle  est  enlevée;  le  membre  est  parfaitement 
^olide,  il  reste  sans  bandage  ;  le  blessé  le  remue  dans  tous  les  sens; 
'e  cal  est  très- satisfaisant,  pas  d'incurvation,  pas  de  raccourci sse-r 
?*>ent.  Janvier  va  rester  encore  ainsi  une  quinzaine  de  jours,  puis 
*»  commencera  à  marcher  avec  des  béquilles  ;  tout  porte  à  croire 
^tte  la  guérison  ne  se  démentira  pas. 

Le  6  mars,  Janvier  commence  à  se  lever  et  marche  avec  des 
"^quilles,  sa  jambe  s'engorge  facilement  après  un  moment,  mais 
'^f  ^ent  à  l'état  normal  dès  qu'elle  est  remise  dans  la  position  hot- 
"^«ontale. 

Le  i  2.  mars,  le  pied  peut  être  appuyé  par  terre  et  supporter  |p 
'poids  du  corps  pendant  un  instant  sans  le  secours  des  béquilles  ; 
^n  sent  au  toucher  un  cal  un  peu  plus  volumineux  que  précédem- 
ïiient  et  un  très-léger  déplacement,  ce  qui  me  fait  croire  que  Tap- 
Ç^'ttil  a  été  peut-être  enlevé  quelques  jours  trop  tôt  ;  né^nmoiiKs 
Janvier  ne  boitera  pas. 

.  Le17  mars,  je  vois  le  sujet  pour  la  dernière  fois;  les  forces 
"®  son  membre  reviennent  d'une  manière  très-satisfaisante  et  la 
Prison  absolue  est  très-prochaine. 

Obs,  il  —  Fracture  du  tiers  supérieur  du  fémur  gat^che  sans 
^''««e.  Raccourcissement  et  déformations  notables.  Emploi  de  Pat^ 


T 


—  280  — 

telle  de  Smith.  Disparition  immédiate  du  chevauchement  < 
fragments.  —  M***,  soldat,  âgé  de  quarante-deux  ans,  se  fracti 
Je  fémur  gauche  au  tiers  supérieur  le  19  février  ;  il  est  apporté 
Val-de-6râce  le  lendemain  et  je  constate  une  déformation  très-î 
cusée.  Tout  mouvement  est  très-douloureux  ;  l'extension  fait  d 
paraître  les  déplacements  osseux,  mais  au  prix  de  douleurs  violent 
et  son  action  est  inutile  dès  que  Tintensité  de  traction  est  diminu 
Application  de  Tattelle  de  Smith,  cessation  immédiate  de  la  de 
leur,  du  chevauchement  et  de  la  déformation.  Le  malade  est  enci 
en  traitement;  néanmoins  je  Fai  examiné  le  17  mars,  et  Tétat  éU 
absolument  aussi  bon  que  celui  du  blessé  précédent,  j'ai  tout  li 
de  croire  que  le  résultat  sera  aussi  beau  et  aussi  facilement  obtei 

Deux  observations,  assez  incomplètes  même,  puisque  le  teu 
n'a  pas  encore  donné  sa  sanction  à  la  guérison,  ne  sauraient  et 
une  puissante  preuve  en  faveur  de  Tépinarthécie  ;  mais  si  nous  so 
geons  qu'il  existe  déjà  deux  autres  faits  de  guérison  de  fractui 
du  fémur  par  l'attelle  de  Smith  (thèse  de  M.  Devignevielle,  p.  î 
et  31)  dans  des  cas  assez  compliqués^  nous  sommes  autorisés 
considérer  cette  attelle  de  Smith  d^un  œil  favorable,  d^autantque 
le  nombre  des  observations  est  un  appoint  notable  pour  Topinioi 
il  faut  convenir  aussi  que  souvent  on  peut  déduire  de  Texami 
d'un  petit  nombre  de  faits  les  questions  générales  d'opportuni 
d'une  méthode. 

Si,  maintenant  que  nous  avons  parlé  suffisamment  de  Tattelle 
Smith  pour  familiariser  le  lecteur  avec  elle,  nous  recherchons  soi 
mairement  quels  sont  les  avantages  qu'on  j)eut  lui  reconnaître  p 
le  raisonnement  comme  surtout  par  l'observation  et  l'analyse  d 
faits ,  nous  voyons  que  l'épinarthécie  se  recommande  par  pi 
d'une  utilité.  En  effet,  d'une  part,  signplicité  dans  l'application 
l'appareil;  d'autre  part,  facilité  de  la  réduction  et  de  la  coaptati 
de  la  fracture;  en  troisième  lieu,  absence  de  maints  inconvéniei 
imputables  à  plusieurs  autres  systèmes,  par  exemple  la  douleuc 
Texcoriation  du  talon.  Disons  un  mot  très-bref  de  ces  divers  poil 
de  la  question  qui  nous  occupe. 

1"  Au  point  de  vue  de  la  simplicité  de  l'appareil^  Tattelle 
Smith  présente  assurément  bien  des  avantages.  Le  fait  est  si  £ 
dent,  qu'il  n'est  besoin  que  de  l'énoncer;  et  qui  songerait  àd 
qu'un  appareil  qui  ne  demande  qu'un  morceau  de  fil  de  fer  de 
4  mètres  de  long  et  un  morceau  de  petite  corde  ne  soit  infînin*^' 
plus  facile  à  fabriquer  de  toutes  pièces  au  besoin  que  ces  attelles» 
Boyer,  de  Desault  et  de  tant  d'autres,  que  ces  boîtes^  caisses,  t 


—  281  — 

UMSLCS,  etc.,  etc. 9  que  ces  appareils  monodactyles,  polydactyles^  etc.? 
2«  Pour  ce  qui  est  de  la  réduction  des  fragments  et  de  leur  coap" 
iat^ion^  Tépinarthécie  peut  invoquer  en  sa  faveur  tout  ce  qui  a 
été  dit  touchant  la  suspension  dans  le  traitement  des  fractures  et 
depuis  Mayor  {Chirurgie simplifiée,  2  vol.);  ces  avantages  sont  si 
dsiirement  établis,  qu^il  est  inutile  peut-être  de  ne  pas  s'en  tenir  à 
la.  simple  énonciatiou  du  fait. 

3*^  Pour  la  douleur  et  l'excoriation  du   talon  ^  Pépinartl^cie 
a  xin  avantage  qui  frappera  bientôt  les  praticiens  :  il  nVst  pas  diffi- 
cile de  comprendre  qu^avec  elle  il  y  a  complète  absence  de  la  dou- 
letur  du  talon  chez  les  blessés.  On  sait  trop  combien  cette  douleur 
est  invariablement  la  torture  des  fracturés  du  membre  inférieur  et 
corabien,  malgré  les  soins,  Tattention^  la  complication  des  appareils, 
il  est  difficile  d'empêcher  que  la  pression  ne  produise  des  ulcéra- 
tions, parfois  très-longues  à  guérir,  pour  que  j'aie  aussi  besoin 
de  rappeler  qu'un  système  qui  supprime  cet  inconvénient  sérieux 
4ii  traitement  doit  être  considéré  de  très-bon  œil.  Or,  dans  les  cas 
àe  fractures  traitées  par  Taltelle  de  Smith,  cette  pression  du  talon  ne 
ra.urait  exister,  puisque  le  membre  est  suspendu  de  manière  à  ce  que 
c«tte  partie  soit  tout  à  fait  libre  ;  il  suffit  de  jeter  un  coup  d'oeil  sur 
la  figure  ci-dessus  et  de  se  représenter  un  moment  à  l'esprit  la  dis- 
position de  Tappareil  pour  comprendre  qu'elle  n'est  pas  à  craindre, 
^  ajoutons  qu'elle  a  fait  parfaitement  défaut  dans  tous  les  cas  où 
ï^ous  l'avons  mise  en  œuvre. 

On  pourrait  invoquer  aussi,  à  l'actif  de  Fattelle  de  Smith,  la  facile 
surveillance  du  membre  pendant  tout  le  traitement,  son  avantage 
Uft  permettre  la  libre  circulation  de  l'air  autour  des  téguments,  et, 
P*f  conséquent,  de  prévenir,  mieux  que  plusieurs  autres  systèmes 
^  Scorbut  local  qui  est  assez  fâcheux  à  plus  d'un  titre;  je  renvoie 
*Ux  communications  du  docteur  Shrimplon,  à  la  thèse  de  M.  le  doc- 
*^r  Devignevielle  pour  les  questions  de  facilité  de  transport  des 
Wessés,  etc.,  etc.,  qui  y  sont  étudiées  en  assez  grand  détail. 

Ainsi  que  je  l'ai  dit  tantôt,  une  étude  de  la  nature  de  celle-ci  ne 
P^Ut  énumérer  tout  au  long  les  considérations  que  suggère  l'em- 
ploi de  l'attelle  de  Smith;  aussi  dois-je  réserver  ces  réflexions 
P^Urun  autre  travail.  Il  suffisait  d'ailleurs,  pour  appeler  l'attention 
^8  chirurgiens  sur  l'épi narthécie,  de  citer  des  cas  où  elle  a  été 
'^ise  en  œuvre.  Nous  terminerons  en  recommandant  ce  moyen 
^^  traitement  des  fractures  à  ceux  qui  aiment  à  chercher  les  moyens 
*iKlipl«8  et  conunodes  d^arriver  au  but  en  chirurgie^  adressant  pour 


notre  part  des  retnerdraents  empressés  au  docteur  Shrin 
cherche  depuis  plusieurs  années  à  vulgariser  Tattelle  de 
qui  à  notre  avis  fait  ainsi  œuvre  très-méritoire,  puisqu 
une  méthode  assurément  bonne  et  riche  d'avenir. 


RtPCRTOIRE    MÉDICAL 


REVUE  DES  JOURNAUX 


Céphalée  Intense  et  re- 
belle, de  eaase  douteuse  i 
ehloral  donné  eomme  hyp- 
notique avee    plein  succès. 

Mme  X***,  sur  l'âge  de  retour,  éprou- 
va, dit  M.  Wieger  ,  il  y  a  seize 
mois,  un  chagrin  subit  et  trè8-pro> 
fond  ;  pendant  un  voyage  qu'elle  fit 
au  mois  d'avril  dernier,  ce  chagrin 
fut  remis  au  vif  ;  elle  tomba  malade 
subitement  après  quelques  prodromes, 
consistant  eu  malaise  et  en  cépha- 
lalgie. 

Elle  dut  s*a1iter  ;  on  lui  donna  du 
valérianate  d'ammoniaque,  et  elle  put 
revenir  à  Strasbourg.  Le  seul  symp- 
tôme saillant  est  une  céphalée  atroce, 
incessante,  avec  sentiment  de  pléni* 
tude  crânienne;  le  caractère  de  la 
céphalée  est  tantôt  déchirant,  tantôt 
pongllif:  les  points  douloureui^  sont 
dans  toute  l'étendue  de  la  calotte  crâ> 
nienne.  La  malade  est  couchée  sur  le 
dos;  par  moments,  sous  Tinfluence 
d^un  accès  de  douleur,  elle  pousse  des 
cris  aigus,  suivis  de  mouvements  ir- 
réguliers des  mains  et  des  bras,  qui 
simulent  une  attaque  de  nerfs,  et  se 
calment  des  que  la  djouleur  cëde  un 
peu. 

Pupilles  normales,  aucun  symp- 
tôme nerveux,  point  de  soif;  la  roa* 
lade  refuse  presque  toute  nourriture  ; 
constipation. 

Depuis  mai  jusqu'en  août,  le  ro^il 
alla  en  augmentant;  les  accès,  accom- 
pagnés de  cris  et  de  mouvements 
quasi  convulsifs,  se  répétèrent  fré- 
quemment ;  la  céphalée  changea  plu- 
sieurs fois  de  place  et  parut  pendant 
un  certain  temps  se  fixer  dans  le  côté 
droit  du  crâne;  la  patiente  maigrit 
considérablemept^  refusait  de  se  lever 
et  même  de  changer  de  lit  :  aucun 
ifnftèms  Heuveav  m  «e  ëécltra. 


On  esaya  le  bromure  d 
à  doses  de  1 ,  2, 5  grammes 
sil  ni  à  calmer  la  céphab 
curer  du  sommeil.  M.  le 
Rigaud,  qui  vovait  la  mala 
temps,  conseilla  d'envelof 
et  d'entretenir  une  diapt 
tinue  ;  ce  moyen  fut  al 
cause  des  éruptions  sudc 
loppées. 

M.  le  professeur  Schi 
vit  la  malade  dans  les  pre 
d'août  ;  il  pensa  à  une  tu 
brale  et  proposa  l'iodure 
dont  la  malade  a  cunsomn 
mes,  ainsi  que  2(!0grararn 
de  potassium.  iW  traitemei 
à  peu  amoindri  la  eéphalé 

La    inalade    peut  quUl 
mais  elle  refuse  de  marche 
sitôt  qu'elle  tient  la  tête 
éprouve   une    sensation  ^ 
particulière  et  croit  qu'elle 

pendant  trois  mois,  oi 
assez  régulièrement  une  i 
morphine,  d'abord  de  8, 
à  13  milligrammes.   Cette 
suffisante  pour   procurer 
bien-être  pendant  les  heure 
mais  sans  sommeil  :  c'étai 
pissement  accompagné  d' 
acousie,  faible  d'abord,  m: 
la  suite  arriva  à  un  degH 
malade,  sommeillant  vers 
était    régulièrement     réii 
heure  plus  tard  par  les 
rue  et  ne  *se  rendormait 
inconvénient   de  la    mor 
entretenait  unn  constipaiio 
enfin,  circonstance  plus  f 
core,    elle    développa    u: 
complète  et  une  sensatioi 
continue. 

On  se  décida  à  essayei 
Après  quelques  tâtonaeauBi 


313  — 


dft«4ià  S  gramnefl  dissous  d^nsGOgram - 
m^u  d>av.  ta  patieite  prend  les  trois 
premières  cuillerétis  dfî  quart  d'heure 
en  quart  d'heure;  aprë«la  Iroisièine, 
fslle  «'endort  k  coup  sûr;  si  elle  se  ré- 
veillée onze  heures,  elle  prend  la  qua- 
trieiqe;  d'ordinaire  elle  ne  se  réveille 
P^s.  Le  sommeil  produit  par  le  chloral 
Mft  uu  sommeil  profond,  sans  rêves,  et 
durant  d'un  seul  trait  de  neuf  heures 
du  sair  jusqu'à  six  à  sept  heures  du 
naUn.  Les  bruits  de  la  rue  n'ont  ja - 
nau  réveillé  la  malade.  La  patiente 
dfi  i  se  reasentir  aucun  goût  parlicu  • 
lier  ;  ei/e  a  bon  appétit  et  ne  souffre 
V^*^  de  constipation  ;  il  n'a  pas  fallu, 
^n  trois  semaines,  hausser  les  doses. 
i^Qf.  médic.  de  Strasbourg,  J870, 
»^   i.) 

Mijote  fongneax  de  la  gaine 
^**a  rfiiliapK.  L'observation  sui- 
^9/ite,aui  a  été  rédigée  par  M.Cha- 
iJ'îii,  élève  du  service,  présente  de 
^  ^Otérél  en  raison  de  Terreur  de  dia- 
^ïï  oslic  â  laquelle  le  cas  a  donné  lieu, 
^*  <lHia  fait  croire  à  M.  Sarazin,  pro- 
J^»«e«r  agrégé  à  la  Faculté  de  Stras- 
?J<>«irg,  à  l'existence  d'un  épanche- 
^ept  liquide,  alors  que  la  galue  ne 
^^Dtenait  que  des  foogosilés. 

Hercier,  âgé  de  vingt-cinq  ans, 
^poral  au  9Ke  de  ligne,  entre  à  l'hô- 
UlUl  militaire  de  Strasbourg,  le 
r*,  mars  187<l.  Il  raconte  que  Tan  der- 
^^r,  au  moi^  d'avril,  étant  au  gym- 
P^M,  il  fit  une  chute  sur  le  talon  de  la 
r^aip  rcQ versée  en  dehors.  Il  ressen- 
^^t  uii0  douleur  asse?  vive  dans  le 
HQJgnat  et  il  s'y  produisit  presque 
M^iQédlatemeQt  du  gonQement.  occu- 
P^ol,  paralt-il.  lu  même  région  qu  au- 
"«Ourd'hui.  Après  quelques  jours  de 
*^«pos,  il  reprit  son  service;  mais  les 
^ouvements  restèrent  gênés  et  dou- 
MMjreux,  surtout  à  la  8ui(e  de  toute 
fatigue. 

On  trouve  au  poignet  gauche  une 
lumeur  qui  siège  à  la  partie  posté- 
^ieure  et  externe  de  la  .région    du 
«arpe,  dépassant  en  haut  et  en  bas  le 
ligament  annulaire  dor»al,  qui  parait 
la  divit^r  en  deux  lobes.  Klle  est  si- 
tuée en  dedans  de  la  tabatière  anato- 
iQiqq3,  mais  un  prolongement  externe 
iê  dirige  vers  l'articulation   trapézo- 
métacarpienne.  Celle  tumeur,  arrondie 
et  molle,  présente  une  fluctuation  ma« 
nife»te  ;  elle  indique  bien  la  lormo  d» 
la  ga)ne  synoviale  des  radiaux  ;  aussi 
parte-t-on  le  diagnostic  :  kyste  syuu- 
vUl  de  la  galue  fïe$  radiaux.  M.  la 
ProfMMur  &r9fi4  «fi  décida  i  y  fairi» 


une  pAnctioB,  suivie  d'une  înjectiaM 
de  teinture  d'iode. 

Le  0  au  matin,  Tintrodoction  d'un 
trocart  dans  la  tumeur  -au-dessous  du 
ligament  annulaire,  dans  la  partie  in- 
férieure de  la  tumeur,  ne  laisse  sortir 
aucun  liquide;  cependant  1  extrémité 
de  la  canule  est  bien  dans  la  tumeur. 
Un  stylet  y  est   engagé  inutili'raent. 

M.  Sarazin  fait  alors  dans  le  lobe 
supérieur,  au-dessus  du  ligament 
annulaire,  une  ponction  avec  une  lan- 
cette à  grain  d'avoine.  Il  ne  sort  que 
du  sang  en  petite  quantité.  Ce  kyste 
ne  renferme  donc  pas  de  liquide^ 
mais  seulement  des  fongosités  molles 
et  (luctuantes.  Occlusion  des  piqûres 
et  immotùlisation  au  moyen  d'un  ap- 
pareil. 

Le  12,  tout  danger  d'inûamroation 
ayant  disparu,  on  établit  une  com- 
pression sur  l.'i  tumeur  au  moyeu  de 
bandes  de  toile. 

Le  14,  le  malade  se  plaint  d'en? 
gourdisbement  dans  les  deux  derniers 
doigts  et  de  légères  douleurs  dans  le 
kyste.  M.  Sarazin  lève  l'appareil  :  le 
kyste  a  un  peu  diminué;  les  doigts 
n'offrent  rien  de  particulier.  On  re- 
place alors  l'appareil;  à  la  bande  de 
tijile  est  substituée  une  bande  élas- 
tique de  caoutchouc,  dont  la  com- 
pression sur  la  luiueur  sera  plus 
efticace. 

Le  1*^,  la  tumeur  a  diminué  de 
moitié  :  elle  a  cessé  d'être  fluctuante. 
Ou  ajoute  à  la  compression  élastique 
le  badigeon  nage  quotidien  avec  de  la 
teinture  d'iode. 

Ces  mêmes  moyens  sont  continués 
jusqu'au  \^^  avril  sans  qu'il  y  ait  une 
amélioration  notable  dans  le  volume 
de  la  tumeur.  Les  premiers  progrès 
ont  été  trcs-rapides,  mais  la  guérisoa 
complèt43  semble  devoir  se  faire  atten- 
dre. (Gaz.  mdd.  de  Strasbourg,  25  no- 
vembre 1870.) 

TFansfpfii<m  4u  ■aai^  déft-? 
hrlné  pratiquée  awee  anecèii 
pour  une  bépiorrhafi;i«  até« 
riue.  L'observation  est  rapportée  de 
la  manière  suivante  par  M.  de  Bé^ 
lina  I 

Urne  %***^  femme  délicate,  âgée  de 
vingt-six  ans.  qui  avait  eu  déjà  plu- 
sieurs fausses  couches  suivies  de  for- 
tes métrorrha^^ies,  était  enceinte  de- 
puis quatre  mois  et  demi.  Le  37  août 
miO  elle  éprouva  tout  i  coup  de 
fortes  coliques  et  fut  prise  q'uue 
bémorrhagie  utérine  abondante.  Dans 
quelques  heuref  j«  parta  deTiAt  d« 


—  284 


1)108  en  plus  alarmante  et  la  réduisit 
a  un  état  désespéré. 

Le  docteur  Gontier  Saint-Martin 
employa  le  froid  sur  le  ventre,  des 
frictions  aux  extrémités  avec  du  vin 
chaud,  et  à  l'intérieur  de  fortes  doses 
d'opium  et  de  carbonate  d'ammonia- 
que. Malgré  ce  traitement,  la  figure 
était  d'une  pâleur  cadavérique,  les 
lèvres  décolorées ,  les  extrémités 
froides,  la  respiration  lente  et  ces- 
sant par  moments,  le  pouls  à  peine 
perceptible,  tout  le  corps  couvert  d'une 
sueur  visqueuse. 

Croyant  qu'il  fallait  recourir  ici  à 
la  transfusion,  le  docteur  Gontier 
Saint- Martin  me  fit  appeler  et  me 
proposa  de  tenter  l'opération. 

A  mon  arrivée  avec  le  confrère 
Meyer,  qui  voulut  bien  assister  à  l'o- 
pération, la  malade  était  dans  un 
état  de  syncope  profonde,  ne  pouvant 
parler  et  présentant  tous  les  symptô- 
mes d'une  mort  prochaine.  M*.  Gontier 
Saint-Martin  pratiqua  le  tamponne- 
ment pendant  que  je  faisais,  avec 
M.  Meyer,  les  préparatifs  pour  la 
transfusion. 

Urne  B^*^,  sœur  de  la  malade,  femme 
robuste  de  trente  ans,  consentit  à 
donner  son  sang,  et  on  lui  en  retira 
350  grammes,  qu'on  reçut  dans  un 
récipient  qui  plongeait  dans  un  vase 
rempli  d'eau  chauffée  à  40  degrés.  Le 
sang  fut  défibriné,  filtré  et  introduit 
dans  l'appareil.  Après  qu'on  eut  bandé 
le  bras  droit  de  la  malade  comme 
pour  une  saignée,  je  mis  la  veine  mé- 
diane à  découvert,  et  taudis  que 
M.  Meyer  tenait  l'appareil,  je  fixai  de 
la  main  gauche  la  veine  et  enfonçai  de 
la  main  droite  le  trocart  et  retirai  le 
stylet.  J'élai  ta  bande  du  bras,  et  au 
bout  de  quinze  minutes  j'introduisis 
seulement  300  grammes  de  sang. 

Après  l'opération,  il  survint  une 
amélioration  subite.  Le  pouls  devint 
plus  fort  et  donna  88,  la  respiration 
fut  plus  régulière,  la  malade  ouvrit 
les  yeux  et  put  répondre  à  toutes  les 
questions  qu'on  lui  posa.  Elle  se  trou- 
vait très-soulagée  et  disait  qu'elle  avait 
senti  une  sensation  agréable  de  cha- 
leur le  long  du  bras  vers  la  poitrine. 

Quelques  heures  après,  il  se  mani- 
festa une  grande  agitation;  la  malade 
avait  soif  et  sentait  une  chaleur  dou- 
loureuse à  la  tête.  Après  avoir  vomi 
une  considérable  quantité  de  glaires, 
l'agitation  fut  suivie  d'un  abattement 

Î;énéral.  Cependant  la  malade  put  ava- 
er  une  petite  quantité  d*eau  rougie 
et  après  elle  s'endormit. 


A  partir  de  ce  moment,  Vaiiélion- 
tion  se  produisit  sous  tous  les  rap- 
ports. Le  pouls  était  encore  faible, 
mais  régulier,  la  respiration  normale. 
La  malade  put  prendre  un  peu  de 
bouillon  tiède  et  ne  se  plaignit  que  de 
maux  de  tête  et  d'une  rétention  d'u- 
rine. On  retira  le  tampon  et  tout  de 
suite  après  la  malade  rendit  une  quan- 
tité considérable  d'urine  de  bonne 
nature,  ce  qui  la  soulagea  beaucoup. 

La  guérison,  secondée  par  Fosage 
des  toniques  doux  et  d'un  régime  ap- 
proprié, s'avançait  peu  à  peu  lorsque 
la  perspective  du  siège  et  des  circon- 
stances de  famille  forcèrent  W^^  S*** 
à  quitter  Paris  le  7  septembre. 

Après  trois  mois  de  manque  de 
nouvelles  et  d'inquiétude  sur  le  sort 
de  notre  malade,  j'ai  appris  avec  plai- 
sir qu'elle  avait  donné  des  nouvelles 
à  une  parente  deux  mois  après  son 
arrivée  à  Bordeaux.  Elle  est  com- 
plètement rétablie  et  jouit  actuelle- 
ment d'une  bonne  santé.  {Gaz 
de  Paris ^  1871,  n»  6.) 

EffOeaelté  de  la  médlcafioi 
Tomltlve   dans   le    cas  d'hé- 
mopiysie  par  floxlon.  La   m^ 

thode  évacuante  et  vomitive  a  été  ai 
pliquéeaux  hémoptysies  par  Troi 
seau;  aussi  M.  Peler,  en  traitant 
sujet  dans  ses  conférences  cliniques 
n'a-t-il  point  eu  la  prétention 
considérer  cette  application  comi 
une  nouveauté  thérapeutique.  Ce 
decin  s'est  proposé  seulement,  à  Yo^  <* 
casion  de  quelques  faits  obsery^^és 
dans  son  service,  de  préciser  les  ci^^^"^" 
constances  dans  lesquelles  on  petr  jj> 
en  raison  des  lésions  aoatomiqui 
attendre  ou  non  de  bons  effets  de 
médication  vomitive  dirigée  cent 
l'hémoptysie. 

Les  hémoptysies,  considérées  da^ 
leurs  rapports  avec  la  tuberculisatlo 
peuvent  être  initiales^  concomitanf 
ou  ultimes.  Ces  dernières,  se  prddi 
sant  par  suite  d'ulcérations,  ne  no' 
occuperont  pas.  Les  autres  sont  du 
à  une  fluxion^  et  sont  essentie11em< 
dynamiques,  selon    Texpression 
M.  Peter.  Mais  parmi  ces  hémopt 
sies  fluxionnaires^  M.  Peter  croit 
sentiel  de  distinguer  les  hémoptyii 

gar  byperémie   périphymique  et 
émoptysies  par  byperémie  parapl 
mique.  selon  que  l' byperémie  s'effi 
tue  autour  de   la  granulation  tul 
culeuse  d'une  manière  directe  on  ii 
médiate,  ou  bien  dans  le  voisinage 
plus  on  moins  loin  de  cette  grani 


—  285  — 


la  première  variété^  dit 
'hémoptysie  ne  s'annoBce 
me  épistaxis  :  elle  se  pro- 
ie et  consiste  dans  le  rejet 

sanglants  constitués  par 
r  ou  par  un  mélange  de 
mucus.  Dans  la  seconde 
noptysie  est  souvent  pré- 
ne  épistaxis,  et  de  plus 
lirement  une  hémoptysie 
Le  malade  vomit  le  sang 
ouche,  à  pleine  cuvette  >  ; 
caractère  syroptomatique 
lagie  paraphymique,  c'est 
abondance  et  la  pureté  du 
ulsé,  qui  alors  est  sans 
mucus. 

ins  un  de  ces  cas  d'hé- 
mdroyante  que,  l'hémor- 
înuant  en  dépit  des  as- 
irescrits  pour  l'arrêter, 
prendre  au  malade,  com- 
s  âgé  de  quarante- trois 
nesd'ipécacuanhaen  trois 
uart  d'heure  d'intervalle. 

qui  arriva  :  le  premier 
nilif  fut  de  provoquer  le 
g  en  même  temps  que  le 
t  ;  mais  ce  résultat  n'a- 
M.  Peter  ;  le  poumon  étant 
de  sang,  il  est  naturel  que 
d'abord  rejeté.  De  plus,  le 
abondamment  à  la  garde- 
il    n  avait  pas  fait  depuis 

Après  ce  premier  flot, 
;ie  s'amoindrit,  sans  tou- 
ter.  Le  lendemain,  4  avril. 

Le  5,  prescription  de 
nmes  de  tartre  slibié  en* 
à  un  quart  d'heure  d'in- 

nouveau  vomitif  diminua 
oudance  de  l'hémoptysie, 
ides  cinq  sixièmes;  mais 
céda  complètement  qu'a- 
nier  vomitif  administré  à 
Tintervalle  du  second, 
eter  a  suivi  l'exemple  de 
qui  n'hésitait  pas,  quand 
i  résistait  à  un  premier 
(n  donner  un  second,  et 
)isiëme  si  le  second  était 

femme  entrée  à  l'Hôtel- 
une  hémoptysie  liée  à  la 
ion  pulmonaire,  et  se  rat- 
tiémoptysie  par  hyperémie 
ue,  M.  Peter  a  eu  t'îgale- 
)uer  de  la  médication  vo- 
i;rammes  d'ipéca  adminis- 
is  fois  de  quart  d'heure  en 
ire  ont  brusquement  ar- 
tiémorrhagie,  jusque-là  re- 


cette médication  a  donc  son  floé- 
rite  ;  mais  dans  la  pratique  ordinaire^ 
c'est-à-dire  en  dehors  des  hôpitaux, 
son  application  exige  certaines  pré- 
cautions déontologiques,  sur  lesquelles 
M.  Peter  n'a  pas  dédaigné  de  s'arrê- 
ter. En  ville,  a-t-il  dit,  le  médecin 
doit  trop  souvent  courber  la  tête  de- 
vant la  puissance  mensongère  de 
l'opinion  publique.  Supposez  d'es  lors 
un  cas  oh  la  tuberculiiiation,  jusque- 
là  latente,  se  manifeste  bientôt  par 
des  signes  d'une  incontestable  élo- 
quence, on  pourra  bien  accuser  l'em- 
ploi inusité  des  vomitifs  d'avoir  pro- 
voqué l'explosion  de  la  maladie 
tuberculeuse.  Ceci  n'arrivera  pas  pro- 
bablement, mais  le  contraire  est  néan- 
moins possible.  Il  est  donc  prudent,, 
selon  M.  Peter,  avant  de  recourir  ioù 
aux  vomitifs,  de  s'adresser  aux  hé- 
mostatiques, et  prlncip^temeutà  ceux, 
qui  se  trouvent  indiqués  plus  haut.. 
(Journ,  de  méd.  et  ckir,  prat.) 

Kjste  de   la  région  coccy— 
sienne.  Incision  et  cantéri-' 
sation.    Gncrison.    X***,   sous- 
officier  au  16e  d'artillerie,  jeune   et 
vigoureux,  sans  antécédents  syphiliti^ 
ques,  entre  le  15  décembre  1870  ài 
l'hôpital  militaire  de  Strasbourg,  dans 
le  service  de  M.  Sarazin,  professeur 
agrégé  à  la  Faculté,  porteur  d'une 
fistule  qui  vient  s'ouvrir  dans  le  sillon 
saco-fessier  à  trois   travers  de  doigt 
de  la  pointe   du  coccyx.  Il   raconte 
qu'elle  a  été  précédée  par  une  petite 
tumeur  arrondie  et  indolente  siégeant 
entre  le  coccyx  et  la  fesse,  stationnaire 
pendant  bien  des  mois.  Il  y  a  un  an- 
environ,  après  des  fatigues,  cette  tu- 
meur s'est  enflammée  et  s'est  ouverte^ 
spontanément.  L'orifice  est  resté  fistu— 
leux  ;  l'écoulement,  franchement  pu- 
rulent au  début  et  assez  abondant,  est^ 
devenu  petit  à  petit  plus  clair  et  sa. 
quantité  a  diminué.  Actuellement  it 
est  muco-purulent,  visqueux  et  par- 
cheminé la  chemise  du  malade.  Un- 
stylet  recourbé  pénètre  dans  ce  trajel^ 
flstuleux  à  8  centimètres  de  profon- 
deur en  contournant  le  coccyx. 

Cet  examen,  le  siège  delà  fistule  et 
les  renseignements  très-précis  que' 
donne  le  malade  éloignent  toute  idée: 
d'abcès  phlegmoneux  ou  symptoma- 
tique  et  de  fistule  anale.  Un  kystte 
suppuré  a  seul  pu  donner  naissancr  à 
ce  trajet  fistuleux.  Est- ce  un  kyste 
glandulaire  de  la  glande  coccygienne? 
La  direction  et  la  profondeur  du  trajet 
semblent  l'indiquer.  L'oçératlou  ««V 


p^tiqaée  le  18  par  it4rt8ion  et  e&até-  fit  rapidement  ptff  1^o«rgiiiflliiiiMt 

risition  an  moyen  da  nitrate  aefde  dé  dtf  fond  ters  la  surface, 

mercare.  En  avant  da  coccyx,  l'incl-  Le  malade  sortit  giiért  le  i(^]iDfier# 

sion  présente  au  moins  5  centimètres  (Gaz.  méd,  de  Strasbourg ,   1870^ 

de  profondear...   La  cicatrisation  se  n^  20.) 


VARIÉTÉS 


*«■ 


Par  M.  Matbt. 

La  ligne  de  conduite  da  médecin  est  toujours  celle-ci  :  en  présence  d*! 
glycosurique,  ordouner  une  alimentation  réparatrice,  azotée^  animale,  etpn 
crire  le  pain,  la  fécule,  les  légumes,  la  pâtisserie  et  les  fruits.  Quant  mpai 
si  nécessaire  pour  la  plupart,  on  le  remplace  par  le  paiu  dit  de  fflutm. 

Mais  qu'est-ce  que  c*est  que  le  pain  de  gluten  ?  Est-il  possible  d^asiigj^^er 
iine  composition  fixe  aux  diverses  préparations  qu'on  débite  sous   ee  bom,         al 
qui,  vendues  par  des  industriels  ignorants  ou  pen  consciencieux,  n'ont  soov^^Btt 
du  gluten  que  le  nom  ?  Malaxez  sous  un  filet  d*eaa  un  peu  de  farine  de  ba»  % 
l'amidon  s'échappera  avec  l'eau  sous  forme  de  poudre  blanche,  et  il  vous  r  «B^ 
tera  dans  le  coin  de  la  main  une  substance  grise,  élastique,  d'une  odenr  pa^r"^ 
culiëre  :  c'est  le  gluten.  A  l'état  frais,' Jl  y  en  a  de  10  à  12  pour  100  dan^^ll 
farine.  Le  gluten  seul  est  absolument  Impossible  à  panifier,  et   il  êhiL.     de 
toute  rigueur  y  ajouter  une  certaine  quantité  de  farine.  Ce  qu'on  peutdés^'sr 
de  mieux,  c'est  un  paiu  enrichi  de  gluteu  et  contenant  le  moins  possible    dr 
farine.  Mais  le  gluten  est  excessivement  cher  ;   celui  qu'on  pourrait  obltf»^ 
plus  économiquement  dans  les  amidonneries,  où  on  ne  laisse  plus  perdra  ^ 
gluten  comme  autrefois,  est  suspect,  parce  qu'on  n'achète  pas  précisémenC  JW 
farines  de  premier  choix  pour  faire  l'amidon.  Encore  faut-il  être  à  proxtcxsHi 
de  ce  genre  d'usines.  De  plus,  le  pain  enrichi  de  gluten,  et  qu*on  obtlcmA  ^ 
plus  souvent  sous  forme  d'échauUés  soufflés  ou  de  légères  biscottes,  est  «m  oi^ 
ment  fort  peu  appétissant  et  dont  le  malade  se  dégoàte  très-file.  De  font  <^ 
il  résulte  que,  pour  satisfaire  à  la  demande,   divers  industriels  ont  imâ^fl^ 
des  pains  de  fantaisie  où  le  gluten  tient  une  plus  ou  moins  large  place,  et  ^ 
ne  donnent  absolument  aucune  garantie. 

Pour  éclairer  à  cet  égard  le  médecin,  M.  Mayet  s'est  livré  à  Fanalyse  5Ve* 
charlméllque  de  presque  toutes  les  substances  alimentaires  contenant  d^  ^ 
fécule  ;  son  procédé  repose  sur  la  transformation  de  la  fécule  en  suor^  ^ 
la  détermination  de  la  quantité  de  sucre  obtenue  par  les  moyens  saccftarl^^ 
triques  connus.  Il  choisit  la  liqueur  de  Fehling.  On  sait  que  toutes  lef  ^' 
qu'on  fait  bouillir  de  l'amidon  ou  de  la  fécule  avec  de  l'eau  aiguisée  d*aA*^ 
sulfurique,  l'amidun  se  transforme  d'abord  en  dexlrine  et  finalenenl  en  g^ 
cose.  On  s'assure  facilement,  au  moyen  delà  coloration  bleue  qoe l'iode do^^ 
avec  la  fécule,  si  celle-ci  a  complètement  disparu.  C'est  ainsi  qu'on  peut  sM* 
trop  de  difficultés  se  rendre  compte  de  la  quantité  de  substaiee  nmykcée  ^^ 
peut  contenir  une  matière  alimentaire. 

Ce  moyen  d'analyse  a  servi  à  dresser  des  tableaux  où  Ton  indique  avec0«^ 
lâ  qustntiié  de  sucre  fournie  par  telle  eu  Ulle  préparation  féculente,  et  p^ 


—  Ml  — 

léilttent  qtiêllM  soni  belles  que  le  nnlftât  a  plut  oa  moins  dMaiérét  à  é«IN 
It  éoa  alimentailon.  Noos  rt^pertons  ici  an  de  ces  tableaux,  qui  présente 
réritatole  carattëre  d'utilité  pour  le  médecine 

Mt  grammes  des  substances  ei'dessous  mentionnées,  saccharifiéei  au 
eli  de  l'acide  sulfurique»  ont  donné  les  quantités  de  sucre  suivantes  : 

Amidon » 83s,00 

Farine.  ..«*»....•...«  4  ..   «  .,  .  71  ,00 

Pain  ordinaire  desséché  «»»••«..«.«.  1  .  60  ^00 

Pain  ordinaire  frais 50  ,00 

Pâtes  d'Italie  pour  potages 45  ,50 

Farine  de  gluten  (Martin)  4   ....  «  <».<.«  .  ^8,40 

Pain  de  gluten  frais*  fait  avee  la  farine  ci-*desstts.  .   .  37  ,70 

Pain  de  gluten  de  la  rue  de  Lancry 31  ,15 

Pain  de  gluten  sec.  Compagnie  de  Vichy 32  ,00 

Pain  de  gluten  veudu  dans  le  commerce,  trës*sec ...  62  ,50 

Qluten  granulé  .   .   .   •  »  t   .   «   .  •  <  •  .  ,   .   »   .   «  15 ,60 

Vermicelle  au  gluten 41  ,60 

Farine  de  riz 62  ,50 

Hlz  eu  grains  cuit  ik  l'eatt  .  .  .  ^  .  .  » 8  ,00 

Gâteau  de  riz  des  ménages  .  <  .   >  .  ;  .   t  .   .  t  «  »  35 ,00 

Pommes  de  terre  cuites  au  four  .  1  «.«>....   k  8  ,30 

Marrons  rétis 20  .80 

Ecbaudés SO  ,00 

Haricots  blancs  cuits  â  Tean 16  ,60 

Lentilles  cuites  et  égoultées.  4  <  «   .   i   .   .   «   .   .   .   .  22,50 

Carottes  cuites  et  sautées  au  beurre 16,60 

Purée  de  pois  cassés 15  ,60 

Katels  en  ragoût ».  7  ,00 

Petits  pois  conservés  en  bottes  .«.«>« 12  ,00 

Stt  admettant  qu'on  puisse  assimiler  la  transformation  artificielle  des  sub- 
nces  féculentes  par  Tacide  sulfurique  â  celle  qui  peut  se  faire  dans  Téco-* 
ttie  chez  un  glycosurique,  on  voit,  d'après  ce  tableau,  (Jn'on  peut  se  rendre 
opté  delà  nature  des  aliments  féculents  qui  peuvent  être  plus  ou  moins  dan« 
Hux  dans  celte  maladie  ;  on  remarquera  aussi  certainement  que  le  pain  dit 
gkttm,  qui  se  trouve  dans  les  diverses  maisons  de  commerce,  est  bien  loin 
itre  un  aliment  exempt  de  fécule,  et  qu'il  ne  diffbre  pas,  dans  une  grande 
sure,  du  paiu  que  nous  proscrivons.  Qu'on  remarque  surtout  celui  désigné 
is  le  nom  de  pain  vendu  par  le  commerce,  et  qui  accuse  une  richesse  en 
Hhl  supérieure  â  celle  du  pain  de  notre  alimentation  ordinaire, 
n  résulte  de  cela  que,  si  Ton  avait  la  conviction  que  tout  aliment  féculent 
Uêlre  absolument  écarté,  il  faudrait  rayer  jusqu'au  pain  de  gluten  et  nour- 
^exelusivemenl  avec  de  la  viande.  Ne  serait-il  donc  pas  possible  de  rempla- 
Feette  insipide  pi'éparation  par  des  quantités  déterminées  de  pain  et  de  lé*^ 
unes  dont  la  sage  administration  permettrait  de  prolonger  le  traitement 
taeeup  plus  longtemps  en  variant  la  nourriture  et  en  prévenant  ainsi 
fevioeible  dégoût  qui  saisit  les  malades  après  quelques  mois  de  régime  ? 
fin  eonsuUant  te  tableau  ci-dessus,  on  peut  s'assurer  qu'une  petite  quantité 
^Nnet  que  quelques  légumes  variés,  tels  que  haricots,  lentilles,  pommes 
^tsrre,  vermicelle,  pris  en  quantités  très-modérées,  n'introduiront  pas  dans 
^ternie  une  quantité  de  fécule  saccharifide  plus  grande  que  celle  qui  résulte 
^  U  consommation  suivie  et  abondante  de  cette  préparation  désagréable  qu'on 
^KUe  le  pain  de  gluten»  Dès  lors,  le  médecin  pourrait  varier  ralimentation 
'  prolonger  le  traitement  sans  danger  pour  le  malade.  On  a  pu  voir  que  le 
'  c«it  â  l'eau  et  accommodé  soit  au  lait,  soit  au  bouillon,  peut  satisfailr^  U^ 


—  288  — 

goûts  du  malade  sans  risquer  l'introduction  dans  l'économie  d'une  qnantil 
notable  de  fécule.  On  peut  en  dire  de  même  des  pommes  de  terre  en  purée^  d( 
haricots  et  des  lentilles.  Quant  au  pain,  dont  la  privation  est  si  pénible  poi 
quelques  personnes,  il  nous  semblerait  préférable,  à  l'absorption  d'une  quai 
tité  de  biscottes,  d'en  permettre  un  très-petit  poids  sous  forme  de  pistolet» 
dans  lequel  la  cuisson  a,  comme  on  sait,  singulièrement  modifié  une  partie  ( 
Tamidon.  Un  petit  pain  trës-cuit  du  poids  de  60  à  90  grammes  suffirait  très 
bien  pour  consoler  le  malade  et  lui  rendre  très-supportable  la  prolongation  d 
régime  auquel  il  doit  se  soumettre. 

Les  considérations  qui  précèdent,  pour  présenter  quelque  utilité,  doivei 
fonrnir  des  conclusions  pratiques.  Nous  les  empruntons,  sinon  textuellemen 
au  moins  quant  à  leur  sens,  à  Texcellent  mémoire  de  M.  Mayet. 

io  L'emploi  des  préparations  dites  de  gluten  ne  présente  pas  un  avantik 
assez  marqué  pour  que,  dans  les  circonstances  oii  l'on  est  obligé  d'abréger 
traitement  par  suite  du  dégoût  du  malade^  on  ne  puisse  se  relâcher  de  car 
rigueur  et  permettre  une  très-petite  quantité  d'aliments  féculents  et  variés  ; 

2o  Parmi  ceux  qu'on  peut  admettre  sans  compromettre  l'efficacité  da  trtlt 
ment,  on  peut  compter  le  pain  ordinaire^  très-sec  et  très-cuit,  à  la  dose  • 
60  à  90  grammes  par  jour  ;  le  riz  cuit  à  l'eau  et  accommodé  de  diverses  m 
nières  ;  le  vermicelle,  la  purée  de  pommes  de  terre^  de  haricots  et  de  lentille 
Nous  répétons  que  la  quantité  doit  en  être  très-faible^  et  seulement  de  naloi 
à  pouvoir  varier  la  nourriture.  Ainsi  une  cuillerée  à  bouche  de  riz  ou  d'un 
farine  de  légume  quelconque  suffit.  On  sait,  en  effets  la  grande  augmentatiei 
de  volume  que  ces  diverses  substances  sont  susceptibles  d'acquérir  pir  II 
cuisson^  et  par  conséquent  la  très-petite  quantité  de  fécule  effective  qoi  M 
trouve  ainsi  introduite  dans  l'économie; 

50  L'avantage  principal  qui  résulterait  de  cette  modification  dans  le  régiatt 
serait  évidemment  la  possibilité  de  prolonger  pendant  des  mois  entiers  nn  tnl* 
temeut  que  la  répugnance  des  malades  ou  la  faiblesse  de  leur  volonté  oWf0 
trop  souvent  d'abréger.  {Annales  d'hydrologie  médicale  et  Journal  des  coêt 
naissances  médicales.) 

Acclimatation  du  quinquina  officinal  dans  IHle  de  la  Réunion,  —  LeseM^ 
datent  du  '26  mars  1866^  ainsi  que  M.  Decaisne  l'annonçait  en  présentant  qitl* 
ques  graines  du  chinchona  of/tcinalis  envoyées  par  M.  le  docteur  HoÎM 
direcieur  des  jardins  royaux  de  Kew,  et  qui  provenaient  des  arbres  à  qi!*" 
quina  inlroduils  à  l'Ile  de  Oeylan  par  le  gouvernement  anglais. 

Aujourd'hui  racclimatation  de  cette  plante  est  acquise,  les  habitants  posrroi^ 
donc  combattre  les  fièvres  paludéennes  ou  autres  ;  M.  le  général  Morin  0i  * 
reçu  la  nouvelle  par  une  lettre  que  son  fils  lui  adresse  de  TUe  de  la  Réioii^ 
[Acad,  des  sciences,  20  mars  IS*/!.) 

Nécrologie,  —  Nous  avons  le  regret  d'annoncer  une  perte  bien  leuftl* 
pour  les  hospices  et  la  Faculté  de  Strasbourg^  ainsi  que  pour  la  science,  es  ^ 
personne  de  M.  Uepp,  pharmacien  en  chef  des  hospices  civils  de  cette  ViU^ 
décédé  le  9  février  lb71,  à  l'âge  de  cinquante-deux  ans.  Nos  lecteurs  n'aort^ 
pas  oublié  les  travaux  qui  ont  été  publies  dans  notre  journal^  soit  par  M.  H^ 
lui-même  sur  la  digitale,  soit  en  son  nom  par  M.  le  professeur  Uirtz  9UV^ 
série  des  narcotiques  vireux,  qu'il  avait  soumise  à  un  travail  de  révision. 

Nous  apprenons  également  la  mort  de  M.  Daviers,  directeur  de  l'Ecole  d0 
médecine  d'Angers,  professeur  de  clinique  chirurgicale,  chirurgien  en  fié 
de  rUôlel-Dieu  de  cette  ville,  président  de  l'Association  {médicale  du  déptr^ 
tement  de  Maine-et-Loire. 


Pour  les  artioleê  non  tignés  :  F,  BRICHETBAU. 


—  289  — 
THÉRAPEUTIQUE  MÉDICALE 


•■•des  d'admlnlstratloii  du  aulfat e  de  qainlne  ;  «djiivaiitfl, 

correcllfji,  dotiea; 

Par  M.  le  docteur  Dxuoux  de  Satignac. 

Le  sulfate  de  quinine  a  une  saveur  extrêmement  amère  et  persis- 
tante, qui  le  fait  difficilement  accepter  par  certains  sujets  ou  re- 
pousser absolument  par  d'autres^  si  l'on  ne  s'ingénie  pas  à  masquer 
cette  saveur.  Dans  quelques  états  morbides  graves,  tels  que  le  coma, 
k  syncope,  le  délire,  le  trismus^  1  ingestion  du  sulfate  de  quinine 
'par  la  bouche  est  impossible  ;  son  contact  avec  la  muqueuse  diges- 
five  devient  plus  ou  moins  douloureux  chez  quelques  personnes;  il 
ttt  particulièrement  difficile  à  administrer  aux  enfants;  enfin  son 
Ktion  a  souvent  besoin  d'être  modifiée  ou  renforcée  par  d'autres 
substances.  Il  est  donc  bon  d'avoir  à  sa  disposition  divers  modes 
ifemploi  pour  ce  précieux  médicament,  dont  l'opportunité  est  si 
fréquente,  donl  Taclion  doit  être  assurée,  et  dont  l'intervention  ne 
ivipporte  pas  de  retard  lorsqu'une  indication  impérieuse  la  réclame, 
lowqa'il  s'agit,  par  exemple,  des  fièvres  pernicieuses,  où  l'on  n'a 
ptB  une  minute  à  perdre  pour  combattre  les  accidents  en  cours  ou 
>6(ir  retour  imminent. 

I*  La  manière  la  plus  simple  et  la  plus  expéditive  d'administrer 
^  sulfate  de  quinine  est  de  le  donner  tel  qu'il  sort  de  l'officine, 
c'est-à-dire  en  nature.  On  l'enveloppe  de  pain  azyme,  par  petites 
fractions  plus  ou  moins  considérables,  selon  la  totalité  de  la  dose 
Prescrite,  que  les  malades  avalent  facilement,  pour  peu  qu'ils  y 
Bi^Dt  de  la  bonne  volonté,  et  sans  percevoir  la  saveur  du  médi- 
cament, 

U.  La  forme  pilulaire  dissimule  complètement  la  saveur  des  re- 
iMes;  mais  quelques  individus  ne  savent  pas  avaler  les  pilules,  et 
**  enfants  sont  de  ce  nombre  ;  en  outre,  parmi  ces  derniers,  la  plu- 
P^ne  le  veulent  point.  Ce  n'est  donc  pas  un  moyen  acceptable 
pUftoos  les  sujets.  De  plus,  les  pilules  de  quinine  n'agissent  pas 
^^  vite  que  les  solutions,  surtout  lorsque  les  premières  sont 
'^ches  et  préparées  depuis  longtemps.  Il  faut  donc  au  moins  ne 
^  confectionner  ces  pilules  qu'au  moment  du  besoin  ou  pour 
^-peu  de  jours,  de  manière  qu'elles  soient  consommées  étant 
encore  molles. 

TOME  LXXX.    V  LIVR.  10 


—  290  — 

Le  Codex  indique  la  dose  de  \0  centigrammes  de  sulfate  de  qui 
nine  par  pilule,  leur  donne  pour  excipient  le  miel  blanc  et  dild 
les  argenter.  Je  préfère  et  j'emploie  pour  excipient  le  sirop  ou  l'ex 
trait  d'ëcorces  d'oranges  amères,  comme  adjuvant,  et  aussi  eomm 
correctif  de  Faction  parfois  agressive  de  ce  sel  sur  les  nerfs  gas 
triques;  et  je  n'aime  point,  ni  pour  ces  pilules  ni  pour  aucun 
autre,  l'enrobage  d'argent,  qui  ne  peut  que  contrarier  et  retarde 
la  dissolution  et  Tabsorption  de  la  quinine  dans  l'estomac. 

Il  n'est  pas  rationnel  de  prendre  pour  excipient  des  pilules  cl 
quinine,  comme  le  portent  quelques  formulaires,  la  conserve  d 
roses,  qui  contient  du  tannin,  substance  incompatible  avec  les  aici 
loîdes  végétaux  et  susceptible  de  nuire  à  leur  prompte  et  entièi 
absorption. 

Le  sulfate  de  quinine  en  nature ,  et  surtout  les  pilules^  pès 
parfois  sur  l'estomac,  suivant  l'expression  des  malades,  ou  bie 
irrite  sa  muqueuse  et  détermine  un  peu  d'épisgastralgie.  L'actioi 
topique  du  sulfate  de  quinine  est  irritante  en  effet.  On  la  prévjen 
ou  on  l'annihile,  en  même  temps  que  Ton  favorise  la  dissolution 
du  sel  dans  Teslomac  et  que  Ton  active  son  absorption,  en  faisapi 
boire,  aussitôt  après  Tingestion  du  sulfate  de  quinine  donné  sùfU 
forme  soliile,  quelques  gorgées  d'une  boisson  acide  que  Ton  a  Jut 
préparer  à  l'avance.  On  peut  choisir  une  limonade  au  citroOy  W* 
vinaigre  ou  à  Teau  de  Rabel,  Je  préfère  les  limonades  au  eitron»  ^ 
l'acide  citrique  ou  à  l'acide  tartrique,  parce  que  ces  deux  acidei^ 
outre  leur  propriété  dissolvante,  m'^mt  semblé  posséder  aussi  celte 
de  favoriser,  d'accroître  même  l'action  fébrifuge  du  sulfate  de  qw^ 
nine.  Plusieurs  médecins  italiens  ont  attribué  partie ulièrementoet^ 
dernière  propriété  à  Taci  ie  tartrique,  dont  nous  aurons  à  reparte 
plus  loin. 

C'est  assurément  à  tort,  la  plupart  du  temps,  que  Ton  reprod* 
à  la  quinine  l'inconvénient  de  provoquer  des  gastralgies  par  M 
usage  plus  ou  moins  prolongé.  C'est  surtout  dans  les  contrées  palï** 
déennes  qu'on  lui  voit  adresser  ce  reproche.  Or  les  accidents  g*** 
triques  ne  sont  généralement  pas  imputables  à  cet  alcaloïde,  A 
bienfaisant  pour  les  habitants  de  ces  contrées,  dont  la  reconnais* 
sance  à  son  égard  devrait  être  sans  bornes  ;  c'est  la  cbloro- anémia* 
consécutive  à  l'intoxication  paludéenne,  qui  amène  à  sa  suite  I* 
gastralgie  ou  diverses  formes  de  dyspepsie.  Alors,  en  eflet,  il  peu* 
arriver  que  le  sulfate  de  quinine  soit  difficilement  supporté  pa^ 
j'estomac;  c'est  le  cas  de  lui  adjoindre  l'opium.  L'extrait  d'opioi^ 


—  291  — 

el  de  morphine  ont  non-seulement  davantage  de  favoriser 
nce  du  sulfate  de  quinine,  de  calmer  ou  de  prévenir  son 
ion  douloureuse  sur  la  muqueuse  gastrique  ;  ils  ont  encore, 
Fextrait  d'opium,  la  propriété  de  favoriser  aussi  son  action 
e  et  antipérindique.  Ainsi,  telle  fièvre  intermittente,  rebelle 
ence  du  sulfate  de  quinine  seul,  cédera  souvent  à  Tassocia- 
ce  sel  avec  l'opium.  Cette  association  convient  parfaitement 
ralgies  périodiques,  très-rationnelle  d'ailleurs  en  principe, 
1  Ton  adresse  à  la  fois,  Tun   soutenant  l'autre,  l'opium  à 
it   douleur,   la  quinine  à  l'élément  périodisme.   En  cette 
nce,  je  fais  choix  pour  excipient  de   l'extrait  de  valériane, 
rmule  ainsi  cette  médication  contre  les  névralgies  pério- 

Sulfate  de  quinine 0e,60  - 

Extrait  d'opium 0,05 

Extrait  de  valériane Q.  S. 

*  six  pilules.  A  prendre  en  trois   fois,  à  demi-heure  d'inter- 
[uelques  heures  avant  le  moment  présumé  de  Taccès. 
ulfate  de  quinine,  à  dose  médicamenteuse,  tend  chez  certains 
k  produinîde  la  diarrhée;  à  dose  toxique,  c'est  l'un  des  acci- 
u'il  produit.  Ce  sera  donc  encore  le  cas  de  lui  adjoindre  l'opium, 
lieu  d'assurer  la  tolérance  de  Tinleslin  ,  à  plus  forte  raison 
i  affaire  à  di  s  fièvres  pernicieuses    à  forme  cholérique   ou 
érique.  Celle  association  est  encore  indiquée  en  présence  des 
its  nerveux  qui  compliquent  les  fièvres   inlermittenles,  en 
nt  à  leurs  accès  un  caractère  plus  ou  moins  tranché  de  perni- 
;  tels  sont  le  délire  (fièvre  pernicieuse  délirante) ,  un  violent 
de   côté  (fièvre  pernicieuse  péripnenmoni  |ue) ,  une  cépha- 
intense  pendant  l'accès,  sans  perniciosité  bien  accusée  ;  ici 
Eère  la  morphine.  J'ai  vu  aussi  l'union  soit  de  1  ou  2centi- 
oes  de  sulfate  ou  de  chlorhydrate  de  morphine,  soit  de  2  ou 
jgrammes  de  codéine  avec  50  ou  60  centigrammes  de  sul- 
le  quinine  réussir  mieux  que  le  sulfate  de  quinine  seul  contre 
halée  fréquente,  habituelle,  sans  périodicité  marquée. 
Le  sirop  de  sulfate  de  quinine  se  prépare  ainsi,  d'après  le 


i  • 


Sulfate  de  quinine Ok,50 

Acide  sult'urique  au  dixième 0  ,50 

Sau  distillée 4  ,00 

Sirop  de  sucre  incolore 95  ^QQ 


—  292  — 

Délayez  ie  sulfate  dans  Teau  distiilée;  ajoutez  Facide  snlfi 
rique  étendu  ;  mélangez  la  dissolution  avec  le  sirop  de  suer 
20  grammes  de  ce  sirop  contiennent  iO  centigrammes  de  sulfa 
de  quinine.  Ce  sirop  est  spécialement  destiné  aux  enfants;  mais 
est  amer ,  à  ce  titre  ne  leur  plaît  points  et  par  conseil uent  ne  coi 
stitue  pas  pour  eux  un  meilleur  mode  d'administration  de  la  qi 
nine  que  d'autres  dont  nous  parlerons  tout  à  Theure. 

lY.  La  solution  de  sulfate  de  quinine  est  incontestablenoent 
meilleure  forme  pour  l'emploi  interne  de  ce  médicament.  C'est  < 
l'ingérant  en  solution  dans  i^estomac  qu^il  est  le  plus  vite  absorh 
que  son  action  est  le  plus  prompte.  C'est  ainsi,  par  exemple^  qo^; 
doit  être  administré  lorsque  Ton  veut  en  quelque  sorte  frapper  oi 
grand  coup  en  faisant  pénétrer  rapidement,  d'emblée^  une  fort 
dose  de  quinine  dans  l'organisme  Parfois,  en  administrant  d'un  sen 
coup<ren  solution,  toute  la  dose  de  sulfate  de  quinine  prescrite 
on  parvient  à  conjurer  certains  accès  de  fièvre  mieux  qu'en  fraction 
nant  cette  dose  pendant  Tapyrexie.  C'est  la  première  de  ces  dm 
méthodes  que  préférait  Bretonneau  ;  c'est  elle  aussi  qui  est  la  plu 
commode  à  suivre  dans  les  hôpitaux  où  les  endémies  paludéenne 
réunissent  un  grand  nombre  de  fébricitants.  Là^  en  efTct^  à  Thear 
des  visites,  aussitôt  la  prescription  faite  par  le  médecin,  le  phai 
macien  fait  boire^  séance  tenante,  la  mesure  voulue  d'une  solutio 
titrée  de  quinine  préparée  à  Favance  ;  grâce  à  ce  procédé  expédit 
et  commode,  nul  malade  ne  se  soustrait^  sous  un  prétexte  quelcoc 
que,  à  l'exécution  de  l'ordonnance , 

Le  sulfate  de  quinine  des  pharmacies  est  un  sel  basique^  peu  ^ 
lubie  dans  Teau,  un  peu  plus  dans  l'alcool.  Afin  d'exercer  ais^ 
ment  sa  dissolution,  on  le  transforme^  non  en  sulfate  acid* 
comme  on  le  disait  naguère,  mais  en  sulfate  neutre^  lequel  o 
beaucoup  plus  soluble;  pour  cela^  on  ajoute  au  dissolvant  qu& 
ques  gouttes  d'acide  sulfurique  ou  d'eau  de  Rabel.  Rappelons  qt» 
Veau  de  Rabel^  ou  acide  sulfurique  alcoolisé,  est  un  mélange  ^ 
\  partie  d'acide  sulfurique  et  3  parties  d'alcool,  coloré  en  roui 
par  des  pétales  de  coquelicot  ;  c'est  elle  que  je  préfère  ;  il  en  fa^ 
environ  1  goutte  pour  dissoudre  5  centigrammes  de  sulfate  ^ 
quinine  (Dorvault). 

La  solution  aqueuse  de  sulfate  de  quinine,  acidifiée  quantvt^ 
satis,  sert  pour  l'usage  interne  :  potions,  lavements,  injections  hj 
podermiques.  Elle  possède  la  saveur  très-amère  et  très-persistaa^ 
du  sel  quinique  ^  on  la  donne  telle,  néanmoins,  par  la  bouche. 


—  293  — 

^  «vjet  veut  bien  prendre  son  parti  de  cette  saveur,  sinon  ou  cher* 
l^era  àla  masquer  par  quelques  correctifs  dont  nous  parlerons  plus 
oîn. 

La  solution  alcoolique  a  une  saveur  moins  désagréable,  parce 
C|^e  la  saveur  amère  se  combine  mieux  avec  celle  de  Talcool^ 
parce  que  cette  combinaison  même  plait  à  beaucoup  d'individus^ 
comme  le  prouve  le  goût  très-répandu  de  Tabsinthe,  du  bitter^  du 
vermouth  et  autres  liqueurs  amères.  En  outre^  l'action  de  Talcool 
"vient,  en  certaines  circonstances,  appuyer  Taction  fébrifuge  de  la 
quinine^  et  contre-balancer  son  action  hyposthénisante.  C'est  parti- 
culièrement dans  les  contrées  marécageuses  que  cette  association  est 
utile;  j'engage  donc  à  y  recourir,  plus  souvent  que  Ton  n'y  songe, 
contre  les  affections  périodiques  d'origine  paludéenne.  J'ai  vu  les 
paysans  de  l'Aunis  avoir  grande  confiance  en  la  dissolution  de  qui-- 
Bine  dans  l'eau-de-vie  pour  se  débarrasser  des  fièvres  de  leur  pays  ; 
et  quelques-uns  y  ajoutaient  du  poivre,  qui  a  été  aussi,  comme  on 
le  sait,  réputé  fébrifuge.  Ce  remède  est  un  peu  roide  pour  le  gosier 
et  l'estomac,  mais  souvent  il  est  réellement  efficace. 

Le  sucre  rend,  au  goût  de  quelques  individus,  l'amertume  du 
sulfate  de  quinine  un  peu  moins  désagréable.  On  peut  alors  le  leur 
^nner  en  potion,  édulcorée  avec  30  à  40  grammes  de  sirop.  Ce 
serait  le  cas  d'employer  le  sirop  d'opium  ou  celui  de  morphine,  si 
l'on  voulait  unir  l'action  des  opiacés  à  celle  de  la  quinine.  En  em- 
ployant le  sirop  d'écorces  d'oranges  amères  on  ne  rend  pas  sen- 
nblement  plus  forte  la  saveur  amère  de  la  potion,  et  on  la  corrige 
^nie  un  peu  par  le  parfum  propre  au  sirop.  Enfin  le  sirop  d'o- 
fuiges  est  aussi  un  léger  correctif  qu'il  est  bon  de  signaler. 
Voici  un  exemple  de  l'une  de  ces  potions  quininées  : 

Sulfate  de  quinine 08,60 

Eau  distillée 120  ,00 

Sirop  d'oranges 30  ,00 

Eau  de  Rabel 5  ou  6  gouttes. 

En  vue  d'obtenir  les  avantages  attribués  plus  haut  à  l'alcool,  on 
peut  prescrire  des  potions  hydro- alcooliques  dans  lesquelles  un 
Ittart.  un  tiers,  la  moitié  de  l'élément  aqueux  est  remplacé  par 
1  équivalent,  en  volume  ou  en  poids,  de  rhum  ou  d'eau-de-vie. 

M,  Piorry  emploie  et  recommande  cet  alcoolé  de  quinine  : 

Quinine  brute 50g,00 

Alcool 350  ,00 

Eau  distillée 350,00 


—  294  — 

Chaque  cuillerée  représente  50  centigrammes  de  sulfate  de  qui- 
nine. (  Annuaire  de  Bouchardat ^  1847.) 

Je  suis  de    Ta  vis  de   M.  Dorvault  (Officine),  que,  le  médecin 
n'ayant  pas  indiqué  dans  la  formule  d^ine  solution  de  sulfate  de 
quinine  l'addition  d'acide  sulfurique  ou  d'eau  de  Rabel,  le  phar 
macien  n^en  doit  pas  moins  faire  cette  acidification ,  nécessaire  pou 
disFOudre  le  sel  ;  c'est  d'ailleurs  l'accompli ssement  du  secunda 
ariem  inscrit  ou  impliqué  dans  toute  ordonnance  de  médecin 
Mais  tout  autre  composé  acide  que  les  deux  précités  ne  doit  êtr 
employé  par  le  pharmacien  que  s'il  est  iormellement  indiqué 
le  médpcin. 

Y.  On  a  beaucoup  recommandé  en  Italie  l'emploi  de  l'acide  ta: 
trique  comme  moyen  non-seulement  de  favoriser  la  dissoluti 
du  sulfate  basique  de  quinine^  mais  d'augmenter  ses  propriét 
fébrifuges.  Le  sulfo-tartrate  qui  résulte  de  là  a  une  saveur  moi 
austère  et  moins  désagréable  que  le  sulfate  neutre  de  quinine.  H 
diqué  d'abord  par  M.  Righini,  puis  par  M.  Ruspini,  Tacide  tCLX*- 
trique  devait^  d'après  ces  deux  pharmaciens,  être  ajouté  dans   la 
proportion  de  is,!20  par  gramme   de  sulfate  basique  de  quiniïie. 
M.  Gasorati,  pharmacien  à  Turin^  a  expérimenté  qu^une  aussi 
forte  proportion  d'acide   tartrique   n'est  pas  nécessaire,  et   qu'il 
suffit  de  5  centigrammes  de  cet  acide  pour  dissoudre  15  centi*' 
grammes  de  sulfate  basique  de  quinine. 

Voici  la  formule  que  donne  M.  Gasorati  pour  une  potion   sU 
sulfate  de  quinine  soluble  à  administrer  à  un  adulte  : 

Sulfate  de  quÎDÎne.  .  , 08,60 

Acide  tartrique 08,50  et  même (¥t^ 

Sirop  d'oranges  ou  de  menthe 45,00 

Toutefois,  si  l'on  ne  veut  pas  se  borner  à  obtenir  la  dissolution 
du  sulfate  de  quinine,  mais  faire  valoir  les  propriétés  fébrifuges  d^ 
l'acide  tartrique  associé  au  sultate  de  quinine,  comme  s'y  est  atta- 
ché le  docteur  Laça ve.  il  sera  évidemment  préférable  de  l'imiter  e0 
adoptant  la  formule  Righini-Ruspini. 

Toutes  les  considérations  relatives,  dans  Tespèce,  à  l'acide  tar- 
trique sont  applicables  à  l'acide  citrique,  lequel  me  parait  rntoc 
préférable,  La  limonade  citrique,  et  surtout  celle  préparée  avec  ^^ 
citron  frais,  est  tout  à  fait  une  boisson  agréable  aux  fébricitants  ci 
un  remède  tempérant  parfaitement  indiqué  dans  le  cours  d'uu  accès 
de  fièvre.  I  ^^ 


—  295  — 

VI.  L'infusion  de  café  torréfié  et  l'infusion  de  thé  masquent  Pa- 
mertume  du  sulfate  de  quinine,  mais  beaucoup  moins  qu'on  Ta  pré- 
tend u.  La  première  a  élé  proposée  à  cet  efiFet  par  M.  Desvouves,  la 
seconde  par  M.  Thélu^  et  toutes  deux  ont  donné  lieu  à  plusieurs  tra- 
vaux et  expériences  dont  on  peut  lire  les  détails  dans  le  Répertoire 
de  pharmacie,  1847,  et  le  résumé  dâLUèV Annuaire  de  Bouchardat, 
dlS4r8.  La  diminution  d'amertume  du  sulfate  de  quinine,  dans  les 
infusions  de  café  et  de  thé,  a  lieu,  d'une  part,  parce  qu'il  s'y  délaye, 
s'y  suspend  plutôt  qu'il  ne  se  dissout,  et  d'autre  pari,  parce  qu'il 
est    précipité  par  le  tannin  et  les  matières  coloranies  de  ces  infu- 
sions. Toujours  est-il,  et  encore  avec  la  précaution  d'ajouter  plus 
ou  moins  de  sucre,  et  un  peu  de  lait  si  on  veut,  que  c'est  un  assez 
^n  moyen  d'(»fifrir  ce  sel  aux  enfants  en  leur  en  d.érobant  quelque 
peu  la  saveur.  Mais  la  décomposition  qu'il  subit  nuit-elle  à  son  ac- 
tion î  Je  ne  le  pense  pas,  et  l'expérience  ne  l'a  pas  démontré,  parce 
9ue  les  précipités  humides  et  tout  récents  de  quinine  dans  ces  infu- 
*ïc>tis,  en  arrivant  dans  le  milieu  acide  de  l'estomac,  v  reviennent 
.  ^ai  semblablement  très-vite  à  Télat  soluble,  et  ainsi   se  prêtent 
enoore  à  une  assez  prompte  absorption.  Mais  il  est  évident  qu'en 
înti^^duisant  la  quinine  à  l'état  soluble  dans  Testomac,  elle  agira 
plu.^  vite,  et  qu'il  faudra  se  comporter  en  conséquence  lorsqu'il  y 
4ttï*^  intérêt  à  abréger  le  plus  possible  le  délai  dans  lequel  doit  opé- 
J^*^**   le  médicament.  En  pareil  cas,  je  conseille  de  délayer  dans  une 
'^^  t^sion  de  café  torréfié  la  dose  prescrite  de  sulfate  de  quinine 
^[  •i'y  ajouter  quelques  gouttes  du  jus  exprimé  d'un   citron.  La 
•^'s  Solution   de   la  quinine  qui    en    résulte  fait  réapparaître  son 
^"*^^rtume,  mais  en  la  corrigeant  sensiblement;  et  cette  préparation, 
P^^^r  peu  surtout  qu'on  Tédulcore  convenablement,  n'a  rien  dedésa- 
^^able  au  goût;  je  l'ai  vue  très- bien  acceptéi»  par  beaucoup  d'en- 
^'^^^ts.  En  outre,  elle  a  des  propriétés  antipériodiques  et  fébrifuges 
"^^-développées  auxquelles  le  café  par  lui-même  semble  concourir. 
^    la  recommande  aussi  contre  les  céphalalgies  nerveuses,  mieux  à 
^^rdébul  que  pendant  leur  cours,  contre  la  migraine,  par  exemple. 
^^'^  Us  ce  mélange,  tout  porte  contre  l'alfection  que  Ton   attaque: 
^  café,  céphalique  par  excellence  ;  du  citrate  de  c.iféine,  que  doit 
^'^ proviser  l'immixtion  du  jus  de  citron  ;  la  quinine,  arme  souvent 
*^^ureuse  contre  les  névralgies.  Eu  supprimant  le  sucre,  pour  le  cas 
^C  névralgies  crâniennes  ou  faciales,  non  pour  celui  de  fièvre,  le 
^^mède  m'a  toujours  paru  mieux  agir  :  comme  si  un  ébranlement 
Nerveux,  sorte  d'action  réflexe,  résultat  de  la  dégustation  des  prin- 


—  296  — 

cipes  amerSf  contribuait  pour  sa  part  à  modifier  avantageusemenl 
Tétat  névralgique  ;  ce  qui  a  lieu  du  reste  pour  certaines  névralgies 
ou  névroses  de  l'estomac,  dont  souvent  on  triomphe  en  laissant  k 
sens  gustatif  éprouver  la  sapidité  des  amers  mieux  qu^en  la  loi 
épargnant. 

VIL  M.  Petzold  a  proposé  le  miel  pour  dissimuler  ou  amoindrii 
la  saveur  du  sulfate  de  quinine,  administré  aux  enfants  {Annuam 
de  Bouchnrdût^  1847).  On  peut  en  essayer.  Nous  savons  tous  que, 
dans  le  même  but^  on  emploie  les  confitures,  les  pulpes  de  fruits 
cuits.  Mais  l'enfant,  en  dégustant  tous  ces  mélanges,  retrouve  li 
saveur  qui  lui  répugne,  et  repousse  le  remède.  Il  est  encore  pin- 
facile,  de  gré  ou  «ie  force,  de  le  faire  boire. 

C'est  ici  le  cas  de  rappeler  que  Trousseau  donnait  à  ses  petk 
malades  la  quinine  brute,  substance  peu  sapide,  que  Ton  roule  m 
pilules  de  5  centigrammes,  en  la  ramollissant  entre  les  doig 
échauffés.  Ces  pilules  sont  ensuite  dissimulées  dans  des  confiture 

YlII.  La  méthode  iatraliptique,  qui  consiste  à  faire  pénétrer^  ^ 
plutôt  à  tâcher  de  faire  pénétrer  les  médicaments  dans  Porganisvi 
par  l'enveloppe  extérieure,  n\)ffre  aucune  chance  certaine  de  suce: 
à  la  médication  quinique.  La  peau,  intacte  et  saine,  n'absorbe  cf' 
très-peu  et  lentement  les  particules  médicamenteuses  ;  encore  fa'iml 
que  celles-ci  soient  et  restent  solubles  dans  les  humeurs  sécréta 
par  la  peau.  Or,  d-un  côté  le  sulfate  de  quinine  ne  serait  solut 
et  absorbable  qu'à  la  faveur  des  sécrétions  acides  ;  et,  d'un  dXMi 
côté,  les  sécrétions  cutanées  sont  alcalines  dans  les  plis  articulais 
et  acides  sur  le  reste  de  la  surface  du  corps.  Cependant,  par  ui 
erreur  née  de  l'ignorance  ou  de  Toubli  des  conditions  physiologiqu 
de  la  peau,  les  partisans  de  Temploi  du  sulfate  de  quinine  par 
méthode  iatraliptique  ont  généralement  conseillé  de  le  porter,  it 
corporé  à  Taxonge,  qui  ne  peut  elle-même  que  gêner  son  absorption 
dans  les  plis  articulaires,  et  particulièrement  dans  le  creux  de  Tais 
selle.  C'est  précisément  ailleurs,  au  contraire,  qu'il  faudrait  tente' 
de  forcer  les  portes  de  l'absorption,  par  exemple  sur  la  face  intem* 
des  bras,  des  avant-bras  et  des  cuisses,  oîi  la  peau,  plus  délicate 
et  plus  fine,  offre  plus  de  chances  de  se  laisser  pénétrer.  En  ootrc^ 
on  devrait  prendre  pour  excipient  l'alcool  ou  la  glycérine,  mie*** 
celle-ci  peut-être,  parce  qu'elle  favorise  Tabsorplion  des  substances 
qu'elle  tient  en  dissolution.  Et  cependant,  en  choisissant  ration* 
nellement  la  surface  d'absorption,  en  agissant  au  mieux  pour  rio"' 
biher  et  la  traverser  par  des  frictions  continues  ou  répétées  à  courts 


—  297  — 

infterTalles^  on  ne  parviendrait  à  introduire  dans  l'organisme^  même 
en  se  servant  d'alcoolé  ou  de  glycérolé  de  quinine,  qu'une  minime 
quantité  de  cet  alcooloîde  après  en  avoir  employé  une  énorme.  Il  y 
a  di:i  temps  et  de  Targentà  perdre  dans  des  tentatives  de  ce  genre^ 
peu  d'espoir  à  fonder  sur  leur  résultat  thérapeutique,  et  il  faudrait^ 
pour  y  recourir,  être  dans  Fi  m  possibilité  d'user  de  tout  autre  moyen 
plus  rationnel  d'introduction. 

I^tes  propriétés  absorbantes  étant  moins  contestables  dans  les  mem- 
branes muqueuses^  il  vint  Tidée  à  Ducros  de  faire  pénétrer  le  sul- 
fate de  quinine  à  travers  celle  de  la  bouche.  Dans  ce  qu'il  appelait 
la  méthode  buccale^  le  sulfate  de  quinine  dissous  dans  Téther  et 
employé  en  frictions  sur  la  langue^  sur  la  face  interne  des  joues, 
porté  sur  le  voile  du  palais  et  jusque  sur  le  plancher  vertébral  du 
pharynx,  devait,  selon  lui,  à  la  dose  de  5  centigrammes,  agir  plus 
fortement  qu'à  celle  de  2  grammes  introduite  dans  Testomac  ou 
dans  le  rectum,  et  manifester  en  outre  une  remarquable  instanta- 
néité d'action.  Je  n'en  ai  point  fait  l'épreuve^  et  je  doute  néanmoins 
des  merveilles  de  cette  méthode  préconisée  par  son  auteur  contre 
les  fièvres  intermittentes  pernicieuses  et  contre  les  tics  douloureux 
^^mporo-faciaux.  Je  ne  connais  aucun  fait  clinique  en  sa  faveur; 
jc  vue  borne  donc  à  la  rappeler  ici,  sans  pouvoir  apprécier  l'éten- 
due ou  les  limites  de  son  utilité. 

[La  suite  prochainement.) 


THÉRAPEUTIQUE   CHIRURGICALE 


•ppllealloiiii  de  rendoseope^  son  nlilICé  dans  le   Irailemen* 
des  «IfecUonM  de  erriAinat  orfpanes  ; 

Par  M.  Edouard  Labarraqub,  ioteroe  des  hôpitaux  de  Paris. 

Le  succès  dans  Tart  de  guérir  a  toujours  supposé  une  grande 
P*^ision  dans  le  diagnostic  des  maladies  ;  c*est  pourquoi  tous  les 
""doyens  qui  pouvaient  amener  à  cette  sûreté  de  la  diagnose  ont,  à 
■*  juste  titre,  acquis  dans  la  pratique  journalière  une  importance 
^ilale.  Aussi,  abstraction  faite  des  commémoratifs  et  des  symptô- 
^^  généraux,  les  signes  fournis  par  l'inspection  des  organes,  soit 
'^feclement,  soit  au  moyen  d'appareils  s|)ëciaux,  ont-ils  élé  Tobjet 


d'études  particulières,  suivies,  pleines  d'intérêt  et  fécondes  en  ré? 
sultats  pratiques.  C'est  à  ce  titre  que  l'endoscope  peut  très-équita- 
blement  entrtT  dans  !e  cadre  des  travaux  de  ce  recueil;  c*est  un  de 
ces  instruments  auxquels  il  faut  savoir  gré  des  indications  qu'ils 
fournissent  pour  Tétude  et  le  traitement  des  affections  d'organes 
cachés  à  l'intérieur  du  corps:  en  mettant  sous  les  yeux  les  lésions 
elles-mêmes,  en  permettant  d'en  préciser  le  siège,  il  vient  puissam- 
ment en  aide  à  la  thérapeutique  chirurgicale  ;  grâce  à  lui,  on  ne 
va  plus  aveuglément  porter  au  sein  des  conduits  naturels,  des  io** 
struments  ou  des  agents  modificateurs  ;  on  voit,  on  arrive  sur  le 
point  qui  est  le  siège  du  mal,  et  Ton  ne  risque  pas^  en  voulant  gué- 
rir, d'atteindre  et  de  nuire  autre  part. 

Nuus  allons  indiquer  brièvement  les  avantages  de  cet  instni* 
ment,  tels  que  nous  avons  pu  les  constater  dans  le  service  de  not 
excellent  maître,  M.  le  docteur  Désormeaux,  à  l'hôpital  Necker. 

L'endoscope  peut  servir  au  traitement  de  certaines  maladies 
Turèthre,  de  la  prostate,  de  la  vessie,  du  rectum,  de  l'utérus,  di 
fosses  nasales,  de  Pœsophage  et  en  général  des  conduits  et  d 
cavités  du  corps  humain.  Les  applications  à  l'urèthre,  à  la  prosta 
et  à  la  vessie  ont  déjà  été  signalées  ;  il  n'en  est  pas  de  même 
Tétude  des  lésions  du  rectum^  de  Tutérus,  des  fosses  nasales  et 
Tœsophage,  étude  que  nous  avons  basée  en  partie  sur  desfa..i^< 
observés  par  nous,  et  en  partie  sur  les  riches  documents  conser^/^^^ 
par  M.  Désormeaux. 

La  description  de  l'appareil  ne  nous  occupera  pas  ici  (1)  ;  il  no"»** 
suffira  de  dire  que  l'éclairage  se  fait  latéralement,    et  que  la     1**" 
mière  est  réfléchie  au   moyen   d'un  miroir  incliné  à  45  depr^^f 
percé  en  son  centre  d'un  trou  qui  permet  de  voir  à  l'intérieur  de   ^* 
sonde.  Ajoutons  aussi  que  l'introduction  des  sondes  endoscopiqti^^ 
repose  sur  le  principe  du  cuthétérisme  par  les  instruments  droite* 

• 

Parmi  les  aflections  de  l'urèthre,  nous  nous  arrêterons  un  instao* 
sur  les  ulcérations,  les  rétrécissements,  les  fistules  et  les  polyp^^" 

Les  ulcérations   sont  dues,  la  plupart  du  temps,  à  la  blenD^i^ 
rhagie  ou  à  la  blennorrhée  qui  lui  succède  ;  dans  d'autres  cas,  eli^^ 

(1)  Voir  De  Vendoscove  et  de  ses  applications  au  diagnostic  et  au  traita 
ment  des  affections  de  Curèthie  et  de  la  vessie,  Ltçons  faites  à  l'bôpilal  N«^ 
ker  par  A.  J.  Désormeaux,  in-8"j  Par  s,  1865,  chez  J.-B.  Bailliëre.  Voir  a"**' 
le  cumple  rendu  de  cet  ouvrage  dans  le  Butletin  de  Thérapeutique,  t.  LXYlH; 


p.  5J8.  1^? 


—  2t9  -- 

ont  une  origine  arthritique  ou  herpétique.  L'examen  seul  de  1< 
lésion  peut  fixer,  dans  ces  cas,  sur  le  diagnostic  et,  par  suite, 
indiquer  le  traitement  à  employer. 

Lorsque  vous  examinez  à  Tendoscope  un  urcthre  affecté  d'un 
Roulement  chronique,  suite  d'uréihrite  spôcitique,  vous  trouvez^ 
dans  les  portions  bulbeuse  et  membraneuse,  des  ulcérations  d'un 
aspect  particulier,  caractérisées  par  la  présence  de   granulations 
analogues  de  tout  point  à  celles  que  Ton  observe  sur  la  conjonc- 
tive, donnant  à  la  muqueuse  que  Ton  aperçoit  l'apparence  d'une 
znûre  ;    parfois  ces  granulations,    très-vasculaircs ,  saignent  au 
moindre  contact.  Cette  lésion,  qui  peut  occuper  2  à  4  centimètres 
de  la  longueur  de  Turèthre,  ne  se  trouve  que  dans  ce  seul  point; 
c'est  là  un  caractère  spécial.  Elle  peut  entraîner,  comme  symptômos 
C^ënéraux,  de  la  pesanteur  au  périnée,  de  la  chaleur  ou   un   cha- 
touillement particulier  lors  du  passage  de  Turine,  un  certain  degré 
de  dysurie^  suite  de  l'engorgement  des  tissus  sous-muqueux. 

I^  véritable  traitement  à  appliquer  dans  ce  cas,  et  le  seul  du 
i^ttte  qui  soit  efficace^  est  ce!ui  de  la  granulation  ;  une  cautérisation 
•-▼ec  la  solution  de  nitrate   d'argent  tous  les  trois  ou  quatre  jours, 
portée  directement  avec  l'endoscope  sur  le  siège  de  1  ulcération. 
Jointe  à  la  suppression  complète  des  rapports  sexuels,  suffit  en  gé- 
^^ral  |)Our  triompher  assez  rapidement  de  cette  maladie,  parfois 
**^s-rebelle.  Un  régime  sage  et  modéré,  qui  évite  l'usage  des  alcooli- 
ques, l'administration  simultanée  du  sulfate  de  quinine  et  des  bains 
^'iiiples  après  les  cautérisations,  les  injections   avec   la   décoction 
^e  roses  de  Provins,  sont  aussi  de  fort  bons  adjuvants.  C'est  aifisi 
^Ue  M.  Désormeaux  est  parvenu  à  guérir  des  ulcérations  ancien- 
^es,  remontant  à  plusieurs  années  (une  à  onze  ans,  une  à  quarante 
^8)  et  entraînant  avec  elles,  lors  d'un  excès  quelconque,  ces  bien- 
^orrhagies  à  répétitions  que  Ton  observe  si  souvent  dans   la  pra- 
^ue. 
Une  autre  forme  des  ulcérations  du  canal,  en  rapport  avec  les 
^tluences  saisonnières,  provient  évidemment  d^une  source  arlhriti- 
leou  herpétique  ;    ici   point  de  caractères  différentiels  entre   les 
Ux  sortes  de  lésions  ;  mais  elles  se  distinguent  des  précédentes, 
r  ce  fait  qu'elles  sont  disséminées  çà  et  là,  et  souvent  dans  une 
^nde  étendue  ;  comme  les  plaques  d'iierpès,  elles  sont  fugaces  et 
Mraissent  assez  rapidement^  ou  bien,  si  la  lésion   par.til    plus 
îonde,  un  examen  altentit  permet  de  reconnaître,  qu'au  lieu  de 
ies,'les  inégalitob  forment  des  enfoncements  comparables,  non 


—  300  — 

plus  à  la  surface  d'une  mûre,  mais  aux  dépressions  d^une  peau 
d'orange. 

Ici^  le  traitement  général  prédomine  :  bains  alcalins,  arsenicaux, 
eaux  minérales  alcalines^  liqueur  de  Fowler,  etc.;  localement^ 
Thuile  de  cade  réussit  très-bien  là  où  échoue  le  nitrate  d*argent. 

Les  rétrécissements  de  l'urèthre  sont,  plus  que  toute  autre  af- 
fection de  ce  canal,  justiciables  de  l'endoscope.  En  effet,  cet  in— 
strument  permet  de  constater  de  visu  quel  est  Tétat,   quelle  est  1^^^ 
nature  de  la  coarctation. 

Tout  d'abord,  disons  que  le  rétrécissement  peut  succéder  à  le^ 
blennorrhagie,  ou  à  un  traumatisme  de  Turèthre,  ou  aux  deux  caus^  ^ 
réunies  dans  cette  manœuvre  absurde  qui  consiste,   pendant  uimc^ 
blennorrhagie  aiguë^  à  rompre  la  corde,  comme  on  dit  vulgaire — 
ment. 

De  là  plusieurs  sortes  de  rétrécissements.  Au  début  d'une  chaula— 
pisse,  s'il  y  a  diminution  du  jet  de  Turine,  il  faut  l'attribuer  à  Icl 
violence  de  l'inflammation  qui  entraîne  un  gonflement  de  la 
queuse  uréthrale  ;  là,  le  traitement  de  l'uréthrite  est  seul  à  ei 
ployer,  et  il  triomphe  aisément  de  la  coarctation.  Plus  tard,  lorsq^ 
le^suites  de  la  blennorrhagie  ont  disparu  peu  à  peu^  et  que  le 
lade  a  vu  son  jet  d'urine  diminuer  progressivement  et  devenir  OI£- 
forme,  c'est  qu'il  y  a  eu  rétraction  de  tissu  et  formation  d'un  ré- 
trécissement inodulaire,  dur,  le  même  qui  se  produit  après  une 
déchirure  de  l'organe.  Entre  ces  deux  états  extrêmes  se  place  u  zi 
état  intermédiaire,  qui  répond  à  l'existence  des  ulcérations  deTiirÂ^ 
thre  où  le  tissu  sous-muqueux  n'a  pas  encore  atteint  toute  la  r^' 
traclilité  et  toute  la  dureté  du  tissu  de  cicatrice. 

L'endoscope  permet  d'apprécier,  à  la  couleur,  la  difi'érence  <î^' 
ces  deux  derniers  ordres  de  rétrécissements.  Dans  le  dernier  cas^  -* 
indique  les  moyens  cités  plus  haut  de  guérir  les  ulcérations,  ^ 
ensuite,  il  montre  la  dilatation  comme  susceptible  de  réussir  tar^^ 


c» 


-i 


qu'il  n'existe  pas  encore  un  tissu  inodulaire.  Pour  ce  qui  est 
rétrécissement  fibreux,  inexteusible,  rebelle  à  la  dilatation,  l'end^ 
scope  permet  d'apercevoir  une  cicatrice  blanchâtre  ou  d'un  gi'  •*  * 
jaunâtre,  bien  différente,  du  reste,  de  la  coloration  rosée  de  l'ur^-^' 
thre  sain.  Il  en  fait  voir  la  position,  il  en  permet  l'exploration  fu  "^^ 
moyen  d'un  stylet,  enffn,  il   fournit  les  indications  de  l'uréthrc 
tomie  endoscopique.   Et  ici,  que  Ton  nous  permette  d'insister  si 
ce  fait,  que  Turéthrotomie,  pratiquée  avec  le  secours  deTendoscoi 
]*résente,  sur  Turcthrotomie  ordinaire,  cet  avantage  énorme,. qi 


—  301  — 

Ton  est  bien  sûr  de  faire  porter  son  incision  sur  la  cicatrice  blan- 
châtre, et  que  Ton  évite  ainsi  d'atteindre  avec  Tinslruraent  tran- 
chant une  portion  saine  du  canal.  Les  deux  observations  sui- 
vantes, de  rétrécissements  dus,  l'un  à  un  traumatisme  direct,  l'autre 
a  des  blennorrhagies  répétées,  fixeront,  du  reste,  dans  l'esprit  les 
avantages  de  l'endoscope  : 

R...,  entre  salle  Saint- Pierre,  n®  29,  le  10  avril  1865.  Blennor- 
rhagies anciennes,  rétrécissement  qui  admet  le  numéro  10  (Ghar- 
rière),  mais  résiste  à  la  dilatation  ;  l'endoscope  y  montre  un  peu  de 
^granulations.  Le  13,  incision  endoscopique  à  la  partie  supérieure, 
passage  d'une  grosse  sonde.  Le  20,  douleur  au  périnée.  Le  29, 
ouverture  d'un  abcès  du  périnée,  sans  communication  avec  Turè- 
thre  et  remontant  sur  les  côtés  du  rectum.  Le  25  mai^  le  malade, 
guéri,  demande  à  sortir. 

H...,  Etienne,  trente  ans,  journalier,  entre,  le  4  avril  1870,  à 
1* hôpital  Necker,  salle  Saint-Pierre,  n°  32,  pour  un  rétrécissement 
Q.vec  fistule  urinaire  en  forme  de  cul-de-poule,  siégeant  à  la  partie 
ncioyenne  des  bourses.  Il  raconte  qu'il  y  a  dix  ans,  il  est  tombé  à 
cheval  sur  le  bord  tranchant  d'un  cuvier  qu'il  a  pissé  du  sang,  mais 
<Iu'îl  s'est  rétabli  assez  vite,  avec  un  certain  degré  de  rétrécissement 
toutefois;  car,  ajoute-t-il,  son  jet  d'urine  n'a  plus  été  dès  lors  que 
les  deux  tiers  de  ce  qu'il  était  auparavant. 

Au  mois  de  novembre  11^69 ,  c  est-à-dire  environ  cinq  mois 
^vant  son  entrée  à  l'hôpital,  sans  cause  connue,  sans  excès  d'au- 
<^une  sorte,  sans  avoir  jamais  eu  de  chaude-pisse,  il  est  pris  d'un 
Sonflement des  parties,  avec  rougeur  et  chaleur:  application  de 
Sangsues,  formation  d'un  abcès  qui  s'ouvre  de  lui-même,  et  établis- 
sement d'une  tistule  urinaire  ;  dès  lors,  rétrécissement  urethral  qui 
^''est  prononcé  de  plus  en  plus;  Turine  n'a  plus  cheminé  qu'au  tra- 
ders de  la  fistule.  On  dilate  pendant  dix  jours,  avec  des  bougies 
4'ëtain,  le  canal  jusqu'au  voisinage  du  rétrécissement,  et,  le 
^  4  avril;  Tendoscope  permet  d'apercevoir  un  tissu  blanc  de  cicatrice 
^ur  toute  la  circonférence  de  l'urèthre,  mais  plus  particulièrement 
&  la  partie  supérieure. 

Après  six  incisions  consécutives,  qui  ont  porté  sur  une  longueur 
<)e  plus  de  2  centimètres  du  canal,  toutes  opérées  avec  le  secours  de 
l'endoscope,  les  28  avril,  19  mai, 2, 9,  23juin  et4  août,  et  l'emploi 
progressif  des  bougies  Béniqué,  du  numéro  31  au  numéro  45,  le 
Daaiade,  arrive  à  uriner  convenablement;  et,  vers  le  milieu  d'août  il 
flemande  à  sortir;  la  fistule  s'était  guérie  d'elle-même,  depuis 
Quinze  jours  environ.  Depuis  lors,  il  n'a  plus  reparu. 

Les  fistules  uréthrales  sont  occasionnées  par  des  rétrécissements, 
ou  par  des  lésions  traumatiques  du  canal  de  l'urèthre.  De  toutes 
les  affections  de  ce  conduit,  il  en  est  peu  qui  soient  plus  pé- 


uibles  pour  les  malades,  et  qui  les  obligent  à  un  plus  grand  nom- 
bre de  soins  journaliers. 

Lorsque  la  fislule  est  situde  au-dessus  d'un  rélrëcissement  qui 
s'oppose  au  passage  de  Turine,  il  peut  arriver  qu'après  avoir  traite 
et  gui'ri  la  coarctation,  la  lésion  tistuleuse  se  trouve  du  même  coup 
supprimée;  tel  était  le  cas  du  nommé  H...,  dont  nous  avons  cité 
plus  liant  l'observation  à  propos  des  rétrécissements  traumatiques. 
Toutefois,  c'est  là  une  exception  ;  et,  la  plupart  du  temps^  les  fistules 
uréthrales  sont  difiiciies  à  guérir,  par  suite  du  passage  continuel  de. 
l'urine. 

Il  est  inutile,  ])Our  la  thérapeutique  des  fistules  urinaires,  de  son- 
ger à  obturer  l'orifice  externe  ou  périnéal,  le  premier  ;  autrement   . 
Taccumnlation  de  l'urine  au-dessus  produirait  un   abcès  urineud 
L'indication  la  plus  expresse  est  de  tâcher  de  modifier  et  de  ferm^ 
Torifice  interne  ou  uréthral^xie  que  Ton  peut  obtenir  assez  facile 
ment  au  moyen  de  l'endoscope.  Avec  cet  instrument,  on  distingi 
Torifice  interne  d'une  fistule,  à  une  petite  tache  d'un  rouge  viola* 
ou  lie  de  vin  ;   parfois  on  peut  arriver  à  voir  dans  la  sonde  end 
stopique  l'extrémité  d'une  bougie  très-fine,  introduite  dans  le  tr. 
jet  fistuleux.  On  porte  alors,   sur  cet  orifice  amsi  découvert 
crayon  de  nitrate  d  argent,  de  façon  à  occasionner  une  eschare  s  mjm,  t 
tout  son  pourtour,  puis  on  va  neutraliser  le  sel  d'argent  en  exc^^^fl 
au  moyen  d*un  pinceau  trompé  dans  une  solution  de  sel  mariK^. 
D'ordinaire,  une  seule  cautérisation  n'est  pas  suffisante,  bien  qi*^, 
dans  un  cas,  M.  Désormeaux  ait  vu  guérir  une  fistule  après  en  avo  îf 
touché  une  seule  lois  l'orilice  interne  ;   il  faut  y  revenir   plusieu:»^ 
fois.  C'est  une  petite  opération  peu  douloureuse,  à  la  suite  de    I^*-** 
quelle  le  passage  de  l'urine  diminue  un  peu,  pour  revenir  ensuite 9 
mais  chai|ue  fois  de  moins  en  moins,  jusqu'à  ce  que  la  guëriso*^ 
ait  été  obtenue     Les  deux  observations   suivantes  produisent  ut»^ 
guérison  et  une  notable  amélioration  obtenues  par  ce  mode  de  lra£' 
temeut  : 

D...  Isidore,  trente-cinq  ans,  salle  Saint-Pierre,  n?  43,  hôpitJ»-'^ 
Neckir.  Autrefois,  légère  blennorrhagie;  depuis  peu,  quelques dif--*^ 
licuUés  pour  uriner.  Le6  juillet  18b2,  violente  contusion  de  rémi- 
nence  ili'o-prctiiue,  tuméfaction  des  parties  environnantes  ;  mail 
le  malade  vaque  encore  huit  jours  à  ses  atl'aires.  A  l'entrée  à  l'hô-"*^ 
pital  :  réteniion  d'urine  complète,    cathélérisme.   Le   lendemain 
gonficmenl  œdémateux  des  bourses,  de  la  verge,  de  l'aine  gauci 
et  du  périnée.  Deux  incisions  au  périnée,  une  dans  l'aine  gauche,   ^ 
une  sur  la  bourse  gauche  :  issue  de  pus  et  de  sérosité  sans  odeur 


—  303  — 

ise.  Peu  après  :  odeur  urineuse,  sonde  à  demeure.  Quinze 
iprès,  deux  incisions  sont  (ermites  ;  une  troisième  s'obture 
it  de  deux  mois  ;  la  quatrième,  fistuleuse  à  la  partie  anté- 
el  supérieure  gauche  du  scrotum,  laisse  passer  une  partie  de 
;  lors  de  la  miction.  Passa^re  assez  rapide  des  bougies  Bëni- 
u  numéro  34  au  numéro  5t.  Le  9  octobre  :  cautérisation  en- 
>ique  ;  on  supprime  la  sonde  à  demeure,  l'urine  s'écoule  un 
ar  latistule.  Les  16,  2^  et  30  octobre,  nouvelles  cautérisa- 
les  bougies  d'étain  sont  introduites  chaque  jour.  Le  mieux 
ue.  Enfin,  le  malade  sort  le  4  novembre  parfaitement  guéri  ; 
lie  uréllirale  est  cicatrisée  L'urine  sort  uniquement  par  le 
ît  sous  la  forme  d*un  jet  volumineux  et  régulier. 

,  trente-neuf  ans,  salle  Saint-Pierre,  n»  24,  hôpital  Necker  : 
urinaire  depuis  huit  ou  neuf  ans.  Vers  l'âge  de  dix-sept  ou 
lit  ans  :  coup  de  pied  dans  la  région  des  bourses,  abcès,  tra- 
uleux.  mais  non  point  fistule  urinaire  ;  à  diverses  reprises, 
cause  connue,  nouveaux  abcès  des  bourses  n'ayant  laissé 
e  lésion  derrière  eux.  Plus  tard,  plusieurs  chaude-pisses,  lé- 
îtrécissement.  A  vingt-quatre  ou  vingt-cinq  ans  :  chancres, 
de  gorge,  syphilides,  etc.  Il  ne  s'est  aperçu  que  vers  Tâge  de 
et  un  ans  de  l'existence  d'une  fistule  urinaire  à  orifices 
es  multiples  au  périnée;  ce  n'est  que  vers  latin  de  la  miction 
irine  s'écoule  par  la  fistule.  On  peut  noter  comme  antécédents 
nontait  fréquemment  à  cheval. 

Hà\i  30  juin,  traité  au  moyen  de  l'endoscope,  par  la  cauté- 
n  de  la  fistule,  il  avait  été  fort  amélioré  fc'e&t  en  introdui- 
me  très-fine  bougie  par  un  orifice  externe  que  Ton  avait  pu 
vrir  Torilice  interne)  ;  un  des  deux  orifices  cutanés  s'était 
é,  l'urine  passait  en  bien  moins  grande  quantité  par  la  fistule, 
•ntinué  pendant  quelque  temps  à  suivre  le  même  traitement, 
lantdu  detiors,  puis  il  s'est  absenté  et  n'est  plirs  revenu. 
46  mars  lh74,  sur  nos  sollicitations,  il  se  présente  de  nou- 
à  i'iiôpiial  dans  un  état  beaucoup  moins  sati>faisant  que  lors- 
ï  cesbé  de  venir.  L'urine  coule  plus  abondamment  par  la 
,  surtout  quand  il  s'est  fatigué  par  la  marche.  L'examen 
copiqu«  révèle  la  présence  de  granulations  multiples  au  mi- 
esquelles  l'orifice  interne  est  caché.  On  reprend  le  traitement  : 
JsatioDS  avec  le  sulfate  de  cuivre  en  poudre. 

polypes  de  Purèthre,  chez  Thomme,  sont  rares,  très-rares 
t,  contrairement  à  ce  qui  a  lieu  chez  la  femme.  C'est  à  peine 
1  trouve  dans  les  auteurs  quelques  mots  sur  cette  affection 
)ies  urinaires  ;  la  plupart  même  paraissent  disposés  à  la  nier 
aatiquement,  et  à  attribuer  à  des  erreurs  de  diagnoslic  les 
lies  cas  rapportés  avec  assez  de  soin  pour  militer  en  faveur 


~  304  — 

de  leur  existence.  M.  Voiliemier  (1)  la  met  fort  en  doute;  il  n'ose- 
rait se  prononcer  catégoriquement  sur  Tauthenticité  du  polype 
de  l'urèthre  conservé  au  musée  de  Guy's  hospiial,  et  rapporté 
par  Thompson  ;  il  affirme  n'en  avoir,  pour  sa  part,  jamais  vu  un 
seul  exemple  dans  sa  nombreuse  pratique  et  déclare  fautives  au 
point  de  vue  du  diagnostic,  les  observations,  évidemment  beaucoup 
trop  nombreuses,  rapportées  par  Nicod  (2). 

Pour  lui,  ce  qu'on  a  décrit  jusqu'ici  sous  ce  nom  n'est  autr^^ 
chose  qu'une  valvule  du  canal,  formée  par  un  repli  de  la  muqueuse  .^ 
ou  bien  une  portion  de  cette  même  muqueuse  éraillée  par  le  pas-^ 
sage  de  la  sonde^  et  dont  la  cicatrisation  a  fait  un  corps  plus  o^ji 
moins  flottant  à  l'intérieur  du  conduit  urinaire  ;  du  reste,  il  -y 
aurait  ainsi  des  corps  sessiles  ou  pédicules^  suivant  que  la  mu- 
queuse aurait  été  plus  ou  moins  détachée^  et  suivant  que  le  jet 
d'urine  aurait,  ou  non,  allongé  la  base  d'implantation. 

Malgré  une  pareille  autorité  en  matière  de  maladies  des  voies 
urinaires,  nous  n'hésitons  pas  à  croire  à  Texistence  des  polypes 
de  Turèthre  ;  nous  reconnaîtrons  volontiers  que  la  chaude-pi  sse 
peut  avoir,  dans  certains  cas,  une  valeur  écologique  ;  mais  il  ne 
nous  répugne  nullement  d'admettre  le  développement  primitif  de 
cette  affection  sur  un  urèthre  parfaitement  sain  d'ailleurs.  L'obser-     j 
vation  suivante,  que  nous  rapportons  in  extenso  k  dessein,  prouvera 
l'exactitude  de  ce  qui  précède,  et  nous  permettra  de  rendre  justice 
aux  indications  que  nous  fournit  l'endoscope,  tant  pour  le  diagnostic 
que  pour  le  traitement  de  ces  excroissances  charnues  : 

Ë...  Joseph,  trente-quatre  ans,  homme  de  peine,  est  entré  1^ 
24  mai  1870,  salle  Saint-Pierre,  n«  13,  hôpital  Necker.  Il  affirma 
n'avoir  jamais  eu  aucune  maladie  vénérienne,  mais,  il  y  a  ua  ^ 
et  demi  environ,  à  la  suite  d'un  excès  de  boisson,  il  a  été  pris  d^uoe 
uréthrite  très-légère,  guérie  rapidement,  paraît-il,  au  moyen  ^^ 
copahu  et  de  la  térébenthine,  accompagnés  d'injections  de  vin  roi^^* 
Depuis  lors  il  a  cru  remarquer  que  son  jet  d'urine  était  moin* 


gros.  Il  est  pris,  plusieurs  fois  par  jour,  d'envies  .irrésistibles   ^ 
pisser^  la  miction  s'exécute,  il  est  vrai,  avec  facilité  :  mais,  lorsq'*" 


(1)  Toillemier.  Iraiié  des  maladies  des  voies  urinaires ^  1. 1,  maladies  ^ 
Turèthre,  1»68,  Paris. 

(2)  Ificod,  1835.  Traité  des  polypes  de  Vurèthre, 


—  20.n  — 

On  croit  à  l'existence  d'ulcérations  du  canal  avec  rétrécissement 
L  calibre  de  Furèthre,  et  Ton  se  borne,  pendant  quelque  temps,  à 
uoutumer  Torgane  au  passage  des  instruments.  Puis,   l'examen 
doscopique  révèle  la  présence  d'un  polype  uréthral,  arrondi,  sié- 
ant  en  avant  de  la  portion  membraneuse^  inséré  sur  la  paroi  su- 
irîeurede  l'urèthre,  et  offrant  le  yolume  d'un  grain  de  blé  ;   ce 
ilype  est  très-mobile  ;  son  pédicule  est  mince  ;  la  couleur  générale 
t  rosée,  et  ne  diffère  aucunement  de  la  coloration  du  reste  de 
>rgane.  La  vascularité  ne  paraît  pas  excessivement  prononcée. 
C'est  le  17  juin  que  Ton  procède  à  l'ablation  de  la  tumeur  ;  Ten- 
3scope,  introduit  jusqu'au  siège  du  mal,  permet   d'embrasser  le 
i^di  eu  le  avec  un  serre-nœud  iiliforme  qui  entraîne  au  dehors  la 
Biite  excroissance  presque  sans  écoulement  sanguin.  Depuis  lors, 
état  du  malade  a  toujours  été  s'améliorant.  Le  27  juin,  Texamen 
odoscopique  ne  montre  plus  qu'une  légère  ulcération  dans  la  ré- 
ion  prostatique,  en  arrière  du  lieu  d'implantation  du  polype  ;  la 
laie   est   alors   cautérisée  avec  le   nitrate  d'argent  liquide.  Le 
»0  juin,  les  iA  et  28  juillet,  l'examen,  répété  au  moyen  de  Ten- 
loscope,  montre  que  la  guérison  ne  sVst  pas  démentie.  L'analyse 
ûstologique  de  la  tumeur  a  permis  de  la  ranger  dans  la  classe  des 
>apillômes. 

L'examen  endoscopique  de   la  prostate  peut  être   fait,  soit  au 
QiK^yen  des  sondes  droites  ordinaires^  soit^  et  le  plus  souvent^  avec 
^  sondes  coudées  qui  servent  à  l'exploration  de  la  vessie.   La  rai- 
OQ  de  cette  distinction  est  bien  simple  à  saisir  ;  le  bord  postérieur 
c  €et  organe  est  situé  tellement  en  arrière,  que  la  sonde  droite^  in- 
duite jusque-là,  serait  envahie  par  l'urine,  ce  qui  rendrait  toute 
>8enration  impossible. 

Lorsqu'on  se  borne  à  rechercher  les    lésions  de  la  portion 
ostatique  de  Turèthre  avec  la  sonde  droite,    on  y  découvre  des 
*<érations     de    différentes    sortes  :    d'abord     des    ulcérations 
rigine  blennorrhagique,    ayant  une  tendance  à  devenir  fon- 
uses,  mais  conservant  néanmoins  assez  des   caractères  précé- 
ment décrits,  pour  être  reconnus  à   un  examen  endoscopique 
Uimment  rigoureux.  Le  traitement  topique  des   ulcérations, 
de  chaude-pisse,  est  ici  le  seul  qu'il  faille  appliquer,  pourvu 
maladie  n'existe  pas  depuis  assez  longtemps,  pour  avoir  in- 
\  le  tissu  même  de  la  glande.  En  second  lieu,  on  rencontre 
aérations  herpétiques  et  arthritiques  qui  n'offrent  point,  en 
!'oit,  de  signes  particuliers,  et  obéissent  aux  moyens  prophy- 
^s,  curatifs  -et  palliatifs  de  ces  deux  redoutables  diathèses. 
l  n'est  pas  rare  d'observer   des  ulcérations  tuberculeuses, 
ises,  cancéreuses  de  la  prostate.  Ces   dernières  n'existent 
'.  LXXX.  7*^  u\\\,  ^ 


—  206  — 

guère  sans  que  la  vessie  participe  à  la  maladie,  ce  qui  entraîne 
toujours  un  pronostic  malheureusement  trop  grave.  Le  tubercule 
se  présente  rarement  à  la  prostate  sans  que  d'autres  signes  aîeni 
éveillé  l'attention  du  praticien  vers  d'autres  organes,  et  spéciale- 
ment du  côté  du  poumon  et  du. côté  du  testicule.  Quant  aux  ulcS 
rations  d'origine  strumeuse^  qui,  au  lieu  d'offrir  une  dénudatio^ 
superficielle,  nous  montrent  un  véritable  ulcère  profond  et  anfraea 
tueux^  il  pourrait  être  au  moins  intéressant  d'étudier  si  elles  es 
seraient  pas  modifiées  et  améliorées  par  les  topiques  auxquels  es 
a  reconnu  une  influence  contre  les  lésions  de  même  nature,  sk^ 
géant  dans  les  organes  extérieurs. 

Toutes  c^s  ulcérations  amènent  fatalement  une  congestion,  xMrïïi 
iiTÎtation  lente,  qui  finit  par  provoquer  l'engorgement  chronique  d 
la  glande  ;  mais  cet  engorgement  disparaît  de  lui-même^  lorscfu 
la  cause  qui  l'avait  produit  a  été  supprimée.  Il  en  est  de  même  ci 
ces  pertes  séminales  qui  inquiètent  si  fort  les  malades,  et  de  cei 
douleurs  lancinantes  tout  à  fait  particulières,  siégeant  au  col  del^ 
vessie^  dues  à  une  légère  érosion  de  la  muqueuse,  et  cédant  à  J^ 
cautérisation  par  le  nitrate  d'argent. 

Si,  maintenant,  Ton  emploie  les  sondes  coudées  et  munies  d's^ 
verre  transparent,  qui  servent  à  voir  dans  la  vessie,  on  peut  anfi-' 
ver  à  reconnaître ,  et  même  à  mesurer  plus  exactement  encoP^ 
qu'avec  l'excellent  cathéter  de  M.  Mercier,  la  tumeur  qui  vient  lu^^ 
saillie  dans  la  vessie,  quand  la  prostate  est  hypertrophiée.  Le  loiM0 
moyen,  qui  est,  on  le  sait^  le  siège  le  plus  ordinaire  du  gonflement 
s'applique  immédiatement  de  bas  en  haut  sur  le  verre  de  TinstriV-- 
ment  quand  on  le  retire^  à  l'instar  d'une  soupape  qui  se  relèverai 
après  avoir  été  déprimée  ;  en  repoussant  la  sonde,  cette  mèo^' 
partie  s'abat  brusquement  pour  lui  livrer  passage.  Il  y  a  là 
disposition  particulière,  et  qui  n'existe  point  à  l'état  normal, 
semble,  d'après  M.Desormeaux^  voir  un  couvercle  qui  s'abat  et  ^ 
relève.  C'est  ce  que  M.  Mercier  a  désigné  sous  le  nom  de  vabm^ 
prostatique.  Ce  lobe  moyen,  ainsi  hypertrophié,  est  lisse^  à  moic^ 
qu'un  abcès  antérieur  ou  quelque  affection  organique  n'y  tm^ 
imprimé  des  inégalités  et  des  dépressions. 

Notons  enfin  qu'à  l'aide  de  l'endoscope  on  arrive  à  décoavriret,pi^ 
suite^  à  traiter  par  les  moyens  appropriés  (repos,  bains,  médicfl^ 
tion  anliphlogistique),  les  engorgements  inflammatoires  des  glande 
les  prostatiques,  sous  forme  de  saillies  arrondies,  rouges^  plusgrofs^ 
que  les  granulations,  et  plus  réguUères  que  des  bourgeons  chaniiL.^ 


—  207  — 

X^tvesâie,  pour  être  examinée  avec  Fruits  a  besoin  d'avoir  été 
préalablement  débarrassée  de  Turine  et  lavée  à  grande  eau,  de 
crainte  que  du  mucus,  du  pus,  du  sang,  ou  un  mélange  de  ces  li- 
quides^ ne  vienne  à  obscurcir  la  glace  qui  donne  passage  aux  rayons 
lumineux. 

Une  moitié  environ  de  la  surface  interne  de  Torgane  est  seule 
aceessible  à  la  vue  depuis  la  prostate^  le  trigone  et  le  bas-fond^ 
jusqu'au  sommet  Le  reste  n'est  que  difficilement  explorable  au 
Hioyen  d'un  miroir  placé  à  Textrémité  de  la  longue  portion  dé  la 
sonde,  en  face  d'une  ouverture  latérale,  et  encore  l'éclairage  de- 
vient-il insuffisant.  Hâtons-nous  d'ajouter  que  les  principales  lé- 
sions ont  précisément  pour  siège  le  col  de  la  vessie,  le  trigone  et 
le  bas  fond,  ce  qui  ôte  beaucoup  de  son  importance  au  reproche 
que  Ton  pourrait  adresser  à  l'endoscope  de  ne  pas  laisser  voir 
tout  l'intérieur  de  la  cavité  vésicaie. 

A  l'état  normal,  on  aperçoit  une  petite  saiUie  transversale  qui 
Kmite  le  trigone  en  arrière^  et  s^étend  entre  les  orifices  des  deux 
[     ^l'etères.  Du  reste,  la  muqueuse  vésicaie  est  rose  et  lisse  comme 
^Ile  de  l'urèthre. 

Ghes  des  chlorotiques  et  des  malades  affaiblis,  on  observe  une 
pâleur  anémique  tout  à  fait  caractéristique  de  la  muqueuse  de  la 
^•8«ie. 
[  Dans  certains  cas  d'hématurie,  sans  calculs  ni  affection  organi- 

Vle,  la  muqueuse  n'offre  d^autre  lésion  qu'une  légère  dilatation 
B^Qëralisée  des  capillaires^  accompagnée  quelquefois  de  varices  du 
^^  rarement  d'ecchymoses  tantôt  petites  et  lenticulaires,  parfois 
^Mez  larges  et  sans  régularité. 

La  cystite  aiguë  ne  permet  pas  l'examen  endoscopique  du  ma- 
^e^  à  cause  de  la  douleur  que  provoquerait^  sans  nécessité  pour 
^thérapeutique,  l'introduction  de  l'instrument.  Il  n'en  est  pas  de 
"rtme  pour  la  cystite  chronique,  où  Ton  observe,  à  un  premier 
^^gré,  une  rougeur  générale  avec  dilatation  du  réseau  capillaire, 
Ma,  plus  tard,  une  teinte  rouge  uniforme  si  prononcée,  que  Ton 
^ie  de  distinguer  les  vaisseaux  dans  cette  rougeur  si  foncée  ; 
^6n,  lorsque  la  cystite  a  une  longue  durée,  la  muqueuse  est  ra- 
^Hie,  ulcérée,  noirâtre  par  places  ;  en  d'autres  endroits,  elle  con- 
*^ve  une  couche  purulente  qui  adhère,  et  qu'on  ne  peut  détacher, 
'^^âiae  avec  le  bout  de  la  sonde. 

Dans  Texamen  et  le  diagnostic  des  tumeurs  de  la  vessie,  l'en- 
^os^pe  devient  d^un  utile  secours  au  chirurgien  et  au  malade^ 


^  208  — 

puisqu'il  en  montre  la  véritable  nature  et  qu'il  empêche  de  prati- 
quer, sur  les  dégénérescences  orgjiniqucs,  des  opérations  dont  h 
résultat  ne  saurait  être  qu'une  mort  rapide. 

La  vue  des  colonnes  ou  des  cellules,  dans  une  vessie  à  paroi 
hypertrophiées,  est  plutôt  d'un  intérêt  scientifique  que  pratique.  0 
aperçoit  des  cordons  arrondis^  avec  une  partie  saillante  éclairét 
et  deux  bords  qui  peuvent  ne  pas  se  trouver  ensemble  dans 
champ  de  l'instrument^  si  les  saillies  sont  larges.  On  arrive  à  L 
mesurer^  à  voir  leur  disposition,  les  dépressions  de  la  muquei:^^ 
et  les  cellules  qui  sont  ainsi  interceptées.  Leur  couleur  est  ros^« 
comme  celle  de  l'organe^  signe  précieux^  qui  sert  à  les  distinguer 
des  tumeurs  de  la  vessie  qu'elles  pourraient  imitera  première  rvœ, 

Enfin^  on  peut  tirer  parti  de  l'endoscope  pour  l'examen  des 
calculs  vésicaux.  L'introduction  de  l'appareil  fixera  d'abord  sur  Je 
fait  de  savoir  s'il  y  a,  ou  non,  un  calcul  dans  la  vessie,  puisqu'on  a 
signalé  des  erreurs  de  diagnostic  dues  à  la  présence  de  matières 
dures  dans  lé  rectum^  à  une  tumeur  osseuse  du  bassin  faisant 
saillie  dans  la  vessie,  à  l'existence  dans  l'organe  d'une  colonne 
charnue  résistante,  indurée.  Lorsqu'on  s*est  assuré  que  la  vessie 
contient  des  calcul  s,  il  est  facile  d'en  connaître  le  nombre^  la  cou* 
leur  (et  par  suite  la  nature),  les  dimensions,  le  volume  et  la  fonne* 
Mais  l'application  la  plus  intéressante  de  Tinstrument^  et,  sans 
contredit,  la  plus  féconde  en  résultats  pratiques  au  point  de  vuedm. 
pronostic  et  du  traitement^  consiste  à  pouvoir  dire  si  le  calcul  es^ 
adhérent  à  la  muqueuse  vésicale^  s'il  est  ench&tonné.  On  voit  alor^ 
que  le  calcul  est  maintenu  en  place  par  des  bourrelets,  des  saillies.^ 
des  végétations  de  la  muqueuse.  Les  deux  observations  suivant 
empruntées  à  M.  Desormeaux,  montrent  Tutilité  des  moyens 
conisés  ici  : 

Hôpital  Saint-Antoine^  service  de  M.  Jarjavay.  Signes  ration 
nels  a  un  calcul  que  l'on  trouve  au  cathétérisme^  sans  pouvoir  I 
saisir  avec  le  litholabe  ;  soupçon  d'enchâtonnement.  Ëxploratio 
endoscopique,  révélant  que  le  calcul  est  retenu  entre  des  saillies  A^* 
la  vessie  :  l'extrémité  droite  seule  paraît  libre^  l'extrémité  gaucl 
et  le  bord  supérieur  sont  débordés  par  une  saillie  de  la  muqueusi^^^ 
et  le  bord  inférieur,  enfin^  est  en  partie  caché  par  une  véritak  ^^ 
tumeur  sur  laquelle  on  remarque  une  ecchymose^  qui  paraît  résulta      ^ 
de  la  pression  d'un  des  mors  du  litholabe  :  en  sorte  qu'en  insista, 
dans  tes  manœuvres  d'exploration^  et  sans  le  secours  de  l'endoscof 
on  aurait  pu  écraser  la  muqueuse  vésicale.  (11  existe  un  dessin 
ce  calcul.) 


—  209  — 

Hôpital  des  Cliniques  (M.  Houel).  Soufifrances  du  côté  de  la 
vessie  ;  fréquentes  envies  d'uriner  ;  douleurs  au  périnée  ;  urines 
troubles^  mucus,  sang.  Avec  un  cathéter,  on  sent  une  pierre  dans 
le  bas-fond  de  la  vessie  :  un  instrument  lithotriteur  permet  de  la 
saisir;  mais  on  croit  entraîner  avec  elle  la  muqueuse  vésicale. 
L'endoscope  fait  voir  un  corps  blanchâtre,  qui  présente  une  légère 
saillie  ;  si  Ton  fait  mouvoir  l'instrument,  on  arrive  sur  les  bords 
du  calcul^  et  on  voit  très-distinctement  que  le  corps  blanchâtre  est 
entouré  et  en  partie  recouvert  par  une  membrane  rosée  qui  se 
continue  avec  la  muqueuse  vésicale.  (L'autopsie  a  confirmé  le 
fait) 

On  peut  conclure,  ce  nous  semble^  de  tous  les  faits  rapportés  au 
sujet  des  maladies  de  la  vessie,  que  si  Fendoscope  ne  peut,  comme 
dans  les  affections  de  l'urèthre,  servir  directement  aux  opérations, 
il  n'en  est  pas  moins  utile  encore  au  traitement^  en  fournissant  des 
indications  précieuses  pour  déterminer  le  choix  de  la  méthode 
opératoire^  et  pour  diriger  les  instruments  dans  l'opération  à  prati- 
quer. 

Les  applications  de  l'instrument  à  Tétude  des  maladies  du  rectum 
sont  moins  nombreuses  qu'à  celle  des  affections  génito-urinaires. 
Et,  en  effet,  cet  organe,  doué  d'un  calibre  fort  supérieur^  est  facile- 
ment accessible  à  des  instruments  plus  volumineux  que  Tendoscope, 
et^  par  suite,  il  peut  être  examiné  le  plus  souvent  à  la  lumière 
directe  du  jour.  Il  n'en  est  pas  moins  utile  de  faire  connaître  les 
luelques  cas  intéressants  dans  lesquels  les  sondes  endoscopiques, 
l'un  volume  beaucoup  plus  gros  que  les  autres,  ont  paru  applicables 
filtre  les  mains  de  M.  Desormeaux. 

Dans  un  cas  de  fistule  recto-vésicale  chez  la  femme,  sans  com- 
■^^nication  ni  avec  l'utérus,  ni  avec  le  vagin,  l'endoscope^  appliqué 
?>ar  le  rectum,  permit  d'apercevoir  l'orifice  inférieur  de  la  fistule, 
1^  laissait  suinter  l'urine,  et  de  le  cautériser  avec  le  nitrate  d'ar- 
f^ût  solide.  Après  deux  cautérisations,  la  malade  était  bien  guérie, 
•i  lagucrison  ne  s'est  pas  démentie.  Cest  là  un  fait  d^autant  plus 
'^rieux  que  nous  savons  combien  peu,  dans  les  fistules,  la  guérison 
^^t  l'oblitération  de  Torifice  inférieur,  sans  que  Ton  ait  essayé 
*  ^gir  sur  l'orifice  supérieur  du  trajet. 

I^  diagnostic  différentiel  des  différentes  sortes  d'ulcérations  et 
*^  rétrécissements  se  fait  de  visu  et  d'une  manière  positive  :  c'est 
^Qsi  que  l'on  a  pu  arrivera  reconnaître  des  rétrécissements  fibreux 
^^  inodulaires,  qui  ont  été  traités  et  guéris  par  la  dilatation,  quand 


—  210  — 

Tensemble  des  autres  signes  indiquait  plutôt  une  origine  cardni 
mateuse. 

Les  occasions  que  L'on  a  d'observer  des  polypes  du  reclunk.     i 
Fendoscope  sont  rares,  parce  que  ces  tumeurs  se  voient  facilero^mt 
avec  un  spéculum  ani^  et  que  leur  lieu  d'implantation  siège  d'ordi- 
naire vers  la  partie  inférieure;  en  outre,  le  doigt  indicateur    eaf 
souvent  un  moyen  de  diagnostic,  et  même  de  traitement  (avulsionj. 
Néanmoins,  dans  les  cas  assez  rares  où  le  polype  a  son  pédicu/e 
situé  assez  haut,  on  peut  avec  raison  recourir  à  l'instrument  endos* 
copique. 

Mentionnons  enfin  que  chez  uti  médecin,  H.  le  docteur  J^^ 
Fendoscqpe  a  fait  voir  et  confirmé   la   présence  d'une  tumeor 
maligne  du  gros  intestin,  située  au-dessus  de  la  portée  du  doigt  0^ 
des  autres  instruments,  et  dont  la  nature  n'avait  encore  pu  qu'être 
soupçonnée.  Il  est  inutile  d*ajouter  qu'un  traitement  quelconque  « 
dans  ce  cas,  n'avait  point  de  chances  de  succès. 

L'utérus  est  peut-être  d'une  exploration  moins  facile.  En  effc^  i 
l'introduction  des  petites  sondes  rencontre  un  obstacle  naturel  » 
l'orifice  supérieur  du  col  ;  il  faut  avoir  soin  de  dilater  cet  orifi^^ 
avec  de  l'éponge  préparée  lorsqu'on  veut  pénétrer  dans  rintëri»^* 
de  l'organe. 

Dans  la  cavité  du  col,  on  observe  des  granulations  tout  à  ffltBt 
comparables  à  celles  qui  existent  sur  le  museau  de  tanche  :  comocB^ 
elles,  ces  ulcérations  sont  très -persistantes,  surtout  comme  suit^^ 
de  couches,  et  donnent  lieu  à  des  écoulements  glaireux  cftraclérist^' 
ques  dont  on  expliquerait  difficilement  l'existence^  si  l'on  nedécoi^'' 
vrait  ainsi  le  siège  du  tûa\y  puisque  souvent  on  a  commencé  p^^ 
guérir  les  ulcérations  qui  se  montraient  sur  la  face  externe  du  e^** 
On  peut  de  la  sorte  porter  le  nitrate  d'argent  ou  d'autres  ageo*-* 
modificateurs  sur  la  lésion  elle-même,  parfois  très-petite,  et  àufi^î^ 
santé  néanmoins  pour  causer  ces  vives  douleurs  dont  se  plaigne l^^ 
pendant  si  longtemps  certaines  femmes.  ^ 

L'examen  de  la  cavité  de  l'utérus  n'a  été  pratiqué  que  raremef  ^ 
par  M.  Desormeaux.  Sur  l'avis  de  quelques  confrères,  la  sonJ^ 
endoscopique  devait  servir  de  rugi  ne   pour  ces  lésions  décrit^^ 
avec  tant  d'amour   par  Récamier   sous  le   nom  de  végétatiof^ 
polypi formes  de  l'utérus,  et  que  ce  célèbre  praticien   prétendait 
aller  détacher  au  moyen  d'un  ongle  en  métal.  Dans  tous  les  cbs 
de  ce  genre,  l'endoscope  n'a  jamais  révélé  autre  chose  que  d^ 


—  211  — 

granulations,  et  il  nous  semble  fort  possible  que  le  médecin  dq 
FHôtel-DieU  ait  pris  souvent  pour  des  productions  morbides  des 
débris  de  muqueuse  granuleuse  violemment  enlevés  par  son  raclage 
pea  modéré.  * 

Les  fosses  nasales  sont  souvent  le  siège  de  polypes.  Leur  lieli 
d'implantation  est  très-variable,  et  dépend  surtout  de  leur  nature. 
Lies  polypes  muqueux  se  rencontrent  indifféremment  sur  tous  les 
points  de  la  muqueuse  de  Schneider,  depuis  Torifice  antérieur, 
jusqu'à  Porifice  postérieur  des  fosses  nasales,  et  cela  des  deux 
côtés  à  la  fois  d'ordinaire.  Quant  aux  polypes  fibreux  décrits  sous 
le  nom  de  polypes  naso-pharyngiens,  outre  qu'ils  sont  en  général 
unilatéraux^  leur  pédicule  peut  être  situé  encore  beaucoup  plus  en 
Arrière  jusque  dans  le  pharynx,  à  la  hauteur  des  corps  vertébraux 
de  la  colonne  cervicale. 

Dans  le  premier  cas,  Tablation  a  souvent  fait  disparaître,  mais 
ûon  pas  sans  récidive,  les  productions  polypeuses  ;  et  l'on  conçoit 
?*'il  y  ait  intérêt  à  apercevoir  le  point  précis  de  la  muqueuse 
^^lade,  pour  y  porter  des  agents  destructeurs  de  ces  éléments  qui 
foisonnent.  C'est  là  ce  qui  a  pu  être  fait,  grâce  à  Tendoscope,  et 
■On  en  trouvera  la  relation  dans  l'observation  suivante  : 

Idadame  N***,  quarante-cinq  ans  (?),  vient  un  matin  à  l'hôpital 
Wecker,  se  plaignant  de  ne  pouvoir  plus  respirer  par  le  nez, 
®*vîron  trois  semaines  après  que  M.  Desormeaux  lui  avait  enlevé, 
•*  ville,  un  grand  nombre  de  petits  polypes  muqueux.  On  en 
•^tfait  encore  successivement,  et  à  plusieurs  reprises,  un  nombre 
^Osidérable  par  chacune  des  narines.  Puis,  après  une  de  ces 
J^^tices  d'arrachement,  application  de  l'endoscope,  qui  permet 
■^^n  apercevoir  et  d'en  cautériser  le  siège  avec  de  Tacide  chromiquc 
P^ï".  L'opération  est  répétée  deux  uu  trois  fois;  depuis  lors, 
■*^^dame  N***,  guérie  complètement,  n'est  plus  revenue. 

En  ce  qui  concerne  les  polypes  naso-pharyngiens,  qui,  chacun 
*^  sait,  sont  d'un  pronostic  si  grave,  au  moins  par  les  opérations 
î^^ils  réclament,  la  lumière  [jortée  artificiellement  parmi  tous  les 
^plis  des  fosses  nasales  laissera  parfois  découvrir  leur  pédicule, 
^  permettra  ainsi  d'agir  sur  ce  point  important,  soit  au  moyen 
^*iine  anse  de  fil  ou  d'un  serre-nœud,  soit  par  des  cautérisations 
^U  fer  rouge  ou  avec  un  acide  puissant. 

Les  rétrécissements  de  l'œsophage  ont  présenté  aussi  un  certain 
intérêt  lors  d'une  exploration  endoscopique,  destinée  surtout  à  en 


—  :212  — 

fixer  la  nature.  C'est  ainsi  que,  deux  fois,  il  a  offert  à  la  vue  des 
rétrécissements  fibreux,  suites  de  brûlures  par  des  caustiques^  les- 
quels ont  pu  être  traités  et  guéris  par  Tincision  et  la  dilatation. 
Une  autre  fois,  sur  un  homme  soupçonné  d'une  affection  cancé- 
reuse^ l'instrument  a  montré  une  muqueuse  parfaitement  saine,  et 
n'a  laissé  d'autre  alternative  que  de  conclure  à  l'existence  d'un 
rétrécissement  spasmodique. 

Nous  ne  mentionnerons  que  pour  mémoire  le  fait  de  M.  le  pro- 
fesseur Kussmaul  (de  Fribourg-en-Brisgau),  qui  prétend  avoir 
pénétré  avec  l'endoscope  jusque  dans  la  cavité  stomacale  ;  il  faut 
ajouter  que  la  chose  avait  lieu  sur  un  de  ces  saltimbanques  accou- 
tumés à  redresser  la  première  partie  de  leur  conduit  digestif  en 
avalant  des  sabres. 

Peut-être,  à  ce  propos,  pourrait-on  hasarder  l'espérance  de  voir 
Tendoscope  servir  au  diagnostic  des  maladies  du  cardia  ;  mais,  en 
ce  qui  regarde  Texamen  de  la  muqueuse  de  l'estomac,  on  ne  doit 
pas  oublier  que  l'instrument,  à  une  pareille  profondeur,  ne  jouit 
plus  d'aucune  liberté  dans  ses  mouvements,  et  que,  par  suite,  le 
champ  d'exploration  se  trouve  singulièrement  limité.  Il  ne  faut 
pas  oublier  non  plus  que  ce  cathétérisme  est  chose  difficile  à  prati- 
quer pour  le  médecin,  et  à  supporter  pour  le  malade. 

Nous  terminerons  ce  court  exposé  en  signalant  les  quelques  acci- 
dents qu'entraîne  parfois  l'application  de  l'endoscope.  Il  est  inutile 
de  dire  que,  selon  les  voies  par  où  il  chemine,  l'endoscope  peut  se 
trouver  trop  volumineux  pour  l'urèthre,  trop  rigide  pour  les  anfrac- 
tuosités  et  les  courbures  des  fosses  nasales  et  des  voies  diges- 
tives,  etc.  C'est  de  deux  inconvénients  au  passage  des  sondes 
endoscopiques  dans  l'urèthre  que  nous  voulons  parler,  à  savoir 
Puréthrite  et  la  fièvre:  hâtons- nous  d'ajouter  que,  dans  le  cathé* 
térisme  ordinaire,  ces  deux  accidents  peuvent  se  produire. 

L'uréthrite  se  montre  quelquefois  après  la  première  introduction 
de  la  sonde:  elle  est  d'ordinaire  bénigne,  elle  cède  au  repos  et  aux 
bains  simples;  mais  elle  demande  une  suspension  complète  des 
manœuvres  endoscopiques;  sans  quoi,  elle  se  complique  inévitahle- 
ment  d'orchites,  légères  du  reste. 

La  fièvre  est  une  chose  assez  rare  après  l'examen  à  l'endoscope  : 
un  simple  frisson  nerveux  peut  bien  se  montrer  quelquefois,  mais 
il  se  dissipe  par  la  chaleur  du  lit  et  Tusage  de  boissons  chaudes. 
Quant  aux  accès  de  fièvre  uréthrale,  fièvre  pernicieuse,  ils  ne  peu- 


—  ^213.  — 

vent  raisonnablement  être  imputés  à  Tendoscope^  à  moins  que 
celui-ci  n'ait  déterminé  une  éraillure«de  la  muqueuse,  ou  déchiré 
le  tissu  d'un  rétrécissement.  Le  sulfate  de  quinine  et  les  bains 
seront  prescrits  d'avance,  lors  des  applications  de  l'instrument  à 
Turèthre,  à  la  prostate  et  à  la  ressie. 

En  résumé,  l'exploration  directe  des  organes  profonds  avec 
réndo^ope  est  un  moyen  précieut.  Il  nous  fournit  des  signes 
précis  sur  le  siège  des  lésions  ;  il  nous  donne  des  indications  utiles 
sur  les  opérations  à  pratiquer  ;  il  nous  sert  à  fixer  le  mode  opéra- 
toire ;  et  c'est  dans  ce  sens  que  nous  l'avons  jugé  digne  de  fixer 
l'attention  comme  moyen  de  traitement  dans  les  affections  des 
organes  internes. 

CHIMIE  ET  PHARMACIE 


mémoire  sur  le  goadron  pnlYérnlent  ; 

Par  H.  Hagmbs-Lahbns. 

I.  Je  proposai,  il  y  a  quelques  mois^  dans  une  note  sur  la  pré- 
paration de  l'hydrolé  de  goudron,  l'emploi  du  sable  pour  diviser 
le  goudron  et  augmenter  ainsi  sa  solubilité  dans  l'eau.  Avant  que 
j'eusse  publié  cette  note^  M.  Âdrian  avait  proposé^  dans  le  même 
but,  et  à  mon  insu,  le  coke  concassé.  Ayant  essayé  plus  tard  le 
procédé  de  mon  savant  confrère  de  Paris  (1),  et  l'ayant  jugé  pré- 
férable au  mien,  j'étais  au  moment  de  l'adopter  exclusivement 
pour  la  préparation  de  l'hydrolé  de  goudron  quand  l'idée  me  vint 
de  substituer  au  coke  le  charbon  de  bois  léger.  Les  premiers 
essais  tentés  dans  ce  sens  me  réussirent  ;  et  je  reconnus  bientôt 
que  le  charbon  de  bois  léger,  surtout  quand  il  est  réduit  en  poudre 
fine,  remporte,  à  plusieurs  égards,  sur  le  coke  concassé. 

J'ai  donné  au  mélange  de  goudron  et  de  charbon  de  bois  le  nom 
de  goudron  pulvérulent 

Je  le  prépare  en  mêlant  dans  un  vase  de  faïence  (2)  deux  parties 

(1)  M.  Adrian  m'a  commaniqué,  avec  une  rare  complaisance^tous  les  détails 
de  son  procédé. 

(2)  J'opérais  d'abord  dans  une  marmite  en  fonte  ;  j'ai  été  obligé  depuis  de 
renoncer  aux  ustensiles  en  fer  parce  qu'ils  sont  attaqués  par.  les  acides  du 
goudron  ;  Thydrolé  provenant  d'un  goudron  qui  a  été  en  contact  avec  le  fer 
offre  une  teinte  rouge  vineuse. 


—  214  — 

de  charbon  de  bois  léger  en  poudre  6ne  une  avec  partie  de  goudi 
liquide  des  Landes.  * 

Il  s'oiîre  à  Toeil  en  petits  grains  noirs  qui  le  font  ressemble; 
de  la  poudre  de  chasse  fine  ;   il  ne  salit^  par  son  contact,  ni 
doigts  ni  les  vases  où  on  le    renferme  ;  il  cède  facilement  à  Pc 
une  bonne  portion  du  goudron  qui  le  constitue  et  se  conserve  loi 
temps  à  Tabri  du  contact  de  Tair. 

Le  goudron  pulvérulent  peut  remplacer  le  goudron  ordîna 
dans  tous  les  usages  médicaux  avec  des  avantages  très-marqi 
qui  seront  signalés  plus  tard  ;  disons  en  passant  qu'il  préseï 
autant  de  facilité  et  de  propreté  dans  le  maniement  que  le  goudi 
ordinaire  en  comporte  peu,  et  qu'il  peut  être  distribué  en  paqu 
dans  des  carrés  de  papier,  comme  la  poudre  de  quina  ou  de  rh 
barbe. 

IL  Je  passerai  en  revue  dans  ce  paragraphe  les  divers  usa( 
qu'on  peut  faire  du  goudron  pulvérulent  en  nature  ;  je  décri 
dans  le  paragraphe  suivant  les  préparations  auxquelles  il  peut  » 
vir  de  base  : 

1°  Fumigations  :  plus  commodément  que  le  goudron  coulant 
avec  un  meilleur  résultat,  la  poudre  de  goudron  peut  être  réps 
due  sur  des  assiettes  dans  la  chambre  du  malade  ;  l'émanaiioii  ( 
principes  volatils  dans  l'air  est  facilitée  par  la  grande  surface  q 
présente  la  poudre.  Quelques  grammes  seulement  de  cette  pou( 
jetée  sur  une  pelle  modérément  chauffée  répandent^  en  un  teAi 
très-coUrt,  d'abondantes  vapeurs;  la  matière  ne  coule  pas  et  la  pc 
n*est  pas  salie.  Une  capsule  de  porcelaine  faiblement  chàufl 
par  la  flamme  d'une  petite  lampe  formerait  un  appareil  de  fumig 
tion  qui  ne  serait  pas  déplacé  dans  l'appartement  lé  plus    cdqu 

La  poudre  de  goudron  se  prêle  mieux  que  le  goudron  coiila 
aux  fumigations  humides  ;  la  vapeur  d'eau  se  dégage  phis  charg 
de  principes  volatils  du  goudron,  et  les  vases  qui  servent  à  ce 
opération  ne  sont  pas  souillés  par  des  taches  adhérentes  à  lec 
parois  ;  il  suffit  d'un  peu  d'eau  froide  pour  les  nettoyer. 

2**  Inhalation:  en  plaçant  entre  deux  petits  tampons  de  coton 
rame  dans  la  cavité  d'un  porte-cigare  d'ambre  ou  de  bois  léj 
une  pincée  de  goudron  pulvérulent,  on  forme  un  appareil  d'infc 
lation  commode  et  fonctionnant  très-bien  (1). 

(1)  M.  Âdrian  a  proposé  depois  longtemps  déjà  son  coke  goUdronaé  p< 
les  fumigations  et  TinlialaUoii. 


--  245  — 

3*  Pansement  des  plaies  :  la  composition  de  mon  goudron,  sa 
forme  pulvérulente,  sa  grande  lëgèretë,  sa  porosité,  la  facilité  avec 
làqtielle  il  peut  être  enlevé  des  plaies  par  un  simple  lavage  à  l'eau 
froide,  la  propriété  qu'il  possède  de  ne  pas  tacher  le  linge^  me  pa- 
raissent lui  promettre  quelques  succès  dans» le  pansement  de  cer- 
taines plaies.  J'espère  qu'il  remplacera  pour  cet  usage  le  coaltar 
solidifié  par  le  sulfate  de  fer  ou  le  plâtre,  dont  il  possède  les  avan- 
tages sâns'en  avoir  les  graves  inconvénients. 

Le  goudron  pulvérulent  peut  être  employé  seul  ou  additionné  de 
camphre^  de  quina^  etc.,  etc.;  on  pourrait  encore  en  préparer  des 
pommadés  avec  les  corps  gras. 

IIL  Les  préparations  auxquelles  j'ai  donné  pour  base  le  goudron 
pulvérulent  sont  Thydrolé  et  le  sirop  concentré  de  goudron. 

Mydrolé  de  goudron»  —  Je  ne  répéterai  pas  ici  ce  que  j'ai  écrit 
da^ns  une  note  précédente  touchant  les  défauts  de  la  formule  de 
'  Iciydrolé  officinal  du  Codex  et  les  avantages  nombreux  qu'on 
*>*ouve  à  obtenir  Thydrolé  de  goudron  extemporanément  au  fur  et 
^  mesure  du  besoin.  Je  me  borne  à  constater  que  la  poudre  de 
ffondron  fournit  non-seulement  aux  pharmaciens,  mais  au  pre- 
IKSfcier  venu,  la  facilité  de  réaliser,  à  peu  de  frais^  ces  divers  avan- 
cées. 

On  peut  obtenir  Thydrolé  de  goudron  en  traitant  la  poudre  par 
^^iviation  dans  un  appareil  que  j'ai  approprié  à  cet  usage,  ou  par 
iple  agitation  avec  Teau  dans  une  bouteille.  Le  premier  procédé, 
i-avantageUx  à  certains  points  de  vue,  offre  trop  de  difficultés 

*  ^écution  et  exige  pour  sa  complète  réussite  des  soins  trop  mi- 
^Mtieui,  pour  que  je  me  décide  à  en  proposer  l'emploi  général.  Le 
*^C0Qd  procédé,  plus  simple  et  plus  facile^  se  pratique  de  la  ma- 
*^ière  suivante  :  on  introduit  le  goudron  pulvérulent  dans  une 
•^•'teille  ou  carafe  de  1  litre  et  demi  environ  ;  on  v  verse  ensuite 

*  ^Ure  d'eau,  on  bouche  la  bouteille  et  on  agite  sans  cesse  pen- 
^•*ïl  cinq  ou  six  minutes,  on  filtre  au  papier. 

Quant  aux  proportions  de  goudron  et  d'eau  à  employer,  j'ai  cru 
^^oir  adopter  les  suivantes,  que  chaque  médecin  pourra  modifier 
«On  gré  : 

Goadron  pulvérulent 15  grammes. 

Eaa  de  rivière 1000       — 

l-'hydrolé  préparé  dans  ces  proportions  m*a  paru  suffisammeivt. 


odorant  et  sapide  ;  i!  est  très-peu  coloré,  comparé  à  Thydrolé  du 
Codex  ou  de  divers  auteurs  (1). 

Un  litre  laisse  pour  résidu  de  son  évaporation  i  gramme  environ 
d'extrait  mou  dont  Todeur  agréable  et  fortifiante  rappelle  celle  de 
Pextrait  de  genièvre. 

Il  tient  le  milieu  entre  les  hydrolés  évidemment  trop  faibles  de 
certaines  «pharmacopées,  qui  ne  contiennent  par  litre  que  â  ou 
3  décigrammes  d'extrait^  et  les  hydrolés  riches  de  2  grammes  ou 
davantage,  dont  très-peu  de  personnes  peuvent  supporter  la  saveur 
mordicante  et  la  trop  grande  activité.    . 

C'est  avec  de  Teau  à  20  degrés  centigrades  qu'ont  été  faits  les 
nombreux  essais  qui  ont  servi  de  base  à  ma  formule.  Selon  que  la 
température  de  l'eau  dépasse  sensiblement  ce  degré  ou  lui  est  in- 
férieure, la  proportion  du  goudron  dissous  varie  d'une  manière 
marquée.  1  litre  d'eau  à  0  degré  ne  dissout  guère  que  50  à 
60  centigrammes  d'extrait.  Il  suit  de  là  que,  pendant  l'hiver,  il  con- 
vient de  porter  la  température  de  Teau  destinée  à  la  préparation  de 
l'hydrolé  vers  le  vingtième  degré.  Dans  la  saison  d'été,  au»con* 
traire,  l'eau,  possédante  peu  près  cette  température^  peut^  à  lari- 
gueur^  être  employée  telle  quelle. 

En  traitant  10  grammes  de  goudron  pulvérulent  par  10  litres 
d'eau^  on  se  procure  une  boisson  salubre  et  désaltérante  pendant 
les  grandes  chaleurs.  Si  on  porte  la  dose  de  la  poudre  à  50  gram- 
mes pour  1  litre  d'eau  et  si  on  élève  la  température  de  celle-ci.  à 
50  degrés  centigrades,  on  obtient  un  hydrolé  très -chargé  pouvant 
servir,  pur  ou  additionné  d'eau,  à  tous  les  usages  chirurgicaux. 

Sirop  concentré  de  goudron. —  Quelque  rapide  et  commode  que 
soit  le  procédé  que  je  viens  de  proposer  pour  la  préparation  de 
l'hydrolé  de  goudron  y  j'ai  cherché,  à  Texemple  de  MM.  Guyot  et 
Le  Bœuf^  à  rendre  cette  préparation  encore. plus  rapide  et  plus 
commode,  en  inventant  un  liquide  riche  en  goudron  et  cKune  con- 
servation facile,  dont  une  petite  quantité  mêlée  avec  l'eau  transfor- 
mât immédiatement  celle-ci  en  hydrolé  de  goudron.  Le  sirop  dont 
suit  la  formule  atteint  le  but  proposé  : 


(1)  Cette  faiblesse  de  coloration  est  loin  d'être  un  défaut  :  eUe  vient  de  ee 
qae  l'hydrolé  n'a  subi  ni  l'action  prolongée  de  l'air  et  de  la  lumière,  ni  une 
température  élevée^  toutes  causes  qui  augmentent  Tinlensilé  de  la  coalear  de 
l'hydrolé  au  détriment  de  ses  qualités. 


Pr.:  Goudron  pulvérulent 50  grammes. 

Eau 180       — 

Sucre  en  poudre  grossière 320       — 

Mêlez  intimement  dans  un  mortier  le  goudron  et  le  sucre  ;  in- 
Iroduisez  le  mélange  dans  un  ballon^  ajoutez  Teau,  chauffez  le 
ballon  au  bain-marie  de  manière  à  porter  la  température  du  sirop 
à  60  degrés  centigrades  ;  retirez  alors  le  ballon  du  bain-marie  et 
agitez  pendant  cinq  minutes  ;  jetez  le  sirop  dans  une  pefite  poche, 
quand  il  ne  sera  plus  que  tiède  ;  repassez-le. 

Ce  sirop  a  une  saveur  si  forte  et  irrite  tellement  la  gorge^  qu^il 
ne  peut  pas  être  pris  pur  par  leâ  malades  (i).  Mais  sa  destination 
spéciale  légitinie  la  haute  dose  de  goudron  qu'il  renferme.  Une 
cuillerée  à  bouche  de  ce  sirop^  ajoutée  à  un  verre  d'eau,  donne  un 
hydrolé  qui,  par  l'odeur,  la  saveur  et  la  richesse  en  extrait,  se  rap- 
proche beaucoup  de  l'hydrolé  de  goudron  obtenu  par  la  voie  ordi- 
naire, auquel  on  aurait  ajouté  un  peu  de  sucre.  On  ne  saurait  en 
dire  de  même  de  l'hydrolé  de  goudron  obtenu  par  la  liqueur 
Guyot,  lequel  difiïere  totalement  de  Thydrolé  type. 

Les  médecins  savent  aujourd'hui  ce  qu'il  faut  penser  de  cette 
liqueur  naguère  tant  vantée,  dans  laquelle  prédomine  d'une  ma- 
nière si  fâcheuse  le  carbonate  de  soude. 

Bien  que  l'émulsion  Le  Bœuf  à  la  saponine,  proposée  par  ce 
pharmacien  distingué  pour  remplacer  la  liqueur  Guyot^  soit  bien 
supérieure  à  celte  dernière^  et  qu'elle  possède  un  mérite  réel  d'in- 
Yention,  je  ne  puis  m*empêcher  d'y  signaler  les  imperfections  sui- 
irantes  : 

-  Elle  laisse  précipiter  à  la  longue  une  portion  de  goudron  qui 
échappe  peu  à  peu  à  l'action  émulsive  de  la  saponine.  L'hydrolé 
préparé  avec  cette  émulsion  laisse  dans  la  bouche  et  sur  les  lèvres 
la  sensation  d'un  enduit  résineux  et  collant  ;  enfin  ce  même  hy- 
drolé, et  c'est  là  son  imperfection  la  plus  grave,  offre  une  différence 
de  composition  très-marquée  avec  l'hydrolé  obtenu  par  la  voie 


•■ 


(1)  On  pourrait^  en  suivant  la  même  formule,  mais  en  diminuant  convena- 
UMnent  la  proportion  de  goudron,  obtenir  un  sirop  susceptible  d'être  admi- 
nistré pur  et  par  cuillerées  ;  il  remplacerait  le  sirop  du  Codex,  qui  est  évi- 
demment trop  pauvre  en  goudron.  Ce  sirop  ne  représente,  en  effet,  que  le  tiers 
da  goudron  contenu  dans  un  poids  d'faydrolé  de  goudron  égal  au  sien,  c'est- 
à-dire  une  proportion  trbs-faible,  et  qui  le  devient  d*aulant  plus  dans  la  pra- 
tfqae,  que  le  sirop  est  prescrit  d'ordinaire  par  cuillerées  à  bouche^  et  que 
rhydrolé^  au  contraire,  se  boit  par  larges  verres. 


—  218  — 

ordinaire,  c'est-à-dire  par  le  contact  de  Teau  et  du  goudron.  Tan- 
dis que  celui-ci  ne  renferme  que  les  principes  du  goudrou  sotubles 
dans  l'eau  ou  sa  partie  extraclive,  l'hydroléLe  Bœuf  contient  toutes 
les  parties  du  goudron,  c'est  à-dire  le  goudron  en  nature  simple- 
ment divisé.  Or^  c'est  à  la  partie  eitraclive  du  goudron,  et  non 
au  goudron  lui-même^  que  sont  dues  les  belles  cures  obtenues 
jusqu'à  aujourd'hui  par  le  traitement  goudronné  dans  les  affections 
des  voies  aériennes. 

Le  goudron  simplement  divisé  serait-il  susceptible  de  produira, 
dans  ces  affections,  d'aussi  bons  résultats  que  son  extrait  ?  Gela  me 
paraît  très-peu  probable.  Je  conviens  pourtant  que  des  expériences 
cliniques  sérieuses  et  comparatives  pourraient  seules  résoudre  cette 
question  soulevée  par  les  récents  et  consciencieux  travaux  de  M.  Le 
Bœuf. 

Aux  médecins  qui^  dans  certains  cas,  roudraient  administrer  le 
goudron  en  nature  à  l'intérieur^  je  proposerais  les  pilules  sui- 
vantes : 

Pr.:  Goudron  coulant 2  grammes. 

Poudre  de  racine  de  saponaire 4       — 

Sirop  de  gomme Q.  S. 

Divisez  en  quarante  pilules.  Chaque  pilule  contient  S  centigram- 
mes de  goudron.  Si  on  délaye  dans  l'eau  une  de  ces  pilules,  le  gou- 
dron y  resle  suspendu  et  émulsionné  par  la  saponine  de  la  racine 
de  saponaire  et  par  la  gomme  du  sirop. 

Ces  pilules  seraient,  sous  forme  solide,  l'équivalent  de  rémuUion 
Le  Bœuf. 


Sttr  la  cyllfllne  ^  ■•n  extraction  | 

Par  H.  A.  BussMAim  (i). 

Il  y  a  quelque  temps,  l'auteur,  en  collaboration  avec  M.  Marmë^ 
a  découvert  un  nouvel  alcaloïde,  la  cytisine,  dans  les  semences  du 
Cytisus  laburnum.  Il  fait  connaître  maintenant  le  mode  de  prépa- 
ration et  les  propriétés  de  cette  substance. 

Pour  l'obtenir,  on  fait  macérer  pendant  quarante-huit  heures  les 
semences  concassées  dans  de  l'eau  aiguisée  d'acide  sulfurique;  la 
liqueur  filtrée,  neutralisée  par  la  chaux,  précipitée  par  raoétati 


(1)  Zeitschriftfur  Chemie^  1869,  et  Journ,  de  pharm.  êê  dedUm.,  Jnia  Ifli. 


de  plomb  et  débarrassée  par  Tacide  sulfhydrique  de  Tacétate  de 
plomb  en  excès,  est  neutralisée  de  nouveau  par  le  carbonate  de 
soude  et  évaporée.  Lorsqu'il  ne  reste  plus  qu'un  petit  volume  de  li- 
queur, on  précipite  par  une  solution  de  tannin,  tout  en  maintenant 
le  mélange  alcalin  plutôt  qu'acide.  Le  précipité  blanc  floconneux 
obtenu  ayant  été  lavé  rapidement,  est  délayé  dans  de  Peau,  et  le 
mélange  chaufifé  au  bain-marie  avec  de  la  litharge  jusqu'à  ce  qu'il 
ne  se  colore  plus  par  le  perchlorure  de  fer.  Dans  ces  conditions,  il 
est  desséché  puis  traité  par  Talcool.  Ce  dernier,  filtré  et  évaporé^ 
fournit  un  sirop  qui,  traité  par  Tacide  azotique  concentré  et  addi- 
tionné de  6  à  8  volumes  d'alcool^  laisse  séparer,  par  le  refroidisse- 
ment, d'abord  des  matières  résineuses,  puis  de  beaux  crii^taux  d'a- 
zotate de  cytisine  que  l'on  purifie.  Pour  avoir  Talcali  lui-même,  on 
mélange  je  nitrate  desséché  et  pulvérisé  avec  une  solution  de  po- 
tasse extrêmement  concentrée  et  on  chauffe  jusqu'à  ce  que  la  cyti- 
sine se  séparé  sous  forme  d'une  matière  huileuse.  Après  un  lavage 
à  l'eau  et  un  second  traitement  à  la  potasse,  on  la  lave  une  seconde 
fois  à  Teau  et  on  l'expose  à  un  courant  de  gaz  carbonique  destiné  à 
transformer  en  carbonate  la  potasse  libre  qu'elle  retient.  Il  suffit 
'alors  de  la  dissoudre  dans  Talcool  absolu,  d'évaporer  la  liqueur  en 
consistance  sirupeuse^  et  de  laisser  refroidir  poMr  voir  l'alcaloïde  se 
solidifier  en  une  masse  cristallisée. 

L'auteur  représente  la  composition  de  la  cytisine  par  la  for- 
mule C*^H*'Az'0'.  Celte  hase  n'est  pas  déliquescente  ;  elle  possède 
une  saveur  amère  et  ensuite  caustique;  elle  fond  à  154", 5  et  se  su- 
blime à  une  température  plus  élevée  en  aiguilles  dont  la  longueur 
dépasse  parfois  I  centimètre.  Dans  l'eau  et  dans  l'alcool  aqueux 
elle  se  diï^sout  presque  en  toutes  proportions  ;  elle  est,  au  contraire, 
à  peu  près  insoluble  dans  Téther,  le  chloroforme,  la  benzine  et  le 
sulfure  de  carbone.  Elle  constitue  l'un  des  alcalis  végétaux  les  plus 
énergiques,  elle  déplace  dès  la  température  ordinaire  l'ammoniaque 
de  ses  combinaisons  salines.  Le  nitrate  constitue  des  prismes  ren- 
fermant quatre  équivalents  d'eau  de  cristallisation  Le  chlorhydrate^ 
sel  facilement  soluhle  dans  l'eau,  peut  également  être  obtenu  cris- 
tallisé. Les  autres  sels  à  acides  minéraux  cristallisent  difficilement 
ou  même  ne  cristallisent  pas.  L'auteur  a  préparé  également  les  sels 
doubles  de  platine^  de  mercure  et  d'or. 

La  solution  du  nitrate  de  cytisine  précipite,  même  lorsqu'elle  est 
extrêmement  étendue,  l'iodure  double  de  mercure  et  de  potassium. 
L'îodure  de  potassium  ioduré  donne  avec  elle  un  précipité  rouge 


—  220  — 

brun  d'abord  amorphe  qui  devient  ensuite  cristallin.  L^eau  bromée 
la  précipite  en  jaune  orange,  même  à  l'état  de  dilution  extrême. 
L'eau  chlorée  est  sans  action.  L'acide  sulfurique  concentré  ne  color^ 
pas  la  cytisine  :  si  Ton  projette  dans  le  mélange  des  fragments  de 
bichromate  de  potasse,  il  se  colore  d'abord  en  jaune,  puis  en  bran 
sale,  et  enfin  en  vert;  si  c^est  de  Pacide  nitrique  que  Ton  ajoute^ 
la  masse  devient  jaune  orangé. 

Cet  alcaloïde  se  trouve  dans  toutes  les  parties  de  la  plante,  à  l'ex- 
ception du  bois  ;  les  semences  paraissent  en  être  particulièrement 
riches.  Le  Cytisus  labumum  n'est  pas  la  seule  plante  qui  le  ren- 
ferme :  on  Ta  rencontré  également  dans  toutes  les  plantes  du  genre 
Cytisus  qui  ont  été  examinées. 

M.  Marmé  a  étudié  ses  propriétés  physiologiques.  Il  provoqne 
facilement  les  vomissements.  Quelques  décigrammes  administrés, 
par  injection  sous-cutanée,  à  un  gros  chien,  lui  donnent  la  mort  : 
le  poison  agit  par  asphyxie,  de  telle  manière  qu'en  pratiquant  pen- 
dant une  demi-heure  ou  une  heure  la  respiration  artificielle,  on  peut 
combattre  avec  succès  les  effets  du  toxique. 


CORRESPONDANCE  MÉDICALE 


Un  Insoeeès  du  réCroceps  ;  nem  eaïuefl  %  réflexi«iifl  ; 

Par  M.  E.  Dbyaux. 

Monsieur  le  rédacteur. 
Je  vous  adresse  l'observation  d'un  accouchement  pour  lequel  le 
rétroceps  a  échoué,  et  si  ce  fait  vous  paraît,  comme  à  moi,  capable 
d'intéresser  vos  lecteurs,  je  vous  prierai  de  vouloir  bien  rinsértf 
dans  le  Bulletin  général  de  Thérapeutique* 

Le  29  juillet  1869,  je  fus  appelé  près  de  M"*«  S.  S.,  primipare^ 
âgée  de  trente-six  ans,  qui  avait  ressenti  vers  minuit  les  premières 
douleurs  de  Tenfantement.  Les  douleurs  retentissaient  suilont 
dans  la  région  lombaire,  se  répétaient  assez  souvent,  mais  ne  pre- 
naient pas  un  caractère  franchement  expulsif.  Aussi  ce  ne  fut  que 
vers  dix  heures  du  soir,  vingt-deux  heures  après  le  début  du  tra- 
vail, que  je  trouvai  la  tête  au  détroit  supérieur,  assez  dégagée  du 
col  de  l'utérus  pour  tenter  sans  crainte  l'application  du  rétroceps. 
Les  deux  cuillers  s'engagèrent  facilement  en  arrière  de  la  tète,  et 
la  saisirent  assez  fortement  pour  me  permettre  d'exercer  des  trac- 
tions énergiques  ;  je  fis  ces  tractions  dans  des  directions  diverse^r, 


—  221   — 

j'imprimai  à  mon  instrument  des  mouvements  de  latéralité  :  tout 
fut  inutile,  la  tête  était  comme  enclavée,  et  mon  rélroceps  glissa  et 
ressortit  vide.  J'attendis  deux  heures  avant  de  tenter  une  seconde 
application,  dont  le  résultat  fut  le  même  que  pour  la  première.  A  trois 
heures  du  matin,  la  tête  s'étant  un  peu  engagée  dans  Texcavation^ 
je  fis  une  nouvelle  tentative, qui  resta  infructueuse.  J'envoyai  alors 
chercher  du  seigle  ergoté,  qui  ne  m'arriva  qu'à  six  heures  ;  j'en  fis 
prendre  4  grammes  dans  l'espace  de  cinq  quarts  d'heure;  les  dou- 
leurs prirent  un  caractère  expulsif  assez  prononcé,  mais  elles  ne 
duraient  que  quelques  secondes.  La  tête  s'engagea  dans  l'excava- 
tion, et  bientôt  je  trouvai,  immédiatement  en  arrière  des  petites 
lèvres,  une  bosse  molle,  arrondie,  tellement  développée,  qu'elle  ne 
me  permettait  pas  de  trouver  les  fontanelles  pour  reconnaître  la 
présentation  précise  .  Je  renouvelai  l'application  du  rétroceps,  et 
trois  fois  encore,  après  avoir  saisi  la  tête  assez  solidement  pour  me 
permettre  de  fortes  tractions,  je  vis  mon  instrument  glisser  sur  la 
tumeur  que  j'ai  signalée,  et  manquer  son  effet. 

Cet  insuccès  me  détermina  à  recourir  à  Temploi  du  forceps  symé- 
trique, dont  je  n'avais  pas  eu  à  me  servir  depuis  longtemps.  L'in- 
troduction des  cuillers  fut  assez  facile  ;  le  croisement  des  branches 
et  leur  articulation  m'offrirent  quelque  difficulté;  mais  celte  diffi- 
culté vaincue,  j'amenai  promplement  hors  du  sein  maternel  un 
enfant  mort,  sur  lequel  j'observai  ce  qui  suit  : 

La  tumeur  dont  j'ai  parlé  précédemment  était  assez  volumi- 
neuse pour  coiffer  en  quelque  sorte  les  os  du  crâne;  ces  os  étaient 
mobiles  les  uns  sur  les  autres,  et  me  parurent  ne  pas  avoir  acquis 
le  degré  d'ossification  habituel  chez  un  enfant  à  terme.  Les  pré- 
jugés du  peuple  m'empêchèrent  de  pouvoir  demander  à  faire  l'ou- 
verture de  la  tête,  pour  voir  si,  comme  je  suis  porté  à  le  croire,  la 
pulpe  cérébrale  ne  contribuait  pas,  avec  un  épauchement  sanguin, 
à  former  la  tumeur  qui  avait  la  consistance  d'une  bouillie  mulle. 
Le  cordon  était  enroulé  deux  fois  autour  du  cou,  et  avait  si  bien 
déterminé  une  vraie  strangulation,  que  la  peau  de  la  partie  anté- 
rieure du  cou  était  violacée,  lorsque  le  reste  du  corps  offrait  une 
coloration  normale. 

La  brièveté  extiéme  du  cordon,  suite  de  sou  enroulement,  était  le 
premier  obstacle  au  succès  des  applications  du  rétroceps ,  la  tumeur 
molle  était  la  deuxième  cause  de  cet  insuccès,  parce  qu'elle  n'offrait 
pas  la  résistance  nécessaire  pour  se  laisser  entraîner  par  les  cuillers 
au  forceps  asymétrique. 

Le  forceps  croisé  m'a  réussi  dans  ce  cas,  parce  que  ses  cuillers 
symétriques  ont  assez  violemment  comprimé  la  tumeur  pour  ne 
plus  lui  permettre  d'échapper  à  leur  étreinte.  Je  me  demande  si, 
dans  le  cas  où  j'aurais  eu  affaire  à  un  enfant  vivant,  une  étreinte 
aussi  violente  n'aurait  point  pu  déterminer  des  blessures  graves  et 
peut-être  mortelles?  Le  mode  de  préhension  du  rélroceps  met  à 
l'abri  de  tout  danger  de  ce  genre. 

Ma  persistance  dans  Temploi  ud  rétroceps  pourra  étonner  ceux 
qui  n'ont  jamais  employé  cet  instrument  ;  mais  leur  surprise  dis- 

TOME  LXXX.  7*  LIVR.  ^\ 


—  222  — 

paraîtra  quand  ils  sauront  que,  pour  ma  pailj'ai  obtenu  quarante- 
neuf  succès  avec  le  rétroceps. 

Une  fois  le  rétroceps  m'a  donné  le  résultat  le  plus  heureux  dans 
une  présentation  de  la  face,  comme  on  peut  le  voir  dans  le  Bul- 
letin général  de  Thérapeutique,  i.  LXXIV,  p.  129.  Quarante-huit 
fois  je  Tai  appliqué  heureusement,  tantôt  au  détroit  supérieur, 
comme  j'en  ai  donné  un  exemple  dans  le  Bulletin  général  de  Théra- 
peutique, t.  LXXII,  p.  29,  tantôt  dans  l'excavation . 

Cet  emploi  du  rétroceps  était  nécessité  par  une  inertie  plus  ou 
moins  complète  de  l'utérus,  sans  que  j'aie  eu,  comme  MM.  Hamon^ 
Piielippeaux  et  autres,  à  lutter  contre  les  difiicultés  résultant  de 
vices  de  conformation  plus  ou  moins  prononcés. 

Des  quarante-neuf  faits  dont  le  résultat  a  été  heureux,  comme 
du  fait  dont  l'observation  précède,  je  crois  pouvoir  conclure  ce  qui 
suit  : 

1*^  L'application  du  rétroceps  est  toujours  plus  facile  que  celle  du 
forceps  symétrique. 

2°  Cette  plus  grande  facilité  d'application  permet  d'utiliser  le 
rétroceps  dans  des  conditions  où  Ton  ne  pourrait  pas  employer  le 
forceps.  C'est  ainsi,  par  exemple^  que  j'ai  pu  débarrasser  aisément, 
avec  le  rétroceps,  de  pauvres  femmes  qui  n'avaient  pas  d'autre  lit  de 
misère  qu'un  sac  mal  garni  de  paille,  qui  les  élevait  à  peine  à  25 
ou  30  centimètres  au-dessus  du  sol.  Le  forceps  exige  un  champ  de 
manœuvre  plus  élevé. 

3^  Sans  exposer  comme  le  forceps  croisé  à  blesser  les  os  da 
crâne  par  une  compression  brutale,  le  rétroceps,  pour  peu  que  la 
tête  du  fœtus  offre  une  résistance  normale,  saisit  cette  tête  assez  for- 
tement et  assez  sûrement  pour  tnener  à  bien  un  accouchement  qui 
exige  des  efforts  considérables. 

i*  La  partie  postérieure  du  col  de  l'utérus  étant  habituellement 
la  première  bien  eifacée,  on  peut  appliquer  sans  crainte  le  rétroceps, 
lorsqu'il  y  aurait  à  hésiter  pour  l'application  du  forceps,  dont  l'ac- 
tion sur  les  parties  latérales  du  col,  moins  effacées,  pourrait  être 
redoutée.  Par  cette  cause  aussi,  le  rétroceps  peut  être  appli(}aé 
avant  la  dilatation  complète  du  col,  et  bien  avant  que  l'application 
et  surtout  Tarticulation  du  forceps  croisé  soit  possible.  Cette  cir- 
constance fait  du  rétroceps  une  ressource  précieuse  pour  le  médecin, 
quand  l'éclampsie,  la  chute  du  cordon,  ou  quelque  autre  accident 
grave  exige  impérieusement  une  prompte  intervention  de  Thomme 
de  Tart. 

5*^  Bien  que  dans  l'immense  majorité  des  cas,  le  rétroceps  me 
semble  préférable  au  forceps,  comme  il  est  des  cas,  en  réalité  bien 
exceptionnels,  où  ce  dernier  affecte  sur  la  tête  une  prise  plus  solide, 
l'accoucheur  fera  bien  de  se  munir  de  ces  deux  instruments,  pour 
se  trouver  prêt  à  tout  événement,  et  être  à  même  d'essayer  succes- 
sivement de  l'un  et  de  l'autre  engin. 

Les  six  applications  du  rétroceps  et  celle  du  forceps  n'ont  d^jter- 
niiné  aucun  accident  chez  M™°  S.  S.,  qui,  aujourd'hui,  trois  mois 
après  son  accouchement,  a  depuis  longtemps  repris  ses  occupations. 


—  2â3  — 


CLINIQUE  DE  LA  VILLE 


Cas  rare  de  durrhée,  datàitt  de  yingt  aus,  traitée  sahs 

SUCCÈS,  en  AMÉRIQUE  COMME  ES  FRANCE,  PAR  TOUS  LES  MOYENS  IMA- 
GINABLES ,  SUITE  DB  CAUSE  SPÉCIFIQUE  PRIMITIVEMENT  INCONNUE^ 
FINISSANT  PAR  DONNER  LIEU  AUX  ACCIDENTS  CHOLÉRIFORMES  LES  PLUS 
GRAVES,  ET  GUÉRIE  EN  UN  SEUL  MOIS  PAR  LE  SOLFATE  DE  QUININE, 
EN   FÉYRIER    4862.    ReCHÇTES    EN    AVRIL   ET     AOUT    4862,    PUIS    EN 

4864,  186r»,  4867  et  4868;  tentatives  volontaires  par  d'au- 
tres AGENTS  THÉRAPEUTIQUES,  INSUCCÈS  ;  NOUVEL  EMPLOI  DU  SULFATE 
DE  QUININE  ET  F^OUVEL  ET   RAPIDE    SUCCÈS,  AVEC   DES  PARTICULARITÉS 

INTÉRESSANTES,  par  le  docteur  Jules  Simon,  médecin  de  Thôpital  des 
Enfants  malades  (4).  —  Pour  donner  aux  faits  que  je  vais  relater 
ici  une  autorité  plus  grande,  pour  dissiper  tous  les  doutes  qu'ils 
pourraient  faire  naître  (doutes  bien  légitimes  quand  il  s'agit  de 
résultats  thérapeutiques),  j'ai  pris  soin,  depuis  Tannée  4862,  de 
recueillir  scrupuleusement  tous  les  détails  de  cette  curieuse  obser- 
vation, me  promettant  bien  de  la  publier,  mais  sans  vouloir  me 
hâter,  et  désireux  au  contraire  d'apporter  le  contrôle  du  temps, 
souverain  juge  en  pareille  matière.  Que  de  fois,  en  effet,  la  mar- 
che naturelle  des  maladies,  les  coïncidences  fortuites  ne  viennent- 
elles  pas  donner  le  change  aux  observateurs  les  plus  attentifs  et  les 
plus  consciencieux,  et,  la  guérison  survenant,  leur  faire  attribuer 
aux  propriétés  de  leurs  médicaments  des  phénomènes  dus  à 
révolution  naturelle  du  mal ,  au  changement  de  climats  ou  à 
l'hygiène  mieux  entendue  !  J'ai  donc  voulu  échapper  à  cette  illu- 
sion. J'ai  fait,  en  outre ,  la  contre-expérience  de  mon  traite- 
ment, et  la  démonstration  m'a  paru  péremptoire. 

||m6  X***,  originaire  de  l'Amérique  du  Sud,  âgée  de  cinquante- 
cinq  ans,  arrive  à  Paris  en  décembre  4864,  dans  le  but  de  se  dé- 
barrasser d'une  diarrhée  datant  de  vingt  ans.  Elle  avait  suivi  dans 
son  pays  toutes  les  médications  imaginables,  et  toutes  avaient 
abouti  à  lui  donner  des  alternatives  d'amélioration  et  de  rechute 
sans  lui  permettre  d'espérer  une  guérison  radicale.   Ses  médecins 


(4)  Reproduit  d'après  les  Bulletins  et  Mémoires  de  la  Société  médicale  des 
hOfilauœ  de  Paris,  2«  série,  t.  Yl,  1869,  p.  74. 


—  224  — 

lui  coiiàeillcrenl,  on  fin  de  comple,  un  voyage  en  Europe.  La  tra- 
versée avait  été  fort  heureuse.  Le  régime  nouveau,  Tair  salin,  lui 
avaient  procuré  momentanément  un  répit  beaucoup  plus  long  que 
tous  ceux  qu'elle  avait  pu  obtenir.  Une  fois  à  Paris,  le  bien-être 
disparaît,  et  la  diarrhée  revient  avec  tous  ses  caractères. 

C'est  le  25  décembre  1861  que  je  fus  appelé  à  donner  des  soins 
à  cette  malade,  huit  jours  environ  après  son  arrivée  à  Paris.  En 
cherchant  à  remonter  à  la  source  des  événements,  il  m'est  impos- 
sible de  découvrir  la  véritable  cause  de  cette  diarrhée.  La  malade 
me  racontait  bien,  en  la  pressant  de  questions  multiples^  qu'elle 
avait  habité  une  propriété  où  régnait  la  fièvre  intermittente,  mais 
qu'on  la  lui  avait  coupée  avec  du  sulfate  de  quinine^  que  d'ailleurs 
ses  accidents  diarrhéiques  étaient  survenus  plus  tard,  et  qu'ils  sem- 
blaient plutôt  être  rapportés  par  les  médecins  à  un  refroidissement 
subit  et  violent  qu'elle  aurait  éprouvé  en  se  baignant  dans  un  cours 
d'eau  vive  d'une  fraîcheur  exagérée.  Un  point  important  sur  lequel 
elle  insiste  beaucoup,  c'est  qu  elle  n'a  point  eu  ie  dyseuteiie  et 
qu'elle  n'a  jamais  perdu  de  sang.  Les  garde-robes,  au  nombre  de 
trois,  quatre  à  six  par  jour,  étaient  soumises  à  des  alternatives 
d'augmentation  ou  de  diminution;  elles  se  composaient  de  matières 
mal  digérées^  de  mucosités,  et  de  flux  biliaire.  Tels  sont  les  ren- 
seignements sur  lesquels  il  m'était  permis  de  compter. 

Au  moment  de  mon  premier  examen,  cette  malade^  douée  d'une 
grande  vigueur,  était  amaigrie  et  pâle  ;  son  ventre,  légèrement 
ballonné,  était  peu  sensible  à  la  pression.  L'S  iliaque,  cependant^ 
était  plus  particulièrement  le  siège  d'une  légère  douleur.  Le  foie 
était  volumineux,  il  débordait  au-dessous  des  fausses  côtes  et  re- 
montait vers  la  poitrine.  La  rate  était  considérable.  On  la  sentait 


légi 

ments  substantiels  ;  la  soif  assez  vive,  et  la  digestion  un  peu  pares- 
seuse. Les  garde-robes  conservaient  tous  les  caractères  précités, 
tant  au  point  de  vue  de  leur  fréquence  qu'à  celui  de  leur  composi- 
tion. Toutes  les  autres  fonctions  de  l'économie  étaient  normales  et 
la  malade,  absolument  apyréiique,  ne  présentait  à  aucun  mo- 
ment de  réaction  fébrile,  ni  continue,  ni  rémittente^  ni  intermit- 
tente. 

En  présence  de  tels  symptômes,  mon  diagnostic  ne  pouvait  guère 
dépasser  les  limites  suivantes  :  diarrhée  des  pays  chauds,  expression 
qui  embrasse  déjà  en  elle-même  une  foule  de  points  spéciaux  :  le 
climat,  l'hygiène,  l'endémie. 

L'absence  d'émissions  sanguines  par  le  fondement,  de  ténesme 
au  début,  m'éloignait  de  la  dysenterie  antérieure.  L'idée  d'une  en- 
térite chronique  me  parut  seule  raisonnable.  Et  quand  il  s'agissait 
de  passer  en  revue  les  faits  pendant  vingt  ans,  je  ne  pouvais  plus 
réellement  saisir  un  lien  intime  entre  les  influences  palustres  et 
cette  entérite.  Je  pensais  bien  que  le  refroidissement  du  début  de- 
vait avoir  provoqué  une  fluxion  intestinale  ;  que  le  séjour  dans- 


—  225  — 

une  contrée  fiévreuse  devait  avoir  préparé  le  terrain  en  produisant 
de  Tanémie  et  des  troubles  digestifs,. entretenus  par  l'alimentation 
féculente  et  herbacée  des  pays  chauds  ;  mais  de  là  à  voir  une  fièvre 
intermittente  ou  mieux  une  action  palustre  sous  le  masque  de  la 
diarrhée  datant  de  vingt  ans,  je  ne  pouvais  m'y  résoudre.  L'aug- 
mentation du  volume  du  foie  et  de  la  rate  est  fréquente  dans  la 
diarrhée  des  pays  chauds,  et  cette  maladie  venant  d'une  contrée 
où  les  manifestations  palustres  sont  constamment  à  Tordre  du  jour, 
il  me  semblait  impossible  que^  pendant  vingt  ans,  les  médecins  de 
la  localité  n'eussent  point  agi  dans  ce  sens.  La  malade  le  racontait. 
Le  sulfate  de  quinine  avait  été  donné  contre  des  accès  avérés  de 
fièvre  tierce.  On  en  suspendit  l'emploi  quand  on  la  crut  guérie. 
Admettant  même  que  cette  diarrhée  pût  être  mise  sur  le  compte 
de  Pintoxication  paludéenne,  pouvais-je  penser  que  le  sulfate  de 
quinine  seul,  et  d'une  manière  toute  spécifi(iue^  modérerait,  puis 
arrêterait  complètement  ce  flux  diarrhéique  ? 

Mon  diagnostic  posé^  comme  je  viens  de  l'expliquer^  j'instituai 
de  suite  la  médication  suivante  :  Je  m'adressai  d'abord  aux  astrin- 
gents et  aux  opiacés,  depuis  la  tisane  de  riz,  les  bols  de  diascor- 
dium  mêlé  avec  du  bismuth^  jusqu'aux  lavements  et  aux  potions 
landanisées  ;  tout  fut  mis  à  contribution.  Un  régime  spécial  com- 
posé de  bouillie,  panades,  potages  dégraissés^  jus  de  viande,  fut 
adjoint  aux  précédentes  prescriptions. 

Au  premier  moment,  pendant  les  premiers  jours,  la  malade  fut 
sensiblement    améliorée.    Les  garde-robes  diminuaient   de  fré- 
quence, elles  étaient  plus  consistantes  ;  la  malade  recouvrait   ses 
forces.  Mais  à  cet  état  de  bien-être,  qui  ne  dura  que  huit  jours, 
succéda  de  la  prostration,  de  1  inappétence  due  aux  préparations 
opiacées  ;  et  la  maladie  reparut  malgré  Tobservance  rigoureuse  de 
la  médication  et  du  régime.  Ces  faits  se  passèrent  du  25  décembre 
iB61  au  6  janvier  i86i,   époque  à  laquelle,  voyant  Tinsuccès  de 
mon  traitement,  je  le  modifiai  de  la  manière  suivante  :  La  malade 
pHt  tous  les  quatre  à  cinq  jours  un  peu  de  manne  ou  une  cuillerée 
^  café  de  magnésie  anglaise,  et  ne  conserva  de  son  premier  traite- 
'Qtïntqueles  lavements  laudanisés,  à  la  dose  de  8  à  dO  gouttes 
chacun,  administn's  malin  et  soir.  La  soif  augmentant,  une  limo- 
•îadc  au  citron  fut  prise  à  la  place  de  Teau  de  riz.  En  un   mot,  je 
^^bslituai  aux  astringents  et  aux  opiacés  une  médication  fort  en 
**%age  contre  les  diarrh-u's  chroniques,  celle  des  laxatifs  combinés 
^^x  opiacés,  le  régime  étant  scrupuleusement  observé. 

Du  ("i  janvier  au  :22  janvier,  l'état  de  la  malade  était   sensible- 

^*ï€nl  le  même.  Les  évacuations  provocjuées  par  mes  laxatifs  étaient 

^Mivies  de  douze  heures  de  lépil  environ,  puis  la  diarrhée  reprenait 

^*^ncours  habituel.  Les  forces  diminuant,  la  malade  finit  par  gar- 

'^^^rle  lit;  la  maigreur  devint  squtlellique,   la  voix  perdait  de  son 

^îiractère  normal  ;  elle  se  voilait.  Le  ventre,  toujours  un  peu  bal- 

■'->iuié,  était  manifestement  |>lus  sensible  dans  Thypochondre  gau- 

^'heel  le  flanc  gauche.  Le  foie  et  la  rate  restaient  volumineux.  La 

^^lalade  était  toujours  at)yrclique. 


Le  22  janTÎer^  je  revins  au  traitement  primitif  et  j'appliquai  un 
large  vdsicatoire  sur  le  ventre.  A  partir  de  ce  moment,  la  malade 
tomba  dans  un  ëtal  des  plus  alarmants.  Sa  diarrhée  s'accrut  encore. 
Elle  devint  incessante,  séreuse,  grumeleuse,  presque  analogue  à  la 
diarrhée  cholériforme,  et,  à  part  l'absence  de  vomissements,  la 
pauvre  malade  prenait  toutes  les  allures  d*un  cholérique  et  surtout 
était  menacée  de  toutes  ses  gravités. 

Couchée  dans  le  décubitus  dorsal^  sans  voix,  presque  sans  pouls 
appréciable,  le  teint  livide,  les  yeux  excavés,  le  visage  couvert  a'une 
sueur  froide,  la  peau  comme  macérée,  sans  élasticité,  conservant 
les  phs  qu'on  y  faisait  ;  la  respiration  ralentie,  suspirieuse  ;  la 
soif  excessive,  l'indifférence  complète. 

Enfin,  le  A  février,  la  malade  se  mourait  et  je  la  vis  en  consul- 
tation avec  M.  Tardieu.  Nous  suspendîmes  tout  traitement  pour  ne 
lui  donner  que  du  lait  et  des  panades.  Huit  heures  après  avoir  com- 
mencé ce  traitement,  le  pouls  cessa  de  battre,  la  respiration  ne  se 
fit  plus  que  de  loin  en  loin,  les  extrémités  étaient  froides,  le  regard 
étemt  J'abandonnai  dès  lors  toute  idée  de  sa  maladie,  ou  des  lé- 
sions intestinales  que  je  finissais  par  supposer  énormes,  pour  ne 
songer  qu'à  relever  les  forces.  En  face  d'une  mort  prochaine,  je 
déclarai  à  la  famille  que  je  ne  voulais  plus  suivre  les  errements  in- 
diqués, et  que  j'allais  tenter  un  dernier  effort  qui,  peut  être,  préci- 
piterait les  événements,  mais  qui  était  aussi  notre  dernière  branche 
de  salut. 

Je  restai,  à  poste  fixe,  près  de  la  malade,  et  je  lui  administrai 
moi-même,  de  dix  en  dix  minutes,  une  cuiller  à  café  de  vin  de 
Malaga,  et  je  fis  préparer,  en  toute  hâte,  une  potion  au  sulfate  de 
quinine. 

^  Cette  potion  contenait  50  centigrammes  de  sulfate  de  quinine, 
avec  30  grammes  de  sirop  de  morphine.  J'|ijoutai  la  morphine 
dans  le  but  de  ne  point  révolter  l'estomac,  et,  partant,  de  permet- 
tre l'absorption  du  médicament.  Les  faits  qui  vont  suivre  ne  pou- 
vaient, comme  on  le  verra,  appartenir  aux  opiacés  ;  leur  insuccès 
était  flagrant.  C'est  au  sulfate  de  quinine  que  revient  tout  Thon- 
neur.  En  effet,  six  heures  après  avoir  commencé  cette  potion,  la 
malade  semblait  renaître  ;  elle  remuait  un  peu  la  tête,  son  teint  se 
colorait,  son  pouls  pouvait  se  sentir,  sa  respiration  était  plus  ample. 
La  diarrhée  continuait,  mais  il  était  manifeste  que  les  forces  re- 
naissaient. 

Je  continuai,  le  5  février,  le  même  traitement  de  la  manière 
suivante  :  Toutes  les  heures,  je  donnai  deux  cuillerées  à  bouche  de 
la  potion,  et,  de  temps  en  temps,  je  fis  prendre  du  bouillon  dé- 
graissé, des  tasses  de  thé  bien  chaud  chargé  d'eau-de-vie  ou  de 
rhum  (je  dois  dire  tout  de  suite  que  le  thé,  le  rhum,  le  vin  de  Ma- 
laga,  avaient,  comme  les  astringents,  complètement  échoué  avant 
l'administration   du  sulfate  de  quinine). 

Dès  lors,  les  forces  se  récupérèrent  au  delà  de  toute  prévision. 

La  diarrhée  elle-même  diminuait  d'intensité,  de  fréquence  et  de 

Saidité.  Je  saisis  bien  alors  qu'il  y  avait  là  une  maladie  spécifique 


—  227  — 

et  un  agent  spécifique.  Je  .poursuivis  ma  médication^  mais  je  la 
modifiai  de  la  manière  suivante  :  Je  donnai  ma  potion  en  trois 
fois^  à  un  quart  d'heure  d'intervalle  chaque  fois,  seize  heures  avant 
certains  moments  d'abattement  journaliers,  fort  irréguliers  dans 
leur  mode  d'apparition,  revenant  le  soir  et  la  nuit,  s'accompagnant 
d'augmentation  dans  le  flux  diarrhéique.  et  qui  ne  m'avaient  point 
frappé  antérieurement  par  la  raison  qu'ils  revenaient  le  soir,  la 
nuit»  avec  la  diarrhée,  dont  ils  me  semblaient  la  conséquence. 

Cette  nouvelle  méthode  fut  mise  en  pratique  le  8  février. 

A  partir  de  ce  moment,  le  résultat  fut  merveilleux.  La  diarrhée 
cessa,  pour  ainsi  dire,  complètement.  La  malade  avait  deux  garde- 
robes  seulement,  et  de  consistance  pâteuse.  L'appétit  revint,  la  soif 
se  calma,  et  les  forces,  surtout,  reprirent  si  facilement,  que  je  me 
mis  à  me  méfier  de  ce  succès.  Je  m'attendais  à  chaque  instant  à 
voir  le  tableau  changé,  comme  cela  s'élait  produit  pendant  vingt 
ans  sous  l'influence  de  toutes  les  médications  et  de  tous  les  régimes 
prescrits. 

Je  n'eus  pas  heureusement  une  seule  déception.  La  résurrection 
fut  complète.  Au  traitement  suivi  sans  relâche,  j'ajoutai,  bien  en- 
tendu, des  aliments  légers  :  des  bouillons,  des  œufs,  des  gâteaux  de 
riz. 

Mais  ce  qu'il  y  a  de  plus  étrange  encore,  c'est  que  cette  malade 
se  levait,  marchait,  sortait  un  mois  après  ces  graves  accidents,  et 
que,  fin  mars,  elle  se  trouvait  si  parfaitement  guérie,  qu'elle  par- 
tit à  Londres  pour  y  voir  l'Exposition,  se  promettant  bien  de  con- 
tinuer de  prendre  sa  potion. 

Tint-elle  bien  sa  promesse,  le  changement  de  climat  modifia-t-il 
sa  santé  ?  Toujours  est-il  (|u'elle  eut  une  rechute  en  avril  suivant: 
diarrhée  séro-bilieuse  quatre  à  six  fois  par  jour,  faiblesse,  pâleur, 
etc.  La  malade  se  coucha,  prit  sa  potion  de  sulfate  de  quinine,  et 
immédiatement  leS  accidents  se  modifièrent  et  disparurent.  Au 
bout  de  huit  jours,  tout  était  rentré  dans  l'ordre,  et  la  malade  con- 
tinua pendant  un  mois  la  prise  de  sou  médicament. 

En  août  de  la  même  année  1862,  nouvelle  rechute  à  la  suite 
d'une  indigestion.  Je  donne  d'abord  un  purgatif  léger,  puis  je 
cherche  à  diminuer  le  flux  intestinal  qui  continuait  à  se  produire, 
à  l'aide  du  régime,  de  lavements  émollients  ;  et,  au  bout  de  deux 
jours  d'insuccès,  je  fis  usage  des  opiacés  sans  rien  obtenir.  Cette 
tentative  avait  été  faite  à  titre  d'expérience,  car  la  rechute  parais- 
sait se  lier  à  une  indigestion  ;  elle  me  semblait  se  mieux  approprier 
à  la  situation.  Rien  n'y  fit.  Nous  fûmes  obligés  de  recourir  de 
nouveau  au  sulfate  de  quinine,  qui,  seul  et  tout  d'un  coup,  enraya 
les  accidents.  Dès  lors  la  malade,  persistant  à  prendre  ce  médica- 
ment durant  les  mois  de  septembre  et  octobre,  n'éprouva  aucune 
rechute.  Les  garde-robes  étaient  régulières,  une  à  deux  par  jour, 
de  bonne  consistance.  L'appétit  est  excellent,  et  un  véritable  em- 
bonpoint se  manifeste. 

Depuis  cette  époque,  une  à  deux  rechutes  par  an,  en  d864, 1865, 
1867  et  1868.  Toutes  les  fois,  elles  apparaissent  de  la  mêmeCa.^;^^^*. 


—  i-28  — 

la  malade  pâlit^  perd  Tappétit,  devient  sensible  aux  variations  de 
température  sans  éprouver  de  véritables  frissons,  puis  elle  est 
prise  de  diarrhée  alimentaire,  séro-biliaire,  sans  notables  coliques. 

Plusieurs  fois  je  renouvelle  mon  expérience  d'un  commun  ac- 
cord avec  la  malade.  J'emploie  les  astringents,  les  opiacés,  ou  les 
purp:atifs  salins  à  doses  modérées,  combinés  au  régime  diététique  : 
le  malaise,  la  diarrhée,  la  pâleur  persistent  ;  mais,  à  partir  du  mo- 
ment où  la  malade  reprend  sa  pojtion  au  sulfate  de  quinine,  elle  se 
sent  renaître  ;  son  abattement,  surtout,  se  dissipe  comme  par  en- 
chantement. Ce  qu'elle  éprouve,  dit-elle,  tient  du  prodige.  A  la 
langueur,  à  la  fatigue  du  système  nerveux^  à  l'impossibilité  même 
de  prendre  part  à  une  conversation,  d'entendre  le  moindre  bruit, 
succède  aussitôt  un  mouvement  inverse,  un  besoin  d'épanchement, 
de  traduire  toute  la  joie  qu'elle  ne  sait  comment  exprimer  à  son 
entourage.  Aussitôt  aussi  les  garde-robes  changent  d'aspect,  de 
caractère.  Leur  fréquence,  leur  fluidité  s'amoindrissent ,  et  les 
forces  renaissent. 

En  août  et  décembre  1868,  les  rechutes  prirent  une  autre  allure, 
et  changèrent  le  tableau  si  régulier  jusqu'ici.  Dans  les  deux  cir- 
constances, la  malade  se  sentit  prise  de  maux  de  tête,  siégeant 
plus  particulièrement  au  niveau  de  la  nuque.  Celte  céphalalgie 
élait  accablante,  accompagnée  de  chaleur  et  d'injection  de  la  face. 
Son  pouls  avait  une  certaine  ampleur  et  battait  88  pulsations  à  la 
minute.  Je  songeai  à  une  congestion  des  centres  nerveux.  Cette 
dame  élait  alors  âgée  de  soixante  et  un  ans,  très-engraissée,  avait 
un  appétit  extraordiifaire  et  s'alimentait  d'une  manière  exception- 
nelle. Je  lui  administrai  donc  un  purgatif,  et  lui  conseillai  des  .ré- 
vulsifs sur  les  membres  inférieurs,  ainsi  que  des  boissons  froides. 

Celte  médication  fut  continuée  pendant  trois  jours.  La  malade 
pâlit,  prit  le  lit  au  deuxième  jour,  mais  garda  son  mal  de  tête  qui 
augmentait  par  moment,  sans  cesser  complètement.  Le  quatrième 
jour,  il  fut  convenu  qu  elle  prendrait  sa  dose  de  sulfate  de  quinine. 
J'allai  la  visiter  le  cinquième  jour,  tout  curieux  du  résultat  obtenu. 
Quel  ne  fut  pas  mon  étonnement  de  la  trouver  assise  au  coin  de 
son  feu,  souriante,  la  tête  dégagée,  conservant,  disait-elle,  le  sou- 
venir seul  de  son  mal  ! 

Le  sulfate  de  quinine  fut  naturellement  continué,  et  quatre  jours 
après  la  malade  sortait. 

On  ne  saurait  invoquer,  dans  ces  deux  rechutes  d'août  et  de  dé- 
cembre i868,  la  marche  naturelle  des  congestions  simples  pour 
expliquer  une  guérison  aussi  franche,  aussi  rapide.  Qu'on  n'oublies 
pas  que  les  symptômes  congestifs  observés  chez  cette  malade 
dissipaient  en  apparence  après  l'emploi  des  révulsifs  et  des  purga— - 
tifs,  mais  que  la  pâleur,  raffaissement,  le  dégoût  lui  succédaient 
sans  que  la  céphalalgie  voulût  bien  s'éloigner  ;  au  contraire,  un^ 
fois  le  spécifique  dans  l'économie,  un  sentiment  indéfinissable  d^ 


—  î229  — 

bien-être  se  produisait,  et  à  Tinstant  même  l'amélioration  la  plus 
complète  des  accidents  survenus. 

On  ne  peut  se  défendre  d'un  sentiment  de  surprise  en  lisant 
cette  observation.  Plusieurs  points  méritent  d'être  relevés  :  Taction 
palustre  à  longue  échéance  (vingt  ans),  sa  manifestation  sur  l'in- 
testin pendant  cette  longue  période  de  temps,  l'action  évidente  du 
sulfate  de  quinine,  les  rechutes  toujours  guéries  par  cet  agent  thé- 
rapeutique, et,  en  dernier  lieu,  l'apparition  de  céphalalgie  appar- 
tenant à  la  même  maladie  après  une  origine  datant  de  vingt-sept 
ans  au  moins. 


RÉPERTOIRE    MÉDICAL 


REVUE  DES  JOURNAUX 


De  l'action  thérapeatiqae 
fia  bromare  et  du  chlorure 
fie  pota»slani  danai  Tépilep- 
mîe.  Voici  une  note  du  docteur 
"W.  Sandep,  qui  mérite  d^êlre  repro- 
duite intégralement  : 

Les  nombreuses   recherches  faites 
dans  ces  dernières  années,  sur  rem- 
ploi du  bromure  et  du  chlorure  de 
potassium  contre  l'épilepsie,  ontcon-. 
dait  aux  résultats  suivants  : 

I.  Bromure   de  potassium.  —  Il 
n'agit  qu'à  hautes  doses.  Eu  le  don- 
nant à  la  dose  de  5  grammes  (dans 
SOO  grammes   deau   pure)  par  jour, 
et  en    montant  progressivement  jus- 
qu'à 78,5  on   obtient,   dans    beau- 
coup  de    cas   (  mais    c'est  loin    de 
la  totalité),  une  diminution  du  nom- 
bre, de  la  durée  et  de  l'intensité  des 
accès.   Dans  quelques  cas,  oU  long- 
temps avant    Tadministration  de    ce 
médicament,  on  avait  observé  le  re- 
tour régulier ,   typique   de  l'accès, 
celui-ci  a  été    retardé   par  remploi 
du  bromure,  de  plusieurs  semaines 
et  même  de  mois.    Dins  ces  cas,  on 
ne  peut   parler  de  guerison,  celle- 
ci  n'étant,  en  général,  possible  que 
dans  de  trës-rares  circonstances  oii  il 
y  a  indication  d'une  cause   particu- 
lière accessible  au  traitement  ;    mais 
c'est  un  soulagement  important  pour 
le  malade  et  pour  ceux  qui  l'entou- 
rent,  et  dont  le  médecin  d'un  asile 
d'épileptiques  apprécie  bien  vite  la 
valeur. 


Quelques  médecins  ont  recom- 
mandé le  bromure  de  potassium 
comme  particulièrement  utile  dans 
les  cas  (i'épilepsie  qui  paraissent  se 
rattacher  à  une  excitation  des  or- 
ganes génitaux.  Je  n'ai  pu  constater 
celte  action  pour  ainsi  aire  spécifi- 
que du  bromure.  Par  contre,  il  s'est 
montré  spécialement  actif  dans  quel- 
ques cas  où  l'accès  était  précédé  d'une 
secousse  dans  un  groupe  de  muscles, 
ou  d'un  tressaillement  de  tout  le 
corps,  phénomènes  qui  apparaissent 
aussi  isolément  dans  l'intervalle  des 
accès,  et  peuvent  être  regardés  comme 
des  accès  avortés.  Sous  l'influence 
du  bromure  de  potassium,  les  accès 
disparaissent  ainsi  que  les  secousses 
musculaires  isolées ,  souvent  pour 
longtemps.  Dans  quelques  cas,  où 
l'accès  était  annoncé  par  une  aura,  les 
malades,  pendant  qu'ils  prenaient  le 
bromure,  ont  souvent  aussi  éprouvé 
cette  aura  sans  que  l'accès  suivit. 
Enfin,  je  dois  faire  remarquer  que 
l'action  du  bromure  de  potassium  était 
surtout  marquée  quand  Ws  accès  s'ac- 
compagnaient de  convulsions  plus  ou 
moins  violentes;  elle  était  moins  sen- 
sible quand  l'épilepsie  consistait  en 
vertiges  ou  en  défaillances,  en  pertes 
momentanées  de  connaissance  sans 
convulsion.  Dans  quelques  cas  même, 
il  a  semblé  que,  sous  l'influence  du 
bromure,  les  accès  convulsifs  dispa- 
raissaient pour  faire  place  à  des  at- 
taques syncopale?. 


—  230  — 


Quant  aux  inconvénients  du  bro- 
mure^ W  faut  citer  la  pro(i action  d'un 
exanlbëme,  qui  s'est  montré  de  bonne 
heure  sur  presque  tous  les  malades. 
Il  consiste  en  pustules  acnéiformes, 
apparaissant  d'abord  à  la  face,  puis 
sur  le  reste  du  corps,  et  devenant 
souvent  si  incommodes,  qu'il  fallait 
suspendre  la  médicalion.  Je  n'ai  ob- 
servé que  rarement  la  sécheresse  de 
la  gorge,  l'angine,  rembarras  gas- 
trique, et  piesque  toujours  peu  in- 
tenses. Quelquefois  la  menstruation  a 
paru  devenir  moins  abondante  ou  se 
supprimer. 

II.  Chlorure  dé  potassium.  —  Les 
expériences  physiologiques  connues, 
qui  ont  fait  attribuer  au  potassium 
l'action  exercée  sur  les  nerfs  par  son 
bromure,  m'ont  engagea  rechercher 
Telfel  de  ses  autres  composés  dans 
l'épilepsie.  Mais  il  ne  pouvait  être 
question  que  du  chlorure,  puisqu'on 
ne  peut  prévoir  ici  l'actiun  thérapeu- 
tique des  autres  sels  définis  du  po- 
tassium, et  que.  d^ailleurs,  pour  fiire 
ingérer  une  quantité  correspondante 
de  cette  base,  il  faudrait  recourir  à 
des  doses  trop  élevées.  En  fait,  le 
chlorure  a  pioduit  chez  les  épilep- 
tiques  les  mêmes  effets  que  le 
bromure,  et  il  ne  m'est  pas  arrivé 
jusqu'ici  de  rencontrer  un  cas  oîi,  le 
chlorure  restant  inefficace,  le  bro- 
mure ait  eu  postéritMirement  plus  de 
succès.  >lais  1<^  chlorure  a  des  avan- 
tages particuliers. 

11  n'a  pas  d'effets  secondaires  fâ- 
cheux ;  de  nombreux  malades  Tout 
pris  pendant  des  mois,  à  la  dose  de 
5  à  l9jb  par  jour,  sans  jamais  en  res- 
sentir d'inconvénient  sensible. 

Comme  l'indique  le  rapport  des 
poids  atomiques  (2  :  5).  il  suffit  de 
plus  petites  doses  de  chloruie  pour 
administrer  la  même  quantité  de  po- 
tassium que  si  l'on  emploie  le  bro- 
mure. 

Il  est  beaucoup  moins  cher  que  le 
bromure  1  :  (i/,  considération  es- 
sentielle pour  les  asiles  qui  renfer- 
ment un  grand  nombre  d'épileoti- 
ques. 

Dans  ces  conditions,  et  puisqu'on 
peut  se  demander  si  le  bromure  de 
potassium  qui  rencontre  dans  l'esto- 
mac de  Tacide  chlorbydrique  libre  et 
de  nombieux  chlorures,  est  absorbé 
en  naiiire.  je  crois  pouvoir  recom- 
mander le  chlorure  de  potassium 
pour  les  expériences  ultérieures. 

L'emploi   longiemps   prolongé    du 
bromure  de    potassium   n'étant  pas 


toujours  sans  inconvénient^  il  serait 
fort  à  désirer  qu'on  pût  le  remplacer 
par  le  chlorure,  s'il  était  bien  démon- 
tré que  ce  dernier  ne  détermine  pas 
d'effets  secondaires  fâcheux.  Ce  sost 
là  des  expériences  faciles  à  instituer 
dans  un  asile.  {Mouvement  méd.  et 
Ânn.  médico-psychol,,  janvier  1871.) 

Epilepsie  chez  un  f^ont- 
teux,  gaériepar  lecolchiqae. 

L'observation  suivante,  très  -  digne 
d'être  rapportée,  est  due  à  M.  le  doe- 
teur  Ronsset,  de  Valliere. 

a  M.  P***,  huissier,  était,  il  y  a 
près  de  dix  ans,  épileptiqiie  au  point 
de  se  faire  accompagner  constamment 
dans  ses  exploits  par  son  hls,  son  ai* 
ter  ego,  auquel  il  aurait  bien  désiré 
céder  sa  charge  d'huissier,  si  ce  jeune 
homme  avait  eu  l'âge  voulu. 

Mais  les  accès  d'épi lepsie  devenant 
de  plus  en  plus  graves  et  fréquents 
(tous  accès  dont  il  tenait  compte  de 
sa  main  et  m'a  montré  les  heures,  la 
durée,  etc.,  dans  un  registre  ad  hoc), 
M.  P***  cherchait  à  vendre  sa  charge, 
lorsqu'un  accès  terrible  et  plus  ef- 
frayant que  les  précédents  étant  sur- 
venu, son  fils  vint  à  bride  abattue 
me  chercher,  en  me  disant  :  «  Vile, 
vitel  mon  père  se  meurt,  mon  père 
sera  peut-être  mort  à  notre  arri- 
vée I  » 

  notre  arrivée,  Taccès  était  passé» 
et  le  malade  me  montra  le  registn>^ 
bien  tenu,  de  tous  ses  accès  précé- 
dents, avec  les  ordonnances  et  coo* 
sullations,  toutes  excellentes,  parbilM 
contre  C epilepsie,  entre  autres  une  M 
plusieurs  de  M.  le  professeur  Cro- 
veilhier,  qui.  s'étant  trouvé  à  Limogflii 
avait  été  consulté  et  dont  on  avait 
suivi  ponctuellement  les  prescriptlosSf 
sans  nulle  amélioration  et,  au  coB' 
traire,  les  accès  étant  devenus  plK 
graves,  plus  effrayants,  à  tel  po''* 
que  le  fils,  qui  pourtant  devait  y  être 
habitué,  eu  avait  été  alarmé  au  def 
nier  point 

Certes,  à  la  vue  de  prescriplioW 
si  sages,  si  parfaites  toutes  cot^t^ 
Véjnlfpsiej  je  ne  pouvais  rien  pr«*" 
crire  de  mieux. 

Mais  je  demandai  au  malade  daai 
quelles  circonstances  le  premier  ic- 
ces  était  survenu. 

Voici  sa  réponse  :  «  Avant  le  P**" 
mier  accès,  je  me  trouvais  cb^  w 
docteur  Solignac,  en  passant  àCroc<ï» 
en  voyage,  lorsque  mon  gCDOU  «*' 
vint  extrêmement  douloureux  et  •*" 
fié.  Â  minuit  la  première  attaijne  M' 


—  231   - 


.  des  lors  l'affection  du  genoa 
disparu...  » 

)H\e  réponse,  j'ai  pris  les  deux 
i  du  malade,  toates  deux  nouées 
I  goutte,  et  je  lui  ai  affirmé  que 
jile  seule  était  cause  de  ses  ac- 
que  les  trailemeuts,  excellents 
s  l'épilepsie,  étaient  nuis  quant 
'ause.  quant  à  la  goutte;  enfin, 

demandai  six  mois  de  traite- 
contre  la  goutte^  au  bout  des- 
,  s'il  n'était  pas  guéri,  il  pour- 
sndre  sa  charge. 
l'ai  traité  uniquement  par  la 
re  de  semences  de  colchique 
imne  d'abord,  puis^  pour  plus 
été,  par  rexcellenl  vin  de  col- 
5  d'Anduran  de  la  Rocbelle. 

lors  mon  épileptique  n'a  plus 
ccës,  ne  sVst  plus  fait  accom- 
r  par  son  fils,  et  depuis  près  de 
18  ne  cesse  de  faire  des  exploits ^ 
rtant  mieux  que  vous  et  moi. 
-ce  concluant?  » 

assurément,  répondrons-nous, 
litement  employé  par  M.  Bous- 
ait  le  seul  rationnel.  Mais  que 
8  il  est  impossible  de  remonter 
;ause  de  la  maladie  !  (Tribune 
aie  et  Ann.  médtco-psychol.y 
r  1871.) 

servalloii  de  manie    al- 

définllivement    gaérie 

la  saignée  occipliale,  au 

en  de    la   lérabdelle.    Le 

»vembre  1863,  dil  M.  Damoi> 
je  suis  appelé  auprësdu  nommé 
âgé  de  cinquante- quatre  ans, 
ateur  au  village  des  Fossés  en 
pfremont  (Mayenne).  Ce  mal- 
ux,  étroitement  garrotté  de  ses 
ît  de  ses  jambes^  la  face  vul- 
s  et  congestionnée,  vocifère  in- 
nment  et  crache  au  visage  de 
'olsins  ,  appelés   pour  le  con- 

me  raconte  que  frappé,  il  y  a 
mois^  d'un  accès  semblable  à 
ci,  il  fui  instantanément  sou- 
)ar  une  très-abondante  saignée 
li  pratiqua  le  médecin  du  bourg 
I,  mais  qu'une  seconde  saignée, 
il  y  a  huit  jours,  n'a  produit 
e  amélioration  passagère. 
)prends  que    la   grand'mère  de 

est  morte  file,  après  lavoir 
resque  toute  sa  vie. 
me    rappelle  que,    pendant   sa 
st»e,  le  malade  a  été  aliéné,  et  a 

couru  les  champs  pendant  dix- 
nois.  riusieurs  saignées  qu'on 
'atiqua  à  celte  époque  ne  le  sou- 


lagèrent que  momentanément,  ainsi 
que  des  douches  froides  très-rnergi- 
ques  qu'on  lui  donnait  en  le  plaçant 
au  fond  d'un  tonneau  et  en  lui  faisant 
tomber  Teau  sur  la  têle,  d'une  hau- 
teur d  environ  3  mètres.  Quand  il  sor- 
tait, pâle  et  Iraiisi  de  froid,  de  cet 
appareil  ses  pai oies  étaient  sensées; 
mais  une  fois  couché  dans  son  lit,  il 
se  réchauffait  aussitôt,  et  le  délire 
revenait  avec  la  rougeur  du  vi- 
sage. 

Après  avoir  fait  raser  largement 
les  cheveux  aux  régions  occipito- 
mastoidicnnes,  j'y  applique  une  ven- 
touse dont  l'embouchure  ovalaire  me- 
sure 8  centimètres  sur  4  et  demi. 
Je  fais  agir  deux  fois  le  scarificateur 
à  seize  lames.  Obligé  de  maintenir 
le  verre  avec  ma  main,  pour  suivre 
tous  les  mouvements  du  malade,  je 
dois  renoncer  à  en  appliquer  un  se- 
cond et  ne  faire  agir  que  l'une  de 
mes  deux  pompes. 

Le  sang  est  Irès-consislant  et  dif- 
ficile à  extraire.  Toutes  les  sept  mi- 
nutes environ,  je  détache  le  verre 
pour  le  vider  et  scarifier  de  nouveau. 
Au  bout  de  quarante  cinq  minutes, 
6(iO  grammes  de  sang  sont  extraits, 
et  le  malade  est  moins  agité. 

Je  prescris  pour  nourriture  et  pour 
boisson  du  bouillon  de  veau  clair  et 
de  la  tisane  d'orge  sucrée. 

Le  20  janvier,  on  vienl  m'annoncer 
que,  le  lendemain  de  la  saignée,  Joa* 
tel  s'est  calmé  et  est  revenu  à  la  rai- 
son d  une  manière  si  complète,  que 
sa  famille  espérait  une  guéri>on  dé- 
finitive, mais  qu'il  y  a  huit  jours,  le 
délire  a  recommencé  :  je  conseille  en 
conséquence  de  demander  pour  lui 
une  place  à  l'asile  départemental. 

Le  24  janvier,  la  famille  ayant  ré- 
fléchi aux  inconvénients  du  place- 
ment de  son  malade  dans  un  établis- 
sement d  aliénés,  me  mande  auprès 
de  lui.  en  me  priant  ,  s'il  est  pos- 
sible, de  tenter  en  sa  faveur  les 
chances  d'une  nouvelle  saignée  à  Voc- 
ciput.    ■ 

A  mon  arrivée,  je  trouve  Joatel  re- 
venu à  son  premier  état  de  fureur 
maniaque. 

L'"Xlraction  très-difficile  de  700 
grammes  de  sang  en  quarante-cinq 
minutes  à  l'occiput,  en  procédant 
comme  la  première  fois,  le  ren»!.  au 
bout  de  vingt-quatre  heures,  à  la 
pleine  raison,  et  bientôt  à  toutes  ses 
occupations  de  petit  propriétaire  cul- 
tivateur, qu'il  n'a  pas  un  instant  aban- 
données jusi^u'à  l'été,  dft  \^^1  ^  ^«^- 


—  :>3!2  — 


daot  lequel  ii  a  été  emporté  par  une 
variole  confluente. 

M.  Damoiseau  s'est  également  trës- 
bien  trouvé^  chez  un  mélancolique, 
d'une  forte  saignée  opérée  sur'l'by- 
pochondre  droit  par  une  large  ven- 
touse mécanique. 

a  Je  veux  bien,  dit  M.  Lunier«  en 
rendant  compte  de  ce  fait,  admettre 
qu  il  soit  utile  parfois^  dans  le  trai- 
tement des  maladies  mentales,  de 
recourir  à  l'emploi  des  émissions 
sanguines;  mais  j'ai  si  souvent  eu 
Toccasiou  de  constater  les  effets  dé- 
sastreux de  cette  méthode  chez  les 
aliénés,  que  je  conseillerai  toujours  de 
l'employer  avec  la  plus  grande  dis- 
crétion'et  de  se  méGer  de  l'amélio- 
ration apparente  qui  accompagne 
souvent  les  premières  saignées.  » 
{Tribune  méd,  et  Ann.  médico-psy- 
c/»o/.,  janvier  187J.) 

Empoisonncineiit  par  le  cy- 
tisus  labarnuni.  Le  cytisns  la- 
buriiuro  ou  faux  ébénier  (famille  des 
légumineuses  )  croit  spontanément 
dans  les  hautes  montagnes,  et  est  cul- 
tivé pour  Tornement  des  jardins. 
C'est  à  cette  circonstance  qu'il  doit 
d'avoir  occasionné  déjà  plusieurs  em- 
poisonnements. Cependant,  comme 
ces  empoisonnements  sont  rares,  on 
lira^  j'espère^  avec  intérêt  la  relation 
de  celui  qui  vient  d'être  observé  par 
M.  Tinley. 

Le  22  mai,  entre  cinq  et  six  heu- 
res du  matin,  le  docteur  Tinley  fut 
appelé  près  de  Marie  B  .,  âgée  de 
dix -huit  ans,  qu'on  disait  atteinte  de 
crampes  d'estomac.  Elle  accusait,  en 
effet,  une  vive  douleur  dans  la  région 
épigastrique,  et  faisait  de  vains  efforts 
pour  vomir.  Son  pouls  était  à  100, 
modérément  développé ,  la  langue 
couverte  d'un  enduit  blanchâtre^  la 
soif  intense.  Une  grande  anxiété  était 
peinte  sur  la  phyi<ionomie;  la  face  et 
les  lèvres  étaient  pâles;  les  pupilles 
dilatées;  la  malade  était  cunstam- 
ment  menacée  de  défaillance^  même 
dans  la  position  horizontale,  et  quand 
on  l'asseyait  sur  son  lit,  elle  retom- 
bait immédiatement  en  arrière,  et  y 
restait  pendani  quelque  temps  entiè- 
rement épuisée.  Le  seul  renseigne- 
ment fourni  par  les  personncsquil  en- 
touraient, fut  qu'elle  avait  fait  la  veille 
une  longue  promenade  dans  la  cam- 
pagne, qu'elle  était  rentrée  très-fati- 
giiée,  et  que  les  accidents  s'étaient 
développés  une  demi -heure  après  son 
retour.  —  Du  calomel  fut  administré 


à  dose  purgative,  en  même  temps 
qu'une  mixture  effervescente  de  ci« 
trate  d'ammoniaque  Même  état  le  , 
lendemain  et  le  surlendemain,  inter- 
rogée avec  insistance  sur  ce  qu'elle 
pouvait  avoir  pris  dans  les  champs 
pendant  la  journée  du  21,  elle  resta 
très-longtemps  sans  pouvoir  répondre; 
puis  cntin  elle  se  souvint  qu'elle  avait 
détaché  une  branche  d'arbre  dunt 
les  fleurs  étaient  jaunes,  et  qui,  grâce 
à  la  description  qu'elle  fit  de  l'arbre 
et  de  la  région  qu'il  occupait,  fut  re- 
connu pour  être  le  cytisus  laburnum. 
La  branche  en  question  avait  la  gros- 
seur du  petit  doigt  £t  2  ou  3  pouces 
de  longueur.  La  malade  l'avait  mâ- 
chée pendant  deux  ou  trois  heures; 
elle  avait  également  porté  des  tieurs 
à  sa  bouche,  mais  elle  ne  pensait  pas 
les  avoir  avalées.  C'est  une  demi- 
beure  environ  après  cette  masticatioB 
que  les  accidents  avaient  comment» 
et  ils  avaient  graduellement  augmenté 
d'intensité,  jusqu'au  moment  de  la  vi- 
site du  docteur  Tinley. 

Le  24  mai,  la  douleur,  confinée  à 
répigastre,  est  beaucoup  plus  vive  que 
la  veille,  et  s'accompagne  d'une  an- 
goisse des  plus  pénibles.  On  admi- 
nistre une  once  d'huile  de  ricin,  et 
après  l'effet  purgatif  une  forte  dose 
d'opium  Des  compresses  imbibées 
d'essence  de  térébenlhinf  sont  appli- 
quées d'abord  sur  Tepigaslre  et  rem- 
placées plus  tard  par  des  cataplasmes 
chauMs.  —  Le  20^  amélioration  no- 
table; la  douleur  a  beaucoup  dimi- 
nué, mais  il  y  a  plus  que  jamais  de  II 
faiblesse,  et  le  moindre  mouvement 
détermine  de  la  fatigue.  —  Le  *8| 
le  mieux  s^accuse  de  plus  en  plos, 
quoique  la  ma  ade  ne  puisse  encore  se 
soutenir;  eue  commence  à  prendre  da 
thé  de  bœuf  et  du  lait  additionné 
d*eau-de-vie.  —  Le  29,  on  administre 
25  grains  de  chlorai  sous  forme  de 
sirop,  pour  combattre  l'insomnie; 
même  remède  le  30.  Le  sommeil  t 
reparu,  le  pouls  est  à  90  ;  la  malade 
peut  se  soutenir,  mais  elle  se  plaint 
beaucoup  de  vertiges,  que  Ton  com- 
bat à  l'aide  d'une  potion  tonique,  dans 
laquelle  on  fait  entrer  de  l'esprit 
d  ammoniaque  composé.—  Le  !«'  juini 
vomis^emenl  et  diarrhée  :  on  prescrit 
une  mixture  de  craie  avec  teinture 
d'opium.  Les  vomissements  cessent,  ^ 
le  5  la  convalesceuce  commence. 
[Lancet,  août  1870,  et  Urnonméd^t 
1871,  n«  17.) 


—  233  — 


npoisonneiiient  par  la 
ehnine  ;— succès  du  bro- 
e   de   potassium.    Par  sou 

sur  la  moelle  épiniëre,  le  bro- 
de potassium  peui  paraître 
lé  contre  les  secousses  et  les 
ictions  tétaniformes  produites 
a  strychnine.  M.  le  docteur 
l'inférait  dès  1865  de  son  action 
ipilepsie^  et  M.  le  docteur  Sai- 
n  a  fait  Tantagonisme  de  la 
nine  dans  un  mémoire  publié 
18.  Voici  un  fait  affîrmatif  à  l'ap- 

homme  ayant  pris  12  centi- 
Des  (Je  strychnine  le  12  dé- 
e  1870,  sur  15  quMl  avait  ache- 
I  matin  même  chez  le  docteur 
)ie,  tomba  aussitôt  dans  de  vio- 
convulsions  toxiques  qui 
ichaieni  de  rester  sur  sou  lit. 
à  70.  dur  et  contracté;  surface 
'ps  froide  ;  anxiété  extrême  de 
»;  respiration,  vue  et  ouïe 
les  ;  les  spasmes  empêchent  la 
ition.  Les  secousses  devenaieot 
s  eu  plus  vitdenles  et  rappro- 
Dejà  les  muscles  de  la  respi- 
étaient  alleiots  lorsque  M.  Gil- 
fit  prendre  an  patient  une  cuil- 
I  thé  d^extrait  Uuide  d'hyoscia- 
en  attendant  le  bromure  de 
ium  qu'il  envoya  chercher  en 
tiâte.  30  grammes  de  ce  sel  fu' 
issous  dans  90  grammes  d'eau, 
;rammes  de  cette  solution  furent 
eusemeot  administrés  toutes 
mi-heures.  Les  paroxysmes  ces- 
gradueliement,  et,  à  la  dernière 
3et  homme  pouvait  déjà  se  tenir 
t  et  marcher  dans  sa  chambre, 
demain,  il  n'y  avait  plus  que  de 
stration  et  quelques  soubresauts. 
)-six  heures  après,  il  retournait 
affaires.  {Amer,  Journ,  of  Ated. 
^eSy  octobre,  et  Un,  méd.t  1871, 

ipiol  de  la  quinine 
me  topique  dans  les  ma- 
ea  des  jeux  ;  par  le  docteur 

Flarer.  L'idée  d  employer  les 
e  quinine  daiiS  les  intlamma- 
le  l'œil  est  une  application  d'un 
sientifique  curieux  qui  a  été  si- 

Les  expériences  de  Binz  ont 
6  que  la  quinine  arrête  les  mou- 
Ils  amiboïdes  des  corpuscules 
I.  c'est-à-dire  des  corpuscules 
la.  Na^el,  en  18()9,  a  eu  l  idée 
iser  cette  propriété  dans  diverses 
ons  de  la  conjonctive  et  de  la 
e  ;  11  adoptait  le  chlorhydrate  de 


quinine  sous  forme  de  collyre,  appli- 
qué directement  sur  la  conjonctive. 
Ce  médicament  lui  a  paru  plus  efficace 
que  la  plupart  des  topiques  employés 
communément,  et  spécialement  dans 
le  catarrhe  chronique  de  la  conjonc- 
tive, dans  les  kératites  phlycténu- 
laires,  pustuleuses,  et  dans  les  inflam- 
mations suppuratives  de  la  cornée. 
Enfin  cet  auteur  recommande  l'emploi 
du  chlorhydrate  de  morphine  dans 
certains  cas  d'inliltration  diffuse  de  la 
cornée  consécutifs  à  Textraclion  de  la 
cataracte. 

Le  docteur  Flarer  a  étudié  à  son 
tour  l'action  de  la  quinine  dans  les 
affections  précédentes,  et  dans  une 
quinzaine  de  cas  il  lui  fut  impossible 
de  ne  pas  remarquer  une  action  véri- 
tablement efficace  et  prompte.  Dans 
un  cas  de  kératite  parenchymateuse 
diffuse,  ce  topique  a  présenté  un  avan- 
tage incontestable  sur  tous  les  autres 
moyens  connus. 

La  kératite  parenchymateuse  offre 
un  processus  exirêmementlent,  et  or- 
dinairement la  guérison  se  fait  at- 
tendre trois  à  six  mois  Dans  trois 
cas  traités  par  la  quinine,  la  guéri- 
son  a  été  obtenue  en  moins  d'un  mois. 

Les  opacités  non  intlaramatoires, 
l'albugo,  sont  moditiées  notablement 
par  la  quinine. 

Au  lieu  d'un  collyre,  le  docteur  Fla- 
rer s'est  servi  d'une  pommade  de 
chlorhydrate  dequinine,  mélangé  dans 
un  giycerolé  d'amidon  dans  la  propor- 
tion d'une  partie  de  chlorhydrate  de 
quinine  pour  quatre  de  glycérolé. 
(Gûjrn.d'oftalm.  f/af.,1870,  et  Gaz, 
hebd.y  1871,  n»  9.) 

Emploi  de  la  digitale  dans 
le  deliriuni  treuiens.  —  Plu- 
sieurs fois  déjà,  et  dernièrement  en- 
core, nous  avons  mis  sous  les  yeux  de 
nos  lecteurs  les  résultats  que  les  mé- 
decins anglais  obtiennent  de  la  digi- 
tale dans  cette  grave  affection,  et  à 
cette  occasion,  dans  notre  dernier  ar- 
ticle, nous  citions  M.  Gubler.  Le  sa- 
vant professeur  de  thérapeutique  de  la 
Faculté  de  t'aris,  en  adoptant  la  di- 
gitale dans  le  traitement  du  délire 
alcoolique  ,  ne  s'est  pas  cru  obligé 
d'imiter  la  libéralité  dont  usent  tes  mé« 
decins  d'oulre-Manche,  libéralité  qui, 
en  France,  ne  nous  parait  pas  exempte 
d  imprudence.  Au  lieu  de  procéder  par 
dt-mi  onces  de  teinture,  le  médecin 
de  Beaujon  a  pu  se  couteuter  de  faire 
administrer  à  ses  malades  des  doses 
trois,  quatre  et  six  fois  moindres. 


—  234  — 


Pour  la  facilité  de  Tadministration 
et  la  sûreté  des  effets,  aucune  prépa- 
ratioD  n'équivaui  à  la  teinture  alcoo- 
lique. C'est  elle  que  M.  Gubler  emploie 
toujours  à  la  dose  de  10  gouUes  à  la 
fois,  répétée  de  telle  manière  que  le 
premier  jour  on  en  donne  au  moins 
30,  le  second  jour  60,  le  troisième 
jour  90  ou  120,  selon   le  besoin  ;  ce 

3ui  représente  1,2,  5  et  4  grammes 
e  teinture  alcoolique  par  jour.  M.  Gu« 


bler  a  atteint  plusieurs  fois  6grani- 
mes  et  il  a  trouvé  cette  dose  efocaee, 
sans  avoir  eu  l'occasion  d'observer 
des   phénomènes  d'iotolérteee,    tête 

?iue  nausées,  vomissements,  soeurs 
roidcs,  réfrigération,  syndrome  doit 
l'intervention  ne  serait  probablemeit 
pas  inutile  dans  les  cas  rebelles  de 
delirium  tremens  arrivé  à  la  période 
de  pblogose.  {Journ.  de  méd,  et  ée 
chir.  pratiques^  janvier  1871.) 


TRAVAUX  ACADÉMIQUES 


De  la  soppresiiloii  de  la 
eompresftilon  préalatble  de« 
arières  principales  des  ineiu> 
bres  dans   les  auiputations. 

A  l'occasion  de  la  présentation  à  la 
Société  de  chirurgie  d'une  brochure 
d'un  de  ses  élevés,  M  H.  Petit,  sur 
la  suppression  de  la  compression 
préveriiive  des  artères  dans  les  am* 
putiiiions,  M.  Verneuil  entre  dans 
quelques  détails  au  sujet  de  cette 
méthode  dont  il  a  pris  1  initiative. 

En  proposant  de  supprimer  la  com- 
pres.>ion  des  artères,  M.  Verneuil  a 
pris  soin  d  indiquer  le  nouveau  pro- 
cédé qui  doit  remplacer  la  pratique 
classique. 

11  propose  d'enlever  un  membre, 
quel  qu'il  soit,  comme  on  enlève  une 
tumeur,  tantôt  en  faissant  la  ligature 
préalable  des  vaisseaux,  tantôt  en  al- 
lant à  la  recherche  des  artères  elles 
liant  au  furet  à  mesure  de  la  division 
des  tissus,  et  avant  la  section  des 
vaisseaux.  En  procédant  de  la  sorte, 
on  ne  perd  plus  ou  presque  plus  de 


sang 


Les  motifs  qui  ont  engagé  M.  Ver- 
neuil à  porter  ainsi  la  main  sur  une 
pratique  ancienne  et  classique  sont 
les  suivants  :  Il  y  a  d*abord  la  diffi- 
culté très-réelle  que  l'on  a  de  se  pro- 
curer de  bons  aides  pour  faire  la 
compression  des  artères.  Même  à  Pa- 
ris, il  est  rare  de  trouver  des  internes 
qui  sachent  parfaitement  comprimer 
la  fémorale  ou  Thumérale  Quant  à 
l'artère  axillaire,  elle  est  extrêmement 
dtfticile  à  comprimer;  dans  la  désar^ 
ticulation  de  l'épaule,  lorsqu'on  ar- 
rive à  ce  temps  de  Topératlon  qui 
consiste  à  faire  saisir  Tartère  axillaire 
dans  l'épaisseur  du  lambeau,  si  l'on 
n'a  pas  sous  la  main  un  aide  exercé, 
habile  et  qui  sache  conserver  son 
sangfroid  lorsque  le  couteau  du  chi- 
rurgien vient  raser  la  surface  de  ses 
doigts,  on  court  le  risque  de  faire 


périr  Topéré  d'hémnrrtaagie  fra* 
droyante.  Des  cas  de  ce  genre  se  soBt 
présentés  plus  d'une  fois. 

La  désarticulation  de  la  cuisse,  à 
cause  de  la  difficulté  extrême  de  la 
compression  artérielle,  est  une  opé- 
ration qu'il  faut  savoir  pratiquer  et 
quelque  sorte  avec  la  rapidité  d'osé 
manœuvre  de  prestidigitation,  pour 
éviter  une  hémorrhagie  immédiate- 
raent  mortelle. 

Outre  la  difficulté  de  trouver  des 
aides  capables  de  bien  faire  la  com- 
pression .  outre  la  nécessité  d'é- 
conomiser le  sang  des  sujets  en  vos 
du  succès  de  l'opération,  il  y  a  eneors 
le  danger  de  la  phlébite,  qui  peit 
être  la  suite  d'une  compression  nal 
faite  lorsque  les  doigts  de  l'aide  est 
appuyé  trop  fortement  surTartëre,  et 
ont  produit  la  contusion  de  la  vdae 
située  à  côté  de  l'artère  principale  di 
membre  On  trouve  dans  le  travail  ds 
M.  Henri  Petit  des  observations  de 
phlébites  inguinales  nui,  suivait 
Si  Verneuil,  semblent  devoir  être  st- 
tribuées  à  des  compressions  délic- 
tueuses. M.  Verneuil  a  lui  même  e^ 
serve  deux  cas  de  phlébite  ingaiith 
dans  lesquels  l'action  de  cette  caasi 
ne  lui  parait  pas  douteuse,  et  oii  Toi 
découvre  aisément  la  relation  iaiiiM 
entre  la  compression  mal  faite  et  le  dé- 
veloppement de  la  phlébite  ingalaite 
et  de  la  pyémie. 

M.  Verneuil  sait  que  M.  lisisss* 
neuve  a  pratiqué  certaines  opérstioif 
sans  faire  comprimer  les  artères,  wn^^ 
il  ne  croit  pas  que  ce  chirorgien  sK 
érigé  celte  pratique  en  méthode  g^ 
nérale  applicable  à  toutej^  les  avf*' 
talions . 

M.  Verneuil  n'hésite  pasè  pi'Opii' 
la  suppression  de  la  compressioa  sf^ 
térielle  comme  méthode  générais;  » 
ajoute  que  celte  proposition  n'est  (^ 
le  produit  d'une  conception  pureagg 
théorique  ;  i^  a  eu  pliisieart  fois  ^ 


—  235  — 


Toccasion  d'appliquer  cette  métbode 
avec  des  résultats  trës-satisfaisants.  11 
a  pratiqué  ainsi  quatre  désarticulations 
de  l'épaule,  deux  désarticulations  de 
la  hanche  une  amputation  du  bras  au 
tiers  supérieur  et  une  amputation  de 
la  jambe.  Dans  toutes*  ce8  opérations, 
excepté  dans  la  dernière,  où  il  était 
très- intelligemment  secondé  par  son 
interne,  M.  Gustave  Richelot,  M.  Ver- 
Deuil  n'avait  à  sa  disposition  aucun 
aide  médical  ou  chirurgical.  Il  a  fait 
l'opération  tout  seul,  pour  ainsi  dire, 
et  les  malades  n'ont  perdu  qu'une 
quantité  insignifiante  de  sang.  La  du- 
rée de  l'opération  a  été  de  quatorze  à 
dix-sept  minutes,  tout  compris,  même 
le  temps  employé  à  la  chloroformisa- 
tion  du  malade. 

Rien  de  facile  au  monde,  suivant 
H.  Verneuil,  comme  l'exécution  de 
cette  nouvelle  méthode,  à  l'exception, 
pourtant,  de  l'amputation  de  la  cuisse 
dont  le  procédé  exige  une  élude  par- 
ticulière. (Séance  du  28  déc.  1«70, 
compte  rendu  in  Union  médicale ^ 
ISll,  n«  16.) 

Emploi  du  camphre  en 
poadre»  appliqué  en  abon- 
dance, pour  la  ||;uéri»on  de 
la  ponrrUnre  d'Iiépital    M.  le 

docteur  Nelter,  médecin  en  chef  de 
l'bôpital  militaire  de  Rennes,  a  en- 
voyé, sous  ce  titre,  à  TÂcadémie  des 
scienccii,  une  not^  qu  il  est  bon  de 
faire  connaître,  ^et  dont  nous  repro- 
duisons l'exiratt  suivant  : 

Je  fus  appelé  en  consultation  auprès 
d*un  blessé  atteint  de  cette  complica- 
tion^ et  dont  désespérait  le  chirurgien 
traitant  (M.  le  professeur  Aubry), 
nonobstant  l'emploi  des  moyens  ordi- 
naires :  perchlorure  de  fer,  alcool 
phéniqiié..*  l/ai^pect  de  la  plaie  me 
rappela  aussitôt  le  phagé<téi)isme  des 
chancres.  Or,  dans  celte  forme  mor- 
bide, un  remède  me  réussit  très-ra- 
pidenu^nt  depuis  nombre  d'années  : 
c'est  la  poudre  de  camphre^  appli- 
quée en  abondance,  que  jusqu'ici 
Remployais,  je  me  hâte  de  le  dire, 
empiriquement  et  contre  cet  accident 
seulement.  En  quarante-huit  heures, 
la  pourriture  d'hôpital  cessa  aussi 
chez  le  blessé. 

Un  deuxième  succès  a  été  constaté 
par  un  naturaliste  connu  dans  la 
«cience,  M.  L.  Vaillant,  qui,  depuis  la 

Suerre,  soigne  les  blessés  à  l'hôpital 
e  Saint-Malo. 

Dans  un  troisième  essai,  également 
heureux,  j'ai  pu  noter  une  particularité 


qui  peut-être  explique^  en  toutou  en 

tartie,  le  mécanisme  de  la  guérison. 
.a  matière  sèche  de  la  pourriture 
d'hôpitul  se  liquéfie  au  contact  du 
camphre,  en  vertu  sans  doute  de  l'ef- 
fet connu  du  camphre  sur  les  graisses; 
c'est  ainsi  que  d»ns  les  ph;<rm»cies, 
en  été,  la  pommade  camphrée  doit 
être  tenue  dcjns  les  caves,  tandis  que 
Taxonge  pure  peut  se  conserver  dans 
les  magMsms  ordinaires  Est' ce  que, 
dans  h  pourriture  d'hôpital,  la  liqué- 
faction de  la  matière  sèche  constitue 
le  seul  mécanisme  de  la  guérison  ?  ou 
bien,  dans  cette  affection  contagieuse, 
le  camphre  détruil-il  aussi  un  ferment? 
ou  bien  encore  est  ce  parce  que, 
étant  appliqué  en  poudre,  l'agent 
s'oppose  ainsi  à  l'accès  de  l'air?  Ces 
questions  doivent  être  posées,  afin  que 
les  praticiens,  lorsqu'ils  voudront  vé- 
rifier le  fait  que  j'annonce,  ne  com- 
pliquent pas  la  médication  par  l'em- 
ploi d'autres  remèdes  .  peut  -  être 
contraires,  et  s'abstiennent  de  déta- 
cher les  paities  mortes  avec  le  bis- 
touri Tour  neitoy«'r  la  plaie  sur  la- 
quelle se  trouvera  le  camphre  d'un 
précédent  pansement,  il  sutura  de  la 
seringuer  avec  de  l'eau  légèrement 
alcoolisée.  {Comptes  rendus  Acad. 
des  5C.,  1871,  no  9.j 

Traitemeni  du  tétanos  par 
le  eliloral  ;  insnecès.  M.  Blot  a 
communiqué  à  la  Société  de  chirurgie 
l'observation  d'un  cas  de  tétanos  trau- 
matique  traité  par  le  chloral. 

Le  sujet  est  un  jeune  mobile,  âgé 
de  vingt-cinq  ans.  bas  Breton,  atteint 
d'une  plaie  perforante  entre  le 
deuxième  et  le  troisième  métacarpien 
de  la  main  gauche,  ayant  intéressé 
Téminencetehuar. 

  son  entrée,  le  20  décembre,  à 
l'ambulance.  M  Blot  constate  les  tra- 
ces des  incisions  au  moyen  desquelles 
on  a  retiré  la  balie.  Pendant  quel- 
ques jours  les  chosesonlbien  marché; 
au  boul  de  huit  jours  l'aspect  des  plaies 
était  Irès-satisfant,  mais  le  malade  se 
plaignit  d'avoir  mal  à  la  gorge  et  aux 
mâchoires  ;  il  ne  pouvait  écarter  les 
arcades  dentaires. 

M.  Blot.  reconnaissant  les  signes 
d'un  tétanos  à  son  début,  prescrit  l'o- 

Êium  à  haute  dose  et  les  sudorifiques. 
lalgré  ces  moyens  et  des  sueurs  ex- 
cessivement abondantes,  aucune  amé- 
lioration ne  se  manifeste. 

M.  Blot  a  recours  alors  immédiate- 
ment au  choral,  qu'il  administre  sous 
^forme  de  potion  à  la  dose  de  8  gram- 


—  236  — 


mes  par  jour.  Apres  six  jours  de  cette 
médication,  le  malade  n'allait  pas 
mieux  ;  il  dormait  jour  et  nuit,  suait 
abondamment  et  cependant  la  roideur 
des  mâchoires,  la  contracture  des  mus- 
cles du  cou,  loin  de  diminuer,  ne  fai- 
saient qu'augmenter.  La  dosedu  chloral 
fut  portée  jusqu'à  10  grammes  par  jour 
sans  plus  de  succès  ;  la  respiration 
devenait  de  plus  en  plus  difficile,  la 
contracture  gagnait  les  muscles  abdo- 
minaux, les  aci-es  de  suffocation,  les 
spasmes  laryngiens  étaient  de  plus 
en  plus  iïitenses*  Au  moment  de  l'ac- 
cbs  le  malade  se  précipitait  en  quelque 
sorte  hors  de  son  lit,  la  tête  en  bas, 
les  pieds  en  l'air,  et  gardait  cette  at- 


titude bizarre  jusqu'à  la  fin  delà  crise^ 
après  quoi  il  se  remettait  dans  son  lit. 
Il  a  fini  par  succomber,  au  bout  de 
dix  jours,  à  l'asphyxie  produite  par 
la  généralisation  du  tétanos  à  tous  les 
muscles  de  la  tête,  du  tronc  et  des 
membres,  en  dépit  de  l'opium  à  haute 
dose,  des  sudorifîques  et  du  chloral 
donné  pendant  huit  à  dix  jours  à  la 
dose  de  8  à  10  grammes  par  Jour. 
Aucun  de  ces  moyens  thérapeutiques 
n'a  pu  modifier  la  marche  de  la  mala- 
die. Pendant  toute  la  durée  de  celle-ci 
la  plaie  n'a  cessé  d'offrir  te  meilleur 
aspect.  (Séance  du  8  févr.  1871, 
Union  méd.,  1871,  n»  18.) 


VARIÉTÉS 


Faculté  db  médecihe.  —  Le  Gatdois,  de  Versailles^  a  publié  la  lettre  sui- 
vante. 

Versailles,  le  1  •'  avril  1871 . 
«  Monsieur  le  rédacteur, 

d  Dans  votre  numéro  du  31  mars,  vous  annoncez  que  j'aurais  été  obligé  da 
donner  ma  démission  de  doyen  de  la  Faculté  de  Paris.  Je  prends  la  liberté  de 
vous  informer  que  je  n'ai  pas  cessé  de  remplir  ces  fonctions  et  que  je  sois 
resté  à  mon  poste  jusqu'au  31  mars,  jour  où  M.  le  ministre  de  Tinstruction  pu- 
blique m'a  donné  l'ordre  de  le  quitter. 

a  Veuillez  agréer,  monsieur  le  rédacteur^  Tassurance  de  ma  considératioi 
distinguée. 

«   A.  WURTZ.  > 

Légion  d'honïeor.  —  Par  décret  du  22  février  dernier,  MM.  les  doctean 
Désormeaux,  Chauffard  et  Laboulbëne  ont  été  promus  au  grade  d'officier  de  la 
Légion  d'honneur  (services  exceptionnels  à  l'hôpital  militaire  du  Gros-Caillou). 


Nécrologie.  —  Si  nous  n'avons  pas  jusqu'ici,  comme  nos  lecteurs  ont  pale 
remarquer,  mentionné  la  mort  de  M.  Kûss,  professeur  de  physiologie  à  la  Fa- 
culté de  médecine  de  Strasbourg,  maire  de  cette  ¥ille  et  représentant  du  Bas* 
Uhin  à  l'Assemblée  nationale,  c'est  que,  d'une  part,  cette  mort  a  eu  lieu  dans 
des  circonstances  tellement  solennelles  et  douloureuses,  qu'il  n'est  pas  nu 
Français  qui  n'en  ail  été  frappé  et  n'en  ait  gémi  ;  c'est  aussi,  d'autre  part,  que 
nous  espérons  pouvoir,  dans  quelque  temps,  payer  le  digue  tribut^  qn'dle 
mérite,  à  la  mémoire  de  ce  savant  éminent  et  de  ce  grand  citoyen. 

—  Nous  avons  le  regret  d'annoncer  la  mort  du  docteur  Scoutetten,  âgé  de 
soixante-douze  ans.  Il  a  illustré  la  chirurgie  militaire.  Né  à  Lille,  en  1799,  il 
fut  nommé,  en  1852,  médecin  en  chef  de  Thôpital  de  Metz,  où  il  n'a  pas  cessé 
d'habiter.  C'était  un  expérimentateur  infatigable,  un  observateur  soigneux,  on 
penseur  ingénieux.  On  lui  doit  un  grand  nombre  de  travaux  sur  les  questioBi 
médicales  de  tous  genres  Les  recherches  de  M.  Scoutetlen  sur  l'ozone  et  sur 
l'électricité  du  sang  resteront  dans  l'histoire  des  sciences. 


Pour  les  articles  non  signés  : 


F.  BRICHETEAU. 


—  237  — 


THÉRAPEUTIQUE  MÉDICALE 


Modes  il*Ailiiiliiltiftra(IOB  du  0alfftt(e  de  quinine  ;  ndJaTanliVf 

eorrectlff«9  doses  (i)  ; 

Par  M.  le  docteur  Dsuoux  de  Saticrac. 

IX.  On  a  aussi  essaye  )e  sulfate  de  quinine  par  la  méthode  en- 
dermique;  on  le  déposait  à  la  surface  d'un  vésicatoire  dans  l'inten- 
tion de  le  faire  ainsi  absorber.  Cette  pratique  est  tout  à  fait  irra- 
tionnelle; rhumeur  sécrétée  par  les  plaies  étant  alcaline  doit 
précipiter  Talcaloïde,  et  conséquemment  tout  porte  à  croire  que 
celui-ci  sera  peu  ou  point  absorbé.  Il  faudrait  au  moins^  en  pareil 
cas,  ne  se  servir  que  de  sulfate  acide  de  quinine.  Mais  si  Ton  ajoute 
que  l'application  du  sulfate  de  quinine  sur  les  plaies  est  plus  ou 
moins  douloureuse,  qu'il  y  a  parfois  déterminé  des  irritations  fâ- 
cheuses^ des  ulcérations,  des  eschares^  on  en  conclura  que  ce  mode 
d*emploi  doit  être  rejeté  d'une  manière  absolue. 

Les  injections  hypodermiques^  très  en  vogue  aujourd'hui,  con- 
stituent, à  bien  dire^  un  mode  nouveau  d'endermie.  Aussitôt  in- 
troduites dans  la  thérapeutique,  on  devait  s'attendre  à  les  voir  ap- 
pliquer à  l'administration  du  sulfate  de  quinine.  Les  premiers  essais 
de  ce  genre  ont  été  faits  à  la  même  époque^  1863-1864,  par  les 
docteurs  W.  Schachaud^  à  Smyrne,  et  Moore,  à  Bombay  (v,  Bull, 
gén.  de  Thérap.,  t.  LXUI^LXVI,  LXVIH).  Us  furent  répétés,  très- 
peu  après,  par  les  docteurs  Pihan-Dufeillay,  à  Nantes  {iàid.y 
t.  LXVIII),  Dodeuil  et  Bricheteau.  à  Paris  (ibid.,  t.  LXIX  et  LXX), 
J.  Arnould,  en  Algérie  (iàid.,  t.  LXXII).  On  a  attribué  à  cette  mé- 
thode les  avantages  suivants  :  d'exiger  une  moindre  quantité  de 
quinine  que  lorsqu'on  l'administre  par  l'estomac  ;  de  mieux  assu- 
rer son  absorption  que  par  tout  autre  procédé  ;  d'obtenir  ainsi  et 
en  tout  cas  sa  parfaite  tolérance  *,  de  déterminer  des  effets  plus 
prompts,  et  de  pouvoir  en  conséquence  être  appliquée  avec  succès 
très-près  d'un  accès  de  fièvre,  à  son  début,  dans  son  cours  même  ; 
de  porter  enfin,  en  certaines  circonstances,  l'agent  médicateur  aussi 
jirès  que  possible  du  lieu  où  l'on  veut  le  faire  opérer,  par  exemple, 
dans  les  névralgies  et  dans  les  engorgements  spléniques.  Il  y  aurait 

(i)  Suite  etfin.  Voir  la  livraison  du  IsTavril  1871,  p  289. 

TONB  LXXX.   8'  LIVR.  ^ 


—  238  — 

matière  à  disculer  plusieurs  dt^  ces  points,  sur  lesquels  la  pratique 
n'est  pas  encore  fixée  ;  mais  cette  discussion  nous  entraînerait  au 
delà  des  limites  de  cet  article  ;  pour  rester  dans  notre  sujet,  nous 
n'insisterons  que  sur  la  partie  pharraacologique  de  la  méthode^  et 
nous  nous  bornerons  à  poser  ses  indications  les  moins  contestables. 

Lorsqu'on  veut  administrer  le  sulfate  de  quinine  par  la  méthode 
hypodermique,  il  importe  d'avoir  à  sa  disposition  une  solution  aussi 
concentrée  que  possible,  et  néanmoins  parfaitement  limpide,  afin 
qu'elle  n'introduise  pas  dans  la  peau  quelques  cristaux  du  sel,  ce 
qui  nuirait  à  son  absorption,  et  en  outre  susciterait  une  irritation 
pouvant  aller  jusqu'à  l'escharitication.  L'irritation  locale  peut 
aussi  être  déterminée,  quoiqu'à  un  moindre  degré,  tant  par  l'acide 
sulfurique  que  par  l'alcool  de  l'eau  de  Rabel.  Gonséquemment,  pour 
eiîectuer  la  dissolution  destinée  à  l'injection  hypodermique,  il  faut 
n'employer  que  la  quantité  d'acide  sulfurique  strictement  nécessaire 
pour  convertir  le  sulfate  bibasique  en  sulfate  neutre^  tout  excès  de 
cet  acide  devant  produire  un  coagulum  albumineux  susceptible  de 
devenir  une  cause  d'inflammation  et  un  noyau  d'induration.  Un 
coagulum  peut  aussi  être  formé  par  l'alcool  de  l'eau  de  Rabel  ;  il 
vaudrait  mieux  ne  pas  recourir  à  ce  dissolvant  pour  préparer  la 
solution. 

M.  Dodeuil  préfère  l'acide  tartrique,  comme  étant  beaucoup  moiai 
irritant  que  l'acide  sulfurique.  Je  ferai  remarquer  qu'un  autre  avan- 
tage de  Tacide  tartrique  est  de  ne  point  coaguler  l'albumine.  Yoid 
cette  solution  de  sulfo-tartrate  de  quinine,  dont  M.  Dodeuil  a  été  à 
même  de  constater  les  bons  effets  dans  le  service  de  M.  Bourdonj 
où  elle  a  été  employée  en  injections  sous-cutanées  contre  le  rhu^ 
matisme  articulaire  : 

Sulfate  de  qninine Jt^OO 

Ëaudisltllée 10,00 

Acide  tartrique ,  .        0  ,50 

M.  Am.  Yée  fait  mie»x  encore,  à  mon  avis,  et  conseil^  Fasage 

exclusif,  pour  le  cas  en  question,  du  sulfate  de  quinine  soIuMe, 

autrement  dit  du  sulfate  neutre  ou  sulfate  acide,  selon  le  nod 

qu'on  voudra  lui  donner  en  pharmacologie.  Ce  sel  se  dissout  danfl 

Il  parties  d'e«'\u  à  +  13  degrés;  ajoutant  un  léger  excès  d'eau  post 

mieux  assurer  la  dissolution  et  sa  persistance,  M.  Am.  Yée  propose 

la  solution  suivante  : 

Sulfate  neutre  de  quinine  * l8,00 

Eau  distillée 11  ,50 


—  539  — 

Voici  lés  quantités  de  cette  solution  correspondant  aux  doses  de 
sel  que  l'on  veut  injecter,  la  goutte  étant  censée  peser  5  centi- 
grammes : 

13  gouttes  contiennent  5  centigrammes  de   sel. 
25     —  —         10  —  — 

38      —  —         15  -  — 

50      —  —         20  -  — 

63      —  -         «5  -.  — 

M.  Àm.  Yée  a  également  raison  en  engageant  à  adopter  dans  la 
pratique  ce  sulfate  de  quinine,  déjà  recommandé  par  M.  Mialhe,  eu 
vue  de  tous  les  avantages  résultant  de  sa  solubilité,  de  la  constance 
de  sa  composition,  de  son  action  prompte  et  certaine  (ibid,,  t.  LXIX, 
p.  in). 

Malgré  toutes  les  précautions  prises,  les  injections  sous-cutanées 
de  sulfate  de  quinine ^  toujours  plus  ou  moins  douloureuses,  occa- 
sionnent assez  fréquemment  des  accidents,  qui  jusqu'ici  n*ont  été 
observés  que  localement,  mais  qui  n'en  infirment  pas  moins  la  valeur 
de  la  méthode.  Ces  accidents^  pour  le  détail  desquels  nous  ren- 
voyons au  très-intéressant  mémoire  de  M.  Arnould^  sont  particu- 
lièrement des  rougeurs  érythémateuses,  parfois  avec  gonflement 
des  ganglions  voisins  de  la  piqûre,  des  indurations,  des  eschares» 
des  abcès.  Cela  seul  suffiiait  à  empêcher  la  généralisation  de  ce 
mode  d'administration  du  sulfate  de  quinine;  mais  il  n^en  doit  pas 
moins  être  conservé  pour  des  cas  spéciaux  dans  lesquels  le  médica- 
ment ne  serait  pas  introductible  par  d'autres  voies,  ou  aurait  échoué 
parles  méthodes  ordinaires. 
On  pourra  donc  y  recourir  : 

Dans  le  cas  d'intolérance  invincible  de  la  part  de  Testomac  ; 
A  plus  forte  raison  dans  le  cas  de  vomissement,  et,  par  exem- 
ple, lorsque  le  sulfate  de  quinine  n'aurait  pu  être  administré  qu'à 
un  monrent  trop  voisin  des  accès  fébriles,  qui  à  leur  début  se  com- 
pliquent de  vomissements,  ce  qui  pourrait  faire  craindre  que  le 
médicament  ne  fût  rejeté  avant  d'avoir  été  complètement  absorbé; 
Dans  les  fièvres  pernicieuses,  lorsque,  par  suite  de  la  nature  des 
symptômes,  il  y  a  impossibilité  de  faire  prendre  aucun  médicament 
par  la  bouche  ; 

Dans  lés  fièvres  pernicieuses  algides  ou  cholériformes,  lorsqu'on 
pourrait  craindre  la  suspension  de  la  faculté  d'absorption. de  la  mu- 
queuse gastrique  ;  mais  on  pourrait  se  défier  que  cette  faculté  fût 
alors  également  suspendue  dans  le  tissu  conueelW  ç.o\x?s-ç.w\sv.w^% 


—  240  — 

Dans  les  lièvres  perpicieuses  encon.',  lorsiju\jn  n"c:>t  appelé  à 
intervenir  que  lrès*p).ès.4^  début  d'un  accès,  ou  que  lorsque  cet 
accès  est  commencé  f  il  paraît  qu^il  y  aurait  alors  quelques  chances 
d'une  action  de  la  quinii^e  plus  prompte^  sinon  immédiate;  toute- 
fois ce  résultat  praliqiio  ne  ri>e  semble  .pas  encore  parfaitement 
acquis.  :;,  '     ;    ; 

Quoique  la  quinine  ait  été  jugée  par  la  plupart  des  q^périmenta- 
teurs  susceplibtexle  délermiaer  ses  etfets  thérapeutiques  quel  que  fût 
le  lieu  où  Fiiijeotion.:avait.été4)ratiquée,  i^  pourrs^it  se  fajre  que  la 
ciira  4'uD0  iiéyr>algid  :pi^riod>quc  fui  mieup(  atte^ntf^.aa  inJjep^Qt  la 
quinine  à  .p(roxiiiiitfé,4tt^6rf  endolori  ;  il  se  pourrait:  aussi  qufi  les 
engorgemer)t&  d^  foiQ  etde  la  rate  cédassent  miejux^li  des  injectjpnjB 
quiniques  pra(iq!^qs  .dap3  les  régions  occupées  par  cos  organes. 

Ënûn,  deTU^me  que  l'on  voit  parfois  la  médication  lébrifuge 
devenir  plus  efficace  en  variant  les  préparations  de  quinine^  comme 
nous  en  reparlerons,  plus  loin,  on  pourra  essayer  la  puissance  du 
sulfate  de.quinioeen  injection  hypodermique  lorsqu'il  aura  échoué 
par  d'autres  modes  d'administration. 

I^lieU'dMlection  recommandé  par  M.  Arnoujd^  pour  les  injec- 
tion» hypodermiques  de  sulfate  de  quinine^  est  là  face  postéro- 
extçrne  da  tiers  moyen  dn  bras  gauche  ;  les  raisons  qu'il  en  donne, 
dans  un  H^moire  appuyé  sur  cent  cinquante-six  observations, 
nous  paraissent  tout  à  fait  plausibles. 

i  •  JLL  :  Un,  individu  atteint  d'une  fièvre  paludéenne  à  type  quarte, 
.>et>chfic>l<fquelVeston[iaÇ:^  devenu  d'une  extrême  suscepiibilité,  ne 
•pouvait  plus,  supporter  aucun  médicament,  fut  soumis  par  le  doc- 
teur Ancelon^  de  Dieuze^  à  Tinhalation  d'une  solution  pulvérisée 
de  i^iiiCaie  de  quinine,  qui  manifesta  ainsi  complètement  sa  puis- 
.  sfmce.  fjébrifMgâ.  Ypilè  iiopç  encore  une  nouvelle  porte,  la  ma- 
^ueuie  aérienne,  ouverte  le  cas  échéant  à  l'absorption  de  ce  médi- 
<»^Bient,  et  aussi  une  nouvelle  application   de  la  thérapeutique 
rdspiratoixe  instituée  par  M»  Sales-Girons  [Revue  médicale,  1865, 
et BuU,  gé/i.  deThér,,  i866i,  t.  LXX). 

XII.  Si  pour  un  motif  quelconque  le  sulfate  de  quinine  ne  peut 
être  administré  par  la.  bouche,  si  le  malade  ne  veut  pu  ne  peut 
Facoeptet  ainsi,  et  si,  d'un  a;Utre  côté,  le  médecin  ne  se  décide  pas 
pour  les  inJQction^  hypodermiques,  il  reste  une  autre  voie  d'intro- 
mission, le  rectuip.  Alors  on  a  le  choix  entre  un  lavement  et  un 
suppositoire.  Dans  l'un  ou  dans  l'autre,  on  mettra  la  même  dose 
qu*on  aurait  ingérée  dans  l'estomac,  à  moins  qu'elle  ne  soit  trop 


fortc^  auquel  cas  on  fractionnerait  cette  dose  en  l'administrant  en 
deux  ou  trois  fois.  Je  ne  conseillerais  pas  de  donner  plus  de 
1  gramme  de  quinine  en  lavement.  Les  lavements  quinines  offrent 
deux  inconvénients  possibles  ;  ils  peuvent  n'être  pas  gardés  assez 
longtemps  pour  produire  l'effet  qu'on  leur  demande  ;  ils  peuvent 
provoquer  des  coliques  plUs  ou  moins  vives.  Pour  prévenir  ces 
deux  inconvénients,  ils  est  donc  bon  d'y  ajouter  quelques  gouttes 
de  laudanum. 

Le  suppositoire  convient  spécialement  pour  les  jeunes  enfants, 
surtout  pour  les  récalcitrants  qui  se  refusent  à  tout  autre  mode 
d'administiatioh.  Mais  il  sera  également  employé  chez  les  malades 
de  tout  âge,  lorsque  le  niédicament  ne  pourra  être  donné  parla 
bouche  ou  Cûrtsérvé  sous  forme  de- lavement.  Il  a  sur  le  lavement 
Tavantage  d'êti^e  facilement  conservé,  pourvu  que  Tintestin  ait  été 
au  préalable  liàtnréiletnehtôiiârtificiellemehtexoriéré^  et  de  ne  pas 
causer  de  coliques;  tout  au  j^iis  détermine- t-il  parfois  un  peu  de 
cuisson  à  PanUsi  Fait  avec  le  beurre  de  cacao/il  doit  être  le  plus 
petit  possible,  car  il  ne  fohd  que  lentcmeilt  dans  fe  rectum  ;  et  j'ai 
vu  des  enfants  le  rendre,  dix  ou  douze  heures  aprè^soti  introduc- 
tioln','  fèiiuïl  Ji'p^iWié  dé1a  riioltié  dfe  son  voltfmépri mi fif^ lorsqu'il 
ét'aîrfàît'trop'^ds.Il  ïâiit'donc,  en  tobtcàs/iWfrtidUt/é^'Jl^s^sàpptf- 
siibîrës'VfJîr^îli^  Ibriglenips  avant  l'heure  prëi^uiiiééf  de  ftictèii;- *  • 

L^tîon'  du  'suîfàtè  de  quinine  se  manîfeâlcâ&sei  f^omplemeint 
lorsqu'il  a  été  administré  par  le  recfum  ;  cepérïdairt  la  sécrétion 
éiaul  '  alcaline  dàtrseéttie  portion  defintestiny  l'absorption  de  la 
quinine  né  ééîijbre'  *pàé  '  devoir  s'y  effectuer  àîsément.  ;  II'  est  donc 
rationnel  de  bien  acidifièfr  le  sulfate  àvatrt  de  !*introduir$.  tant  «n 
lavemelnt  ^ù'eh  sùppôsîtoîi*e'.  '  ■'     ^ 

XIII.  Lorsqti'on  exerce  dans  ccklocalités  ou  rcttdémie  paludéenne 
donne  aux  affections  intermittentes  une  fréquence  et  une  opiniâ- 
treté inconnuès'aîlleiirs  ;  lôt-sc^u'bh' y  a  vit  lantôt  fàclîon  du  sul- 
fate de  quinine  s'user  chez;  cerlàih^  stijéii^;- tantôt,  sur  d'autres, 
échouer  ses  formes  pharmace'ulfquesotàin'àiréii.ôii  se  trouve  obligé 
de  varier  la  médication  elÇondirit  cl  Téchercher quttlqueè  nou^^eattx 
moyens  de  rendre  à  l'agent  fébrifuge' iôh  cffitâfcildi  Piastre  dans  ces 
conditions,  j'ai  tfès-soûvt?nt  eu  recôiWi^;''datis'fcfiort  sefvi^é  d'hôpi- 
tal, à  l'assbcialion  dU  snlfete  de  (îttiriitief'sorrt  kveé  lfit'déc*ôeti(>n  de 
quinquina'^  soit  avec  le  vrn  de  q\tt!tWfri5rt'èe.';Ett  pi^lHëpc?^  elle  no  pa- 
raît pas  rationnelle,  car  la  quinine  ertal<Hs'pfeei^>itée,  au  moins 
en  pallie;   par  les  tartliins  thi  vrri'et'dtiqiiFiVq^nnÉr.  Mais,  ainsi 


—  242  — 

que  j'ai  déjà  eu  Toccasion  de  le  dire  à  propos  du  thé  et  du  cafë^,  le 
tannate  de  quinine  ainsi  produit  n'en  a  pas  moins  réalisé  son  effet 
thérapeutique.  On  apprend  surabondamnnent  du  reste,  en  traitant 
les  fièvres  paludéennes,  que  si  parfois  on  est  forcée  de  guerre 
lassc^  à  substituer  à  la  quinine  l'un  de  ses  succédanés^  il  suffit  en 
d'autres  circonstances^  pour  ramener  le  succès  au  moins  momen- 
tané^ d'user  d'une  nouvelle  préparation  do  quinine,  d'échanger 
par  exemple^  le  sulfate  contre  la  valérianate  de  quinine  ;  ce  qui 
m'a  conduit  aussi  quelquefois  à  donner  avec  avantage  le  sulfate 
de  quinine  dans  une  infusion  de  racine  de  valériane.  Toujours 
est-il,  que  j^ai  vu  souvent  une  dose  de  50,  60^  75  centigrammes 
de  sulfate  de  quinine^  déposée  dans  un  demi-verre  ou  un  verre  de 
décoction  de  quinquina^  réussir  à  couper  la  fièvre  là  où  le  sulfate 
de  quinine  en  solution  aqueuse  ou  en  pilules  finissait  par  échouer. 
C^est  particulièrement  pour  combattre  la  tendance  désespérante  aux 
rechutes  y  que  j'ai  prescrit  et  que  je  recommande  le  vin  de  quin- 
quina quinine:  20  centigrammes  de  sulfate  de  quinine  dans 
150  grammes  de  vin  de  quinquina,  dose  à  administrer  tous  les 
matins  pendant  autant  de  jours  qu'on  le  juge  nécessaire  pour 
assurer  la  guéri  son.  Ces  mélanges  se  préparent  extemporanéraent 
en  versant,  au  moment  de  Temploi,  la  quantité  voulue  d^une  solu- 
tion titrée  de  sulfate  de  quinine  dans  le  vin  ou  la  décoction  de 
quinquina. 

X.  Le  sulfate  de  quinine,  qu'on  ne  l'oublie  pas  ep  le  m^" 
niante  est  une  substance  douée  d'une  grande  énergie,  ce  que  dé- 
montrent aus^i  biep  ses  propriétés  physiologiques  que  ses  proprié- 
tés thérapeutiques.  Gomme  tous  les  médicaments  héroïques,  n^i\ 
est  apte  à  produire  des  cures  remarquable?,  il  est  susceptible  Aussi 
d'occasionner  les  accidents  les  plus  sérieux  par  l'exagération  de  sa 
dose^  l'abus  ou  l'inopportunité  de  son  emploi.  Ce  n'est  faire  preuve 
ni  de  tact  médical  ni  d'expérience  clinique  que  d'outrer  mal  à  pro- 
pos les  doses  des  médicaments.  Cette  tendance  a  été  en  grande 
partie  due,  de  nos  jours^  aux  doctrines  contre-stimulistes  ;  tout  cq 
n'accueillant  que  sous  plus  ou  moins  de  réserves  les  théories  des 
médecins  italiens^  on  s^est  laissé  influencer  par  leur  pratique  en 
usant  trop  souvent  des  agents  les  plus  actifs  dans  des  propoilioos 
qui  attestaient^  non  la  hardiesse^  mais  la  témérité,  parfois  l'irp* 
prudence.  Le  véritable  th^rapeutistc,  devenu  digne  de  ce  titre  pai* 
l'étude  attentive  et  sagace  des  remèdes  qu'il  prescrit  et  dont  il  sur- 
veille Tapplication,  ne  s'expose  jamais  à  dépasser  les  effets  phy- 


—  243  — 

siologiques  ou  thérapeutiques  qu^il  recherche^  et  vise  seulement  à 
déterminer  la  dose  suffisante  pour  les  obtenir;  d'ailleurs^  en  al- 
lant au  delà  de  cette  dose  suffisante,  le  but  de  la  médication  est 
souvent  manqué,  jamais  plus  vite  atteint. 

L'étude  posologique  du  sulfate  de  quinine  suggère  les  obser- 
vations qui  précèdent.  Il  a  été^  à  un  certain  moment  surtout^  tel- 
lement abusé  de  ce  médicament,  notamment  dans  le  traitement 
du  rhumatisme  articulaire,  que  les  résultats  les  plus  déplorables 
en  ont  été  la  suite.  C'est  dans  la  pratique  des  médecins  qui  exercent 
au  sein  des  endémies  palustres  que  Ton  voit  et  que  Ton  juge  le 
mieux  la  mesure  dans  laquelle  ce  sel  fébrifuge  doit  être  prescrit. 
G^est  là  que  Ton  trouve  les  praticiens  qui  connaissent  le  mieux  la 
portée  et  la  limite  de  son  action^  qui  le  manient  à  l'occasion  avec 
hardiesse,  mais  qui  n'en  mésusent  pas.  Et  cependant^  ils  opèrent 
dans  les  conditions  où  la  tolérance  du  sulfate  de  quinine  est  le  plus 
habituelle  et  le  plus  facile  à  acquérir. 

En  efiet,  l'impaludisme  d'une  part^  le  périodisme  de  l'autre  éta- 
blissent dans  Téconomie  une  sorte  de  faculté  d'accommodation  à 
l'action  physiologique  de  la  quinine^  d'où  résulte  une  tolérabilité 
qui  ne  se  retrouve  dans  aucune  autre  situation  pathologique.  Les 
influences  sur  le  cerveau,  sur  les  organes  de  la  vue  et  de  l'audition 
sont  infiniment  plus  rares  pendant  la  médication  quinique  appli- 
quée aux  affections  palustres  et  aux  affections  périodiques  palustres 
ounon,  que  lorsqu'elle  est  instituée  contre  toute  autre  affection;  ce  qui 
permet,  dans  le  traitement  des  fièvres  intermittentes  ou  rémittentes 
rebelles,  et  surtout  dans  les  fièvres  pernicieuses,  de  porter  les  doses 
des  préparations  de  quinine,  sans  nul  inconvénient,  à  une  élévation^ 
beaucoup  moins  bien  supportée  par  des  malades  de  toute  auti*e 
catégorie.  Dans  le  rhumatisme  articulaire  aigu,  par  exemple,  la 
tolérance  du  sulfate  de  quinine  est  notoirement  moindre,  et  il  est 
difficile  de  disculper  ce  sel  d'avoir  contribué  à  l'explosion  de  graves 
accidents  cérébraux. 

Le  prix  du  sulfate  de  quinine  est  aussi  un  motif  de  n'en  employer 
que  la  quantité  raisonnablement  exigée  pour  assurer  son  efficacité. 

Supposant  les  cas  les  plus  ordinaires^  ceux  d'une  fièvre^  névral- 
gie^ affection  quelconque,  à  forme  périodique  et  sans  gravité,  nous 
conseillons  pour  l'adulte,  comme  dose  initiale  du  traitement,  50  à 
60  centigrammes.  Si  cette  dose  est  insuffisante,  c'est-à-dire  si  les 
manifestations  ))ériodiques  de  l'affection  se  reproduisent  avec  la 
même  intensité  qu'auparavant,  et  à  plus  forte  raison  si  les  symp- 


■^  444.  — 

tômés  s'aggravent,  on  ëlèyera  la  dose  à  75centigraniines  et  jusqu'à 
1  gramme;  Il  est  i'areque  le$  àccè^  d'une  àfiféction  'përiôdiqtte  ordi» 
iiàîna  iréfiiistent' ïi  celhï  dbsé"dô  i  gramme-;  ^îl^y  résistent,  e'e&rt 
qu'll'y  a' Quelque  èômplicatiofr  qU'îl  faut  àutrenâeni  attaquevvau 
bien'H  vamtmieut  refîonc>ei*'à  la  qii^iinnfii'i^l  l^courîr  à  l^ii>  dentés 
succédanés;  paHîcùlièïcment  à  Tarsémc^f^I  peut 'être  ie  ensdes 
Tiévralgîes  d'accès,  (Jue  j'ai  gértéralemetit  vu  Jcéder'miéu*' atix  'jiré- 
paràffèns  ar^nibalesqu^àtrx  préparations  de  quinquinia^  ■  ■  «if ...! 

S'a^it-il  d'un  état  pernkiéui/  ators  liouS  étbordon»  les  Uatiles 
doses,  et  nous  tothmeûçoftus  au  moins  psir  i  gràmnôfè,  i^uf  A-ieiller 
rapidement  plus  loin  ^\\e  cas  l'exige.  Je  A-ai  jamais  en  bëéoin^A 
dëpasseï*  3  ^'animes,  domine  dose  journalière,  adiiiihFStrée  entre 
deur  accès;  mais  j*àî  vu atiti^fifyîs,  iaui  Antilles,  mefe  cJonlVères  em- 
ployer jusqu^à  4;  Ski  6  grammes  de  seî  lëbrifugè^  daft^  dès  fcas  <5r- 
ceptionnels  d^affecfions  pernicieuses  en  <{uelque  sorte  foudroyantes, 
et  obtenir  ainsi  un  rappel  à  la  vie  dans  les  situations  en  appai^nce 
lès  plus  désespérées.  J'y  ai  vu  aussi,  mais  avec  un  suceès  moins 
fréquent^  empk)yer  ce  i^l  à  doses  massives,  sans  pei^ées,  supé- 
rieures encore,  peut-être,  aui  précédentes,  <ïans  les  fièvres  jatines 
compliquées  d'impaludation.  ' 

Or,  dans  ious  ces  cas,  oii  j'ai  employé  et  tu  employer  ces  éRor- 
Hies  dosés  de  sulfate  de  quinine,  je  n'ai  jamais  vu  survenir  d'aœî- 
dents  sérieui  qui  hii  fussent  imputables  :  en  d'autres  ternies,  je  n'ai 
jamais  vu  Tinconvénient  des  effets  physiologiques  contre ->  ba- 
lancer le  bienfait  des  effets  thérapeutiques,  et  même  la  plupart  du 
tenips  ces  derniers  étaient  seuls  constatés  *,  tandis  que  ces  mêmes 
doses  ont  amené  dans  le  rhumatisme  des  intoxications  mortelles. 
Cest  la  preuve  clinique  de  la  diSérence  de  tolérabilité  du  'sul* 
fate  de  quinine,  selon  les  états  pathologiques  où  on  remploie, 
comme  je  le  signalais  tout  à  Theure  \  ce  médicament  ne  sera  aussi 
aisément,  aussi  heureusement  toléré  nulle  part  ailleurs  que  dans 
Cet  état  complexe  d'impaludation  et  de  périodicité,  qui  constitue 
Tétat  indiquant  par  excellence  le  recours  à  la  quinine. 

Dans  le  rhuràiatisme,  la  dose  de  i  gramme  est  celle  à  laquelle 
s'arrêtent  généralement  aujourd'hui  ceux  qui  ont  confiance  dans 
ce  mode  dé  traitement. 

Dans  tonte  autre  mialâdie,  il  suffit  également  de  se  tenir  entre  les 
lindites  de  50  centigrammes  à  1  gramme,  tant  qu'il  ne  survient  pas 
un  élément  septiqùe  ou  pernicieux  qui  pourrait  obliger  à  pousser 
av  delà. 


—  245  — 

Nous^  avons  vu  que,  eirinjecliopf  hypodermique,  ou  diminue  les 
doses^^quiqM^^^mai^tla^quaodt^ibut  OHidoît  jes  diminuer  n'est 
«pa^S)  encore  bifei^  flîcée  ;par  Jeç  expërîtn^ntateiips.  ,Lesuas, pensent 
!qu';^!^art  de  la  ido«e  lordin^irp  s,^f6t  ^  dj'ftutf e€i  ideipandent  un 
rienjl' !a!in(oi4iéMinêHie. iU,iM%f}n]i,iàme(àù9] 4tia43.TpepBicieux,  a 
îrijeoté  sj[iu«^tepeaAi|jftaqtt>,Lpa(n|.m^dfi  eiu|fet^i(|(p^q 
rvi]^)^^  lW;Sè«resipierftijDi^s<^,\^9fM5e:^  d^^ 

dinaires  ou  .b^^i^ae^  ^  4imi9HC  '.  ^i^f 4¥^^p<^l  h  4^  À  m^&urp 
.qn«.J)oaye»t.t6adH  B?^edef5  acejfî^  ;;     -,  ? 

.  Cli^$ii)es  enfanl^v^  ^'^u^^Dtpluç;  q^'ils.s^,.rapi)tOQhentdu  pr^j- 
Aiierâg^^ .<mdpittd^a^tant!plus^^U!fsi,iQodéi^r le$  dp^s  dequiiiine 
qti'iJsjSQnl.'tràç-^nsible^  à,^op  actipn,tb4rapeuUque.  Ainsi,  chez  Ie;s 
f»afani6  ide  quatrjQ  à  $îx:.a;)s^tje  me  l^prn^rordijnakeni^t  à  a^nsi.- 
4ii6ti7er4$^  ^A  30  iC^|!lgr^mn|es^'4^;3p  ,f  jl(^  et  mêpe  ,5  centi- 
.gf$kfnn2ô4  pour:les.enf^riAsypJus4euneSt  selon  Iqur^gq, 
.,  :Oaa;|)eaueaup;,tpçp  disci^é  sur  le  choix  d^  n^oieni  où<  la  qui- 
nine doit  êireadniînistré^  comme  aotipëriodique^  Tous  les  mo- 
tnents^  sont.l^ons,  et  il  jOst  des  cas  où  Ton  administre:  cet  alcaloïde 
quand  eico^me  on  le  peut.  Toutefois,  comme  r^gle,  on  doit  in« 
tervenir  à  une  certaine  distance  de  raccès  attendu;  jcar  si^-accès 
(kiçpmmeuficé^  la  ,  quinine  Tinfluencera  peu  ou  points  et  n'agjra^ 
>pasrde$9Xi9'FacQès  actuel^  que  6ur  l'accès  ultérieuTb  Quelques  obscyr- 
valeijirs  puétendentque  Tinjection  hypodermique  influence  en  bien 
mêm^i'acrës  en  ^cpurs;  mais  les  expériences  de  M.  Arnould  ipr 
âroMBi  cette  opinion..  C'est  un  moyen  à  tenter  cependao^>  si  le  cas 
seidbie  pressant  etisiTon  n'a  pu  administrer  la  quinine  auparavant 
OU)  autireMnent. 

•  La -pratique  ordinaire,et  c'est  la  mienne  habituellement,  est  de 
donner  le  sulfate  de  quinine  cinq,  quatre,  trois  heures  au.mcÂns 
avant  le  début  de  Taccès.  Je  le  fractionne  le  plus  souvent  en  trois 
prises,  consommées  chacune  de  demi  en  demi-heure^mais  parfois 
je  le  donne  en  une  seule  prise.  C'est  ce  dernier  mode  que  Ton  est 
presque  toujours  obligé  d'employer  chez  les  enfants^  afm  de.  ne  pas 
recommencer  la  lutte  qu'ils  opposent  à  l'administration  du  remède. 

■  Le  sulfate  de  quinine  est  plus  vite  absorbé,  il  manifeste  plus  tôt 
et  plus  intégralement  ses  propriétés  anti périodiques  et  fébi'ifuges^ 
lorsqu'il  est  ingéré  dans  restomac.vi^e  d'aliments.  Autant  que  pos- 
sible, au  moment  de  l'emploi  deçe^niédicameat,  le, sujet  devra  être 
àjeun,  ou  tout  au  moins  hors  de  la  période  stomacale  de  la  diges- 
tion. On    voit  néanmoins,  dans  les  pays  palustres^  beaucoup  d'in- 


—  246  — 

dividus  qui  prennent  d'eux-mêmes  la  quinine  au  commencement 
de  leurs  repas^  pendant  plus  ou  moins  longtemps;  mais  c'est  plu7 
tôt  afin  de  prévenir,  les  récidives  et  de  combattre  Timpaluda^on 
continue  que  pour  attaquer  un  état  fébrile  aigu.  Sans  être  très- 
partisan  de  celte  méthode,  je  ne  Tai  pas  déconseillée^  ayant  vu  plu- 
sieurs personnes  s'en  bien  trouver;  cependant  j'ai  dû  leur  dîi'C 
qu'une  partie  du  sel  quinique,  ainsi  mélangé  aux  aliments  ^ 
échapperait  vraisemblablement  à  l'absorption,  et  ne  serait  paj* 
suite  (l'aucun  profit.  J*ai  persisté  à  préférer,  dans  les  pays  palus- 
tres, tant  comme  moyen  prophylactique  que  pour  consolider  les 
cures,  le  vin  de  quinquina,  pur  ou  quinine,  en  une  ou  deux  doses, 
la  première  le  matin  à  jeun,  la  seconde  dans  l'après-midi.  Danf 
les  cas  ordinaires,  la  première  peut  suffire. 


THÉRAPEUTIQUE  GHIRURCICALI 


Trailemeut  des  brûlureil  \ 

Paru,  le  docteur  Lkgoobst,  profesieur  de  clinique  chirurgicale  i  l'Bcole d'apptt» 
calion  do  médecine  et  de  pharmacie  mililaircs  du  Val-de-Grâce  (i). 

La  brûlure  partage  avec  quelques  autres  aiiections  graves  le  pri- 
vilège d'avoir  exercé  l'imagination  de  thérapeutistes  de  toutes  con- 
ditions. Une  foule  de  remèdes  ont  été  préconisés  contre  elle,  et» 
comme  il  arrive  habituellement  en  pareil  cas,  chacun  d'eux  devait 
être  aussi  sûr  que  rapide.  Les  inventeurs  do  remèdes  secrets  y  ont 
trouve  un  vaste  champ  d'exploitation.  Beaucoup  de  familles  con- 
servent précieusement  des  recettes  ou  des  arcanes  qui,  transmis  de 
générations  en  générations,  ont  guéri  des  milliers  de  personnes,  et 
réussissent  infailliblement  dans  tous  les  cas  de  brûlures.  La  con- 
fiance affichée  par  les  possesseurs  de  tous  ces  l'emèdes  ne  peut 
être  comparée  qu^à  la  crédulité  des  malades  qui  s'y  soumettent. 

Indiquer  tous  les  moyens  de  traitement  proposés  contre  la  brû- 
lure, que  leurs  auteurs  font  connaître  par  des  présentations  aux 
sociétés  savantes,  ou  par  des  publications  dans  les  journaux  de  mé^ 


(i)  Extrait  du  Dictionnaire  encyclopédique  des  sciences  médicales,  t.  XI  ^ 
publié  par  les  éditeurs  P.  Asselin  et  Victor  Masson  et  fils.  Cette  iraporlant^ 
publication,  malgré  les  difficultés  de  ces  temps  malheureux,  D'à  pas  été  laissé^ 
en  souffrance.  Elle  est  arrivée  maintenant  à  son  quinzième  volume. 


—  247  - 

decine^  serait  faire  une  longue  nomenclature  aus^i  fastidieuse 
qu'inutile^  c'est  pourquoi  nous  ne  parlerons  que  des  moyens  en- 
toures des  garanties  de  la  science  et  de  la  pratique  médicales. 

Etablissons  d'abord  que  dans  le  traitement  de  la  biûluie  plusieurs 
indications  sont  à  remplir,  qu'un  remède  unique  et  toujours  le 
même  est  forcément  insuffisant,  parce  que  la  brûlure  est  une  lésion 
complexe»  Je  crois  ne  pouvoir  mieux  faire  que  de  citer  à  ce  sujet  les 

f)aroles  si  précises  de  Dupuytren  ;  (c  La  brûlure  est  considérée  (par 
e  peuple  et  même  par  des  gens  instruits)  comme  une  maladie 
^ifnple  dan<  sa  nature  et  dans  ses  pbénomène^ji,  constante  dans  sa 
marche  et  dan9  ses  eQets,  et  qui,  dès  lors^  doit  être  guérie  par  un 
remède  simple  et  invariable  comme  elle.  Telle  est  la  base  de  toutes 
]es  espérances  et  de  toutes  les  promesses  des  inventeurs  de  remèdes 
secrets.  Détruire  une  erreur  aussi  préjudiciable^  c'est  rendre  àl'liu- 
manité  un  service.  Disons-le  donc,  loin  de  consister  en  une  maladie 
simple,  la  brûlure  est,  au  contraire,  une  maladie  très -composée, 
dont  les  degrés  nombreux  et  variés  constituent  autant  d'affections 
qui  présentent  des  caractères  tranchés^  des  suites  variables,  des 
classifications  particulières,  et  qui  exigent,  par  conséquent,  des 
traitements  très- différents  les  uns  des  autres.  » 

Cet  exposé^  venant  à  l'appui  de  celui  que  nous  avons  fait  des 
phénomènes  de  la  brûlure,  permet  d'établir  assez  nettement  les 
indications  générales  du  traitement  de  cette  lésion. 

n  faut  d^abord  s'occuper  de  l'accident  local,  tâcher  de  calmer  la 
douleurt  de  modérer  l'excitation,  l'irritation  dont  les  parties  at- 
teintes sont  le  siège  ;  parées  premiers  soins  on  peut  modérer  le 
retentissement  des  lésions  locales  dans  Téconomie  tout  entière.  En 
même  temps,  pendant  tout  le  cours  du  traitement,  il  faut  com- 
battre les  accidents  généraux  de  réaction  inflammatoire,  d'adyna- 
mie,  d^épuisement.  Enfin,  si  le  malade  a  pu  traverser  les  premières 
périodes,  il  faut  veiller  au  mode  de  réparation  des  pertes  de  sub- 
stance, afin  d'une  part  de  diminuer  autant  que  possible  la  durée 
de  la  suppuration,  d'autre  part  de  s'opposer  à  ]a  formation  de  cica- 
trices vicieuses. 

Quant  aux  indications  spéciales,  elles  sont  fournies  par  des  phé- 
nomènes de  deux  ordres,  ceux  du  degré  de  la  brûlure,  ceux  de  la 
période  de  la  maladie.  Tel  traitement  peut  convenir  aux  brûlures 
du  deuxième  degré,  par  exemple,  et  non  à  celles  du  cinquième,  et 
ce  même  traitement,  efficace  dans  la  première  période,  peut  de- 
venir insuffisant  dans  la  deuxième  et  la  troisième. 


—  us  — 

Avant  d'aller  plus  loin^nous  ferons  remarquer  que,  parmi  les 
lésiotaB  produites  par  ractioti  du  calorique  coticènlfHj^ùr  tes  tissus 
viVaM&v' |le$"*nlëi  ée  -présetitérit  'âtèc  tSès  càActèrW  parliculîA's  el 
pkrfaitbttleM  « #aM^i5i,  '  âVëc  '  dès  è^m(itÔmes'  patHognoiiion^^ 
qui  «iK'fOttlWfe  teëfëéHé»  Metiddiëntiinfe  fet'iîé  résscrtiîbfenl  a  aiijl 
tUïHî 'autre  ;'léé'Wi!if|ie^=èe  pt-ëstîiiifeh't'  àWssî  avec  â^s'4arac<èr^^^^  spc-' 
ciauiè,  mais  sf»ëriau*î* surtout  pàf  relirforrni'ëM^ëui'ife,  pif  li  na- 
ture deU^eallse-'v'ulnët^nté;  'eti'èsfeehibfërit;én^  àH  ^o\M\ 
àoêUx  qulom  dbëetve  diains  ifes  IMorife  d'iirie  adtr^"rtaliàte!'^âj{k'lé 
premier  ordre  se  rangent  lés  brdldrës  dû  déùxièÀie  et  S\i  trqis^me 
degî^,  Surtout  du  (îéuixiëhié^  'et  daiîé  'le  '  second  ordre*  lle'^'^ràfûres 
des  autres  dégreà.  ■    •            <  ;                  ' 

Tout  cn'reèônhàîsi^nft  lié*  îiàahcèB  qui  ditferéncl*enl*eiilré  èûi 
des  feffetS'pathblbdq^bfe'jjrëàéhtatotq<iMqùe"'à'^ 
constatei*  qve  ' lés^  bt*filnrëè  du  p^èiriier'àegfé'ont'  les*  pfus  gfancis 
rapports'  avec  toutes  lés  irritations  àé  \k  peauprôàuitiçi  par  i(ne 
causiè  locale ;^t  ^iiieléâ  brûlbres  dés  derhiers'àègriéis  ont  aussi  beau- 
coup d-ànillogief  avec  les  différentes  l(5sîons  dàiîs  lesàuellesfii'YV 
perte  *  de  subitaîilce  par  mortification  des  parties' oU'auirement. 
Aussi  verrons-nous,  en  passant  en  revue  leè  dif{i|fen\s  nîoyensà^ 


traHètn^nt'^ôipÔséà  contre  les  brûlures,  qu'Fîs  s*àd^rèssent  (ous^aux 
■brûlài*e8  des  ddtfÀîèmc  et  ti-oîsième  degrès^  Sans  clôuie'/âiins  liéaii- 
cotïp  d'observations,  iV  est  question  de  brûlures  plus jjirôf'pnaéiB, 
mais  celles-ci  n'occupaient' Wuriè  médiocre  dténdûèVèni  liîiiTûrp 
itnportbniè,  la  {ilus  vaste,  celle  en  vue  de  laquelle  lé  iraitémeot 
était  institué;  était  une  brûlure  du  déuiièihè  ou  du  troisième  degré". 
Cette  remarque  ne  doit  pas  êti^e  étendue  au' delà  Aes  limites  àssjl- 
gnéeg  ;  c'esl-à-dîre  qtté  leà' caractères  généraux  dès  brûlures  persis- 
tant, lèé  uils  sont  ^pécîsiUx,  les  autres  lé  soni  moins.  >••  >   'i 

■  Le 'traitement  des  brûtCirés  dii  premier  degré  est,  ïé'plus  souvènï, 
fort  simple.  Soustraire  les  parties  à  l'action  du  càloi-iqùé  èstiinc 
îhdîdâtiôn  trop  naturelle  poiii*  être  recommàndéie.  Lès  différents 
moyè'fti'  proposés  ont'  été  divisas  par  Heistèr  en  deux  classés  :  les 
ém'oUidAts  et  lés  résolutifs. 

iD/tnsIe  ItattetiAeYtt,  rftérifltté  de  la  brûlure  doirêtrc  prise  en 
ctmsîdératiôri;'  dèiiïienife'  que'  datis  Te"  pronostic  et  lé  didgndsliç. 
Lorscjue'fe  "brtflùi'é  est  peu '^<èhâ(ûc,*un'  cxccltenl  topique  cs'f  l'e^ji 
froide' 


—  249  — 


^2n  ti  %y/ift^*'J'"^'''>'*?>'îft''^'"''''*'*  ,^^'5lS-ve|^,,.ppéJ^raWas  .U:.et»t 


(Ici  îî'J'IO' 

aussi  de,  mj^^çnte^  §5^f-|9'C|?%ï?(P  \^i  partie^ ,lîrû\é^,xoJï|ip€U;l»»in 


couvent  lus 
péi:ic>DiCq  a  (1er 


aussi  longtemps  qu'on  peut   le   supporter,  i'appinxUifint  ^t  rfébi-!- 
enanl  ^allevnalivena^t^  j.usgu'à,  çq  que  i'ai:(Je;UV  oV  Ja  douleur  se 

jinryctenès.  w'HîintiBr.donpe  \e^.  même  conse.il.f  V^xpéiiic 
montré  i^u^ç^e, moyen  n'est  bop  que.  pou»  )iQS,jbfuU^'es.ltig^i'|GS8> 
celle?  au  bout  des  dcwgts  par  çxenîpile;  lefaployç  p^^r  Jçs.i^uvrierfi^de 
quelque&uslne,s  qui  présentent  la  partie. brûlée  a,if  i-^yP^^^^^I  ^^ 
feu  de  ta  foVge,  il  détermine  d'abord  une  dçiuleur  iràs-vivic.  mai& 
cessant  assez  rapidement.  .....    t.  */ 

Quand,  la  binxlure  est  plus  étendue,  qu'elle  occupe  lUie  p^rii^  <Ie 
la  poitrinp^  du  dos,  comme  on  l'observe  fréquemment  pendani  lit 
saison  d  élé.  sur  les  baigneurs,  l'eau  froide  devient  d'une  applicar 
tioadi/Gcile^  les  brûlures  de  cet  ordre  n.*imposant  pas,  en  généra,!^ 
te  rei)ps  à  ceux  qui  en  sont  atteints^Et  d'abord,  un  grand  nombre 
de  sujets  D  ont.  recours  a  aucun  traitement,  ne  souuraut  que  d.uu 
^eâ  de  cuisson,  suivie  par  une  démangeaison  plus  ou  moins  vive  i 
dans  les  cas  pl^s  sérieux  on  pourra  saupoudrer  les  parties  avec  la 
poudi^e  de  riz  ou  d^auiidon;  entin.  si  .riaQammatioaest  vive,  si  la 
peau  est  boursouflée^  il  conviendra  de  faire  des  lotions  érpolli^ntes 
ou  résolutivies.  .,.      ^        , 

Nous  avons  parlé  des  complications  possibles .  de  ces  brûlures^ 
telles  que  le  développerqcntd'un  érysipèle^  d'up  éryllième  aigq,..  le 
traitement  à  suivre  serait  celui  de  ces  diverses  aJGjeçtious,  Du  reste,. 
ces  complications  ne  sont  pas  communes;  déplus,  il  ne  faut.pa» 
confondre  les.  complications  d'un^  brûlure  du  premier,  degré  avec 
les.accldents  produits  par  le  fuit  nxème  de  faction  de  la  chaleur^ 
BUlroth  cite  l'insolation  et  les  congestions  qu'elle  prpyoqu^,  comme 
des  complications  de  brûlures  superiiçielles  connue;^  squ^  le  nom  de 
coups  de  soleil;  celte  confusion  est  regrettable;, les  acjQidenis  de 
l'insolation  n'ont  de  commun  avec  le  coup  de  soleil  que  la  c^>\%^ 


—  2.10  - 

qui  les  produit;  co  sont  «les  accidents  h  part,  bien  connus,  bien 
déterminés,  et  nullement  provoqués  par  une  brûlure. 

Les  brûlures  du  premier  degré  n'ont  que  deux  périodes,  qui  sont 
caractérisées  par  la  cuisson  et  la  desijuamalion  ;  les  remèdes  que 
nous  avons  indiqués  s^adressetit  aux  phénomènes  de  la  première 
période.  Quand  arrive  la  période  de  desquamation,  il  suffit  de  pro- 
téger les  parties  ;  tout  au  plus  conviendra-t-il  dans  certains  cas 
défaire  usage  des  poudres  de  rî^  ou  d^atnidoti. 

En  abordant  le  traitement  des  brûlures  des  deuxième  et  troi- 
sième degrés,  nous  rappellerons  que  ce  sont  celles  qui  présentent 
au  plus  haut  point  les  caractères  pathognomoniques  de  cette 
lésion. 

Quelques  mots  seulement  sur  les  brûlures  peu  étendues,  celles  qui 
occupent  un  espace  de  i  à  3  ou  4  centimètres  environ  ;  encore  pour 
les  petits  enfants  faut-il  réduiie  cet  espace  à  une  moindre  propor- 
tion. Ces  brûlures  ne  sont  pas  graves,  ne  sont  qu*exceptionnelle- 
ment  accompagnées  d^accidents  généraux,  ne  réagissent  pas  sur 
Téconomie  tout  entière,  et  guérissent  assez  facilement;  aussi  le 
traitement  sera-t-il  très-simple.  Une  première  et  importante  re- 
commandation à  faire  est  de  ne  pas  enlever  l'épiderme  soulevé  par 
la  sérosité  ;  il  faut  donner  issue  à  la  sérosité  par  de  petites  ouver- 
tures faites  aux  phlyclènes  avec  des  ciseaux,  et  appliquer  sur  la 
partie  malade  un  topique  doux,  de  Tbuile,  du  cérat,  etc..  Pour 
éviter  des  répétitions,  nous  dirons  que  le  traitement  des  brûlures 
étendues  convient  aussi  aux  petites  brûlures. 

Le  premier  soin  à  prendre  sera  de  débarrasser  le  blessé  de  ses 
vêtements,  ce  qu'il  faudra  faire  avec  beaucoup  de  douceur,  en  s^aî- 
dant  de  tous  les  moyens  possibles  pour  ne  pas  détacbor  Tépiderme 
de  la  peau  ;  il  arrive  trop  souvent  qu'en  même  temps  que  les  vê- 
tements on  arrache  des  lambeaux  d'épiderme,  mettant  ainsi  à  du 
des  surfaces  saignantes  ;  non-seulement  dans  ces  cas  les  douleurs 
sont  exaspérées,  mais  encore  la  réparation  se  fait  plus  lentement, 
la  guérison  est  plus  longue  à  obtenir.  Tous  les  auteurs  qui  ont 
traité  de  la  brûlure  ont  insisté  sur  ce  point,  que  l'épiderme  devait 
être  conservé,  qu'il  était  le  meilleur  topique  des  surfaces  quMl  re- 
couvre. Je  ferai  cependant  une  exception  pour  Hunter,  qui  dit  : 
((  Les  ampoules  se  rompent  ordinairement  et  c'est  une  chose  fa- 
vorable, parce  qu'on  peut  mettre  les  topiques  en  contact  avec  là 
surface  enflammée.  »  Hunter  professe  que  dans  les  brûlures  il  faut 
chercher  h  obteiiir  la  formation  d'une  croûte  sur  les  plaies,  que  la 


cicatrisation  so  fait  beaucoup  mieux  et  plus  rapidement  au -dessous 
dé  celte  croûte  que  de  toute  autre  manière,  cl  que  pour  obtenir 
cette  formation  il  convient  ou  de  n'appliquer  aucun  topique  sur 
les  parties,  ou  de  les  saupoudrer  avec  de  la  pierre  calaminaire 
(oxyde  de  zinc  carbonat(5  hydraté  natif). 

Lés  différents  remèdes  topiques  qui  ont  été  conseillés  dans  les 
cas  dfe  brûlures,  fort  nombreux  comme  nous  l'avons  dit,  peuvent 
être  divisés  en  deux  classes,  que  nous  désignerons  ainsi  :  topiques 
médicamenteux  et  topiques  protecteurs.  Les  premiers  sont  doués  de 
qualités  thérapeutiques,  ils  sont  émollients,  résolutifs,  astringents  ; 
les  seconds  n'agissent  qu'en  mettant  les  parties  à  Tabri  du  contact 
de  Tair. 

Parmi  les  topiques  médicamenteux,  citons  d'abord  Teau  froide  ; 
employée  dans  le  but  de  produire  un  effet  anliphlogistique  et  réso- 
lutif ;  elle  peut  être  considérée  comme  un  topique  médicamenteux. 
Son  emploi  est  d'un  usage  vulgaire,  il  est  conseillé  par  beaucoup 
d'auteurs,  Follin  entre  autres;  c'est  un  excellent  moyen  abortif  de 
}a  douleur,  mais  il  est  très-souvent  contre-indiqué,  notamment 
dans  les  cas  où  il  faudrait  l'appliquer  sur  de  larges  surfaces,  chez 
les  personnes  délicates  ou  atteintes  de  maladies  antérieures  que 
rim pression  du  froid  pourrait  aggraver.  Les  modes  habituels  d'ap- 
plication sont  l'immersion,  ^irrigation  continue,  les  compresses 
mouillées.  Tout  en  reconnaissant  les  excellents  résultats  obtenus 
par  l'emploi  de  Teau  froide,  nous  ne  sommes  pas  très-parlisan  de 
ce  moyen  de  traitement.  L'application  de  Teau  froide  doit  être 
continue,  sans  interruption,  sous  peine  de  voir  s'exaspérer  Tinflam- 
mation  qu'on  voulait  combattre;  elle  doit  être  longue  aussi,  elle 
exige  une  surveillance  constante,  et  enfin  dans  certains  cas  les  ac- 
cidents sont  seulement  masqués  ou  retardés  et  éclatent  avec  d'au- 
tant plus  de  force  quand  cesse  son  action. 

Hervez  de  Chégoin  {Union  médicale ^  1850,  p.  560)  conseille 
l'usage  des  réfrigérants,  glace  ou  eau  froide,  dans  les  cas  seule- 
ment de  brûlures  du  premier  degré,  et  Guersant  fils  (Gazette  des 
hôpitaux,  4846,  p.  130)  seulement  pour  les  petites  brûlures. 
D'autres  chirurgiens  oi)t  préconisé  l'emploi  de  ce  moyen.  Jobert 
recouvrait  les  parties  brûlées  de  linges  enduits  de  cérat,  et  par- 
dessus il  plaçait  des  vessies  remplies  d'eau  froide.  Il  revient  sou- 
Tent  dans  ses  cliniques  sur  ce  mode  de  traitement  qui  lui  a  rendu, 
eti  maintes  circonstances^  les  meilleurs  services. 

M.  Kusten  {Union  médicale^  1848,   p.  226)  relate  deux  oh«^€.\- 


—  252  — 

vatic^ns  ih  brûlures  InV-i'fendues,  rune  chez  un  enfant  allieinl  par 
de  Veau  boùiilairfte,'  Tanlrc  ch<ïz  un  jc^rnè  homme,  pai"  dé  râftoo! 
enêamiioé  Vdains^  les  deux'  fcds  Pemploi  de  i^eaU  froide  àtnena  hëu-' 
rensement  là  gri^risbtii  '  -    *  '    ,-;  »t  r:-^ 

Noiïé  àtôtîs  quelqwfdîà  eWployë  leâ  hrigatibhs  ^-cdritihliéé:  ife^ 
les  parties  rta!ades;  préalablement  recbuverlés  'de  féaîliés  dte  -bâu^' 
druche  afin  de  leur  éditer  le  cohlact  immédiat'  dû  HtJuîde'j'PèiJÏ* 
êtt%  les  apparoils  de  MM.  Petrtgand  etHaltute^  composa 'de 'ttibes' 
minces  eifi  ciaoutohouc  appliqués  ou  enroolés  diversement  sur  léi 
parties,  et  dans  lesquels  on  fait  circuler  un  courant  Vf eati  frt)idèl/: 
trouveraient-ils  ici  leur  emploi.  '     ^  '    "  ' 

Les  grands: hains  d'eau  tiède  ont  aussi  produit  de  bort^sf  effets; 
ce  moyen  dé  traitement  a  été  conseillé  par  M.  PassaVarit  {DeuUt^^' 
KUnik,  48S8,  li*'  36.  38,  39  ;  et  Union  médicàlèyi.  W;' p.  162). 
Ce  chirurgien  remploya  chez  treize  pérson^nes  plus  ou  tnoihs  gtïk' 
vement  brûlées  dans  un  incendie.  L'eau  fut  maintenue  %  tfne 
température  de  32  degrés^  et  le  bain  fnt  contî^nfué  jusqu'à  la  cîëa* 
trisation des  plaies.  Les  douleurs  se  calmèrent  bientôt^ et  laréactiou' 
fnt  modérée.  On  changea  d'abord  Teau  deux  fois"  par  Jour,  pdis 
trois  ^e,  iorsque  la  suppuration  devint  pliis  abondante.-         > 

Ce  traitement  peut  rendre  des  services  dans  certains  cas  de  hfèh 
lures  très-étendues  et  plus  ou  moins  profondes  dans  lesquellesj'lès 
différents  degrés  s'unissent  et  se  confondent  :  tels  étaient  ceux  que 
M.  Passavant  a  relatés. 

Parmi  tous  les  moyens  proposés  contre  là  brûlure^  Lisfranc 
donne  la  préférence  à  une  solution  de  chlorure  de  sodium.  ,Çej 
chirurgien  cite  différents  cas  dans  lesquels  ce  moyen  lui  abonné, 
les  meilleurs  résultats  *,  notamment  chez  les  sujets  blessés  par 
l'explosion  de  la  fabrique  de  Vitry  :  plusieurs  d'entre  eux  étaiçpt 
brûlés  sur  presque  toute  rétendue  du  corps;  à  des  douleurs  trèsr 
vives  succéda  un  état  d'insensibilité  et  d^indolence  qui,  habituel 
dans  ces  cas,  annonce  une  mort  imminente.  Le  chlorure  de  sodium 
donna  sur  ces  malheuieux  des  résultats  inattendus.  Lisfranc  lui  re« 
connaît  la  propriété  de  calmer  les  douleurs,  d'agir  comme  un  p^jS'^ 
sant  résolutif^  de  provoquer  une  guérison  beaucoup, plus  rapjcte 
que  les  autres  moyens.  Spn  application  n'en  doit  pas  être  laii^  ipob-. 
médiatement,  mais  avec  l'intermédiaire  de  compresse?,  fanêti^éef^ 
enduites  de  cérat/  par-dessus. lesc|[uelles  on  place  des  plonciasise^^ 
de  charpie  fortement  irnpr^gnés  de  ja  solqtion  sahne.  .  ,    .  .;   .  , 

M.   Masberpa  {Gazette  médicale  de  Paris^  1843^  p.  775)  a 


obtenu: (Je. buïiSQiirtîls^  (je  ;la.fiQj4îjlioïJL  t^l^^Mliie  4?icréftçp4^^'  çhez,ilflmx 

gcs  trempés  dans  une  solution  de  20  à  30  go^H/e^^^j  St^^5rt^J^$A^\ 

piéâ^blçpjl^pJl  j9fsa5j^es,;,ft;?tvwpRt.  pui  (timiau^r;  jQïli  SQMffrirtçfisl 

wei^^.uf^,.guéii^n  pr/?^ifp  .e?îçnapl0  j4^.j4oMlewrjgij,çt,  Ji)«auooW({K 

L'eau  de  laurier-cerise  à  la  dose  dp  8;gr9n(\fn^^  4ai)SjilOi(>gr4n]f> 
ra^p  4jeau*,^fln,,{^[j|p|ipali^ns,lt^ 

c\^^9vW^^((^'4ff^  MpiUff^f^vi  \M^Qi  ip.f3i7^)i.<îaRftlfit)iR:oa3i^de 
brûJ^re,fuïQ^de^xièflrra,,tl:oj€iè9lç  et  qw^trifcmei «degrés ^JBUe.ituitait 

j  J^e /dofileur. .K.^it  (-^rcjé^ue^  ç^é^rale^  de,  wf<s(^ci»e^.  il!à51viquar 
tri^iqei  ;^vipii!^  X^YM»Pri  88),  a  poipJoyé  le  qjittarto. d'argent  :c|anfli 

^ff.jiu  j«{i^g^.^li^.pioi|4i)e,  ,411  ventre^  a^ux^UétniHtés  .<^>>ii^âir(i 
énorniéuiei^MijMifli^éfjés.;  fr'ëf^eroïe  ajftfl  .aippliqadf 

s^.Jlie^''pa^ltie^.fTi^$^de$>:^veç  une  barbe  de  pliUip»^^  laimi^tiuEm  &tii- 

Huile  de  lin .250    ".  t-.  . .  •  >.     l'I  J/l 


presque  eiiuerenieiii  uispctru^  m  buiidcu  uu  lu  jiruiurc  eiîtu  lecou- 

verte ^d'uriB'  cfbùlb  brunâtre  ;  ^pkâ  (Je  ;sui'pUrâti6n/Auç[ualorzjènie' 
jîibV^  réjyîdef'hiè  fôrm'^'  pàrïa  mixture  Vébàilla,  et  laissa  voir.Ifii 
péàtï  pàrfàHcfteent  réparée,'  M.  Kaîl'  rapporté'  ëncoi-é  '  clfeux'  aùlres'^ 

ftîts-ftv^rabfes.-'  -■■;•=' ^"  ^''  -;'^^^';^  ^' *; ';;|'  ;;' '':";;;^;;^;. 

*^'ti*ti>âge  def  ï'huile  d'olivie,  dàni'Teici$^  deï>rùTarej  est  menfionn(| 

dàÀs  lès  phis  ancien^  "aùtëurs^iW.'Wisfeltifj^i^^^^ 
lèee^,  p:  538),  l'econnâissâfaf  lèé  BdU'ètféts  rfé  ce liti'ùîdef  a  clier:. 
cîië'«  le  Véhai^  plùV  actif  eticofe  p  lé''ibode^(l^âpp!i^c^^^^^^^      if'a 
pTAiigg  Ws  inâfade^  dàrii  de's  ikinij'Jnuifé'â^olive;  t^uïlè'ktaii 


3 


Iroiae  u  abords  puis  pôttée  progressivement  a  la  température  de  16 
a  18  dTégtés  neaumur.  L  immersrpn  doi^  durer  de  sept  à  seize  beu? 
ïes.  La  tempét-âturé  de'ïë'ï  i'SlfegfS^fiî^âïïnaur'â laquelle!^ 

TOME  râx.  8«  LIVB.  ^ 


—  354  — 

est  portée  dlani  relativement  froide,  it  semble  qu*nne  erreur  d'in- 
dication ait  éié  commise  par  M.  Wislet. 

Dans  la  relation  des  Biesmres  produites  par  l'explosion  rfeife 
chaudière  du  yacht  royal  lb  Comtb-d'Eu,  on  lit  que  le  doctei^ 
Moras,  chirurgien  à  bord  de  ce  navire,  trempa  dans  Thuitedes 
draps  de  lit,  dont  il  enveloppa  les  malheureuses  victimes  de  Tac- 
cident. 

L'emploi  de  Thuile  a  été  expressément  indique  par  M;  Ràtier 
dans  les  brûlures  par  le  phosphore,  à  propos  d'un  accident  arrivée 
un  professeur  de  chimie.  Il  s^agissait  de  brûlures  aux  mains  ikites 
par  le  phosphore  :  Teau  froide  ne  calma  pas  les  douleurs  ;  Ratier 
pense  qu'on  aurait  dû  se  servir  d'huile  et  non  d'eau,  parce  que,  dit- 
il,  rhuile  se  combine  avec  le  phosphore.  L'explication  n'est  pas 
exacte.  Les  bons  effets  de  Thuile,  qui  dissout  à  peine  le  phosphore, 
sont  dus,  dans  ces  cas,  à  ce  qu'elle  forme  une  couche  imperméable 
à  Tair,  et  empêche  ainsi  le  phosphore  de  passer  à  l'état  d'acide 
phosphorique. 

Un  topique  dont  on  se  sert  fort  souvent  est  un  mélange  d'huile 
de  lin  et  de  chaux,  désigné  sous  le  nom  de  liniment  oiéo-calcaire. 
Connu  depuis  longtemps  et  déjà  conseillé  par  Hunter,  qui  recom- 
mande un  savon  composé  avec  de  Veau  de  chaux  et  de  VhuUe,  ce 
médicament  rend  d'excellents  services. 

Parmi  les  topiques  qui  ont  pour  but  de  mettre  les  parties  brûlées 
à  Tabri  du  contact  de  Tair,  c'est-à-dire  les  topiques  protecteurs^  il 
faut  citer  en  première  ligne  le  coton  cardé.  Ce  moyen  très-ancien- 
nement connu,  les  Grecs  nous  en  ont  indiqué  l'emploi,  a  été  expé- 
rimenté d'une  façon  suivie,  et  remis  en  honneur  par  le  docteur 
Anderson,  de  Glascow  (Glascow;  Médical  Journal^  mai  1838. 
—  Annali  unio  di  med.,  août  1828).  C'est  à  Thôpitel  de  crtte 
villequc  le  docteur  Anderson  en  fit  les  premières  applications  qui, 
répétées  partout  depuis,  se  font  encore  journellement.  On  remploie 
pour  les  brûlures  à  tous  les  degrés,  et  presque  toujours  on  en  ob- 
tient un  soulagement  plus  ou  moins  prompt  ;  les  premiers  phé- 
nomènes de  douleur,  d'irritation,  d'excitation^  sont  ^caceoient 
combattus,  et  l'étal  général  ressent  \me  influence  heureuse  de 
l'apaisement  des  accidents  locaux.  Il  ne  faut  pas  croire  cependant 
que  ces  avantages  puissent  faire  du  coton  une  panacée»  ainsi  que 
l'espérait  et  le  prétendait  quelquefois  le  docteur  Anderson.  Voici 
de  quelle  manière  ce  praticien  l'employait.  Il  faisait  carder  le  cotoi 
en  couches  assez  minces  pour  être  transparentes  ;  il  évacuait  1^ 


—  255  — 

sérosité  des  pblyctènes^  lavait  lés  parties  avec  l'eau  tiède,  et  ;  dans 
les  cas  de  brûlures  peu  profondes,  avec  l'alcool  de  lavande  ou 
Thuile  de  térébenthine;  puis  il  appliquait  le  coton  par  couches  su- 
perposées. On  remplaçait  les  couches  à  mesure  qu'elles  étaient 
souillées  par  la  suppuration.  Il  est  recommandé  de  faire  les  panse- 
ments avec  douceur  et  rapidité,  afin  d'éviter  les  douleurs  et  le  con- 
tact de  l'air. 

Le  duvet  du  typha  a  été  employé  de  la  même  manière  que  le 
coton.  Dioscoride  (lib.  Ill,  cap.  133)  conseille  l'usage  de  ce  duvet 
mêlé  à  Taxonge.  M.  Vignal  {Thèse  de  Paris,  \ 833)  a  relaté  plusieurs 
observations  de  brûlures  traitées  par  ce  moyen.  Nous  l'avons  vu  em- 
ployer plusieurs  fois,  et  nous  avons  pu  en  constater  l'efficacité. 

Après  le  coton  cardé  vient  le  collodion.  M.  Lambert  [Gazette 
médicale  de  Paris,  1850,  p.  404)  relate  les  observations  de  deux 
brûlures  aux  deuxième  et  troisième  degrés,  traitées  par  M.  Valette, 
professeur  de  clinique  à  l'Ecole  de  médecine  de  Lyon.  M.  Valette 
fit,  avec  le  pinceau,  une  première  application  de  collodion^  qui  fut 
suivie  d'un  soulagement  immédiat.  Une  seconde  couche  fuf 
appliqnée  au  bout  de  quelques  jours,  la  première  s'étant  écaillée 
et  fendue  en  plusieurs  points.  Dans  ces  deux  cas  la  guérison  fut 
obtenue  dans  un  très -court  espace  de  temps,  sans  que  révolution 
de  la  maladie  ait  amené  la  moindre  réaction  fébrile. 

M.  Svrain  [British  Médical  Journal,  et  Union  médicale,  1859, 
t.  ÏV,  p.  327)  rapporte  trois  observations  de  brûlures  des  deuxième 
et  troisième  degrés,  traitées  par  les  applications  de  collodion  ricîné 
(une  partie  d'huile  sur  deux  de  collodion).  On  renouvelle  la  couche 
de  tollodîon  deux  ou  trois  fois  par  jour,  jusqu'à  ce  que  la  suppu- 
ration soit  franchement  établie,  puis  on  applique  des  cataplasmes 
jusqu'à  ce  que  les  surfaces  suppurantes  soient  complètement  dé- 
tergées,  et  l'on  panse  au  linimentoléo-calcaire  jusqu'à  cicatrisation 
complète.  Ce  traitement  a  été  largement  expérimenté  àKing's  Col- 
lage Hospital^  et  a  donné  des  résultats  très -avantageux.  Le  collo- 
dion préserve  les  parties  brûlées  du  contact  de  l'air  sans  les  dérober 
à  la  vue,  et  son  odeur  mitigé  les  émanations  désagréables  des  brû- 
lures. Il  calme  ordinairement  les  douleurs  en  quelques  instants  ; 
dans  tous  les  cas  où  il  a  été  mis  en  usage,  les  eschares  ont  paru 
être  beaucoup  moins  profondes  que  d'habitude. 

M.  Rhind,  d'Edimbourg  [Gamte  des  hôpitaux,  1843,  p.  604), 
avait  conseillé  d'enduire  la  partie  brûlée  avec  une  solution  de 
gomme  arabique  ;  puis  de  Vexposer  à  l'air,  et  de  la  recouvrir  d'wtsft. 


—  250  — 

nouvelle  toûVlie^cIbltl  «6hili^%iîfsi^'^t*.qùc-4w  |>r^Mïiihfè  «sligèob^ 
S*j1  existe  des  vdsicule.s  elles  d^}iî^t'Ê^at*éiyV»Ae9ldetaftt  i'mppMv^ 
iion'de^i^kHiàl't^it^  ^tifiit  dttfr^teindètte 

'i'M\àbil\''M'dk  ^èk '7htehriè§,'^Mi  Ldff»rdtfni'iinï'ddb.parAaèiôi^ 
imbTÏë'*'ifiïe  'mdmtàii!Ai  k'ce^^ïéiAeni\^rAwintoAïeià?d}àu\k 
tÀmjtëi  jaéM'm/Fi'Méàl^U  Aif»te^loml)àdanâ'ttaétQLd?aliMTie 
^rbtBiAreri{ài^isia7lf^pi^ëkàgèt1  u^>'niort'frKplmihe.;.>Mi'>iIiof]y  «it 
l*idëe  de  badigeonner  légèi^èmc%f 'l6i$»  fAaii^v^eci  [fn^prtAàunsvaidc 
Wj  ëii  M^é^'iàd^H  iW^bmt^^k  «éiètm^MUtiûatiomfeofflptèfo^  él  le 

dit  tt.^'EôIféii'^ài^lt  agfk'Vénmc'^Htr  Y«Vffis(«iyisaini^dût(mi](  prêt- 
dtfiU  tëWâè'))it'1a'[JI&ië/'(â;fi/z««l^ié/è9iAd/»Aii^^^  ,lAif')(>S 

i^^ie;-' qti'bil 'dbit '(dlij^Ur^  te/iiv tompie  dÈs^tT^'iIlthtBictus-i^rsoti 

Vêl^ëku  ï  ttf^tildé^'uti^hiôj^  *  detmttmenVdansiloqAicé  les*  psai- 
i\^  W&\éyi^;  l^mériêei'éé}^tôntkGié&i\Vair^  iojiiiîsoi|ra(isesià(Jli 
"ëûmp^es^tiôrh;  l.arcoir/pi'esrioti^,  'dan«''  le  Jbi*aitoaa#Qt  >de$îbiiâiuriié;ii4 
eti^'é/irfirséniéë'  ^^^ïmiéraLtià  {Noêographie  et  ^Ti\éràpmi)U^mjeki^ 
WftiMiès.'^ï  39)ét^àr  Bretonneait  (fA^^  db  tjPiinia^oftti^^fGe 
BèriiM  péH^aH'^e  é^étaiti  le  moyen  le  piiisifatiéiiaebiêl^te^ipLus 
'ëfflc^éé  d^'f^rëVéHh'lQ^^ohfleifBënt  iiiflàniniatxHre  ;7iil.>'HpptiqHàkiiài 
ItktfétàVt^tf  ^!^ill'  'là  '))àl g«f -bi'ilrfëe)  m '«Karçait 4ài  aoqipnessidft lùi 
tà(/;^)Ëâ  d^j(i1  l)aÀtU[gë't^)«ilë^  t  Vel^u  ebotiloyartiddsIianddeUèaife 
^diaèby  IdiJ  /  liriibi'iJ^ës  lèM^  «ine^  'suf  1e6^  'aiai«S''«uf ohhan  t 'unei  âèrte 

'' NcTtiï'à^bh^^nUniéM  t(i»as  eisfaoyeitsidert^ait&nteHijsanfi^^les  îu* 
ger^  sans  donner  une  apf^ëi^aiiroii-;*  oltascùii  d'euk' nou»  semble  ra- 
tiontfè)^^'bli8teiiri'W'i^&â<dèd  «êrvice^;  et  lAiacuh  peutièive.  Employé 
"stijviftilf^desi^iditibbs  qtie'i^  prëcîasr^  mais  que 

fé^  'cK^tUéns'  Ifa^tjlrtâi^umr  -dailG^  les  caft-partieuliers.'  i  '  :  • 
'  Ehgëdé)ratf,'  lélflilté^éht  «dquel  nous  donnons  la  phéfércBice 
cohsi^  dl^îis' Plij)|)lkatîbii  litMiédiate  d'une  couche  deiiînmieit 
ôléb-î6kttâ1ré'ba*tië  èëMt;  ttu^Vn^yeri  de  linges'fins,  par^ssuslef- 
quels' ^oAtdi^picfsëë&'dé^  loUcbefsJ^  (duate^Boivant-^ies  règles  don- 
nées par  Ahdérsén  i  le  tout  ëdt' maintena  par  un  bandage  sofG* 
'sàrament  serre  pbtir  exercer  uneidgère  ctHiipression.'Lebiesi^  doit 


—  251  TT 

mokk^r^lé lie  plus  xftreaïe«^.|)9ftsiWç|.,  ,..î,^  .>'»inw<o/  >.•.{.  ■.;?(> i  i^-P. 

-aMiphén<imèaes;4es'rieH*ipverwiGrf^ 

qu'ib8eit4|d(«Afôir«iCQii>wu*iRW^ï}ttM^fiJSUjî,4^^ 

'tcfawii|t  f^crut  ô  toc;  mflifMi  q^mi  i  fe§i  U^^^^jiBr^  v^i  J^  cjf:?'*}^"^ 

4idii0ife^i.(feltedeiaup|>Hrp*mnj  )k trîLi<^fi^t;)^aJf4»>eri^^^^^^ 

i5uU)siosihian>n0Alajia  )l68q|ilAliies,.pi2[  ipJjfSWl.flfte  .jj^fa$f,^pp4r 

11*66  fcift(alierife.i.5.fJfls^p^•^l^wowAf  p^ngé^§qa,YgÇiJaig^fÇi^fânf4p 

WttiieietHcalméc  par. jrà|)pUcaiiQn. >dep.ttPpigffesfjC^^ 
rtempsifi^Haildill/eiiciUiioïiiîjpia,  yiyet.pï>iiJpnR^§ii,f|p  ),'^jijm,^,  l'in- 
térieur ;  mais  le  plus  souvent  on  observe  la  sidération  dos  f^F^e^^^ 
4o  froid  àallq)OiUréBiiléfl^iia40fl8^^eâl.  eR€ijtarrfSf4p^y,i^j[l^i}t,Jça||i^o- 
tiiqxies/iktpuficfavi^fe  yia  eliaJid.vIùû&aniljiphUlgiaijiv^  9^(-i/^  ^f 
iseiiysiimséii^ilafiaigttéai  ideii  purgatif)  énc^:^i^u^%  j|et,(;ç|j3L^.^eDj,yji^i^ 
•dG^«o11l^iHimle9•pKénom6l1çs  djB  conge$|ipn j^çci^ra)^  ^'^Iff^'-lî^^J^S}^ 
'à»laipi«<ili^rcptfkiode  deîA  brûlw-e  ;..  ri9|péi:^ppp?38 e?^,.F^W^^^^ 
•montré cetteiinédicfttÂoaj  elle  peut4$uQ|qMç{qi£i  .^y^yc^'ni[iQ.  %Tk-4? 
idnocèsiiiqoiédiat,  raats.Ci^fisJti'ao  -^uoi^iiemppii^ii^^jt  ,^Uf  <(i^bj[|i^ 
idesiblessë&iitti* n'àiuxuitims ;U'op  ^eiqule^ )p^r^|forcçs  ptj^mr.tray/^rr 
«epifB^baseédilveiiseB.d^  la  nmi^àie.  Cçiii'^s^  qj^jÇ^J^^^-eftcj^pUoa- 
iiellenifint  .qu>'f  1  laudr«i  aVioii^,/i*açigiiu-^>  ;«UX)  {^i|Upi^lpgJ8iiqif(f&,f à^  îa 
saignée.  De  plus,  les  congestions  viscérales  qui  existent  à  i|ç  mo- 
ment, sont  produites  par/unte  x»ti0e  in飣uuqjq[e,iiQt  .Iç&ijfppyeii^  çrdi- 

naHreèiinedoivcnt'/pâis  i}éu9.sipeni<pai!:0il^»;  un^  i   }>,,/    .?.,<,.. 
■j :  ^^iiAs^l3BàLfB^,i^  jfaiihide jL'étÉaljtg^oéi^l l^tll^^^e  y^u. ^%itemf»|;^t  d^ 
vbfùlttvesi.  Dans .les|cas> dtiïgrpnde^ibrékrp^ilfeiJLlJA?^ 

tcmcnt  les  malades  idi^nst  leuii  LitM  U  AcMri#^47iQi«it!!e  é^^^lf^^Bpjp 
jdiâ«siUQs^i;tino  portion  cxHidialOipii^  8i>»^i':flf9#e^  dj'ç^dÇifîp  et 
'iBÛigciutli»  do(laudanujii^jptti%ilrteiMfifai|î  bfir^^^ 
-llliMywnjtoandje  deîflur««oir  rtUipfto»«vnc^tîfcain:J  qwq,^Sk,fp^adq8  ï^e 

4ûUr<doi3y»e,deïrettu  gaptm^g/IWKiÇiûllcii^éfifi^  dccU^l^qç/  ..^ 

'i.  !  C&i'6)fceiuplc(i4«u»  A^}bleJkH).(i^mvre»{jïeuk{mi^ii^r(iau^,.  croyons 


—  2o8  — 

qu'il  conviebt  d'appliquer  tout  de  suite  le  pansement,  fans  atieadre 
le  moment  de  la  réaction. 

Dans  la  seconde  période,  les  phénomènes  inûamniatoireft  domi- 
nent. M.  Cloquet,  frappé  de  ce  fait,  avait  proposé  de  se  conduire 
alors  comme  dans  les  cas  d'inflammation  ordinaire,  de  traiter  la 
hrûliire  comme  on  traita  un  phlegmon  ;  ses  idées  n'ont  pas  pré- 
valu. Du  reste  il  avait  été  précédé  dans  cette  voie  par  les  anciens. 
Heister  dit  que  lorsque  la  brûlure  du  second  degré  est  con  sidé- 
rable,  qu'elle  occupe  une  grande  partie  du  corps,  pour  prévenir 
des  ulcérations^  des  cicatrices  difformes  et  même  la  gangrène,  on 
ne  peut  se  dispenser  de  tirer  copieusement  du  sang  au  malade, 
surtout  s'il  est  pléthorique,  et  même  jusqu'à  défaillance,  suivant 
l'espèce  et  la  grandeur  de  la  brûlure*  Les  idées  de  cette  époque  et 
la  pratique  à  laquelle  elles  conduisaient  ne  sont  plus  les  nôtres. 
La  saignée,  si  fréquemment  ordonnée  autrefois^  est  une  opération 
que  l'on  pratique  rarement  aujourd'hui  ;  dans  le  cas  particulier 
qui  nous  occupe^  nous  croyons  qu'on  ne  doit  avoir  recours  à  la 
saignée  locale  ou  générale  que  si  Ton  constate  l'inflammation  fran-* 
che  et  circonscrite  d'un  viscère  important^  et  toujours  en  tenant 
compte  de  la  constitulion  du  sujet.  Nous  savons  que  pendant  la 
deuxième  période  on  voit  quelquefois  se  développer  des  pneumo* 
nies,  des  péritonites...;  en  pareil  cas  la  saignée  peut  être  indiquée. 
Biais  on  doit  avoir  toujours  présente  à  l'esprit  la  pensée  des  mau* 
valses  chances  qu'une  déperdition  sanguine  fait  courir  au  malade 
en  l'affaiblissant.  L'état  inflammatoire  de  cette  période  doit  donc^ 
en  général,  être  surveillé  plutôt  que  combattu  éuergiquement  ;  on 
pourra  faire  usage  des  purgatifs  doux^  des  boissons  adoucissantes 
et  quelquefois  diurétiques. 

C'est  à  ce  moment  qu'on  observe  des  troubles  du  côté  des  orga- 
nes thoraciques,  du  côté  des  intestins  ;  Tattenlion  sera  donc  tOtt« 
jours  éveillée  sur  ce  point.  Quant  aux  ulcères  du  duodénum,  que 
Curling,  comme  on  sait,  a  signalés  le  premier,  ils  ne  donnent  lieu  à 
aucun  symptôme  qui  permette  de  les  diagnostiquer  sûrement.  Le  but 
qu'on  doit  se  proposer,  c'est  de  ne  pas  affaiblir  le  malade,  de  le 
soutenir  par  des  moyens  convenables,  en  même  temps  de  ne  pas 
exciter  une  irritation  qui  pourrait  devenir  fatale.  On  ne  peut  pas 
instituer  une  médication  unique  et  absolue  ;  on  devra  la  diriger  sui- 
vant les  indications  fournies  par  l'état  de  la  circulation^  de  l'appareil 
digestif,  en  interrogeant  la  langue,  en  consultant  le  pouls. 

Quant  au  traitement  général  de  la  troisième  péj'iodc,  il  peut  se 


—  2B9  — 

formttlor  en  un  mot  :  soutenir  les  forces  du  malade.  Ce  traitement 
empruntera  à  l'hygiène  ses  meilleurs  moyens  d'action.  Les  malades 
arrivés  à  ce  moment  n'ont  plus  à  craindre  les  inflammations  qui 
les: menaçaient  auparavant  ;  mais  ils  sont  sous  le  coup  des  accidents 
que  peut  produire  la  suppuration.  La  première  indication  est  do 
leur  donner  des  toniques,  une  nourriture  réparatrice  qui  les  mette 
•o-^t  de  suffire  aux  pertes  que  la  formation  du  pus  fait  éprouver 
ebaque  jour  à  l^organisme  ;  la  seconde,  d'éloigner  d'eux  toutes  les 
causes  des  accidents  à  redouter^  depuis  la  diarrhée  jusqu'à  la  ré- 
sorption •  purulente,  et,  je  le  répète^  c'est  surtout  par  des  soins 
hygiéniques  appliqués  avec  intelligence^  le  régime^  la  propreté,  la 
bonne  aération,  qu'on  anivera  à  ce  résultat. 
'  On  n^oublie  pas  que  nous  parlons  des  brûlures  des  deuxième  et 
troisième  degrés  dont  la  guérison  s'obtient  sans  qu^on  ait  à  crain-> 
dro-la  formation  de  cicatrices  difformes  ;  ce  n'est  donc  pas  le  mo- 
ment d^insister  sur  le  traitement  de  la  cicatrisation  ;  nous  donne* 
Fons  les  indications  spéciales  que  ce  traitement  comporte  à  propos 
des  brûlures  plus  profondes. 

Les  brûlures  des  autres  degrés  nous  arrêteront  moins  longtemps. 
Les  brûlures  du  quatrième  et  ducinquième  degré,  à  moins  d'occuper 
un  -espace  très-'limité,  existent  rarement  seules,  elles  se  confondent 
avM  œlles  dont  nous  venons  de  parler,  et  les  mêmes  moyens  de 
traitement  peuvent  leur  être  appliqués.  Supposons  cependant  le 
CCS' où  elles  existent  isolément. 

Le  traitement  de  la  première  période  est  assez  simple  ;  on  se 
rappelle  on  effet  que,  dans  les  brûlures  de  cet  ordre,  si  la  douleur 
est  extrêmement  vive  au  moment  de  l'action  du  corps  comburant^ 
elle  cesse  en  même  temps  que  celle  action  ;  on  n^a  donc  pas 
alors  à  combatti^e  la  douleur  et  Texcilation,  phénomènes  l'edouta*- 
Mesdans  les  brûlures  des  autres  degrés.  8i  la  brûlure  est  peu 
étendue,  bien  limitée,  il  conviendra  d'envelopper  les  parties  dans 
des  compresses  imbibées  d'eau  froide  renouvelées  fréquemment  ; 
c'est  ainsi  qu'on  agit  après  rapplication  du  cautère  actuel.  Si  la 
brûlure  est  plus  étendue,  l'eau  froide  puut  présenter  les  inconvé* 
nients  que  nous  avons  déjà  signalés  ;  il  faut  alors  mettre  les  parties 
à  Tabri  ducontacldeTair,  et  pour  cela  les  recouvrir  de  ouate, 
soit  directement,  soit  par -dessus  des  linges  cératés. 

Le  phénomène  principal  de  la  deuxième  période  est  la  chute 
des  eschares.  Les  chirurgiens  ne  sont  pas  tous  d'accord  sur  la  con- 
duite à  suivre  à  ce  moment  :  les  uns  conseillant  les  émollionts^  les 


—  260  — 

cataplasmes;  ies. autres, cpnsfeilIftQLrufiage  de  topiques  cxdrtaiMlSi 
Je  iiépét^r^içinepre.  ce^ue^ïbacuQ  seU^  qu'il  myia/pas  d^i  sèglé 
fj)solu^,eQ  ç^r^rgie  ^..dfn/^fP^taJiis  oasv-ot  >ceM<aoD(fdebeauc(m 
les  pli|.,s  |if[f^b^eu;^  1^,  émolliepU  et  >  l^S;  eatapla&mes  devronL^ètse 
ein^^f^yés^  d^s^Â'autrc^s  las^,exçitan4^  8ont.f^férQS  ^i-e^eistile  scnb 
piratiqtie  ç^t  le^tac^  médical  qui  décideront  cQHe:^(uestion]:iLe  -Mè 
^  aUçipdre  est  la>ép4iration«dePr  esçbares  ;  ce  travail  d'éliniinatioiv 
s'apç()n(iplj^  à .  raide.  dfjune  infla^owatioiv  plus  ou  mdinsf  vivie*  il 
s'a^git  4e  njajflttenif  cel^e  inflawroalion  dans  de  justes' limites; 
h^^tuellement  il,  faylvla  modérer,  c'est  pour  cela^qu'hasbiluelle»' 
ment  les  émollients  sont  ^préférables  aux.  excitante»    '  -  :  ;^    r    >; 
Jj'ipflammiatioii  qui. ;se  développe  alors  peut  avoir  des ^ fuites  fu- 
nestes si  elle  ^'étend  3141: .un$ large  surface«.M.Lacretella>  cbipurgieh-^ 
major,  ^u  Val-dç-Gràce^  imagina,  rdans^n  cas  de  iîc  genre^uiMi 
p];'atique  iiigéaiçuse  qui  fut  suivie  4'uu  succès  presque  inespéré;' 
Dans  un  cas  de  brûlure  au  troisième  et  au  quatrième -degré^  ^uii 
comprenait  la  plus  grande  partie  des  tégumenls  de  la  itégioA  pée^: 
tëricure  du  mçmbre  abdominal,  de  la  fesse  et  du  GÔté.corresppnduit 
du  tronc,  ce  chirurgien,  craignant  que  rinflammatioD.et.la  sup* 
purati^on,  développées  à  la  fois  dans  une  étend uie  «aufisicoasidc- 
ra,bl^  ,   ne  détermipassent  des.  symptômes  funestes  1  de  réactiooi^ 
repouvrit  une  grande  portion  de  la  surface  brûlée  de  vessies  orei»**: 
plies  d'eau  à  la  glace,  dont  il  continua  Tapplicatioa  pendaQjL  doutt; 
ou  quinze  jours.  De  cette  manière^  les  portions  restées  à  décoU"' 
vert  s^étaient.  déjà  enflammées  et  commençaient  à. marcher  Nersila- 
cicatrisation,  lorsque  les  autres,  demeurées  sous  l'influence  da 
froid,  commencèrent  seiulement  à  s'échauffer  et  à  eutrereii  oiouve^ 
ment.  Cette  pratique  mérite  d'être  imitée.   (Bégin,  DicUonnatre' 
de  médecine  et  d^  chirurgie  pratiques ^  article  Brulurb.) 

Pour  favoriser  la  chute  des  eschares,  il  conviendra  quelquefois, 
de  les  fendre,  de  les  scarifier  avec  le  bistouri  ;  mais,  dans  aucun 
cas,  il  ne  faudra  les  tirailler,  les  arracher  violemment. 

La  troisième  période  enfin  est  marquée  parla  chute.des  eschares 
et  la  suppuraXionr  Je  n'ai  pas  besoin  de  répéter  ce  que  jfai  dit  à 
propos  des  dangers  que  peut  présenter  la  chute  des  eschares  dans 
les  brûlures  du  cinquième  degré,  lorsque  des  vaisseaux  auront  été 
intéressés,  de.s  articulatio.us  compromises.  L'attention  et  les  soins 
du  chirurgien  s'attaçbent  à  ces  deux  phénomènes  :  suppuration  et 
formation  des  cicatrices.  Le  traitement  des  plaies  suppurantes 
consiste  localement  dans  des.  pansement^  bien  faits  et  renouvelés 


à  pffûpos  ;  ii  pe  présente  rrèn  dèptfrticuHer  dans  !es  cas  de  biû- 
Ittce- Qnattl  i^u  mode  de  formation  des  ckJatiibésV  it  devîeril  Tobjet 
t\1ttne'ppdocCupaiion'  constante.  Lés  Irduf^bnsUhênrnus  sont  lanlôl 
satiréH^.^reiius,  solides -îd'unrougè  vif*  ;=  les  pai^ties,  cbmriie  douées 
dfuB  ërdlbisme  <paiiîcliilièl*,'0!«  ùhe'grtittdë  'tèhd^^^  à  ^*anîr  ; 
elles  sdntrtiréesvfces  ifties  Mers  les  afatfès';'  disitis  bés'tias,  il  ftiuttâ- 
eher:  tdei<faiix}<<ies$et  ce  te^sérremehf  *  des  tisètis,'  dô  ^jt-ovoquer 
fcxpansion  des  bourgeons  chartins;  et  péiir  cela  lés  applications 
dmollientes  et  narcotiques  ébnvîetttïèht  ;  îlest  Mti  iViênie  quelque- 
fois de^ftvatiqfier  des  saignées  capillaires  par  dé  légères  scarifica- 
tions sur  les  bourgeois- ch'arnas  éùx-bêinés.       -' 

ijDaoâ-d-autipes  cas  les  ;  bourgeons  charnus  sont,  an  contraire, 
cellulevxi -vasénfaires,  exubérants  ^ét  dépassent  le  niveau  de  la 
pbie  f  si  on  kis^ait-  les  choses  mav6iiéi^ 'àini^i;  dii  aurait  à  craindre 
non  pas  le  i^^serrement'deë  parties,  comme  dans  lé  cas  précédent, 
miÂs  la  forma^otï  dé  cicatrices  tardives  saillante^,  '  irrégulières  et 
dïfformes.  14  fautialors  pirdmener  légèrement  le  crayon  de  nitrate 
d-argentià  la  surface  dés  bourgeons  trop  élevés  et  favoriser^  par 
une' légère- compression^  la  dépression  qu'on  veut  obtenir. 

Il  ne  suffira'  pas  toujours  d'agir  sur  la  *plaie  elle-même,,  et  Ton 
devi^Vaidei^  de  moyens  mécaniques.  Ainsî^  dans  les  cas  où  la 
bpâlttt-o  ^sîégé  sur  des  ouvertures  naturelles  que  là  cicatrice  pour- 
rait f^rniei^/itfaùdi^a  interposeï*  des  linges  fins,  de  la  charpie  aux 
bdrds^'de' ces  ouvertures  ;  on  devra  agir  de  même  polir  éviter  la 
réiiiifdA,4-acccflément  des  doigts  et  des  orteils.  Des  attéAès  iii flexi- 
bles^ 'des  foandeleltes  de  diachylon  tirant  en  sens  contraire^  ren- 
dront dé  l^ns 'Jérvices^  en  empêchant  la  réunion  de  parties  qu*il 
fant  maintenir  dlvisi^s,  en  forçant,  pour  ainsi  dire^  la  nature  à 
organiser  un  trs^u  de  cicatrice  suffisamment  étendu  pour  réparer  la 
perte  de  substance,  pour  la  combler,  au  lieu  d\)pérer  celte  répa- 
nition  par  le  rapprochement  des  boi*ds  de  la  plaie.  Les  soins  que 
j'indique  doivent  toujours  être  assidus,  mais  surtout  quand  la 
brûlure  siège  sur  des  parties  délicates,  comme  la  face,  les  paupiè- 
res ;  malheureusement  il  arrrve  trop  souvent  que  le  succès  ne 
vient  pas  les  récompenser. 

Lorsque  la  cicatrisation  est  obtenue,  il  convient  de  ne  pas  en- 
core abandonner  les  parties  à  elle€-inêmcs,  dé  continuer  l'emploi 
des  moyens  mécaniques;  caries  cicatHces,  tant  qu'elles  ne  sont 
pas  complètement  organisées,  jouissent  d'une  véritable  puissance 
de  réh'actiiité,  laquelle  pourrait  reproduire  lés  difformités  qu'on 


—  2©2  — 

avait  d^abord  évitées.  Je  rappôUerai  aussi  que  remploi  de  tous  ces 
moyens  prolonge  la  suppumtion  ;  si  on  s'aperçoit  que-  son  aboiw 
dance  affaiblit  trop  le  malade,  il  faut  j  renoncer,  la  oonservalîoD 
de  la  rie  ne  pouvant  être  mise  en  balance  avec  la  formation  d^dtie; 
cicatrioe  vicieuse.  ■!   i-în  ,-'i:}i'  ' 

L'étude  des  dififérentes  opérations  pratiquées  sur  les  cicatrices 
dans  le  but  de  rétablir  des  fonctions  lésées,  de  remédier  à  des  dif- 
formités, ne  saurait,  on  le  comprend,  rentrer  dans  le  cadre  de  cet 
article;  aussi  ne  l'abord  on  s-nous  pas  ici. 

Quant  au  traitement  général^  il  sera  le  même  que  celui  que 
nous  avons  conseillé  pour  les  brûlures  des  deuxième  et  troisième 
degrés,  quand  apparaîtront  les  phénomènes  d'excitation^  d'inflam- 
mation, d'épuisement. 

Je  doi«  dire  qu'habituellement,  dans  les  bi*ûlurei  du-quâlrièiiie 
et  du  cinqnième  degré,  la  première  période  n'est  pas  Marquée  ^an 
des  accidents  généraux  aussi  graves  que  ceux  qu'on  observe  daiiV 
les  brûlures  des  deuxième  et  troisième  degrés  ;  en  Tav'arïche,'  aa 
moment  du  travail  de  séparation  des  eschares,  ies  pliénamèdèi 
inflammatoires  les  plus  menaçants  peuvent  apparaîlre>  =cl/q«â1fHl- 
arrive  la  période  de  suppuration,  la  déperdition  des  forées  peut 
être  telle,  que  le  malade  succombe  complètement  épuisé.  -' 

L'opportunité  de  l'amputation  se  présentera  aussi  quelquefois-; 
nous  n'avons  pas  à  en  discuter  ici  les  indications. 

Les  brûlures  du  sixième  degré  sont  des  lésions  telles^  que  la 
question  de  leur  traitement  peut  être  f)osée  en  ces  termes  :  deit«oii. 
ou  ne  doit*on  pas  amputer  ?  i.      . 

Heister  conseille  l'amputation,  il  dit  :  a  Si  la  brûlure' a  pénétré 
jusqu'aux  os  et  qu'il  ne  reste  rien  de  vivant,  tous  les  yemèdeeeont 
inutiles,  ou  n'a  plus  que  la  triste  ressource  de  l'amputation  du 
membi-e  brûlé,  comme  nous  l'avons  dit  pour  le  sphâcèle,  et  encore 
faut-il  se  hâter  le  plus  qu^il  est  possible,  afin  de  prévenir  les  pro« 
grès  de  la  pourriture,  d 

Bégin  se  prononce  nettement  dans  le  même  sens;  pour  lui,  tes 
brûlures  au  sixième  degré  exigent  l'amputation  de  la  partie,  prati^ 
quée  au-dessus  de  leurs  limites  supérieures^  Tamputation  subMiloe 
une  plaie  simple  à  une  plaie  dont  la  guérison  se  fera  longtemps 
attendre. 

Nous  croyons  que  l'amputation,  utile  dans  certains  cas,  peut 
être  évitée  dans  d'autres,  qu'il  faut  tenir  compte  du  siège  de  la 
brûlure,  de  sou  étendue  et  aussi  de  la  constitution  des  blessés; 


—  263  — 

nous  devou«  nous  rappeler  qu'un  certain  nombre  de  malades  qui 
ayaient  refusé  Taraputation  ont  eu  cependant  la  vie  sauve;  il  y 
aurait  encore  à  déterminer  le  moment  le  plus  favorable  pour  la 
pratiquer.  La  question  ainsi  posée  ne  ressort  plus  de  l'étude  deâ 
brûlures^  mais  bien  de  celle  des  amputations  et  de  leurs  indications. 


CHINIE  ET  PHABMA6IE 


"••■ 


li^abufl  du  sucre; 

Par  M,  BoQiLuoK,  pharmacien-chimiste. 

Lfti  première  personne  qui  ouvrirait  un  formulaire  s'imaginerait 
qu'il  n'y  a  rien  de  plus  aisé  que  d'administrer  les  substances  des- 
tinées à  rendre  la  santé  aux  malades.  En  effet,  tous  les  formulaires 
regorgent  de  recettes  plut  ou  moins  surannées^  compliquées  et 
variées  ;  les  unes  ne  contenant  que  peu  de  substances,  les  autres 
riiBpUMant  tout  les  termes  d'une  progression  dont  le  dernier  se-* 
rait  la  tbériaque. 

Les  potions  surtout  s'étalent  complaisamment  dans  ces  recueils^ 
où  elles  tiennent  une  si  large  place,  et  il  semblerait^  au  premier 
coup  d'œiK  que  le  médecin  et  le  malade  n'ont  plus  rien  de  nouveau 
à  désirer  en  ee  genre.  Mais  il  ne  suftit  pas  de  donner  des  modèles 
nombreux  de  formules  plus  ou  moins  usuelles^  ayant  une  efficacité 
reconnue  ;  il  faudrait  aussi  s'inquiéter  de  la  saveur  de  ces  prépa- 
rations et  du  dégoût  que  souvent  elles  ne  tardent  pas  à  faire  éprou- 
ver aui:  patients  à  qui  elles  sont  destinées. 

On  a  généralement  la  monomanie  d^abuser  du  sucre.  En  effet, 
que  n^a-t-on  pas  essayé  de  mettre  en  sirop  ?  A  peu  près  tout  ;  de- 
puis le  navet,  le  choux,  la  carotte,  jusqu'à  la  fécule  et  la  tortue. 
Mais  on  sucre  même  outre  mesure  les  potions.  Aussi,  les  malheu- 
reux malades  auxquels  on  administre  tous  ces  liquides  plus  ou 
moins  sirupeux  aspirent-ils  ardemment  après  l'instant  oii  il 
leur  sera  permis  de  déguster  un  liquide  salé^  ou  même  de  Teau 
pure. 

Cette  critique  n'est  pas  aussi  exagérée  qu*on  pourrait  le  suppo- 
;  les  chiffres  sont  là  à  Tappui,  et  il  suffit  d'un  simple  calcul  pour 
convaincre. 
Sachant  que  les  sirops  contiennent  en  uombre  rond  les  deux 


lierside leur  poids  de  âucre^  nousamveâonsiàcilemenlà  conoaitre 

Ê  loGprinBëiiçt^opar  :]&  i  Godex:)<  èésili  monades  y/doBt  tes  J  o^ 
fatiguent  asHB  rai^émeptjiAwl^é)  ieuiisaprèuru  acidb/' lociiarnBan^ 
400  (|k*ftnim^<iâe><0irop    par)  iki^iû^sliniipe^aûriqitifCotnéBpoaJ  à 
7  pour  i 00  environ  de  sucre.  :  Mlurn 

Si  nout  examinons  Je^  potions,  leur  titre  senaiiM^rf^upérieur. 
lia  poliott  cordiale  contient  iâ  pour  10Q  de  suerei'lïèlls  fMtfbns  gom- 
fflfmf^.^P^i^R??WP%»^.Wtifeys^^^^^ 

n/.^  npW  P,*.s5^PM».fiPf.JWî^f^.,«îio^|  tfwvpr^s^^  l^h^^|)!^o^a  ^g 

contient  que  11  pour  100  de  sucre,  aussi  est-il  plus  acceptâmes.., . 

Cet  e](appen  explique  la  difficulté  que  les  malades  épvouvent  à 

achever  un  loocli  qui  leur  empâte  la  bouche  (tiljre  ei;i  sifcre,  16  à 

24  pourlOO)^  tandis  qu'ils  prennent  avec  plaiûr.lekii^îd^mandes, 


qui  n'en  contient  que  .5  pour  100. 

Passons  a  d  autres  formules^  et  pi*enons  un  exemple  parmy  les 
plus  employées  :  ,  . 

.  .POTION  UEBMtfTISÉB.  , 

'f'-|   •■■•    .';î    :J-.-     ;i'*  ii;     :■;      '-i)  ..     ■'.    ^'mjI  jUTîM    '•il.'    )I';.j«|r.| 

Potion  gomn^we  .  ,,..,,..  .  .  •  ,v,r. '(r.  .^M'Hi^Vh.. 

Kermès *••...        0  ,30    ' 

Sirop  d'opium 15,00 

Sirop  de  belladone 15  ,00 

«.lyoïii    iil*    in4|    '>**'t  itlàt    i  t^tiirii»  Ik  1^*111  .fit   hU  inà  • 

Cette  potion  contient  23  pour  lOÔ  de  sucre. 

INous  savons  que  la  potion  gommeuse,  qui  en  renferme 
13.  pour  lOOg  est  d^jà  trop  sucrée;il  (aut  donc^éviter  dV  ajouter 
des  sirops.  Mieux  vaudrait  Ja  composer  de  loul^espiecaîs, en. ^ 
menant  à  un  titre  de  10  pour  100  de  sucre  au  maximum,  ou,  si  tVn 
tif;i;kt  pour  abrijger,  h  ^ifldifjuer  )a  jPortio^  goïpme]use^  se  coçlcifter 
^'ajjOiUcr  l^s  quanlités  d'^trait^  CQirresgondant  è|  la  do^e  de  s|rpp. 
_Ipettl^ç,dfî Teau  pouf;,cpmplétcrkppids; total,  ciîa  fprmuïpr  ÀinsT.:  j 

'  Tolloii  é^mlgDse  .=  '. ' .  : 'r.  '. ■ .  ;  .  ■.'  ;  .  . - -ffôif.OÔA  ■  '-'"î  •'' ' 
Egu 'dlstttléei  j-.  :.  .  ..  é  ■\,  i:..'  .  *  .,  i  .     ^vOOO  -L- ./. 

Extrait  de  Wladone .  ,..,.,,  ^  ...   .     ;  0,025  ,. 

'  Cette^^(jtiôn4it»'côWtièiiaiail  qiid'lO  po»^*  lOé'Ae-glicfe;  '  ;  •  '•''• 


v»ilL»'ôO  gii<immd$^.4i!c^u'iii«tûlléajfteuvait>ôNâ'ia)<<Hlép  senisdneikii^ 
vénient^  car  lo  kermès,  bien  porphyulsklqpiirsjinrltirihbde^favffcfnliiil 

jb  Laoqièm»3*cadpcali»p)fuat>«i^b|bf>iiqiœ|*  a:|ixiik>Qfihs^mirTBi'J^  tùfh 

mule  :  ,M%i'<  !>L  ivWmiiiOiU  'woq  T 

46  pour  100  en  renferme  24 '^[^tàinTHfe'S,  te'SÔ' p'rtiMcs"îfi''ai*b|) 

,Lc  litre  en  sucre  ne  sera  que  de  12  pour  100.     , 
Ces  exemples  de  formules  uemonlrent  parfaitement  qu  ,il  est  lou- 
jours  possible  de  modifier  la  saveur  d'une  potion  sans  cnarigér  lé 
rapport  des  principes  actifs  au  poids  total  du  médicament,  et  par 
consi^qu^ft^^lïns  en' altérer  aucunement  TactforiV   '   '  '■'-'[ 

ijCKôt ^.  rr  ■■.;.-   -:  .X. 

H\  ^'t       .        ..:•..        ■:.',■■■■-■ 

Eau  de  fleurs  €l*oraiiBer  altérée  par  ilu  caiiiiiii^ 

Par   M.    Stanislas    M  ARTt  >>-.  . 

'"  té"  mun  (i^'Uï'rance  a  expédié  au  commerce  de  Paris  uiVe'éaii 
fjj^fitiéc  Oê  flëiib  d^oi^ârfger,'  CMitre  laquelle  'ît  s'est  élevé  de  'nom- 

'^  Célfe  eau  aune  ôdèÙT  Irès-agréable;  maikelle  n'a  pas  celte  ttiti- 
]^dStë. propre  àut  liydfrotàts  qiri  hbùs  viennent'*  ordinal rértrérit^  de 
Criasse  :  'elle  laisse  déposer  dès  matières  floconViéûses,  hiëhiHfattî- 
formes,  blaaetiAtres,  qui  doivent  appartenir  au  g/^nre  hygrocrocis , 

Nous  ftvûns  évaporé  de  celte  eau  au  bain-maiie  jusqu'à  siccite. 
Vu  au  ntâcro^cope,  le  résidu  qu'oti  obtient  permet  de  distinguer  un 
sédimenVCrOloré,  soluble  dans  Teau  et  dàhs  Pétlier. 

Cette  eau,  mise  en  contact  avec  un  sel  de  fer,  se  colore  en  brun 
foncé;  enfinjes 4ifiérent«  E^aciif?,î,veQ  Jj^^wçls  npus.  I^yon.sf ,çxpé- 


—  266  — 

rimentoo  ne  laissent  aucun  doute  qu'elle  contient  du  tannin.  D'oii 
provient  ce  tannin?  Nu)  doute  qu'il  ne  soit  dil  au  peu  de  soin  qa'tm 
a  mis  à  faire  la  distillation. 

On  sait  que  toutes  les  parties  de  Foranger,  fouilleit,  fleurs,  froits 
et  bois,  contiennent  une  énorme  quantité  de  tannin. 

Pendant  la  distillation  des  fleurs^  une  certaine  quantité  du  dé* 
cocté  a  été  soulevée  par  la  chaleur,  entraînée  dans  le  serpentin  et 
mêlée  à  Teau  distillée. 

On  sait  que  quelques  centigrammes  d'acide  tannique  suffisent 
pour  communiquer  à  une  assez  grande  quantité  d'eau  une  saveur 
astringente;  de  là  sans  doute  les  récriminations. 


CORRESPONDANCE  MÉDICALE 


TrolA  rAM  d*arcfclents  graves  et  un  raii  de  mort  eauséa  |Mir  l*< 

plol  de  rbydrate  de  cbloral. 

Tous  les  jours  on  administre  l'hydrate  de  chloral,  à  tftre  do 
sédatif  et  d'hypnotique,  assez  largement,  même  à  doses  très-éle- 
vécs,  et  sans  aucune  précaution^  absolument  comme  si  cette  sub- 
stance était  douée  d'une  innocuité  démontrée.  Il  n^est  donc  pas 
hors  de  propos,  mon  cher  Rédacteur,  de  faire  connaître  un  certain 
nombre  de  cas  oii,  à  doses  même  modérées^  elle  a  donné  lieu^  non 
seulement  à  des  accidents  inquiétants,  mais  k  des  effets  funestes. 
Les  faits  sont  rapportés  dans  la  Lancêt  du  25  mars  1871,  par 
M.  le  docteur  H.  W.  Fullcr^  médecin  à  Saint-George's  Hospital,  à 
Londres^  dont  je  vous  traduis  la  note  textuellement  : 

((  Le  9  février  1870  entra  dans  mon  service^  à  ThApital  Sainl* 
Georges,  le  nommé  J***  S***,  atteint  de  bronchite  et  d'un  pan 
d^anasarque  liée  à  Texistence  d'une  maladie  de  Bright  chronique» 
Cet  homme  était  nerveux,  agité,  dans  l'impossibilité  de  dormir; 
cVst  pourquoi^  au  bout  de  quelques  jours,  comme  il  était  ëpaisé 
par  le  défaut  de  sommeil,  je  lui  prescrivis  pour  la  nuit  la  polkin 
au  chloral  en  usage  à  l'hôpital,  laquelle  contient  30  graina  de 
chloral.  Presque  immédiatement  après  Tavoir  prise,  il  se  jeta  sur 
son  lit,  comprimant  de  sa  main  la  région  cardiaque,  et  se  plaignaot 
d^unevive  sensation  de  brûlure  causée  par  le  médicament.  Au 
bout  de  [quelques  minutes  il  tomba  dans  un  violent  délire,  qui  ne 


dura  pas.UngtempAj  mais  auquel  succéda  un  (el  dtat  de  ^lépres- 
t\o»^  (luelcdQcLeui*  Joues,  médecin  résident^  ^ut  beaucoup  de  peine 
à  empêcher  les  battements  du  cœur  de  ^'aiTÔter-  Peu  à  peu,  tou- 
l9f(M9»4^^:baUe|iients  se  rétablirent,  le  pouls  reparut  au  poignet^ 
et  peu  d'heure9:  après  tout  danger  avait  disparu. 

i  <ii:Go9llPf)  je  venais  de  lire  cette  assertion  de  M.  Liebreich,  que 
l'h^^ro^  de.fîhloral,  quand  il  se  trouve  en  présence  d'un  alcali  ^  se 
transforme  en  chloroforme  et  en  acide  formique,  il  me  vint  à  l'es- 
prit, que  les  effets  extraordinaires  accusés  par  mon  malade  pou- 
yaienl  élte  attribués  à  un  état  alcalin  de  Testomac,  en  vertu  du- 
quel le  chloral  se  serait  immédialement  converti  en  chloroforme 
ayant  fait  naître  les  symptômes  observés.  Je  voulus  donc  essayer 
encore  une  fois  le  chloral,  maw  cft  prenant  la  précaution,  pour  me 
mettre  en  garde  contre  le  retour  de  tels  accidents,  d'administrer 
en  même  tenî^  imfe  fbHe  dose  d'acide.  Le  résultat,  cependant, 
fut  identiquement  le  même  que  la  première  fois.  Il  se  manifesta 
de  nouveau  la  même  sensation  de  brûlure  et  d'oppression  à  la  poi- 
-♦ri»iè,'««iir!(*d'*berd  d'excitation  violente  et  de  délire,  puis  ensuite 
de  collapsus,  avec'défaîllance  de  Taclion  du  cœur.  Celte  fois-ci 
ëncottt,  de  tnémé  que  la  première^  le  docteur  Jones  resta  longtemps 
-gains  -savoir  si  le  patient  parviendrait  à  se  rétablir.  Je  n'ai  pas  be- 
Hnîn  d'ajouter  que  Tidée  ne  me  vint  pas  de  recommencer  une  troi- 
sième fois  l'expérience. 

'  *  Depuis  lîctte  époque  jusqu'au  premier  jour  de  la  présente  année 
je  n'ai  rencontré  aucun  cas  qui  pût  me  faire  mettre  en  question 
f  innocuité  du  chloral.  Je  i*ai  administré  à  plusieurs  centaines  de 
malades,  à  des  doses  variant  de  40  à  45  grains,  et  chez  deux  ma- 
ladesy  peur  lesqtiels  j'ai  été  appelé  en  consultation,  il  avait  été 
donné  sans  inconvénient,  à  l'un  à  la  dose  de  2  drachmes  et  demie^ 
et  àVatitre  àcelfe  de  3  drachmes  (1  drachme  =  3«',88)  la  nuit  qui 
«Tait  préeédé  ma  visite.  Dans  certains  cas,  son  action  hypnotique 
se  trouva  en  défaut  ;  dans  quelques-uns  il  donna  lieu  à  de  la  cé- 
phalalgie; dans  d'autres  il  fît  naître  une  excitation  plus  ou  moins 
eoBsidérable  ;  mais  dans  aucun  l'ingestion  du  médicament  ne  fut 
suivie  d'aucun  symptôme  capable  de  catiser  de  l'alarme. 

«  Mais  le  1*»  janvier  dernier,  j'ai  été  appelé  en  consultation  pour 
un  cas  dan»  lequel  l'administration  de  30  grains  d'hydrate  dechlo- 
v«l  a  été  suivie  de  conséquences  fatales. 

«La  malade^  jeune  dame  de  vingt  ans^  jouissant  d*une  bonne 
santé  les  jours  précédents,  se  plaignit^  le  ^  décembre,  de  constipa* 


—  268  — 

tion  et  d'auties  symplôme/  ddnolant  un  trouble  «les  fonctions  gas- 
triques^ pour  lequel  son  médecin  hahiluel  lui  fit  prendre  une  pilule 
le  soir,  suivie  le  lendemain  malin  d'une  boisson  laxalivc.  Le  30^  il 
y  eut  des  évacuations  intestinales  et  la  malade  se  trouva  soulagée  ; 
mais  elle  passa  une  nuit  sans  sommeil^  et  le  3i ,  elle  se  plaignit  de 
malaise  dans  la  partie  inférieure  de  Tabdomen,  malaise  qu'on  crut 
pouvoir  attribuer  à  l'approche  de  Tépoque  menstruelle.  Des  acci- 
dents hystériques  étant  survenus»  on  se  décida  à  envoyer  chercher 
le  matin  de  bonne  heure  un  praticien  du  voisinage,  et  ce  dernier 
sMtant  rencontré  dans  l'après-midi,  avec  le  médecin  ordinaire  de  la 
famille,  il  fut  convenu  par  ces  deux  messieurs,  la  patiente  étant  très- 
nerveuse,  agitée,  et  ayant  été  privée  de  sommeil  ta  nuit  préicédente, 
de  lui  faire  prendre  30  grains  do  chlojraV.  La  malade  prit  cette  dose 
vers  dix  heures  du  soir,  31  déceiobro,. et  presque  immédiatement 
elle  tomba  dans  une  excitation  tnès-grande  et  se  plaignit  de  dou- 
leur dans  la  poitrine.  Dans  l'espacé  d'environ  une  heure  Texcita- 
tion  disparut  et  le  sommeil  survint,  oiais  un  sommeil  lourd  qui  se 
prolongea  toute  la  nuit.  Dans  la  matinée  suivantBv  elle  dornrait 
encore  si  lourdement  et  elle  était  si  pàlc^qùe  la  famille  prit  l'alarme 
et  envoya  chercher  le  médecin  qui  Tarait  vue  la  veiUe.  Lorsque 
celui-ci  arriva,  la  malade  était  très-pâle  et  respirait  avec  difficulté  ; 
la  respiration  était  profonrde  et  suspirieuse,  le  -pouls  ne  se  sentait 
pas  au  poignet  et  les  extrémités  étaient  un  peu  froides.  Il  était  im- 
possible delà  réveiller,  môme  à  un  faible  degré.  On  lui  administra 
des  stimulants;  on  fit  des  applications  chaudes  sur  les  membres, 
et  graduellement  le  pouls  reparut  au  poignet,  mais  seulement  assez 
pour  y  être  simplement  perceptible.  Un  peu  plus  tard^  le  médecin 
de  la  famille  vint  se  joindre  à  son  confrère,  et  tous  deux,  de  con- 
cert, firent  tout  ce  que  leur  expérience  leur  suggéra  de  plus  expé- 
dient. Mais  comme  rien  ne  parvenait  à  tirer  la  malade  de  sa  tor- 
peur, ni  à  modifier  d'une  munière  quelconque  sa  situation,  ces 
messieurs  m'appelèrent  en  consultation. 

«  A  deux  heures  après  midi,  lorsque  je  vis  la  malade,  elle  était 
étendue  dans  le  décubitus  dorsal^  les  yeux  fermés,  la  respiration 
pénible,  avec  le  caractère  suspirieux.  Elle  était  très-pâle^  un  peu 
froide  ;  la  peau  était  sèche,  les  pupilles  étaient  larges  et  dilatées, 
mais  se  contractaient  avec  lenteur  sous  l'influence  d'une  vive  lu- 
mière ;  le  pouls  était  à  peine  perceptible,  mais  le  cœur  battait  régu- 
lièrement, environ  120  fois  par  minute^  et  bien  que  son  action  fût 
trcs'faible,  cependant  les  bruits  en  étaient  bien  nets  et  le  rbytbme 


—  269  — 

normM.  L'abdoniên  n'ëtak  pas'4Jstendî«,  itfaispléit,  ttWUet^sdtiplëV 
il.  iP;*p^i«(aJtj  ni.  contrudion/irti  ingidiléy  iwî  flhccJdi^^ 
fpembi^»..  Uiétaili  knpossjiiie  dé  |îéH^ei1lÊli*'^>piôii'lr|'de  W 
qnnodioaiplnoidnisaiti  ail  liquida'  dabâ'là-I^UchëV'^HëTëtVa^âii  ^tthii 

Qr4J0«ire  [à  bom  '.d*QaiHde4vi6  èt>d'eau  ûmï^l  'eipAé^  db  ^  t  ^hiVH  ^\W. 
, .  i«jfte%ftidicla4iorwidaicaitenïérit'AanliévWeift fe^ 
^i^a4M.C(9iit\}utiSqu'àioec^e  lee  ei}eU<du  >éhldml  serfti^ëéh^di^si^^, 

s|ii^A44nUid^utfil>iés.^r'la'houcbcs~e»'4Mièdiigi^andôtx|u^ 
pos^ibl^i  :Qi!d!aid4;i:  à  uû&efibrtB.daàsod  isens(p»i''des'  MMeltictitir^i'ë^ 
pql^^.  de  fû^tihc^dobBiif  addition  t»^  dfeaitt^idê-^ 
ra$fôirmiilQ<j Elle. demeura  «dafis  Ja  iniéfn«i  8i(iîia^éb<}i)^^i%U  lëhâè^ 
fmii^>yfi^^>x\n\x{  hûMi^SK^uisnatinyoù  ëlleiéxpim^  èeîns  a>Yt>iif  dohrid  te 
Qju>px)(h!e  tsigne'.^eiconnadssaiice  ni  reoiuë'iur  mu^te'^pv^!^i)ë  ttio^ 
jnqni /)jiivel)e>^'étftitend(>nsaiedaiiii;  Ja  soiréiel  du'^srd^eerihbt^;'  ^^'  ^ 
<  4jr:3i;ji'ûu<j^{^' d'après  ce  quo  j'ai  a()fyri9=de  divër^membreâ  dé 
jQoAr^  |ikrof4e8i»ipJiy  jet  pense  que,  s*il  e%i  •  rare  qiiê'  dos  eon^ëqiiieht^ 
f^^tei  pt^sselQl;  i^vlvre  radmioistration  de  30  grains  d'hydvàter^e 
cbloraU  dea  ;»yii1ptônaes  pënibics,  toutefois^  ^sinoivid^)ogiûi'é<iit;  ^ 
sç^  A$Picz.;9di«veM.i. manifestés.  Le  dcjcteur  Tukc  m'in&)ivne'^(|«iè 
$))e^  un vboMimev  qu'il  voyait  pour  des  accidents  résnhÀTi^ide^se^ 
^biljui^^id'ioiefnpérapce,  30  grains  de  cette  »ul)i>tatYcefaiUirefn|l 
AjyoÎRidelt;âuitcs,funeâte8^  des  symptômes  de  dépre^^on  ei  dod«éfai1h 
lAn€ial•do;^aotiaadu€œurs'ctant  produits  à  un  degré  extrêmement 
iklajmaMt-  .UA^uiroi  confrère^  M.  Frédéric*  W^h)^  m'a  égatenoeitt 
tatltponnaitre  les  détails  d'un  autre  cas,  dans  lequeUt  s'en  fatlatdt 
p^ti  qu'mii  homme  déjà  À'un  certain  âge  '  ne  succombât  aux  effets 
d'une  dcKse  éû  30  grains  ^chloral.  LdL  faiblesse^  la  pâleur;  ikdé-^ 
pression  de  l'action  cardiaque  furent  excessives,  et  pendant  quel^tîe 
tempa  M.  Webh  ne  aut  a'il  parviendrait  à  soutenir  les  polsatk^nsdti 
cœur  jusqu'au  moment  où  poorraient  se  «dissipa*  les  cifetf^-^dtt 
cbloraK-  ■     .  ■■•:-■  "î  ■-    ■'  '-  •■ 

«Sans  doute  ces  cas  sont  tout  ù  faitexcôptionhciset  sétronv^ût 
dai^  la  même  proportion  à. peu  près  que  les  cas  de  mort  causék^pav 
l'adiDJoistration du chlovoforme^  Mais lesfaitâqnf^ J6'VT«né debiki" 
sufftstsnt  pour  faire  voir  que  de4ekMaècident^'S'0'nt"p4U»'fréqudnt!^ 
qu'on  n^  le  suppose  communément,  ^sdéi^onlivht  ïiV  nécessité  de 
1^  prudence  dans  i'adiainistr^on'dU'^hlop<il',U3k  condnfêonc  à'ieedd 
<^clurioii:  quejâO  grainsifbrroeot  utierdôse  trop  éoiiaidérablè  ponr 

TOME  LXXX.  8*  LIVR.  ^\ 


ru«ngf>  oniinairc,  s|H^cialcmc!il  quand  il  s'agit  dt*  malades  chez 
lesquels  les  effets  du  médicament  n'ont  pas  encore  été  éprouvés. 
Comme  hypnotique  dans  l'insomnie  nerveuse,  10  ou  15  grains  se 
montrent  ordinairement  efficaces,  et  je  n'ai  encore  eu  connaissance, 
ni  par  moi-même,  ni  par  d'autres,  d'aucun  symptôme  fâcheux  à  la 
suite  de  telles  doses.  Mais  les  cas  qui  précèdent  prouvent  que  des 
doses  plus  considérables,  bien  qu'ordinairement  înoffensives  et 
souvent  d'une  merveilleuse  efficacité,  ne  sont  pas  exemptes  de  péril. 
Or,  maintenant  que,  dans  le  public,  on  commence  à  s'administrer 
le  chloral  de  sa  propre  autorité,  comme  on  Ta  fait  il  y  a  quelques 
années  pour  la  chlorodyne,  la  connaissance  du  fait  important  que 
je  signale  ici  ne  saurait  être  trop  répandue.  » 

Trad.  D'  A.  G. 


BULLETIN  DES  HOPITAUX 


Bons  kpfets  des  courants  continus  dans  la  paralysie  sa- 
turnine (1).  —  C'est  surtout  dans  les  paralysies  saturnines 
que  Remak  a  vanté  l'influence  des  courants  continus,  et,  dans 
son  Traité  de  galvano-thérapie^  cet  expérimentateur  a  cité  un 
grand  nombre  d'observations  de  paralysies  ayant  cette  origine,  qui 
ont  été  guéries  par  ce  mode  d*électrisalion.  Cependant,  M.  Du- 
chenne  (de  Boulogne)  l'ayant  expérimenté  sur  plusieurs  sujets  af- 
fectés de  paralysie  saturnine,  a  déclaré  n'en  avoir  obtenu  aucun 
effet  avantageux. 

Nous  ne  savons  à  quoi  peut  tenir  une  telle  différence  dans  les 
résultats.  Quoiqu'il  en  soit,  M.  le  docteur  Constantin  Paul  a  voulu 
chercher  quel  profit  on  peut  tirer  des  courants  continus  datis  le 
traitement  de  cette  même  affection,  et  il  a  pu  guérir  parce  procédé 
deux  malados  qui  en  étaient  iatteints  ;  l'un  était  affecté  d'une  telle 
manière  que  la  guérison  ne  semblait  pas  possible,  et  l'autre  avait 
été  abandonné  par  M.  Duchenne  lui-même. 

Obs.  I.  —  Louis  Grandazzi^  quarante  et  un  ans,  peintre  en  bâti- 
ments, est  entré  le  \A  mars  à  l'hôpital  Saint-Louis,  salle  Napo- 
léon, service  de  M.  Paul. 


(1)  Extrait  d'une  trës-bonne  tbbse  de  M.  le  docteur  Ghapot-Duvert^  inti- 
tulée :  De  quelques  applications  de  Véleùtridté  à  la  thérapeutique. 


—  471  — 

Cet  hoiiimé  à  commence  Èoti  métier  dé  j^einlré  eh  bâtiments  à 
l'âge  de  quinze  ans.  Pendant  une  période  de  cinq  ans,  il  n'a 
éprouvé  aucun  accident  de  l^intoxication  saturnine.  A  vingt  ans, 
il  a  quitté  le  pinceau  pour  être  soldat.  Pendant  treize  ans  il  est 
resté  sous  les  drapeaux,  et  ce  n'est  qu'en  1861,  à  trente-trois  ans, 
qu'il  a  repris  son  premier  état.  En  1867.  au  mois  de  mai,  pour  la 
première  fois,  il  fut  pris  de  coliques  de  plomb,  qui  disparurent 
rapidement  ;  il  resta  à  peine  huit  jours  à  Thôpilal.  En  i868,  nou- 
velle attaque,  qui,  comme  la  première  fois,  céda  rapidement  au 
traitement.  Il  continua  toujours  son  métier  de  peintre  en  bâti- 
ments, maniant  chaque  jour  la  céruse,  lorsque  vers  le  mois  d'avril 
4869,  deux  ans  après  les  premiers  accidents  de  Tintoxication  satur- 
nine, il  s'aperçut  que  le  bras  droit  perdait  de  sa  force  et  de  son 
énergie  ;  il  maigrissait  rapidement.  Un  mois  plus  tard,  le  bras 
gauche  se  prenait  à  son  tour.  Néanmoins  il  continuait  toujours  à 
travailler,  lorsqu'au  mois  de  novembre  de  la  même  année,  il  fut 
pris  d'une  troisième  attaque  de  coliques  de  plomb,  qui  le  firent 
entrer  à  l'hôpital  de  Lariboisière,  et  c'est  pendant  qu'il  subissait  le 
traitement  de  ses  coliques  que  ses  bras  se  paralysèrent,  sans  qu'il 
lui  fût  possible  désormais  de  leur  faire  exécuter  aucun  mouvement. 

Il  fut  immédiatement  soumis  à  l'influence  des  courants  induits. 
ht  malade  nous  dit  que  M.  buchenne  le  vit  et  qu'il  ne  lui  donna 
pas  grand  espoir  de  guérison.  En  effet,  voyant  que  î:on  état  ne 
s'améliorait  pas,  notre  malade  quitta  l'hôpital  Lariboisière  et  quel- 
ques jours  après  il  rentrait  à  Thôpital  Samt -Louis. 

Voici  quel  était  son  état  au  tnoment  de  son  entrée.  Nous  aVons 
été  frappé  tout  d'abord  de  la  teinte  jaune-pâle  que  présentait  le 
malade  et  de  son  étal  d'amaigrissement  ;  ses  gencives  étaient  décolo- 
rées, usées  et  détruites  dans  certains  points,  ses  dents  étaient  chance- 
lantes. On  y  remarquait  aussi  un  liseré  bleuâtre,  phénomène  carac- 
téristique de  l'impivgnation  saturnine.  Ses  bras  étaient  pendants  le 
long  du  tronc,  les  poignets  fléchis  à  angle  droit,  les  doigts  infléchis 
dans  la  paume  de  la  main. 

Après  avoir  fait  découvrir  les  bras  du  malade,  nous  avons  con<^ 
stalé  une  maigreur  extrême  des  muscles  du  bras  et  de  l'avant-bras. 
Les  muscles  de  la  main,  qui,  au  dire  de  M.  Duchenne,  sont  ordi- 
nairdmeot  respectés  par  Tintoxication  saturnine,  étaient  frappés 
également  et  surtout  la  région  thénar.  L'attitude  du  pouce  au  repos 
musculaire  n'était  plus  la  même  qu'à  Tétat  ordinaire;  son  méta- 
carpien s'éiant  placé  sui*  le  plan  du  second  métacarpien,  sa  pulpe 
regardait  directement  en  avant  comme  les  autres  doigts.  A  la  place 
des  muscles  qui  foitnent  l'ëminence  thénar,  nous  avons  trouvé  une 
dëprefision  énorme  .  Tous  les  muscles  du  bras  étaient  amaigris,  le 
malade  ne  pouvait  plus  fléchir  l'avant-bras  sur  le  bras.  Le  del« 
toîde  ne  nous  a  pas  paru  atteint;  le  malade  exécutait  encore  des 
mouvemeats  d'élévation  de  l'épaule.  A  l'avant-bras,  l'amaigrisse- 
ment était  surtout  évident  à  la  région  postérieure  ;  le  relief  musco^ 
laire  avait  presque  complètement  disparu  ;  on  y  voyait  une  sorte 
d'enfoncement  entre  le  radius  et  le  cubitus. 


—  212  — 

Le  malade  ne  pouvait  pas  se  servir  Jcsc«  bfas;  les  seuls  mouve- 
ments qu'il  (louvail  exéeuter  liaient,  comme  noiiâ  l'avoiis  di^jà  dit, 
dcsmouvemeolsd'ùlévalion  de  l'épaule.  Dans  les  muscles  malades, 
nous  ne  pouvions  oblcnir  aucime  conliaclion  avec  l'appareil  d'in- 
duclion,  men  i\nc  l'appareil  fût  gradué  an  maximum. 

L'étal  cacticciiquc  du  malade,  le  liséré  blenàtie  dci  gencives,  les 
altaqucs  de  coliques  de  ploml)  auldiicui-es,  l'abolition  complète  de 
la  coniraclililé  électro-musculaire  uous  ont  lajt  admettre  Une  para- 
lysie saturnine  des  mcmliri'S  supérieurs  avec  amaigrissement  IrËs- 
Avancé.  -    j 

Nous  avons  immédialemént  sjoumis  Je, hfialade  à  t'influence  des 
courants  continus  avec  20  éléments  de^ noire  pile. 

Lemmlcd'électrisation  éUit  jU^^M^viuit  :   ,/ 

Nous  avons  appliqué  nos  éWcl|od^al!érnaliïemenl'  sur  la  face 
"postérieure  des  bras  et  louj"iii->  !iv('(:''4i'-'"rn\iranl9  asccutlants.  Le 
malade  a  fié  éleclris'^  doiJin-  U'  .n'-  i-mv.  réyulièremeiit  pen- 
dant dix  minutes  cliaquo  |<m:i  ' '■  .  ■\:^A  est  le  résultat  que 
nous  avons  obiciiu  : 

La  paralysie  a  cessé  dans  lés  miig(:)és  tlii  In'âsj  qui  ont  repris  de 
la  viect  de  la  vigueur;  le  malade  exécute  mainleiianl  tes  mouve- 
ments de  flexion  et  d'cxlension. 

La  flexion  de^  doigts  a  cessé  ;  le  malaile  peut  rc'Ievur  ses  poignets 
'et  fermer  ses  doigts.  L'amaigri ssêrtieul  coramonce  à  dis'pai'ailre,; 
lesmusclt's  ont  repris  un  volume  ibtible  i)e  cului  i|u'il:i  avaient  a» 
moment  où  le  malade  est  entré  à  l'Iiopilal.  La  coniraetilllé  électro- 
musculaire  est  complètement  rcVçnuc.  ,^^'     ^ ',  ,  •,  ; 

Le  maladeest  en  bonnevijJel^^Mmân.  bii  lui  appliqué  tou- 
jours les  courants  conlinus. 

Obb.  il  Fournier,  Ado1plie,q(urantet4un(Teans:,  peintrcenbàli- 
ments,  est  entré  à  l'hôpital  Saint-Louis,  salle  Napoléon,  le  16  avril 
186%  pour  une  paralysie  des  deux'  bras.'   :,■ 

Ce  malade  commence  à  seize  ans  son  métier  de  peintre  en  hiti- 
ments.  A  vingt  ans  il  devient  soldat  et  fait  deux  congés;  Pendant 
qu'il  est  sous  les  armes,  il  a  au  Sénégal  des  coliques  sèches  et  plus 
lard  la  dyssenlerie. 

Alite  Ititurlian.en  1849,  il  a  la  vérole,  manifestée  par  un  chan- 
cre, qui  n'a  été  suivi  d'aucun  ai^ident  par  suite  d'un  traitement 
approprié,  traitement  mercuriel  au  dire  du  malade. 

Ënlin  en  1858  il  quille  l'armée  et  reprend  son  état  de  peintre  en 
bilimcnts.  Pendant  deux  ans  il  n'a  eu  aucun  accident.  Pour  la 
première  fuis,  en  1860,  il  est  pris  de  coliques  de  plomb  et  entre  à 
i'iiôpital  de  la  Charité,  oii  il  est  guéri  dans  le  service  de  M.  Pelle- 
lan.  Dix  mois  plus  tard  il  a  de  nouvelles  coliques.  Elles  se  sont 
ainsi  répétées  à  trois  ou  quatre  reprises  diiférentes,  et  alors  avec 
des  douleurs  violentes  dans  les  membres  et  à  la  tâle.  Mais  tons  ces 
accidents  disparaissaient  sous  l'influence  tlu  traitement  qui  lui  était 
a;>pliqué. 


-  'irs  - 

En  1868.  il enli-e dans  le  service  de  M.  Bernulz  ù  la  Piti^,  pour 
une  nouvelle  attaque  de  coliques  àe  plomb  accompagnées  de  dou- 
leurs 1res -violentes  dans  liis  mcmhre?.  Apres  qirclques  jours  de 
Irailcmenl,  les  coliques  et  les  douleurs  disparaissent  ;  mais  alors  le 
malade  commence  à  s'apercevoir  que  ses  bras  perdent  de  leurs  for- 
ces, ses  doigis  ne  peuvent  presque  plus  le  servir,  et  bi)>nl6t  ta  pa- 
ralysie devient  complËte.  Pendant  trois  mois,  M.  BernuU  soumet 
ce  malade  à  l'inHuence  de  courants  induits.  Peu  à  peu  la  paralysie 
■lisparalt  cl  le-  malaile  quille  l'hApItal  parfaitement  giidri  ponr  rcr 
pretidrc  f^on  ouvriige",  -      -       '  ' 

Enlin  le  16  avril  186^^  notre  malade  étant  occupé  à  badigeonner 
une  devanture  dé  màriiha'nil  tiè"  vin,  voit  loiii  à  coup  son  pinceau 
lui  iomhei'  des  mains,  '  '  ""  '"  ''"'"  '  '  '     "' 

Ne  |iouv;iiii  ],lus  ïù  siN>'ii  4''  ^çs  liras,  il  entre  ii  l'Iiôpital  Sainl- 
Louis,  salle  Nu|>(il<-i>ii.  tei  \ici^  do'  M.'  Duinnnlp.-tllier.  Pendant  des 
■DOIS  entli'rs,  nn  lui  lait  chai|UL'  joili'  nui;  a|i|iIii;nlion  des  courants 
jnduils,  rn.iîï  ^iiicuiii'  aiiit'']ii>r:iiui'ii  iic  se  |Frb(luit  dans  l'dtal  du 
""tnalaiic.  M.  Duivii>nl|i;ilIliT  lo  pri'<i>iile  ;i  M.  DiLcIii'nneqni  l'électrise 
pinsîcurs  tVpLs  lLii-[ii(nin>.  iM;ii.-  h  coulruclililé  tiluclro- musculaire 
élail  c')inj>li!<eiiH'nl  ^Imlii'  lUns  les  muscler  |iaralys(ls,  et  elle  ne 
revenait  ims  ;  aloi-s  M.  Diicln'iiiu'  finii  pnrrcnoin'er  à  la  guèiison 
«(engagea  le  in^ladi.'  ii  m'  frtiri>  iilîicer'à  Bitèlre. 

M.  Peler,  ayant  icin])l;ici\  itans  le  service,  M.  Dumontiiallier, 
lën^ede  nouveau  l'influfiin'  iIl^  ri.'!LTl?irilc  sur  colle  'paralysie  ré- 
'frai;l'«irB  jiisqu'fllois  :tu\  i-omauls  îiidiiiis.  '  iMais  il  ne  fui  "pas  plus 
heureux  nue  son  iiiédca-^tfur,  ul  n'obliiil  aucun  résultai. 

ne  jioiivail  s'aider  en  aucune  ina- 
6es  mains,   un  iDMrrtiîcr    élnil  cliargi:  de  lui  donnera 
manger. 

ËnKn  M.  le  douleur  Paul  pi-end  le  service  au  moisde  décembre  ; 
voici 'q^iel  était  fétat^tlin 'malade  ad  ntoinent  où  nous  l'avons 
oboervé  .■ 

Les  poignets  tombent  à  angle  droit  sur  l'avant-bras,  sans  qu'il 
soit  possible  au  malade  de  les  i-elever  ;  les  doigts  sont  fléchis  dans 
la  paume  de  la  main  et  le  malade  ne  [icul  les  étendre. 

Tous  les  muscles  de  l'avant-bras  et  de  ta  main  sont  paralysés. 

Sous  l'influence  des  courants  induits,  nous  ne  pouvons  obtenir 
aucune  contraction  dans  les  muscles  paralysés.  II  y  a  peu  d'amai- 
grissement. La  main  droite  |iarallélrc  un  peu  moins  malade  que 
la  gauctic. 

Nous  appliquons  immédiatement  les  courants  continus,  et  c'est 
au  courant  ascendant  que  nous  avons  recours. 

Tous  les  deux  Jours  nous  faisons,  une  séance  de  dix  minutes 
avec  vingt  éléments  de  notre  pile. 

10  février  1870.  —  Le  malade  commence  à  exécuter  quelques 
mouvements  du  poignet,  les  doîgls  ne  ïont  plus  fléchis.  Nous  avons 
de  nouveau  expluré  l'état  de  k  eontraclihté  électro-musculaire  par 
<)ct  courants  interrompus.  v 

Côté  giivche.  —  La  sensibilité  au  contad  est  abolie.  Le  cubilat 


—  274  — 

cuU'aiuii  \^  uoig(iet  eu  se  contractant.  L'extenseur  du  petit  doigt  se 
contracte  ;  les  autres  ei^tenseurs  se  contractant  moins  bien,  La  con- 
traction par  action  réflexe  est  plus  énergique.  Les  fléchisseurs  se 
contractent  mieux. 

Côté  droit,  t—  Les  extenseurs  sont  très-faiblement  contractiles. 
Les  supinateurs  etleculntal  sont  tràs-contractites;  Tabducteurdu 
pouce  se  contracte  ;  les  fléchisseurs  se  contractent  bien. 

Nous  retrouvons  ici  Pordre  dans  lequel  réapparaît  le  mouve- 
ment dans  les  cas  des  paralysies  saturnines,  puisque^  de  tous  les 
muscles  de  Tavant-bras,  les  extenseurs  des  doigts  sont  les  muscles 
qui  ont  le  moins  gagné,  tandis  que  les  fléchisseurs,  le  cubital 
postérieur  et  l'extenseur  du  petit  doigt  retrouvent  le  mouvement 
d'une  manière  beaucoup  plus  manifeste  que  l'extenseur  com- 
mun. 

Nous  continuons  avec  persévérance  à  électriser,  et  chaque  jour 
im  mieux  sensible  s'opère.  Vers  la  fln  de  ms^rs,  nous  trouvons  que 
les  mouvements  sont  complètement  revenus  dans  les  membres  du 
côté  droit.  Le  malade  se  sert  de  sa  main  aMssi  facilement  qu'avant 
sa  paralysie  ;  il  serre  très-énergiquement  la  main  qu'on  place  daiis 
la  sienne,  ce  qu'il  ne  pouvait  faire  auparavant. 

Mais  du  côté  gauche  l'amélioration  est  un  peu  moindre;  le  ma- 
lade cependant  relève  un  peu  son  poignet,  on  sent  qu'il  ferme 
assez  énergiqueraent  ses  doigts,  mais  pas  aussi  bien  que  du  côté 
droit. 

D'un  autre  côté,  toutefois,  la  contractilité  électron-musculaire  est 
complètement  revenue.  Tous  les  muscles  se  contractent  d'una  ma- 
nière énergique  sous  rinfluence  des  courants  induits. 

Au  moment  où  nçus  écrivons,  le  malade  n'est  pas  compléteqient 
guéri,  il  est  vrai,  mais  le  côté  droit  a  recouvré  complète logut,  ^ 
mguYen^nts,  le  côté  gauche  lesarepi'is  en  partiei  et*  eoipmer^mé- 
lipration  contitme^  ngus  i;ie  doutons  pas  que  dans  un  advenir  pro- 
chain la  guérison  ne  soit  complète. 


BÉPEBTOIRE  MÉDICAI, 


REVUE  DES  JOURNAUX 


pulmonaire.  La  courte  note  qu^ 
publie  M.  Gastan  renferme  deux  olj- 
servations  :  l'une  empruniée  à  M.  S  eux 
père  ei  tirée  du  Marseille  médical 
{2a  avril  1^09).  l'auire  tirée  de  sa 
pratique  personneUe*  Ainsi  que  l'au- 
teur \t  recoùnaU  loyalement,  son  ob- 
servation est  moins  »igniticative  quo 
celle  de  son  confrère  de  Marseille. 
Uu^  jeune  iillo  de  divtiuU  an:i  épouse 


un  phthisique  dont  elle  partage  eoo- 
sUmii^ent  la  cbacubre  el  le  lu.  Ët|e 
accouche^  au  bout  de  dix-buit  mois 
environ^  d'an  enfant  mort-n^.  Deux 
ans  plus  lard,  elle  met  au  monde  ai 
eu£ant  vivant  qu'elle  vQulat  fillailer; 
mais  bientôt  les  signes  ùç.  tul>erc|i« 
lisalion  pulmonaire  se  prononcèrent, 
et  la  malade  y  succomba  au  bout  de 
quatre  mois.  Pendant  ce  temps,  la 
pblbisie  du  mari  faiideâ  progrès, mais 


—  275  — 


moins  rapides  que  chez  la  femme»  et 
en  est  à  la  période  de  ramollissement. 
Or,  celte  femme  ^vait  présenté,  dans 
son  eqfance,  des  signes  de  i»croruIes  ; 
et  la  nais.<ance  d'un  enfant  mort-né, 
la  cirpouHiancB  d'une  seconde  couche 
suivie  d*ailaitementj  peuvent  avoir 
ajouté  à  une  ancienne  prédisposition. 

Dans  Tobservation  de  M.  Seux,  une 
femme  mariée  q  vingt-sept  ans  a,  dans 
l'espace  d'une  vingtaine  d'années,  un 
certain  nombre  d'bémopty&iâs  sans 
gravité;  mais,  à  partir  de  l'époque 
de  la  ménopause,  les  signes  caracté- 
ristiques de  la  pbtliisie  se  déclarent. 
Les  crachats  deviennent  abondania, 
les  sueurs  nocturnes  es^cossives.  La 
maladie,  néanmoins,  marche  .lente- 
ment. C'est  dans  ces  conditions  que 
son  mari,  d'un  tempérament  sanguin, 
bien  portant  jusque-là,  n'ayant  au-r 
cune  disposition  aux  affections  thora- 
ciqqes,  ne  comptant  aucun  tuber- 
culeux dans  sa  famille,  oq  l'apoplexie 
cérébrale  avait  fait  plusieurs  viclimesj 
suivant  un  bon  régime  hygiénique, 
ipais  partageant  le  lit  conjugal,  eut 
une  hémoptysie,  bientôt  suivie  d'à- 
roaigrissemfnt,  de  fîëvre.  et  suc- 
corona  à  la  phtUisie  cp  treize  ou  qua-r 
torze  mois,  tandis  que  sa  femiqe,  cïiei 
qui  Taffectiou  a  duré  quarante  aps^  a 
survie V  treUe  ans  à  son  mari. 

Les  faits  de  cet  ordre  ne  sont  pas 
très-rares.  Nqu^  en  avons,  nour  notre 
part,  observé  plusiours;  et  nqus  en 
connaissons  on,  entre  autres,  où  une 
sorte  de  contre- épreuve  e>l  venue  dé- 
montrer lu  danger  de  la  cohabitaiioa. 
Le  mari,  pris  de  (pux  et  d'amaigris-t 
semeot  pendant  la  vie  de  sa  femme 
atleiute  de  phlhisio,  revint  rapide- 
meqt  à  la  santé  à  partir  de  son  veu- 
vage. Et  pourtant aeux  considérations 
principales  sont  de  nature,  en  dépit 
de  tout,  à  mettre  le  doute  dans  l'es- 
priL  D'abord  celte  répétition  du  mal 
ne  s'observe  jamais  qu  entre  époux ,  et 
Ton  ne  voit  pas  la  phlhisic  passer, 
par  exemple,  du  fils  à  la  mère  ou  du 
urè^e  à  U  sœur,  i^^algr^  une  vie  en 
commun  des  plus  étroites.  Kn  sorte 
que,  si  la  contagion  était  possitilo^elle 
semlUerait  exiger  absolument  la  co- 
habitatiaii  nocturne  et  le  mélange 
des  haleines.  Serait  ce  bii'n  là  une 
coatagiou  dans  le  sens  riffoureux  du 
mot^  avec  lu  caractère  uécessav'e  de 
la  permanence  de  l'espèce  morbi(ie 
dans  Tacte  de  la  transmission?  Ou 
ne  serait-ce  qu*une  infection  dont  les 
eflfets  divers  compteraient  seulement 
parmi  leurs  modes  possibles  la  IuUt- 


culisation  ?  Et,  de  fait^  on  voit  soi)" 
vent  la  cohabitation  avec  un  phthi- 
srqne  amener  dans  la  santé  des  dés<» 
ordres  auxquels  les  fonctions  respi- 
ratoires  ne  paraissent  aucunement 
participer  :  ramaigrisseroent,  la  diar- 
rhée^ 1  inappétence,  etc.  En  second 
lieu,  l'absence  d'antécédents  hérédi- 
taires chez  ceux  qui  paraissent  pren- 
dre la  pbthisie  par  contagion  est 
beaucoup  moins  aisée  à  constater 
qu'on  n'a  l'air  souvent  de  le  penser; 
et  cette  simple  mention,  tant  de  fois, 
répétée,  que,  a  il  n'y  a  pas  du  phthi- 
siquedans  la  famille  »  |te  nous  satis- 
fait que  médiocrement.  Que  de  phthi- 
sies  torpides  ont  porté  un  autre  nqm  1 
m  les  iriinsfurmalions  que  subissent 
les  maladies  héréditaires  dans  leurs 
migrations  ?  lît  les  sauts  que  fait  l'hé- 
rédité par-dessus  uqe  génération? 
Que  de  difficultés  et  que  de  causes 
d'erreurs!  Qui  saitsi^  déduction  faite 
de  ces  circonstances,  la  rencontre  de 
deux  conjoints  phthisiques  ne  serait 
pas  asseï  rare  pour  pouvoir  s'expli- 
quer sinipiement  par  le  hasard  ? 

En  somme  l'opiniu^  de  la  conta- 
giosité du  la  phtbisie  pulmonaire,  eq 
dehors  des  conditions  expérimentales 
si  remurquablement  déterminées  par 
M.  Villemin,  peut  être  raisonnal^le^ 
ment  soutenue,  mais  ne  nous  semble 
pas  encore  établie  irrévocablement. 
lMonfp*!Uier  médical,   fév.   W\,  et 


■T     <1 


Tétanos  tranmatiqsie;.  tri»l- 
tement  pur  l<^»  iMilHai  f)li<|ia<ls 
e(  pr^ilofigé*  v%  l^  suilftllpii  \ 
^[iiériHOii  mplfle.  Le  docteur 
Martin  de  (*e<lrQ  a  un^  th^oriç  qui 
consiste  à  admettre  le  tétanos  comme 
une  affection  de  nature  rhumî^liiimalQ 
siégeant  dans  l'appareil  lousci^Uire  et 
^n  dans  l'appareil  nerveux,  et  ayant 
toujours  pour  cause  le  refroidisse- 
ment. A  ce  rt^froidissemept,  le  doc- 
teur Martin  de  Pedro  oppose  les  bains 
cl^auds  et  prolongés  et  Ui  sudation  à 
leur  suite. 

Obs.  —  L.e  cas,  observé  par  le  doc- 
teur H  amon  Sagostuma,  eat  celui  d'une 
fvmmu  de  cinquante  ans,  de  tempéra- 
ment nerveux,  qui  avait  éprouvé  uqe 
entorse  de  l'articulation  tibio-tar- 
siennc  gauche.  11  s'en  était  suivi  une 
iuûamnialion  et  un  gonûemeni  in- 
tenses qui  avaient  été  traitéa  par  le» 
répercussifs  et  le  repos. 

ttuit  jours  après,  la  malade  se  leva 
liWT  recevoir  quelques  personnes  qui 
lui  étaient  venues;  elle  eut  chaud,  et 


—  27«  — 


f, 


Uaos  cet  état  elle  subit  un  refroidis- 
seroenl  causé  par  des  courants  d'air. 
Quatre  jours  plus  tard,  l'aggravation 
des  douleurs  articulaires  t'obligea  à 
se  remettre  au  lit.  i^ar  le  fait  d'un 
niouvemeiit  brusque  imprimé  k  son 
pied,  il  lui  survint  des  crampes  vio- 
lentes qui  s'étendirent  rapidement  du 
pied  à  tout  le  corps  et  déterrainërerit^ 
a  la  suite  de  contractions  successives, 
le  trismus  et  l'épislhotonos. 

Opium  à  haute  dose^  antispasmo- 
diques^ belladone  en.  topique,  aggr^r 
vation  progres.sivp,,  .rélenjllQn  d'urine^ 
céphalalgie gravatjve,  irisoronie  t^aur 
teur,  appelé  en  consultation^  proposj^ 
de  remplacer  le  traitement  déjà  ero4 
lové,  et  qui  avait  été  inefficace,  p^V 
es  bains  à  haute  température.  A  peipfe 
plongée  dans  un  bain  à  40' d'cj^réss,  la 
malade  éprouva  une  .sen^aliot^  ,.<^ 
bien-être  inexprimable,  elle  (deni^nda 
même  de  réchauffer  l'eau  ait.  niveau 
du  cou  ;  elle  y  séjourna  une  heure. ^t 
quart.  Apres  le  bain,  enveloppement 
dans  le  lit  et  sudation  modérée^  snmr 
meil  pendant  la  puil,  pas  U  moinclfr« 
menace  d'^alUtque  convùlaiye.  te  len- 
demain prostration  et  fatigue,  H^idiié 
douloureuse  dans  plusieurs  régionjs; 
bain  à  58  desrés,  que  cette  fôL»  .I9 
malade  trouve  trop  chaud,  et  dans  le- 
quel, au  bout  de  cinq  minutes,  elle 
éprouve  une  défaillance  qui  Toblige  à 
se  retirer.  A  partir  de  ce  moment, 
amélioration  graduelle,  conyalesceuce 
commencée  au  sixième  jour,  giiérison 
au  douzième. 

Cette  observation  nous  parait  èiré 
une  des  plus  encourageantes  que  noiis 
ayons  lues  à  propos  du  traitement  du 
tétanos;  nous  ne  voudrions  pas  en 
diminuer  la  valeur,  mais  nous  nous 
demandons  s'il  s'agit  bien  ici  d'un  té- 
tanos traumatique.  Le  point  de  départ 
de  la  maladie  était  une  entorse  et  no» 
une  plaie  ouverte  Une  telle  lésion  est- 
elle  un  véiitable  traumatisme,  et  tes 
accidents  auxquels  elle  peut  donner 
lieu  ont-ils  la  même  gravité  que  ceux 
qui  suivent  les  blessures  avec  perte 
de  substance,  broiement  et  désorga- 
nisation des  tissus  et  présence  de 
corps  étrangers  dans  les  organes? 
(Gaceta  med,  de  Grenada  et  Gaz, 
méd.  de  Paris,  187i,  n»  14.) 

Do  loi  saignée  dans  la  pra- 
tique obsiéiricale.  M.  F.  Bar- 
ker  est  un  transfuge  de  la  méthode 
des  saignées,  qui,  forcé  par  l'expé- 
rience, revient  en  partie  à  l'ancienne 
pratique.    Sans  contester  le  rôle  de 


l'anémie  dans  la  grossesse,  ni  les  in- 
dications thérapeutiques  qui  peuvent 
en  découler,  il  maintient  que  remploi 
des  évacuations  sanguines  dans  la 
grossesse  et  dans  certains  accidents 
puerpéraux  n'est  pas  absolument 
commandé  par  Vétat  particulier  du 
sang.  Il  croit  que,  dans  le  cas  même 
d'hydrémie  caractérisée,  il  y  a  avan- 
tage à  diminuer  de  temps  à  autre,  et 
par  faibles  doses,  la  quantité  de  liquide 
en  circulation  ;  et  l'on  ne  peut  s'em- 
pêcher de  remarquer,  à  ce  sujet, 
qu'Âl;^  a  quarante  ans,  quand  on  sai- 
gn9it  totites  les  femmes  grosses,  et 
pitfjtôt  deux  fois  qn'ane,  on  diminuait 
d.'ordiBtiee..les  étourdissements,  les 
dpuleurfi  ^sle.f'pins.  le  sentiment  géné- 
ra) 4e  fatigue  et  de  pesanteur,  bien 
que!,  d»n«. le  nombre  de  femmes,  das- 
seni-  M  reootntrer  nombre  d*hydré* 
rpiques.  Mais  tout  au  moins  croyons- 
nous  que  la  pléthore  vraie  et  l'aug- 
mentation proportionnelle  de  la  fi- 
biiino  du  »ang  se  rencontrent  assex 
fréquemment  dans  la  grossesse  poar 
motiver  légitimement  Vemploi  de  la 
saignée.        •:,; 

L'auteur  établit,  plusieurs  indica- 
tions particulières  des  évacuations 
sanguines,  toit  pendant  la  gealatioa, 
spitaprë^  l'accouchement.  Ces  iodi* 
calions  sont  tirées  de  :  i»  l'étourdU- 
sement  avec  rougeur  «t  turgescence 
de  la  face;  ^  la  pLèthore  ;  3o  la  con- 
gestion utérine  :  4*  la  congestion  ré- 
nale; 5»  ce  qu'il  appelle  Vétat  sthé' 
niquA  {sthenio  condition)  avec  batte- 
mefils  violents  et  précipités  dn  cœur, 
dyspnée.  an|^isse  précordiale,  suenr 
de  la  fnee  ;  0»  rni^mie  avec  convtd- 
sions;  7«  (es  affections  inflamma- 
toires intercurreutes  ;  8»  certaines 
formes  de  fièvre  puerpérale;  0«  la 
manie  puerpérale.  Vous  nous  bornons 
à  mentionner  ces  indications  qu'il 
serait  trop  long  d'apprécier  ici.  (Tht 
MeUic*  Record,  16  janvier  1871,  cl 
Gaz.  hebd.,  1871,  n»  8.) 

■    ■   I  ■■      ■■■■■■  ^mm 

JLne  noawrlle  opéra  tlan 
pour  la  cure  radicale  de 
l'ongle  incarné.  Il  y  a  des  pro- 
cédés, si  nombreux  pour  la  guérison 
de  l'ongle  incarné,  qu'à  défaut  de 
Texpérience  on  pourrait  bellement 
conclure  qu'aucun  d'eux  n'est  souve- 
rain. Celui  que  propose  un  chirurgien 
américain,  M.  F.-B.  Lawson,  possède 
au  moins  le  mérite  de  Toriginalité. 

L'auteur  fait  sur  le  milieu  de  Ton- 
gle  et  dans  toute  la  hauteur  une  inci- 
sion en  V  dont  la  base  est  au  bord 


~  277 


il  la  pointe  à  la  lunule  de  Ton- 
enlëve  ainsi  une  portion  trian- 
B  de  l'ongle  comprise  entre  les 
ncisions;  de  plus,  il  coupe  obli- 
ni  les  bords  incarnés.  Enfin,  il 
à  l'aide  d'une  suture  de  fil  de 
s  deux  bords  de  l'incision  en  V. 


L*ongl6  est  ainsi  diminué  dans  sa 
largeur.  Le  docteur  Lawson  a  pra- 
tique ce  procédé  depuis  trois  ans^  et 
toujours  avec  succès.  {The  Médical 
liecord,  16  janvier  1871 ,  et  Gaz.  hehd., 
1871,  no  8.) 


TRAVAUX  ACADÉMIQUES 


■ncar    flbro«cysti«|ae  de 

§;anche  ;  perforation  de 

roule     orbitaire  ;      g;*^" 

I*  M.  le  docteur  Giraud^Teutolh 
n  d'une  commission  dont  il  f»l^ 
irlie  avec  MM.  Verneiflièt  Trô- 
donné  lecture  à  la  Société  d'e 
^ie  (séance  du  23  joli^  1-8l0) 
rapport  sur  une  obserWatiDn 
intitulée,  adressée  par  le  dO<3<> 
lasgana,  chirurgien  dé  Tlidpftal 
e  Smyrne.  "-"^  ^'  ••  « 

sujet  de  celte  obser^tion  efâl 
mme  de  vingt-six  ans^  lympha* 
chez  laquelle  l'apparition  -cTe  la 
r.  fut  précédée. d'une  dépha^ 
occupant  la  région  sus^orbl- 
In  eôté  gavchc  800S  forme  d'une 
m  exercée  au  fond  dei  l'orbitei 
t*  si,  disait  le  malade,  on  eût 
lui  faire  sortir  Ic^.  Bientôt  se 
isterent  -  une  ambhropie  gra* 
,  des  mouches  vobinles,  enfin 
énomënes  extérteurs  d*un  exor- 
e  commençant.  Les  tissus  anté* 
du  globe  finii'enttfar  8*altérer, 
née  devint  opa^iue,  s'épaissit, 
*a  ;  la  conjonctive^  ild  *  scléro- 
se couvrirent  de-  bourgeons 
lis  et  d'ulcérations;  enfin,  au 
le  quinze  mois,  le  globe  entier^ 
l  saillie  entre  les  paupières, 
lit  à  la  vue  comme  une  tumeur 
De,  rouge  et  saignante,  de  la 
!ur  d'un  petit  oeuf  de  poule.  Le 
•ppement  de  celte  exophthalraie 
ser  la  céphalalgie  proprement 
nais  il  resta  des  douleurs  lanci- 
;  dans  la  tumeur,  assez  fortes 
roubler  le  sommeil  de  la  ma- 
et  qui  résistèrent  à  tous  les 
is  employés  pour  les  combattre, 
moment  où  la  malade  se  pré- 
à  l'hôpital  grce  de  Smyrne.  elle 
tous  les  signes  de  l'épuisement 
>rces  La  région  orbitaire  gau- 
9it  remplie  par  une  tumeur  sail- 
de  la  grosseur  d'une  petite 
e.  paraissant  comprendre  tous 
sus  de  l'œil  et  de  ses  dépen- 
s  immédiates.  Cette  tumeur  était 
.   saignante,    inégale,    un   |h;u 


douloureuse  au  toucher,  dure  et  ré- 
sistante à  la  pression.  A  la  partie  ex- 
terne et  supérieure  (environ  au  tiers 
externe]  de  sa  surface,  on  remarquait 
on  point  noir,  terne,  recouvert  des 
débris  flasques  et  ridés  de  la  cornée, 
et,,  en  arrière,  l'ouverture  pupillaire 
dans  laquelle  se  reconnaissaient  les 
Vestiges  d'un  cristallin  opacifié;  en 
dehors  des  traces  de  sclérotique  al- 
térée ;  en  un  mot,  on  eût  dit  que  tout 
îe  ^lobe  oculaire  avait  été  refoulé  et 
aplati  dans  cet  angle  par  la  tumeur 
développée  en  arrière  de  lui.  L'aspect 
était,  à  s'y  méprendre,  celui  des  tu- 
meurs cancéreuses  ulcérées,  sauf  eu 
un  point  très  limité,  Tangle  interne, 
oh  la  tumenr  était  lisse  et  humide. 
La  paupière  inférieure,  déprimée, 
adhérait  par  tout  son  bord  libre  à  la 
tumeur  et  ne  pouvait  en  être  déta- 
chée* la  paupière  supérieure,  au 
conthaire,  pouvait,  du  moins  par  son 
bord  libre  dont  les  cils  étaient  con- 
servés, glisser  sur  la  tumeur,  dont  on 
là'  séparait  aisément  avec  le  manche 
d'un  scalpel.  Les  sourcils  étaient  re- 
foulés en  haut,  à  peu  près  à  2  centi- 
mètres et  demi  au-clessus  de  leur 
situation  normale. 

La  malade  réclamait  l'opération, 
surtout  à  cause  des  douleurs  lanci- 
nantes spontanées  dont  la  tumeur 
était  le  siège  et  d*un  sentiment  de 
pression  in tra- orbitaire  intolérable 
qui  la  privait  complètement  de  som- 
meil Dans  une  consultation  qui  réu- 
nit un  certain  nombre  de  médecins  et 
de  chirurgiens,  indigènes  ou  étran- 
gers, l'avis  unanime  fut  qu'il  8*agis- 
sait  d'une  tumeur  cancéreuse  ulcérée, 
r^éaumoins,  sur  les  instances  de  la 
malade,  M.  M asgana  consentit  à  Topé- 
ration,  qui  fut  pratiquée  de  la  ma- 
nière suivante  : 

Une  incision  de  5  à  4  centimètres 
prolongea  la  commissure  externe  des 
paupières  en  se  dirigeant  oblique- 
ment un  peu  en  haut  et  en  dehors  ; 
une  seconde  incision  prCv<que  verti- 
cale partit  de  l'angle  interne  de  l'œil 
et  fMl  conduit'.!  de  la  carQ^c.vi\<i  V\'^- 


—  4*38  — 


qu'au-dessus  et  en  dedans  du  sourcil. 
La  paupière  supérieure  fut  disséquée 
assez   fiicilement^  grâce  à    son  peu 
d'adhérence,    l't  le    chirurgien    put 
ainsi  remiinter  sur  le  frontal  jusqu'à 
2  ceniimclros  au-dej^sus  de  l'arcade 
sourcilierc    osseuse.     11     coinmeiiça 
alors,  nvec  beaucoup  de  précautions, 
le  décollement  de  la  tumeur  de  la  ca- 
vité orbilîiire,  eu  se  servant  du  dos 
du  scalpel  ei  «le  Tonule  du  doigt  indi- 
cateur    l'eiitlanl    ce   décoll>menl^  la 
tumeur,  très- tendue,  se.  rompit  brus- 
quement bous  la  pression  de  l'ongle, 
et  un  jet  assez  notable    de    liquide 
jaune  vcnlàlre  fut  lan^'é  à  une  assez 
grande  distance  La  tumeur  s'affaissa, 
mais  tn  même  temps    i^e   miiuifesla 
une  véritattlc  héitiorrhagit:,  Kn  por- 
tant .<on  doigt  dans  la  cavité,  le  chi- 
rurgien s'aperçut  que  la  voûte  orbi? 
taire  était  percée  d  un  trou  qui  lais- 
sait   pénétrer    facilement    le    doigt 
indicateur  jusqu  à   la    moitié  de  Ta 
deuiième  phalange  d^ms  la  cavité  crà- 
n^tinne,  où  l'on  sentait  parfaitement 
rencéphatu. 
A  peine  le  doigt  fut-il  retiré  que, 

Sar  cette  ouverture^  s'échappèrent 
eux  lamelles  de  substance  céré- 
brale ayant  chacune  une  longueur 
de  2  à  5  ceuliinetres  et  une  largeur 
de  un  deoù-ceulimèlfe environ,  l/hé- 
morrl)ag^e  coniinuant  toujours^  i^ 
chirurgien  se  h^ti)  de  terminer  en  dis- 
séquant plus  rapidement  le  reste  de  la 
tuineur  et  eu  empoi  tant  avec  e|U  toute 
la  paupière  inférieure  qui  fitihéritit  au 
ky^tc.  U  raiiatlil  la  paupière  supé- 
rieure, sans  faire  de  suture,  ei  il  bour- 
ra la  cavité  béante  de  charpje  iiv- 
bibée  d'eau.  Ues  compresses  d'eau 
glacée  furent  ai  pliquées  ^ur  le  tout, 
et  la  malade,  épuisée,  fut  reportée 
dans  ïou  lit,  oii  on  lui  lit  boire  quel-: 
ques  cuillerées  de  vin  vieux  et  de 
bouillon. 

L'examen  microscopique  montra 
que  la  poche  était  constituée  par  du 
tissu  (ibreux  comme  celui  de  tous  les 
kystes  séreux;  il  n'y  avait  pas  de 
trtce  de  cellule  cancéreuse. 

Les  suites  de  l'opération  furent  des 
plus  SHtisi'uisantes  :  les  douleurs  ces 
sèrcnt;  l'hémorrhagic  s'arrêta  d'elle- 
même.  Pour  la  première  fois,  depuis 
longtemps,  la  malade  put  goûter  le 
sommeil.  Les  pansements  qui,  sui- 
virent au  t)Oul  de  quatre  jours  l'en- 
lèvement du  premier  appareil,  con- 
sistèrent en  lavages  à  ^a  décoction  de 
rat^ohia  et  en  applications  de  charpie 
imbibée  du  même  liquide.  La  cicatri- 


sation de  cette  vaste  plaie,  la  répara- 
tion des  pertes  de  substance  des  pa- 
rois orbitaires  par  hourgeonneroenl 
charnu,  la  reconstitution  de  la  ma-i 
lade,  demandèrent  trois  mois  euvi-: 
ron.  [Un.  mëd.,  1870,  n"  85.) 


EmpoiMonnementpar  l'am* 
monlaquc  U<  e  intéressante  com- 
munication de  M.  CaNtan  à  la  Société 
de  médecine  de  Montpellier  a  pour 
sujet  le  fait  suivant  : 

Un  indusiriel  dirigeait  un  appa- 
reil Carré,  destiné  à  produire  artifi- 
ciellement de  la  iîlaoe,  et  il;ins  lequel 
le  gaz  ammoniac  dégagé  et  liquéfié 
est  évaporé  en  vase  clos  afin  de  pro- 
duire un  froid  intense.  U  resta  ex- 
])0s6  de  cinq  à  dix  minutes  à  une 
fuite  de  gaz,  f:iule  de  pouvoir  ouvrir 
immédiatement  la  porte  d«i  son  ap- 
partement. Il  éprouva  aussitôt  une 
sulfoc^Ûon  extrême,  une  angoisse  gé- 
nérale, une  sepsation  de  brûlure  à  U 
gorge,  utk  ^ea^iment  (^  roètstrictiau 
épfgaxiriqufi  et  des  vecVipes;  desçra- 
cliuienienls  conliuuels  survinrent  ra- 
pidenieul,  ainsi  que  des  vamissaments 
de  (uatières  séreuses. 

Quand  M.  Castjin  arriva,  au  bfiitl 
de  peu  d'instants,  auprès  du  malade, 
il  constat»  aveo  le  docteur  Bringuier^ 
venvi  un  p«M  plus  l^t.  les  sympidme^ 
suivants  •  attattepieni,  face  pîle,  lièda, 
sueura  pri^fusef,  «i'odeur  ammciBiiit^ 
cale;  pouls  pot|i  et  fréquent;  tem- 
pérature normaie  ;  oppression  ;  tous 
sèche;  e^puitian  cuntipu^ilo  (!»- sa- 
live ;  iH^ugeur  do  \;\  bouche  et  dn 
pharynx  ;  rien  (\e  particulier  |i*ei( 
couslaté  ni  à  la  percussion,  ni  à  l'aus- 
cultation. On  prescrit  de  U  liroqi|ado, 
une  potion  {^ntispaamodique  et  4^  ai-> 
naiiismes. 

Les  mêmes  accidents  se  continuent, 
avec  peu  de  changements,  neudant 
toute  la  journée  ;  niais  le  lendemain, 
Tamélioration  est  sensible.  Le  mieux 
s'est  prolongé  pendant  toute  la  nuit; 
le  resserrement  épiga;itrique  n'a  paa 
disparu. 

Les  jours  suivants,  l^uélioralion 
se  prononce  davantage  ;  ^n  vouiiiirest 
administré  le  quatrième  jour  à  cauAc 
des  symplûmes  gastriques.  Un  nouvel 
accès  de  suffocation  a  lieu  le  huitième 
jour,  et  est  attribué  à  uqe  odeur  d'am- 
moniaque répandue  par  Tappareil 
resté  dans  le  voisinage  ;  mais  cet  acci- 
dent ne  se  répète  pas  et  le  malade 
entre  ep  voie  de  guerison. 

Les  cas  d'empoisonuenent  par  le 


-  979  — 


nniAnûiQ  tout  assez  rar««  pour 
^^  laisse  pas  passer  ioa perdus 
C|iii  peuvent  se  primer.  Od 
^e  jusqu'Ici,  dans  les  uuvrages 
l«  classiques  que  deu](,  repro- 
^leoDent  dans  |6  mémoire  de 
MaQi  qui  déclare  aussi  u'en  pas 
lire  d'autres.  Le  premier,  ob- 
par  Njfsten,  es(  iiré  de  la 
{•  nkédicale  (^e  iqnté  du  SI  mai 
et  If)  second  de  la  l^evMe  W  - 
de  mô  (t.  1,  p.  '2&'\\.  Il  est 
1er  qu'on  ne  sesoiipas  Muvonu 
lis  relatés  par  Fédéré  cl  par 
,  rappelés  p«tr  M .  Ci*.  G«Uier 
ion  Traité  de  toancologie  (l.  |i^ 
),  et  des  deux  observations  pu- 
Mr  ce  dernier  auteur.  Dans 
1  elles,  il  est  vrai,  deTaramo- 
I  liquide  avait  été  lalroduite 
a  iMuche  en  roème  temps  qu'il 
I  eu  inhalation  excessive  de  v«- 
maiS)  dans  l'autre,  les  vapeurs 
nificales,  résultant  de  la  rupture 
laeoa  contenant  50  llvrtis dam* 
que,  n'avaient  pénétré  dans 
ïBàie  que  par  les  voies  respira r 
Les  jours  du  sujet  furent  mis 
nent  en  danger, 
ime  ledit  très -bien  M.  Gastan, 
énomeues  symptomatiques  sont 
!mes,  queTammuniaque  sa|t  py^ 
ar  les  poumons  ou  par  les  voles 
ives;  le  gaz  etit  assez  caustique 
produire  dans  la  bouche  et  la 
autant  d'inflammation  que  le 
[fi  de  )'j)n)qioaiac|ue  liquide^ 
es  cas  Qilés  par  B|,  îîaltttT^  lesi 
Hises  nasale  et  labiale  étaient  dé- 
(  ;  une  grande  quantité  de  mu- 
(  SAngijioolentes  9'éGûala\epi  d\\ 
de  la  bouche.  La  langue  était 
ilK§  d*çpithé|iutt.  Mj^is  pourr 
demande  M.  Gastaoj  une  con- 
SB  douloureuse  à  l'épigastre 
\e  poison  n'a  pas  été  ingéré  9 
confrère  ne  se  contente  pas  dû 
et  sympathique  »,  et  il  a  bien 
.  11  croit  seulement^  sans  vou- 
mner  Texplication,  que  ce  phé  • 
le  se  raltachje  aux  angoisses  res- 
ires et  a  son  siégç  dans  le  dia- 
ne.  Nous  ne  savons,  et  on  peut 
a  remarqua  qu'on  le  retrouve, 
I  moins  marqué,  dans  d'autres 
salions  pi\r  .les.  g]i)%.  nu^mme^t 
eide  carbonique!  îjais  une  re- 
vient k  réspm  !  Est-on  bien 
e.  Blême  (HiNW'fiflica»o|k  Tarn- 
que  est  inhalée,  elle  n'esi  pas 
Dgérée?  Uoa.ç^ajjye  ^o)(jaiie.em- 
boucbo.  et  Té*  m^tiadê,  Tait' des 
eoBlinus  de  déglutition.  Gom- 


ment Vammoniaque  ne  serait-elle  pas 
avalée  ? 

L'auteur  est  frappé  dSine  autre 
particularité  :  i^'est  l'immunité  appat- 
rentO'des  bronches  et  des  poumons 
chez  son  malade.  Il  en  a  été  de  même 
dans  une  des  observations  de  M.  GaN 
lier:  mais  dans  l'auire,  oh  le  sujet 
succomba,  raulopsie  révéla  des  signes 
d'une  vive  phlegraasie  dans  l'aibre 
respiratoire  jusqu'aux  plus  petites 
ramiticrilions;  on  y  note  même  des 
fausses  membranes '(?).  L'observation 
de  IVystep  a  fourni  des  résultais  né? 
crosGopi:|ue8  analogues.  Toutefois, 
nous  inelinons  à  croire  que  la  vio- 
lent*) constriction  du  larynx  sousTac- 
tion  du  gaz  irritant  empêche  en 
grande  partie  celui-ci  de  pénétrer 
plus  avant  ;  et  peut-être  faut- il  attri- 
buer à  Tasphyxie  une  partie  des  lé- 
sions constatées  à  l'antupsie  dans  les 
bronches  et  dans  les  poumons.  (Alont* 
pether  médica',  novemliire  1870,  et 
Qaa.  hebtt.,  1811,  n«  lu.) 

Traitement  du  létan«is  par 
le  chloral  M.  Destival,  élève  en 
médecine,  rapporte  M.  Liégeois,  fut 
blessé  à  Moulmédy  par  un  éclat  d'obus 
qui  lui  enleva  le  tendon  d'Achille.  Au 
dix^liuitlème  jour  de  la  ble>sure  le 
tétanos  se  dérlara  ;  huii  jours  après 
Tapparition  de  cette  complication,  on 
observa  une  contraclioii  Irès-violmle 
des  muscles  Ihoraciques  qui  dispa- 
raissait et  repiiraiÂsait  «  ces  muso^^^set 
le  dtapliragine  étaient  tr'esrdouloureux. 
J'allai  voir  M.  Ueslival,  et  j'emportai 
avec  moi  du  chloral  fourni  par  Kon- 
tfiine  (de  Paris).  Le  trii^mus  e.xisiait; 
insomnie  complète  depuis  cinq  ou  six 
jo^F8.  Déjii  le  çhlcur^l  ^vait  é^é  em- 
ployé à  la  dose  de  8  grammes  par 
jour  et  sans  succès;  on  avait  égale- 
ment administré  Vupium  et  l^acétato 
d'ammouiaque.  Je  donnai  o  grammes 
4e  chloral.  et  le  malade  dormit.  A 
partir  de  ce  moment,  pendant  huit 
joorSy  dès  que  le  malade  s'éveillait, 
on  lui  donnait  du  chloral  et  du 
bouillon  La  moelle  restait  donc. com- 
plètement en  repos.  La  dose  fut  de 
6  à  10  grammes  de  chloval  par  jour. 
Je  revis  le  malade  dix  jours  apr<ïs  le 
commencemeutdu  Iraiiement  :  il  avait 
du  délire;  je  fis  cesser  le  chloral,  et 
le  délire  disparut.  Le  malade  est  au- 
jourd'hui guéri. 

M.  Guénioi  a  vu  un  cas  de  tétanos 
terpiiné  oar  la  guérison  chez  un  sol- 
dat blesse,  li»  2  décembre,  fi  l'avant - 
bras  droit.  Dès  le  onzième  jour  dt*.  U 


—  m)  — 

blessure,  insomnie  et  soubresauts  Kncore  la  poudre  d«  cam- 
fnusculaires  dans  Tavant^bras.  M.  .  phre  dans  le  tralcement  de 
Daavé  fil  des  injecUons  de  morphinii     la   peurrltnre  d'hôpital.   De- 

qui  procurèrent  du  sommeil^  mais  ne  puis  sa  prernière  communicalion  faite 
firent  pas  cesser  les  soubresautsl  Au  '  sur  ce  point  important  de  thérapea- 
qiialorziëroe jour,  tétanos.  M.  Dauvé  tique  cbirurgicale ,  commun ieatioB 
enleva  des  esquilles  et  donna  le  ctUo-".>  dont  nous  avons  rendu  compte  dans 
rai  à  la  dose  de2  grammes.  Le^ptaié-  notre  dernière  livraison,  M.  le  dœ- 
nomènes  tétaniques  cessèrent  de. s*ac-  teur  Netler  ^  adressé,  à  TAcadémie 
croître  ;  mais  il  restait  toujours"  de  dès  sciëiices  uYie  nouvelle  note  conflr- 
la  roideur  des  mâchoires.  Jusqu'au  malive  de  la  première.  L'auleur  y  in- 
25  décembre  on  donna  le  ehloral;  ie     dique  quinze  nouveaux  succès,  dont 


■  1.  < 


grammes  de  ehloral  :  aroeKo^  '  iiroigÏDem 
ratioft.  i*oi8>je  prescrivis  2- gramvaes-- cation v 
de  poudre  de  Dower  pendant  quatre  Nous  avons  tenu  à  insérer  ^anf-re- 
jours  :  sueurs  très-abondantes.  Le  .  tard  ce  complémenjf  donné  par 
14  janvier,  le  màtadê  élàil  guîéri '^è"'  M.  Néttllr^à  dà  cottiTniîiiicatiôn  précc- 
son  tétanos.  Les esquitlesavaltnt'j^é^^  "d^têi^ >Bfîn"'d'^ligtfg^r' n<^  cOflffrbn>s 
terminé  les  soui)resHui^.:«MisculaH'e8=.i:i  «Mimtttre,  è.  iV),co«siott,  le   moyet 

'^bqporabi^ 

mililalrc 

leur  propre 

culiëre  de  tétanos  qu'iila  m^icatiûiL;  eapéHeoee,  <t  à  en  ;fiiire^eoirnàUre'i«B 
\Soc.  de  chir.,  séance  du.  15  féiv..da:B;s .  ;  T^Kit||f)t§^,.  {^Comptes  KBnflu;t  hebd.  de 
Ga»,  hebd,)  l'Accul,  des  sciences AHTI.  n^  M,) 


'1' 

''■  ■'•';:■   T.  ■'  -•■•■■   ■  '!'•    ".:'  '/'ji   ^^'.'*■^   'cf'''.' '-'ti       '--v  '■  ':<:^'"- 


I 


VARIÉTÉS 


.'    •  ■:  ■     t-  •:■,  -     •  ■       :>■  f.  ■■.  .' ■ '.     »r;.«i    '■  i/î".  .'.il-  '''      '•  v*^  In.i.  i 

•       '      :;       ■    ■     .  .  .  '.     -  ■ .  =    I  I  -.  1 ...'.'  ■      •!;.•'  I  ;l  .■»!'■  » 

Hyslène  publique.  —  Itaiiport;  «nr  Mm  4^Hintéeiîondem  Ï6cmn\  mt- 
feelé0,  durant  le  «légév' auk  perftonriéii  aticttii«f«  àc  WalnWl'éîi 


coutil  ffleu  «en. 


;  'i      .-   •    :1  .  ■■■  ■•.■>;  ;'i  VI. 


(Commissaires:  uif.  Bussy,  Laugicr.  Né.lston  ;  r^^en^  rapporleur>) 

L'Académie  noas  a  chargés,  Ulf .  Bussy^  Latigiér,  Nélaton  et  moi,  de  loi 
soumettre  les  moyens  d'assainir  les  divers  locaux  qui,  à  titre  d*ambulaooes, 
d'infirmeries  temporaires,  etc.,  durant  le  long  siège  de  Pans^  ont  rtçti  le» 
personnes  atteintes  de  maladies  iHfèclleuses.  -'' 

Depuis  assez  longtemps  déjà,  on  admet  que  ces  affections  sont  traiismissibl 
par  des  êtres  vivants,  germes,  spores  ou  ferment»,  de  roiorophytes  on  de  ml 
crozoaires  ;  aussi,  les  efforts  de  la  science  se  sont-ils  dirigés  vers  les 
chimiques  susceptibles  d'attaquer  ces  organismes  rudlmentaires  et  de  détrni 
leur  vitalité,  afin  de  prévenir  ou  d'arrêter  la  transmission  des  maladies  conta 
gieuses. 

Dans  plusieurs  séances  du  Comité  consultatif' d'hygiène  et  do  service  mé — 
dical  des  hôpitaux,  les  moyens  à  employer  pour  atteindreine  but  4)nl  été  expo 
ses  et  soumis  à  des  discussions  approfondies,  que-  iiott.'paarra  consulter  dan 
les  procès -verbaux  de  ces  séances.  '  '•'^  ■!'!.''' 

Mettant  en  parallèle  le  chlore  et  les  hypochîèrttc^;  î|iii"^(îctuenl  une  désii^ 
feclion  véritable  en  décomposant  les  gaz  infects,  et  l'acide  phénique  d'applv  " 


—  281    - 

cation  plus  récenle,  qui  prévient  ou  arrêlc  les  fermentation;^  putrides  en  dé- 
truisant la  vitalité  des  êtres^  agents  principau!^  dej.ceiS  fermentations,  on  a 
comparé  les  effets  obtenus  avec  ceux  que  Ton  pouvait  attendre  4'agents  chimi- 
ques 1res -énergiques^  oxydants  ou  vénéneux,  capables  de  brûler  oii  dé  faire 
périr  les  roicrophvtes  f^t  microzoaires.      .  .. 

-  De  son  cdté»  une  c«immi8:iion  spéciale  >a;- été  chargée,  (lar  la  direction  de 
l*Assi$tance  publlquéi  dîè"pré(jiàtér' ort  traVa^lisurles  tnesùi^s  à  prendre  au  mo- 
ment de  rendre  au  service, g'é()éraV  les  saitles  affectées  aux  cholériques  de  l'épi- 
4émle  en  i«C5  et  1866^  ;  ;    .  v  ;       .      \ 

M.  J.  Regnaald,  directeur  de  la  Pliarmàcié  oeiifralé,  membre  de  l'Académie 
1de  médecine,  fut  nommé  rapporteur  de  lâi  8oàs-cônimis$iion,  et  invité  à  résu- 
jner,  soys  la  formc^ conrisf>\  f^l^^,  jij^tructlonj.  les  pf /[;s,?i:ipM6its  relatives  les 
unes  à  l'assainissement  des  localilÔK^Ies^autPes  ayant  pour  but  de  purifier  les 

;  G'e&%ilel>n$embJife  fe  ^^^^J;Jés|;r^  que  nous  allons 

/Mlrair»-  les  .roQygQs.qnivseiQ^lQfil.fiiiQir  ei|.iej(pliLt&  id9  salaces  ;  et  d'abord^  nous 

lies  dans  les 

les  locaux 

personnel 

-^es  infirjiiers  diairgè.  de  la  désinfectioitide^  ôlïjets  de  literie  a  été  générale- 
ment éxeatpt  dès'^ttdhtes  dû  1^^  en  faveur 
des  moyens  ator^  adoptes,' et  inîs  en  pratique  depuis  lors,  pour  assainir  les 
locaux  dépendants  de  l'assistance  publique  où  avaient  été  reçus  les  varioleux  ; 
ensuite  nous  ferons  connaUre  un  fainf^s- remarquable,  démontrant  l'action 
non  désinfectante  directement,  mais  antiseptique  de  lacide  phénique,  constatée 
par  unacommission  du  conseil  d'bygiènèiiiublique  et  de  salubrité  du  •  éparte- 
raent  delà  Seine^  dans  une  occasion  oh  tous  les  autres  moyens  désinfectants, 
notamment  le  chlore  et  les  hypochlorites,  avaient  échoué. 

An  nombre  et  au  premier  rang^  des  agents  destructeurs  qui  peuvent  atta- 
qaeret  détruire  les  gerip^s  jqfej^ti^u^^^ôn  pjest,  j^ccordé  à  recommander  Tacide 
bypo-azotique,  parce  que,  dans  son  action  énergique  en  se  réduisant  lui- 
même  à  l'état  de  gaz  bioxyde  d'azote  neutre^  celui-ci  emprunte  aussitôt  à 
l'air  ambiant  de  Tespacé  clos  deiix  éqiiivâlents  d'oxygène^  se  reconstitue  à 
rélat  de  vapeur  nitreuse  acide  et  reprend  son  énergie  première.  Ces  transfor- 
OMtions  se  répètent  un  grand  nombre  de  fois,  tant  qu'il  rtste  dans  le  local  des 
ittbslances  organiques  à  détruire  et  dans  l'air  continé  de  l'oxygène  libre. 

Toutefois,  on  ne  saurait  méconnaître  que,  l'emploi  des  produits  donnant 
lien  à  la  production  d'abondantes  vapeurs  nitreuses  corrosives,  très-vénéneuses 
pour  Thomme,  de  grandes  précautions  doivent  être  recommandées  aux  gens 
chargés  de  ce  travail. 

Avant  de  procéder  au  dégagement  des  vapeurs  nitreuses,  on  doit  calfeutrer 
soigneusement  avec  des  bandes  de  papier  collé  tous  les  joints  des  croisées  et 
des  devantures  de  cheminées,  et  plus  particulièrement  encore  les  issues  qui 
pourraient  communiquer  avec  des  chambres  habitées. 

Pour  chaque  lit  et  l'espace  correspondant  d'environ  30  à  40  mètres  cubes^ 
on  emploiera  les  doses  suivantes  : 

Eau 2  litres. 

Acide  azotique  ordinaire  du  commerce. .    1500  grammes. 
Tournure  ou  planure  de  cuivre 500       » 


-  M«  - 

On  aura  dispoài^  d'avance,  (tour  ces  doses,  autant  de  terrines  d'titie  coblè^ 
nance  de  8  à  10  litres^  qu'il  y  aura  de  lits  ou  de  ca]}acité  de  ^  à  40  ttbtftt 
cubes  dans  le  local. 

On  versera  dans  chaque  terrine  Teau  et  l'acide. 

Gommençani  alors  par  la  terrine  la  plus  éloignée  de  la  porte  laissée  lafge-» 
ment  ouverte,  on  posera  successivement  dànn  chacune  des  terrines,  sans  tfop 
de  précipitation,  les  500  grammes  de  tournure  de  cuivre,  enrérmé&  dans  ùfl  IM 
de  papier  grossier,  et  en  se  rapprochant  de  la  ^orle.  Celle-ci  sera  auéiltAt 
fermée,  puis  calfeutrée  avec  soin. 

Les  choses  seront  laissées  en  cet  èlat  pendant  quarante-huit  heot*eâ. 

On  comprend  que  les  réactions  de  l'acide  Sur  le  calvrë  donnant  lîeii  âi  la 
formation  de  l'azotate  de  cuivre  et  du  bioxyde  d*azote^ 

4  (AzQS.IlO)  +  Cu  =  S  (AzO»,(îuO;  +  4HÔ  +  AzO^ 
ce  gaz,  transformé  aussitôt  par  l'oxygène,  remplit  l'espace  de  vapeurs  ni- 
Ireuses  rutilantes,  ÀzO^.  Lorsqu'aprës  avoir  laissé  réagir  pendant  quarante* 
huit  heures  cotte  fumigation,  on  veut  ouvrir  les  fenêtres,  afin  delaisier  sof' 
tir  les  vapeurs  délétères,  cette  dernière  opération  pourra  s'effectuer  bim 
danger,  mais  à  la  condition  Je  munir  l'opérateur  d'un  appareil  Galibert*  CM 
ingénieux  appareil  a  élé  maintes  fois  employé  avec  succès  dans  des  oiroonstat'* 
ces  analogues,  depuis  que  l'Académie  l'a  signalé  à  l'attention  pttbliqMt  es  éè* 
cernant  à  rinveuteur  une  des  récompenses  de  la  fondation  Montyon.  On  saM 
qu'a  l'aide  de  l'appareil  Galibert  il  est  facile  de  pénétrer  dans  Ira  méltngsi 
gazeux  insalubres  ou  toxiques,  et  d'y  ajourner  pendant  un  quart  d'heurti 
même  en  y  travaillant,  sans  que  la  respiration  alimentée  par  un  résenroir  d'air 
.su fusant  y  éi^rouvc  une  génc  sensible. 

Un  procédé  d'assainissement  de  semblables  locaux,  d'une  exécution  bfitt 
plus  facile,  bien  moinn  dangereuse  et  moins  dispendieuse,  parait  offrir  dii 
garanties  d'efficacité  aussi  grandes,  fondées  sur  des  expériences  démonstra- 
tives. On  le  réalise  par  l'emploi  de  poudre  siliceuse,  ou  même  de  aoiare  dt 
bois,  imprégnée  d'un  tiers  de  leur  poids  d'acide  pbéoique  pur. 

Ce  mélange,  1  kilogramme  d'acide  phénique  plus  3  kilogrammes  d'excipiant 
placé  dans  des  terrines  disposées  comme  nous  venons  de  le  dire>  suffit,  en 
vertu  de  la  diffusion  de  cet  acide  faible,  pour  remplir  spontanément  Tespaai 
de  sa  vapeur,  qui  manifeste  bientôt  sa  présence  dans  toutes  lea  parties  de  la 
salle,  par  son  odeur  assez  forte  et  caractéristique. 

On  a  pu  même,  eu  en  ménageant  les  doses,  employer  cet  acide»  disaitu 
dans  vingt-cinq  à  trente  fois  son  poids  d'eau,  en  aspersions  joarnaliëres  sar 
le  sol  des  chambres  ou  salles  des  ambulances  et  les  draps  des  lits  dea  maiadast 

Un  très-grand  nombre  d'expériences  de  ce  genre,  faites  sur  une  vasH 
échelle  dans  plusieurs  villes  d'Angleterre,  oui  montré  la  diminution  oa  la 
cessation  de  certaines  épidémies  locales,  coïncidant  avec  l'appliealiou  deae 
procédé  ;  ces  résultats,  communiqués  par  M.  Grâce  Galvert  au  cuttseil  d'hy<* 
gièue  publique  et  de  salubrité  du  département  de  la  Seine,  s'accordait  d'aiK 
leurs  avec  les  faits  nombreux  rapportés  par  M.  le  docteur  Julea  LemitAtt, 
mettaient  en  saillie  les  propriétés  utiles  de  ce  produit  de  la  distillâlioi  dli 
goudrons  de  houille  (1). 

(1)  L'acide  phénique  a  été  désigné  par  plusieurs  savants  qui  se  sont  occtt** 


Mais  enflti  èta  pouvait  toif  danà  c«&  f^iU  pMti  uhe  coïncidence  qu^unê  dé- 
iDonstralion  rigoureuse.  Voici  ub  foit  qui  prouve  Tefficacité  de  ccl  agent  anti- 
septique dans  des  conditions  où  d'autres^  parmi  ceux  qui  étaient  cunsldérés 
comme  les  meilleurs,  avaient  échoué. 

G'étftit  à  roccâ3îon  de  la  désinrectioil  de  la  Morgue  durant  les  chaleurs  de 
l'été,  alors  que  les  cadavres  en  pleine  putréf)iciion  produisent  et  dégagent 
conlinuellemeniuiie  telle  quantité  de  gaz  infects,  quelavenUlatiOri  était  Insuffi- 
Mnte  pour  les  enlever,  comme  le  chlore  et  les  hypechlorites  étalent  impuis- 
sants pour  les  détruire  ou  les  transformer  en  produits  inodores.  Il  ne  restait 
à  tenter  que  le  moyen  de  tarir  dansleui*  source  les  produits  gazéifurmes  de  la 
(Hltréfaotion,  en  détruisant  la  vitalité  de  ses  agents  et  suspendant  ainsi  la  pu- 
tréfaction elle-même;  telle  fut  la  mesure  adoptée  pai^  la  commission  spéciale. 

En  dissolvant  un  litre  d'acide  phénique  liquide  dans  un  réservoir  qui  con- 
tenait t900  litres  d*eau  ordinaire  servant  à  l'irrigation  des  corps,  la  suppres- 
sion de  la  fermentation  putride  a  été  complète. 

La  désinfection  a  même  été  obtenue  lorsqu'on  eut  réduit  de  moitié  la  dose. 

f  Ainsi,  dit  le  rapporteur,  M.  Devergie,  il  a  suffi  d'une  eau  phéniquée  aux 
quatre  millièmes  environ,  pour  obtenir,  durant  les  fortes  chaleurs»  la  désin- 
fection de  la  salle  des  morts,  sans  l'aide  d'aucun  fourneau  d'appel,  alors  que 
six  ou  sept  cadavres  séjournaient  dans  cette  salle.  » 

En  résumé,  il  paraîtrait  donc  convenable  d'employer,  pour  la  désinfection 
des  salles  ayant  reçu  des  personnes  atteintes  de  maladies  infectieuses,  Facide 
phénique  cristallisé  ou  liquide,  blanc,  diaphane  (1),  soit  dissous  dans  vingt- 
cinq  ou  trente  fois  son  poids  d'eau,  pour  humecter  légèrement  de  temps  à 
autre  les  planchers,  parquets  ou  carrelages  et  les  escaliers,  durant  le  séjour 
des  malades  dans  les  salles,  soit  mélangé  à  l'état  pur  dans  la  proportion  d'un 
tiers  environ  àvéC  des  corps  pulvérulents;  silice  ou  sciure  de  bois,  pour  faire 
dégagera  froid,  après  ^évacuation  des  salles  et  durant  quarante-huit  heures, 
dans  nne  salle  bien  close,  assez  de  vapeur  pour  Imprégner  fortement  l'espace, 
sauf  à  ventiler  énergiquement  ensuite  pendant  trente-six  heures  au  moins,  en 
tenant  ouvertes  toutes  les  issues,  avant  de  livrer  ces  locau!ii  à  l'habitation  (2). 


-*■-■•■'■'  '■  -'■•  '     — --  ...--Y. 


pè&  dé  son  étdde  àoUS  les  noms  Muivaiits  :  acide  carboUquet  hydrate  de  phé- 
nyUy  phénol,  atCOOt  phénique,  Spirotj  ialiCone,  M.  Ghevreut,  k  propos  d'une 
communication  de  M.  Calvert  à  l'Académie  des  sciences,  s'est  élevé  contre  ces 
dénominations  multiples.  Ceux  qui  pensent*  a-t-il  dit^  que  les  difficultés 
inhérentes  aux  sciences  naturelles  sont  assez  grandes  pour  ne  pas  les  augmen- 
ter n'hésiteront  pââ  à  blâmer  lèâ  dénominations  irréfléchies  données  à  un 
même  corpâ. 

(i)  L*acide  phénique,  liquide  à  la  température  ordinaire,  incolore,  diaphane, 
que  l'on  trouve  dans  le  commerce,  est  un  mélange  d'acide  phénique, 
Gl^H*0,HO.  cristallin,  fhsible  à  -h  B5  degrés,  et  d'acide  crésylique.  Nous 
nous  sommes  assuré  que  ce  mélange  d'acide  cristallise  lorsqu'on  abaisse  sa 
Isflipératnre  au-dessous  de  zéro. 

(2)  Quant  à  l'assainissement  du  mobilier  et  des  objets  de  literie,  voici  com- 
ment il  s'effectue,  d'une  manière  convenable,  dans  le  service  de  l'assistance 
publique  :  les  matelas,  tvant  d' être  cardés,  sont  soumis  aux  fumigations  ni- 
treuses  dans  les  salles  aux  heures  où  ces  fumigations  doivent  avoir  lieu  ;  les 


-  284  — 

Voici  comment  s'effectuent  actuellement  les  fumigations  chlorées  auxquelles 
on  expose  les  linges,  matelas  et  autres  objets  de  literie,  d'après  les  dernières 
dispositions  indiquées  par  M.  Regnauld. 

Dans  un  sac  de  toile  forte  ayant  une  capacité  de  1  litre,  on  introduit 
500  grammes  de  chlorure  de  chaux  (mélange  d'hypochlorite  de  chaux  et  de 
chlorure  de  calcium  du  commerce,  ordinairement  à  100  degrés)  ;  puis  on  ferme 
solidement  le  sac  à  Taide  d'une  ligature.  Ce  sac  est  mis  dans  une  terrine  con- 
tenant 1  litre  d'acide cblorhydrique  ordinaire  (densité,  1150)  etS  Iitresd*eaa; 
dès  que  le  chlorure  se  trouve  ainsi  graduellement  en  contact  avec  le  liquide 
acide,  on  ferme  toutes  les  issues  de  la  pièce  où  Ton  a  suspendu  les  matelas,  et 
on  les  laisse  exposés  au  dégagement  gazeux  pendant  vingt-quatre  heures;  pois 
on  ouvre  Isrgcment  portes  et  fenêtres  pendant  quarante-huit  heures.  Dix 
terrines  dégageant  500  litres  de  chlore  suffisent  pour  désinfecter  vingt  à 
vingt-cinq  matelas  plus  ou  moins  contaminés. 


Académie  de  MénectKE.  Dans  sa  séance  du  12  avrjl  dernier,  TAcadémie  a 
élu  :  membre  associé,  11.  le  professeur  llartins,  de  Montpellier  ;  et  membre 
correspondant,  M.  le  professeur  Dupré,  de  Montpellier. 


LéGioM  d'homnedr.  Par  décret  du  22  janvier  1871,  ont  été  promus  ou 
nommés  dans  l'Ordre  de  la  Légion  d'honneur,  sur  la  proposition  du  ministre 
de  la  guerre,  pour  services  exceptionnels  : 

Au  grade  d'officier  :  M.  le  docteur  Alphonse  Guérin,  membre  de  TAcadémie 
de  médecine,  chirurgien  à  l'hôpital  Saint- Louis,  et  chef  d'un  service  de  chi- 
rurgie à  l'hôpital  militaire  Saint-Martin  pendant  le  siège  de  Paris; 

Au  grade  de  chevalier  :  M.  le  docteur  Panas,  professeur  agrégé  à  la  Faculté^ 
chirurgien  à  l'hôpital  Saint-Louis,  et  chef  d'un  service  de  chirurgie  à  l'hô- 
pital militaire  Saint-Martin  pendant  le  siège  ;  M.  le  doeteur  Guibout,  médecin 
à  l'hôpital  Saint-Louis,  et  chef  d'un  service  de  médecine  à  l'hôpital  militaire 
Saint-Martin  pendant  le  siège. 

NECROLOGIE.  Mous  avons  le  regret  d'annoncer  la  mort  de  M.  le  docteur  Mi- 
tivié,  médecin  honoraire  de  la  Salpéirière,  qui  a  succombé  le  22  janvier  dans 
sa  soixante-quinzième  année;  et  de  M.  Leblanc  père,  vétérinaire,  membre  de 
l'Académie  de  médecine. 


couvertures,  traitées  de  même,  sont  ensuite  nettoyées  suivant  les  procédés 
ordinaires  de  blanchiment.  Tous  les  objets  en  laine  peuvent,  sans  inconvé- 
nient, éire  immergés  durant  plusieurs  heures,  comme  le  linge,  dans  les  caves 
contenant  1  partie  do  chlorure  de  soude,  représentant  200  degrés  chloromé- 
triques  et  3  parties  d'eau  ;  les  lils  de  fer  peints  à  l'huile,  les  buffets^  tables  de 
nuit,  sommiers,  poêles,  sont  soumis  d'abord  à  la  fumigation  nitreuse  dans  la 
salle  oii  cette  fumigation  a  lieu  ;  ils  doivent  être  ensuite  soumis  ai  un  lavagfr 
avec  la  solution  de  chlorure  de  soude. 


Pour  les  articles  non  signés  :  F.  BRIGHETËAU. 


i 


—  285  - 


THÉRAPEUTIQUE  MÉDICALE 


TrAltenieni  de  l*cpllepflie  ; 

Par  M.  le  docteur  Aoo.  Voisin,  médecin  de  riio^pice  de  la  Salpétriëre  (i). 

La  thérapeutique  de  Tépilepsie  comprend  :  i®  le  traitement  de 
Tattaque  ;  2°  celui  des  accidents  qui  suivent  les  attaques,  les  ver- 
tiges^ etc.  ;  3^  celui  qui  a  pour  but  d'empêcher  le  retour  des  phé- 
nomènes morbides;  et  4°  le  traitement  de  la  maladie  elle-même. 

i®  Traitement  de  l'attaque.  — Dès  le  début  de  l'attaque  il  faut 
placer  Pépileptique  dans  une  position  horizontale,  à  terre  ou  sur 
un  lit  bas,  exhausser  fortement  la  tête,  débarrasser  le  cou  de  tout 
ce  qui  pourrait  le  serrer,  et  éviter  que  le  malade  se  blesse.  Si  Fé- 
pileptique  se  mord  la  langue,  il  faut  s'efforcer  de  la  repousser 
d'entre  les  dents;  mais  il  faut  se  garder  d'interposer  un  morceau 
de  liège  ou  de  bois,  un  linge,  car  on  a  vu  des  épileptiques  dont  les 
dents  coupaient  tout  ce  qu'on  mettait  entre  leurs  dents  et  qui  pou- 
vaient l'avaler.  Si  Fon  met  des  corps  plus  durs^  on  s'expose  à  ce 
que  le  malade  se  casse  les  dents.  Lorsque  la  salive  mousseuse  est 
très-abondante^  il  est  bon  d'incliner  la  tête  sur  le  côté  pour  qu'elle 
puisse  s'écouler  dehors.  Lorsque  Tattaque  est  survenue,  toute  in- 
spiration de  subsistances  excitantes  est  inutile. 

La  compression  des  carotides  a  déjà  été  employée  un  grand 
nombre  de  fois  avec  succès  ;  son  but  étant  d'empêcher  la  conges- 
tion cérébrale  par  atonie  des  vaisseaux  artériels  et  veineux  qui  suit 
la  contraction  des  mêmes  vaisseaux,  on  doit  l'employer  au  moment 
où  l'attaque  va  entrer  dans  sa  période  convùlsive. 

J'ai  eniployé  aussi  avec  succès  deux  fois  un  moyen  que  Brown- 
Séquard  a  recommandé  :  flexion  aussi  énergique  que  possible  de 
l'un  des  deux  gros  orteils. 

Besson  a  relaté  un  procédé  assez  singulier,  essayé  depuis  plu- 
sieurs années  au  manjcôme  de  Rome,  par  Solizetti,  d'après  la  mé- 
thode de  Guido  Borelli  :  avec  l'index  et  le  pouce  de  la  main  gauche, 
il  fait  un  arc  étendu  et  l'applique  contre  les  régions  temporales. 


(1)  Cet  article^  que  nous  devons  à  l'obligeance  de  l'auleui*,  fait  partie  de 
rtrticle  Epilepsie  du  Nouveau  Dictionnaire  de  médecine  et  de  chirurgie  pra- 
tiques (t  XIII),  publié  par  J.-B.  Bailiiërc  et  fils. 

TOMK  l.XXX.  9«  LIVR.  2?> 


puis  il  place  le  pouce  de  la  main  droite  dans  l'espace  qui  est  immd- 
dialemenl  inférieur  à  la  luhciu.'ilc  de  roccipital.  A  Taidc  des  mains 
ainsi  appliquées,  il  exerce  une  compression  vigoureuse  en  ap- 
puyant fortement,  dans  le  canal  sous-occipital,  la  pulpe  du  pouce, 
et  en  la  portant  de  bas  eti  haut  t*t  d'arrière  en  avant.  Ce  mouve- 
ment s'exécute  au  moment  où  les  doigts  de  la  main  gauche  com- 
priment les  régions  temporales,  refoulent  le  crâne  dans  un  sens  op- 
posé à  faction  du  pouce,  et  oMigcnt  ainsi  la  tête  à  décrire  un  arc 
(ie  cercle  en  dehors  et  ep  bas  de  l'axe  spinal.  Solizelti  trouve  Tex- 
plication  des  succès  obtenus  par  ce  procédé  dans  les  propriétés  at- 
tribuc^s  à  la  moelle  allongée.  L*épitepsic  a  son  siège  dans  le  ))u1be, 
et  est  produite  par  une  accumulation  d'électricité  qui  se  fait  dans 
çetie  portion  Je  moelle  ;  la  coni pression  du  bulbe  aurait  pour  effet, 
en  raison  du  mouvement  imprimé  h  Tallas,  d'interrompre  l'accu- 
inulation  du  fluide  et  de  ramener  Téquilibrc  dans  les  centres 
nerveujt. 

La  ligature  fies  membres  a  été  employée  dans  le  cas  de  séries 
d^altaques,  et  dans  le  but  d'empêcher  la  succession  répétée  d'un 
grand  nombre  d'accès.  Ce  moyen  parait  agir  en  soustrayant  rao- 
inentanëment  à  la  circulation  générale  une  quantité  considérable 
de  sang^  et  présenterait  tous  les  avantages  de  la  saignée  sans  en 
avoir  tous  les  inconvénients.  Quoi  qu'il  en  soit  de  rèxjdication,  il 
a  parfaitement  réussi^  entre  autres  dans  un  cas  relaté  par  Piégu. 

{jorsqu'un  épileptique  a  l^habiîude  de  tomber  la  tcte  en  avant, 
il  est  bon  de  )ui  faire  porter  continuellement  un  bourrelet;  lors- 
qni'il  se  luxe  l'épaule  dans  ses  attaques^  bri  s'efforcera  de  nîainle- 
nir  je  bras  le  long  du  tronc  pendant  Taftàque^  ou  bien  on  doit 
fixer  sur  lui  uti  appareil  contejtiHt  des  luxations  de  l'épaule. 

Lori^qu'on  assiste  à  un  î^ccès,  il  faut  s'efforcer  de  prévenir  où  Je 
çlimÎQuer  l*asphyxie.  Or  le  nieilleur. moyen  est,  pour  cela,  de  faire 
inhaler  du  cWorofortne  ,  de  verser  sur  la  face  de  l'eau  froide  et  île 
fléchir  énergiquement  ^n  gros  orteil. 

i*»  Traitement  des  accidents  cotj^écutifs  aux  attaques.  —  Lors- 
que les  attaques,  les  vertigeS;  sont  suivis  de  céphalalgie,  de  stM- 
peur,  de  malaise  général,  il  y  a  avantage  de  donner  des  baios  de 
pieds  stimulants  (Valleix)  ;  si  les  signes  de  congestion  vers  la  tête 
sont  très-marqués,  si  surtout  le  malade  a  eu  un  certain  nombre 
d'dtt&que»  qui  se  sont  ré|)élées  datis  un  court  int€rTalle»  une  appli- 
cation de  sangsues  derrière  lès  oreilles,  à  Tanus  ou  aux  malldofies, 
est  utile,  en  même  temps  qu'il  faut  donner  un  purgatif.  Lorsque 


les  attaques  sont  suivies  de  délire,  d^ëgarément,  d'agitation  Aia- 
Iliaque,  do  fièvre^  on  se  trouve  toNJours  hien  d'appliquer  à  la  nu- 
que, le  plus  haut  possible^  un  vc^sicatoire  que  Ton  doit  cnti'etenir 
pendant  quelques  jours,  de  donner  du  sulfate  de  quinine^  de  la  di- 
gitale^ du  calomel  à  dose  fraclionnée,  et  des  purgatifs. 

Pour  parer  au  délire  maniaque  qui  se  produit  fatalement  chez 
quelques  malades  après  des  attaques  qui  reviennent  en  séries  au 
nombre  de  huit  à  dix,  quelquefois  moins,  j'emploie  avec  succès, 
depuis  plus  de  trois  ans,  à  Bicètre  d'abord,  avec  M.  H.  Liou ville, 
puis  à  la  Salpètrière,  le  curare  k  la  do?e  de  45  centigrammes  cl 
plus.  Voioi  comment  je  procède  :  dès  la  première  alliKjuc  j^injecte 
dans  le  tissu  cellulaire  sous-cutanc  de  Tavant-bras  cette  dose  de 
curaro  en  solution  bien  filtrée  et  bien  claire  ;  je  répète  la  dose 
pendant  les  jours  suivants  ;  je  la  porte  même  à  plus  de  3  déci- 
grammes,  et  je  la  donne  chaque  jour,  tant  que  le  malade  conserve 
un  peu  de  stupeur  et  de  vague. 

J'ai  observé  qu'avec  ce  traitement  ces  malades  n'avaient  plus  de 
fièvre,  d^agitation  maniaque  ou  ne  présentaient  plus  que  de  l'in- 
cohérenoe.  Deux  fois,  pendant  une  période  de  quinze  mois,  je  n'ai 
pas  donné  de  curare  à  une  des  malades  ainsi  traitées,  et,  ce.^  deux 
fbis^  la  malade  a  été  prise  d'un  accès  de  manie  des  plus  intenses. 

Le  curare  m'a  présenté  aussi  cet  avantage  d'empèclier  la  cépha- 
lalgie^ qui  survient  si  constamment  après  les  attaques  ;  un  malade 
ne  88  plaignait  plus  d'un  sont:iment  très-douloureux  de  constric- 
tien  de  la  tête,  qui  suivait  auparavant  lès  attaques. 

J^ai  aussi  noté  à  Bioètre,  et  le  fait  a  été  aussi  observé  par  le  doc- 
teur Bécouket,  fuo  les  épilepti(]ues ,  soumis  au  traitement  par  le 
bromure  de  potassium^  ont  ti*ès-rarement  du  détirc  après  leurs  at- 
taques. 

3«»  Praitsinên^  qui  a  pour-  hut  à^empêckar  le  retour  des  phéno- 
mèneit  morbides,  —  L'épileptique  doit  éviter  toute  espèce»  d'excès, 
toQFt  édart  de  régime;  la  venue  d'attaques  n'a  pas  souvent  d'autre 
cause.  On  a  dit  que  la  vue  d'accès  cbei  des  malades  pouvait  en  pro- 
dviro  ches  d'autres  ;  je  n^ai  jamais  observé  le  fait  dans  mon  ser- 
vice de  Bicètre,  mais  je  l'ai  observé  sur  une  femme  du  service  d'é- 
pileptiques  de  lu  Salpêtrière. 

Il  ne  suffit  pas  de  dire  à  un  épileptique  ce  qu^if  doit  faire  *,  on 
ptiescrira  ce  qu'il  ne  doit  pas  faire  :  ainsi  l'épileptique  ne  doit  pas 
prendre  des  aliments  excitants  ou  des  alcooliques  ;  rester  à  une 
température  élevée,  dans  une  atmosphère  confinée  ;  se  tenir  xvcv- 


—  288  - 

mobile»  expose  à  un  soleil  ardent  ;  fumer^  et  surtout  la  cigarette  ; 
s'adonner  à  l'onanisme,  aux  rapprochements  sexuels  ;  prendre  des 
bains  de  mer,  ni  même  séjourner  sur  le  bord  de  la  mer.  L'épilep- 
tique  doit  en  outre  s'efforcer  de  se  rendre  la  vie  calme,  dégagée 
dVmotions  et  de  passions. 

Lorsque  Tattaquc  d'épilepsie  est  précédée  de  prodromes,  d'auras, 
tels  que  sensations  périphériques,  cpigastriques,  bourdonnements 
d'oreille,  hallucinations,  on  a  cherché  souvent  a  en  empêcher  l'ex- 
plosion, mais  on  y  est  rarement  parvenu.  Cependant^  dans  le  cas 
d'aura  dans  une  partie  éloignée  des  centres  nerveux,  on  a  réussi 
quelquefois,  en  plaçant  une  ligature,  en  exerçant  une  compression 
entre  ce  point  et  les  centres  nerveux. 

Les  procédés  les  plus  divers  ont  été  employés  dans  ce  but  par 
les  épileptiques  :  une  ligature  un  peu  forte,  manœuvrée  quelque- 
fois en  garrot,  et,  mieux  encore,  suivant  le  conseil  d'Odier,  deux 
bracelets  en  acier  pouvant  être  serrés  par  un  seul  cordon,  et  pla- 
cés à  des  hauteurs  différentes  ;  chez  une  jeune  fille  à  début  par  l'ex- 
trémité inférieure  du  corps,  une  jarretière  portée  toute  la  nuit  a 
paru  avoir  une  heureuse  influence  ;  quelques  malades,  pendant  que 
la  crampe  est  encore  bornée  à  la  main  demi  fléchie,  en  appliquent 
la  face  palmaire  sur  une  surface  plane,  et,  de  l'autre  main,  pressent 
fortement  sur  le  dos  de  celle  qui  est  atteinte  (Herpin). 

Les  frictions  sur  les  parties  où  existe  Taura,  sont  encore  une  res- 
source instinctive  que  Ton  peut  employer  avec  ayantage.  Herpin  a 
vu  un  épilcplique  chez  qui  la  convulsion  commençait  à  la  base  de 
la  langue,  et  qui  pouvait  faire  avorter  ses  accès  par  une  contrac- 
tion des  antagonistes  des  muscles  convulsés.  Le  militaire  cité  par 
Odier,  dont  Pépilepsie  dépendait  d'une  tumeur  cérébrale  traumft- 
tique,  empêchait  ses  attaques  au  moyen  d'une  ligature  qu'il  ser» 
rait  autour  du  bras  droit,  lorsqu'il  éprouvait  des  crampes  dans  h 
main  correspondante. 

Broca  a  présenté  à  l'Académie  de  médecine  de  Paris,  en  i868, 
un  appareil  compresseur  imaginé  par  Rozier  (de  Bordeaux),  et  em- 
ployé avec  succès  sur  un  épileptique  dont  les  crises  étaient  annon- 
cées par  une  aura  se  manifestant  dans  l'index  droit. 

L'inspiration  d'odeurs  fortes  (ammoniaque,  tabac)  donne  quel- 
quefois les  meilleurs  résultats  lorsque  les  malades  sont  prévenus 
par  une  aura  de  leur  atta(|uc.  J'ai  pu  aussi  empêcher  TexplosioD 
d'attaques  chez  des  malades  qui  en  étaient  prévenus  par  des  auras 
épigastriques  d'une  durée  de  près  d'une  minute,  en  leur  faisant 


—  â89  - 

manger  une  ou  deux  bouchées  de  pain.  En  particulier,  chez  un 
malade  dont  les  auras  et  les  attaques  survenaient  le  plus  souvent 
aussitôt  après  son  lever^  alors  qu'il  était  à  jeun,  Tingestion  d'ali- 
ments a  suspendu  ces  auras  et  ces  attaques  du  matin. 

Je  citerai  seulement  pour  mémoire  le  fait  singulier  d'un  ma- 
lade de  Bicêtre,  sur  les  épaules  duquel  il  suffisait  de  monter^  au 
moment  de  Taura,  pour  empêcher  Tinvasion  de  l'attaque. 

L'épilepsie  qui  survient  périodiquement,  au  moment  des  règles, 
par  exemple,  ne  peut  que  bien  rarement  êlre  arrêtée  par  des  mé- 
dicaments antipériodiques,  mais  il  est  bon  d'augmenter  notable- 
ment la  dose  du  médicament  aux  époques  des  règles. 

La  suspension  des  attaques  périodiques  par  le  moyen  du  quin- 
quina a  été  l'objet  de  recherches  intéressantes  de  la  part  Je  Du- 
mas. CSet  auteur  avait  pensé  que^  si  l'on  pouvait  rendre  l'épi lepsie 
périodique^  il  serait  possible  de  la  guérir  par  les  anli  périodiques. 
C'est  dans  ce  but  qu'il  faisait  prendre  périodiquement  des  alcooli- 
ques pour  provoquer  les  crises  ;  puis  il  suspendait  l'usage  des  al- 
cooliques; la  maladie  conservait  sa  périodicité  n^gulière,  et  il  ia 
traitait  par  le  quinquina. 

4*  Traitement  de  Vépilepsie  elle-même,  —  On  doit  toujours  sup- 
poser, surtout  lorsqu'il  s'agit  d'un  entant  ou  d'un  adolescent,  que 
la  maladie  peut  être  produite  par  la  présence  d'entozoaircs^  d'un 
tœnia  dans  l'intestin,  cl  par  conséquent  il  faut  administrer  des 
vermifuges.  Nombre  de  faits  prouvent  que  l'on  a  souvent  ainsi 
guéri  des  malades  chez  lesquels  on  ne  soupçonnait  pas^  au  pre- 
mier abord,  une  semblable  cause. 

Le  traitement  antisyphilitique  est  aussi  celui  que  Ton  doit  em- 
ployer avant  tout  autre^  lorsque  l'épilepsie  est  survenue  à  partir  de 
Tadolescencc  sans  avoir  été  précédée  de  phénomènes  de  nature  épi- 
leptique;  il  sera  bon  certainement  d'examiner  si  les  organes  géni- 
taux externes  présentent  quelque  trace  de  syphilis  ;  mais  l'infection 
pouvant  n'avoir  laissé  aucun  signe  extérieur,  il  ne  faudrait  pas  se 
fier  à  Pabsence  de  symptômes  cutanés  ou  muqueux,  ou  ganghon- 
oairesy  pour  rejeter  l'idée  d'infection  vénérienne  et  ne  pas  em- 
ployer le  traitement  spécial. 

Les  observations  de  Tissot^  Locher^  Maisonneuve^  Veigel,  Cul- 
lerier^  Hardy  et  Ricord^  démontrent  bien  que  l'on  ne  saurait  trop 
porter  son  attention  sur  la  possibilité  de  l'infection  syphilitique.  Et 
puis,  dût-on  se  tromper,  un  traitement  anlivénérien  n'offre  par  liiii- 
même  aucun  inconvénient. 


^  990  — 

Le  Iraitemeut  4u  haut  nouai  n'est  pas  eeuleioent  thérapeutique, 
il  est  aussi  hygiénique,  et  Thygiène  des  épileptiques  doit  être  UM 
spécialement  surveillée.  Les  habitudes,  les  mœurs,  la  profesttion 
doivent  être,  en  effet,  l'objet  d'une  attention  scrupuleai^e  de  la  part 
du  médecin  ;  la  vie  de  rëpilepliquo  doit  être  calme,  eiemptcd'émo- 
tioni$,  de  préoccupations^  de  contrariétés,  de  causes  d'excitation, 
de  grands  travaux  intellectuels  ;  un  régime  uniforme,  même  mo- 
notone, une  alimentation  modérée  ,  la  continence  absolue,  lu  so- 
briété^ l'abstinence  du  vin  pur,  de  café ,  de  Ihé^  de  bière  sont  de  la 
plus  grande  importance. 

Tout  exercice  exagéré  est  mauvais  ;  mais  les  exercices  modérés^ 
et  en  {>arliculier  la  gymnastique  dite  de  chambre^  constituent  un 
bon  moyen  de  traitement  ;  les  bains  de  rivière  sont  mauvais  en  ce 
sens  qu^un  épilepliquu  peut  se  noyer  pendant  un  accès.  Une  bonne 
hygiène  du  corps  et  de  l'esprit  est  une  des  choses  qui  sont  les 
plus  nécessaires  à  l'épileptique  et  qui  peuvent  le  mieux  aider  à  la 
gucrison  en  diminuant  l'irritabiliié  morbide  du  malade. 

Quant  à  la  thérapeutique  proprement  dite  de  l'épilepsie,  elle  est 
entrée  depuis  une  vingtaine  d'années  seulement  dans  i|ne  voie 
certaine.  —  Afiirmée  à  cette  époque  par  Herpin  (de  Genève),  le  pre- 
mier, la  curahilité  de  l'épilepsie  est  devenue  aujourd'hui  une  cer- 
titude. 

C'est  au  bromure  de  potassium  que  Ton  doit  maintenant  les  plus 
nombreux  succès.  Employé  pour  la  première  fois  en  Angleterre^ 
par  Laycock,  en  i8ô3,  ce  sel  a  été  d'abord  employé  en  France  par 
Bazin,  Hardy,  et  a  donné  de  beaux  succès  entre  les  mains  d'us 
grand  nombre  de  médecins. 

Le  bromure  de  potassium  doit  être  pur,  exempt  d'iode  et  de 
chlore.  Il  doit  être  donné  quelques  moments  avant  le  l'epas^  à  des 
doses  variant  de2  à  iî  grammes  et  plus  par  jour^  et  très-lentement 
progressives  ;  mais  comme  les  doses  à  employer  peuvent  varier 
beaucoup  chez  les  individus,  suivant  Tàge,  la  constitution,  la  force, 
j'emploie  depuis  plusieurs  années  un  moyen  qui  m'a  donné  ks 
meilleurs  résultats  et  qui  consiste  dans  Teiamen  de  l'état  de  la 
nausée  réflexe  que  l'on  produit  en  introduisant  une  cuiller  jus- 
qu'à Tépiglotte.  J'ai  remarqué  que  l'on  n'était  réellement  arrivé  à 
la  dose  thérapeutique  du  bromure  de  potassium  que  lorsque  Ton 
avait  supprimé  la  nausée  réflexe  ;  c'est  seulement  alors  que  Ton  est 
certain  d'agir  sur  le  bulbe  cl  de  diminuer  sa  foi-co  excito-motrioe. 
J'ai  été  assez  heureux  pour  voir  ce  critérium  d'action  tbérapeH- 


iiqmin  hromuro  do  pûlafisiuni  $p{irouvé  par  M.  Cl.  Bç)'i)9tr4  4fW^ 
4f|«  leçons  au  Gollégo  de  France.      . 

L'iilpdi)  d'aMU'Câ  phënomèncs  réflexes,  tels  que  \e  l^vmoicimei^t, 
)a  touxj  réleriiumânti  parn^el  austii  de  suivra  i'acUû^i  du  mé^ïçs^r 
mcmi  sur  le  buibe  çt  la  n^oella  épiniàro. 

Lorsqu'on  a  supprime  la  nauléq  réflefie^  If)  médicaïue^U  jfm  ivii 
plus  être  augmenté,  mais  il  duil  ù\\a  douu^  avec  perràdv^rance  ci 
continuité  pendant  des  années  eqlj^res,  lori»4i)e  la  iT)alaç|ie  s^i^^q^r 
liore  ou  guéri l.  Au  bout  de  deux  ap«  d'atnéburalion  ou  de  guérir 
«on,  le  mcdicament  u'a  plus  bf^soin  d'ôlro  administré  tous  les 
jours,  mais  tous  les  deux^  trois  ou  quatre  juur^^  pourvu  qu^  Vox\ 
s*assure  que  la  naMséo  réflexe  est  toujours  abs^rit^,  C'est  sculem^at 
après  un  ^rand  nombre  d'aqnées  passées  sans  pl^éponaènes  épiljpp- 
tiques  quç  Poq  peut  peisser  le  traitement  ;  ipai§  ay^nt  ce  mui^ent 
radministratioq  du  reipède  doit  être  toujours  uo^linue.  L'iplçn- 
mittenca  est  uqç  grande  faute;  à  la  naaladie  cbroQiqMe,  il  fani  une 
médication  çbronique.  l^^  bmmure  de  potassium  doit  rester  presr 
que  un  alirrient  pour  Tépileptique  qu'il  a  guéri. 

Certaines  indications  tbérapeutiquq^  propres  au  l^ropiur^  d^  pQr 
tassiupa  ir^e  fout  toyjours  biqp  augiiror  de  son  a<2tipn  d^ns  l^pi- 
lepsie  t  ainsi  I4»  Ypapifest^tiops  hypnotiques^  la  lassitude  géqéralcL^ 
la  facilité  et  la  prontplitude  avec  iaqi|el|e  dispavftjt  la  napsée  ^^é- 
0exe,  ractioq  Apti£^pbrodi|ii^qu|)  son^  lUi  meilleur  Augura  Iqrsv 
«|u'oq  trai&9  un  épilçptique  pai'  le  brppnuro  dç  potas^iupi,  tipy^que^ 
au  contraire  ^  TfUîUon  antiapbrodisiaque,  bypppUqup,  sédative, 
est  nulie^  lorsque  la  nausée  ré(lexe  est  lente  à  disparaître  ,  il  esit  |i 
croire  qu6  1^  bromuri^  m  pro4uira  aucun  e(fjpt  et  qu'il  f^udvH  r^^- 
courir  à  une  autre  médication. 

Le  bromure  de  potassiurri  {Jautctre  Qrpplpyé  Hvec  ^vap^ga  dap^ 
toutes  les  formes  d'épilcpsic,  idiopathique,  symptgniatiqu^i  cpu)roç 
daps  lç8  ca^  d^  pUénomèpes  épileptiforipesj  iqôme  lorsqu'il^  ^ 
lient  à  l'idiotie^  au  crétinisnic  ;  non  pas  qu'il  puisN  lea  gufSri)* 
tous,  fPAi^  il  pÇttt  tous  les  amender^  et  la  raispp  pn  ^»it  (p^e  p^y- 
t^iologique  :  tout  pbéponavua  cpnvuliiif  du  gtiurp  Ppftpptiqu§  étftut 

le  produit  d'un«  i,')caltatiou  do  la  forcp  ei^ciioi-iiiptrifîe  4u  |)ultoi  Ip 
brpuïurM  dii  potassium  ptîut  tuujours  |-4tt4pueri  li^  «AllllPr>  (iiupti 
ie  suspendrp,  Mftis  ç»  reçopumandant  l'eipplpi  du  bvppftwi'fl  dfl  po+ 
tassiura  de  préférence  au^  auirps  médipamentSi  pour  ipui#  i|ilB^ 
tion  convuUivc  du  g^niiî  épijeptiquc,  j^  qouiidpr^  que  ppp  ^i\\\\i 
c>i  plus  graudo  PAcorc  ti^m  lit»  ^M  où  Tépilppsi^  «i»t  idipp^lbiiiHi^v 


—  292  — 

dans  ceux  où  elle  est  le  résultat  d'une  grande  impressionnabîlité, 
d'une  exaltation  de  la  sensibilité  ,  dans  ceux  oii  elle  a  été  produite 
par  des  émotions  vives,  des  impressions  pénibles^  la  peur^  Tona- 
nisme,  les  excès  vénériens,  dans  ceux  enfin  où  elle  est  la  consé- 
quence héréditaire  de  névroses,  telles  que  Thystérie,  la  chorée, 
Tépilepsie  même  ;  du  reste,  si  le  bromure  de  potassium  ne  guérit 
pas  toujours,  il  atténue  le  plus  souvent  la  maladie,  diminue  ou 
même  supprime  presque  Téréthisme  nerveux,  les  secousses,  les 
soubresauts  si  fréquents  chez  lesépileptiqiies. 

Le  bromure  de  potassium  peut  supprimer  les  auras,  tout  en  ne 
faisant  pas  disparaître  complètement  tes  accès.  Il  agit  moins  bien 
sur  les  absences  et  les  vertiges  que  sur  les  attaques. 

La  proportion  suivant  laquelle  je  suis  arrivé  à  suspendre  les  phé- 
nomènes épileptiquesest  devenue  de  plus  en  plus  grande  depuis  que 
j'ai  trouvé  ce  critérium  de  la  nausée  réflexe  ;  en  effet,  tandis  que, 
en  1866,  je  disais  avoir  suspendu  la  maladie  dans  le  quart  des 
cas,  j'obtiens  aujourd'hui  ce  résultat  chez  la  moitié  des  individus 
adultes  traités  ;  chez  les  enfants,  au  contraire,  la  proportion  des 
succès  est  à  peine  d'un  quart. 

Pidoux  et  G.  Séc  pensent  que  le  bromure  de  potassium  ne  gué- 
rit pas  répilepsîc,  et  que  s'il  suspend  ou  retarde  les  attaques, 
c'est  en  les  remplaçant  par  des  préludes,  des  accès  incomplets. 
Cette  opinion  ne  saurait  d^abord  résister  aux  observations  déjà 
nombreuses  qui  constatent  la  guérison  sans  qu'il  reste  trace  du 
mal  ;  et  puis  il  faut  bien  savoir  que  le  principal  indice  de  guéri- 
son  de  l'épilepsie  consiste  en  ce  que  les  attaques  arrivent  à  être 
remplacées  par  des  préludes,  des  accès  incomplets,  de  même  que 
l'épilepsie  confirmée  est  toujours  précédée^  pendant  un  certain 
temps,  par  des  préludes  et  des  accès  incomplets.  Aussi  lorsque, 
sous  l'influence  d'une  médication,  un  épileptique  n'a  plus  que  des 
accès  incomplets  et  des  préludes,  on  doit  le  considérer  comme  sur 
la  voie  de  la  guérison  complète. 

L'administration  du  bromure  de  potassium  réclame^  lorsqu'elle 
doit  être  continuée  longtemps,  quelques  précautions^  sans  les- 
quelles on  est  exposée  la  nécessité  d'en  suspendre  l'emploi.  Ainsi, 
des  diurétiques  doivent  être  régulièrement  donnés  pour  favoriser 
la  sécrétion  urinaire  et  l'élimination  du  bromure  de  potassium  par 
les  reins  et  pour  empêcher  certaines  éruptions  cutanées  du  carac- 
tère le  plus  désagréable  pour  les  malades.  Le  fer  doit  être  fréquem- 
méat  associé  Au  bromure  de  potassium  pour  empêcher  l'aiiémie^ 


—  293  — 

la  cachexie  qu'il  produit  à' la  longue,  et  certaines  affections  de  mau'- 
vaise  nature  survenant  chez  les  individus  qui  en  prennent  de  hautes 
doses  pendant  plusieurs  années. 

J'ai  observé  que  le  bromure  de  potassium  réussissait  en  général 
moins  bien  chez  les  enfants  que  chez  Tadulte^  peut-être  parce  que 
IVpilepsie  de  l'enfance  est  plus  souvent  liée  que  Tépilepsie  de  Tâge 
adulte  à  des  états  congénitaux  des  centres  nerveux,  à  des  lésions 
cérébrales  de  nature  scrofuleuse,  tuberculeuse,  ou  bien  parce  que, 
le  médicament  étant  très-rapidement  éliminé  chez  eux ,  le  cordon 
médullaire  est  peu  impressionné,  et  les  actes  réflexe^  dont  j'ai  parlé 
ne  sont  que  difficilement  supprimés.  On  peut,  chez  des  enfants  de 
deux  à  trois  arfs^  employer  des  doses  de  50  centigrammes  à  18^50  ;  de 
cinq  à  dix  ans,  des  doses  de  2  à  5  grammes,  et  de  dix  à  quinze  ans^ 
des  doses  de  3  à  42  grammes.  Le  bromisme,  que  j'ai  à  plusieurs 
reprises  observé  chez  des  enfants,  et  qui  se  caractérise  par  de  l'a-^ 
battement,  de  Pinappétence,  une  grande  prostration  des  forces,  du 
catarrhe  pulmonaire,  n'est  jamais  grave  lorsqu'on  suspend  aussi* 
tôt  le  médicament.  Chez  Tadulte,  au  contraire,  le  bromisme  se  ma- 
nifeste par  les  phénomènes  les  plus  graves  de  catarrhe  pulmonaire, 
d'adynamic  ou  bien  d'ataxie  des  plus  intenses.  L*action  du  bro- 
mure de  sodium  est  la  même  que  celle  du  bromure  de  potassium. 
Les  doses  sont  un  peu  moins  élevées. 

Lorsque  l'épilepsie  est  compliquée  de  douleurs  spinales  retentis- 
sant ou  non  dans  les  membres,  il  faut  appliquer  des  cautères,  des 
moxas^  des  vésicatoires  le  long  de  la  colonne  vertébrale. 

.  Lorsque  l'épilepsie  est  accompagnée  de  stupeur,  d'hébétude,  de 
dilatation  permanente  des  deux  pupilles  ou  d'une  seule  pupille,  d'am- 
nésie profonde,  de  troubles  intellectuels,  d'hallucinations,  d'obscur- 
cissement des  sens ,  d'excitation  cérébrale,  de  manifestations  in- 
stinctives, on  retire  le  plus  grand  profit  d'applications  à  demeure 
de  cautères^  de  vésicatoires  permanents  à  la  nuque,  de  purgatifs 
répétés. 

L'extrait  de  haschisch,  à  la  dose  de  i  à  3  grammes^  produit  les 
meilleurs  résultats  dans  les  cas  où  des  hallucinations  terrifiantes 
précèdent  les  attaques  et  poussent  au  suicide. 

Tous  ces  moyens  doivent  être  employés  concurremment  avec  le 
bromure  de  potassium.  Lorsqu'une  épilepsie  idiopathique  aura  été 
inutilement  traitée  par  le  bromure  de  potassium,  il  est  inutile  d'em- 
ployer les  autres  bromures,  tels  que  le  bromure  de  cadmium,  le 
bromure  d'ammonium^  le  bromure  de  sodium;  leur  action  est 


nulle.  U  faut  àlora  Uier  des  préparations  métalliques  suivant  lei 
ifiéthodes  de  Laroche,  Frank,  Urban^Heim  et  Derpioi  et  des  médi^' 
caments  dits  vasculaires,  concurremment  ou  isolément,  l^s  pré? 
parations  naétalliques,  le  liac,  le  sulfate  de  cuivre  ammoniacal,  le 
nitrate  d'argent,  qui  ohl  sur  le  bromure  de  iiotassiuin^  pris  à  haute 
dose^  le  grand  avantage  de  ne  pas  altérer  la  mémoire^  semblent  agir 
en  pénétrant  k  Tétat  moléculaire  dann  les  cellules  nerveuses  du 
bulbe  et  de  la  moelle^  en  les  naétallisanl  pour  ainsi  dire,  et  en  di-i 
minuant  leur  exeitabilité  et  leurs  actions  réflexes. 

Parit^i  ces  préparations^  celles  de  zinc  (onyde,  lactate,  valéria- 
nate)  sont  celles  qui  ont  amené  jusqu'à  présent  le  plus  de  guéri- 
sous;  elles  doivent  être  administrées  une  heure  après  les  re|)as, 
sous  forme  pilulairc.  La  dose  initiale  journalière  d'oiiyde  de  wc 
fieut  être,  chea  les  enfants  au-dessous  de  dix  ans,  de  0,10  par  jour, 
et  peut-être  portée  à  0,80  par  jour>  eu  trois  fois.  Au-dessus  de  dix 
ans^  on  peut  commencer  par  la  dose  de  0>i5  pai*  jour  et  aller  jusqu'à 
6  grammes  chea  Tadulte  sans  produire  autre  chose  que  quelques 
nausées^  un  peu  de  diarrhée,  un  certain  degré  d'andmie  et  de  dimi- 
nution de  fibrine  du  sang  (llichaelis), 

Herpin  a  pensé  que  l'on  pouvait  pour  ainsi  dire  doser  la  quantité 
d'oxyde  de  aine  qu'un  malade  devait  prendre  avant  d'abandonner 
ce  remède  pour  un  autre,  et  il  est  arrivé  à  conclure  que,  dans  U 
pi^mière  année  de  la  ^ieet  dans  les  eaa  favorables,  il  faut  atteindre 
la  quantité  totale  de  3  (grammes  aVant  d^  renoncer^  et  que,  depuis 
l'âge  de  deux  aha^  dans  les  cas  favorables,  il  faut  administra 
45  grammes  avant  d'y  renonoeri  et  4)5  grammes  dans  les  eas.à 
pronostic  peu  favorable. 

Le  iulfaie  de  tuiure  (tmmoniaoal  doit  être  aussi  administré  sous 
forme  pilulalre  une  heure  bprès  les  repas.  La  dose  initiai  quoti* 
dienne,  chea  les  enfants  au-tdeasaus  de  dix  ans  est  de  0,005  à  0,0t^ 
àtt-dessMs  de  diji  ans^  elle  est  de  0,02  à  0,04;  on  |)eut  -atteipdfe 
chez  un  adulte  la  dose  quotidienne  de  0,40  à  0,60  *,  mais  on  eit 
sotitent  obligé  de  la  diminuer  ou  de  la  suspendre,  à  catise  des  nau- 
sées, vomissements,  inappétenoe^  diarrhée  qui  l'acuon^pagnont. 

Quant  à  la  quantité  totale  qu'il  faut  avoir  donné  d#  sulfate  di» 
cuivre  ammoniacal,  pour  siivoir  si  on  doit  ou  non  renonqcr  au 
remède,  Herpiti  pense  qu'elle  doit  être  pour  l'enfant  de  18  grammes^ 
et  obea  l'adulte  de  70  grammes. 

On  fieut  employer  aussi  le  euivr^  porphyrisé  à  la  dose  iuitialQ 
(juoiiJit'une  de  )  eeiiligranluus  vt  maximum  de  à  (H-'Htigranuncsi 


—  295  — 

L'àititanoniure  de  enivre  à  )a  doise  de  1  à  4  centigrdmmes  pAr  joor  a 
réussi  entre  les  mains  de  Belfour,  Roussel,  Frank  et  Mercurio. 

Le  nitrate  d'argimi  criêiallisé  a  été  administré  aux  épile^rtiques, 
depuis  )à  dose  initiale  de  i  centigramme  jusqu^à  celle  M  âO  Qisiitir 
grammes  par  joiir.  De  la  Rive  et  Rayer  ont  obtenu  un  ceitaia 
Nombre  de  succès  avec  ce  médicament,  qui  offre  le  plus  souvent 
le  grand  désavantage  de  colorer  les  malades  eri  bleu,  ainsi  qu'on  a 
pu  le  constater,  il  y  a  quelques  années»  sur  cet  Américain  qui,  n(Ki 
guéri,  était  venu  demander  aux  chirurgiens  dfe  Paris  de  le  castrer. 

[jC  chlurure  d'argent  a  été  employé  avec  succès  par  Riceardi 
dans  quelques  cas. 

Les  médicaments  dits  vasculaires^  que  l'on  ))Out  employer  dana 
Tépilepsie,  lorsque  le  bromure  de  potassium*  Toxyde  de  sine,  le 
sulfate  de  cuivre  demeuï'ent  sans  efieis,  sont  inutiles,  sont  ia  valent 
rianc^  ia  belladone,  Tarmoise. 

La  valériane  est  donnée  en  poudre  ou  en  extrait  hydtx>^alcoo-i 
lique.  Connue  depuis  une  époque  très*reculée  comme  utile  dans 
l'épilepfiie,  elle  a  été  de  nouveau  recommandée  par  TissoC^  €Shauf- 
fard  (d'Avignon)  et  Odier.  L'extrait  alcoolique  peut  être  donné  chez 
les  enfants  jusqu'à  la  dose  quotidienne  de  )5  centigrammes,  elchea 
les  adultes  de  30  centigrammes.  Lé  valérianàle  d'ammoniaque  aétd 
employé  dans  ces  dernières  années  contre  le  vertige  épileptique> 
notamment  par  Michea. 

La  belladme^  conseillée  dans  le  siècle  dernier  par  Fredin,  a  éld 
remise  en  honneur  par  Milrray,  Debroyne,  Bretonncau,  Trousseau^ 
Leuret  et  Ricard.  Ti-ousseau  comptait  un  certain  nombre  de  gué-» 
tisons  avec  ce  médicament  lorsqu'il  avait  été  pris  avec  persévé- 
rance ;  stussi  Trousseau  arrivait  à  donner  pendant  quinie^  vingt 
moisj  jusqu'à  20  centigrammes  par  jour,  et  ne  diminuait  ou  sus- 
pendait que  lorsque  la  dilatation  excessive  des  pupiiles>  le  trouble 
de  la  vue,  la  sëcbisresse  du  gosier^  la  diminution  de  la  mémoire 
iadiquaient  un  efiet  toxique. 

Lorsque  la  névrose  se  modifiait,  il  maintenait  la  dose  adminis-» 
trée  en  dernier  lieu,  puis  la  descendait  suivant  tioe  progression 
inverse;  puis  enfin  suspendait  pendant  quelque  temps  la  médica;- 
tien  pour  la  reprendre  après  cet  intervalle  de  repos.  Pour  Trous-^ 
seau,  une  année  quelquefois  suffit  à  peine,  pour  oonnaitre  i'in- 
fluence  de  la  belladone,  et  si  Tannée  d'après  il  y  a  quelque 
amendement^  il  faut  insister  encore  deux,  trois,  quatre  ans; 

La  belladone  est  un  médicament  qui  s'applique  plutôt,  ainsi  que 


—  296  — 

le  zinc  et  le  cuivre,  à  la  cure  du  vertige  épileptique;  le  bromure  de 
potassium^  au  contraire,  agit  surtout  contre  les  attaques. 

Le  curare  aétë  employé  contre  l'épilepsie,  d'une  façon  ration- 
nelle, par  Thiercelin,  le  premier  ;  ses  recherches  sont  restées  mal- 
heureusement peu  complètes  parla  privation  de  médicament,  et 
peu  concluantes  par  le  défaut  d'une  posologie  déterminée.  Benedikt 
a  traité  avec  succès  quelques  épileptiques^  mais  ses  malades  n'ont 
pas  été  suivis  assez  longtemps  pour  qu'on  puisse  asseoir  définitive- 
ment une  opinion  à  leur  sujet. 

Quanta  nous,  nous  avons  fait  nos  premiers  essais  à  Bicêtre,  de 
concert  avec  H.  Liouville.  Dans  une  première  série  de  six  malades, 
tous  épileptiques  et  déments  depuis  longues  années,  la  médication 
n^a  pas  réussi.  Depuis  nous  l'avons  employée  et  nous  Pemployons 
chez  des  épileptiques  moins  gravement  atteints  et  avons  constaté 
la  disparition  à  peu  près  complète  de  grandes  attaques  chez  cer- 
tains malades  ;  elle  a  été  complète  chez  deux.  J'ai  échoué  entière- 
ment chez  le  plus  grand  nombre;  j'ai  dit  plus  haut  les  résultats 
excellents  que  le  curare  me  donnait  dans  la  manie  épileptique. 

D^autres  médicaments^  tels  que  le  sélin  des  marais^  le  cotylédon 
umbilicus,  ont  été  employés  avec  plus  ou  moins  de  succès,  par 
Herpin,  Thossalter,  Bullar,  Graves  et  Fonssagrives  ;  entre  mes 
mains,  le  sélin  des  marais  n'a  jamais  produit  aucun  résultat  ;  mais, 
pour  le  cotylédon,  j'ai  observé  qu'il  avait  agi  dans  deux  cas  d'une 
façon  très-efficace  sur  l'excitation  génitale  ;  cet  effet  est-il  dû  aux 
principes  ammoniacaux  qu'il  renferme?  Quant  au  galium^  je  ne 
l'ai  jamais  vu  réussir,  et  les  succès  de  Tain  me  semblent  bien  dou- 
teux, si  j'en  juge  par  le  récit  de  malades  qui  y  ont  été  traités  par 
ce  médicament. 

L'emploi  des  sternutatoires  a  été  recommandé  par  Laycock  : 
s'emparant  d'une  donnée  qui  découle  des  expériences  de  Kussmaul 
et  Tenner,  il  considère  l'attaque  épileptique  comme  la  consé« 
quence  d'une  anémie  subite  du  cervelet  ;  cette  anémie  aurait  pour 
origine  une  impression  que  le  cervelet  recevrait  tantôt  des  centres 
cérébraux  affectés  aux  fonctions  psychiques,  tantôt  et  plus  fré- 
quemment de  la  moelle  allongée.  Pour  modifier  cet  état  morbide, 
Laycock  pense  qu^il  est  rationnel  d'agir  sur  le  système  respiratoire 
et  qu'on  ne  saurait  agir  plus  sûrement  qu'en  irritant  les  branches 
de  la  cinquième  paire  qui  se  ramifient  dans  la  membrane  de 
Schneider.  Le  mélange  sternutatoire  auquel  il  a  donné  la  préfé- 
rence, est  formé  de  5   grammes  de  poudre  d'ellébore  blanc  et  de 


—  297  — 

60  grammes  de  poudre  de  quinquina  ;  les  malades  doivent  s'en  in- 
troduire trois  fois  par  jour  une  pincée  dans  les  narines^  de  manière 
à  provoquer  des  éternuments  énergiques  pendant  dix  minutes,  puis 
ils  doivent  renifler  de  Teau  froide^  lorsque  les  éternuments  ne  s'ar- 
rêtent pas  spontanément.  Ce  traitement  ne  paraît  pas  avoir  été  suiv^ 
de  succès  durables,  si  Ton  en  juge  par  les  observations  de  Laycock. 

Uéiectricité  à  courant  constant  rend  quelques  services  dans  le 
traitement  deTépilepsie,  par  l'action  calmante  qu'elle  peut  exercer 
sur  les  nerfs  périphériques  et  sur  les  centres  nerveux.  Le  courant 
constant  affaiblit  et  épuise  Texcitabilité  pathologîquement  accrue  de 
la  moelle.  Des  expériences  ont  en  effet  montré  que  dans  Tintervalle 
de  la  fermeture  et  de  Touverture  du  circuit  parcouru  par  un  cou- 
rant galvanique  fort^  l'excitabilité  de  la  moelle  est  à  ce  point  anéan- 
tie qu'aucune  excitation  portée  sur  elle  ne  détermine  de  contrac- 
tion musculaire  (Jaccoud). 

Ce  mode  d'emploi  de  Télectricité,  et  son  application  au  traite- 
ment des  névroses,  est  surtout  connu  par  les  travaux  de  Remak, 
de  Bcnedikt,  de  Fieber  ;  il  n'a  guère  été  employé  en  France^  au 
moins  à  ma  connaissance,  pour  le  traitement  de  Tépilepsie.  Quant 
à  moi,  j'ai  commencé  à  en  faire  usage  depuis  que  j'ai  vu  mettre 
en  pratique  l'électro-thérapie  à  Vienne,  et  je  suis  arrivé  aux  résul- 
tats suivants  : 

Le  courant  constant  supprime  avec  une  grande  rapidité  les  points 
d'hypereslhésie  cutanée  et  musculaire^  que  présentent  si  souvent 
les  épileptiques,  et  qui  jouent  si  fréquemment  un  rôle  important 
dans  leur  maladie. 

Ce  n'est  pas  en  agissant  directement  sur  les  ganglions  supérieurs 
du  grand  sympathique  au  cou,  ainsi  que  Tout  fait  Benedikt  et  Fie^ 
ber,  que  l'on  peut  espérer  *agir  dans  Tépilepsie  ;  aussi  il  ne  faut 
pas  s'étonner  de  voir  Benedikt  signaler  l'inutilité  de  Télectricité 
dans  i'ëpilepsie  ;  c'est  sur  le  bulbe  en  effet  que  l'on  doit  agir  direc- 
tement et  non  pas  sur  le  grand  sympathique;  pour  cela,  j'ai  suivi 
les  indications  données  par  Ludv^ig  Tûrck,  et  je  suis  arrivé,  après 
bien  des  tâtonnements,  à  découvrir  certains  points  où  Ton  doit 
appliquer  les  excitateurs  de  la  pile  électrique  pour  faire  passer  un 
courant  par  le  bulbe.  Ainsi^  par  exemple,  j'ai  observé  qu'un  excita- 
teur placé  sur  certains  points  de  la  poitrine  et  un  deuxième  posé 
sur  la  face  ou  sur  la  langue  en  arrière  du  V^  ou  au  menton,  ont 
produit  des  phénomènes  très-significatifs  qui  prouvent  que  le  cou- 
rant passe  par  le  bulbe. 


—  29»  — 

La  recherche  de  ces  cercles,  que  l'on  peut  faire  parcourir  au  coti« 
ranl  constant,  amènera,  d'après  ce  que  j'ai  dôjh  observé,  des  résul- 
tais d'une  certaine  importance;  toujours  cst-il  que  les  malades 
ainsi  traités  guérissent  ou  s'améliorent,  alors  môme  que  leur  af- 
fection avait  résisté  à  d^autrcs  traitements. 

Fiehep  a  remarqué  que  les  courants  constants  étaient  utiles  dans 
le  cas  d'épilepsic  vaso-motrice,  dans  celui  de  mal  comitial  Hë  à  de 
la  dysménorrhée  ou  de  l'aménorrhée,  et  dans  Fépilepsie  réflesa  , 
mais  à  la  condition  d'appliquer  directement  le  pôle  positif  sur  le 
point  (iû  la  périphérie  que  Ton  suppose  être  le  point  de  départ  de 
k  convulsion^  ou  sur  l'utérus.  Pour  Remak  et  Pieber,  les  courants 
constants  interrompus  sont  utiles  dans  le  cas  où  l'épilepsie  est 
acGom^pagnée  d'hyperesthésie. 

Toute  espèce  d'électricité  autre  que  celle  à  courant  constant  obte- 
nue par  des  piles  dites  de  Remak  doit  être  proscrite;  elle  est  au 
iBoins  inutile. 

Jo  n'ai  jamais  vu  obtenir  aucun  résultat  avec  la  brosse  dite 
électrique,  avec  les  ceintures  électriques,  avec  les  courants  d'in- 
du€ti<]in. 

Gertaines  manifestations  de  Pépilepsie  anak)gues  à  ceUes  de  la 
fièvre  intermittente  ont  fait  penser  à  plusieurs  auteurs,  et  entre 
autres  à  Dumas,  à  Selade^  qu'il  serait  bon  de  faire  naître  la  fièvre 
intermittente  chez  les  épilepliques^  et  qu'ainsi  ili  y  aurait  peut-être 
dhanoe  de  guérir  l'épilepsie.  Uu  fait  que  j'ai  obsesvé  de  fièvre  in- 
Darraittente  tierce  des  plus  intenses  chez  un  épileptique,,  semblerait 
prouver  qu'il  ne  faut  pas  compter  sur  ce  moyen  pour  la  curabilité 
du  maL^omitial.  La  malade  a  bien  eu  pendant  sa  fièvre  naoins  de 
vertiges,  d'absences  et  d'attaques,  mais  la  fièvre  disparue^  Tafiec^ 
tioH  a  repris  son  cours  habituel  ;  ^épilepsie  s'est  comportée  là 
oommedans  le  cas  de  toute  maladie  tibrile  intercurrente  qui  sus-* 
pead  les  attaques.  La  même  coaclusion  diûi  être  tirée  d'un  6ul 
publié  par  Girard^  d'une  ëpileptfique  dont  les  accès,  suspendue  deui 
fois  pendant  une  fièvre  iotermittente  quotidienne,  reprirent  lorsque 
la  fièvre  fut  guérie. 

Pourtant  il  ne  faut  pas  oublier  le  fait  relaté  par  Ricard,  d'une 
jeune  fille  qui  guérit  radicalement  de  l'épilepsie  pendant  une  fièvre 
intermittente  tierce. 

La  gymnastique  dite  de  chambre,  les  exercices  corporels  de  toute 
espèce  sont  un  adjuvant  auquel  on  doit  avoil  recours,  suiiout  chei 
les  enfants  et  les  adolescents  qui  sont  d'une  nature  très-irritable, 


^  489  - 

d'un  lômp^ràmetit  Irës-tierveut,  (\\i\  présèfiletlt  de  h  Maigreur  deg 
mu§clt?s,  un  diiveloppoitiont  inctthiplet  des  membi'cs,  une  (jeHaiii0 
étroitcssc  de  la  poitrine,  liée  à  de  la  saHHe  des  veines  du  eou^  du 
fVoilt,  des  tcifnpes^  et  à  un  voiiime  disproportiotitlë  de  la  tôte. 

J'ai  vu  à  Bicêtt*e  et  il  la  SaipêlHèré  la  gyhiuastiquè  ainsi  etn- 
ployëe  produire  de  bons  HsuUats,  éh  taisaht  cesser  la  prëdomitinnee 
dé  )â  nérrosîté  et  en  rétablissant  rét)uîlibrG  entre  les  foUctIotiB  orga- 
niques. 

Rëcarhier  a  traité  avec  succès  Un  épile^tique^  dont  lès  attaques 
étaient  annoncées  par  des  auras  pëHphérii^ues,  par  de  nombreux 
vésîcfttôifos  voktits  apt^liqUés  dahs  tous  les  points  oh  le  tfUilâde 
éprouvait  dès  aut-as. 

Lôrsqiic  lés  épileptiques  éprôdvétit  dans  les  metnbt^  en  iBèine 
(ëniips  que  le  long  de  la  coloiitie  vertébrale  des  douleurs  spontanées 
et  provoquées,  l'application  de  vésicatoires  ou  de  cautères  sur  les 
points  dbtiloiifeux  du  corps  et  de  la  crfonne  vertébrale  f)h)duit  le 
mérrié  effet. 

Mettais  aurait  obtetih  de  bons  effets  dé  fritHlorts  faites  sUr  (eeUir 
chevelu  avec  la  potntnade  stibîéd.  Plusieurs  nialàdes  de  fiitsètre  ont 
ét^  ainsi  traités  pkv  mes  prédécesseurs,  niali  aucun  n'a  g^éri. 

Lébtéloh  a  eltïployé  avec  succès  lé  cautère  aduel  sut*  la  ré^ioh 
sincipitale  dans  utl  cas  d'épilëpste.  La  C(tu!Msation  tim  pkarynt, 
fcôbfcèilléé  t)ar  Outros  et  Moreau  (de  Tours)^  a  été  en{\Mfée  nVec 
succès  dâhé  un  cas  d^^îlepsib  àvêë  aiirà  pëHphériqué. 

^râfik  a  fait  pi'àllqUél*  ta  (iksiMibtr  datis  Ut)  éàs  où  fa  maladie 
pârâîssafl  avbir  son  point  de  départ  daflS  les  lëstréi^fe^;  depuis^ 
ôéttë  opération  a  été  tetjonlniàtidée  p&t  un  tiMnirgieUàméricaiii. 
ÏS^âis  èet  épileptiqué,  coloré  en  bleti  par  lé  nSt^e  d'ai^eni,  qnt 
YoiiUlt  se  faire  caslïer  pài*  un  diirtitgicrt  français,  a  été  opéré  en 
Angleterre  sans  qiiè  ké.  maladie  tfri  ait  été  ^ûspèiidûe. 

Un  chirurgien  américain  a  castré  un  épileptiquequi  était  adonné 
à  l^onàhisme  et  qut  aurait  éessé  d'être  épileptiqu«. 

Le  trépan  a  été  depuis  lôngietnps  employé  dans  le  traitement  de 
fépilepBîê.  Celte  méthode,  adttlisë  par  Arétée^  Fabrice  d'Aquapen- 
dente,  Lamotte,  Tissot,  Quild,  Campbell,  a  été  reitiise  eh  honneur; 
ainsi  Mason-Warl^n  a  trépané  dix  épileptiques  :  trois  ont  gin^Vi,. 
deux  ont  été  améliorés,  cinq  sont  morts. 

Broca  a  trépané  aussi  avec  succès  un  enfafit  atteint  d'att^uc^  • 
épileptiques  consécutives  à  un  traumatisme  du  crâne. 

La  trachéotomie  a  été  employée  par  Marshall-Hall  contre  le  mai ^ 


-  300  — 

caduc.  On  se  souvient  que  cet  auteur  subordonnait  à  la  contraction 
des  muscles  du  cou  et  à  Tobstruction  de  ToriBce  glottîque  la  perte 
do  connaissance  et  les  autres  phénomènes  convulsifs.  Aussi  il  a 
pensé  qu'en  ouvrant  la  trachée  on  devait  conjurer  la  strangulation 
et  faire  avorter  les  attaques.  La  théorie  de  Marshall-Hall  a  été  mise 
plusieurs  fois  en  pratique  en  Angleterre;  mais,  de  Tavis  des  méde- 
cins anglais  qui  ont  pu  suivre  le  résultat  de  ses  opérations,  ce  pro- 
cédé n'a  aucune  action.  Russell  Reynolds  et  Wynn  William,  entre 
autras^  ont  constaté  des  attaques  chez  des  épilepliques  qui  portaient 
encoi*e  une  canule  dans  la  trachée. 

Preston  (de  Calcutta)  n'a  pas  craint  de  lier  Tartère  carotide,  et 
aurait  obtenu  un  succès  momentané.  Dans  un  autre  cas,  où  un  épi- 
ieptique  s'était  ouvert,  dans  une  idée  de  suicide,  l'artère  thyroï- 
dienne, Boileau  lia  la  carotide.  Le  malade  guérit  de  cette  opération 
et  de  l'épilepsie. 

D'un  autre  côté,  Velpeau  échoua  chez  un  épileptique  dont  il  avait 
lié  les  artères  temporales  et  faciales  pour  le  guérir  de  sa  maladie. 

La  ligature  et  la  section  des  nerfs  des  membres  dans  lesquels  les 
épileptiques  éprouvent  des  auras  bien  nettes  et  bien  limitées^  au- 
raient peut-être  dans  quelques  cas  une  bonne  influence,  si  Ton  en 
juge  par  les  faits  de  Pontier  et  de  Fabius  (ce  dernier  rapporté  par 
Portai),  et  par  les  expériences  de  Brov^n-Séquard. 

Ce  dernier,  en  effet,  a  montré  que  la  section  d'un  nerf  sciatique, 
qui  produit  chez  un  cobaye  la  faculté  épileptogène,  amène  dans  le 
.  bout  central  de  ce  nerf  un  état  morbide  qui  doit  nécessairement 
^.produire  quelque  irritation  .dans  cette  partie  du  nerf,  et  que  U 
c cessation  de  la  faculté  épileptogène  coïncide  avec  la  guérison 
•de^eet  état  morbide^  c'est-à-dire  avec  l'atrophie  du  bout  central 
idu  jserf;  eh  bien,  il  n'est  pas  impossible  de  supposer  que  la 
.sectioft  d'un  nerf  sur  le  trajet  duquel  existe  une  aura  puisse  guérir 
ii'épilepsie. 

.D'ailleurs,  il  est  avéré  que  l'extirpation  de  tumeurs  d'où  sem- 
lUaient  pactir  des  auras  a  amené  la  guérison  d 'épileptiques;  c^est 
ainsi  que  Schort  a  agi  chez  un  malade  dont  les  attaques  débutaient 
(.  iiDAtamment  par  une  vapeur  froide  partant  du  mollet.  Il  découvrit 
^2  Vfiiia  profondeur  des  tissus,  sur  le  trajet  des  nerfs^  un  petit  corps 
dur  'ganglionnaire^  cartilagineux,  et  en  fil  l'extraction.  Depuis 
Tépii.  V^'ii^^uérit.  Delasiauve  a  reproduit  un  certain  nombre  d'au- 
tres ta.  ^"^csen^blables  dusàCaron,  Leduc,  Fabrice  de  Hilden,  Lar- 
morier. 


—  30i  — 

L'avulsion  de  dents  douloureuses  a  amené  ie  même  résultat 
heureux  entre  les  mains  de  Malouet,  Portai^  Ânglade^  Mosner. 

On  a  dit  que  les  diSeciions  psoriques  guérissaient^  par  substitu- 
tion, l'épiiepsie.  Je  puis  répondre  à  ce  sujet  que  j'ai  observé  deux 
enfants  qui  présentaient  un  favus  des  plus  libelles  sans  avoir  été 
améliorés. 

La  thérapeutique  de  Vépilepsie  saturnine  intense  consiste  dans 
remploi  de  la  diète  et  des  boissons  délayantes  ;  c'est  au  moins  la 
conclusion  à  laquelle  est  arrivé  Tanquerel  des  Planches.  Dans  le 
cas  d'épilepsie  saturnine  subaiguê  et  légère,  Tépilepsie  cesse  dès 
que  le  malade  renonce  à  Temploi  du  plomb  :  ainsi  pour  les  ou- 
vriers typographes.  Lorsque  l'épi lepsie  persiste  au  contraire  et  de- 
vient chronique,  ce  qui  n^est  pas  rare,  le  bromure  de  potassium 
réussit  ordinairement. 

J'en  dirai  autant  de  l'épi tepsie  alcoolique  et  absinthique  ;  elle 
peut  cesser  par  le  seul  fait  de  Tabstinence  de  liqueurs;  mais 
nombre  d'observations  montrent  que  des  individus  sont  restés  épi- 
leptiques  tout  en  supprimant  Tusage  des  alcooliques.  Dans  ces  cas, 
il  faut  recourir  au  bromure  de  potassium. 

Le  traitement  de  YhystétH>''épilepsie  doit  suivre  les  mêmes  indi- 
cations que  celui  des  deux  névroses  qu'elle  réunit  en  une  seule. 
S^il  s'agit  d'un  entant  prédisposé  héréditairement,  il  faut,  à  la  pre- 
mière apparition  d'accidents  nerveux  (éclampsie^  spasmes,  con- 
fractions),  redoubler  de  précautions  pour  écarter  tout  ce  qui  risque- 
rait de  devenir  une  occasion  de  convulsions,  comme  les  sensations 
fortes  ou  agaçantes,  la  douleur,  l'insolation  prolongée,  la  colère,  la 
jalousie.  Il  faut  équilibrer  les  goûts  et  les  capacités  exceptionnelles 
de  l'enfant  en  cherchant  à  amener  au  même  niveau  les  facultés  et 
les  sentiments  qui  sont  moins  développés,  en  ayant  soin  de  sus- 
pendre le  travail  intellectuel  et  corporel  avant  que  la  fatigue  ait 
amené  une  exaltation  factice  des  forces  (Dunant). 

Lorsque  dès  accidents  convulsifs  ou  spasmbdiques  se  sont  pro- 
duits, il  faut  employer  plus  souvent  des  toniques  et  des  reconsti- 
tuants que  des  antiphlogistiques,  faire  usage  de  Thydrothérapie, 
qui  agit  à  la  fois  sur  le  sang  et  sur  le  système  nerveux^  et  des  mé- 
dicaments suivants  :  belladone^  asa  fœtida,  bromure  de  potassium. 


TOME  LXXX.  9«  LIVR.  20 


302  — 


THÉRAPEUTIQUE   CHIRUR&ICALE 


ne  rappllcalion  locale  de  ruelle  nnlfurlqne  dans  le  trAMemefit 

de  lu  carie  et  de  la  iiécroiip  de»  on; 

Par  M.  G.  i'OLLOCK  chirurgies  i  ThôpUal  Saiot-Georges,  iLo«ilrM(i). 

Tout  ce  qui  peut  aider  à  oblonir  une  élimination  prompte  et 
sans  danger  des  os  ou  portions  d'os  mortifiés  on  en  voie  de  morli- 
ûcation,  sans  intervention  instrumentale,  ne  peut  qu^être  un  bien- 
fait pour  les  malades  et  un  moyen  digne  du  suffrage  des  chirurgiens. 
Ce  n'est  pas  cependant  qu'il  y  ait  rien  de  nouveau  dans  la  propo- 
sition de  hâter  la  séparation  d'un  os  mortifié  ou  en  voie  de  mortifi- 
cation par  rapplicalion  d'un  acide  minéral  énergique.  Il  n'est  pas 
un  élève  qui  ne  soit  familier  avec  la  préparation  qui  consiste  à 
priver  un  os  de  ses  particules  terreuses,  et  à  le  rendre  ainsi  flexible 
et  mou,  au  point  de  pouvoir  le  ployer  sur  lui-même  ou  le  coup^ 
avec  un  couteau.  Mais  comme  agent  d'applical}on  locale  pour  ac^ 
lérer  le  moment  de  l'ablation  d^ un  os  qui  se  nécrose  ou  rendre  plus 
rapide  la  séparation  d'un  os  déjà  nécrosé,  ou  bien  pour  procurer  Ja 
destruction  de  la  surface  (Pune  excavation  carieuse  et  la  désagré- 
gation de  toute  la  substance  osseuse  malade  qui  s^y  trouve  renfer- 
mée, 1  acide  sutfiirique  ne  pai'ait  pas  avoir  été  aussi  généralement 
apprécie  qu'il  le  mérite,  ni  ses  effets  né  semblent  suffisamment 
connus.  Il  réunit  plusieurs  avantages  :  cest  un  agent  d'une  appli- 
C4.tion  très-siniple,  al)solument  sans  inconvc^nients  e(  parfaitement 
sur  en  viiedes  résultats  indiqués;  il  jouit  de  propriétés  antisepti- 
q^ues  manifestes  quand  on  1  emploie  au  pansement  des  cavités  os- 
seuses malades  à  suppuration  altérée;  il  est  relâtivéniient  exempt 
d'action  douloureuse  quand  on  l'applique  sur  les  os  affectés  de 
carie;  enfin  c'est  chose  rare  qu'il  détermine  de  rirritation  sur  les 
tisàus  moiis  environnants. 

Ces  diverses  raisons  me  donnent  la  confiance  que  iquelques  ren- 
sei'gnements  sur  l'application  de  Tacide  sulfurique  au  traiCemenidâ 
la  carie  et  de  la  nécrose  des  os,  et  sur  les  résultats  que  m^a  donnés 
son  emploi  dans  un  nombre  considérable  de  cas,  ne  seront  pas  mal 
accueillis  de  mes  confrères. 


(1)  In  the  Lancet,  28  mai  1870. 


La  premiàre  fois  que  mon  attention  fut  attirée  sur  l'importance 
qu'il  y  aurait  à  être  en  possession  d'un  agent  capable,  corame  l'acide 
sulfurique,  d'exercer  une  action  dissolvante  sur  les  os  malades^  ce 
fut  dans  un  cas  de  nécrose  étendue  des  os  du  crâne,  suite  de  sy- 
philis congénitale,  chez  une  jeune  femme  qui  n'avait  pas  encore 
atteint  Tàge  de  vingt  ans.  Il  y  avait  plusieurs  années  que  Taciion 
morbide,  chez  cette  malheureuse  malade,  s'était  ainsi  portée  sur  les 
os.  La  suppuration  était  extrêmement  fétide.  Une  large  portion  du 
crâne  se  trouvait  à  découvert  et  se  nécrosait;  des   portions  d'os 
étaient  déjà  mortifiées,  mais  non  détachées.  Il  était  évident  qu'un 
temps  encofre  très-long  devrait  s'écouler  avant  que  la  totalité  de  la 
niasse  malade  fût  en  état  de  se  séparer  delà  partie  vivante  et  saino 
de  Pos,  si  le  soin  d'amener  Tei^foliation  était  abandonne  à  la  na- 
ture. Je  n'envisageais  qu'avec  répugnance  toute  espèce  d'inlerven- 
li'on  instrumentale  tendant  à  opérer  l'ablation  des  portions  d'os 
ndfalades,  car  j'avais  été  témoin  de  conséquences  fâcheuses  et  même 
fatales  à  la  suite  de  tentatives  pour  détacher  par  une  opération  un 
08  malade  de  la  boite  crânienne.  IVlais  il  me  vint  à  l'esprit  que  si, 
an  moyeA  de  Talpplication  de  Tacide  sulfurique  sur  la  partie  d'os 
dëhndée,  déjà  nécrosée  ou  en  voie  de  le  devenir,  il  était  possible 
d^en  effectuer  la  dissolution  ou,  la  désagrégation  d'une  manière  gra^ 
dqelle,  s^re  et  exempte  de  tout  danger,  on  épargnerait  beaucoup 
de  temps  et  Ton  arriverait  à  obtenir  la  séparatiqn  4e  la  masse  ma- 
lade beaucoup'  plus  promptément  que  si  elle  était  abandonnée  à 
l'action  lente  du  temps.  De  ce  fait,  qu'un  os  détaphé  du  corps  est 
susceptible  ((e  se  dissoudre  et  de  se  ramollir  par  l'action  de  Tacide 
sulfurique,  je  conclus  qu'im  résuhat  ^emblablQ  suivrait  aussi  sûre- 
ment l'application  de  ce  même  agent  sur  un  os  fVafppé  de  mort  sur 
un  sujet  vivant.  En  conséquence,  je  me  résolus  à  tenter  l'expérience 
^t  k  recourir  à  rapplîcaition  de  l'acide  sulfurique, 

Voici  de  courtes  notes  sur  un  petit  nombre  de  cas^  choisis  parmi 
iieaucoup  d'autres,  dan^  lesquels  ce  mode  de  traitement  a  été 
ddopté  : 

'  Ow.  I.  M.  M"*^*,  âgée  de  dix-neuf  ans,  admise  à  l'hôpitatSaint- 
Georges  en  mars  i  865,  pour  y  être  traitée  de  plusieurs  ulcérations 
îrrégulîères  et  de  mauvais  aspect,  baignées  d  une  suppuration  sai- 
nieuse,  siégeant  sur  le  front  et  la  région  crânienne,  et  laissant 
à  découvert  une  lar^e  surface  osseuse  nécrosée.  La  mère  attribuah 
la  maladie  à  la  vaccination;  mais  il  ne  pouvait  y  avoir  le  moindre 
dodte  qu'elle  ne  fût  le  résultat  d'une  syphilis  congénitale^  et  cette 
eonchraion  se  trouva  confirmée  plus  tard  par  ce  fait  qu'un  autre 


-  304  - 

enfant  plus  jeune  était  atteint  d'une  affection  des  os  du  palais.  La 
malade  fut  mise  à  l'usage  de  Tiodure  de  potassium  à  haute  dose  et 
des  bains  de  vapeur  mercurielle,  traitement  sous  Tinfluence  duquel 
l'dlal  dos  parties  ulcérées  de  la  face  et  du  cuir  chevelu  s'amenda 
rapidement,  l.cs  portions  d'os  dénudées  furent  touchées  chaque 
jour  avec  une  solution  d'acide  sulfurique  et  d'eau  par  parties 
égales.  Ce  moyen  accéléra  beaucoup  la  séparation  do  la  totalité  des 
parties  osseuses  alfcctées,  et  la  malade  se  rétablit  parlaitement  sans 
qu^aucunc  des  portions  nécrosées  ait  été  abandonnée  à  un  travail 
d'exfolialion  spontanée.  La  totalité  se  détacha  entièrement  par  l'ac- 
tion de  facide;  elle  tomba  jour  par  jour  par  petits  fragments  jus- 
qu'à ce  que  tout  eût  disparu.  A  mesure  que  les  fragments  se  sépa- 
raient, immédiatement  des  granulations  saines  remplissaient  l'espace 
que  l'os  occupait  auparavant.  Quoique  extrêmement  défigurée  par 
Tutcéralion  étendue  qui  siégeait  sur  la  face,  etc.,  la  malade  sW 
rétablie  et  est  jusqu'à  ce  jour  restée  parfaitement  bien  portante. 

Obs.  II.  Ë.  F***^  âgée  de  quinze  ans,  est  entrée  à  Thôpital  en 
novembre  1867,  pour  une  ulcération  de  mauvais  aspect,  avec  sup- 
puration sanieuse,  de  la  dimension  à  peu  près  de  la  paume  de  sa 
mam,  et  siégeant  à  la  partie  antérieure  et  moyenne  du  tibia  droit. 
Cet  os  laissait  voir  une  surface  noirâtre,  rugueuse,  large  comme  une 
pièce  d'une  couronne.  La  maladie  avait  eu  pour  point  de  départ  an 
engorgement  strucneux  remontant  à  trois  mois,  qui  s'était  abcédéet 
converti  en  ulcération  un  mois  avant  Tenlrée.  La  jeune  malade  fut 
mise  à  un  régime  fortifiant^  à  l'usage  de  l'huile  de  foie  de  morue  et 
de  la  quinine.  Le  9  décembre  on  toucha  Tos^  pour  la  première  fois, 
avec  uu  mélange  par  parties  égales  d'eau  et  d'acide  sulfurique,  et 
cet  attouchement  fut  répété  tous  les  jours.  Le  11  février  toute  la 
portion  nécrosée  du  libia  se  trouvait  élimiuée  sans  qu^on  eût  eu 
recours  à  aucune  autre  intervention  opératoire.  La  malade  quitta 
l'hôpital  le  18  mars,  son  ulcération  étant  presque  complètement 
cicatrisée^  et  sans  qu'on  y  pût  reconnaître  la  présence  d'aucune 
portion  osseuse  moiliiiée. 

Obs.  IU.  H.  G***,  âgé  de  vingt-sept  ans,  admis  en  janvier  1867^ 
époque  où  le  phagédénisme  régnait  tant  au  dehors  qu'à  rintërieur 
de  i'hôpitai;  il  portait  à  la  partie  antérieure  de  la  jambe  droite  un 
ulcère,  de.  forme  ovale^  .de  mauvais  aspect,  un  peu  plus  luige 
qu  une  pièce  de  cinq  shihings.  Plusieurs  fois  cet  ulcère  avait  èé 
envahi  par  lephagédénisme,  en  sorte  qu'une  assez  considérable  sur* 
face.du  tibia  était  restée  à  découvert  quand  l'ulcération  était  arrivée 
à  lepreuUre  un  caractère  plus  sain.  Une  application  d'acide  sulfuri- 
que pur  lut  faite  le  1®^  mars,  et,  le  11^  une  large  lamelle  osseuse  se 
détachait,  laissaut  à  sa.  plac^  une  pluie  recouverte  de  bourgeons 
de.boune  nature. 

ÛB8.  ÏV.  H.  H'^**,  âgé  de  quinze  ans,  entré  en  août  1869,  pour 
une  ulcération  phagédéuique  d'origine  syphihlique  au-devant  de 


—  305  — 

la  jambe.  Après  la  dispantion  du  phagédénisme,  lorsque  la  plaie 
fut  redeveniie  saine,  le  tibia  resta  à  découvert,  avec  une  surface  ru- 
gueuse, dans  une  étendue  qui  dépassait  la  largeur  d'une  pièce  d'une 
couronne.  Le  9  août,  on  touche  Tos  avec  de  l'acide  sulfurique  pur, 
et  le  44  septembre  on  trouve  détachée  une  large  lamelle  mince, 
criblée  de  trous.  Le  malade  quitta  Thôpital  le  1*'  octobre,  non  com- 
plètement guéri  encore,  mais  en  très-bonne  voie  :  la  cicatrisation 
de  Tulcèrc  se  faisait  rapidement,  la  surface  osseuse  était  couverte 
de  bourgeons  charnus  de  très-bon  aspect,  et  il  ne  restait  pas  à  dé- 
couvert la  moindre  portion  d'os. 

Obs.  V.  W.  P***,  âgé  de  trente-six  ans,  fut  admis  en  septem- 
bre 4869,  présentant  une  ouverture  fistuleuse  à  la  face  antérieure 
de  la  jambe,  qui  laissait  pénétrer  jusqu'à  la  substance  du  tibia  dont 
on  sentait  une  portion  nécrosée,  mais  non  libre.  C'était  la  consé- 
quence d'une  fracture  compliquée  très- grave  de  la  janibi\  survenue 
dix-huit  mois  auparavant.  Le  16  septembre  Tos  malade  fut  mis  à 
découvert,  ce  qui  permit  d'enlever  quelques  petits  séquestres,  et  de 
reconnaître  dans  le  tibia  une  perte  do  substance  formant  cavité, 
dont  la  surface  était  rugueuse  et  affectée  de  carie.  Celte  surface  fut 
lotionnée  chaque  jour  avec  un  mélange  d'eau  et  d'acide  sulfurique, 
et  elle  ne  tarda  pas  à  perdre  son  caractère  rugueux,  et  à  prendre  un 
meilleur  aspect,  se  couvrant  de  bourgeons  charnus  de  bonne  na- 
ture. Le  malade  quitta  Thôpilal  le  3  novembre,  la  perle  de  sub- 
stance se  trouvant  presque  entièrement  comblée,  et  l'os  étant  com- 
plètement recouvert. 

Il  n'est  pas  nécessaire  de  multiplier  davantage  les  exemptes  ; 
beaucoup  d'autres,  si  on  le  voulait,  pourraient  être  relatés.  Mais 
ceux  qui  précèdent  sont,  je  pense,  suffisamment  nombreux  et  assez 
explicites  pour  mettre  en  lumière  les  principes  et  les  résultats  du 
traitement  que  je  viens  soutenir  ici. 

Je  ne  sais  si  d'autres-,  avant  moi,  ont  eu  recours  à  l'application 
de  Pacide  sulfurique  au  traitement  de  la  carie  des  os  de  préférence  à 
remploi  de  la  gouge,  du  cautère  actuel  ou  de  la  potasse  caustique. 
Je  ne  trouve  aucun  renseignement  particulier  relativement  à  ses 
dfets,  aucune  allusion  à  sa  facilité  d'application  ni  à  son  efficacité 
pour  le  traitement  de  la  carie,  dans  aucun  des  ouvrages  modernes 
ior  les  maladies  des  os. 

Sur  le  traitement  de  cette  affection,  M.  Holmes  s'exprime  ainsi  : 
«  Souvent,  après  une  libre  exposition  des  os  cariés  au  contact  de 
Pair,  la  maladie  s'amendera  graduellement  ;  mais  lorsqu'il  n'eu 
est  pas  ainsi,  une  question  se  présente:  convient-il  d'enlever  la 
surface  cariée  et  d'en  mettre  h  découvert  une  autre  qui  soit  en 


-  306  — 

meilleur  état^  soit  en  faisant  agir  la  rugine  ou  la  gouge,  soit  en 
appliquant  le  cautère  actuel^  ou  bien  vaut-il  mieux  modifier  le 
travail  morbide  par  des  injections  ou  par  des  a[)plications  de  sub- 
stances diverses  ?  Les  injections  auxquelles  on  a  recours  sont  com- 
posées soit  d'iode^  soit  d'acide  cUlorhydrique  dilué.  Le  but  qu'on 
se  propose,  en  employant  ce  dernier  agent,  esl  d'obtenir  sa  com- 
binaison avec  la  base  des  sels  phosphatiques  qui  entrent  dans  la 
composition  des  os,  et  d'en  éliminer  ainsi  la  surface  en  désa- 
grégeant successivement  de  nouvelles  portions.  lia  été  expérimenté 
et  fortement  recommandé  par  M.  Ghassaignac  [Mém,  de  la  soc.  de 
chir,y  t.  IV,  p.  286),  et  il  ne  paraît  pas  qu'il  puisse  exister  des 
objections  à  son  emploi  dans  les  cas  favorables  ;  mais  je  ne  puis 
dire  que  j'en  aie  retiré  beaucoup  d'avantage  (1).  » 

Plus  loin,  en  parlant  de  la  rugine,  de  la  gouge  et  du  cautère 
actuel,  il  dit  :  «  Ces  opérations,  toutefois,  ne  devront  être  prati- 
quées que  dans  les  cas  d'évidente  nécessité.  Nous  n'avons  que  de 
trop  fréquents  exemples  du  danger  de  toutes  les  opérations  sur  les 
os,  spécialement  de  celles  qui  sont  de  nature  à  entraîner  Texposition 
de  larges  surface  de  tissu  spongieux  ou  réticulaire  (cancellous), 
comme  c'est  généralement  le  cas  dans  ces  procédés  qui  reposent 
sur  l'emploi  de  la  gouge  ou  de  la  rugine,  lesquels  sont  extrême- 
ment aptes  à  être  suivis  d'inflammation  diffuse  de  Tintérieur  des 
os,  Tosléo-myclite,  et  de  pyémic.  » 

Parmi  les  cas  nombreux  que  jusqu'à  ce  jour  j'ai  eu  occasion 
d'observer  tant  à  l'hôpital  Saint-Georges  que  dans  ma  pratique 
particulière,  il  n'est  pas  un  exemple  de  conséquences  fâcheuses 
ayant  suivi  l'application  de  l'acide  sulfurique  sur  un  os  malade 
dans  une  partie  quelconque  du  corps  ;  jamais  non  plus  le  traite- 
ment n'a  été  trouvé  douloureUlL  lorsquls  l'acide  a  été  employé  sous 
forme  diluée;  S'il  arrive  que  de  la  douleur  succède  à  rapplieatîon, 
elle  ne  dure  eh  général  que  peu  de  temps;  car  Tacide,- miseb 
contact  avec  la  substance  osseuse^  ne  tarde  pas  à  être  neutralisé, 
et  dès  lors  il  cesse  d'occasionner  aucune  souffrance .  A  l'état  de 
dilution»  l'acide  n'affecte  pas  d'ordinaire  les  tissus  mous,  même 
au  degré  d'une  simple  sensation  désagréable  ;  il  n'y  détermine  pas 
non  plus  la  plus  légère  irritation  ctihsécutive. 

L'acide  peut  être  employé  pur,  comme  on  l'a  vu  dans  quelques 


(1)  System  of  Surgery,  t.  111,  p.  637. 


—  3Q7  — 

uns  des  exemples  rapportes  ci-dessus.  Muis  son  application  sous 
c^te  forme  doit  être  réservée  de  préférence  pour  les  caries  ou  les 
nécroses  des  os  dénudés  ou  sur  lesquels  il  est  facile  de  parvenir^ 
ou  bien  pour  les  cas  où  il  est  désirable  de  détruire  rapidement  un 
os  qui  sq  nécrose  ou  de  se  débarrasser  promptement  d'un  os  né- 
crosé. Les  résultats  de  son  emploi  dans  de  telles  circonstances  sont 
très-satisfaisants.  Maisponr  la  plupart  des  autres  indications  qu'on 
peut  avoir  en  vue^  un  mélange  d'acide  et  d'eau  par  parties  égales 
sera  reconnu  sufHsamment  actif  et  efficace.  Do  môme  pour  l'abla- 
tion d'une  portion  du  crâne  frappé  de  nécrose,  je  préfère  ne  pas 
employer  un  mélange  trop  fort,  de  peur  d'irriter  la  dure-mère 
s'il  arrivait  qu'en  pratiquant  la  lotion  sur  Tos^  le  liquide  vint  à  se 
mettre  en  contact  avec  cette  membrane  ;  car  il  peut  se  faire  (]ue, 
dans  un  assez  grand  nombre  de  ces  cas,. des  portions  du  crâne  se 
trouvent  déjà  exfoliées  ou  même  déjà  enlevées. 

Si  on  l'emploie  pour  la  destruction  de  surfaces  cariées  dans  des 
excavations  osseuses^  pu  de  fragnfients  cariés  situés  profondément 
à  la  surface  d'os  plats,  tels  que  ceux  du  bassin  par  exemple,  on  trou- 
vera très- avantageux  d'appliquer  l'acide  dilué  à  l'aide  d'un  tampon 
de  charpie  convenablement  humecté  de  la  solution  acide^  dont  on 
remplira  la  cavité^  ou  qu*on  étendra  sur  le  fragment  malade  ;  ou 
liîen  encore  pn  peut  projeter  chaque  jour  cette  solution  au  moyen 
d'une  seringue.  La  première  de  ces  deux  manières  d  appliquer 
l'acide  estj  toutefois,  préférable,  car  elle  assure  d'une  manière 
plus  effective  le  contact  de  l'agent  modificateur  avec  la  surface  ma- 
Jade»  et  pour  une  durée  plus  longue  que  si  l'on  se  bornait  à  une 
simple  injection  du  liquide  dans  l'excavation  carieuse. 

Le  second  ou  le  troisième  jour,  quand  on  retire  la  charpie^  on 
trouve  ^excavation  osseuse  recouverte  d'une  coiicbe  de  tissu  blanc 
opaque,  qu'un  jour  ou  deux  plus  tard  on  peut  ôter  à  l'aide  de 
pinces.  C'est  )a  surface  même  de  l'os  qu'on  enlève  ainsi  par  cette 
petite  opératioq^  ^ous  la  forme  d'une  couche  plus  ou  moins  épaisse; 
car  ce  n^est  autre  chose^  en  effet,  qu'une  eschare  molle  provenant 
de  la  super^cie  deTos,  dont  le  phosphate  et  le  carbonate  dechaux  ont 
é|édisspmi  en  très-grande  partie,  sinon  en  totalité.  Si,  après  avoir 
détaché  cetlp  escharci  on  trouve  encore  des  parties  rugueuses  ù  la 
surface  de  l'os,  il  faut  répéter  l'application  de  l'acide,  et  continuer 
ainsi  autant  de  fois  qu'on  reconnaît  de  même  la  présence  de  rugo- 
sités ou  de  ccurie.  Ordinairement,  lorsque  une  ou  deux  couches  de 
cette  sorte  d'e^chare  ont  été  enlevées^  un  bourgeonnement  du  Imuue 


—  308  — 

nature  commence  à  se  produire  à  la  surface  osseuse  mise  à  décou- 
vert et  revêt  rapidement  Tos  vivant  d'un  tissu  vasculaire  rouge 
velouté,  qui,  se  développant  chaque  jour^  ne  tarde  pas  à  remplir 
la  cavité  et  comble  la  perte  de  substance  que  l'os  a  subie. 

Quand  on  applique  l'acide  quotidiennement  avec  un  pinceau  ou 
une  baguette  de  verre  sur  une  portion  d'os  nécrosée  mise  h  décou- 
vert, on  voit  celle-ci  se  désagréger  et  s'émietter,  pour  ainsi  dire, 
en  Irès-petits  fragments  secs,  ou  bien  on  peut  l'enlever  par  menues 
parties  ayant  Taspect  du  mortier  friable,  ou  bien  encore  on  peut 
en  raclant  en  ramasser  une  couche  mince  dans  un  état  humide^  si 
on  agit  (rès-pcu  de  temps  après  Tapplicalion,  alors  que  la  sur- 
face de  Tes  se  trouve  encore  mouillce.  Lorsque  la  désagrégation  se 
produit  et  que  Tos  devient  plus  poroux  et  se  perfore  de  trous  nom- 
breux^ des  bourgeons  charnus  sains  et  abondants  se  forment  au- 
dessous,  et  souvent  on  en  peut  voir  faisant  saillie  à  travers  ces  ou- 
vertur-es  ;  en  sorte  que,  aussitôt  que  des  portions  d'os  sont  enlevées 
ou  se  détachent,  aussitôt  la  partie  ainsi  dénudée  se  montre  cou- 
verte par  cette  formation  saine  de  granulations,  qui  vont  combler  la 
perte  de  substance  osseuse  et  aider  à  la  cicatrisation  de  la  plaie 
externe. 

Dans  les  cas  où  j'avais  affaire  à  une  portion  dénudée  du  crâne, 
j'ui  toujours  préféré  l'application  quotidienne  de  Tacide  dilué,  plu' 
tôt  que  d'encourir  quelque  risque  par  une  action  trop  vive  et  trop 
rapide  due  à  l'emploi  de  l'acide  pur.  Je  n'ai  pas  hésité  davantage  5l 
recourir  à  cette  application  sur  l'os  malade^  alors  même  qu'on  pou^ — 
vail  voir  distinctement,  sur  le  bord  de  la  partie  nécrosée,  les  mou.—' 
vements  alternatifs  de  la  masse  encéphalique  au  travers  de  la  dur^^ 
mère  découverte. 

Je  n'ai  jamais  observé,  dans  aucun  cas,  le  plus  léger  effet  fifr-^ 
chcux  de  Tapplication  de  Tacide  sulfurique  sur  les  os  malades.  Pla^^^ts 
je  m'en  suis  servi,  et  plus  je  me  suis  convaincu  que  c'est  un  d  ^^ 
agents  les  plus  précieux  que  le  chirurgien  ait  à  sa  disposition  po^B-^ 
l'aider  dans  l'ablation  des  os  frappés  de  nécrose,  et  pour  susci^-^ 
une  action  salutaire  dans  les  excavations  carieuses  ou  sur  les  sm^^^" 
faces  ulcérées  des  os  longs  ;  précieux  non-seulement  comme  ét^v-ii^ 
doué  d'une  action  parfaitement  sûre  et  exempte  de  danger  comp^  ^' 
rativcment  aux  effets  de  l'intervention  instrumentale,  mais  enctf^^l^ 
en  raison  de  la  promptitude  des  résultats  qu'il  procure  comparai'^' 
vement  à  ceux  qu'on  peut  attendre  des  efforts  de  la  nature  aband^'^' 
née  à  elle-même.  Le  travail  par  lequel  s'opère  la  séparation  àeê-féf-^' 


—  309  — 

lies  morles  des  parties  vivantes  est  un  travail  toujours  très-lent 
dans  les  os  longs,  ainsi  que  l'a  fait  remarquer  Holmes,  et  qui  de- 
mande en  général  un  nombre  plus  ou  moins  considérable  de  mois 
pour  s'effectuer.  Par  l'emploi  de  Facide  sulfurique,  cette  durée, 
dans  beaucoup  de  cas,  peut-être  réduite  à  quelques  semaines,  si  le 
traitement  est  conduit  avec  soin  et  attention. 

Le  docteur  Fitzgerald,  de  Dublin,  a  recommandé  et  employé 
avec  succès  la  potasse  caustique  dans  le  traitement  de  la  carie  des 
os  ;  et  Ton  ne  saurait  douter  des  avantages  de  cet  agent  si  Ton  met 
en  parallèle  la  rapidité  de  son  action  et  la  lenteur  de  celle  du  temps^ 
car  il  détruit  promptement  la  portion  malade  et  en  avance  d'une 
manière  sûre  la  séparation^  que  suit  la  formation  d'une  membrane 
granuleuse  saine.  Mais  si  on  l'essaye  comparativement  à  l'acide  sul- 
furique,  on  reconnaît  qu'il  lui  manque  une  propriété  essentielle  dont 
est  pourvu  ce  dernier  :  c'est  que  l'acide^  quand  il  est  dilué,  n'afifecte 
et  ne  lèse  pas  les  tissus  mous,  bien  qu'au  même  moment  il  agisse 
chimiquement  sur  \'o8  malade  seul;  il  n'affecte  pas  Tos  vivant,  et 
son  application  n'est  que  rarement  accompagnée  d'une  douleur  de 
quelque  intensité. 

Que,  sous  forme  de  dilution,  il  n'agisse  que  sur  l'os  mortifié  ou 
malade^  c'est  un  point  d'une  importance  pratique  très-considéra- 
ble; et  c'est  le  grand  avantage  que  possède  l'acide  sulfurique,  comme 
agent  d'application  externe  dans  les  circonstances  ci-dessus  spéci- 
fiées, c'est  sa  grande  supériorité  sur  l'emploi  de  la  gouge  ou  du 
cautère  actuel^  ou  de  la  potasse  caustique.  Les  expériences  suivantes 
faites  à  ma  demande  par  M.  Henri  M.  Noad,  mon  interne,  prouvent 
d'une  manière  satisfaisante  l'exactitude  de  cette  proposition. 

Des  portions  d'os  mortifié,  malade  et  sain^ont  été  choisies  et  sou- 
mises à  l'action  de  l'acide  sulfurique,  savoir  : 

i^  Os  nécrosé,  10  grains  ; 

2*  Os  malade^  iO  grains; 

3^  Os  sain  (sujet  d'âge  moyen),  10  grains; 

A^  Os  sain  (sujet  âgé),  id  grains; 

Soumis  à  l'action  d'un  mélange  d'acide  sulfurique  et  d'eau  dans 
la  proportion  d'une  partie  sur  quatre,  pendant  trois  jours,  à  la 
température  de  100  degrés  (1);  voici  quels  ont  été  les  résultats  : 


(1)  Sans  doute  du  tlierinomëtre  Fahrenheit,  qui  est  celui  en  usage  en  Au< 
gtèterre  t  environ  58  degrés  centigrades. 


—  340  — 

i^  Os  nécrosé  :  phosphate  de  chaux,  2  gr.  ;  carbonate  de  chaux^ 
3>30  gr.  'f  dissous  dans  le  mélange  ; 

^  Os  malade  :  phosphate  de  chaux^  %  gr.  ;  carbonate  de  chaux» 
1^3  gr.  ;  dissous  dans  le  mélange  ; 

3°  et  4°  Sur  les  deux  échantillons  d'os  sain^  aucune  action. 

Le  travail  de  désagrégation  ou  de  dissolution^  avec  commence- 
ment de  membrane  granuleuse  saine  à  la  surface  de  l'os  vivant^ 
peut  s^observer  marchant  simultanément  sur  toute  surface  dénu- 
dée d*os  mortifié  ou  d'os  en  voie  de  mortification,  sur  laquelle  on  a 
pu  faire  l'application  de  Tacide.  Quand  on  compare  son  action  et 
SCS  effets  à  ceux  de  la  gouge^  à  Pattrition  qui  accompagne  nécessai- 
rement remploi  de  cet  instmment,  à  la  douleur  et  à  Tinflammation 
fréquente  qui  s'en  s^ivent^  et,  même  dans  les  circonstances  les  plus 
favorables,  au  temps  qu'exige  la  surface  rugueuse  lacérée  pour  se 
réparer^  se  débarrasser  de  ses  petits  fragments  écrasés,  et  se  recou- 
vrir de  bourgeons  charnus,  le  traitement  par  Tacide  sulfurique  sera 
trouvé  de  beaucoup  préférable. 

a  Jusqu'à  présent,  dit  M.  Holmes  {op.  cit.],  nous  avons  envisagé 
la  méthode  ordinaire  de  séparation  ;  et  comme  elle  consiste  en  un 
travail  lent^  d'une  durée  quelquefois  considérable^  qui  est  fort  rare- 
ment complet  à  moins  de  plusieurs    mois  s'il  s'agit  d'un  large 
séquestre,  qui  souvent  même  se   chiffre  par  années^  il  n'est  pas 
surprenant  que  des  efforts  aient  constamment  été  tentés  pour  avan- 
cer l'époque  de  la  cure  en  accélérant  la  séparation  de  l'os  malade. 
Ces  e^brts,  toutefois^  n'ont  eu  d'autres  résulta^  que  des  inécomptes. 
Il  faut  donc  laisser  ce  travail  trouver  son  accomplissenpient  naturel 
dans  la  séparation  spontanée  ^e  la  partie  osseuse  mortifiée  de  la  parti<^ 
vivante  ;  et  toute  tentative  pour  effectuer  cet^  séparation  artificielle- 
ment^ c'est-à-dire  pour  détacher  la  portion  nécrosée  et  la  retrancheiJ* 
des  parties  vivantes,  n'a  d'autre  résultat  que  d'accioitro  refendues 
de  la  maladie  et  de  mettre  en  péril  la  conservation  du  nnembre.  De^^ 
considérations  spéciales  c^p^^Ucables  ^  certaines  régions  du  corps^    js 
telles  que  le  crâne^  peuvent^  à  )a  vérité,  engager  un  chirurgien     ^ 
agir  par  une  opération  sur  l'os  nécrosé  avant  qu'il  soit  détaché,  afi 
de  donner  issue  au  pus  renfermé  au-dessous.  De  telles  opération 
toutefois,  ne  doivent  pas  être  entreprii^es  dans  ie  but  de  guérir  V 
malade,  mais  de  rétablit*  les  fonctions  d'organes  affectés  second^ih.  i- 
rement.  » 

U  ne  faut  pas  supposer^  toutefois,  d'après  ce  que  nous  avons  ^'^ 
prcccdommuiit  sur  l'application  de  l'acide  sulfurique,  qu'il  soit  49- 1?^' 


{ 


-  âii  — 

Dôtre  intention  de  mettre  en  avant  cette  idée:  qu'une  intervention 
instrumentale  dans  le  traitement  de  la  nécrose  ou  de  la  carie  nje 
sera  plus  désormais  nécessaire.  Gela  est  bien  loin  de  notre  but. 
Ifombreux  seront  les  cas  dans  lesquels  le  chirurgien  doit  interve- 
nir mécaniquement  pour  opérer  l'ablation  d'un  os  nécrosé  ou  pour 
mettre  à  découvert  une  excavation  carieuse.  Le  mérite  réel  du  trai- 
tement réside  dans  la  limitation  de  l'action  de  Tacide  à  Tos  ma- 
lade,  dans  la  sûreté  parfaite  de  Tapplioation^  et  dans  ce  fait  qu'elle 
ne  détermine  aucune  irritation  dans  les  parties  molles.  La  li- 
mitation de  l'action  de  l'acide  peut  ètrç  considérée  comme  prouvée 
par  les  expériences  rapportées  ci-dessus  ;  sa  sûreté  se  montre  prin- 
cipalement quand  on  l'applique  au  traitement  d'aûections  osseuses 
du  crâne  et  quand  il  y  a  lieu  de  désirer  de  ne'  pas  intervenir  au 
moyen  des  instruments  ;  enfin  ses  effets  avantageux  s'observeront 
quand  on  l'appliquera  aux  surfaces  cariées  ou  à  la  nécrose  des  OB 
longs  ou  courts.  On  le  trouvera  aussi  particulièrement  utile  dans 
le  traitement  de  la  nécrose  du  maxillaire»  non-seulement  parce 
qu'il  l^te  l'élimination  de  l'os  mortifié  ;  mais  parce  que,  au  moyen 
de  ses  propriétés  antiseptiques,  il  modiCe  considérablement  l'hor- 
rible fétidité  qui  infecte  Phaleine  des  malades  atteints  de  cette  af- 
fectiqp. 

L'application  de  l'acide  dans  les  maladies  des  os  du  crâne  rend 
inutile  l'emploi  de  la  force  ou  de  la  violence  dans  un  état  des  parties 
qui  est  très-critique  et  dans  lequel  le  moindre  trouble  local  peut  être 
suivi  de  conséquences  gravesv  L'application  de  l'acide  dans  les  ca- 
ries ou  nécroses  des  os  longs  ou  couits  dispensera  souvent  de  Tenj- 
ploi  de  la  gouge^  et  par  conséquent,  épargnera  toute  meurtrissure 
de  la  partie  non  altérée  et  vivante  de  j'os.  Le  chirurgien ,  avec  la 
gouge,  enlève  de  Tos  vivant  en  même  temps  que  de  l'os  mort;  car 
il  ne  peut  déterminer  exactement  la  profondeur  à  laquelle  sMtend 
h  couche  cariée.  L'acide  désagrège  seulement  la  partie  mortifiée 
ou  en  voie  de  mortification  de  la  surface  osseuse  ,  et  il  paraît  fair^ 
naître  dans  la  pailie  saine  un  état  qui  le  rend  propre  à  aider  rapi- 
dement h  sa  propre  réparation.  L'application  de  Tacide  est  donc 
fréquemment  requise  au  lieu  de  l'intervention  opératoire  ;  elle  sera 
aussi  constamment  avantageuse  après  Temploi  des  instruments 
dans  le  traitement  des  maladies  des  os. 

Les  propriétés  antiseptiques  de  l'acide  ne  sont  pas  une  faible  re- 
commandation en  faveur  de  son  usage.  La  suppuration  sanieuse 
et  fétide  qui  accompagne  si  constamment  les  affections  osseuses  est 


—  312  — 

tout  d^abord,  par  son  influence,  modifiée  dans  ses  caractères,  et  au 
bout  de  peu  de  temps^  en  gënëral,  il  ne  reste  plus  aucune  mau- 
vaise odeur. 

Mon  collègue,  M.  Pick,  rend  un  témoignage  favorable  des  effets 
de  Tacide  sulfnrique  tel  qu'il  est  recommandé  dans  cette  note; 
on  le  trouve  exprimé  dans  les  remarques  suivantes^  que  je  suis 
heureux  de  i*eproduire  :  «  Lorsque  j'avais  la  charge  de  tenir  tes 
registres  de  chirurgie  à  Thôpital  Saint-Georges,  j'ai  eu  un  grand 
nombre  d'occasions  d'être  témoin  du  traitement  des  os  nécrosés 
et  cariés  au  moyen  de  l'acide  sulfurique,  et  j'ai  été  vivement  frappé 
des  résultats  très-avantageux  qui  ont  été  obtenus.  Le  premier  cas 
dans  lequel  mon  attention  se  fixa  d'une  manière  particulière  sur  la 
valeur  de  cet  agent,  fut  celui  d'une  jeune  fille  qui  était  atteinte 
d'une  nécrose  étendue  des  os  du  cràne^  comprenant  la  presque  tota- 
lité de  cette  région,  et  chez  laquelle  ce  mode  de  traitement  fut  em- 
ployé avec  les  meilleurs  résultats.  Et  en  inscrivant  ce  cas,  aussi 
bien  que  plusieurs  autres  cas  de  nécrose,  au  résumé  annuel  du 
service  chirurgical  dans  les  Reports  de  Thôpital  Saint-Georges 
pour  l'année  1865,  je  disais  :  une  solution  pnr  parties  égales  d'a- 
cide sulfurique  et  d'eau  avait  été  appliquée  sur  les  os  dénudés,  et 
elle  avait  eu  cet  effet  remarquable  d'en  déterminer  la  dissolution 
rapide  avec  production  à  la  suite  d'une  surface  de  bonne  nature 
qui  se  cicatrisa  promptement.  —  Depuis  cette  époque  ,  j'ai  eu  de 
fréquentes  occasions  d'employer  cet  agent,  particulièrement  dans 
les  affections  strumeuses  des  os  chez  les  enfants,  et  j'ai  toujours  été 
plus  que  satisfait  du  résultat.  Quand  on  l'applique  sur  un  os  ma- 
lade, une  action  dissolvante  se  produit^  Tos  se  dissout,  se  désa- 
grège rapidement  et  est  entraîné  dans  la  suppuration,  laissant  une 
surface  bourgeonnante  parfaitement  saine ,  qui  ne  tarde  pas  à  se 
cicatriser.  En  règle  générale^  je  me  sers  de  l'acide  pur  ;  et  si  l'on- 
prend  garde,  en  faisant  Tapplication^  que  rien^  si  ce  n'est  le  tîssi^ 
malade,nc  se  trouve  en  contact  avec  lui,  le  procédé  est  absolument 
exempt  de  douleur.  Chez  une  petite  fille  qui  est  maintenant  dans  mo 
service  à  l'hôpital  Saint-Georges,  j'ai  eu  recours  à  ce  traitement 
Malade  depuis  un  certain  temps,  elle  avait  subi  déjà  de  nombreuse 
opérations  au  moyen  de  la  gouge  pour  une  maladie  étendue  à^^ 
tibia,  mais  avec  très-peu  de  résultats  déterminés.  En  août  dernietr^  ^ 
je  mis  à  découvert  la  face  antérieure  presque  entière  du  tibia,  ^^ 
ayant  gratté  les  surfaces  de  toutes  les  portions  malades,  je  con^' 
tnençai  le  traitement  régulier  par  l'acide  sulfurique^  l'appliquar^^ 


-.  313  -" 

pur  deux  fois  par  semaine.  Aujourd'hui  (i),  il  n'exisle  plus  que 
deux  points  peu  considérables  d'os  dénudé^  la  plus  grande  partie 
de  la  plaie  est  cicatrisée,  et  le  reste  est  couvert  de  bourgeons  char- 
nus de  bonne  nature.  » 

Peut-être  m'accusera-t-on  d'avoir  trop  de  confiance  dans  ma 
manière  d'envisager  les  effets  avantageux  de  ce  traitement  ;  mais 
je  ne  suis  pas  loin  de  penser  que  Inapplication  de  l'acide  sulfuri- 
que,  faite  de.  bonne  heure^  tend  à  arrêter  le  développement  de  la 
carie  et  de  la  nécrose,  aussi  bien  qu'elle  accélère  l'élimination  du 
tissu  mort  ou  en  train  de  se  mortifier.  C'est  un  point  que  des  essais 
attentifs  et  l'expérience  clinique  pourront  élucider  avec  le  temps  ; 
mais  je  crois  que  j'ai  produit  des  faits  et  des  arguments  qui  suf- 
fisent à  justifier  l'opinion  que  je  me  suis  formée ,  à  savoir  :  que 
l'emploi  le  plus  étendu  de  l'acide  sulfurique  en  applications  locales 
dans  le  traitement  de  la  carie  et  de  la  nécrose,  mérite  Tattention 
des  chirurgiens.  Trad.  D'^  A.  G* 


CHIHIE  ET  PHARMACIE 


lV«te  «nr  le  c«altar  palTémlenl  el  «ob  emplal  dJann  le  pansemeiit 

«es  plaies  ; 

Par  H.  Maonbs-Lahbrs,  pharmieien  à  Toulouse. 

« 

^  Pendant  le  temps  qui  s'est  écoulé  depuis  la  lecture  de  ma  note  de- 
vant la  Société  de  médecine  de  Toulouse  sur  le  goudron  pulvérulent, 
j'ai  obtenu  avec  le  coaltar,  ou  goudron  de  houille,  et  le  charboq^ 
un  produit  ressemblant  au  goudron  pulvérulent,  mais  que  j's^i  jugé 
préférable  à  ce  dernier  dans  le  pansement  des  plaies  de  mauvaise 
nature  (2)  ;  j'ai  fait  soit  à  nptre  Académie  des  sciences^  soit  à  notre 


(l/llaltaeureuseiii^nt  Id  date  n'est  pas  indiquée,   de  sorte  quMl  n'est  pas 
possible  de  se  rendre  compte  du  temps  qu'il  a  fallu  pour  obtenir  ce  résultat. 

(A'o/«  du  traducteur). 
(2)  Pour  que  chacun  puisse  préparer  le  coaltar  pulvérulent^  je. donn^ ici  sa 

formule  et  le  mode  opératoire,  dans  tous  ses  détails  : 

•  >         ■     •    ■ 

Vf,:  Pondre  de  charbon  de  bols  léger  passé  au  tamis  de  crin  fin.      2  p. 
Coaltar « 1  p. 

A  l'aide  d*an  pilon  à  tête  large,  je  mêle  aussi  intimement  que  po98i|>le^.dans 


—  3U  — 

Société  de  médecine  des  communications  verbales  touchant  ee  noct* 
veau  produit  afin  d'attirer  sur  lui  Tattenlion  de  nos  médecins  et 
chirurgiens  chargés  de  soigner  nos  blessés.  Mon  appel  a  été  en- 
tendu et  des  résultats  satisfaisants  ont  déjà  suivi  les  premiers 
essais.  Certains  praticiens  se  bornent  à  saupoudrer  la  plaie  de  coal- 
tar pulvérulent,  d'autres  la  recouvrent  complètement  d'une  couche 
légère  dont  ils  augmentent  l'épaisseur  lorsque  la  sécrétion  du  pus 
est  très-abondante  ;  quelques-uns  s'abstiennent  d'ap|)liquer  direc- 
tement le  coaltar  pulvérulent  sur  la  plaie,  surtout  quand  elle  est 
enflammée,  et  préfèrent  le  renfermer  entre  deux  linges  avant  d'en 
faire  l'application  ;  quelques  autres  introduisent  le  coaltar  pulvé- 
rulent dans  les  plaies  profondes^  après  l'avoir  mêlé  soit  avec  An 
coton  cardé  soit  avec  de  la  charpie  ;  il  en  est  enfin  qui  préfèrent, 
pour  le  pansement  des  plaies,  au  coaltar  pulvérulent  le  goudron 
pulvérulent,  h  cause  de  son  arôme  et  de  sa  moindre  activité. 

Gomme  le  goudron  pulvérulent,  le  coaltar  pulvérulent  est  très- 
léger,  très-poreux,  ne  tache  ni  les  doigts  ni  le  linge  ;  un  léger 
lavage  à  l'eau  froide  ou  tiède  l'enlève  aisément  de  la  surface  des 
plaies.  j^     .  , 

L'effet  le  plus  immédiat  de  son  application  ^est  la  désinfection 
des  plaies  les  plus  fétides  ;  vient  ensuite  un  changement  rapide 
dans  leur  aspect  :  la  couleur  vermeille  s ijcq^djB  bientôt  à.l^  tçinta 
noire  ou  grisâtre;  les  bourgeons  cbarous  apparaissent,  etc.,  etc. 

Dans  la  période  dç  tâtonnement  où  SQtrQuye  encore  le  traite- 
ment des  plaies^e  mauvaise  nature  par  le  coaltar  pulvérulent,  il 
serait  téméraire  de  vouloir  préciser,  dès  aùJoiifâ*hui,  c^ael  es^t  son 
mode  d'emploi  le  plus  avantageux,  tl  est  mrèthê  facile  de^  prévoir 
que  les  niodes  d'emploi  devtoAt  VM'ier  selon  la  nature,  l'étendtie, 
hk  dcfntlguration  dûs  phkies;  peùl-élre  même  ^era-t-il  t>econna 
ittile  dé  modifier  lu  formule  du  coaltar  pCiflvértilent  et  d'en  ttntigër 
l'énergie  en  y  intr^^duisAnt  ttne  prroportioA  àt  charbon  plus  Mvin^ 
dérable.  .  . 

Op  obtient  i;ae  liqueur  richç  en  acide  pbénique  et  représentant 

iltill  II      f  I        J"'  '  •" ''  '      '  '    .'     ''l'*     "        ■'      ■--j-V  -■-■■■*«  t  ,  y  I 

un  grandi  inartier  évasé,  tout  le  coaltar  avec  les  quatre  cinquièmes  de  la  pou- 
^e  de  ch'slrl)^  et  fe  &mfse  Te  Aiëlaiigé.  Ce  qui  refuse  dé  basséf  au  lainisest 
mêlé  à  une  portion  du  charbon  qui  a  été  ténue  en  réser^ë'étjë'rêiteré  là  lami' 
sation.  I^e  nouveau  rés\d((  est  mêlé  à.  d'aul^f^  cbaf/i)Qi^,.puû  le.mélange  est  t9it 
misé  eijt  continue  delà  sorte  jusqulà  ce  que  toute  la  matière  ait  ]Hiisé  au 
travers  du  tamis.  Je  renferme  immédiatement  le  produit  dans  des  bocaux  qae 
}tft>ouebe  avec  soin.  .  ' 


—  345  — 

à  uki  haut  degré  les  propriétés  déskifiectanles  du  coftltai',  «n  i^ 
tant  pendant  cinq  ou  sîi  minutes  50  grammes  decoalCtr^iMnilent 
avec  1  litre  d^eau  à  50  degrés  centigrades.  Celte  liqueur,  ^re  ou 
additionnée  d'eau^  peut  servir  po«r  laveries  plaies  ou  pour  «rmser 
les  salles. 

Au  point  de  vue  de  l^ygiène  et  de  la  salultrité  des  saHes  affec- 
tées aux'hiessés  dans  les  hôpitaux,  TeflopM  du  coapltar  pulvéniieot 
sjiëmbfe  promettre  de  précieux  TiésuUatB.,Nui  doute  que  tes  ëannà- 
tiohs  putrides  qui  s'exhalent  du  pus  kaliiké  daaslaiohaf^îe  «tiaiis 
lés  compresses  ne  eotitribuent  pour  une  lai^  paît  à  wâi»*  Tair  ide 
<;es  salles.  E),  au  lieu  de  laisser  le  pus  eerépfinéré  sur  «letlaB^es 
surfaces,  venir  au  contact  de  Tair  et^présenter  m!ù%\  les  43oqiy&iiH«s 
les  plus  favorables  à  sa  décomposition,  on  Tabsorbe^  à  proportion 
qu^il  est  sécrété,  dans  une  couche  de  coaltar  pulvérulent^  sa  dé- 
composition eàfiiAMmièA  tàdtlUblpr^<fl«HI»ns  pestilentielles 
disparait.  Des  fumigations  de  coaltar  pulvérulent  faites  dans  ces 
salles  contribueraient  aussi  à  les  assainir. 

âî  les  premiers  "succès  JfûjcoaliwpWvêrûTent  se  'confii'ftent,  Tes 
administrateurs  des  hôpitaux  et  des  ambulances  auront  d^ autant 
plîts-defftcîtitë^  d^avantage  à  «n  ttdopter4'efDploi^<9u*OQ  (leiit  le 
ptiipârér*iypesque^)(8trt()ut'et  (fUeBdn \pm  de >re»ieiiitie9l4cte4aÊble, 
surtout  en  ayant  recours  pour  obtenir  la  poudéë  de  uQluNi)Oii  àd^s 
«prlMsédiés'ihc^trids  deipttMriisdtioQ^ Iris^fue  desvieules  'mues .par 
^n  oouréJnt  d'eau,  «tc^y  etc. 


t.*«eide  bièhloraejèllqaej    nooTean  ^ausU^oe; 

•  '   ■•  •  .'■■'.■•■-.■.■■. 

rar  M«  v.  Schmipt. 

On  oiStîent  cette  oubstancede-P^oide  Acétique  ibyéraM,  ^éh  fai- 
sant agir  jsuT  celui-ci  du  chlore  à  la  lumière 'do.jsoleil,  «m  d«<hki- 
rtire  dé  earMne'On  ^  méttfint  aveccde  reaù  aUK'EafybtM.dii  s6leil. 
EHe  forme  U'n'^de  «nistallin,  incolove,  aisément  délîiescent  à 
Tair,  qui  se  iai's^-velatiiMer  ët^ifgft  rarila  peau  oofnme  cauaii^. 
Après  que  le  docteur  Marquardt  eut  préparé /poidaiit  quatre: ans 
i'acide  monochlot"ac^tiqiie  dans  son  labevatoire^  -eut  â|it  part  de 
son  expérience  sut'  ieK' propriétés  .tsànstiques  (de  oefe  aâkie^  .aiinii 
que  de  Tacide  dichloract^tique,  le. docteur  'Uraor  iQsptfriaMalai<ae 
dernier  dans  ses  propriétés  ^caustiques  aur  •desoorps  ^oiganiques 
tant  mort»  fuo  vivanter,,  «t  ea  expoaa  tks  iréauLbfts  «dans  .la  tbo«e 
inaugurale  qu'il   présenta  à  la  Faculté  de  médecine  de  ftinn. 


-  316  - 

D*après  luî^  cel  acide  serait  préférable  ù  lous  les  autres  caustiques 
pour  les  néoplasmes,  les  ulcères,  et  en  général  pour  toutes  les 
excroissances  cutanées ,  en  tant  que  celle  médication  est  moins 
douloureuse,  qu'elle  n'agit  que  localement  et  qu'elle  produit  bientôt 
de  belles  granulations,  bientôt  suivies  de  guorison  et  de  cicatrisa- 
tion. Bajsé  sur  ces  faits,  le  docteur  Marquardt  a  construit  de  petits 
étuis  qui  contiennent  cet  acide  dans  de  petits  flacons  accompagnés 
d'une  baguette  de  verre,  qui  sont  particulièrement  commodes  pour 
•détruire  les  verrues,  les  œils^e-perdrix,  etc.  Le  docteur  Schaufel- 
becht,  médecin  de  l'hôpital  argovien  de  Kœnigsfelden,  a  eu  l'oc- 
casion de  vérifier  pratiquement  les  assertions  du  docteur  Urner. 
(Montpellier  médical^  sept.  1810.) 


CORRESPONDANCE  MÉDICALE 


W%  I*  Méélleatleii  mrmenMitmle  ûmum  Im  taberculofle  inéalncItHive  el 

pérltonéalf)  % 

Doit-on  restreindre  le  traitement  de  la  tuberculose  par  Farsenic 
à  la  phthîsie  pulmonaire  ou  l'étendre  k  la  maladie  en  général,  quel 
que  soit  l'organe  afiecté?       : 

Je  n'hésite  pas  à  répondre  que  le  traitement  arsenical  convient  à 
toutes  les  formes  de  la  tuberculose,  et  cela  pour  des  raisons  que  je 
vais  exposer  succinctement. 

Quel  que  soit  le  point  de  l'économie  sur  lequel  la  tuberculose  dé- 
pose  ses  produits,  le  processus  morbide  est  toujours  fe  même  : 

1®  Congestions  répétées  du  côté  de  Torgane  qui  doit  être  envahi  ; 

2<*  Inflammation  spécifique  donnant  lieu  à  une  poussée  de  grana- 
lalioDS  tuberculeuses  ; 

i3*  Appel  fluxionnaire  causé  par  la  présence  des  granulations  fti- 
saoul  «ffice  de  eorps  étrangers,  et  piar  auite  développement  d^aœ 
inflamfBation  plus  ou  oioins  violente,  inais  simple^  dans,  une  cer- 
taine aoiie  autour  d'elle. 

Mais  je  le  répète,  que  les  granulations  tuberculeuses, soient  enc^ 
phaliqiies,.tkoraeîques  ou  abdominales^  noiis  retrouvons  toujours 
le  même  prooesttts  pathologique. 

Prenons  «n  particulier  la  méningite  granuleuse,  et  voyons  qoeb 
sont  les  signes  qui  peuvent  faire  pressentir  son  dévdcy pement  piO' 
chain. 


---  317  — 

«  Tous  les  jours  (Bouchut,  Traité  pratique  des  maladies  des 
nouveau  nés)  on  rencontre  des  enfants  avec  un  appareil    fébrile 
marqué^  des  symptômes  non  équivoques  de  congestion  cérébrale, 
caractérisés  par  la  mauvaise  humeur^  les  cvis^  l'agitation,  la  con- 
gestion et  la  chaleur  de  la  face  et  du  cuir  chevelu^  sans  qu'aucune 
altération  puisse  expliquer  ces  phénomènes.  On  attend,  prêt  à  sai- 
sir de  nouvelles  indications  plus  caractéristiques  de  la  lièvre  céré- 
brale, puis  les  accidents  se  dissipent^  et  l'on  est  dans  l'impossibilité 
de  donner  un  nom  aux  phénomènes  que  Ton  a  observés.  Cepen- 
dant sait  ou  quelle  sera  la  conséquence  de  cette  fluxion  encépha- 
lique? Qui  peut  dire  qu'elle  ne  sera  point  la  cause  du  développe- 
ment de  quelques  granulations  fibro-plastiques,  au  même  titre  que, 
chez  les  autres  enfants  tuberculeux,  la  congestion  pulmonaire  ou 
pleurale  devient  la  source  des  granulations  des  poumons  ou  de  la 
plèvre  ?  Personne  ne  s'en  occupe,  et  cependant  c'est  là  tout  ce  qu'il 
y  a  d'intéressant  dans  Tétiologie  de  la  méningite  granuleuse.  » 

J^ajuuterai,  c'est  tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  pratique  dans  la  ménin- 
gite granuleuse. 

En  efilet,  nous  avons  affaire  à  une  maladie  qui  parcourt  ses  pé- 
riodes avec  une  grande  rapidité  compar«  «tivement  à  la  phthisie  pul- 
monaire; aussi j  si  Ton  arrive  dans  la  période  d'état,  il  est  en 
général  trop  tard  pour  agir  avec  chances  i  ie  succès^  quel  que  soit  du 
reste  le  médicament  que  l'on  emploie.  Mais  '  dans  la  période  prodro- 
mique,  alors  que  les  granulations  tubercule  uses  ne  sont  pas  encore 
développées^  je  crois  qu'on  peut  lutter  d'une  façon  très-eflicace,  et 
arriver  avec  le  temps  à  modifier  sulfisamment  l'état  général  et  local 
pour  rendre  impossible,  et  à  jamais^  le  plein  développement  de  la 
maladie;  et  nul  médicament  plus  que  l'arsenic  ^^  me  semble  apte 
à  remplir  ces  conditions  par  son  action  générale  reconstituante,  et 
par  son  action  tonique  sur  les  vaisseaux  de  Tencé^  ihale,  c'est-à-dire 
par  son  action  décongestive. 

Le  tout  est  de  bien  saisir  l'opportunité  de  h  méc  Ucation,  de  sa- 
voir interpréter  ces  symptômes  prémonitoires^  ah  *n  d'arriver  à 
temps.  Â  ne  prendre  que  la  valeur  intrinsèque  de  ces  ^  'irodromes,  il 
est  difficile  de  leur  donner  leur  véritable  signification;  c'est  en  re- 
montant aux  antécédents  dans  la  famille  qu'on  pourra  i  'comprendre 
toute  la  valeur  d'accidents  en  apparence  bénins.  Souvei  ^t  ^^lors  on 
trouvera  un  frère,  une  sœur,  ou  un  grand-parent,  ou  ul  ^  père,  ou 
une  mère^  ou  plusieurs  d'entre  eux  niorts  de  la  tuberci  ^lose,  on 
verra  qu'on  a  afl'aire  à  un  sujet  prédisposé  par  l'hérédité  à  ^  ^a  dia- 

TOMB  LXXX.   9*  LITR.  ^ 


—  348  — 

thèse  tuberculeuse  ;  c'est  alors  qu'il  est,  je  crois,  du  devoir  du  mé- 
decin de  ne  plus  hosilor  :  il  faiil  ontrc|)reij<îre  la  lutte  immédiate- 
ment, c'est  à  ce  prix  qu'est  le  succès. 

Le  médecin  doit  faire  appel  dans  ce  cas  à  toute  la  sagacité  dont  il 
est  susceptible,  afin  de  ne  pas  se  laisser  tromper  par  des  prodromes 
insidieux.  Il  faut  bien  se  préoccuper  non  pas  seulement  de  la  cause 
qui  a  pu  entraîner  la  mort  d'un  ou  plusieurs  parents,  mais  aussi 
de  la  santé  des  parents  vivants,  quelque  favorable  que  soit  leur  ap- 
parence. 

J'ai  vu  dans  une  famille  deux  «enfants  mourir  de  méningite  tu- 
berculeuse reconnaissant  pour  cause  l'hôrédilé,  bien  avant  leur 
mère  dont  ils  tcnriicnt  ce  germe  vicieux  *,  à  la  mort  du  premier  en- 
fint,  un  ne  se  doutait  pas  encore  qu'elle  fût  entachée  du  vice  tuber- 
culeux, elle  n'avait  pas  encore  a[)pelé  Tattentioii  do  son  médecin  du 
côté  de  ses  organes  respiratoire:^^  et  sa  structure,  du  reste,  excep- 
tiutmellement  lorte,  éloignait  les  toutes  de  ce  côté. 

Ainsi,  jelen'pète,  le  médecin  ne  saurait,  à  la  moindre  appréhen- 
sion, être  trop  méticuleux  :  il  i  joit  mettre  tous  ses  soins  à  découvrir 
rinlerprétation  des  faits  dont  il  ne  saisit  pas  tout  d'abord  la  valeur 
séméiologique. 

Lt)rs(|ue  enOn  la  ménin  gîte  tuberculeuse  doit  éclater,  les  acci' 
dents  congestifs  qui  cohsl\iuent  ce  que  Bouchut  aapj)elé  la  période 
de  gerrtiinatwn^  devienne  ^nl  bien  plus  positifs  et  d'une  interpréialioQ 
plus  facile.  On  observe  alors  chez  les  enfants  un  changement  dans 
le  caractère  :  ils  repoi  issent  leurs  jouets  favoris,  fuient  les  cama- 
rades con'ipagnons  h  ibitueU  de  leurs  jeux;  chiz eux,  la  g««îeté  fait 
placeà  fennui,  à  là  tristesse,  le  mouvement  iMîrpétuel  à  l'inertie. 
La  nuit  est  trave  ,rsée  par  une  série  de  rêvasseries,  de  cau- 
chemars, séparés  par  quelques  courts  instants  de  tranquillité.  Us 
expriment  leur  frayeur  pài^  leurs  cris,  par  leurs  gestes,  par 
leurs  yeux  égaré  g  ;  ils  se  jetféïit  dans  les  bras  de  leur  mère.  Il»  ont 
des  alternative? ,  de  fièvre  et  d'apyrexic.  Us  se  plaignent  déjà  de  la 
tête  et  l'annor  xent  par  des  gestes  et  surtout  des  gémissements  ^ 
s'accentuent  et  deviennent  caractéristiques  à  la  seconde  période. 
Chez  les  adr  ilies,  on  retrouvp  à  peu  près  les  mêmes  bym|)iôaies, 
saut  un  plii  s  grand  trouble  du  côté  des  facultés  affectives  etinlçll*^" 
tuelles,  qu  j  sont  plus  développées  que  chez  l'enlant. 

Ici  eue  ,ore,  peut-être,  a^i-xiji  -ssible  de  conjurer  le  mal,  de  \^ 
rèter  da  ns  sa  marche?  Mais'il  ii'y  a  plus  un  seul  instant  à  perdWi 
car  la  |  /ériode  d'iuvasion  est  iiumineute. 


-  m  - 

Pour  la  tuberculose  des  organes  abdominaux^  nous  trouvons  de 
plus  grandes  diflicMltës  eqcof^  ^  la  prévoir,  Çç^iendant,  en  s'aidant 
des  commémorât  ifs,  en  tenant  un  compte  rigoureux  de  la  santé  dos 
parent.^,  on  arrive  aut^si,  au  moins  dans  un  certain  nombre  de 
cas,  à  rapporter  à  leur  véritable  cause  les  premiers  signes  de  la  lu- 
beroulose  entëro-mësentéri(pie  à  forme  indolente. 

Il  y  a,  au  début,  de  la  (lys|)epsie,  de  l'inappétence,  du  dégoût,  de 
la  c«)nstipaiion.  Le  sujet  dexicnt  pâle;  les  attributs  du  tempérament 
Ijmphatitpie,  qui  existaient  généralem(  nt  chez  lui,  s  accusent  davan* 
tage.  Il  devient  triste,  mélancolique.  Ses  furces  diminuent  au  point 
qu  il  a  peine  à  marcher.  Les  yeux  sont  enfoncés  dans  les  orbites, 
almttus,  et  toute  la  physionomie  exprime  un  grand  état  de  souf- 
france, etfi. 

Con^me  vous  le  voyez,  ces  prodromes  ne  sont  pas  très-tranchés, 
et  il  e>t  réellement  très-difticile  de  les  rattacher  à  leur  véri^abl^ 
cause.  Plu^  tard,  les  symptômes  deviennent  très  positifs;  mais  il 
serait  important  de  prévoir  la  maladie  avant  leur  arrivée. 

Dans  la  péritonite  tuberculeuse,  nous  trouvons  les  mêmes  rai- 
sons qui  militent  en  faveur  de  la  médication  arsenicale.  Les  mêmes 
lois  physiologiques  pré>ident  au  développement  du  tubercule,  quel 
que  soit  l'organe  qui  lerecèh  ;  donc  même  traitement  principal  dans 
tous  les  cas.  S'il  doit  y  avoir  des  changements,  cela  ne  peut  être 
que  dans  les  détails,  dans  les  adjuvants,  par  exemple. 

Seulement,  dans  la  péritonite  tuberculeuse,  le  processus  morbide 
est  plus  diMicile  à  saisir  que  dans  les  deux  autres  fbrmes  de  tuber- 
culose, rhypérémie  du  début  persiste  moins  longtemps,  et  la  médi- 
cation arsenicale  a  natureliemeut  ici  moins  de  valeur  que  dans  la 
pblhi^iie  et  la  méningite,  parce  quM|e  est  plus  difficile  à  appliquer 
à  point. 

Quant  h  la  méthode  selon  laquelle  on  doit  administrer  l^arsenic 
4ans  ces  deux  formes  de  tuberculose  dont  npus  venons  de  parler^ 
elle  ne, diffère  en  rien  de  celle  que  nous  avons  formulée  en  parlant 
de  la  médii-atioa  aisenicale  daas  la  phlhisie  palfvionaire. 

Les  lois  de  la  pathogénie  et  de  la  physiologie  qui  pfésidcnT  au  dé- 
veloppement des  tubercules  dans  les  ménitifges  et  dans  le  péritoinç. 
ét4pt  absolument  les  mêines  que  celles  qui  président  au  dévelqp- 
liemeat  de  la  phthisie  pulmonaire,  je  conclus  que  le  Iraitement  d«U 
avvnr  les  iBémes  bases  dans  tous  les  cas. 

ly  Cessot  (de  Langres), 


I  ■ 


—  3»)  — 


BULLETIN  DES  HOPITAUX 


Coup  db  feu  dans  l'abdomen  ;  perforation  de  l'intestin  et  db 
l'os  iliaque.  Guêrison.  —  De  tout  temps  les  plaies  par  coup  de 
feu  pénétrant  dans  Tabdoinen  et  lésant  des  viscères,  ont  été  consi- 
dérées comme  un  accident  terrible  et  pres(|ue  fatalement  mortel  ; 
on  cite  bien  que^iues  cas  de  guêrison^  mais,  ils  sont  si  rares  qu*iltf 
sont  toujours  curieux  à  rapporter,  ot  c'est  la  raison  qui  me  pousse 
à  publier  aujourd'tiui  l'histoire  d'un  homme  que  j'ai  soigné  pen- 
dant le  siège  de  Paris  dans  mon  service  du  Val-de-Grftce,  et  qui 
est  arrivé  à  la  guêrison  très-heureusement^  quoiqu'il  eût  une  lé- 
sion de  l'intestin  à  deux  perforations  et  une  fracture  de  la  crête 
iliaque  par  le  fait  d'un  coup  de  fusil. 

Tuhaut,  soldat  au  114*  de  ligne,  âgé  de  vingt-deux  ans,  est 
blessé  le  30  novembre,  à  huit  heures  du  matin^  à  Tattaque  deTHay^ 
d'un  coup  de  feu  (|ui  le  fi'ap|)e  pendant  qu'il  était  debout,  la  face 
tournée  vers  l'ennemi,  et  qui  pénètre  dans  l'abdomen  au  niveau 
du  tiers  externe  d*une  ligne  fictive  qui  irait  de  l'ombilic  à  l'épine 
iliaque  antéro-su|)érieure.  La  balle,  mue  (lar  une  énorme  vitesse, 
était  dirigée  un  peu  obliquement  à  l'axe  antéro-postérieur  du  sujet, 
car  elle  est  sortie  à  environ  quatre  travers  de  doigt  des  apophyses 
épineuses,  un  peu  au-dessous  de  la  crête  iliaque^  c'est-à-dire  à  la 
partie  la  plus  élevée  de  la  fosse  iliaque  postérieure.  Tuhaut  éprouve 
une  vive  douleur  et  tombe  sous  te  coup  :  peu  d'hémorrhagie,  mais 
il  est  inondé  bientôt  de  sueurs  froides  et  des  lipothymies  presque 
continuelles  l'empêchent  de  se  relever. 

Appoi*té  dans  mon  service  à  deux  heures  de  Paprès-midi,  je 
constate  que  les  deux  plates  précitées  et  qui  sont  parfaitement 
rondes,  d'un  diaiuèlre  de  !2  ceiiti mètres,  ont  laissé  écouler  uué 
petite  quantité  de  sang  ;  elles  sont  déjà  souillées  de  matières  ÏAcàr 
ioïdes  en  peiite  qiianmé.  En  introduisant  le  doigt  par  la  plaie 
postérieure,  on  sent  que  la  partie  correspondante  de  l'os  iliaques 
été  délruile  comme  à  Temporte-pièce  par  le  projectile.  Le  diagnostic 
ne  saurait  éire  douteux,  c'est  une  plaie  pénétrante,  compliquée  de 
lésion  intestinale  et  de  tracture  de  la  ci  été  iliaque;  le  sujet  est 
pâle  et  très-effrayé,  son  pouls  petit  et  serré,  Tabdomen  ne  présente 
pas  de  tuméfaction,  il  u  y  a  eu  aucun  vomissement. 

Je  recevais  quatre-vingts  grands  blessés  dans  ce  moment  et  entre 
autres  étaient  trois  plaies  pénétrantes  de  l'alMlomen,  de  sorte  que 
je  me  hâlai  de  placer  sur  chaque  ouverture  un  linge  ceraié  doubM 
de  charpie  ei  maintenu  à  l'aide  de  quatre  tours  circulaires  de  bande: 
pansement  simple,  en  un  mot.  Je  prescrivis  une  potion  avec9ceii' 
tigramines  de  chlorhydrate  de'  morphine  et  3  grammes  de  teiutui® 


—  m  — 

de  difritale,  recommandant  à  la  sœnr  de  charité  de  «enrice  de  la 
donner  elle-même  par  cuîHerc^es  à  cafë,  de  manière  à  produire  le 
sommeil  et  à  maintenir  le  sujet  endormi.  Dans  ma  pensée,  Tuhaut 
était  perdu  et  je  faisais  pour  lui  ce  qu'on  fait  dans  des  cas  analo- 
gues. Je  cherchais  à  diminuer  par  le  sommeil  morphique  les  an- 
goisses du  dernier  jour. 

Le  1"  décembre,  l'état  du  sujet  n'avait  absolument  pas  changé, 
soit  en  bien  soit  en  mal.  Je  renouvelle  rapidement  le  pansement  et 
je  prescris  de  continuer  à  le  faire  dormir.  Je  m'attendais  d'un 
moment  à  l'autre  à  voir  survenir  les  phénomènes  de  la  péritonite  ; 
ainsi  je  fis  la  même  prescription  le  i  décembre,  pressé  que  j'étais 
de  donner  des  soins  et  de  faire  des  opérations  à  d'autres  blessés 
me  semblant  moins  irrévocablement  condamnés  h  la  mort. 

Le  3  décembre,  soixante-douze  heures  s'étaient  déjà  écoulées 
depuis  la  blessure  et  aucun  phénomène  réactionnel  ne  se  produi- 
sait du  côté  du  péritoine  ;  le  sujet  était  somnolent,  le  pansement 
n'empêchait  pas  les  matières  de  s'échapper  à  travers  les  plaies,  de 
sorte  qu'il  était  dans  un  très-grand  état  de  malpropreté  ;  je  le  lavai 
avec  grand  soin  et  je  le  pansai  de  nouveau  simplement.  Je  pres- 
crivis de  lui  faire  prendre  des  potages,  du  vin^  n'osant  encore,  je  ne 
dirai  pas  croire  à  la  possibilité  d'une  guérison.  mais  même  compter 
âur  une  pntlongation  de  la  vie  pendant  quelques  jours,  voulant 
toutefois  et  à  tout  événement  remplir  les  indications  qui  se  pré- 
sentaient. 

Le  4  décembre,  les  chances  de  péritonite  diminuaient  naturel- 
lement chaque  jour  davantage  et  une  lueur  d'espoir  pouvait  venir 
à  Tesprit.  Le  sujet  étant  continuellement  souillé  par  des  matières 
fécales  qui  s'échappaient  à  flots  par  les  deux  ouvertures,  je  rae 
demandai  s'il  n'était  pas  temps  d'entreprendre  im  traitement  local 
plus  eflîcace  ;  mais  de  peur  que  les  matières  fécales,  ne  trouvant 
plus  un  chemin  facile  dans  tout  le  trajet  de  la  balle,  ne  s'infiltras- 
sent entre  l'intestin  et  le  péritoine,  je  résolus  de  continuer  les  pan- 
sements simples  ;  je  me  bornai  à  faire  donner  chaque  jour  deux. 
rnds  lavements  émollients  de  manière  à  maintenir  les  fonctions 
la  dernière  portion  de  l'intestin  «  je  fis  dimiuuer  la  quantité 
de  narcotique,  et  j'attendis. 

Le  9  décembre,  le  blessé  étant  toujours  dans  le  même  état,  au- 
cune trace  d'inflammation  n'ayant  paru,  je  pensai  que  le  trajet  de 
la  balle  était  assez  organisé  déjà  pour  querintiltralion  des  matières 
fécales  dans  le  péritoine  fût  désormais  moins  à  craindre  et  je  son- 
geai à  obturer  les  ouvertures  anormales.  Mais,  pour  procéder  avec 
une  extrême  prudence,  je  n'opérai  que  sur  la  plaie  antrieure  dont 
je  rapprochai  les  lèvres  dans  le  sens  horizontal  ;  je  fis  trois  points 
de  suture  entortillée  avec  des  épingles  ordinaires,  puis  je  tis  trois 
plans  superposés  de  bandelettes  de  linge  collodionné  et  enfin 
j'exerçai  sur  le  tout  une  certaine  compression. 

Les  grands  lavements  émollients  furent  continués  :  potion  avec 
90  centigrammes  de  kermès  et  3  centigrammes  de  chlorhydrate  de 
nidrpbinc  contre  la  bronchite  qui  s'est  développée  sous  TmiUiencc 


de  l'hiimiditë  perpétuelle  dans  laquelle  la  partie  inférieure  du  tronc 
du  sujet  (^tait  plongée. 

Le  12  décembre^  je  commençai  l'obturation  de  la  plaie  posté- 
rieure à  l'aide  de  trois  points  de  suture  entortillée  et  d'une  cuirasse 
formée  de  trois  pians  de  bandelettes  de  linge  collodionné  sur- 
montées de  trois  plans  de  bandelettes  de  diachylon.  L'abdomen  de 
Tuhaut  np  prét^ente  aucun  phénomène  réactionnel^  mais  la  perte 
des  matièri*s  alimentaires  qui  sont  imparfaitement  digéri'es,  puis- 
qu'elles sortent  à  la  fin  de  Tintestm  grêle  au  lieu  de  sortir  par 
Tanus.  produit  un  affaiblissement  et  une  maigreur  contre  les- 
quels jo  ne  puis  lutter  avec  truit,  étant  déji  à  une  |iériode  du 
si'^ge  oïl  tes  aliments  sont  devenus  très-rares;  la  bmncliile  est 
extrém^^ment  intense,  elle  donne  un  mouvement  fébiile  marqué, 
de  sorte  «{uc  l'état  du  sujet  est  très-grave  ;  cet  état  général  reste 
inquiétant  jusqu'au  20  décembre,  moment  où  il  s'améliore  peu  à 
peu. 

Les  13,  i4et  i5  décembre,   je  trouve  chaque  matin  le  panse- 
ment souillé  très  abondamment   par  les   matières   féc^'es  et  quel 
que  soit  mon  soin,  je  ne  ptiis  obtenir  aucune  obturation  ;    le  col- 
lo  lion  produit  la  vé^icalion   autour  de  la  pean,  les  matières  ;  qui 
sont  composées  d'aliments  prestpie  entièrement  digérés  et    iVwn 
liquide  visipieux,  jaune   à  odeur  j'ade,  sont  très-irritantes  pour  les 
parties  voisines,    de   sorte  que   la  plaie   po^térienre    est  entourée 
d'iuie  surface  biippurante  :  la  plaie  laisse  échapper  de  petits  détritus 
osseux  et  le  doi^l  iutroiuit  dans  les  tissus  seul  un  «icmi-cercle  os- 
seux carienx  sur  Tos  ilia  {ue  ;  je  cherche  à  diminuer  le   diamètre 
de  Tanus  artificiel  par  l'applicatiou  d  une  compresse  graduée.  Mais 
chique  matin  ,    toutes    les  pièces  de    pansement   sont  souillées 
d^une  manière  dégoûtante,  el  le  blessé,  dont  IVtat  général  est  tuu» 
jours  mauvais  d'ailleurs,  est  un  objet  de  dégoût  pour  ses  voisins* 
et  |)0ur  lui-'inême  ;  dès  que  le  pansement  est  enlevé,  on  voit  jaillir' 
par  saccades  selon  les  divers  nn)uvements,  et  même  spontanément;- 
de  te'iipg  en  temps,  de  petites  quantités  de  ce  litpii  le  chymeux  ou. 
fécaloïie.  Une  plaie  de  position  apparaît  au  sacrum  ;  ce|)endanl  j^ 
persiste  à  taire  le  pansement  avec  un  soin  extrême  et  bieiilôl  il  y  a. 
une  aiiélioratiou  locale  et  générale  assez  marquée.  E«i  eflet,  1» 
bronchite  cède,  la  nostalgie,  qui  était  asst  z  inquiétante  le  premier 
jour,    fait  place  à  un  désir  de  guérir  qui  est  d'un  bon  augure  ;  les 
débris  osseux  disparaissent  de  la  suppuration,   la  surfaee  ulcérée 
p<ir  le  collo«liiui  et  l'aciion  irritante  des  matières  iécaloïdes  se  ré- 
duit notablement  el  le  trajet  diminue  peu  à   peu,  au  point  que  le 
20  décembre  il  ne  sort  plus    beaucoup   de  matière   intestinale; 
cliaqae  jour  le  pansement  est  moins  souillé,  ce  qui  permet  aU  sujet 
délie  moins  plongé  dans  ruumiiiité  peiuiant  la  nuit. 

Le  :25  décembre,  la  plaie  aulérienre  est  suffisamment   obturée 

pour  que  les  matières  fécales  ne  sVchap|)ent  plus  de  ce  côté  ;  mais 

l'action   des  épingies  ayant  coupé  les   petits    ponts    cutanés  des 

points  de  suture^  celte  plaie  a  une  dispu^ition  intuudibuliforme;  je 

pasuo  le  crayon  de  nitrate  d^argent  à  la  surface,  dans  le  but  ae 


—  38a  — 

provoquer  la  cicatrisation  de  dedans  en  dehors  par  seconde  inten- 
tion :  pansement  simple.  A  partir  de  ce  moment  cette  plaie  marche 
vers  la  gudrison  lentement,  mais  sans  aucune  hésitation  ;  elle  est 
complètement  fermée  vers  le  20  janvier;  nous  ne  nous  en  occupe- 
rons donc  plus. 

  partir  du  26  décembre  je  ne  fais  plus  le  pansement  que  tous 
les  deux  jours,  j'oblige  Tuhaut  à  se  lever  une  ou  deux  heures 
<lans  l'après-midi.  La  plaie  postérieure  donne  si  peu  de  sup|)ura- 
tîon,  que  je  puis  croire  que  ToriHce  intestinal  est  obturé  ou  au 
moins  bien  près  de  l'être,  et  «lans  les  premiers  jours  de  janvier, 
les  bourgeons  charnus  ont  si  bien  comblé  tout  le  trajet,  que  l'on 
peut  espérer  une  cicatrisation  très   prochaine. 

Le  ^8  décembre,  Tuhaut  mange  deux  quarts  de  portion.  Le 
6  janvier  il  en  man*{e  trois,  et  jusqu'au  20  janvier  il  va  si  bien  ((ue 
je  le  considérais  comme  guéri,  quand  sou^^  Tinfluence  des  émo- 
tions des  derniers  jours  de  Itombardement  Tétat  général  devient 
moins  bon,  Tappétit  se  perd  de  nouveau,  un  rehoidissement  pro- 
duit une  nouvelle  bronchite  qui  acquiert  des  proportions  ini|uié- 
tantes.  Pendant  ce  temps  les  plaies  prennent  mauvais  aspect,  la 
postérieure  surtout  est  saignante ,  suppure  davantage  et  tend  à 
•'agrandir  rapidement. 

Le  \^'  février  tout  est  remis  en  question,  l'amaigrissement  s'est 
reproduit,  la  bronchite  avec  fièvre  résiste  aux  potions  kermétisées 
€t  opiacées,  les  matières  fécales  ont  reparu  peu  à  peu  danb  le  pan- 
sement, et  le  trajet  qui  naguère  était  obture  a  repris  les  propor- 
tions qu'il  avait  dans  les  premiers  temps  ;  le  duigl  introduit  dans 
les  chairs  sent  des  esquilles  nécrosées,  qui  sont  extraites  le  1*"'  et 
le  2  février  :  elles  sont  au  nombre  de  trois,  assez  vofumineuses  pour 
figurer  les  trois  quarts  d'un  anneau  ;  on  dirait  que  Tus  s'est  inor- 
tiné  dans  l'étendue  de  1  centimètre  tout  autour  du  trajet  de  la 
balle.  Après  avoir  enlevé  les  esquilles,  je  panse  cette  plaie  avec  une 
mèche  de  la  grosseur  du  doigt  enfoncée  avec  précaulntn  jusqu'à 
^intestin;  j'obtiens  ainsi  une  obturation  assez  parfaite  pour  que 
les  linges  ne  soient  pas  souillés  dans  l'mtervalle  des  panse- 
ments. 

Le  5  février,  le  doigt  introduit  dans  la  plaie  ne  sent  plus  de  ru- 
gOMÎtë  cariense  aU  niveau  de  l'os  iliaque  ;  on  dirait  que  la  répai*a- 
tion  s*y  fait  très-bien  ;  rorifice  tend  à  se  rétrécir;  mais  jecoulniue 
l'emploi  de  la  mèche  en  ayant  soin  d'en  diminuer  le  calibre  peu  à 
peu.  Cette  mèclie  est  extrêmement  commode  en  cela  qu'obturant 
très-bien  la  plaie,  elle  empêche  Técoulement  de  cette  matière  in- 
testinale jaune  bilieuse  si  irritante  pour  les  tissus  ({u'elle  touche  ; 
f'e  cherche  h  obtenir  peu  à  peu  une  cicatrisation  allant  du  fond  de 
a  plaie  vers  la  surface. 

A  partir  de  cette  époque  la  plaie  se  rétrécit  de  jour  en  jour, 
elle  est  ti  es -amoindrie  le  15  février;  le  20  les  matières  fécales 
ne  sortent  plus  et  la  mèche  e^t  considérablement  réduite,  le  doigt 
tie  peut  plus  arriver  au  niveau  de  Tos  et  un  stylet  même  ne 
pénètre  plus  bien  avant. 


^324  — 

Lp  blessé  se  lève,  marche  parfaitement,  son  appétit  est  bon,  son 
état  général  excellent  et  l'embonpoint  est  très-bien  revenu. 

Le  28  février,  au  moment  de  quitter  le  service,  j'examine  Tu- 
haut;  on  peut  dire  qu'il  est  guéri  et  parfaitement  guéri,  la  plaie  an- 
térieure est  cicatrisée  depuis  longtemps,  il  n'y  a  de  ce  côté  au- 
cune saillie^  rorificeen  est  solidement  obturé,  de  telle  sorte  que  le 
blessé  peut  tousser,  marcher,  faire  tous  les  mouvements  possibles 
sans  que  l'on  sente  la  moindre  poussée  intestinale  sur  la  paroi. 
La  plaie  postérieure  est  très-réuuite  de  diamètre,  elle  estinfundi- 
buliforme  et  le  doigt  ne  peut  plus  y  être  introduit,  le  stylet  ne  pé- 
nètro  pas  non  plus  beaucoup  plus  loin  au  fond  de  l'entonnoir  ;  la 
surface  extérieure  de  l'os  coxal  est  ensevelie  sous  des  bourgeons 
charnus  de  bonne  nature,  toute  communication  avec  Tintestin  est 
absolument  interrompue  depuis  longtemps  et  tout  porte  à  penser 
que  dans  quelques  jours  la  guérison  sera  complète  ;  Téiat  général 
du  sujet  est  excellent^  il  marche  absolument  comme  avant,  ses 
forces  sont  en  excellent  état. 

Le  15  mars,  j'ai  l'occasion  de  revoir  Tuhaut,  la  plaie  est  consi- 
dérablement réduite,  et  Ton  peut  la  considérer  désormais  comme 
devant  être  complètement  cicatrisée  dans  très-peu  de  jours;  le 
sujet  gagne  de  l'embonpoint,  il  reste  toute  la  journée  levé  et 
n'est  absolument  gêné  par  rien  ;  on  peut  le  tenir  pour  guéri  et 
parfaitement  guéri. 

Cette  observation  est  assurément  très-curieuse  à  plus  d'un  titre 
et  mérite  bien  d'occuper  les  méditations  du  chirurgien^  d'abord  à 
cause  de  l'extrême  rareté  de  la  guérison  dans  des  cas  pareils.  En 
effet,  cette  rareté  est  d'une  notoriété  assez  bien  établie  pour  que 
je  n'aie  pas  besoin  de  la  fdire  ressortir  beaucoup.  Mais  ce  qui^  en 
outre,  appelle  l'attention,  c^est  la  manière  de  procéder  que  j'ai 
adoptée.  Aurais-je  dû  chercher  à  obturer  de  suite  les  plaies  de 
l'abdomen  ?  aurait-il  fallu  les  obturer  dès  que  j'ai  pensé  que  le  su- 
jet avait  quelques  chances  de  survivre  ?  ai-je  mieux  fait  de  laisser 
au  trajet  le  temps  de  s'organiser  avant  de  chercher  à  obturer  les 
orifices  extérieurs  ?  Voilà  des  questions  que  l'on  peut  se  poser. 
Pour  ma  part^  c'est  après  une  mûre  réflexion  que  j^ai  adopté  cette 
dernière  marche  et  je  dois  en  fournir  les  raisons. 

i°  Aurais-je  dû  obturer  de  suite  ?  D'une  part  les  plaies  abdo- 
minales par  coup  de  feu  sont  si  généralement  suivies  de  mort,  que 
dans  les  premières  heures  Texpectation  absolue  me  semble  la 
règle  :  faire  dormir  le  blessé  pour  diminuer  ses  douleurs  et  attendre, 
telle  est  la  chose  à  faire,  d'autant  qu'en  ce  moment  le  temps 
du  chirurgien  est  une  chose  trop  précieuse  pour  qu'il  ait,  en  coo* 
science,  le  droit  de  le  donner  à  un  sujet  qui  semble  irrévoçableoieiil 


—  325  — 

condamné  à  une  mort  très-prochaine,  tandis  que  d'autres  blessés 
peuvent  être  conservés  à  la  vie  par  des  soins  immédiats  ;  d'autre 
part,  une  plaie  par  arme  à  feu  devant  suppurer,  l'obturation  ne 
réussira  certainement  pas,  de  sorte  qu'elle  est  inutile,  et  par  con- 
séquent, on  le  voit,  je  ne  devais  pas  obturer  les  trajets  dès  l'arrivée 
du  sujet  à  l'hôpital  ; 

2"  A  urais'je  dû  obturer  k  trajet  dès  que  quelques  chancefi  de 
vie  ont  été  acquises ^  c'est- à  dire  <Jeux  ou  trois  jours  après?  Non 
encore,  à  mon  avis,  et  j'ai  cru  nécessaire  de  laisser  les  choses  en 
l'état  pour  deux  raisons  ou  plutôt  pour  une  seule,  car  la  seconde 
est  si  secondaire,  qu'elle  s *efface  presque  devant  l'autre.  En  efîet,  je 
pourrais  dire  que,  sachant  que  Tos  iliaque  avait  été  traversé  et  par 
conséquent  serait  le  siège  d'une  exfoliation  osseuse,  j'avais  la  pensée 
que  la  réunion  échouerait.  Mais  ce  n'e^t  pas  k  cause  de  cela  que  je 
n^ai  pas  obturé  ;  je  n'ai  pas  fermé  les  plaies  më  disant  que  puisque 
nous  avions  le  bonheur  de  voir  les  matières  fécales  suivre  le 
trajet  de  la  balle  sans  s'épancher  dans  les  parties  environnantes, 
il  fallait  à  tout  prix  désirer  et  favoriser  l'organisation  de  ces  tra- 
jets avant  de  rien  faire,  de  peur  que  gênant  ce  cours  anormal,  mais 
non  dangereux  des  matières,  elles  ne  s'insinuassent  soit  entre  l'in- 
testin et  le  péritoine,  soit  entre  le  péritoine  et  les  parois  abdomi- 
nales, ce  qui  eût  été  le  p1u§  tetrihle  danger,  puisqu'il  eût  menacé 
directement  la  vie,  et  il  me  semble  que  dans  la  situation  où  nous 
étions  il  était  préférable  d'eiposer  le  sujet  à  un  anus  artificiel 
plutôt  qu'à  la  mort  immédiate; 

3*  Fallait  il  chercher  à  réunir,  une  fois  le  trajet  suffisamment 
organisé  f  Oui,  et  c'est  ce  que  j'ai  cherchée  faire;  j'ai  réussi  pour 
la  plaie  antérieure  dont  les  environs  mobiles  ont  pu  se  prêter  da- 
vantage aux  tractions  exercées  par  les  agents  de  réunion,  et  le 
mojen  auquel  je  me  suis  arrêté  ensuite  pour  la  plaie  postérieure 
était  tout  à  fait  imposé  et  non  volontaire.  En  e0et,  l'exfoliation  de 
Fos  ayant  laissé  un  orifice  relativement  grand  et  que  les  compres- 
sions latérales  ne  pouvaient  combler  tout  d'abord,  j'ai  employé 
une  mèche  qui  avait  un  premier  bon  effet,  celui  d'empêcher  Té- 
panchement  au  dehors  des  liquides  intestinaux,  et  qui  ensuite,  à 
condition  d'avoir  les  dimensions  calculées  avec  soin  et  intelli- 
gence, a  permis  chaque  jour  à  la  cicatrisation  de  se  faire  de  dedans 
en  dehors  peu  à  peu.  On  m'objectera  que  laissant  une  mèche  ainsi 
à  demeure  dans  le  trajet,  je  courais  le  risque  de  le  faire  tapisser 
d'une  cicatrice  qtii  pouvait  prendre  les  caractères  d'une  muqueuse 


—  346  — 

et  faire  un  canal  permanent.  Je  n'avais  guère  à  craindre  une  telle 
terminaison  ;  en  effet,  pas  un  moment  le  trajet  n'a  paru  s'organi- 
ser à  ce  point  ;  mais  même  ce  résultat  eûi-il  été  possible  que  je  ne 
me  serais  pas  découragé,  car  ultérieurement  j'eusse  pu  facilement 
aviver  le  canal  depuis  l'os  iliaque  jusqu'à  la  peau  cl  obturer  ainsi 
la  lésion  intestinale  par  une  paroi  extrêmement  épaisse.  On  voit 
donc  que  je  me  suis  arrêlé,  en  somme^  à  l'opinion  la  plus  ration- 
nelle et  d'ailleurs  le  résultat  a  justitié  mes  prévisions^  puisque  la 
guérisoii  e>i  survenue  ainsi  bcureusement. 

Je  dois  en  dernier  lieu  insister  sur  l'utilité  de  l'emploi  d'un 
moyen  (|ui  empêchait  parfaitement  la  sortie  des  matières  fécaloides 
pendant  le  traitement,  lîln  effet,  ces  matières  fécaluides  contenaient 
d'ure  part  des  principes  nutritifs  assez  abondants  encore  pour 
que  la  santé  du  malade  lût  très-sorieusement  altérée  par  leur  pcile; 
d'autre  part,  ces  matières,  qui  avaient  la  couleur  jaunâtre-bilieuse 
et  qui  étaient  tantôt  chymeuses,  tantôt  ayant  Taspect  de  colle  de 
pâte  i'idire  ou  solution  de  gomme  louche  ctdorée  en  jaune  par  la 
bile  (fluide  inle>tinal),  avaient  une  acti<m  si  irritante  sur  les  tissus 
qu'elles  touchaient,  que  l'ulcération  en  était  bientôt  la  conséquence 
et  que  je  n'eusse  pu  assurément  empêcher  la  formation  de  vastes 
plaies  de  position^  si  je  n'avais  obtenu  l'obturation  momentanée 
parfaite  pendant  quelque  temps. 

Quant  à  cet  orage  qui  est  survenu  dans  le  cours  du  traitement  et 
qui  a  un  moment  tout  remis  en  question,  il  s'explique  très-bien 
par  la  nécessité  de  l'élimination  des  portions  osseuses  nécrosées, 
et  c'est  cette  raison  plus  que  le  refroid issement,  l'impression  mo- 
rale, etc. 9  etc.,  qui  en  a  été  la  cause  déterminante. 

En  somme,  l'observation  que  je  viens  de  rapporter  est  assuré- 
ment extrêmement  curieuse  ;  c'est  un  des  faits  les  plus  extraordi- 
naires (|ue  j'aie  vus  encore,  et  quelque  petite  que  soit  la  somme 
d'enseignements  que  ce  fait  porte  avec  lui,  il  m'a  paru  néanmoins 
assez  intéressant  pour  être  raconté  avec  certains  détails. 

D'  BÊaEMGBR-PÉRAUD* 


—  327  — 


hépertoire  médical 


REVUE  DES 

ÈmpolsoBneiueiit  morfel 
pur  IcM  fmillrH  de  Tiff  (laxus 
btircata).  — On  lit  dsins  l'ouvr^gt*  de 
Lia<iley  :  c  Les  ffuiles  de  Tif  sont 
féliilfs  et  li-ë8-v<uéiii-U8fS,  (onlrai- 
rt-iiieot  à  tifilaiiis  auteurs  qui  pré- 
tend* ut  que  les  feuilles  H'tnipuiaun- 
Deut  que  certains  animaux  ei  que 
le»  Imies  suni  seulfmeui  purgatives  » 

L'/iri/i/irs/d/f,  de  Florence,  rup- 
|)orie  qu'une  fille  de  dix-neuf  ans 
avait  pris,  cimiroe  eniniéua{fO}:ue.  un 
verrn  de  décnciion  de  leuilies  dif, 
le  matin,  peud^nt  trois  jours.  On 
avait  employé  5  ou  Goiicestic  feuilles. 
hv.  qualrieine  jour,  la  do^e  fut  por- 
tée a  ^  onces  et  provoqua  des  vu- 
nissements  aboudanls  Un  nié<lecin 
fut  appelé,  qui  favorisa  les  évacua- 
tions A  l'aide  de  IVau  hë  le.  ei  fil  appli- 
quer des  sinapismi^s  aux  jauibes.  La 
malade  nVn  succombi  pas  moins 
dans  le  déliée  (nul  heures  après 
l'adminif^tration  de  la  dtunière  do>e. 
L'auiopsle  u'auraii  rien  révélé  de  par- 
ticulier. (.Uonz/Nfi  ier  méd  ,  nov  16.U.) 

EnapoiMoniiciueiit  par  leii 
fruits  du  hottJK  eomniun  {Ùex  ^ 
«9ici/"'tUfii).— Le  ducb'ur  liarkas  (de* 
Bow  Bndge)  fui  appelé  en  avril  der* 
nier  auprès  d'un  eniaiit  de  trois  ans, 
qu'oo  di>ait  atteint  d'affection  céré- 
brale» Gelui-ci  avait  eu  la  vieille  des 
coliques  et  évacuations  hi  lieuses  coq - 
tenant  une  grande  qua*  tite  de  haies 
de  buux  On  crut  «levoir  lui  faire 
a¥aier  un  peu  d'huile  de  ricin  et 
dVau-de-vie,  el  eu  égard  k  1  aggra- 
Tation  des  8>roptôiues.  on  manda  le 
médi-cin,  qui  cou«>iaia  I  élal  suivant  : 
lace  décolorée;  pe-'U  froide:  r  spi- 
ralioii  no  maie  ;  pouls  faible  à  Ho  ; 
lèvres    fuligineuses;     reli'ecis>euienl 

fkupillaire:  celles    incessanles.  —  Le 
ait  et   lf*a  stiniu  anis  dilfusiblcs  fu- 
rent Si  uIs  pre:  cnts. 

1^  leo-ltsinain,  amélioralion  nota- 
ble; encort?  un  eu  de  diarrbi  e,  qui 
fiait  par  céder  il  l'opium  et  a  la  ci  aie. 
Ce  fait  prouverait  que  ces  fruits 
ne  sont  pas  seulement  purgal  fa  et 
énétiques,  comme  le  dis«  ni  bs  au- 
Irura  de  matière  roé«licale.  Il  est  clair 
qu'ils  ont  agi  Ici  comme  un  poison  ir-> 


JOURNAUX 

rltant ,  d'une  manière  analogue  à 
l'opium  en  effet,  les  pupilles  au- 
raient été  dilatées  et  non  rehécies, 
si  le  collapsus  avait  éie  causé  uni- 
quenieni  par  une  substance  purement 
irritanie. 

(îeite  observation  offre  un  certain 
intérêt,  en  ce  sens  qu'elle  prouve- 
rait tes  propriétés  vénéneuses  de  ces 
fruits,  à  l'innocuité  desquels  on  croit 
à  tort  en  France  c<»muie  en  Angle- 
terre. {Ihe  Loncei,  10  avril.) 

Déwinrrciioii  et  con^erTa- 
tion  dvti  épOniirH  eiuplt».%ées 
au  liivase  ei  au  paiisemfnt 
de»  plaicM.  lians  les  conditiuna 
ordinaires,  dit  le  «iocteur  l..ericlie, 
quelque  soin  qu'on  pivnnr  pour  net- 
toyer les  éponges  dont  on  se  sert 
dans  b'S  pansements  des  p  aies;  ces 
ép'»nges  I  on.>erveiil  toujours  une  odeur 
désagréable,  quelquefois  même  in- 
fecte, et  1  on  y  constate  la  ptésence 
de  bactéries,  de  monades,  de  corpus- 
cules de  toute  nature  eu  un  mol  de 
ma  ières  qui  ne  peuvent  manquer 
d'exercer  une  influence  fâcheuse  sur 
les  plaies  avec  lesquelles  on  les  met 
en  contact.  Dans  un  grand  nombre 
de  cas,  la  présence  de  ces  matières, 
provenant  de  plaies  atteintes  de  »epti- 
cilé,  constituent  un  danger  considé'- 
rable. 

Pour  combattre  ces  inconvénients 
graves,  on  a  conseil  é  de  traiter  les 
é|>ouges  employées  dans  les  sei  vices 
ciiirurgicaux  par  1  acide  phéniqne. 
M'Ai>  Tt-xpérience  de  tb^que  jour  dé* 
montre  que  Tniee  qu'on  s  éiaii  faite 
de  son  action  n'est  qu'une  pure  illu» 
sion  ;  et  qu  il  n'a  pas  d'autre  avan- 
tage que  de  mi^squer  bs  0'leur>,ei  de 
r»'iarder  les  phénomènes  de  la  fer- 
roeniaiion.  qu'il  n'empêche  point  sur 
le  corps  vivant.  Aussi,  le  public  mé- 
dical commeuce-tit  à  revenir  de  son 
engouement  pour  cet  agent. 

Il  n'est  pas  nécessaire  d'Insister  ici 
sur  l'impoi  tance  extrême  de  ne  met* 
Ire  en  contact  avec  les  tissus,  dan.<*  le 
lavage  des  p  aies  et  des  parties  envi- 
ronnantes, que  des  sebstances  pai*fai- 
temciit  pures  de  corps  étrangers.  Celte 
importance  redouble  en  quel(^ue  sqK<& 


—  32S  — 


lorsqu'il  s'a(ri((1*époii«res.  quipenvent, 
ainsi  que  des  e]^pf>rien('es  récfnies 
t*0Di  démontré,  déposer  des  principes 
luxiqiies  sur  des  plaies  saf^tnanies. 
Frap(i4^  de  cette  considération,  l'admi- 
nistrateur de  l'Assistance  piib1ii|iie 
n'avait  engagé  à  lui  communiquer  le 
résultat  de  mes  recherches  sur  ce 
-tujet  ;  m»is  'es  événements  politiques 
in'ont  empêché  de  répoudre  à  cette 
demande. 

Voici,  du  reste,  pour  la  désinfection 
ti  la  Conservation  des  éponges  Je  pro- 
cédé que  je  préconise  après  l'avoir 
fmplovH  avec  succès  t 

Imprégner  l'éponge  d'une  solution 
de  permanganate  de  potasse  faite  avec 
4  parties  de  permanganate  pour  100 
parties  d>ao  :  puis,  la  passer  dans  une 
solution  d'acide  sulfureux  au  quart 
(25  p.  100);  enfin,  la  laver  k  grande 
eau. 

Par  ce  traitement,  les  éponges  re- 

i prennent  leur  état  primitif  et  même 
eur  odeur  niarine  lors  même  qu'elles 
ont  été  baignées  de  pus  et  de  matières 
Infectes.  Avec  le  temps,  elles  devieu- 
oent  blanches,  sans  que  leur  tissu 
soit  altéré.  Ainsi  j*ai  vu  des  éponges 
soumises  p^'odant  quatre  mois  h  ce 
mode  de  dépuration  sans  être  en  rien 
en-iommairées.  l/^ur  tissu  devient 
même  beaucoup  plus  doux  au  toucher. 
Quelque  rang  qu'on  accorde  h  celte 
nanipulation  spéciale  dans  la  grande 
question  du  pansement  dt*s  plaies,  il 
^st  permis  d'udmettreque,  dans  Vam- 
bulanre  des  Arts-el-Métiers.  qui  était 
sous  la  direction  de  mes  lden-aimé«( 
maîtres,  MM.  Ciiseo  et  Léon  l.abl»é, 
elle  a  pu,  combinée  avec  ta  puissante 
et  efficice  ▼eniilatioii  appliquée  par 
M.  le  général  Morin, contribuer  h  faire 
de>-c«*ndre  la  mortalité  à  17  pour  100, 
chiffre  qui  n'a  été  obtenu  nuie  part, 
pas  même  à  l'ambulance  américaine. 
[Union  méd.,  1871,  n»  24.) 

De  l'iodare  de  potasalaBi 
daim  le  tralietncat  d«*  la  pa- 
ralysie tk(gUmnm.  Il  s'agit  d'un 
soldat  de  trente  ans,  chez  lequel  la 
maladie  débuta,  en  18(>5,  par  des  dou- 
leurs dans  l'épaule,  le  bras  et  la 
jambe  droite,  avec  vive  céphalalgie. 
Le  24  septembre  1869,  le  tremblement 
commença  k  se  manifester  dans  le 
bran,  et  le  30  décembre  dans  la  tête  ; 
les  douleurs  disparurent,  mais  le  trem- 
blement empira  progressivement 

Au  moment  de  1  admission  à  rb6- 
pital,  le  tremblement  occupe  la  tête 
et  le  membre  aupérieur  droit  ;  il  con- 


siste, pour  la  tète,  en  des  noaTe- 
menls  de  rotation  eontinuels  vers  ta 
droite,  acl'ompag^é^  d'abaissent-nt  et 
de  ledr^ssemenl  sur  le  cou,  et  pour  le 
membre  supérieur,  en  mouvements  de 

f^ronation  et  de  supination  de  la  toli* 
ité  du  membre  combinés  avec  des 
mouvements  de  flexion  et  d'extensioa 
des  doigts  sur  la  main,  de  la  main 
sur  lavant-bras,  et  de  Tarant- bras 
sur  le  bras.  Le  membre  inférieur  n'est 
le  siège  d  aucun  mouvement  paiholo« 
gique,  mais  la  couimciililè  y  est  bten 
diminuée.  Les  diverses  sênsibiliiés 
sont  complètement  perdues  ou  ti^- 
notablement  diminuées  dans  toute  la 
moitié  droite  du  corps. 

La  maiadie,  soumise  anccetsWe- 
ment  aux  eaux  de  Bourbonne.  au 
bromure  de  potassium  jusque  la  doi^e 
de  10  grammt-s  par  jour,  an  oitnite 
d'argent  jusqu'à  commencement  de 
teinte  bleuâtre  de  la  peau,  ne  fut  nul- 
lement influencée  et  coniinoa  ses  pro- 
grès, fil.  Villemin  administra  alors 
l'iodure  de  potassium.  qu*il  porta  ra- 

fddemenl  k  3  grammes  par  jour.  Dès 
ors  un  am'^ndemeiit  sensible  n*a  pas 
tardé  k  se  manifester  ;  ragiiaiion  de  la 
tète  a  commencé  k  diminuer,  elle  èiait 
complètement  suspendue  au  bout  de 
trois  semaines;  la  sensibilité  atait 
aussi  légèrement  reparu  dans  le  bras 
droit  ;  ro^is  le  malade,  qui  était  ré- 
formé, a  voulu  absolument  soriir  de 
l'hôpital  l/apteur  ne  donne  aoenn 
renseignement  sur  l'état  de  son  ma- 
lade au  point  de  vue  de  la  syphilis. 
Qiioique  l'observation  de  M.  Ville- 
min ne  soit  pas  complète,  elle  nom 
parait  inlèressanle  par  les  hiireux 
résultats  que  l'todure  de  poiissiom  a 
paru  obtenir  dans  une  affection  aassi 

S  rave  que  la  paraivsie  agltanle  ; 
I  AxenfHd  avait  déjà  pu  snspendre 
pendant  div-huit  mois  les  manifesta- 
lions  morbides  dans  un  cas  de  para- 
Ifsie  agitante  par  l'usage  eombinéde 
rio<lnre  de  poiassiom,  des  bains  anl- 
fureux  et  (Tun  i*aulère  li  la  nuque. 
(Becueil  de  méderinf  et  die  cMrwgit 
mUUaires,  août  1870.) 

Do     anirate     de     ls«sla« 
coaiBBe     aBil|iérladlq|ae.    Le 

sulfate  de  buxine  a  été  récemment 
recoinmaudè  comme  fébrifogA  par 
Gaspare  Pavia.  et  essayé  par  le  diee- 
teur  Casati,  a'après  le  PractUmêr. 
qui  l'extrait  du  Wiên  WoehmilÀm 
d*cictobre  1.809. 

L'auteur  a  expérimenté  le  médica* 
ment  sur  quarante -cinq  maladet, 


—  329  — 


TiBgt  bomines  et  vingt-einq  femmes 
de  cioq  à  soixante  ans.  Dans  vingt- 
eioq  cas  le  type  de  la  fièvre  était 
tierce,  il  était  quotidien  dans  dix, 
quarte  dans  cinq,  dooble  tierce  dans 
un,  et  anomal  dans  quatre. 

hans  trente-six  cas,  le  résultat  fut 
bHureux  et  peu  satisfaisunt  dans  hiiil: 
dans  chacun  de  ces  derniers,  df'ux 
doses  seulement  de  sel  furent  admi- 
nistrées, l<*s  malades  exigeant  qu'on 
leur  donnAt  de  la  quinine.  Dans  un 
de  ces  cas  une  -seule  do:<e  suftii  pour 
éloigner  l'accës,  ce  qui  prouve  que  la 
buxine  avait  mo<Hfié  la  maladie  et 
aurait  suffi  à  la  guérison  si  l'on  en 
avait  continué  l'emploi 

1.8  dose  tutelle  que  prirent  les  ma- 
lades fut  environ  de  la  grains,  admi- 
Lislrés  en  six  ou  huit  prises  pendant 
Tapyrexie  ;  chez  nu  malade  7  grains 
surfirent  pour  amener  la  guérison; 
chez  dix  adultes  ou  dut  répéter  la  dose. 
Dans  deux  cas  seulement  il  y  eut 
recliute.  Des  trente-six  guérisous, 
Yîngt  furent  immédiates;  dans  les 
seiie  autres  cas  un  ou  deux  légers 
accès  se  manifestërent  dans  la  suite. 
En  aucun  c;is  le  médicament  ne  pro- 
duisit de  f&cbeux  effets,  une  fois  seu- 
lement à  la  suite  de  la  seconde  dose, 
il  so  manifesta  un  peu  d'aballement. 
%n  aueuD  cas  non  plus  on  ne  vit  de 
complication. 

La  buxioe  agit  comme  la  quinine; 
elle  est  aussi  efficace  dans  le»  cas 
léip*rs;  roab  la  quinine  est  préfé- 
rable dans  les  cas  graves.  Le  bon 
marché  de  la  buxine  doit  la  faire 
préférer  k  la  quinine,  elle  sera  re- 
commandée surtout  dans  les  cas  oh 
eette  dernière  est  conire-indiquée 
par  quelque  Intolérance  idiosyncr»- 
slqne  du  malade  {^NetthYotk  Med 
Jomnuil  et  MouipeU^r  métUcal^  1871, 
n*2.) 

Il*  |«s  de  citron  dama  le 
tmiicmeait  d«  rhiinaaiiiime 
mraiciilairc  alcii.  M  de  La  Harpe 
administre  te  suc  de  trois  à  six  élirons 
par  juur.  pur  ou  avec  du  sucre;  il  ne 
présente  pas  le  suc  de  citrons  comme 
nn  spéeilique  du  rhumatisme  articu- 
laire, pour  lui  c'est  un  bon  aniipfalo- 
gintii|ue  qui  agit,  soit  directement  par 
lui-même,  sott  indirectement  en  pro- 
YMMttl  des  sueurs  critiques. 

Las  malades  acceptent  en  général 
nvee  grand  plaisir  la  mé«lication; 
cfces  quelques  sujets  cependant  i  peau 
f  «0,  k«inê«  de  taches  de  rousseur,  on 
nBcontro  quelquefois  une  susceptibi- 


lité intestinale  pour  les  acides  qnl 
empêche  l'emploi  du  citron;  les  ma* 
lades  éprouvent  alors  des  coliques,  et 
l'on  est  obligé  de  suspendre  le  médi» 
cament  ;  mais  ces  cas  sont  rares. 

Sous  •'influence  du  suc  de  citron,  lai 
douleur  et  la  fibvre  diminuent,  et  la 
maladie  parait  notablement  atténuée 
aussi  quant  à  la  durée. 

Af .  de  La  Harpe  termine  le  traite* 
ment  de  tout  rhumatisme  articuljNre 
aigu  par  une  petite  cure  de  décoction 
des  bids  suivant  la  méthode  de 
Schmidlroann,  médecin  de  Meile  (Ha- 
novre*. Voici  la  formule  de  cette  ti- 
sane '•  Bois  de  galao,  racine  ne  sapo-- 
naire,  racine  de  barda  ne.  de  chacun 
1  once  ;  ajoutez  a  la  lin  de  la  coctiun, 
racine  'le  réglisse  demi  once,  bois  de 
sassafras  2  grus,  pour  24  onces  de 
décoction. 

C'est  lorsque  la  fièvre  est  tombée  et 
lorsque  les  douleurs  sont  devenues 
subaiguës,  qu  il  est  opportun  de  pas- 
ser à  la  tisane  des  bois  On  repren- 
drait le  suc  de  citron  si  la  fièvre  on 
les  douleurs  se  réveillaient.  {buU,  de 
Ut  Soc.  de  méd.  de  la  Suisse  romande,. 
juillet  187U.) 

Ometione  avec  l'halle  d'o- 
live dstne  l«*e  insUadiee  dea 
enfant».  Ce  moyen  si  simple  a  été 
employé  avec  succias,  et  pendant  onze 
mois,  contre  l'atrophie,  la  brunchiie, 
les  convulsions  la  diarrhée  et  les 
maladies  fébriles  de  Tenfauce,  dans- 
les  cas  uu  les  ftinclious  cutanées  se- 
Irouveui  compromises. 

Ou  enduit  avec  de  Thuile  d  olive  u» 
peu  '  haude,  de  bonne  qualité,  toute  kn 
suiface  du  corps  et  des  extrémités-  et 
l'on  répète  ces  frictions  toutes  l«'S: 
douze  les  six,  et  mê.ne  les  quatre-- 
heures,  suivant  1  urgence  du  cas.  Uni 
se  sert  d'une  longue  robe  ou  d'une 
couverture  de  tlauelle. 

L  huile  d'olive  l'emporte  sur  le  bain 
chaud  ordinaire  : 

1«>  L'huile  rétablit  les  fonetions  de 
la  peau  d  une  manière  plus  durable 
et  plus  complète  ; 

i*»  On  évite  par  son  emploi  les  dan- 
gers de  la  reaction,  parce  qu'elle 
n  entraîne  pas  de  cbaugemeuts  de 
température  ;  de  plus,  la  couche  hui- 
leuse préserve  la  surface  du  corps  dn 
contact  de  l'air  ; 

3»  Cette  substance  empêche  la  com- 
bustion du  système^ en  supposant  k  In* 
dénutrition  ; 

4<»  Elle  n'est  pas  déprimante,  maig* 
semble  plutôt  exhilarante. 


—  330  — 


Il  «Rt  cerfain  que  les  affections  si 
graves,  contre  lenquelleg  ch  précieux 
agt^nl  est  iniliqné  cëilent  souvriil  de 
vingl  minutes  à  viugt-qualre  lieunts 
après  snn  emploi;  parfois  l'ameliiira- 
tion  n'apparaît  qu  »u  bout  dequa- 
raalf^huil  a   aoixan  e -douze  heures. 

Nou»  V'ilà  revi'Hiis  à  la  praiiqne 
deA  Grecs  el  des  liom»ins  Tel  est  le 
progrès.  [Lancet,  ^'i  janvier  1H7U.) 

lluelqneN    téhrltu^^em  Indl- 

H^ncH.  Iiepuîs  longtemps  SU.  Mier- 
giies  emploie  la  piloM'l:e  Hteforium 
piUiXella  pour  Ciimbutlie  la  lièvre 
quarte.  Cette  petite  plante,  de  \a  fa- 
mllfl  des  composées,  cridi  alNindam- 
ment  en  Afrique  et  n'est  pas  rare 
chez  nous,  où  on  la  trouve  sur  les 
pelouses,  aux  bords  des  chemins  et 
sur  >es  coteaux  arides.  Pour  I  usage 
roé<iical,  on  doit  a  réco'ier  avant  la 
florais'n,  c'est-à-dire  en  j<iin 

L'auteu"  emploie  la  plant'- entière  et 
fraîche  en  décoction  ;  ÏMI  à  (Hl  gram- 
mes par  ve**re  d'eau  à  pren<ire  soir 
el  maiia  II  se  sert  aiiï^si  de  l'exirail  à 
la  dose  de  4  ^  8  grammes. 

M.  Miergues  emploie  aussi  comme 
fébrifuge  la  Potei.tiUa  ie:>tans  iHo- 
sar.ées  ,  plante  assez  commune  dans 
Bus  •nviruBs  -  c'est  missi  en  décociou 
qu'il  I  administre  k  l:i  dose  de 
W  grammes  de  raeine  par  verre 
4Vau.  à  diviser  en  tnds  punies  (|ne 
l'uu  prend  d:ins  lintervalle  de.s  repas. 

Vuici  la  formule  d'un  liouillon  fé 
brifu^e  qui  lui  a  ren  lu  de  liramls 
services  :  Faites  cuire,  dans  irois 
Verres  de  houilluo  de  vianile  dégrais- 
sée, une  f>rie  poignée  de  pilu>elle, 
une  pincée  de  clilcurée,  de  poteniilltt 
rarap-inte,  de  fraisier  el  un  peu  de 
noix  muscride:  passes  et  divisez  en 
tle*ji  purl<,  k  pren  re  l'une  une  demi- 
heurtt  avant  laeeës  .  Tauire  deux 
beur>8  ap'bs.  {Algérie  médical, 
n"  13,  lb7«».; 

f  Empoiiio  une  ment  pair  la 
bellud^nr  a|»|>li<|uée*  i*ezté- 
rleur  Ces  faits  hunt  rares ,  à  ce  titre 
ceux  que  M.  Gi<«caro  rapporte  pour- 
ront présenter  qui-lque  imérét.  En 
voici  le  résumée  très-succinct  : 

1°  Femme  de  quarante  ans;  con- 
stitution forle*  It'mpeianient  sanguia; 
uoe  mouche  de  belladone  de  la  gros* 
seur  d'une  piif^ce  df  deux  francs  est 
appliquée  sur  la  tempe  p4tur  une  né- 
vralgie temporo-faciale  gauche  très- 
intense  Huit  heures  après.  agttatioQ 
tr^l-gri»n4«,  h9%  pile,  altérée,  expri- 


mant la  frayeur;  pools  petit,  fré- 
quent, peau' froide  et  molle:  refrtri 
tij^e^  pupille  extrêmement  dilatée,  hal- 
lucinations vi^uel}es,  céphalalgie  in* 
tense:  nausées  s}ins  vomissement;  li 
mouche  est  enlevée,  des  sinaiii^met 
aux  jambes  el  de  fort>'H  iiifisiuBB 
de  café  sont  prescriis;  les  aicblents 
ont  Complètement  disparu  deux  heures 
après. 

La  malade  raconte  que,  quelques 
années  au  aravant.  des  acciilentsant- 
lugues  éiaieni  survenus  après  Tappli- 
cilion  sur  le  derme  i  un  dénudé  d  une 
semblable  mouche  de  bellailooe. 

I**  Une  f''mnie  de  trente  ans  enviroa, 
sur  lavis  de  M  Velpeau,  calmait  des 
doul-  urs  provoquées  par  une  affeelioM 
utérine  au  moyen  il'itnciions  avec  une 
pommade  de  lielladone  poiièe  sur  le 
c(d  (II-  la  mati  ice.  Invitée  nn  jour  k  un 
bal,  elle  eut  l'idée  d'augmenter  la  dose 
de  la  puuimaiie  afin  de  prévenir  pen- 
dant la  >oiré<'  le  retour  îles  douleurs. 
Une  heure  après,  sécheresse  de  la 
gor^e  avec  s  if  pâl'ur  des  tégo- 
roents  forte  dilMlation  de  la  puidlle, 
reuard  Hxe,  céphalalgie  paroli^  diffi- 
cile, mouvemt  lits  comme  au  omati» 
ques;  la  uialade  marchait,  »e  eviiit, 
dansait  comme  mue  par  on  ressort. 
Klle  se  bâté  d  ■  (initier  le  bal  ;  et  le 
docteur  Ibeiilafoy,  prévKnu  aiissi- 
tM.  n'a  pas  de  peine  à  recunnallrs 
l'ivresse  atropique,  q'o  la  «oppres- 
sion do  panseiuem  lit  disparaître  fiici- 
lemenl. 

I.e  docteur  Giscaro  elle  plusieurs 
faits  de  ce  ireore  empruntes  aux  re- 
cueils périodiques  ;  tels  août  par  exem- 
ple les  suivants  t 

|o  Littimeut  avec  30  irramiaes 
d'huile  de  jusquiam'^  camphrée,  et 
4  fjrummes  il  extraii  tie  belladone  ap- 
idiqné  sur  répiga>tre  AceMenis  toxi- 
ques au  bout  de  quarante  huit  heures. 
{Journ  "e  nn^d  de  l'MduUxe^  iKTi^.) 
1^  D'  ux  cas  d'empoisnnuenieut  dus 
à  l'application  d'un  emhlàtre'dc  Mh« 
deo'  aux  loiNbes  dans  le  preisi.  r  rs», 
aux  Bolleis  dans  le  second.  \Bfitiik 
Mtd  JimmtU.) 

3"  Empoisonnement  par  ua  en- 
plAlre  belladone  appliqué  daas  If 
dos.  (Mêdicai  Tiuieg  and  Gaatttê, 
novembre  18  'O.) 

é'  Nous  r.ippelleroB«<  que  M.  Fer- 
roud  a  relaté  un  exemple  anolofroo 
d  emiioisouoement  par  un  erepMtrs 
belladone  appliqué  à  rhvpogastre. 
{tiai,  méd,tie  Lyon,  I86<)  )' 

M.  Gisi-aro  ne  croit  que  nédioers- 
mont  à  raalagoDlsBio  do  l'opioai  oi  #• 


-  w  - 


la  belladone  et  pense  que  jusqu'à  pré- 
sent on  doit  se  montrer  ir&s  réservé 
sur  le  plui  d'iin  île  ces  poisons 
oomnnc  antidote  à  l'autre.  [Rfimptuéd. 
de  Toutouse  et  Lyon  méd.,  1871^ 
B»  S  ) 

EaipoiiMinneiiient  par  l*«- 
aropine   guéri     par  l'opliim. 

L^auteur,  M.  >'an  Ivughein.  ebt  de 
ceui  qui  cruipnl  à  l'aniagonisme  de 
l'opium  et  ée  la  l»elladooe.  Si  les  ex- 
périi-Dcesdf  M.  Camus  liMident  à  dé- 
montrer que  G<i  antagonisme  n  existe 
paa  ctiez  les  oiseaux  e(  les  lapins^  les 
nombreuses  observatiuns  cliniques 
rapportées  par  fiehier  Lie.  Morris, 
TeMHIn^  tri»'.,  prouveiit  qu'il  et  lilen 
réel  chez  rtiomme.  M.  Van  l*eleghem 
cite  le  fait  suiViint  à  l'appui  de  suo 
dire. 

•  Une  femme  do  vingt  huit  ans  avale 
une  verrêe  dVau  sucrée  additionnée 
de  jtts  de  citron  et  da>*6  laquel'e  elle 
avait  versé  par  mégarde,  au  i<eu  dVan 
de  fleur  d'orangi'r,  au  moins  deux 
culUtM'éHS  à  cafë  d'un  collyre  à  l'atro- 
pine dont  on  ne  donne  pas  la  Torroule. 

Vingt  minutes  après,  troublt;  de  la 
vision.  ••  tout  danse  autour  de  ii.oi  », 
dit  la  maliide,  puis  si  chrresse  de  la 
gorge,  hallucination,  perte  dooop 
naissance,  délire  at^ité  ge>ticu!âtions^ 
paroles  rapides,  face  rau;:e,  conges- 
tionnée :  par  nioininl  tremldeinenls^ 
pouls  peiit.  fuit,  très- fré(|Ui'iit,  pu- 
pille exlrâm*  reeiii  dilatée.  tJu  vumi- 
tif  egi  a<iministré 

C'est  dans  c«*t  étal  qne  l'anleurest 
appelé  à  voir  ïa  malade,  une  h>  a  e  en 
viroD  après  riBgrsliuH  du  toxique.  Il 
fait  preadr*  dctipq  i-n  cinq  minuli-s. 

Kr  petites  gorgées,  55  gouttes  de 
idiiuum  dans  une  verre  d'eau  su- 
crée; les  premières  doses  sont  reie« 
téea  sous  linlliienci*  du  yomiiif:  le 
inéilicam<'nl  est  continué  et  15  gouttes 
de.  laudanum  sont  a(lroini>tree»  en 
lavement  ;  le  délire  se  suspendit  et  fit 
pHaee  k  de  t'asaoupunsemeai 

Réapparitiou  du  délire  une  demi- 
tarare  après  ;  nouvelle  potion  avec 
StI  gouttes  de  laudanum  ;  bientôt  apr^ , 
foruiD' il  paisible;  le  pouls  s'est  re- 
levé, 11  est  a  11*2  puUatious. 

Les  symptômes  de  l'empoisonne - 
ment  reparurent  plusieurs  fuis  dans 
la  journée  et  furent  chaque  fois  éteints 
par  une  nouvelle  dose  de  laudanum. 
^  gouttes  de  laudanum  furent  ainsi 
adminisiiees  sans  produire  dacci- 
denls.  Dans  le  courant  de  Taprës-midi 
la  coiutaia^a^  était  revenue,  la  vue 


étaU  «encore  abolie,  m^iis  tout  danger 
avait  disparu;  le  troisième  jôiir>ià 
malade  pAI  se  lever  ;  mais  quoique  leà 
pupilles  Tussent  revrnues  à  leur  état 
normal,  il  lui  était  encore  impossible 
de  reprendre  ses  travaux  de  couture. 
{huit,  méd,  du  nwd  de  la  France  et 
Lyonméd.,  1871,  n»  9.) 

Emiploi  do  chloral  contre  la 
munit*  aiKuë  Déjà  d'heureux  ef- 
fi'ts  du  (  bloral  ont  été  obtenus  par 
diver>  auteurs  contre  «erlains  cas  do 
délires  aigu^.  Voici  un  Nouveau  Tait  à 
ajouter  aux  précédents,  qu'a  observé 
M.  humas,  de  Ledignan 

Un  j>  une  tuilier  de  vingt-six  ans, 
d'une  flirte  eonstilulion,  ne  comptant 
pas  d  aliénés  dans  sa  l'aniille  tt-i  pris 
tout  k  coup  et  sans  cause  appréciable 
d  un  délire  aigu  avec  état  mainaqiie. 
Ses  paioles  sont  vives  et  incohé- 
rentes il  cesse  do  pleurer  |  our  rire, 
il  supplie  on  commande,  fitit  des  ex- 
cuses ou  invective.  I  a  face  est  un  peu 
colorée,  le  regard  ^  quelque  cb^ae 
d'égaré,  d'effrayé  même ,  la  fièvre  est 
nulle. 

On  ne  peut  songer  à  un  delirivm 
Irftufna,  te  sujet  étant  un  modèle  de 
tempérance.  On  sait  seulement  que  de- 
i^iia  quelques  semaines,  api  es  avoir 
éré  vivenieni  impre.N^ionné  par  la  mort 
d'un  de  se.s  parents,  il  éiaii  tli^(e  et 
préoccupé  et  avait  «laiis  ses  allures 
quelque  cbo>e  de  vague  et  d  indéfini 
qui  avait  frappé  meux  qui  1  appro- 
chaient. 

^^.  Dumas,  après  avoir  en  recours 
inutilement  aux  purgatifs,  au  bro- 
mure de  potassium,  k  Ja  duae  da 
5gismmes,  à  une  saignée  du  bras, 
administra  lechioral;3  grammes  dans 
un  Jiilep  de  liU  gr.>mmes;  le  troi- 
sième jour  du  «tèlire. 

À  la  truisijenie  cuillerée  delà  potlpi^ 
le  mal<<de  s'endort,  ce  qu  il  n'avait  paa 
encore  fait.  Le  somineil,  calme  et 
paisible,  dure  trois  heures.  Le  reste 
de  la  potion  ast  alors  administré  et 
procura  un  nouveau  sommeil  de  deux 
heures  Le  lendemain,  4  grammes  de 
chtoral  sont  administrés  dans  la  mémie 
potion  et  le  délire  G4-sse  comptétc- 
menl.  Deux  jours  après,  le  malade 
reirenait  son  travail  et  personne  ne 
pouvait  soupçonner  ce  qui  veiiaii  de 
se  passer.  {Aiunî^^elMer  rnéd,  et  Lyoti 
méd.y  1«71,no2.) 


Emploi  de  l'oignon  cra 
comme  dluréiiquc-  Un  soldat 
lymphatique,  i^k  de  trente  ans,  ayant 


—  332  — 


déjà  été  atteint,  il  y  a  troia  ans,  de  fib- 
yre  interroiUt^nte  avec  cachexie  palu- 
déenne et  anasarque,  entre  à  rbôpital 
pour  se  faire  soiKuer  d'une  gale  com- 
pliquée d'eczéma. 

Pendant  son  ««"jour  à  l'hospice  sur- 
vint une  plHuré>ie  droite  aiguë  avec 
épancberoent  occupa  ni  les  deux  tiers 
de  la  plèvre  droite^  (iëvre  vive  et 
œdème  des  membres.  I^e  second  jour, 
lauasarque  se  .  généralise  à  presque 
tout  le  corps,  l'epanchement  pleural 
droit  est  augmenté  ei  un  épanrhe— 
ment  notable  se  fait  dans  la  plèvre 

S  anche.  Les  urines  sont  peu  abon- 
anies,  brunes,  sé'.limenieuses,  sans 
albumine.  Une  légère  bronchite  col- 
latérale vil  t  de  plus  compliquer  les 
aocHlenls  ^vin,  bière,  boissons  sudo- 
rifiqnes). 

La  fièvre  disparut  le  septième  jour, 
Tappéiit  revint,  n  als  les  phénomènes 
do  côté  de  la  poitrine  et  l'anasarque 
étaient  (ianM  le  même  état,  peut  être 
an  peu  atcgravés.  C'est  alors  que  M.  le 
docteur  Ùuprez  ordonna  comme  diu- 
rétiques des  oignons  crus.  Le  malade 


en  prit  trois  par  jour,  qu'il  maigealt 
avec  son  pain. 

LVffet  fut  vraiment  surprenant.  Ce 
maladf,  qui  rendait  à  peinf  une  demi- 
pinte  d'urine  dans  les  vingt- quatre 
heures,  au  bout  de  huit  jours  remplis- 
sait deux  pots  et  demi  dans  le  même 
espace  de  temps.  Aussi,  à  dater  de 
cette  époque,  vit-on  disparaître  insen- 
siblement les  phénomènes  hydrupi- 
ques  et  tes  liquides  épanchés  dan»  les 
plèvres,  tant  dans  celle  qui  avaii  été 
primitivement  enûamniée  (|ue  dans 
celle  oii  l'épancht  ment  avait  été  con- 
sécutif. 

A,>rès  trois  semaines  de  ce  traite- 
ment, la  bronchite,  dernier  vestige 
de  la  maladie,  était  complètement 
guérie.  Toutefois,  le  patient  il  ut  être 
houmis  à  un  régime  fortement  to- 
nique pendant  une  convalescence  de 
flus  d'un  mois,  pour  pouvoir  quitter 
hôpital  en  bon  état.  Le  BuU.  de 
Thérapeutique  a  déjà  signalé  cette 
action  de  Toignon  cru.  [Arcti.  méd. 
belges  et  Lyon  med,,  1871,  no  2.) 


VARIÉTÉS 


Errata,  Dans  le  numéro  du  15  mars,  p.  231-232,  article  TraitemetU  Ai 
psoriasis,  au  Képerioire  médical,  au  lieu  de  :  a  Localement  il  se  loue  beaoconp 
de  l'emploi  de  l'acide  carttontque.,,  »  lisez  :  acide  carbolique  (ou  phéuique),  et 
de  même  dans  le  reste  de  cet  article.  -  Cette  faute  d'impressiou  qui,  i  notre 
grand  regret,  a  échappé  à  notre  attention  eu  lisant  les  épreuves  du  journal, 
démontre  l'inconvénient  que  présente  la  multiplicité  des  dénominaiionA  donnéet 
il  une  Oiéme  suiislance,  inconvénient  contre  lequel  s'est  élevé  avec  tant  de 
raison  et  avec  l'auturite  qui  lui  appartient,  le  savant  Bl.  Chevreul,  i  propos 
d^une  communication  de  M.  (ialvert  à  l'Académie  des  bciences  sur  Tadde 
pbénique  lui  même  (voir  notre  dernier  numéro,  p.  282,  note  an  bas  de  la 
page).  Cet  inconvénient  est  plus  grand  encore  lorsque,  comme  dans  le  eu 
préAenl,  il  y  a  une  si  grande  ressemblance  entre  une  de  ces  dénorainatioat, 
acide  carbolique,  et  une  autre  propre  à  une  substance  complètement  dinëreale, 
acide  carbonique. 


Pour  les  articUs  non  signés  : 


F.  BRlCHETfiAU. 


THÉRAPEUTIQUE  MÉOICAU 


IM»  racropliie  eomiue  anlidote  phyuioloskqac  do  l*aclioii 
toxique  de  la  fève  du  Calubar; 

Par  M.   le  docteur  Thomas  R.  Fraskb,  médecin-adjoint  à  l'infirmerie  rojale 

d'Edimbourg  '  i). 

La  question  de  l'antagonisme  entre  certaines  actions  physîolo- 
gi(|ues  de  différentes  substances  actives  ou  médicaments,  a  pris 
depuis  quelque  temps  un  rang  important  dans  la  science  médi- 
cale. Déjà  l'on  a  accumulé  de  nombreux  exemples  qui  paraissent 
bien  constatés,  parmi  lesquels  on  peut  citer  Tantagonisme  entre 
les  actions  de  la  morphine  et  de  Tatropine^  ainsi  que  de  Tatropine 
et  de  la  fève  du  Galabar  ou  physosligma  sur  l'iris  et  les  petits  vais- 
seaux ;  de  la  morphine  et  de  la  quinine  sur  ces  mêmes  vaisseaux  ; 
de  la  fève  du  Galabar  et  de  l'atropine,  de  l'acide  cyanhydrique  et  de 
Tatropine^  de  la  muscarine  (2)  et  de  l'atropine  sur  les  nerfs  vagues. 

A  cette  question  se  trouve  inséparablement  liée  la  question  plus 
ancienne  de  l'antagonisme  entre  les  actions  léthifères  de  certaines 
substances  actives.  Mais  sommes-nous  en  réalité  dès  à-présent  fon- 
dés à  énoncer  comme  positivement  établi  aucun  exemple  d^antago- 
nisme  physiologique  de  ce  genre?  Un  grand  nombre  d'autorités 
ëminentes  soutiennent,  il  est  vrai,  comme  on  le  sait  généra- 
lemcnt;  que  l'action  léthifère  de  la  belladone  est  combattue  par 
Topium^  et,  réciproquement,  celle  de  l'opium  par  la  belladone. 
Dès  Tannée  1570,  Pena  et  Mathias  de  Lobel  alfirmaient  que 
Topium  diminue  l'activité  de  la  belladone;  plus  tard^  Horslius 
rapportait  un  cas  dans  lequel  les  effets  d'une  forte  dose  de  bella- 
done paraissaient  bien  avoir  été  guéris  par  l'administration  de 
l'opium;  et  dans  ces  derniers  temps  un  grand  nombre  d'écri- 
vains modernes,  tels  que  Benjamin  Bell  ^  Graves^  Andersen^ 
Garrod,  AJacnamara,  Béhier^  Norris  et  Constantin  Paul,  ont  publié 
des  témoignages  qui  bont  évidemment  favorables  à  l'hypotlicse  de 
cet  antagonisme.  Gependant  nous  ne  sommes  pas  encore  suffisam- 
ment autorisés  à  regarder  ces  témoignages  comme  concluant;^, 


(i)  Traduit  diaprés  le  journal  The  Practilionert  livraison  de  février  1870. 
(2)  Voir  dans  la  présente  livraison^  p.  361^  un  article  sur  cet  alcaloïde. 

TOMELXXX.  10*  IIVIJ.  28 


—  334  — 

lorsque  lums  voyons  (jiic  plusieurs  ohservalenrs  d'une  compé- 
tence reconnue^  après  un  examen  attentif  et  sévère  de  chacun  des 
exemples  rapportés,  les  ont  déclarés  insufiisants.  Ën6n  les  résultats 
qu'ont  obtenus  d'expériences  sur  les  animaux  inférieurs  Brown- 
Séquard,  Camus,  Onimus,  sont  absolument  opposés  h  rexîstence 
de  cet  antagonisme. 

Il  y  a  quelques  mois,  le  professeur  Preyer,  dléna,  a  annoncé 
que  Tatropine  est  un  antidote  physiologique  de  Pacide  prussique; 
et  plus  récemment  encore  les  docteurs  Schmiedeberg  et  Roppc, 
de  Dorpat,  ont  fait  voir  qu'il  existe  des  raisons  de  supposer 
que  l'effet  mortel  de  U  muscarine^  principe  actif  dérivé  de  l'aga^ 
ricm  muscariuê,  peut  être  prévenu  par  l'atropine.  Je  ne  suis 
qu*impartaitement  au  courant  du  premier  de  ces  deux  sujets  de 
recherches^  n'ayant  pas  encore  euToccasion  de  consulter  le  mémoire 
de  Tauteur  ;  quant  au  second^  je  ne  puis  être  parfaitement  édifié, 
les  auteurs  ayant  omis  de  prouver  que  les  effets  neutralisés  sui- 
vant eux  par  Tatropine^  étaient  causés  par  des  doses  de  muscarine 
qui,  sans  l'atropine,  auraient  eu  certainement  dea  conséquences 
fatales.  Les  expériences  des  investigateurs  russes  prêtent  donc  le 
flanc  à  l'objection  si  juditiçuseroent  soulevée  par  le  docteur  John 
Harley  et  par  Lemaitre  contre  un  bon  nombre  des-cas  d'antago- 
nisme entre  Topium  et  la  belladone  qui  ont  été  publiés,  à  savoir 
qu'il  n'est  pas  démontré  que,  dans  ces  cas,  une  dose  de  poison 
suffisante  pour  donner  la  mort  ait  été  administrée. 

Les  recherches,  sur  certains  résultats  desquelles  je  me  propose 
d'appeler  l'attention  dans  ce  mémoire,  ont  été  commences  en 
avril  1868.  Bien  qu'elles  soient  encore  inaclievée9y  divers  faits  sont 
acquis,  qui  paraissent  suffisamment  importants  pour  justifier  celte 
publication  ;  ils  démontrent  en  effet  que,  chez  certains  animaux  au 
moins,  les  effets  mortels  de  la  fève  du  Calabar  peuvent  être  préve- 
nus d'une  manière  remarquable  et  parfaite  par  l'action  physiolo- 
gique de  Tatropine.  Sauf  un  petit  nombre  d'exceptions,  les  expé- 
riences ont  été  instituées  sur  des  lapins  et  des  chiens  ;  mais  ce  soa 
de  celles  qui  ont  été  accomplies  sur  les  priçmiers  de  ces  animaox 
que  je  parlerai  principalement,  parce  qu'elles  forment  une  série 
qui,  quant  à  présent^  e$t  de  beaucQup  la  plu9  complète. 

J'ai  adopte  la  méthode  suivante  comme  étant  celle  qui  paraissait 
la  plus  capable  de  donner  des  résultats  concluants  : 

Après  avoir  déterminé  approximativement  la  dose  mortelle  aai- 
nimum  d'extrait  dej  physostigma  pour  des  lapins  et  des  chiens 


—  338  — 

de  différents  poids,  cette  dose^  ou  bien  une  beaucoup  plus  considë- 
rable,  était  administrée  aprk$  une  certaine  dose  de  sulfate  d'atro- 
pine, ou  au  même  moment  ou  auparavant  ;  et  si   ta  mort  n'en 
était  pas  la  conséquence,  le  même  animal  était  sacrifié,  au   bout 
de  quelques  jours,  à  Taide  d'une  dose  de  ce  mémo  extrait  de  fève 
du  Galabar  aussi  forte  ou  moindre  que  celle  qui  avait  été   adminis- 
trée concurremment  avec  Patropine.  J'employais  un  extrait  prépare 
par  moi-même  au  moyen  de  Palcool  rectitié^  et  comme  cet  extrait 
est  un  peu  hygrosmétrique^  j'avais  soin  de  le  sécher  dans  le  vide 
ate  d'être  assui^d'une  préparation  invariable^  dont  chaque  dose, 
au  monaent  de  m'en  servir,  était  pesée  séparément  dans  un  état  de 
siocité  absolue.  Le  sulfate  d^atropine  dont  je  faisais  usage  était  le 
sulfate  ordinaire  du  commerce.   L'extrait  de  fève  du  Galabar,  aussi 
bien  que  le  sulfate  d'atropine,  était  presque  invariablement  admi* 
nistré  par  injection  hypodermique. 

Dana  une  première  série  d'expériences,   le  sulfate  d'atropine 
est  administré  avant  une  dose  mortelle  d'extrait  de  fève  du  Ga- 
labar, de  la  manière  suivante  :  on  injecte  à  un  lapin  un  grain 
de  cet  extrait  quinze  minutes  et  trente  secondes  après  un  demi- 
grain  desulfate  d^atropine;  à  un  second  lapin^  deux  grains  d'extrait 
quinse  minutes  et  quinse  secondes  après  un  dixième  de   grain  de 
sulfate  d'atropine;   à  un  troisième,  trois  grains  d'extrait  quinse 
minutes  après  un  demi-grain  de  sulfate  d'atropine  ;  — la  mort  ne 
survient  dans  aucun  de  ces  trois  ca^t.  Les  animaux  employés  dans 
chacune  ée  ces  ex^iériences  sont  tués  plusieurs  jours  après,  l'un 
avec  sept  dixièmes  de  grain^  le  second  avec  un  grain  et  le  troisième 
avec  il»  grain  et  demi  d'extrait  de  fève  du  Galabar.  Or  il  y  a  lieu 
de  remarquer  que  chacune  de  ces  doses  d'extrait  est  considérable- 
ment moindre  que  celle  dont  le  même  animal  s'était  rétabli  alors 
qu'on  avait  commencé  par  lui  administrer  le  sulfate  d*atropinc. 
Dans  une  seconde  série  d'expériences,  les  deux  substances  sont 
Injectées  simultanément  ou  presque  simultanément,  un  intervalle 
înévîtahle  de  quelques  secondes  séparant  de  toute  nécessité  les  deux 
Tojectîons.  A  un  premier  lapin  on  injecte  un  demi-gi*ain  de  sulfate 
d'atropine^  puis  un  grain  d'extrait  de  fève  du  Galabar:  à  un  second, 
un  demi-grain  de  sulfate  d'atropine,  puis  trois  grains  d'extrait  de 
fève  du  Galabar  ;  à  un  troisième  enfin,  six  dixièmes  de  grain  de  sul- 
fate d'atropine,  puis  guatre  grains  du  même  extrait  ;  — -  aucun  de 
-en animaux  ne  succombe.  Le  lapin  employé  dans  la  première  expé* 
rienice  reçoit,  treize-jours  après,  «n  grain  d'extrait  de  fève  du  Ca- 


\à\)à\\  el  Id  inoil  arrive  en  dix -huit  iiiiiuttos  ;  l'animal  lic  la  se- 
conde e:^))éi  jencc  bubil^  le  neuvième  jour,  une  injection  d'un  grain 
et  demi  d^exiraxi y  el  il  meurt  au  bout  de  cinquante-quatre  minutes  ; 
entîn,  on  injecte  au  troisième  lapin,  au  bout  de  sept  jours,  un 
grain  et  demi  d'extrait  de  fève  duCalabar,  et  il  succombe  trente-six 
minutes  après. 

Ces  deux  st^ries  d'expériences  démontrent  de  la  manière  la  plus 
rigoureuse  que  Tatropine,  par  son  action  sur  Téconomie  vivante^ 
neutralise  ou  prévient  l'action  léthifère  de  la  fève  du  Galabar.  Des 
expériences  quej*ai  faites  sur  des  chiens  m'ont  donné  des  résultats 
qui  établissent  d'une  manière  tout  aussi  satisfaisante  l'existence 
de  cet  antagonisme.  Une  de  ces  expériences  a  déjà  été  décrite  dans 
une  communication  à  la  Société  royale  d'Edimbourg  ;  j'en  repro- 
duis le  compte  rendu  suivant^  d'après  les  procès-verbaux  des 
séances  : 

((  Huit  grains  de  sulfate  d'atropine  et  trois  grains  d'extrait  de 
fève  du  Galabar,  dissous  dans  de  l'eau  distillée,  furent  injectés  pres- 
que en  même  temps  sous  la  peau  d'un  vigoureux  terrier  anglais, 
pesant  10  livres.  Les  principaux  symptômes  furent  la  dilatation  des 
pupilles,  une  paralysie  partielle^  de  l'hypnotisme.  Le  premier  de  ces 
symptômes  dura  plusieurs  jours^  et  le  dernier  disparut  en  moins  de 
vingt-quatre  heures.  La  paralysie  partielle  ne  persista  que  quarante 
minutes,  au  bout  desquelles  Tanimal  se  trouvait  dans  un  état  tout  à 
fait  normal^  à  l'exception  que  ses  pupilles  étaient  complètement 
dilatées  et  qu'il  éprouvait  une  tendance  manifeste  au  sommeil. 

«  Trois  semaines  après,  le  môme  chien  reçut  8  grains  de  sul- 
fate d'atropine  et  six  grains  d'extrait  de  fève  du  Galabar,  la  dose 
de  cette  dernière  substance  étant  deux  fois  aussi  forte  que  celle 
administrée  dans  rex|)érience  précédente.  La  dilatation  des  pupil- 
les el  une  perte  considérable  de  la  faculté  motrice  se  manifestèrent 
de  nouveau  ;  mais  de  plus  il  se  produisit  d'une  manière  marquée 
certains  phénomènes  qui  étaient  indubitablement  dus  à  la  fève  du 
Galabar,  tels  que  des  tremblements  et  une  exagération  de  la  sé- 
crétion bronchique.  La  paralysie  partielle  et  les  tremblements  du- 
rèrent plus  de  trois  heures,  et  la  dilatation  des  pupilles  persista 
plusieurs  jours,  après  quoi  le  chien  recouvra  parfaitement  son  état 
antérieur. 

«  Dans  le  but  de  démontrer  d'une  manière  irrécusable  que 
c'était  bien  l'atropine  qui  avait  empêché  l'action  fatale  de  la  fève  du 
Galabar  administrée  dans  ces  deux  expériences,  ce  chien  reçut,  au 


—  337  — 

boni  de  quelques  semaines,  trois  grains  d'extrait  de  cette  dernière 
substance,  c'est-à-dire  une  dose  égale  à  celle  dont  il  s'était  rdlabli 
dans  la  première  expérience,  et  seulement  de  moitié  moins  forte  que 
celle  qui  lui  avait  été  administrée  dans  la  seconde  expérience  et 
dont  il  s'était  également  rétabli.  Voici  quels  furent  les  résultats  : 
la  paralysie  partielle  et  les  tremblements  se  produisirent  avec  rapi- 
dité, les  sécrétions  lacrymale  et  salivaire  s'accrurent  excessive- 
ment, la  respiration  devint  de  plus  en  plus  laborieuse  et  saccadée, 
et  enfin  la  mort  vint  mettre  un  terme  à  ces  symptômes  dix  sept 
minutes  après  l'administration  du  poison   » 

Le  dernier  pas  dans  celte  enquête,  celui  qui  constitue  Pépreuve 
la  plus  complète  de  la  valeur  pratique  des  expériences  qui  vien- 
nent d'être  relatées,  consistait  à  administrer  Tantidote  après  une 
dose  mortelle  du  poison.  Il  importe  évidemment  que  la  nature  des 
faits  observés  dans  les  expériences  soit  bien  clairement  comprise, 
et,  en  conséquence,  j'ai  pensé  qu'il  était  convenable  de  donner  un 
court  exposé  de  deux  de  ces  expériences. 

Dans  la  première,  un  jeune  lapin,  pesant  2  livres  i4  onces,  rc- 
çoit,  parinjcction  sous-cutanée,  ungrain  e^rfewi  d'extrait  de  fève  du 
Galabar  suspendus  dans  15  minims(l)  d'eau  distillée.  Les  symp- 
tômes de  l'action  de  la  substance  toxique  se  manifestent  après  une 
minute  et  trente  secondes  ;  mais  ils  ne  prennent  un  aspect  sérieux 
qu'au  bout  de  six  minutes,  oii  l'animal  commence  ù  éprouver  une 
grande  difficulté  à  se  tenir  sur  ses  pattes.  Au  bout  de  neuf  minutes, 
il  s'affaisse  et  reste  étendu  sur  le  venlie,  le  thorax  et  la  mâchoire 
inférieure,  les  pupilles  sont  un  peu  contractées.  Après  dix  minutes, 
les  matières  fécales  sont  expulsées,  la  salive  s'échappe  abondam- 
ment de  la  bouche,  Tanimal  est  dans  un  état  de  flaccidité  complète 
et  absolument  hors  d'état  de  se  mouvoir. 

A  dix  minutes  trente  secondes,  on  injecte  sous  la  peau  du  flanc 
gauche  un  demi-grain  de  sulfate  d'atropine  dissous  dans  15  mi- 
nims  d'eau  distillée.  Quatre  minutes  et  demie  se  passent  sans  au- 
cun résultat  apparent  ;  à  partir  de  ce  moment  la  flaccidité  générale 
disparaît  un  peu,  le  dos  reprend  sa  courbure  normale,  en  quelques 
secondes  la  tête  se  redresse,  le  flux  de  salive  diminue  d'une  manière 
notable,  et  les  pupilles  se  dilatent  légèrement.  En  huit  minutes  le 


(1)  Minim.  mesure  de  capacité  anglaise  qui  équivaut  à  0,059  de  notre 
millilitre  ;  15  minims  d'eau  distillée  font  donc  0,88  de  millilitre^  soit,  on 
poids,  un  pfu  moins  de  1  gramme. 


—  aâ8  — 

lapin  parvient  à  se  relever  sur  ses  membres  et  reprend  son  atUtude^ 
naturelle  ;  le  flux  de  salive  a  disparu  complélement  et  les  pupilles 
sont  largement  dilatées.  En  douze  minutes^  il  n'y  a  plus  d'auLr^^i 
symptômes  qu^une  extrême  dilatation  des  pupilles  dueàractipQ,4u 
sulfate  d'atropine,  et  des  secousses  fibrillaires  des  muscleB,  que  j -ai 
démontrées  être  sous  la  dépeudance  de  Tactioa  de  1^  fè? e  du  Ca- 
labar. 

Douze  jours  après,  on  fait  sous  la  peau  du  même  lapin  une 
injection  de  un  grain  et  un  cinquième  du  même  extrait  de  f^ysos- 
tigma,  suspendus  dans  15  minims  d'eau  distillée.  La  moH  arrive 
en  trente  minutes. 

Dans  la  seconde  expérience,  deux  grains  d'extrait  de  fève  duGa- 
labar,  suspendus  dans  20  minims  d'eau  distillée,  sont  iojeciéft 
sous  la  peau  du  flanc  droit  d'un  lapin  pesant  3  livres  et  11  onces 
et  demie.  En  huit  minutes  et  trente  secondes,  l'animal  gît  éteada 
sur  le  ventre  et  le  thorax,  un  flux  de  salive  s'échappe  en  abondance 
de  sa  bouche,  les  pupilles  sont  un  peu  contractées^  la  respiration 
est  pénible  et  bruyante^  et  il  se  produit  une  évacuation  abondante 
de  matières  fécales  liquides. 

A  huit  minutes  et  trente  secondes,  un  demi-grain  de  sulfate 
d'atropine,  dissous  dans  45  minims  d'eau  distillée,  est  injecté 
sous  la  peau  du  flanc  gauche.  En  quatre  minutes»  les  pupilles  sopi 
dilatées,  les  flux  salivaire  et  diarrhéique  s'arrêtent.  Après  six  mi*' 
nutes,  l'animal  fait  de  vigoureux  eflbrts  pour  se  relever^  mais  ceift 
efforts  restent  sans  succès  jusqu'à  la  quinzième  miuuta.  Dans  Ve&* 
pace  environ  d'une  heure  vingt  minutes,  le  lapin  est  presque 
rétabli,  bien  qu'il  reste  encore  un  léger  degré  de  paralysie,  fin  une 
heure  quarante  minutes,  tout  symptôme  a  disparu,  à  Texception  do 
la  dilatation  des  pupilles  et  des  secousses  ûbrillaires  des^  musclef . 

Quatre  jours  après,  ce  lapin,  étant  dans  un  état  paifaitement nor- 
mal, reçoit  par  injection  sous-cutanée  un  grain  et  demi  d'extraitde 
physosligma  suspendus  dans  15  minims  d'eau  distillée.  A  la  suite, 
apparition  rapide  de  tremblements  et  de  paralysie,  augmentation 
considérable  des  sécrétions  salivaire  et  bronchique,  évacuations 
profuses  de  matières  fécales  liquides,  contraction  des  pupilles,  et 
mort  quinze  minutes  trente  secondes  après  V injection. 

Les  expériences  que  je  viens  de  rapporter  n'indiquent  à  aucun 
degré  la  proportion  précise  de  puissance  antagoniste  qu'exerce 
l'atropine  sur  la  fève  duGalabar;  il  faudra^  avant  d^être  en  mesure 
de  déterminer  ce  point,  multiplier  considérablemt^ut  le  nombrt^t* 


—  33«  — 

66e  expériences.  Telles  qu'elles  sont;  cependant^  on  ne  peut  se  re<* 
foàer  à  Tadmetti^,  elles  font  voir  que  les  effets  mortels  de  doses  de 
physostîgma  excédant  de  beaucoup  la  dose  minimum  sufflsantd 
p6\if  causer  la  mort,  peuvent  être  prévenus  par  des  doses  d'atro- 
pine TKHablemeAt  inférieures  à  la  dose  fatale  minimum  de  cet  al^* 
càlèîdè;  on  admettra  également  qu'elles  contiennent  la  démonstra- 
tion i'Ji  plus  complète  du  pouvoir  qu'a  l'atropine  de  prévenir  les 
(effets  mortels  de  certaines  doses  de  physostigma. 

On  peut  dire  qu'une  telle  démonstration,  étant  faite  sur  des  ani- 
maux inférieurs,  n*est  pas  applicable  à  Tliomme.  En  réponse  à 
cette  objection,  je  rappellerais  que  les  phénomènes  produits  par 
l'atropine  et  par  le  physostigma  sont  précisément  les  mômes  sur 
Phomrne^  les  chiens  et  les  lapins.  Sails  doute  une  différence  mar- 
quée existe  entre  la  susceptibilité  de  l'homme  à  l'action  de  l'atro- 
pine et  celle  dé  cos  animaux  ;  mais  celte  différence  n'étant  qu'une 
simple  différence  de  susceptibilité,  iiignitle  seulement  que  ches 
l'homme  la  quantité  administl-ée  doit  être  moindre  que  chet  les 
chiens  et  les  lapins  pour  obtenir  des  effets  égaux.  Il  est  d'ailleurs 
en  notre  pouvoil*  d'augmenter  considérablement  l'action  de  Tatro- 
pîne,  en  modifiant  le  procédé  d'adminislfation.  Si  l'on  intj'oduit 
dii^tement  une  très-^petile  dose  de  cette  substance  dans  une  des 
teihes  superficielles  d'un  lapin,  les  effets  toxiques  se  produisent 
très«rapidemént,  et  dé  la  sorte  ta  différence  apparente  dé  son  action 
sUl*  rhokttrUe  et  sur  les  lapins  se  trouve  dès  loi's  écalléé.  J'ai  fait 
une  eitpérience  dans  laquelle  une  très -faible  ddse  (un  ({Uarantième 
de  gfaÎD)  de  stilfato  d'altopine  fut  injectée  dans  Une  des  veines  fa- 
ciales d'un  Iftpin  qui  avait  rcçu^  peu  de  temps  auparavant,  par  in- 
jection hypodermitjue,  une  forte  dose  mortelle  d'extrait  de  physos- 
tigma. Cette  dose  dé  l'antidote^  bien  quo  ne  dépassaitt  qu'un  peu 
celle  qu'on  administre  fréquemment  chez  l'homme  par  injection 
souy-cutanée,  neutralisa  parfaitement  les  effets  mortels  de  la  dose 
exaj[éré^  de  fève  du  Calabar. 

Peut-être  regardera-t-on  comme  nécessaire  que  je  cherche  à  jus- 
tifier le  titre  de  cet  article,  l'atropine  n'ayant  jamais  été  employée 
chez  l'homme  comme  antidote  coiitre  l'empoisonnement  par  la  fève 
du  Calabar.  Il  faut  reconnaître  qu'avant  de  se  risquer  à  l'em- 
ployer à  ce  titre,  il  est  de  toute  ndcessilô  que  de  bonnes  raisons 
soient  d'abord  fournies  k  Tappui  de  l'existence  d'un  pouvoir  anti- 
dotique^  car  ce  n'est  ({u'ainsi  que  peut  être  autorisée  l'application 
pratique  èl  qu'il  est  possible  d'y  feèourir  comme  contre-poison 


-    340  — 

avec  opportunité  et  confiance.  La  preuve  que  nous  avons  apportée 
de  rcxistônce  d^uu  tel  pouvoir  est  de  la  nature  la  plus  satisfaisante. 
En  effet,  les  expériences  d*essai  contenues  dans  la  troisième  série 
témoignent  beaucoup  moins  en  faveur  de  ce  traitement  que  ne 
le  feront  les  cas,  quels  qu'ils  soient,  qui  pourront  venir  dans  la 
pratique  se  présenter  à  notre  observation  ;  car  dans  les  faits 
que  nous  venons  de  rapporter,  le  poison  a  été  administré  par  in- 
jection sous-cutaiiée,  et  par  suite  son  action  sVst  produite  avec 
beaucoup  plus  de  rapidité  que  si  l'administration  avait  eu  lieu  par 
la  voie  gastrique. 

Si  Ton  avait  à  traiter  des  cas  d'empoisonnement  chez  Thomme, 
le  sulfate  d'atropine  serait  donné  en  injections  hypodermiques  à  la 
dose  de  un  cinquantième  à  un  trentième  de  grain.  L'administration 
de  Tantidote  devrait  être  continuée,  à  doses  répétées,  jusqu'à  ce 
que  les  pupilles  fussent  complètement  dilatées,  le  nombre  des  bat- 
tements du  pouls  augmenté,  et  probablement  aussi  jusqu'à  ce  que 
l'hypersécrétion  du  mucus  bronchique^  qui  entrave  considérable- 
ment la  respiration,  fût  arrêtée  complètement. 

Ce  n'est  guère  ici  la  place  de  discuter  la  question  intéressante  et 
importante  de  l'action  exacte  ou  des  actions  sur  lesquelles  repose 
Tantagonisme  entre  ces  deux  substances.  Il  suffira  de  rappeler  que 
la  fève  du  Calabar  augmente  l'excitabilité  des  nerfs  vagues^  tandis 
que  l'atropine  diminue  et  suspend  cette  excitabilité  ;  que  la  fève  du 
Calabar  diminue  la  tension  artérielle,  tandis  que  l'atropine  l'aug* 
mente  ;  que  la  fève  du  Calabar  accroît  considérablement  la  sécrétion 
des  glandes  salivaires,  bronchiques ,  intestinales  et  lacrymales, 
tandis  que  l'atropine  diminue  et  même  suspend  complètement  ces 
sécrétions  ;  enfin  que  la  fève  du  Calabar  contracte  les  pupilles, 
tandis  que  l'atropine  les  dilate  dans  une  proportion  comparati- 
vement beaucoup  plus  considérable.  Outre  ces  effets  de  l'action  par 
l'intermédiaire  du  sang,  divers  effets  locaux  opposés  ont  été  ob- 
servés, parmi  lesquels  la  contraction  des  veines  par  la  fève  du  Ca« 
labar  (dont  l'existence  a  pour  appui  la  haute  autorité  de  M.  Wharton 
Jones),  et  la  contraction  des  artères  par  l'atropine. 

Aucune  recherche  peut-être  ne  pouvait  être  entreprise  qui  fût 
plus  propre  que  celle  de  l'antagonisme  entre  les  actions  des  ^mé- 
dicaments, ù  avancer  la  science  de  la  thérapeutique^  accro!ti*e  ses 
ressources,  et  ôtcr  tout  piétexle  à  ce  scepticisme  déraisonnable 
avec  lequel  on  l'envisage  dans  beaucoup  d'endroits.  Car  l'objet 
d  une  telle  recherche  est  de  démontrer  la  manière  dont  certain?  états 


-  341  — 

anormaux  exaclement  dëtinis  sont  rappelés  à  la  noi^alilc  par  des 
actions  d'un  caractère  également  défini  et  exactement  déterminé. 

Trad.  D"^  A.  G. 


THÉRAPEUTIQUE    CHIRURGICALE 


De  l'éeouleaieiit  «anKnlu  dans  ecrtaliiCM  opérations  pratiquée» 
aur  la  ff»rc  et  des  mojeua  propres  h  eu  atténuer  les  Incouvé* 
nlents   (i)i 

P8r  le  professeur  Vbkneuil. 

L*écoulement  sanguin  est  une  source  de  difficultés  et  de  datigors 
dans  un  grand  nombre  d'actes  chirurgicaux,  mais  nulle  part  peut- 
être  il  ne  cause  autant  d'embarras  que  dans  les  opérations  qu^on 
pratique  à  Tintérieur  ou  sur  les  parois  des  cavités  de  la  face. 

Lorsqu'on  opère^  en  effet,  sur  la  langue^  les  mâchoires^  les  joues, 
les  lèvres,  les  fosses  nasales,  le  sang  qui  coule  à  profusion  remplit 
la  boucbe  ou  le  nez  et  tombe  dans  le  pharynx,  il  provoque  des 
mouvements  d'expuition  et  des  nausées  qui  interrompent  à  plu- 
sieurs reprises  l'opération  et  en  retardent  Taché ve ment  ;  parfois  il 
pénètre  dans  les  voies  aériennes  et  occasionne  des  quintes  de  toux, 
voire  même  des  accès  de  suffocation,  de  plus  il  masque  ta  voie  que 
doivent  suivre  les  instruments,  et  par  là  se  trouvent  compromises 
la  perfection  et  la  rapidité  de  l'exécution.  Enfin  Tabondance  mena- 
çante de  Hiémorrhagie  impose  souvent  à  l'opérateur  une  précipi- 
tation fâcheuse. 

Ce  n'est  pas  tout  encore.  Le  sang  qui  s'écoule  dans  la  gorge  en 
quantité  quelquefois  considérable  et  qu'on  ne  peut  apprécier,  le 


(i)  Ce  mémoire  a  été  lu  à  l'Académie  de  médecine  dans  la  séance  du  7  août 
1867.  Les  journaux  du  temps  en  ont  donné  quelques  extrails.  Mais  il  est 
resté  jusqu'à  ce  jour  inédit.  Je  le  publie  sans  y  rien  changer,  bien  que  j'aie  à 
ma  disposition  des  faits  nouveaux  qui  confirment  mes  conclusions.  J'avais 
l'intention  de  reprendre  la  question  avec  plus  de  détails  et  d'examiner  quel- 
ques procédés  nouvellement  proposés  et  destinés  également  à  empêcher  la 
pénétration  du  sang  dans  les  voies  aériennes  pendant  le  cours  des  opérations 
pratiquées  sur  la  face.  Les  préoccupations  du  moment  me  forcent  à  ajourner 
l'exécution  de  ce  projet.   (Noie  de  l'auteur  ) 

C'est  dans  les  Archives  générales  de  médecine  que  cet  important  mémoire 
vient  d'êlre  publié;  nos  lecteurs  remercieront  avec  nous  M.  le  professeur 
Vrrneuil  d'avoir  bien  voulu  nous  autoriser  à  l«»  reproduire  ici. 


—  3i2  — 

gang,  dis-je^  est  dégluti  et  s'accumule  dans  i'eslomac.  Aloi*à  tantôt 
il  est  rejeté  par  le  vomissement  dans  les  heures  qui  suivent,  tantôt 
il  est  lentement  et  laborieusement  digéré^  mais  dans  les  deux  cets 
fatigue  extrêmement  les  voies  digeslives. 

On  diminue  Técoulement  sanguin  dans  le  pharynx  en  opérant 
les  malades  assis  ;  mais  cette  altitude,  outre  qu'elle  est  fatigatite 
pour  le  patient  et  moins  commode  pour  l'opérateur,  a  l'inconvé- 
nient st^rieux  de  favoriser  la  syncope.  C'est  pourquoi  on  refuse  au 
malade  le  bénéfice  de  Tanesthésie  complète,  dans  la  crainte  que  les 
actions  réflexes  étant  abolies  par  la  narcose,  le  sang  ne  s^enj^age 
dans  les  voies  aériennes  que  ne  protège  plus  la  sensibilité  spéciale 
de  leur  orifice. 

Ainsi  donc,  difficultés  opératoires  suscitées  par  le  sang  d'une 
part,  et  de  l'autre  privation  de  l'anesthésie  dans  le  cas  où  précisé^ 
ment  la  richesse  nerveuse  de  la  région  la  rendrait  si  désirable,  tels 
sont  les  deux  écucils  inhérents  aux  opérations  susdites,  qui,  parce 
double  motif,  sont  l'etfroi  des  malades  et  inspirent  au  chirurgien 
le  plus  aguerri  de  légitimes  préoccupations. 

Je  ne  méconnais  pas  les  efforts  tentés  jusqu'à  ce  jour  pour  atté- 
nuer cos  graves  inconvénients  :  i^  en  ce  qui  concerne  t'anésthésie, 
on  endort  le  patient  au  début,  pour  les  incisions  superficielles;  pai* 
exemple  ;  mais  si  l'opération  est  longue,  si  elle  pénètre  dans  la 
profondeur,  la  sensibilité  est  revenue  longtemps  avant  la  fin  ;  ^  la 
crainte  de  Thémorrhagie  a  fait  mettre  en  usage  une  foule  de  mé- 
thodes et  de  procédés  fort  précieux  ;  la  cautérisation,  la  ligatArâ 
lente  ou  extemporanée,  Técrabcment  linéaire,  la  galvanocaustique, 
la  ligature  préliminaire  des  artères.  Il  est  incontestable  que  sous  lé 
rapport  de  l'hémostase  pendant  Topcration,  la  chirui^ie  moderne 
a  réalise  des  progrès  considérables,  mais  il  faut  avouer  que  bon 
nombre  de  mutilations  exécutées  sur  la  face  n'en  ont  pas  encore 
profilé. 

De  ces  garanties  contre  Thémorrhagie,  quelques-unes  d'ailleufs 
sont  inapplicables  ;  on  ne  peut  lier  toujours  les  vaisseaux  afférefttS; 
et  la  ligature  lente,  la  cautérisation,  l'écrasement  linéaire  luU 
même  ne  sauraient  remplacer  partout  et  toujours  l'action  ti  prompte 
et  si  précise  de  l'instrument  tranchant. 

Il  m'a  donc  semblé  qu'il  restait  quelque  chose  à  faire  pour  eili« 
pêcher,  dominer  ou  modérer  du  moins  l'écoulement  du  sang  dans 
le  pharynx  et  accorder  simultanément  à  l'opéré  les  bienfaits  com- 
pletsâu  sommeil. 


—  343  — 

.  .  Jecroiti  y  êli*e  parvenu  à  Taîde  de  certaines  précautions  acces- 
soires fort  simples,  n'entraînant  par  elles-mêmes  aucun  danger  et 
QCiféniaat  tout  au  plus  le  reproche  d'aUongei  et  de  compliquer  un 
peu  le  manuel  opératoire. 

J'iû  rais  ces  précautions  en  usage  dans  les  trois  circonstances 
suivantes  : 
.  i*'  Dans  les  opérations  n'intéressant  que  les  fosses  nasales. 

.2°  Dans  celles  qui  portent  seulement  sur  les  parois  de  la 
lM»Hchç. 

3°  Dans  les  mutilations  plus  graves  encore  qui  atteignent  simul- 
tan^ment  ks  cavités  nasale  et  buccale. 

Dans  le  premier  cas^  je  fais  à  Tavance  le  tamponnement  postée 
rieur  de»  fosses  nasales;  dans  le  deuxième,  je  réserve  pour  les 
dernières  les  incisions  qui  pénètrent  dans  la  bouche  ;  dans  le  troi- 
sième enfin,  j'associe  les  deux  précautions  précédentes.  Onze  fois^ 
jusqu'à  ce  jour,  j'ai  agi  de  la  sorte  ^  dans  cinq  cas  il  s'agissait  de 
tumeurs  de  raite  du  nez,  des  fosses  nasales  ou  des  cavités  qui  en 
dépendent.  Quatre  fois  j'avais  affaire  à  des  tumeurs  des  lèvres,  de 
la  joue  ou  du  plancher  buccal.  Dans  les  deux  derniers  cas,  Pos 
maxillaire  supérieur  étant  envahi  ainsi  que  la  voûte  palatine,  j'ai 
diji  -fair^  la  résection  partielle  do  cette  dernière  dans  une  assez 
grande  étendue. 

Quoique  ces  faits  ne  soient  pas  encore  très-nombreux,  ils  suffi- 
ront, je  l'espère,  pour  établir  péremptoirement  la  valeur  des  pré- 
ceptes que  je  cherchée  établir,  car  on  est  moins  exigeant  pour  la 
miédecine  opératoire  que  pour  la  thérapeutique,  et  il  faut  peu  de 
temps  pour  juger  bon  ou  mauvais  un  procédé,  surtout  s'il  ne  fait 
que  faciliter  l'exécution  sans  influer  notablement  sur  les  suites  ul- 
térieures. Or  l'utilité  du  tamponnement  préliminaire,  par  exemple, 
est  dès  à  présent  démontrée  sans  contestation  possible  ;  l'avantage 
de  l'ouverture  tardive  de  la  cavité  buccale  parait  d'abord  moins 
évident,  Tancienne  manière  de  faire  suffisant  à  coup  sûr  pour  les 
cas  légers  ;  mais  dans  les  cas  graves,  ce  procédé  de  faire  acquiert 
uoe  importance  réelle. 

Dans  deux  résections  partielles  de  la  mâchoire  et  de  la  voûte  pa- 
latine, j'ai  tiré  le  meilleur  parti  du  tamponnement.  J'ai  pu,  sans 
la  moindre  préoccupation,  employer  le  chloroforme  et  éviter  l'en- 
trée du  sang  dans  la  gorge  pendant  les  neuf  dixièmes  de  la  durée 
de  l'opération,  résultat  qui  n'est  point  à  dédaigner.  Toutefois  je 
reconnais  que  pour  Textirpalion  totale  du  maxillaire  supérieur,  lo 


—  344  — 

procédé  laisse  encore  à  désirer  et  nécessite  de  nouvelles  études 
d'amphithéâtre. 

Dix  fois  sur  onze  les  suites  de  l'opération  ont  été  d'une  extrême 
simplicité.  Ceci  ne  surprendra  pas  ceux  qui  savent  comhien  sont 
bénignes  les  mutilations  qui  portent  sur  les  parties  supérieures  de 
la  face;  cependant  je  crois  devoir  rapporter  aux  procédés  nouveaux 
une  part  d'influence  dans  ces  résultats  avantageux,  et  sous  ce  rap- 
port, j'attends  avec  confiance  des  séries  plus  nombreuses.  La 
onzième  opération,  pratiquée  dans  les  conditions  les  plus  défa- 
vorables, s'est  terminée  par  la  mort  au  neuvième  jour. 

Yoici  maintenant  l'analyse  des  cas  dans  lesquels  j'ai  employé  le 
tamponnement  des  fosses  nasales.  Je  n'ai  point  à  décrire  le  manuel 
bien  connu  de  cotte  petite  opération,  je  passe  donc  sans  préambule 
à  l'exposition  des  faits. 

Obs.  l  et  II.  —  Epithélioma  papillaire  de  la  face  interne  de 
taile  du  nez.  Extirpation,  Récidive,  Seconde  ablation  sacrifiant 
toute  la  moitié  de  f auvent  nasal.  Tamponnement  de  Varrikrt- 
narine  dans  les  deux  opérations,  —  Un  homme  de  soixante  ans 
entre  dans  mon  service  au  mois  d'octobre  18i)6  pour  une  tumeur 
qui^  développée  depuis  quel(|ues  semaines  seulement  et  sans  cause 
connue,  obturait  déjà  la  narine  et  proéminait  au  dehors.  La 
peau  de  l'aile  du  nez  paraissait  encore  saine  et  susceptible  d'être 
ménagée.  Nul  engorgement  ganglionnaire,  santé  générale  excel- 
lente. 

L'ablation  par  arrachement  ou  la  destrnction  par  les  caustiques 
eussent  été  à  la  rigueur  praticables^  mais  ne  donnaient  pas  une 
sécurité  suffisante  \  et  quoique  l'implantation  du  mal  fût  évidcm* 
ment  rapprochée  de  l'orifice  cutané  (i),  je  crus  pruilent  d'opérer 
de  la  manière  suivante  : 

\^  Incision  préliminaire  dans  le  sillon  naso-génal  depuis  la 
commissure  postérieure  de  la  narine  jusqu'à  la  rencontre  de  l'apo- 
physe montante  du  maxillaire  supérieur. 

2*» Après  l'ouverture  latérale  de  la  fosse  nasale  obtenue  delà 
sorte,  renversement  du  lambeau  vers  la  ligne  médiane  pour  dé- 


(J  )  La  tumeur  reinpli; saU  trop  exactement  l'orifice  pour  qu'il  fût  possible 
de  reconnaUre  directement  son  insertion,  mais  l'aspect  papillaire  indiquait^ 
coup  sûr  l'origine  à  la  peau.  Or  celle-ci  double^  fn  se  rénéchissanl.  U  f>ee 
interne  de  l'aile  du  nez  jusqu'au  niveau  du  sillon  semi-circulaire  extérieur,  o>) 
en  d'autres  termes,  remoule  environ  à  12  ou  15  millimètres;  plus  faaot  com- 
mence la  pituitaire,  dont  les  tumeurs  offrent  un  tout  autre  aspect. 

Celte  donnée,  du  reste,  fut  aisément  vérifiée  pendant  l'extirpation  ;  rin^or- 
tion,  quoique  large,  remontait  à  peine  à  \  centimcire  cl  demi  au-dwsttsde 
rourict  cu.'aiié  de  la  narine. 


—  345  — 

Couvrir  5a  face  iiilerno  cl  par  consctiucnt  l'in>or(ion  de  Ici  tumeur. 

3°  Extirpation  de  celle-ci  en  respectant  la  peau,  autrement  dit 
dédoublement  de  l'aile  du  nez. 

4*  Réapplicalion  en  son  lieu  et  place  du  lambeau  dédoublé  et 
fixation  par  quelques  points  de  suture. 

Au  préalable  et  avant  même  d'administrer  le  chloroforme,  j'avais 
pratique  le  tamponnement  postérieur  de  la  fosse  nasale  gauche. 
Grâce  à  cette  précaution,  l'opération,  dont  il  serait  superflu  de 
donner  les  détails,  devint  fort  simple.  En  raison  de  la  grande  vas- 
cularité  de  la  tumeur  et  des  téguments  de  l'aile  du  nez,  l'écoule- 
ment sanguin  fut  assez  considérable,  mais  nullement  gênant,  car 
après  avoir  rempli  la  losse  nasale  le  sang  s'échappa  directement  au 
dehors  et  ne  s'engagea  point  dans  la  gorge. 

L'extirpation  faite  et  la  suture  réparatrice  terminée,  j'enlevai  le 
tampon  à  l'aide  du  til  buccal. 

Les  suites  immédiates  furent  très-simples,  mais  en  respectant  le 
tégument  externe,  j'avais  trop  compté  sans  la  récidive  ;  le  mal  re- 
pullula promptement.  Je  dus  donc  quelques  semaines  plus  tard  re- 
commencer,  et  celte  fois  exciser  largement  la  face  latérale  du  nez; 
comme  précédemment,  je  tamponnai  et  pus  dans  le  cours  de  l'opé- 
ration apprécier  toute  l'utilité  de  l'expédient.  A  peine,  en  effet, 
avais-je  ouvert  la  cavité  nasale,  que  l'opéré,  quoique  plongé  dans 
le  sommeil,  fil  des  mouvements  d'expuition  el  rejeta  un  peu  de  sang 
par  la  bouche.  Je  m'aperçus  alors  que  le  tampon  s'était  déplacé  et 
obturait  imparfaitement  rarrière-narine.  Il  suflil  d'une  traction  un 
peu  forte  sur  îe  fil  antérieur  pour  rendre  Tocclusion  exacte.  Le 
tampon,  mieux  enclavé,  fonctionna  dès  lors  parlailement,  quoique, 
chemin  faisant,  j'aie,  par  maladresse  et  sans  m'en  apercevoir, 
coupé  le  lit  nasal. 

Ce  que  je  viens  de  dire  des  tumeurs  do  la  partie  antérieure  des 
fosses  nasales  s'applique  tout  aussi  bien  aux  productions  morbides 
|)lus  profondément  situées.  Qu'on  ouvre,  en  etïet,  ces  cavités  ouïes 
sinus  qui  en  dépendent  par  un  point  quelconque,  la  paroi  inté- 
lieure  exceptée,  el  Tocclusion  de  l'arrière-narine  préviendra  tou- 
jours l'écoulement  sanguin  dans  le  pharynx  ;  c'est  ce  ([ue  prouve 
Tobservalion  suivante  : 

Obs.  lU.  —  Adénome  des  glandes  de  la  pituitaire  occupant  la 
partie  supérieure  et  antérieure  de  la  fosse  nasale  gauche.  Ouver- 
ture de  cette  cavité  par  la  voie  génale.  Tamponnement  préalable. 
Extirpation  facile.  —  Une  femme  de  soixante-cinq  ans  présentait, 
au  niveau  de  la  branche  montante  du  maxillaire  supérieur  et  de 
Tes  unguis,  une  saillie  qui  avait  été  longtemps  prise  pour  une  tu- 
meur lacrymale,  mais  qui  avait  une  origine  beaucoup  plus  profonde, 
comme  le  démontra  du  rci'le  l'opération  ultérieure  et  la  structure 
du  produit  morbide. 


—  34G  — 

L^extirpalion,  pour  être  radicale,  rtovait  nï^ccî^iireanent  ontrirla 
fosse  nasale  ;  elle  menaçait  d'être  longue  et  laborieuse,  il  ëtaîl  donc 
facile  de  prévoir  que  le  sang  coulerait  abondamment  en  amère 
dans  le  pharynx  et  peut-être  dans  les  voies  aériennes.  Pour  farter 
toute  préoccupation  de  ce  côté  et  avant  d'administrer  \e  chloro- 
forme, je  fis  le  tamponnement  postérieur  du  côté  gauche.-  Le  ft\ 
antérieur,  dédoublé,  fut  lié  à  la  sorlie  de  la  narine  sur  un  bour- 
don net  de  charpie,  de  telle  sorte  que  la  fosi<e  nasale  fut  close  en  ar- 
rière et  en  avant. 

J'abordai  la  tumeur  par  une  incision  en  V,  pratiquée  dam  les 
régions  sous-orbitaire  et  nasale,  Fans  intéresser  la  cavité  buccale. 
L^opération  fut  longue  ;  pendant  toute  sa  durée^  la  malade,  profon-* 
dément  endormie,  resta  dans  le  décubilus  dorsal,  la  face  légèrement 
inclinée  sur  le  côté  malade,  aussi  le  sang  s'écoula-t-il  sur  la  joue 
et  ne  gêna  la  manœuvre  en  aucune  façon. 

L^'xtirpation  achevée,  la  plaie  fut  abstcrgée  et  réunie  par  que.- 
ques  points  de  suture.  Le  tampon  postérieur  fut  retiré  par  la  hou* 
che,  au  bout  de  quelques  heures.  Les  suites  furent  très -simples,  k 
réunion  immédiate  fut  rapide,  et  le  rétablissement  ne  se  fit  pas 
attendre  (1). 

Dans  le  fait  qui  précède,  les  téguments  étant  intacts^  il  a  suffi 
d'y  pratiquer  une  ouverture  temporaire  pour  atteindre  et  détrnifc 
les  parties  profondes.  Dans  le  cas  suivant,  le  mal,  ayant  débuté  par 
la  surface,  s'était  propagé  de  dehors  en  dedans  jusqu'à  une  grande 
profondeur;  il  était  donc  indispensable  de  sacrifier  largement  les 
téguments  du  visage  en  même  temps  qu^ine  partie  du  squelette  du 
nez  et  des  fosses  nasales.  Peut-être  aurais-je  hésité  à  entrcprendfe 
cette  terrible  opération,  si  le  tamponnement  préalable  ne  m'avait 
pas  rassure  contre  Thémorrhagie  et  la  pénétration  du  sang  dans  les 
voies  respiratoires  et  digestives.  Grâce  à  cette  précieuse  ressource, 
j'ai  pu  enlever  toute  la  joue,  le  globe  de  l'œil  et  les  deux  pau- 
pières, la  plus  grande  partie  du  maxillaire  supérieur  et  de  l'etb- 
moïde  gauches,  sans  plus  de  soucis  et  de  difiicultés  que  s^il  se  fût 
simplement  agi  d'extirper  un  cancroïde  superficiel. 

Obs.  IV.  —  Epithélioma  de  la  paupière  inférieure  datant  de 
deux  ans^  combattu  dès  le  début  par  des  cautérisations  répétées^ 


it* 


(1)  Les  détails  complets  de  ce  fait  sont  consignés  dans  la  th^  inaagortle 
d'un  de  mes  élevés  (Pugliese,  Essai  sur  les  adénomes  des  fosHS  na$alift; 
Paris,  15  avril  1^62^  p.  8  et  suivantes).  J'ai  appris  plus  tard  que  le  mal  a  ré- 
cidivé, conformément  à  mes  prévisions.  Une  seconde  opération  a  dft  être  prati- 
quée par  M.  le  docteur  Baslien^  ancien  prosecteur  de  ramphithèftlre  de  Cla- 
mart. 


"-  347  — 

patlieihs  et  insu f fixantes,  ^envahissement  successif  de  la  joue ,  de 
la  face  latérale  du  nez,  de  la  conjonctive  et  de  la  paupière  supé- 
rieure ;  pénétration  dans  lorbitCy  la  fosse  nasale  et  le  sinvs maxil- 
laire^  liargt  extirpation  de  toutes  les  parties  malades.  Opération 
fa^Hê  Mns  accident  primitif  ni  consécutif,  Guérison  rapide,  -r- 
M**«;  D.w.^.concierge,  âgée  de  cinquanle-quatre  ans,  entre  dans 
ipoD  lervice^  sall^  Sainte- Jean  ne,  Si,  le  30  mai  1867.  Elle  est 
d^une  forte»  eonsthulion,  mais  ml  santé  générale  est  minée  par  de 
longues  souffrances;  ausdest^elle  pâle,  anémique,  et  se  plaint-elle 
de  faii)ieiS6,  d'^norenie  et  de  tout  le  cortège  qu^enlrainent  les  dou- 
leurs  inoeafiantes  ei  l'insomnie. 

La  face  du  côté  gauche  est  tuméfiée,  surtout  au  niveau  de  la  pau- 
pière supérieure  et  de  Taile  du  nez.  La  paupière  inférieure  est 
détruits  en  grande  partie  par  une  ulcération  qui  s'étend  sur  la  joue 
et  qu^entoure  un  bourrelet  induré  d'un  rouge  violacé. 

En  soulevant  la  })aupière  supérieure,  on  trouve  le  globe  de  Tœil 
sain  et  conservant  la  facuhé  visuelle,  mai3  on  constate  que  Tulcé- 
vatioD  a  détruit  lecul-dersac  conjonctival  inférieur  et  s'étend  pro- 
iondémant.  Le  rebord  orbitaire  inférieur  et  le  plancher  de  Tovbite 
ont  disparu  depuis  la  gouttière  lacrymale  jusqu'à  Tos  nialaire.  Un 
stylet  pénètre  dans  le  sinus  maxillaire  et  dans  la  fosse  nasale  et  s'y 
meut  librement.  La  voûte  palatine  et  l'arcade  dentaire  ne  sont  point 
atteintes. 

Ecoulement  sanieux  peu  abondant,  très-fétide  ;  point  d'hémor- 
rfaagies^  douleurs  continues  interdisant  tout  repos, 

La  malade  raconte  que  son  mal  débuta^  il  y  a  deux  ans,  sous 
forme  d'une  petite  verrue  siégeant  à  Tunion  de  la  paupière  infé- 
rieure et  de  la  joue.  Un  chirurgien  consulté  conseilla  l'extirpation. 
fille  préfôra  se  mettre  entre  les  mains  d'un  guérisseur  qui  promit 
de  la  délivrer  en  un  mois  et  sans  opération.  Trente  et  quelques 
cautérisations  furent  pratiquées,  non  sans  de  vives  douleurs.  Au 
iboutde  quatre  mois  le  mal  s'était  singulièrement  aggravé,  M*"*  D... 
cessa  tout  traitement  et  s'en  tint  à  des  applications  anodines.  Ce- 
pendant les  douleurs  incessantes  et  le  progrès  de  la  maladie  l'enga- 
gèrent à  consulter  de  nouveau.  Comme  l'ulcération  ou  les  remèdes 
rivaiinf  détruit  la  paupière  inférieure  et  que  la  conjonctive  se  pre- 
nait, elle  alla  chez  un  oculiste  qui,  sans  promettre  la  guérison^  es- 
saya toutefois  les  injections  d'acide  acétique  pratiquées  à  la  circon- 
férence de  l'ulcération  et  dans  l'épaisseur  du  bourrelet  induré  qui 
i^ntouFait.  Ce  nouveau  traitement  fut  suivi  pendant  le  cours  de 
Fiiiver  dernier.  Trente  injections  furent  pratiquées,  et  je  tiens  d'un 
médecin  qu'une  amélioration  très-notable  s'ensuivit,  surtout  vers 
Fangle  externe  de  rœil. 

i  klAliieureusemeni^  tandis  qu'on  gagnait  d'un  côté,  le  mal  pro- 
ipressait  de  l'autre.  Le  grand  angle,  le  côté  gauche  du  nei^  la  |)au- 
pière  supérieure,  la  partie  intérieure  de  la  joue  furent  successive- 
ment envahis,  ainsi  que  le  sinus  maxillaire  et  la  partie  antérieure 
de  la  cavité  nasale.  Les  progrès  devenaient  de  plus  en  plus  rapides 
et  les  souifrances  très-violentes.  La  pauvre  femme,  torturée  par  son 


—  348  — 

mal  (t  par  l«'s  inoycn."^  inis  iii  usage,  avait  penlii  couragt»  cl  sVtail 
résigiu'e  à  mourir,  quaucl  un  médecin  lui  conseilla  d'entrer  dans 
mon  service  cl  de  se  soumellro  à  une  dernière  tentative. 

Je  constatai  les  désordres  que  je  viens  d^ipdiquer  et  portai  le 
pronostic  le  plus  sérieux.  Toutefois,  considérant  que  le  mal  avait 
débuté  par  la  |)eau,  que  ses  progrès  avaient  été  lents  et  activés  sur- 
tout par  la  déplorable  tbérapeutique  employée,  qu'au  bout  de  deux 
ans  il  n'existait  encore  aucune  trace  d'engorgement  ganglionnaire, 
que  les  viscères  étaient  sains  et  que  les  forces  générales  étaient 
sufiisantes  encore^  je  diagnostiquai  un  cancroïde  de  nature  assez 
bénigne,  probablement  un  noli  me  tangere  (adénome  sudoripare  ul- 
céré]^ et  résolus  d'enlever  largement  avec  Tinstrument  tranchant 
toutes  les  parties  malades,  espérant  obtenir  du  soulagement,  sans 
doute  une  rémission  plus  ou  moins  longue,  peut-être  une  guéri- 
son  radical<3,  rien  n'indiquant  encore  la  généralisation  du  produit 
morbide. 

Le  5  juin,  je  procédai  à  Topération. 

La  fosse  nasale  gauche  devant  être  largement  ouverte,  je  fis  le 
tamponnement  préalable  avec  la  sonde  de  Belloc;  rintroduction  du 
tampon  fut  assez  pénible  et  le  corps  étranger  sans  doute  asseï 
incommode^  car  pendant  toute  l'opération  et  même  alors  que  l'anes- 
thésie  était  profonde^  la  malade  se  livra  à  l'expulsion  fréquente  de 
mucosités  iilanles^  incolores,  et  venant  de  l'arrière-gorge. 

Je  commençai  par  circonscrire  à  l'extérieur  tout  ce  qui  devait 
être  sacriiié.  Une  incision  courbe  partant  de  la  tête  du  sourcil  lon- 
gea le  bord  supérieur  de  l'orbite  et  vint  aboutira  la  région  malaire^ 
de  là  elle  descendit  sur  la  joue  un  peu  en  arrière  du  bord  antérieur 
du  mdsséler  jusqu'au  niveau  de  la  terminaison  du  canal  de  Sté- 
non^  puis  marchant  horizontalement,  vint  gagner  le  sillon  naso- 
génal  pour  suivre  le  contour  de  l'aile  du  nez,  remonter  vers  la 
ligne  médiane  et  continuer  son  trajet  ascendant  jusqu'à  son  point 
de  départ.  Les  deux  pau[)ières^  toute  la  joue^  la  moitié  gauche  du 
nez,  moins  l'aile,  étaient  inscrites  dans  ce  vaste  tracé. 

Ne  sachant  pas  exactement  jusqu'où  les  parties  profondes  étaient 
envahies,  j'enlevai  d'abord  cette  large  plaque  de  parties  molles  y 
compris  le  globe  de  Pœil,  dont  le  sacritice  était  commandé  par  la 
pénétration  de  Tulcération  dans  l'orbite. 

L'incision  circulaire  donna  lieu  à  un  écoulement  sanguin  asseï 
vif,  une  seule  ligature  cependant  tut  nécessaire  au  niveau  du  sillon 
naso-génal  \  pour  les  autres  artériules^  il  suffit  de  l'application  des 
doigts  et  de  bourdon  nets  de  charpie  au  fur  et  à  mesure  qu'elles 
étaient  ouvertes.  Je  détachai  rapidement  toute  la  partie  superficielle 
de  la  tumeur  sans  ditlicullé;  cependant,  en  ouvrant  la  fosse  nasale, 
j'eus  la  maladresse  de  couper  le  hl  nasal  qui  maintenait  le  tampon. 
Cet  accident  n'eut  pas  de  suite  et  je  pus,  les  parties  profondes  étant 
dès  lors  exposées  à  la  vue  et  accessibles  au  toucher,  exécuter  le  se- 
cond temps  de  l'opération^  c'est-à-dire  la  destruction  des  parties 
osseuses  du  squelette  facial. 

C'est  ainsi  que  successivement  je  pus  :  i"»  réséquer  la  branche 


—  349  ^ 

montante,  Tos  propre  du  nez,  l*apophyse  or]>îlaire  interne,  la  paroi 
interne  de  l'orbite,  une  bonne  partie  de  la  face  latérale  de  l'elh- 
moïde  ;  2"  exciser  toute  la  paroi  inférieure  de  Torbite  et  ruginer 
Tos  raalaire  ;  3°  détruire  la  paroi  antérieure  et  interne  du  sinus 
maxillaire  avec  la  plus  grande  partie  du  cornet  inférieur  ;  en  un 
mot,  creuser  une  larse  fosse  jusqu'au  point  où  je  crus  avoir  atteint 
et  dépassé  la  limite  des  parties  malades. 

Pendant  cette  sôrie  de  résections  partielles  que  je  fis  avec  la  pince 
de  Liston,  le  davier,  le  ciseau  et  le  maillet,  je  pris  également  des 
précautions  contre  la  perte  du  sang  ;  c^est  ainsi  que,  pour  la  mo- 
dérer, je  faisais  remplir  de  charpie  pressée  fortement  par  un  aide 
toute  l'excavation,  sauf  le  point  où  j'agissais.  Aussitôt  le  nettoyage 
fait  à  cet  endroit,  la  compression  y  était  établie.  Je  découvrais 
alors  un  autre  point,  et. ainsi  de  suite  dans  toute  l'étendue  de  la 
brèche.  Tout  cela  demandait  un  peu  de  temps,  à  la  vérité  ;  mais  le 
tamponnement  de  Tarrière-narine  fonctionnait  si  bien,  le  sommeil 
était  si  profond,  Thémorrhagie  si  médiocre,  que  je  ne  lis  nul  scru- 
pule de  procéder  avec  une  lenteur  qui  assurait  le  but  cherché, 
c'est-à-dire  la  destruction  large  et  complète  du  mal. 

L'extirpation,  en  somme,  ne  dura  pas  plus  de  vingt  minutes,  et 
je  puis  affirmer  que  le  sang  perdu  ne  dépassa  pas  300  grammes, 
quantité  certainement  très-minime  pour  une  opération  de  ce  genre. 

Par  excès  de  prudence,  je  crus  devoir  promener  le  fer  rouge  sur 
plusieurs  points  de  cette  immense  plaie. 

Pour  tout  pansement^  je  remplis  Texcavation  avec  des  boulettes 
de  charpie  réunies  ensemble  par  un  fil  commun  (tamponnement 
en  queue  de  cerf-volant),  et  assez  pressées  les  unes  contre  les  au- 
tres pour  prévenir  Técoulement  sanguin;  quelques  compresses  re- 
couvraient la  moitié  de  la  face  ;  le  tout  fut  arrosé  d'eau  alcoolisée 
et  glacée. 

Les  suites  furent  d'une  simplicité  remarquable  :  cessation  des 
douleurs,  absence  de  fièvre,  retour  de  Tappétit,  qu'on  satisfait  avec 
du  bouillon,  des  potages  très -liquides  et  du  vin.  La  malade  accuse 
seulement  du  mal  de  gorge  h  gauche  et  une  légère  difficulté  à  des- 
serrer les  mâchoires,  encore  ces  symptômet»  avaient  disparu  le  qua- 
trième jour.  Du  troisième  au  cinquième  jour,  le  tamjmnnement 
est  enlevé  peu  à  peu  et  remplacé  au  fur  et  à  mesure  par  des  bou- 
lettes de  charpie  imbibées  d'un  mélange  d'eau,  d  alcool  et  de 
liqueur  de  Labarraque.  Auhuitième  jour,  cette  énorme  brèche  était 
tout  à  fait  détergée.  Depuis  ce  temps,  la  cicatrisation  a  marché 
sans  arrêt  ni  accident  quelconque,  et  la  perte  de  substance  diminue 
de  jour  en  jour.  Je  songerai  bientôt  à  faire  faire  une  pièce  prothé- 
tique  pour  masquer  la  difformité. 

L'état  général  ne  laisse  rien  à  désirer,  les  douleurs  ont  cessé 
d'une  manière  absolue  ;  la  malade  reprend  à  vue  d'œil  son  ancien 
embonpoint  et  ses  forces  d^autrefois  (1). 


(i  )  CeUe  gaérison  apparente  s'est  maintenue  une  année  tout  entière  ;  en 

TOUB   LXXX.    10«  MVR.  âO 


—  35()  — 

Tout  récemment  eucoie  (47  juillet),  j'ai  Yé\féié  la  même  opéra* 
tioQ  dans  un  cas  à  la  vérité  beaucoup  plus  grave,  et  sans  comptdr 
beaucoup  sur  le  succès.  Mes  salles  étaient  d'ailleurs  envahies  par 
Térysipèle  et  la  pyohémie,  et  il  n'a  fallu  rien  moins  que  l^extrème 
urgence  pour  me  décider  à  intervenir  dans  un  moment  aussi  iqop^ 
portun.  Malgré  toutes  les  précautions  prises  pour  isoler  le  malade, 
un  érysipèle  de  la  face  et  du  cuir  chevelu  survint  au  quatrième 
jour  et  enleva  Popéré  au  neuvième.  Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  issue 
funeste^  Topération  en  elle-même,  malgré  Tétendue  de  la  mutila- 
tion, s'effectua  très-simplement  et  sans  accident  immédiat;  jeta 
considère  donc  comme  une  nouvelle  preuve  de  l'utilité  du  procédé. 

Obs.  V.  —  Cancer  volumineux  et  à  marche  rapide  de  la  mâ- 
choire supérieure.  Pénétration  dam  V orbite^  la  fosse  nasale  et  le 
cul- de-sac  g éno- gingival.  Tamponnement  de  Varinère-narine  et  de 
la  perforation  buccale.  Extirpation  facile;  suites  immédiates  W- 
nignes.  Erysipèle  de  la  face  et  du  cuir  chevelu  ;  mort  le  neuvième 
jour.  —  ifri  homme  de  la  campagne,  âgé  de  soixante  ans,  entre 
dans  mon  service  le  4  juillet  1867. 

Une  tumeur,  du  volume  du  poing,  occupe  tout  Tespace  comptiB 
entre  le  sourcil,  la  lèvre  supérieure,  la  liçne  médiane  du  nez  et  la 
région  parotidienne.  Elle  est  molle,  élastique,  fluctuante  à  la  mA-^ 
nière  du  cancer  ramolli,  rouge,  indolente  au  toucher.  Outre  la  sail- 
lie considérable  qu'elle  fait  à  l'extérieur,  elle  a  envahi  les  rég:ions 
profondes  et  Ton  reconnaît  aisément  qu'elle  se  prolonge  dans  le 
sinus  maxillaire,  la  fosse  nasale  et  Torbite  du  côté  droit. 

Elle  est  ramollie  à  son  centre,  lequel  est  creusé  d'une  cavité  cotn- 
muniquant  d'une  part  avec  la  fosse  nasale,  de  l'autre  avec  le  vesti- 
bule de  la  bouche  par  une  perforation  du  cul-de-sac  géno-gingival 
au  niveau  de  la  première  grosse  molaire. 

Cette  cavité  centrale,  dont  le  sinus  maxillaire  fait  partie,  &écrèlô 
en  grande  abondance  un  liquide  sanieux  et  purulent  qui  est  Versé 
à  flots  dans  la  bouche  et  le  nez  par  les  perforations  inaiquées  plus 
haut.  Celles-ci,  à  leur  tour,  laissent  passer  Tair  de  dedans  en  dehorè; 
aussi  lorsque  le  malade  souffle  ou  fait  un  effort,  la  tumeur  exté- 
rieure se  gonfle  et  donne  à  la  percussion  un  son  tyndpanique  avec 
gargouillement.  La  fosse  nasale  droite  est  complètement  onstruée. 

Au  milieu  de  ces  désordres,  la  voûte  palatine,  l'arcade  alvéo- 
laire et  les  dents  sont  restées  indemnes. 

Le  mal  date  de  quatre  mois  environ  :  il  a  débuté  un  peu  en  de- 
dans et  au-dessous  du  trou  sous-orbitaire  par  un  tumeur  soltô- 
cutanée  adhérant  à  l'os,  et  qui,  sans  doute,  dès  l'origine,  en  faisait 


''«^A***>>^M»«B.^NAM««*«*tf^|dMMItai 


1868,  la  récidive  s'est  montrée  du  côté  de  la  fosse  temporale,   et  a  caus^  la 
mort  lentement  et  sans  douleurs  vives. 


—  351  -^ 

partie.  Une  incision  y  fut  pratiquée  de  très  bonne  heure  et  n'amena 
ni  soulagement,  ni  amélioration  ;  peu  à  \)c\x  la  tumeur  grossit  au.t 
dëpen»  de  la  paupière  inférieure  et  de  la  joue.  L'œil  droit  devint 
saillant  et  perdit  la  faculté  visuelle,  sans  toutefois  présenter  d'alté- 
ration visible  dans  ses  milieux. 

Pendant  toute  cette  évolution,  les  douleurs  avaient  été  exces- 
sives et  continues.  Il  y  a  cinq  semaines  environ,  une  inflammation 
violente  s'empara  de  la  tumeur  et  des  parties  adjacentes.  Toute  la 
moitié  droite  de  la  face  devint  énorme,  ronge,  très-douloureuse  au 
toucher.  Au  bout  de  quelques  jours  survint  une  délente  presque  su- 
bite coïncidant  avec  l'issue,  par  la  bouche  et  la  narine,  d'une 
grïinde  quantité  de  matière  purulente.  A  partir  de  ce  moment,  les 
souffrances  furent  moindres;  mais^  en  revanche,  les  forces  dimi- 
nuèrent, sans  doute  à  cause  de  lYnupoisonnement  progressif  délor- 
miné  par  l'ingestion  continue  de  liquides  infects. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  malade  se  présente  à  moi  dans  Tétat  le  plus 
misérable  :  visage  pâle,  pouls  petit,  amaigrissement  et  faiblesse 
considérables;  soif  vive,  anorexie  complète,  langue  sale,  consti- 
pation^  mouvement  fébrile  quotidien  îiinvciiant  le  soii*,  etc. 

Dans  ces  conditions  lamentables,  je  refusai  d'abord  toute  opéra- 
tion ;  mais  sur  les  instances  dos  parents,  je  consentis  plus  tard  h 
tenter  quelque  chose,  et  voici  pourquoi.  D'abord  le  mal,  abandonné 
à  lui-même,  devait  causer  inévitablement  et  prochainement  la  mort  ; 
puis  l'état  général,  si  grave^  étant  probablemcHt  sous  la  dépen- 
dance des  douleurs,  de  l'insomnie,  de  la  diète  forcée  et  de  l'infec- 
tion putride,  l'opération  pouvait,  d'un  seul  coup,  supprimer  toutes 
ces  causes  de  ruine.  Enfin,  l'examen  attentif  des  viscères  n'y  révé- 
lait aucune  lésion  organique,  et  les  ganglions  eux-mêmes,  au  cou, 
à  la  région  parotidienne  et  sous  la  mâchoire,  n'oifraienl  aucun  en- 
gorgement. 

Se  me  décidai  donc  à  opérer^  le  17  juillet,  en  suivant  le  plan 
exposé  dans  l'observation  précédente.  Ce  plan  se  composait  de 
trois  temps  :  4*^  tamponnement  de  la  fosse  nasale  et  occlusion  de 
la  perforation  buccale  pour  prévenir  l'écoulement  du  sang  dans  la 
bouche  et  i'arrière*gorge  ;  ^"  limitation  au  bistouri  et  ablation  de 
toutes  les  parties  molles  superticielles  :  paupières,  globe  oculaire, 
joue  et  partie  du  nez  ;  3"  résection  des  parties  osseuses  profondes 
suivant  l'étendue  du  mal. 

Jecms  devoir  cependant  modifier  le  pi'emier  temps  et  chloro- 
former avant  de  faire  le  tamponnement  ;  les  mâchoires  s'écartant 
avec  peine  et  non  sans  douleur,  j'espérais  ouvrir  plus  facilement 
la  bouche  {)endant  la  narcose  et  épargner  ainsi  au  patient  quelques 
souflrances,  mais  je  n'arrivai  qu'à  me  créer  des  difficultés  consi- 
dérables. En  ellet,  l'insensibilité  obtenue^  j'eus  beaucoup  de  peine 
à  disjoindre  les  mâchoires,  et  plusieurs  fois  je  faillis  être  mordu 
en  cherchant  à  introduire  mon  doigt  dans  la  bouche;  de  plus,  Pir- 
ritatioD  cautiée  par  la  sonde  de  Belloc  faisait  contracter  la  langue, 
qai  se  portait  en  haut  et  en  arrière  et  empêchait  le  ressort  de  se  dé- 
velopper. Ëntin,  après  plusieurs  tentativi^  faites  à  l'aveugle,  le  bour^' 


—  352  — 

ton  de.  la  sonde  |>iil  être  ramené  en  avant,  el  le  lampon^  à  son  tonr, 
conduit  en  arrière. 

Ceci  me  conGrme  dans  Tidée  qu'il  faut  toujours  faire  le  tampon- 
nement dès  le  début  et  avant  de  commencer  les  inhalations. 

Le  reste  de  l'opération  n'offrit  rien  de  particulier,  et  je  pus  sui- 
vre mon  programme  sans  encombre. 

Apres  avoir  enlevé  toute  la  superiicic  de  la  tumeur,  je  réséquai 
tout  le  maxillaire^  sauf  la  voûte  palatine  et  Tarcade  alvéolaire,  puis 
Tos  propre  du  nez^  Tunguis  et  la  masse  latérale  de  relhmoîde^  dont 
les  cellules  étaient  remplies  de  fongosités.  Enfin,  je  touchai  avec  le 
fer  ix)uge  tout  le  fond  de  cet  antre  sanglant.  A  mon  regret,  en  sai- 
sissant avec  la  pince  un  lambeau  muqueux,  je  décollai  le  périoste 
de  la  voûte  orbitairc.  Je  n'eus  qu'une  seule  artériole  ù  lier  au  ni- 
veau de  la  tête  du  sourcil  ;  nulle  part  ailleurs  je  ne  rencontrai  de 
vaisseau  de  quelque  importance  ;  aussi  constatai-je  avec  satisfaction 
que  la  perte  du  sang  avait  été  insignifiante. 

Chemin  faisant,  je  fis  une  remarque  qui  démontre  bien,  non- 
seulement  Tutilité  du  tamponnement,  mais  encore  la  nécessité  de 
sa  parfaite  exécution. 

Lorsque  j'eus  enlevé  toute  la  portion  saillante  de  la  tumeur  et 
mis  ainsi  à  découvert  Tintérieur  de  la  fosse  nasale,  je  m'aperçus 
que  du  fond  de  la  plaie  sortaient  quelques  bulles  d'air  qui  bouil*^ 
tonnaient  à  travers  la  couche  de  sang.  Je  crus  d'abord  que  le  tam- 
pon s'était  déplacé,  mais  en  tirant  sur  le  fil  nasal,  je  constatai  sai 
bonne  position  et  son  immobilité  ;  cependant  le  fond  de  la  plaie 
communiquait  incontestablement  avec  Tarrière-gorge.  Je  m'em- 
pressai de  porter  en  ce  point  une  boulette  de  charpie  qui,  complé- 
tant l'occlusion  de  rarrière-narine,  supprima  sur-le-champ  cette 
communication.  Or  je  pus  connaître,  avec  la  dernière  évidence,, 
l'inconvénient  de  la  pénétration  du  sang  dans  l'arrière -gorge.  Jus* 
qu'alors  le  malade^  profondément  endormi,  n'avait  point  réagi 
sous  le  couteau.  Le  pouls  était  caime^  la  respiration  régulière  ;  on 
eût  dit  que  l'opération  se  faisait  sur  le  cadavre. 

A  peine  avais-je  constaté^  par  le  passage  de  l'air  venant  du  fond! 
de  la  plaie,  l'occlusion  imparfaite  de  Tarrière-nanne,  qu'une  cer- 
taine quantité  de  sang  s'introduisit  dans  l'arrière -gorge.  Aussitôt 
le  malade  s'agita,  quoique  faiblement,  le  pouls  s'accéléra  et  la  res- 
piration se  sus|)endit.  Je  portai  rapidement  mon  index  gauche  daas 
le  fond  de  la  plaie  pour  prévenir  l'introduction  d'une  nouiwUe 
quantité  de  sang,  el,  de  la  main  droite,  je  percutai  vigoureuseoMot 
i  cpigastre  pour  rétablir  la  respiration.  Celle-ci  reprit  sur-le-chaiiipi 
son  cours,  mais  l'alerte  fut  assez  vive. 

Rien  de  semblable  ne  se  reproduisit  depuis  lors  ;  mais  à  mes 
^eux  ce  phénomène  confirme  les  scrupules  de  ceux  qui  refusent  le 
chloroforme  dans  les  opérations  de  ce  genre  exécutées  par  les  pea- 
cédés  ordinaires. 

Je  crois  même  pouvoir  expliquer  pourquoi  l'occlusion  de  l^ar- 
rière-narine  n'était  pas  complète.  J'ai  dit  les  difficultés  que  j'avais 
eues  à  passer  la  sonde  de  Belloc  et  le  Gl  conducteur.  Lorsque  j'at* 


—  353  — 

tirai  le  tampon  en  amèie,  Je  ne  pus  te  conduire  que  jusqju^au 
bord  libre  du  voile  du  palais^  et  ne  pris  pas  le  soin  si  nécessaire  de 
Tenclaver  exactement  avec  le  bout  du  doigt  dans  Torifice  quMl  doit 
boucher. 

Or  ce  tampon  était  cylindrique,  tandis  que  rorifice  en  question 
est  elliptique,  comme  on  le  sait  ;  il  en  résulte  qu^un  espace  resta 
libre  vers  la  parlie  supérieure  de  Torifice  :  de  là  Fimperfection  qu'il 
m'a  paru  nécessaire  de  signaler. 

J'ai  parlé  de  la  perforation  buccale  ;  pour  éviter  que  le  sang  ne 
s'introduisit  dans  la  bouche  par  cette  voie,  je  plaçai  entre  la  lèvre 
et  l'arcade  dentaire  une  grosse  boulette  de  charpie  que  je  fis  main- 
tenir en  place  par  le  doigt  d'un  aide.  La  boulette  se  déplaça  plu- 
sieurs fois  pendant  l'opération,  mais  je  fus  peu  gêné  par  le  sang 
qui  coulait  peu  abondamment  d'ailleurs  dans  le  vestibule  buccal  et 
s^écoulail  au  dehors  sans  pénétrer  dans  la  bouche. 

Je  remplis  Tcxcavation  du  boulettes  de  charpie  assez  fortement 
tassées,  puis  j'appliquai  a  l'extérieur  quelques  compresses  lon- 
guettes. Le  tout  fut  imbibé  d'eau  alcoolisée  et  arrosé  du  même 
liquide  dans  les  jours  suivants. 

Tout  alla  bien  pendant  trois  jours.  Les  douleurs  avaient  cessé, 
l'opéré  dormait  bien  ;  on  Talimentait  avec  du  bouillon  et  du  vin  ;  il 
demandait  à  manger  le  surlendemain.  Au  quatrième  jour,  je  con- 
statai un  peu  de  fièvre,  la  parole  brève  et  de  la  rougeur  au  front.  Ce 
fut  le  signal  d'un  érysipèle  peu  intense  en  apparence^  mais  qui  s'é- 
tendît de  plus  en  plus,  gagna  toute  la  faceel  le  cuir  chevelu^  et^en 
dépit  de  tous  nos  efforts,  amena  la  mort  le  neuvième  jour. 

J'ai  dit,  dans  les  deux  observations  précédentes,  que  malgré  l'ex- 
trême étendue  de  la  plaie,  la  quantité  de  sang  perdu  avait  été  rela- 
tivement très^minime. 

Ce  résultat  est  dû  en  partie  ù  la  précaution  de  lier  au  fur  et  à 
mesure  les  vaisseaux  ouverts  et  de  comprimer  successivement  avec 
la  charpie  les  points  de  la  plaie  où  les  instruments  n'agissent 
{K)int;  mais  la  cause  principale  de  cette  économie  du  sang  doit 
être  attribuée  surtout  à  Taneslbésie. 

J'avais  déjà  pu  m'en  convaincre  de  la  manière, la  plus  nette  pen- 
dant une  opération  antérieure  ayant  nécessité  l'ablation  d'une 
grande  parlie  du  maxillaire  supérieur  et  des  téguments  de  la  moi- 
tié droite  de  la  face.  La  simple  introduction  du  tampon  faite  avant 
l'inhalation  du  chloroforme  avait  déterminé  des  mouvements  dés- 
ordonnés^ une  agitation  violente,  des  cris,  et  par  suite  une  tur- 
gescence extrême  de  la  face,  avec  écoulement  sanguin  notable  par 
la  narine  correspondante.  Anss^itot  l'anesthésic  obtenue,  le  calme 
s'était  rétabli  et  le  visage  avait  ivpris  sa  pâleur  ;  plusieurs  fois, 
dans  la  suite  de  l'opération^  je  constatai  le  phénomène  suivant  ; 


t^ni  que  Tinsenfibilité  dursiit,  la  pUie  saignait  médioerement }  a« 
eantraire,  dès  que  la  perception  de  la  douleur  revenait^  le  patient 
s^agitait,  se  débattait,  gémissait,  alors  la  face  devenait  livide,  et  le 
sang  vpîneux  inondait  le  champ  opératoire  pour  s^arrêter  6pOBta>- 
nément  à  la  suite  de  quelques  inhalations  nouvelles. 

D'où  cetle  conclusion  que  Vanenthhie  dans  les  opérations  sur  kt 
face  rCest  point  seulement  agréable  au  malade^  mais  qu^elle  lui  est 
également  très-utile^  en  diminuant  beaucoup  la  perte  de  son  san§^ 

A  peine  s'il  est  besoin  de  dire  que  cette  économie  est  précietuie 
pour  des  sujets  anémiés  et  épuisés  par  de  longues  douleurs. 

La  pénétration  du  sang  dans  la  gorge  agit  dans  îe  même  sens 
que  les  efforts  et  les  cris  ;  comme  je  Tai  dit  en  commençant,  elle 
provoque  Texpectoration,  la  nausée,  le  vomissement,  la  gêne  in- 
cessante des  mouvements  respiratoires,  parfois  même  la  suffoet*- 
tion,  en  un  mot  une  série  d'actes  qui ^  en  congestionnant  la  face^ 
activent  T écoulement  sanguin  à  la  surface  de  la  plaie,  d'où  cette 
autre  conclusion  tout  aussi  fondée,  que  le  tamponnement  modère 
Vhémorrhagie^  indirectement  en  permettant  H administration  du 
chloroforme ,  et  directement  par  la  suppression  des  mouvemenh 
réflexes  qui  font  affluer  le  sang  au  visage. 

S'il  suffit  en  pratique  de  démontrer  l'utilité  d'un,  procédé  o||é- 
ratoire,  il  est  indispensable  au  point  de  vue  scientifique  d'en  cher- 
cher les  origines  avant  de  s'en  attribuer  le  mérite.  J'ai  dono  fait 
tous  mes  efforts  pour  savoir  si  l'idée  du  tamponnement  préalable 
m'appartenait  réellement,  ou  si  je  n'en  étais  simplement  quel^i* 
teur  nouveau. 

Mes  recJiçrch^  ,  je  dois  le  diie,  ne  m'ont  pas  donné  de  selution 
décisive  e^  m'ont  laissé  quelques  doutes  sur  mon  droit  à  la  prie« 
rite,  c'est  assea  dire  que  je  suis  prêt  à  accueillir  toute  déclamation 
fondée. 

Bien  avant  1862,  en  pratiquant  et  en  voyant  pratiquer  diverses 
opérations  sur  la  mâchoire  supérieure  et  les  fosses  nasales,  j^a« 
vais  été  frappé  des  inconvénients  inhérents  à  l'introduction  dH 
sang  dans  l'arrière-gorge,  les  voies  aériennes  et  digestives,  je  re- 
grettais également  que  dans  cette  occurrenœ  les  patients  fussent  le 
plus  souvent  privés  des  bienfaits  de  l'anesthésie. 

Je  n'avais  rien  trouvé  dans  les  livres  classiques  qui  répondit  à 
ces  desiderata,  et  pourtant  mes  études  sur  les  polypes  naso-pha« 
ryngiens  m'avaient  fait  connaître  la  presque  totalité  des  écrits  pu- 
bliés sur  la  matière  :  aiir;?.i,  lorsque  le  12  mars  186"2  je  pratiquai 


—  355  — 

pour  la  première  fois  le  tamponnement  préliminaire  de  la  fesse 
nasale^  je  pus  me  croire  le  promoteur  de  cette  utile  précaution, 
el  d'autant  mieux  que  Malgaigne,  Tërudit  par  excellence,  disait, 
ea  1861  :  «  On  n'a  recours  au  tamponnement  que  pour  arrêter 
une  hémorrhagie  incoercible  par  tout  aiitre  moyen.  »  (Méd,  opé- 
rai.,!^ éâh.,  p.  AU.) 

J'ai  depuis  retrouYë  deux  textes  qui,  s^ils  ne  me  dépossèdent 
pas«  prouvent  du  moins  que  la  môme  idée  naissait  presque  simul- 
tanément dans  plusieurs  esprits. 

Le  premier  est  consigné  dans  la  Gazette  des  hôpitaux  du  f  i  oc- 
tobre 4862. 

M.  Edouard  Fournie  avait  affaire  à  un  polype  muqueux  des 
fosses  nasales^  situé  très- profondément^  et  qui  restait  invisible 
malgré  la  projection  d'un  rayon  do  soleil  dans  la  cavité  nasale, 
malgré  les  efforts  du  malade  pour  le  pousser  en  avant ,  et  malgré 
la  dilatation  des  narines  au  moyen  d'une  pince. 

«I  En  présence  de  ces  difficultés,  M.  Fournie  eut  l'idée  d'em- 
ployer la  sonde  de  Belloc^  comme  s'il  voulait  pratiquer  le  tam- 
poQQementy  espérant  ramener  le  polype  en  avant  au  moyen  d'un 
gros  bourdon  net  de  charpie.  Ce  procédé  a  donné  un  résultat  très- 
satisfaisant,  le  polype  a  été  en  effet  ramené  en  avant^  et  il  a  été 
poMible  de  l'extirper  d'une  manière  à  peu  près  complote,  n 

I^  tamponnement  préliminaire  est  ici  nettement  indiqué,  mais 
dana  la  but  unique  et  spécial  do  favoriser  l'extirpation  du  polype, 
et  non  point  d'empêcher  l'écoulement  du  sang  dans  la  gorge.  Le 
tampon  ren^plaçait  avec  avantage  le  doigt  indicateur  que  certains 
ohirui^iens  anciens  portaient  derrière  le  voile  du  palais  pour  fixer 
le  polype  et  le  pousser  en  avant. 

Dans  tous  les  cas,  je  n'ai  pu  m'inapirer  de  ce  passage  intéres- 
sant qui  ne  parut  qu'en  octobre  1862,  tandis  que  ma  première  ten- 
tative était  publiée  dès  le  45  avril  de  la  mémo  année  (\). 

Si  les  dates  rendent  facile  la  question- de  priorité,  il  en  est  an- 


(I]  Hors  des  conditions  parliculiëres  indiquées  par  M.  Fournie,  U  est  peu 
probable  que  le  tamponnement  préalable  se  généralise  dans  rextirpalion 
des  polypes  muqueux,  qui  passe  pour  une  des  opérations  les  plus  élémentaires. 
Il  est  cependant  des  cas  oii  ce  moyen  adjuvant  serait  fort  utile,  ne  serait-ce 
(piepoor  les  sujets  trës-pusillanimes.  De  ce  porobre  est  l'un  de  mes  clients  : 
aprè»  la  première  iatroduction  de  la  pince,  il  se  refusa  opiniâtrement  à  de 
noovellei^  tentatives  et  réclama  le  chloroforme,  que  je  refusai.  11  a  depuis  ton- 
jours  conservé  son  polype,  et  rien  n'a  pu  le  décider  encore  à  une  nouvelle 
opération. 


—  356  — 

irement  d*une  autre  citation^  malheureusement  Irès-sommairc,  et 
que  n'accompagne,  d'ailleurs,  aucun  indice  bibliographique. 

M.  Pugliese^  parlant  incidemment  de  la  manœuvre  en  question, 
dit»  à  la  page  12  de  sa  thèse  :  a  L'idée  de  ce  tamponnement  est  de 
date  récente.  M.  Gosselin  Va,  appliqué  déjà,  mais  nous  ne  saurions 
dire  quel  fut  l'opérateur  qui  le  proposa  le  premier.  » 

J'ai  fait  de  vains  efforts  pour  retrouver  la  trace  du  fait  de 
M.  Gosselin  qui^  s'il  est  antérieur  au  12  mars  1862,  m'était  resté 
tout  à  fait  inconnu. 

Aux  cinq  cas  que  je  viens  de  rapporter,  j'en  pourrais  joindre 
deux  autres  où  j'ai  également  employé  le  tamponnement  préalable; 
mais  il  s'agissait  de  faits  beaucoup  plus  compliqués  oii  il  a  fallu 
non-seulement  enlever  la  partie  supérieure  du  maxillaire  et  la 
charpente  des  fusses  nasales^  mais  encore  réséquer  une  portion 
considérable  de  la  voûte  palatine,  et  par  conséquent  ouvrir  large- 
ment la  cavité  buccale.  Je  décrirai  ces  opérations  dans  un  autre 
mémoire,  aussi  bien  que  celles  qui  n'intéressent  que  les  parois 
molles  delà  bouche  :  lèvres^  joues^  région  sus-hyoïdienne. 

Aujourd'hui  je  m'arrête^  et  je  laisse  incomplet  le  programme 
tracé  au  début  de  cette  note. 

Je  termine  en  posant  les  conclusions  suivantes  : 

jo  Uniquement  réservé  jusqu'à  nos  jours  à  l'arrêt  des  hémor- 
rhagies  nasales  graves,  le  tamponnement  postérieur  doit  compter 
désormais  parmi  les  opérations  préliminaires  et  les  procédés  de 
l'hémostase  opératoire. 

2°  Il  rend  de  signalés  services  dans  les  opérations  sanglantes 
pratiquées  sur  l'auvent  nasal,  l'intérieur  des  fosses  nasales,  le 
sinus  maxillaire,  les  parties  élevées  de  la  mâchoire  supérieure  ; 
dans  tous  les  cas,  en  un  mot,  où  le  sang  menace  de  s'introduire 
dans  le  pharynx. 

3°  Il  prévient  absolument  cette  introduction,  tant  que  la  voûte  pa- 
latine est  respectée;  mais  alors  même  qu'il  devient  nécessaire  d'in- 
téresser celte  dernière,  il  doit  être  encore  appliqué  dans  les  premiers 
temps  de  l'opération. 

4**  En  supprimant  l'écoulement  sanguin  postérieur  et  les  actions 
réflexes  qui  en  résultent^  le  tamponnement  donne  au  chirurgien 
une  grande  sdciuité  et  permet  d'agir  sûrement,  lentement,  sans 
souci  d'une  hémorrhagic  d'ailleurs  facile  à  dominer. 

0°  Il  rend  possible  l'anesthésie  complète  pendant  toute  la  durée 
de  Topéralion. 


-  337  — 

6®  Cette  anesthésie  elle-même  est  très- favorable  à  ropcrë,  non- 
seulement  parce  qu'elle  abolit  la  douleur»  mais  encore  parce  qu'en 
supprimant  toutes  les  causes  de  congestion  subite  de  la  face^  elle 
diminue  l'écoulement  de  sang  veineux  à  la  surface  de  la  plaie. 

7®  Autant  que  possible  le  tamponnement  doit  être  fait  avant  l'ad- 
ministration du  chloroforme^  parce  que  le  concours  du  malade  est 
utile.  La  douleur  qu'occasionne  cette  petite  manœuvre  estd'ordi- 
naire  assez  médiocre  et  bientôt  dissipée  d'ailleurs  par  les  inhala- 
tions qui  suivent. 

8°  Avant  et  pendaut  Topération^  il  faut  s'assurer  de  l'occlusion 
complète  de  Tarrière-narine,  si  l'on  veut  en  obtenir  tous  les  béné- 
fices. Aussitôt  Textirpation  faite  et  dès  que  la  plaie  cesse  de  four- 
nir du  sang,  le  tampon  doit  être  retiré  ;  sa  présence,  après  le  ré- 
veil, gênerait  le  malade^sans  avantages  sérieux. 

9^  Si  la  cloison  était  perforée,  ou  si  l'opération  devait  intéresser 
les  deux  fosses  nasales,  il  faudrait  faire  le  double  tamponnement. 

40^  L^occlusion  de  Farrière-narine  pourrait  être  faite  par  l'ouver- 
ture antérieure,  si  l'aile  du  nez  était  détruite  et  s'il  s'agissait,  par 
exemple,  d'une  rhinoplastie. 


CHIMIE  ET  PHARMACIE 


•e  l«  préfleaee  ém  ptoaib  dans  le  ph«sph«le  de  elieax  effBeinal  ^ 

Par  M.  H.  DuQuuNKL,  pharmacien. 

Les  pharmaciens  ne  sauraient  apporter  trop  de  soin  a  l'examen 
des  produits  chimiques  qu'ils  ne  préparent  pas  et  qui  leur  sont 
fournis  par  le  commerce,  mais  auxquels,  sur  la  foi  de  l'étiquette, 
ils  accordent  trop  souvent  une  confiance  un  peu  aveugle. 

Sans  nous  arrêter  aux  sophistications  et  altérations  volontaires 
que  Ton  ne  rencontre  pas  chez  les  fabricants  consciencieux  et,  di- 
sons-le, lorsqu'on  ne  sacrifie  pas  la  qualité  à  la  valeur  commer- 
ciale, il  peut  encore  arriver  que,  par  suite  d'une  erreur  de  flacon, 
d'étiquette,  on  livre  un  produit  pour  un  autre  d'apparence  sembla- 
ble, ou  bien  encore,  et  c'est  ici  le  cas  que  nous  avons  à  signaler, 
qu'un  accident  de  fabrication  laisse  ou  introduise  dans  un  produit 
une  substance  étrangère  qui  peut  êlreinofiensive,  mais  qui  aussi  peut 
être  plus  ou  moins  dangereuse.  Nous  poumons  en  citer  de  nom- 


—  358  — 

breux  exemples  :  tel  est  le  sulfate  de  quinine  contenant»  par  défaut 
de  purification,  de  la  cînchonine  ;  le  bromure  de  potassiumVîmtlé'î'" 
nant  de  Tiodure  ;  le  sous-nitrate  de  bismutb  présentant  des  traçM 
d'arsenic^  etc.,  etc.  ' 

Dans  ce  cas  se  trouve  le  phosphate  de  chaux  précipité  (dirpAoj- 
phate  de  eh  aux  des  os),  qui  peut  contenir  d'abord  du  carb<Hialfll 
de  chaux,  corps  inoffensif^  mais  souvent  dans  des  proportions  àSMi 
considërablos,  comme  nous  avons  eu  l'occasion  de  le  donstàtêtf 
dans  plusieurs  essais,  et  aussi  un  toxique  redoutable,  le  plùtnh,  in- 
troduit accidentellement  dans  le  produit  à  Tétat  (Poxychkrtire  de 
plomb  insoluble  ,  généralement  dans  des  proportions  mtninieii 
comme  dans  la  plupart  des  échantillons  que  nous  avons  examinés, 
mais  souvent  aussi  en  quantité  asses  considérable  pour  que  le  d(h^ 
sage  nous  ait  donné  dans  un  cas  le  chiffre  de  0,66;  cVst- à-dire  tfae 
le  phopphate  de  chaux  poiivait  contenir  un  peu  plus  d*tin  dctnî 
pour  100  de  plomb  métallique,  correspondant  à  environ  4  pour  itfO 
de  céruse. 

Cherchons  donc  comment  et  à  quel  moment  de  l'opéraltoti  te 
métal  se  trouve  introduit  dans  ce  produit. 

Le  phosphate  de  chaux  précipité  employé  en  médecine  est  le 
phosphate  basique  de  chaux,  appelé  aussi  phosphate  basique  des 
os.  Pour  le  préparer  m  ^Qoè^B,  dHiprèf  ki  6fidex,  de  la  manière 
suivante  : 

Pr.  :  Os  calcinés  à  blanc 500  grammes. 

Aciae  clilorbydrique  ii  1,17 808       -^ 

Ammoniaque  liquide Q.  S. 

Pilez  les  os  et  passez  au  tamis.  Mettez  la  poudre  obtenue  dans 
une  terrine  en  grès  (non  vernissée)  et  traitez-ka  par  raciâeohlarliy' 
driqno,  auquel  vous  ajouterez  assez  d^eau  pour  donner  à  la  niasse 
la  consistance  d'une  pâte  liquide.  Remuez  de  temps  en  temps  pour 
assurer  la  parfaite  pénétration  de  la  poudre  ;  après  quelques  jours 
de  contact,  délayez  la  masse  dans  5  à  6  litres  d'eau  ;  laissez  dépo- 
ser et  filtrez. 

Veriioz  dan.s  le  liquide  obtenu  la  quantité  d'ammoniaque  néces- 
saire pour  lui  communiquer  une  li^gère  réaction  alcaline,  il  s'y 
formera  un  précipité  blanc  de  phosphate  de  chaux. 

Portez  le  tout  à  Téhullition  pendant  une  minute  et  abandonna 
ensuite  au  repos.  Décantez,  lavez  le  précipité  à  Peau  chaude  à 
)]Jusieurs  reprises. 

Faites-le  égoutter  et  sécher. 


—  389  — 

•  .Cette  opération  qui,  dans  aucun  cas,  ne  peut  occasionner  la 
présence  du  plomb  (lorsqu'on  a  soin  de  n'employer  que  des  vases 
en  grès  non  vernissés)  est  facile  à  exécuter  dans  un  laboratoire  de 
pharmacien  où,  pour  de  telles  doses,  elle  ne  nécessite  pas  des  ap- 
pareils de  grandes  dimensions.  Il  n'en  est  plus  de  mémo  chez  le 
fabricant  de  produits  chimiques  qui  opère  sur  des  quantités  d'os 
calcinëi^  considérables  (100  ou  200  kilogrammes)^  et  qui  a  besoin  de 
vAstes  récipients,  sinon  pour  la  première  partie  de  Topération,  au 
nnoins  pour  la  précipitation  du  phosphate  de  chaux  par  Tammo- 
niaque  et  son  lavage  à  graqde  eau.  Il  est  d'usage  d'employer  pour 
ces  opérations  des  cuves  en  bois  ou  plus  souvent  en  plomb. 

La  solution  acide  de  phosphate  de  chaux  est  donc  introduite 
d^fis  œs  cuves  et  précipitée  par  l'ammoniaque. 

C'est  évidemment  à  ce  moment  de  l'opération  que  le  plomb  est 
introduit  dans  le  produit  sous  un  état  d'insolubilité  tel,  que  les  la- 
vages réitérés  ne  peuvent  Ten lever. 

En  effet,  bien  que  l'acide  çhlorhydrique  attaque  difficilement  le 
plomb  à  froid,  il  donne  toujours  lieu  à  la  formation  d'une  petite 
quantité  de  chlorure  de  plomb  très-peu  solublc,  mais  qui  reste 
eepend^nl  d^autant  plus  facilement  en  dissolution  que  la  liqueur 
est  acide  ;  par  Faddition  de  l'ammoniaque,  le  chlorure  de  plomb 
est  tyfnsformé  en  oxychlorure  de  plomb  insoluble  qui  se  précipite 
•n  même  temps  que  le  phosphate  de  chaux. 

Puis  le  précipité,  lavé  et  desséché  en  plaques  ou  en  trochisques, 
est  livré  à  la  consoinmation. 

Il  doit  satisfaire  aux  caractères  suivants  : 

Blun^  insipide,  insoluble  dans  l'eau,  soluble  en  totalité  et  sans 
ekffurvescaBce  dans  Tacide  çhlorhydrique,  avec  lequel  il  donne  une 
solution  incolore. 

L'effervescence  indiquerait  la  présence  du  carbonate  de  chaux, 
qui  s*y  trouve  lorsqu'on  livre  simplement  des  os  calcinés  et  fine- 
ment pulvérisés  au  lieu  du  phosphate  qu'ils  renferment. 

Ajoutons  à  ces  caractères  que  le  phosphate  de  chaux  dissous 
dans  l'eau  acidulée  par  l'acide  çhlorhydrique  ne  doit  pas  précipiter 
par  l'acide  sulfhydrique. 

Il  importe  au  plus  haut  point  que  le  phosphate  de  chaux  précipité 
9oit  parfaitement  pur,  car  il  est  fréquemment  employé  en  médecine 
el  à  des  doses  assez  élevées^  soit  dans  la  médecine  des  enfants,  où 
il  sert  de  hase  aux  médicaments  antidiarrhéiques  ou  antirachitiques, 
soit  dans  celle  des  adultes,  où  il  est  administré  en  outre  à  hautes 


—  360  — 

doses,  depuis  quelques  années,  pour  favoriser  et  amener  i'indura- 
tion  des  tubercules. 

Administré  pendant  un  certain  temps,  mais  généralement  assez 
long,  à  des  doses  qui  peuvent  varier  de  1  à  iO  grammes  par  jour, 
il  est  permis  de  supposer  que,  quelque  minime  que  soit  la  quantité 
de  plomb  contenue  dans  ce  médicament  (nous  trouvions  0,66  pour 
100,  soit  un  peu  plus  de  5  centigrammes  de  plomb  métallique  pour 
10  grammes  de  phosphate),  on  produira  chez  certains  malades  des 
accidents  propres  à  cet  agent  toxique  et  que  Ton  verra  apparaître^ 
sans  en  soupçonner  la  cause,  des  accidents  saturnins  bien  carac- 
térisés ou  plus  ou  moins  déguisés. 

Nous  appelons  sur  ce  fait  grave  toute  l'attention  de  nos  confrères 
et  nous  sommes  persuadé  qu'il  suffira  de  le  signaler  aux  fabricants 
de  produits  chimiques  pour  qu^ils  y  apportent  un  prompt  et  facile 
remède. 


F«l«ifle«lion  du  0iirr«n. 

Cette  substance  est,  à  Tépoque  actuelle,  Tobjet  de  falsifications 
beaucoup  plus  fréquentes  que  jamais,  et  M.  Daniel  Hanbury  a  eu 
occasion  d'en  signaler  une  qui  nous  parait  intéressante  à  faire  con- 
naître. On  sait  que  le  meilleur  procédé  pour  vérifier  la  qualité 
d'un  safran  consiste  à  en  jeter  une  pincée  sur  un  peu  d^eau  chaude 
dans  un  verre  :| immédiatement  les  stigmates  se  développent  et 
montrent  leur  forme  caractéristique,  qui  ne  permet  pas  de  les 
confondre  avec  les  fleurs  de  carthame^  d'arnica,  de  souci,  ou  avec 
les  étaminesdu  crocus  lui-môme.  En  faisant  un  essai  de  ce  genre, 
M.  D.  Hanbury  a  constaté  qu'un  safran  était  mêlé,  par  un  procédé 
encore  inconnu,  d'une  poudre  terreuse  qui  ne  changeait  en  rien 
l'apparence  générale  et  qui  n*était  autre  que  du  carbonate  de  chaux, 
qui  se  précipita  au  fond  du  verre.  L'incinération  lui  a  donné  un 
résidu  variant  de  15,36  pour  100  à  28,01  pour  100,  tandis  que  pour 
les  safrans  purs  ce  résidu  ne  s*élève  jamais  à  plus  de  4,41  à  5,^ 
pour  100.  M.  D.  Hanbury  recommande  le  procédé  suivant  pour 
l'examen  du  safran.  Placer  dans  un  verre  de  montre  un  grain  de 
safran  environ,  le  mouiller  avec  8  à  10  gouttes  d*eau  et  remuer 
avec  le  bout  du  doigt.  Si  le  safran  est  pur,  il  donne  immédiate- 
ment une  liqueur  claire,  jaune  brillant  ;  s'il  est  adultéré  avec  de 
la  chaux,  la  solution  est  (rouble  et  laisse  déposer  immédiatement 
un  résidu  qui  fait  effervescence  avec  une   gouite  d'acide  hydro- 


—  361   — 

cLIorique.  {PharmaceulicalJournal  andTramncliom^  et  Journal 
de  pharmacie^  janv.  1871.) 


Rpoque  «le  la  récolte  tle«  ffenllle»  de  dlsiCale. 

M.  F.  Schneider  dit  que  les  feuilles  récoUëes  en  juin  au  mo- 
ment de  la  floraison,  comme  cela  est  indiqué  dans  les  pharmaco- 
pées, fournissent  un  produit  de  très-helle  apparence,  mais  dont 
Pinfusion  ne  donne  que  rarement  une  réaction  satisfaisante  avec 
le  tannin  et  le  ferrocyanure  de  potassium.  Mairj  depuis  que,  sui- 
vant le  conseil  d'un  de  ses  amis,  botaniste  et  pharmacien  émérite, 
il  a  pris  la  coutume  de  faire  sa  récolte  en  août  et  septembre,  sur 
les  rosettes  qui  doivent  porter  des  fleurs  Tannée  suivante,  il  obtient 
de  ces  feuilles  une  infusion  foncée,  de  saveur  et  d'odeur  fortes, 
qui  donne  immédiatement  avec  le  tannin  un  précipité  al)ondant,et 
qui  se  trouble  fortement,  après  un  quart  d'heure  environ,  par  le 
ferrocyanure  de  potassium.  II  y  a  donc  avantage  à  retarder  vers  la 
fin  de  Tété  la  récolte  des  feuilles  de  digitale.  (Schweiz.  Woc/iensch, 
fur  Pharm,;  Pharmaceut,  Jourmdnnd  Tramant.  ^  eï  Journal  de 
phofmacie,  janv.  1871.) 

Alcaloïde  de  rAaianKa  luascarla. 

MM.  Koppe  et  Schmiedeberg  ont  retiré  de  ce  champignon,  par 
un  procédé  assez  compliqué,  un  alcaloïde  auquel  ils  ont  donné  le 
nom  de  muscarine^  et  qui  se  présente  sous  la  forme  d'une  masse 
cristalline,  très-déliquescente  à  Tair,  sans  odeur  ni  saveur,  et  à 
réaction  fortement  alcaline.  Insoluble  dans  Téther,  un  peu  dans  le 
chloroforme,  lamuscarine  est  très-sol uble  dans  le  mélange  d'alcool 
et  d'éther.  A  -|-  80  degrés  centigrades  elle  brunit,  reste  solide  à 
+  100  degrés,  mais  fond  à  une  température  supérieure  ;  si  elle  est 
fortement  chauflée,  elle  dégage  une  forte  odeur  de  tabac  et  brûle. 
Elle  est  inaltérable  par  Tébullition  avec  une  faible  solution  de  po* 
tasse  ou  Tacide  sulfurique  étendu.  Chauffée  avec  de  la  potasse  en 
morceaux,  elle|dégage  d'abord  une  odeur  de  poisson,  puis  de  Tam- 
moniaque  en  abondance.  C'est  une  base  puissante  qui  sépare  les 
oxydes  de  fer  et  de  cuivre  de  Icursjsels,  qui  donne  avec  l'acide  car- 
bonique un  sel  assez  stable  et  avec  Tacide  sulfurique  un  sel  cristal- 
lisé très -déliquescent.  Le  tannin  la  précipite  seulement  de  ses  so- 
lutions concentrées,  sur  lesquelles  Tacide  picrique,  le  chlorure  de 
platine  et  lo  ferrocyanure  de  potast^ium  n'ont  aucune  action.  Les 


—  362  - 

effets  loxi(|ueii  de  la  muscariDe  se  rapprochent  de  ceux  de  hi  fête  de 
Calabar.  (Wittsteins  Vierleljahresschrifl;  P/iarmaceut.  Jtrtimàl 
and  Transùct.y  et  Journal  de  pharmacie,  janv.  187i .) 


CORRESPONDANCE  MÉDICALE 


%oi€t  têur  l«  eoea  t 

Par  M.  le  docteur  A.  Posada-Aharoo. 

Le  végéta)  connu  sous  le  nom  de  coca  oméricaine  ou  simplemcat 
de  coca  —  et  qu'il  no  faut  pas  confondre  avec  Vanamirta  cocculus^ 
qu'on  appelle  aussi  en  espagnol  coca  (oriental  ou  du  Levant),  quoi- 
que considéré  comme  originaire  du  Pérou  —  a  été  cultivé  également^ 
depuis  un  temps  immémorial,  par  les  Indiens  de  la  république  de 
l'Equateur  et  des  Etats  du  sud  de  la  Colombie  ou  Nouvelle-Grenade. 

En  parcourant  ces  dernières  localités,  en  1860,  comme  chirur- 
gien d'une  armée  en  campagne,  sans  savoir  que  ce  végétal  eût  ét^ 
étudié  nulle  part,  nous  eûmes  l'occasion  de  l'examiner^  de  voir  sa 
culture  et  remploi  qu*  en  faisaient  les  Indiens.  Quelques-unes  dé 
nos  observations  sont  différentes  de  celles  publiées  par  WeddélV 
Moreno-Maiz  et  d'autres  auteurs  qui  se  sont  occupés  de  la  coca  du 
Pérou  ;  c'est  pourquoi  nous  avons  pensé  qu'elles  pourraient  scrtii' 
à  compléter  sur  quelques  points  et  à  rectifier  sur  d'autres  les  doti-i 
nées  acquises  sur  cette  plante  déjà  célèbre  et  qui,  si  la  prédictidh' 
du  professeur  Bouchiardat  se  vérifie^  est  appelée  ft  prendre  tiiiè 
place  importante  en  thérapeutique. 

Le  genre  Erythroxylum,  qui  constitue  à  lui  seul  sa  famJtlej 
comprend  plusieurs  espèces,   presque  toutes  américaines^  A^stSt 
quelques-unes  se  rencontrent  à  l'état  sauvage  dans  les  régidnschéftf^ 
des  de  la  Colombie;  mais  quoique  un  peu  semblables  à  la  vraie 
coca^  elles  en  diffèrent  cependant  par  des  caractères  réels  et  M 
possèdent  pas,  à  ce  qu'il  parait,  ses  propriétés.  \JE.  coca^  au  côiw 
traire,  est  relativement  rare  :  on  ne  le  cultive  que  dans  quelquèli 
endroits  des  vallées  du  Canca  et  de  la  Magdalena  et  sur  les  verMtrtit 
de  la  Cordillère  centrale,  au  sud  de  Popayan.  Nous  l'avons  trouvlfe 
jusqu'à  1  800  mèti^es  d'altitude  au-dessus  de  la  mer,  c'est^à-dhi^ 
dans  une  zone  dont  la  température  moyenne  est  comprise  efidô 
^  ou  30  et  i8  degrés  centigrades;  mais  c'est  surtout  dafis  1e0 


—  363  - 

climaté  iiUermMiaii'es^  comme  24  ou  26  degiës,  qu'il  prospère 
davantage. 

Tout  en  omettant  la  description  de  cet  arbrisseau»  qui  est  déjà 
conâue,  nous  faisons  observer  que  ses  feuilles  peuvent  être  ellipti* 
quett  et  un  peu  aiguës,  ou  bien  l^gèifement  obovales,  arrondies  et 
retuses  à  leur  extrémité^  mais  toujours  terminées  par  une  très-petite 
pointe  molle  [obêoleiê  muefonulala)^  sans  que  oes  différences  puis- 
sent constituer  autant  d'espèces  botaniques.  Ce  qui  caractérise  sur- 
tout ces  feuilles^  c'est  leur  nervation.  Elles  pi*ésentent  de  chaque 
côté  de  la  nervure  principale  une  ligne,  vraisemblablement  une 
veioe  très-fine,  qui  va  d'un  bout  à  Tautre,  comme  dans  les  feuilles 
trinervées,  mais  qui  n'est  apparente  que  par  la  face  inférieure^  et 
qui  est  traversée  en  dessous  par  les  nervures  latérales  ;  en  outre, 
l'espace  compris  dans  ces  deux  lignes,  c^est-à-dire  la  zone  centrale 
du  limbe,  est  plus  unie,  comme  &i  elle  avait  été  soumise  à  une 
forte  pression.  Les  fruits  sont  des  drupes  oblongs,  de  6  niilJiraètres 
de  longueur,  d'une  couleur  rouge-cerise. 

Pour,  «établir  une  plantation  de  coca,  les  Indiens  recueillent  une 
quinlitë  suffisante  de  fruits,  les  trempent  dans  Teau,  les  envelop- 
pent dans  des  feuilles  de  n'importe  quelle  espèce  de  plante,  et  les 
abandonnent  ainsi  dans  un  coin  de  la  maison^  pendant  une  se- 
nutine»  afin  que  le  péricarpe  entre  en  fermentation  et  puisse  se 
délâchdr  Cacilement.  Alors  ils  les  lavent,  rejettent  les  grains  qui 
surnagei^f  et  sèment  les  autres  dans  un  carré  de  terre  préparée^  où 
après  ud  temps  de  huit  à  quinse  jours  ils  commencent  à  pousser. 
Quand  \m  plantes  atteignent  une  hauteur  de  20  centimètres,  ce  qui 
arrive  au  bout  de  dix  ou  douze  mois,  on  les  transplante  dans  un 
terrain  propre^  en  les  plaçant  i  un  mètre  à  peu  près  de  distance, 
sttrdes  lignes  parallèles.  L'arbrisseau  commence  à  fructifier  un  an 
aftm,  et  alors  on  fait  la  première  récolte^  qui  consiste  à  enlever 
toutes  les  feuilles  bien  développées,  opération  qu'on  répète  ensuite 
tous  les  trois  mois,  continuant  do  la  même  manière  plusieurs 
années. 

(«es  feuilles  de  coca  qu'on  vient  de  cueillir  sont  complètement 
inodores,  même  quand  on  les  broie  ou  qu'on  les  mâche  ;  mais  par 
rimmersion  dans  l'eau  chaude  il  s'y  développe  un  parfum  délicieux, 
comparable  à  celui  du  meilleur  baume,  phénomène  qui  n'a  été 
sifiiaté  jusqu'à  présent  par  aucun  des  auteurs  qui  se  sont  occupés 
de.  .la  coca  du  Pérou^  et  qui  est  cependant  d'une  grande  impor- 
I.  fin  efetf.les  feuilles  perdent  tout  k  fait  cette  propriété  en  se 


—  364  — 

desséclianl,  pl  ccllos  (jjfon  tronvo  dans  le  commerce,  m6me  les 
mieux  garanties  à  l'égard  de  leur  origine  et  du  bon  état  de  conser- 
vation^ ne  donnent  qu^ine  odeur  trop  douteuse,  moins  prononcée 
que  celle  du  thé  (que  Ton  pourrait  à  la  rigueur  appeler  nulk)  et 
qui  n'a  rien  de  semblable  à  l'arôme  exquis  que  répand  l'infusion 
dos  feuilles  fraiclies. 

On  doit  conclure  de  ce  fait,  non-seulement  que  les  préparations 
de  la  coca  fraîche  seraient  beaucoup  plus  efficaces  ou  d'une  action 
beaucoup  plus  marquée  que  celles  faites  avec  la  coca  du  commerce^ 
mais  encore  que,  même  dans  le  premier  cas,  on  devrait  préférer 
la  macération  froide,  soit  dans  l'eau  ou  dans  des  liquides  spiritueux, 
à  l'infusion  chaude. 

L'arôme  même  ({ui  se  dégage  dans  l'infusion  prouve  que  ce  mode 
de  préparation  a  fait  perdre  à  la  coca  la  plupart  de  ses  propriétés^ 
car  la  senteur  provient  évidemment  de  la  décomposition  de  la  co- 
caïne^ de  sa  conversion  en  acide  ])enzoîque,  par  effet  de  la  chaleur 
en  présence  de  Tacide  iannique  et  des  autres  principes  renfermés 
dans  les  feuilles.  On  peut  donc  regarder  Tinfusion  comme  une 
lioisson  purement  balsamique^  qui  sera  tout  au  plus  un  peu  sti- 
mulante et  diaphorétique. 

Rappelons-nous  que  la  cocaïne^  découverte  par  Neimann,  en 
4859;  est  un  alcaloïde  cristallisable  en  aiguilles,  amer,  très-pen 
soluble  dans  Teau  pure,  bien  soluble  dans  l'alcool  et  dans  Téther, 
et  fusible  à  98  degrés,  mais  qui^  par  l'élévation  de  la  température, 
en  présence  des  acides  ou  des  alcalis,  se  dédouble  en  acide  benioi- 
que  et  en  une  nouvelle  base,  Vecgonine  dans  le  premier  cas,  Vky: 
grine  dans  le  second. 

Les  espèces  d'Erythroxylum  sauvages  que  nous  avons  examinées, 
et  qui  difiercnt  de  la  vraie  coca,  surtout  par  le  défaut  de  cette  appt> 
rence  de  tri  nervation  dont  nous  avons  parlé,  ne  donnent  non  plus 
aucune  odeur  sous  Faction  de  l'eau  chaude. 

Guilbert  prétend  que  la  coca  du  Pérou  est  tellement  amère,  qu'il 
faut  faire  trois  infusions  successives  et  rejeter  les  deux  premières. 
On  l'emploie  sans  doute  en  trop  forte  quantité,  car  nous  pouvons 
affirmer  que  Tinfusion  théiformc,  faite  avec  la  coca  fraîche  ou  avec 
la  coca  sèche  et  de  la  meilleure  qualité  qu'on  trouve  dans  le  com- 
merce, n'est  pas  plus  amère  que  le  thé,  et  même  sans  être  édol* 
Corée  peut  être  bue  sans  répugnance.  Celle  qui  a  été  prépara 
avec  les  feuilles  fraîches,  étant  sucrée,  est  une  boisson  fort  agréft* 
ble,  qui  pourrait  figurer  avec  honneur  parmi  les  plaisirs  raffio^ 


—  305  — 

des  Orientaux.  Les  jjersonnes  qui  n'ont  goùlé  que  la  coca  des  phai- 
maciesno  sauvaient  s^cn  former  une  idée  juste. 

La  coca  du  commerce,  qui  vient  toute  du  Pérou  ou  de  la  Bolivie, 
est  en  feuilles  aplaties,  pareilles  à  celles  du  séné,  parce  qu'on  les 
pre'pare  de  la  même  manière,  c'est-à-dire  qu'on  les  expose  un  peu 
au  soleil  et  on  finit  de  les  sécher  à  l'ombre,  en  les  pressant  ou 
comprimant  ensuite  pour  les  expédier.  C'est  dans  cet  état  que  les 
indigènes  de  ce  pays-là  mâchent  la  coca^  en  y  mélangeant,  sous  le 
nom  de  yipta^  un  peu  de  cendres  de  quelques  plantes  herbacées. 

On  nVxporte  pas  de  la  coca  de  Colombie  :  les  Indiens  consom- 
ment celle  qu'ils  obtiennent.  Leur  procédé  de  préparation  consiste 
à  la  sécher  au  fou,  sur  des  tessons,  comme  on  fait  en  Chine  pour 
)e  thé,  de  telle  façon  que  les  feuilles  se  recoquillent  plus  ou  moins, 
et  on  les  conserve  dans  cet  état.  Quand  les  Indiens  travaillent  ou 
vont  en  voyage^  ils  portent  un  sac  de  fibres  d\igave  suspendu  à 
l'épaule  et  plein  de  coca,  et  une  très-petite  gourde  qui  contient  de 
la  chaux  délitée,  qu'ils  appellent  mambi  et  qu'ils  se  procurent  en 
calcinant  du  calcaire.  Ils  prennent  une  pincée  de  feuilles,  les  mâ- 
chent un  peu  en  les  triturant  avec  une  petite  quantité  de  la  poudre 
de  chaux  (comme  1  ou  2  décigrammes)  et  gardent  cela  dans  leur 
bouche,  entre  la  joue  et  les  arcades  dentaires,  rejetant  dehors  la 
native^  de  sorte  que  c'est  à  peine  s'ils  en  avalent  ({uelque  peu.  De 
temps  en  temps,  comme  toutes  les  deux  heures^  ils  remplacent  la 
bouchée  par  une  nouvelle. 

Telle  est  la  rare  habitude  qui  a  fait  penser  que  la  coca  pouvait 
remplacer  les  aliments,  qu'elle  devait  être  un  tonique  ou  un  forti- 
fiant par  excellence,  et  de  là  est  venue  l'idée  de  vouloir  l'utiliser  en 
médecine. 

Quoique  Stevenson,  Ischudi  et  beaucoup  d'autres  personnes  sé- 
rieuses acceptent  ces  idées,  pour  notre  part,  en  nous  appuyant  sur 
ce  que  nous  avons  observé  en  Colombie,  nous  les  regardons  comme 
illusoires.  Les  Indiens,  quand  ils  sont  oisifs,  font  un  repas  le 
matin  de  très-bonne  heure  et  un  autre  dans  l'après-midi,  sans 
avoir  recours  à  la  coca;  quand  ils  travaillent,  au  contraire,  ils 
passent  la  journée  à  mâcher  ces  feuilles  et  ne  dînent  que  le  soir. 
Ils  ne  font  donc  que  retarder  l'heure  de  leur  second  repas.  En  les 
îolerrogeant  à  cet  égard,  ils  nous  disaient  que  la  coca  leur  empê- 
chait ia  faim,  a  comme  le  cigare  le  fait  aux  blancs»,  mais  seule* 
ment  pour  quelques  heures;  qu'après  cela  elle  ne  suffisait  plus,  et 
il  leur  fallait  manger. 

TOME  l.XXX.    10«I.IYR.  T^ 


On  doit,  en  oiilre,  remarquer  que  les  Indiens  sopt  i^aifi^eHepi^eot 
sobres,  et  que  leurs  travaux,  qui  sont  toujours  poodérës^  ne  font 
p^s  dépenser  ))^aucoup  de  forces. 

Nous  croyons  donc  que  le  célèbre  mastic^tpire  psi  (pjut  siri)p|e- 
raent  une  distraction  qui  agit  $ur  l^imagin^tion  pour  faife  Q^blî/eir 
pour  quelque  temps  la  nécessite  de  s'alifnenter,  coronne  pottf^r^ît 
le  faire  égalepnent  une  bonne  lecture  ou  un  arnusemept  qi}c)^9pqgë, 
surtout  quand,  par  la  fréquente  fëpelition  du  ipême  acte,  cela  de« 
vient  presque  une  b^bitude. 

Nous  avons  ni^cbé  la  coca  telle  que  les  Indiens  repiploient  : 
seule,  elle  est  sin^plement  amère;  mais  av/ec  le  mambî,  quoiqu'en 
petite  quantité^  ejle  prend  un  goût  salé,  dû  peut-être  au  mélange 
de  Tamer  de  la  cocaïne,  devenue  libre,  nvep  la  saveur  de  la  c)^ux 
combinée  au  tapnin  et  aux  autr^  acides  fie  la  feuille.  Aucun  arôme 
ne  se  dégage  dans  ces  circonstances. 

Quant  au^  applipations  paédicales  de  la  coca  dans  notre  pays, 
nous  n'avons  que  bien  peu  de  chose  à  dire.  Ou  ne  l'emploie  qu'en 
infusion,  faite  ordinairement  avec  les  feuilles  fraicbejs,  à  tiUre  d^ 
tonique  léger^  stiniulant  dou^  et  diaphorétique ;  c'est-à-dire  qu*oo 
la  regarde  comme  un  analogue  du  (hé.  0^^  la  p)ren4  par  plaisir 
après  les  repas,  comme  digestif,  et  on  Tordoone  dans  les  dyspep- 
sies, les  diarrhées  atoniqui's  et  dans  la  dernière  pério4e  (jljes  affec- 
tions catarrhales.  Son  action^  dans  ces  circonstances^  ne  parait 
avoir  rien  de  particulier. 

■  ■  •<»»^f&»—  ■    ■ 

BULLETIN  DES  HOPITAUX 


Nécessité  de  l'embrtotomie  dans  certaines  PRÉssMTATipKf  m 
l'épaull  ;  DEUX  CAS  suiYis  DE  SUCCÈS.  —  11  est  de  certaines  pré^q- 
tations  du  tronc  qui  ne  sont  pas  susceptibles  de  se  réso.udr^  WfS  ce 
mécanisme  qu'on  a  nommé  évolution  spontÇLnée,  et  daps  le^qu^bf 
il  y  a  nécessité  de  recourir  à  Fembryotomie.  Les  faits  de  ce  gçof^ 
offrent  un  grand  intérêt  pour  la  pratique  o^slélricale,  et  CQ.qngtf 
ils^^soiit  heureusement  rares  et  exçeptipfjri^ls,  M-  li?  professpijr  J)e- 
paul  a  cru  devoir  en  communiquer  deu^  cas  qu'il  ^  lev  4^rQièr9«' 
ment  Toccasion  d'obsprve^  dans  sop  seryice  4e  l'bjipjit^  dç^clinj^ 
ques  : 

Dans  un  de  ces  cas  il  s*agit  d'une  femme  qui  était  en  (ravti' 
depuis  longtemps  et  qu'une  sage-femme  et  de\ix  np^fiçÎAS  ^9  1^ 


—  367  — 

vilte  avaient  en  vain  essayé  d'accoucher.  Dans  cette  situation,  la 
patiente  avait  été  apportée  à  l'hôpital  dos  clinicjues,  et  M.  De|>anl 
avait  été  appelé  auprès  dVIle».  A  son  arrivée,  il  trouva  les  deux  bras 
du  fœtus  et  le  cordon  ombilical,  déjà  exsangue  et  fItHri,  pendants 
enire  les  cuisses.  Parle  toucher,  qui  lui  fil  constater  la  présence 
dî'un  pied  dans  levasrin,  il  s^assura  qu'il  pouvait  parvoîn'r  juscfu'au 
09^  d^  fœtus,  placé  alors  au  niveau  du  détroit  supérieur,  mai*; 
qu'il  y  avait  impossibilité  d'atteindre  jusqu'à  la  tôle,  fortement  in- 
clinée dans  la  fosse  iliaque.  Comme  il  y  avait  une  forte  rétraction 
de  l'iitérus,  il  eiit  été  tout  à  fait  imj)ru(ient,  et,  pour  mieux  dire, 
il  n'était  pas  possible  de  renouveler  les  tentatives  de  version,  car 
elles  n'agraîeni  pu  avoir  d'autres  conséquences  que  de  graves  dé- 
chirures. Il  n^y  avait  aucun  doute  que  le  fœUis  ne  fût  mort.  M.  De- 
paui,  dans  cet  état  de  choses,  ne  vit  iT^nire  ressource,  pour  arriver 
À  la  délivrance  do  la  mère,  que  de  recourir  îi  rcrr»hrY«»tomie.  Il  y 
procéda  par  la  méthode  de  la  décollation  nu  m(»yen  des  longs  et  puis- 
aajntii  ciseaux  dont  le  professein*  Paul  Dubois  nvait  coutume  de  se 
servir.  ï.es  résultats  furent  excellents  :  la  délroncation  ainsi  opérée, 
ce  qui  ne  demanda  pas  plus  d'une  demi-minute,  une  légère  trac- 
lion  sur  les  bras  suftit  pour  extraire  h;  corps  de  Tenfaîït  ;  la  tête  fut 
ensuite  extraite  à  son  tour,  sansaucnnj»  dil'Iienlté,  à  l'aide  de  l'index 
iniToduit  dans  ta  bouche.  Il  ne  survint  ù  la  suite  aucun  accident 
et  la  femme  se  rétablit  parfaitement. 

Le  second  cas  ressemble  beaucoup  au  précédent.  11  y  est  ques- 
tion d'une  femme  qui  fut  également  apportée  à  l'hôpital  des  clini- 
qufes  et  dans  une  situation  ?i  peu  de  chose  près  semblable  Le  tra- 
vail durait  aussi  depuis  longtemps  el  de  lo'gs  et  inTmctueux  elforls 
avaient  été  faits  par  un  médecin  pour  opérer  la  version.  Un  bras 
était  dans  le  vagin,  l'auire  pendait  hors  de  la  vulve,  ain.si  {|ue  le  cor- 
don ombilical;  la  mortdufœiiis  ne  faisait  pas  de  doute.  L'cmbryo- 
tomie  fut,  dans  ce  cas  comme  dans  le  premier,  (uatiipuîe  par  la 
décollation,  et  le  tronc  du  fœtus  U\\  amené  i^ans  difliculli'.  Mais  il 
n'en  fut  pas  de  même  de  la  tè!e  :  le  col  de  la  matrice  s'élant  ré- 
tracté, de  longues  et  fortes  tractions  furent  nécessaires  pour  la  faire 
arriver  au  dehors.  Il  n'y  eut  non  plus,  à  la  suite  de  cetle  opéra- 
tion, aucune  espèce  d'accident  fâcheux. 

M.  Depaul  a  pris  occasion  de  ces  deux  faits,  dont  nous  venons 
de  donner  l'analyse  succincte,  pour  rappeler  qu'il  est  dos  présenta- 
tions graves  de  l'épaule  où,  la  version  ne  pouvant  que  déterminer 
la  déchirure  des  organes  génitaux  et  lexpectation  devant  aboutir 
fatalement  à  la  mort  de  la  femme  par  épuisement  général,  il  y  a 
nélees^ité-dé  recourir  à  l'embi-yotomie.  Quant  au  procédé  suivant 
lequel  celte  opération  doit  être  pratiquée,  il  diffère  nécessairement 
pour  chaque  cas,  selon  la  variété  de  la  présentation.  Si  c'est  le 
noîgn^u  de  ïoiiaule  qjui  se  présente,  comme  le  cou  du  fœtus  est 
f  aûleiiiMit  Aûcsâssible  aui.doigts  de  Taccoucheur  et  aux  instruments, 


cVdt  ie  procé)ë4ii!!  la  Uécollatioii  qui  h<*  troiivo  indiqué.  Mais  t|uand 
c'est  le  coude  qui  s'offre  le  premier,  quand  la  présentation  est 
enôiiale^  suivant  IVxpression  de  M™"  Lachapelle,  il  est  alors  né- 
cessaire de  recourir  à  un  autre  procédé,  car  alors  le  cou  et  la  tète 
du  fœtus  sont  trop  élevés  pour  qu'il  soit  possible  d'y  atteindre  : 
dans  ce  cas,  il  faut  amputer  Tépanlo  et  le  segment  correspon<lant 
de  la  paroi  thoracique,  ce  que  Ton  peut  faire  également  au  moyen 
des  forts  ciseaux  de  Paul  Dubois;  on  commence  abirs  par  extraire 
les  parties  amputées,  après  quoi  le  reste  du  corps  est  amené  an 
dehors  sans  grande  difticulté.  Ou  peut,  au  besuin,  faciliter  encore 
l'extraction  du  tronc  en  en  diminuant  le  volume  par  Téliminalion 
préalable  du  poumon  et  du  cœur,  qu'on  retire  de  ia  cavité  thoraer- 
que;  il  suffit  ensuite  de  saisir  le  corps  par  son  milieu  à  l'aide  dit 
crochet  et  de  l'attirer  hors  de  la  vulve.  {Acad.  de  médecine^  séance 
du  2  mai.) 


Bons   effets  de  la  ponctiok  de  l'intestin  dans   la  HBBimr 
fiTRANGLÉE.  —  Un  hommc  de  soixante-deux  ans  fut  apporté  à  1  hôpi- 
tal Beaujon,  dans  le  service  de  M.  le  professeur  Dolbeau.  Cet  homme 
était  atteint  d'une  hernie  inguinale  qui,d'apiès  les  renseignement», 
était  étranglée  depui.s  quatre  ou  cinq  jours.  Il  y  avait,  en  effet,  dm 
côté  droit  une  entérocèle  dure^  douloureuse,  irréductible  ;  le  ventre 
était  fortement  ballonné.  Mais  celte  hernie  n'était  pas  la  seule  mala* 
die  dont  ce  malheureux  liil  atfecté  ;  il  avait  des  ulcérations  aux  jambe» 
et  une  fausse  route  dans  le  canal  de  Turèthre  à  la  suite  d'un  calé- 
thérisme  antérieur;  chose  plus  grave,  il  avait  de  plus  une  afiec* 
tion  du  cœur  à  une  période  avancée^  avec  asyslolie,  intillratioD> 
laquelle  contre  indiquait  l'opération.  L'étal  général  était  donc  des: 
plus  graves;  nussi^  pensant  que  le  malade  succomberait  dans  lu 
journée^  M.  Dolbeau  ne  v«mlul  pas  l'opérer. 

Toutefois  la  mort  n'était  pas  arrivée  le  lendemain  matin;  niaise 
l'état  du  malade  s'était  encore  aggravé  ;  la  tumeur  était  plus  ten- 
due. Celle  circonstance  suggéra  à  M.  Doibtau  Tidée  de  ponctionoer 
l'inteslin  avec  Taspirateur  du  docteur  Oieulafoy,  pour  évacuer  l6» 
gaz.  li  fil  choix  de  la  plus  fine  des  aiguilles  et  l'enfonça  dans  \f» 
centre  de  la  tumeur.  Les  gaz  et  un  liquide  à  odeur  stercorale  mon- 
tèrent dans  le  lube;  la  tumeur  s'aflaissa^  mais  elle  resta  encore 
assez  volumineuse.  L'inteslin  put  être  alors  réduit  par  un  taxi' 
modéré,  et  deux  heures  après  le  malade  allait  à  la  garde-robe.  Mai* 
il  mourut  dans  la  journée,  sans  présenter  aucun  accident  d'étraft' 
glement  ni  autres  qu'il  lût  possible  d'attribuer  à  1  opération,  etsafl^ 
aucun  doute  de  sa  maladie  du  *  œur. 

A  laulopsie,  on  trouva  le  cœur  énorme,  rempli  de  caillots  wovfs, 
avec  les  valvules  ossifiées.  11  n'existait  dans  l'abdomen  aucune 


itrace  de  pMionite,  ni  rongeur,  ni  fausses  membranes,  ni  liquide 
•épHnchf^,  seulement  (|uel()iies  anses  d'inlestin  grêle  aM^ghitinëes. 
L'anse  d'intestin  (^ti-ang'f^e  fut  retrouvée.  Elle  présentait  seule* 
fmetit,  sur  la  surfHre  péritonéale,  une  érailliire  de  la  membrane 
.séreuse  au  niveau  de  la  ponction  ;  soumise  à  Pinsufflation  sous  Teau^ 
•d'abord  lente,  puis  force'e,  elle  ne  laissa  pas  échapper  une  seule 
l)ulle  d^air  L'aiguille  avait  donc  simplement  éraillé  la  séreuse  et 
•écarta  les  autres  tuniques  intestinales,  sans  laisser  aucune  perfo- 
ration. 

Ce  fait  démontre  Tinnocuilë  de  la  ponction  intestinale  au  moyen 
<de  l'instrument  de  Dieulafoy.  On  est  donc  autorisé  à  appliquer  cet 
înslniment  au  traitement  des  hernies  étranglées,  afin  de  débar- 
Tasser  l'intestin  des  gaz  et  des  li(iuides  qui  le  distendent,  et  par  là 
rendre  plus  facile  la  réduction.  M.  Dolbeau  a  regretté  de  n'avoir 
pas  eu  recours  à  ce  moyen  dès  l'entrée  du  malade,  et  il  se  promet 
bien  de  l'employer  à  la  première  occasion.  Nous  ferons  en  sorte  de 
tenir  nos  lecteurs  au  courant  des  résultats  qui  auront  été  obtenus. 
(Soc.  de  chirurgie^  séance  du  3  avril.) 


Dbliriuh  trehens;  insuccès  de  l  hydrate  de  chloral;  bons 
SFFBTS  DE  LA  MORPHINE.  —  Puisqu'on  a  pour  but,  dans  le  traite- 
ment du  delirium  tremens,  de  modérer  l'agitation  des  malades  et 
de  leur  procurer  le  sommeil,  on  devait  tenter  et  Ton  a  tenté  en 
effet  l'emploi  du  chloral  dans  cette  maladie.  On  a  tenté  cette  médica- 
tion surtout  en  Angleterre,  où  le  délire  alcoolique  paraît  être  si 
commun,  et  l'on  en  a  obtenu  de  bons  effets,  comme  Ta  fait  voir  un 
mémoire  de  M.  Bames  que  nous  avons  analysé  dans  le  tome  LXXVIII 
de  ce  journal,  p.  476.  Mais,  ainsi  que  toutes  les  autres,  elle 
peut  ne  pas  répondre  à  l'espoir  du  médecin,  et  c'est  ce  qui  est  arrivé 
dans  le  cas  suivant.  Il  ne  faudrait  donc  pas  accorder  au  chloral, 
dans  le  delirium  tremens,  une  trop  grande  confiance,  comme  on  est 
si  souvent  porté  à  le  faire  quand  il  s*agit  d'un  médicament  nou- 
irellement  introduit  dans  la  thérapeutique. 

John  G***,  âgé  de  trente-trois  ans,  marié,  garde-barrière  sur 
un  chemin  de  fer,  entre  le  1t>  avril  1870  à  West  London  HoupUaly 
dans  le  service  du  docteur  Frederiik  Simms.  Cet  homme  a  dû  su- 
l>îr,  il  y  a  ifuelque  temps,  Tamputaiion  de  la  jambe  immédiate- 
ment aii-des.sons  du  genou,  en  cnnséipience  d^in  acccilent  grave 
dont  il  avait  été  atteint  11  y  a  environ  huit  jours,  déjà  soutirant 
des  suites  d'un  nouvel  accident^  il  a  été  pris  d'une  attaque  de  deli- 


—  370  — 

rium  lremenB,et  c'est  pour  en  être  traité  qu'il  a  été  envoyé  à  TM- 

pitai. 

Au  moment  de  rentrée  il  présentait  les  symptômes  snivatits  : 
pouls  plein  et  fréquent,  physionomie  maussade,  peau  cliaude, 
yeux  larmoyants^  pupilles  naturelles;  réponses  raisonnables  aux 
questions  qui  lui  tout  adressées,  mais  impossibilité  de  readre 
compte  de  Taccideut  qui  lui  est  arrivé.  On  prescrit  la  demi •floftîof, 
une  piute  de  bière,  et  20  grains  (Phydrale  de  chlordl  toutes  Ici'  ^ 
heures. 

Le  même  jour,  iiy  avril,  onze  heures  du  soir  :  deux  doses 
d'hydrate  de  chioral  ont  été  prises.  Lie  malade  est  agité,  il  parie 
d'une  manière  incessante.  Il  s'imagine  voir  des  trains  de  cherain 
de  fer  se  précipiter  sur  lui  else  croit  entouré  dVufants  morts.  Pouls 
à  9^.  A  deux  heures  du  malin,  agitation  excessivement  violente, 
c'est  à  grand'peine  qu'on  Toblige  à  rester  dans  son  lit.  40  grains 
d'hydrate  de  chioral,  pas  de  résultat.  20  grains  de  plus,  calme  à 
la  suite  pétulant  une  demi- heure. 

Le  17  avril,  onze  heures  du  mtilin  :  il  n'y  a  pas  eu  de  sommeil. 
Pouls  à  125,  1  inguc  couverte  d'un  enduit.  Il  est  tellement  remuant 
et  excité,  qu'il  a  fnl'u  pincer  n?  homme  près  de  lui  pour  le  surveil- 
ler ;  il  rejette  sans  cesse  les  couvertures  de  son  lit.  Il  a  pris  deax 
œufs  à  son  repas  du  malin,  aura  une  demi-pinte  de  bière  toutes 
les  trois  heures.  A  neui  heuied  du  boir,  il  a  moins  d'dgitatiuu, 
mais  n'a  pas  Joruii. 

Le  18  avril,  onze  heures  du  matin  ;  le  malade  a  été  d'une  vio- 
lence extrême  pendant  toute  la  nuit  et  ne  montre   auCune  disposi- 
tion à  s'endormir.  On  ordonne  une  demi-pinte  d\i  bière  toutes  les 
trois  heures,  avec  aduilion  de  AOminims  de  solution  de  raorphlite; 
constipation,   on  lui  adminiblre  Ti  grains  de  pilules  de  coloquinte 
composée.  A  neuf  heures  du  soir,  trois  doses  de  morphine  ont  été 
prises  avec  la  bière.  Les  pupiiles  sont  contractées,  il  parait  disposé 
à  dormir.  L'hydrate  de  cldoral,  cpii  avait  été  encore  pris  le  11,  rtl 
supprimé  depuis  le  matin  du  18  ;  le  malade  deVra  con(ititll>r  iê 
prendre  la  morphine  mélangée  à  la  bière^   pendant  la  uuit|  «ril 
s'éveille. 

L?  10  avril,  onze  heures  du  matin  :  le  malade  a  dornîi  depais 
dixlilMiresdu  soir  jnsqu'au  malin  cinq  heures.  Il  est  paifaitement 
tranquille  et  parle  d'une  mu.iière  raisonnable,  mais  il  sesentif- 
faibli.  La  langue  esl  netle,  non  hemblanie;  le  pbuls  est  à  11:2; 
il  y  a  eu  deux  j^arde-iohes  ;  les  pujùiles  sont  contractées»  Sua- 
pendrc  l'usage  <ie  l.i  mor|)hine,  h  moins  (jue  l'agilalion  ne  reparaisse. 
Portion  enlière,  trois  pintes  de  bière,  quinine.  A  neuf  heure* du 
soir,  le  malade  est  parfaitenienl  calme  et  raisonnable,  les  pupiites 
sont  naturelles,  appétit  très-bon. 

Le  2'),  pouls  à  lOO,  le  malade  va  mieux.  A  partir  de  ce  jour, 
ramélioration  fait  des  progrès  non  interrompus  ;  guéri soii >  J^"^ 
le  27  avril.  {T/ie  Lancet,  i  juin  1870.) 


—  371 


lkÉPERTOiRE''IIÉDICAL 


REVUE  DES 

AétioA  pta7siologl4i.de  et  etn- 
piol4hérapeaCl^ti4;  de  l'acide 
phOHpiiorIque  éiendà.  Dans  le 
DUl  de  tonilitr  te  système  herveux, 
on  a  préconisé  l'usage  d'allmerilâ  azo- 
tés ou  de  sùbslauces  pouvant  fournir 
dé  l'acide  phospiiorique.  Le  docteur 
Judsoii  iadiews  conseille  d'^dm}- 
rifgtrer  cet  acide  lui-râéme,  qui  jusqu'à 
présent  a  été  tro^  peil  employé. 

Il  commence  par  en  exposer  les 
effets  physiologlùues^  qu'il  a  étudiés 
stir  dé  nombreux  malades  et  siir  Ui- 
méfnè.  Le  pouls,  ^xamint*  au  sphyg- 
mogi'apbâ  un  quart  d'heure  à  uue 
heurti  après  l  ingestion  d  une  quantité 
d'acide  variant  eîitr^e  I  à  3  drachmes 
(  la  dractime  est  de  4  gfammes  envi- 
rcfn).  présente  d'îjfiohi  Un  iris  riot;ibl« 
accroissement  dans  la  force  dès  piil- 
^iàUuus  sanschaligeiuenl  i>en>Ii)lé  dans 
ledr  nombre.  Ot  àe'rroissement  est 
plué  mftrqdê  dhe  heure  ou  deux  àprës 
l'admiuisiration  du  remède,  et  tl  faut 
plusieurs  heures  pour  que  le  pouls 
revienne  à  sÔh  état  normal. 

A  là  doâë  dé  40  goutteà  à  5  dfach  • 
netf,  l'acflè  produit  bne  $orie  dVxcl- 
tellOn  compiiraDié  a  due  légère  excita- 
tion aliïOoliqué,  en  mêint;  tempâ  qu'un 
peu  de  céphalalgie  froiilaië  ;  à  plus 
nautë  uose,  ii  hiirviehl  de  l'ussoupissb- 
mcM  et  dde  graâdu  répilgnincé  a  tout 
efftyrC  iuieliectaêt,  poén>imëiies  qui 
persistedt,  pè'bdaiit  plusieurs  heures. 
L'adHe  plidsptidricrue  é^i  doric  un  sti- 
muladt  général  qui  s'adrésde  plus 
spécidlémèui  au  sjfsième  nerveux  ; 
il  augmente  la  force  du  cœur,  il  in- 
fluence manifestement  le  sy>ième  vaso- 
molifUr;  enlin,  on  peut  le  considi^rer 
comme  un  tonlqut^  des  nerfs 

lies  indications  de  ce  reiiièJe  se 
tirent  naturellem>'nt  de  son  action 
physiologique;  le  docteur  Jiidson  An- 
drews le  rocommauile  dans  ces  cas 
d'épuisement  nerv<  ii\  qui  succèdeni 
k  iies  efforts  physi(iues  ou  intelle**- 
tuels  prolongés  et  que  l'on  a  souvent 
l'occasiou  d'obsei'ver  sur  des  hommes 
de  leilres^  lies  médecins  ou  des  ^ens 
d'affaires.  soi(  dans  les  asiles  d'alié- 
nés, soil  plus  sobvenl  encore  clans  la 
pratique  cvile.  Le  inalaile  est  lan- 
guissant, ibcapable  d'un  effort  mental 
sérieux,  lrî*.s-nèrven\,  limîdê  ou  agité; 


JOURNAUX 

sa  mémoire  est  affaiblie;  un  examen 
minutieux  ne  démontre  aucune  lésion 
organique;  néanmoins  les  symptômes 
sont  alarmants.  Ces  cas,  que  l'on  a  dé- 
signés souîi  le  nom  de  par^'sie  eéré- 
brale^  se  trouvent  irbs  bien  de  rus:»ge 
inferne  de  l'acide  phosphorique.  aidé 
de  quelques  toniques  appropriés  et 
d'ùh  hepos  intllecluel  prolongé 

Le  sentiment  de  fatigue  intellec- 
tuelle qui  succède  à  un  effort  mental 
soutenu  et  qui  oblige  de  suspendre 
momentanément  tout  travail  de  tôte, 
est  calmé  d'une  manière  étonnante 
par  l'ingestion  de  l'acide  phospho- 
rique.  Celte  substance,  par  ses  effets 
stimulants,  dissipe  si  promptement  la 
fatigue  mentale  et  prépare  si  admira- 
ble -leni  l'esprit  à  un  nouvel  effort, 
qu  im  professeur  distingué  n'hésitait 
pas  à  lui  donner  i,e  nom  de  limonade 
psychologiqur.  «  Mon  repas  de  ioidi, 
dit- il  (lions  dînons  à  six  heures),  con- 
si.Ue  en  fromage  avec  du  pain  et  un 
verre  de  limonade  d'acide  phosphb- 
rique  ;  par  ce  moyen  j'ai  travaillé  huit 
à  neuf  heures  par  jour  avec  ma 
plume^  sans  avoir  éprouvé  la  moindre 
lassitude  ou  le  moindre  mal  de  télé 
par  les  chaleurs  que  n^us  avons  eues 
pendant  ces  sept  dernières  semaines. 
Jen'aijamaispri.sau  delàdel5^ouiles 
en  une  seule  fois  par  jour^  ei  c'est 
étrange  avec  quelle  promptitude  le  re- 
mède monte  dans  les  lobes  anlérieu^s, 
dissipe  les  congestions  capillaires  et 
répare  le  tissu  nerveux,  dont  il  est 
l'aliment  propre.  » 

Contre  les  sueurs  noclurni-s  colli- 
qiialives.  l'acide  phospiiorique  est 
d'un  très -heureux  effet  et  l'emporte 
sur  l'acide  snlfurique  aromatique,  si 
u^ité  en  (laieil  cas  ;  il  e>t  en  fffet 
plus  agréable,  mieux  supporté  et  il  ne 
constipe  pas. 

L'action  antiscorbutique  de  cet  acide 
est  bien  connue. 

L'acide  phospborique  n'exerce  au- 
cune influence  directe  sur  les  organes 
de  la  génération.  Si  on  l'a  employé 
comme  aphrodisiaque,  c'est  simple- 
ment d'après  des  vues  théoriques; 
l'aclion  qu'il  a  pu  avoir  dans  ce  ^en8 
n'est  qu'indirecte  et  résulte  de  son 
pouvoir  tonique  général.  Ti  ès-souvenl 
nous  avons  employé  cet  agent,  même 


—  37:2  — 


dans  des  cas  où  les  organes  génitaux 
étaient  dans  un  état  d'cxciialion  anor- 
male, ni  jama'b  nous  n'avons  constaté 
le  moindr«'  effet  aplirodi^iaque  ni  le 
moindre  inconvénient  résultant  de  son 
usage 

Gumnie  principe  général,  on  ne 
donnera  jamais  le  méilicamt-nl  dans 
les  cas  de  congestion  cérébrale,  ni 
lorsqu  on  constatera  queWiue  éiat  iu- 
flamro^iloire  du  cerveau  ou  des  mé- 
Diiig»-».  Son  action  stiniulanie  pourrait 
en  effet  aggraver  la  maladie  tians 
aucun  cas  du  resie,  nous  ne  l'avons 
vu  troubler  la  digestion,  ni  irriter 
Festomac,  même  à  la  suite  de  son  ad- 
ministration prolongée  {Amt-ricun 
Journal  of  Insanity,  octobre  18(39,  et 
Lyon  rnéd.,  1871,  n^b.) 

De  rhyoseyamine  et  de  la 
dafarine.  M.  le  doileur  Cbailes 
Laurent,  ancien  interne  des  hôpitaux 
de  Paris,  a  publié,  1  année  dernière, 
une  élude  très  bien  faite  sur  ces  alca- 
loïdes dont  voici  les  conclugions. 

Action  physioUigfque,  !<>  L'hyos- 
cyamine  et  la  daturine  exercent  spé- 
cialement leur  action  sur  le  système 
du  grand  sympatbique.  —  2o  De  fai- 
bles doses  diminuent  la  circulation 
capillaire  ;  des  doses  fortes  déter- 
minent une  paralysie  vasculaire.  — 
3"  La  tension  artérielle  augmente  par 
Vadministration  de  faibles  doses;  au 
contraire  ,  elle  diminue  avec  des 
doses  toxiques.  Ces  résultats  ne  sont 
pas  modifiés  par  la  section  des  nerfs 
pneumogastriques.  —  4»  Le  nombre 
des  pulsations  augmente  et  leur  am- 
plitude diminue  —  ô"  L'hyoscyamine 
régularise  les  mouvements  du  cœur  ; 
la  daturine  produit  souvent  des  inter- 
mittences et  des  arrêts  du  cœur. 
Portés  directement  sur  cet  organe,  ces 
alcaloïdes  diminuent  la  fréquence  des 
battements  et  produisent  un  an  et  com- 
plet du  cœur.  —  G®  Ils  accélèrent 
toujours  la  respiration.  —  7®  L'hyos- 
cyamine et  la  daturine  n'ont  pas  d'ac- 
tion directe  sur  le  système  nerveux 
de  la  vie  de  relation.  I  a  sensibilité 
et  la  motricité  ne  sont  pas  modih'ées 
A  dose  toxique,  la  sensibilité  péri- 
phérique est  énionssée.  — 8°  Ces  al- 
caloïdes n'ont  aucune  action  sur  Tex- 
citabilité  des  muscles  à  fibres  striées 
Ils  ne  modifient  pas  leur  structure  — 
90  A  faible  dose,  ils  accélèrent  les 
mouvements  de  l'intestin;  à  forte 
dose,  ils  les  paralysent  —  IO0  Les 
phénomènes  généiàux  que  Ton  ob- 
serve, FonI  dus  anx  modification»  sur- 


venues dans  la  circulation.  Ils  dispa- 
raissent rapidement.  Os  alcaloïdes 
s'éliminent  vile, surtout  parles  urines, 
oii  un  peut  les  retrouver.  —  H-'  La 
dilntation  de  la  pupille  est  due  à  Tex- 
citation  du  grand  sympathique,  le 
nerf  de  la  troisième  paire  e»t  étranger 
à  la  mydriase.  —  12-  De  faillies 
doses  déterminent,  en  général,  une 
augmentation  légère  de  la  te>i'|>éia- 
ture;  de  furies  doses  diminuent  la 
température  centrale. 
ApplUutions  thérapeutiques,  1*  L'hy- 
oscyamine et  la  daturine  sont  les  prin« 
cipes  actifs  de  la  jnsquianie  et  du 
datura.  —  2<'  Ces  deux  alcaloïdes  ont 
des  propriétés  analogues  à  celle  do 
Tatropine  et  peuvent  lui  servir  de 
succé'  anés.  ~  3o  La  daturine  ne  doit 
être  employée  qu'avec  de  grandes 
précautions,  au  lieu  que  l'hyoscya- 
mine peut  être  maniée  sans  Inconvé* 
nient,  avantage  qu'elle  possède  éga- 
lement sur  Talcalolde  de  1»  belladone. 
—  40  Dans  l'adroinisiration  de  ces 
médicaments,  il  faut  presque  toujours 
se  servir  de  doses  faibles,  et  éviter 
les  phénomènes  toxiques,  qui  sont  aa 
moins  inutiles.  —  5»  Leur  action  roy- 
driatique  petit  être  utilisée  dans  tous 
les  cas  où  la  belladone  a  été  recom- 
mandée, et  ne  présente  pas  d'indica- 
tion spéciale  —  Go  L'influence  qoe 
ces  alcaluldes  exercent  sur  le  système 
musculaire  lisse,  quand  ils  sont  admi- 
nistrés à  petite  dose,  peut  être  uti- 
lisée dans  les  cas  d'incontinence 
d'urine,  de  constipation^  etc.—  7o  L*u- 
sage  de  ces  alcaloïdes  poar  combattre 
les  inflammations  et  pour  arrêter  les 
hémorrhagies  ne  saurait  être  recom- 
mandé. —  80  L'hyoscyamine  et  la 
daturine  seront  employées  avec  avan- 
tage lorsqu'on  voudra  diminuer  des 
sécrétions  exagérées.  —  9®  Ces  alca- 
loïdes et  surtout  l'hyoscyamine  com- 
battent d'une  façun  liës-efficace  les 
névroses  douloureuses.  —  lO^*  Par  les 
modifications  qu'ils  impriment  à  la 
circulation  des  centres  nerveux.  il5 
peuvent  rendre  des  services  dans  le 
trait^-mt^nt  des  névroses  convulsive.«, 
des  affections  spasmodiques  et  des 
afièctions  congestives  de  la  moelle, 
lorsqu'il  n'y  a  pas  encore  d'alicration 
organique  avancée. 

Dn  hasrhl«rh  daim  Vhjér^^ 
phobie  Parmi  les  phénomènett  pro- 
duits par  Une  forte  duse  dehascbiscb^ 
l'auteur  a  été  frappé  de  la  singulière 
impressiounabilité  qu'éprouvent  les^ 
sujets  à  un  léger  rourant  d'air  el  au  \ 


—  373 


oorps  brillants  et  lumineux;  il  a  noté 
une  espèce  de  sentiment  ûc  suffoca- 
tion el  unt>  sensation  df  pêne  au  go- 
sier compMrablH  à  celle  que  ferait 
éprouver  un»*  mince  cnucbe  de  coton 
appliquée  sur  le  pbarynx.  Ces  diffé- 
rents phénomènes  dus  au  haschisch 
loi  ont  donné  Tidée  d'essayer  <;•  tte 
substance  dans  le  traiiemeni  de  l'hy- 
diophobit*  OVsl  ce  qu'il  a  fait  sur  un 
bomme  de  trente  huit  ans.  admis  au 
grand  hôpital  de  Mil:in  le  12  mai  l8(iU^ 
et  qui  avait  été  mordu  par  un  chien 
enragé  un  mois  auparavant.  II  pré- 
sent^til  déjà  tous  les  symptômes  de 
Fhydrophobie. 

L'autf'ur  employa  le  haschisch  seul  ; 
il  àe  servit  de  Textrait  brun  noir,  uont 
il  avait  f;iil  usage  dans  se»  expé- 
riences sur  lui  même;  il  en  donna 
2  grammes  et  demi,  divisés  en  cinq 
doses  de  50  centigramoies  chacune,  à 
prendre  toutes  les  quatre  heures.  Le 
médicament  fut  coupé  en  petits  mor- 
ceaux que  Ton  appliquait  sur  la  lan- 
gue; l'administration  en  était  du  reste 
facilitée,  tantôt  par  du  sucre,  tantôt 
par  un  peu  de  lait,  tantôt  par  un  peu 
ae  teinture  de  semence  d'anis.  Gomme 
adjavant,  on  donna  de  plus  de  l'iofu- 
sion  de  café  '80  grammes  de  poudre 
de  café  pour  on  litre  d  eau  .  C'est  ainsi 
que,  en  moiUN  de  vingt  quatre  beores, 
le  malade  prit  2  grammes  et  demi  d'ex- 
trait de  chanvre  indien,  et  un  litre 
d*infasion  de  café  par  le  rectum. 

Ce  traitement  ne  fil  pas  disparaître 
Fborreur  caractéristique  que  provoque 
Teau  ou  tout  autre  liquide;  il  ne  réta- 
blit pas  non  plus  la  miction  et  la  dé- 
fécation ;  la  dysurie  et  la  constipation 
persistèrent;  enfin  le  malade  mourut 
six  beures  après  son  admission  à  Thô- 
pilal  ;  mais  le  baschiscb  provoqua 
une  sorte  de  gaieté,  une  bonne  humeur 
salutaire,  et  procura  au  patient  une 
heureuse  conn;«nce  dans  le  secours  de 
la  médecine:  il  fil  ceser  le  délire,  la 
terreur  et  la  fureur  convulsive  qui 
s'emparent  habituellement  des  hydro- 
pbobes.  à  tel  point  qu'on  est  oblige  de 
les  maintenir  aitacbés  ilans  leurs  lits. 
La  vue  des  corps  brillants,  la  ré- 
fl<*xioo  des  corps  lumineux,  les  légers 
courants  d*air.  qui  sont  insupportabks 
ordinairement  dans  1  bydropliobie,  ne 
provoquai«'nt  chez  te  patient  aucune 
sensation  désagréable;  on  put  le  laisser 
éiendu  librement  $ur  son  lit.  Ce  calme 
persista  quarante- huit  heures  après 
le  commeiicement  de  radroiuistration 
du  baschiscb,  il  fut  seulement  inter- 
rompu  par  quelques  oonvulKlons  et 


par  quelques  grimaces  qui  augmen- 
tèrent lentement  de  fréquence  et  par 
la  menace  d'asphvxie  par  écume 
bronchique,  qui  s'accrut  avec  les 
signes  (le  l'agonie  jusqu'à  la  mort. 

Ainsi,  ^ans  guérir  la  rage,  le  has- 
chiseh  diminua  le  tableau  de  Thor- 
rible  symptomaiologie  de  cette  ma- 
ladie, ce  que  ne  peuvent  faire  ni 
l'opium,  ni  la  morphine,  ni  la  datu- 
rine.  C'est  le  meilleur  sédatif  el  le 
meilleur  palliatif  de  la  rage  que  nous 
ayons;  il  transforme  un  mani;4quc 
intraitable,  agressif  et  eu  délire,  qui 
mord  el  qui  injurie,  en  un  pauvre  inva- 
liiie  content  et  tranquille  qui  vous 
bénit.  [Médical  Press  and  Circular, 
décembre  1870,  et  Lyon  méd.,  1871, 
no  6.) 

Alcool  et  absinthe  ;  épi- 
lepsle  abslnthiqoe  Nous  avons 
déjà  fait  connallre  quelque  chose  des 
études  de  M.  Magnan  sur  les  dangers 
qu'entraîne  l'usage  de  la  liqueur  d'ab- 
sinthe (voir  tome  LXXVII,  p  159)  ; 
nous  y  revenons  eiicore  aujourd'hui. 
C'est  une  question  qui.  malheureu- 
sement, n'a  pas  cessé  d'être  à  l'ordre 
du  jour. 

C'est  au  moyen  d'expériences  sur 
les  animaux  que  M.  Magnan  a  essayé 
de  déterminer  la  part  d'influence  et  le 
mode  d'action  de  l'alcool  et  de  Tes- 
sence  d'absinthe  dans  les  accidents 
produits  par  l'ingestion  de  la  liqueur 
d'absinthe.  Voici  les  résultats  qu'il  a 
obtenus  : 

«  L'akool  passe  en  natore  à  travers 
l'organisme  et  en  sort  par  les  diverses 
voies  d'élimination  ;  de  là  une  action 
toujours  la  même,  directe,  immédiate 
sur  les  différents  organes  et  plus  par- 
ticulièrement  sur  les  centres  nerveux. 
Une  faitde  partie  seulement  de  l'al- 
cool ingéré  est  transformée. 

«  L'ingestion  de  l'alcool  chez  les 
chiens  produit  l'affaildissemeni  pro- 
gressif, puis  la  paralysie  des  menibres 
postérieurs  d*al>ord,  puis  des  anté- 
rieurs, et  entin  te  relâchement  des 
sphincters  ;  mais,  dans  aucun  cas, 
M.  Magnan  n'a  observé  de  convul- 
sions épileptiques  ou   épilepliformes. 

a  A  l'autoi  sie,  on  constate  la  pré- 
sence de  l'alcool  en  nature  dans  les 
différents  organes  ;  l'injection  des 
méninges  cérébro-spinales,  de  petites 
intiltrations  sanguines  dans  l'epairi- 
seur  de  la  pie-mère,  quelquefois 
même  un  pen  de  sang  en  nappe  à  la 
surface  de  l'arachnoïde;  l'injection 
du  cerveau  ot  de  la  moelle  ;  la  colo- 


—  374  — 


ration  rosée  plus  ou  moins  foncée  de 
la  subsistance  grise  des  rentres  ou  de 
Vé  périphérie  ;  l'injection  de  la  mu- 
qm-iisi'  de  l'es'umMC  et  de»  intestins  ; 
la  congf>tion  partielle  des  poumons, 
du  fuie  el  des  reins. 

0  Qii;«iid  un  chien  eAl  soumis  pi'mhint 
un  Certain  iempî>  u  l'in^-'iion  de  '0  à 
00  gr;<mnu>  d  alcool  par  juur,  on  ne 
larilf  [la^  à  (<: .^c^v^■r  «li's  pl.eiioniê:.os 
d'un  a:'lre  or«lre  :  un»'  1  ji'eie  tiébé 
tude  (]  alM.rii,  pui>  du  tiemUmcnl 
mu>^i'ulaire.  lUms  les  os  df  celle  na- 
ture, on  trouve  d;4ns  les  orpaui  s  des 
léioiis(|ui  ont  une  C(:rt;iinH  aualogit; 
avec  ««'Iles  que  l'on  renconin*  chrz 
rtiomme  qui  a  succombé  aux  progri'S 
«le  1  .'l'.oooli^nic  chronique. 

'(  Mcsenvf  (l^ah-  uthr  inji»ctér  fi;n  ;^ 
les  vcini-s  d'ud  chien  à  la  dose   lie 

auelqurs  eenliiiramnies  ou  iulroiiuiie 
ans  l'esiomac  à  la  dose  de  r>  à 
4  (iiainiues,  délermiue  des  pliéno- 
nl^(:('s  diinl  la  durée  et  l'intensité 
^-Ollt  <>n  rai>on  «lirecte  de  la  i\\ii^t  uu 
poison  .n^éré  el  qui  bc  manifestant  à 
]»er  prH<  dans  l'ordr»*  snivs'ni  • 

«'  Krénlis<:ement  musculaire  plus  ou 
hiuiUA  marque  .  |>elile&M'COJ.'>scii  brus- 
qHe>.  s!iccM<lét»s.  semblables  à  des 
décharges  électriques,  dans  It-s  mus- 
cles du  cou  (raburd,  puis  uaiis  ceux 
des  éjiMules  el  du  dos ,  ce  qui  déter- 
mine des  secousses  brusques  soule- 
vant sur  place  el  par  saccades  la 
partie  antérieure  du  corps  ;  dan^t  quel- 
que s  cas,  1  uiiimal  s  arrête  tout  à 
coup.  r«'sl«'  Immo;  Il  -,  rfjn!m«'  h»'bélé. 
la  léte  bassH,  le  repard  moi  ne;  il 
conserve  celli-  allilude  pêi.dant  trente 
à  cent  vinpl  secondes  puis  reprend 
ii'pontanédient  ses  allures  habiluelleâ. 
Cet  él:it  offre  uiie  certaine  analogie 
avec  le  veriig*'  épib'ptiqoe 

•  A  une  dose  pins  forte,  res>ence 
d'absinttiu  i^éleimine  do  véritables 
convulsion.^  epiieptilorni  -s  avec  iris- 
miis.  cuuvul>ions  louiques  prédomi- 
nan;  quclquelois  «l'un  <ôtf  du  lorps^ 
puis  comilsioiis  clonlqiies  avec  cla- 
quement dis  iiiâchcMivs.  écume  aux 
liîvres,  quelquefois  morsures  à  ta  lan- 
gue, respiration  slerloreuse.  évacua- 
tions d'urine,  de  rnalitres  fécales  el 
parfois  même  de  sper.iie.  I.'aïuique 
linie,  l'animal  conserve  ordinairement 
un  pe>i  d'hébétude,  puis  reprend  son 
étal  habituel. 

«  Dans  certains  cas.  plusieurs  de  ces 
symptômes  font  (léfaul  ;  parfois  aussi, 
les  accès  se  rapprochent,  se  super- 
posent pour  ainsi  dire  cl  ou  à  quelque 


fieine  à  rcliouver  les  caraetlirfcs  de 
'attaque  convulsivp. 

«  Dans  l'intervalle  des  attaqués,  da 
observe  chez  c«  rtains  animaux  de  Té« 
ritables  hallucinations  de  la  vue;  la 
plupart  manifestent  une  frayeur  plis 
ou  moins  vive 

«1 11  résulte  d'ailleurs  d^expérleneta 
faites  avec  soin  que  ces  deux  ordres 
de  phénomî^nes,  convu1s1dtf«f >!  hiJliu- 
cinaiions,  ont  pour  siège  :  les  pré' 
miëres  la  inoelle  épliii'ere.  et  les  aafrës 
le  cerveau.  L'es>ehce  d'absin:he  acfit 
doi'C  sur  le  sys:ënie  ceK>bro-s|fihàl 
toutenlitr.  Il  sendde  seulement  t(ût 
le  Cerveau  n'entre  en  action  qué(|iiaBd 
les  autres  parti-  s  dii  système  sblit  au 
repos,  el  réciproquement. 

«  Q  and,  au  lieu  d'alcool  od  d'es- 
sence d'uL->inihe  administrés  séparé- 
ment, on  donne  l'aUoitl  ou  ii(fUtH¥ 
(/absinthe,  on  observe  les  di*ux  ordrtS 
de  phénomènes  produits  pur  chacun 
de  ces  a^zents  :  st* ulelnént  rfvresse  at- 
cooli(|ue  pr.  cède  louiours  d  une  ua 
plusieurs  heures  les  phénomènes  coo- 
vulsifs  propres  â  labsinihe.  Cette 
pai:iLutarilé  parait  t*nir  uu  rilafJ 
af'porié  a  l'absofplion  de  l'el'ience 
u'absii.ihe  par  I  iiction  irrjlanle  de 
l'alcool  ur  resldmac. Quand,  en  \iïëL 
l'essence  d'ahsintlie  est  injectée'  par 
les  veines^  les  pbéhomènes  couvuUlfl 
se  produisent  Immédiat*  hteul  ;  ttiaU 
ils  sont  toujours  beaucouf/  moins  lA- 
lenses  el  surtout  moins  proloB^é^ 

a  L'essence  d'absiuthe  ne  prodojt 
pas«  dallleurs.  dos  lé^iOhs  malC- 
rielies  aîissi  prononcées  que  l'alcool. 
Les  divers  organes  en  sont  Im^râ- 
gnés  ;  mais  bs  méninges  ckrébtt- 
spinal-s  ne  sonl  qu'injeciérs  —  et ctfla 
surtout  au  nUeaU  du  Imlbe^.  ^  ^r  pré- 
sentent rifremehlded  infiliratlonssao- 
î^uines:  lien  est  de  niêhiedii  certeau, 
de  l'estomac  el  des  poumons.  • 

Faisant  à  !■•  patbdbigîé  l'applica- 
tion de  ces  données  expérlmeotajes, 
Bl  Magnan  a  cherehA  à  bien  établir 
qi:e  l'alcool  chez  I  hnfnme  cbnme 
chez  les  animaux  étal!  incapable,  à  Ittl 
seul,  de  provoquer  IVpilepsie  ;  il 
donne  lieu  â  du  iremhlemenl.  quel- 
quefois même  à  de  petites  convul- 
sions cloniques  irrcgullferes,  iiidisfc'est 
tout.  Quaml  les  attaques  éplleptiques 
surviennent,  if  faut  l'altribuer  â  ail 
autre  agent  que  l'alcool  et  cet  agent 
est  habituellement  l'alisinihe. 

Nous  croyons,  comme  M.  Magnan, 
dit  M.  Luuier,  â  qui  nous  emprun- 
tons cette  analyse,  que  les  effets  de 
la  liqueur  d'absinthe  sur  l'orgaiilfihé 


—  375  — 


difterenlnolablemeul  de  ceux  Uéler- 
ninés  par  les  autres  boissons  aleoo- 
liqueA  ;  mais  les  fails  que  nous  avons 
obij^rvés  no  nous  pornit  lient  pas  d*a(J- 
mettre  que  la  liqueur  d'absinthe  soit 
la  seùli!  qui  pro^lulse  l'épilepsie.  {Gaz, 
des  hôp. ,  el  Ann.  vied.'psyvhoL, 
jaiiv.  1871.) 

CtrosneHse  avec  hymen   la  - 

tact  —  fis.  il.  Martin  iUe  ftiarrissa- 
oid,  Etai  de  New-York;  rapporte  ce 
cas  iDléfessanl  dans  le  MedwAl  and 
Surgical  litporler.    En    essayant  le 
toucher  vaginal,   la  fi-mme  étant  en 
travail,  ce  médecin  ne  put  découvrir 
aucune  ouverture  avei:  le  duigt  ;  pas- 
sant  à  l'inspection  oculaire,  il  Irnuva 
an  tissu  fibl'eux,  dense  el  blanchâtre, 
se  c-onfundaut  graduelkmenl  avec  les 
tissus  voi.^ins  de   rentrée  du  vagin, 
saii:!    ligne    nette    de    démarcation. 
Vers  le  centre  de  la  moilié  iutéi  iëui'e 
de  eeU6    membrane  Dbluratrice,   la 
malade  étant  sur   le  dos.  il    décou- 
¥rlt  un  petit  bouchon  de  mucus  rou- 
gefttre  et  tenace,  qui  ne  put  être  dé- 
laebe  avec  du  coioii  ;    mais,    en    le 
Biisbsant   avec    des   pinces,  on    vil 
qu'il    M    Guntinuaii  au    delà  de  la 
membrane  à  travers  une  petite   bii 
^ériure  rottdë.  Un  petit  siylet  d'ar- 
geilii  dont  l'extrémité  reullee   avait 
ejkftctesietit  un  ^eièiëme  de  pouce  de 
(iiftmètt>è,  Tut  thirdduit  sans  trop  de 
peine  dans  le  pertuls.  dont  tes  bbrds 
parurent  un   peu  plus  épais  que    le 
tissu     environnant.    L'extrémité   du 
stylet  étant  courbée   à  angle   à   peu 
près  droit  et  introduite  par  le  per-~ 
tuis,   on   put  sentir    celle  extrénllté 
mousse  se   mouvant  sur   !a  surface 
interne  de  la  membiane,  dot>t  l'é- 
paisseur  put  être  comparée  à   celle 
d'une  peau  de  mouton  apprêtée.  1/ac- 
coucheur  fit    alors  avec  un   bistouri 
une  ineisiou  cruciale^  puis  introdui- 
sit le  doigt,  et  avec  lui  agrandit  l'ou- 
verture par  déchirure,  de  manière  à 
n'avoir   pas    d  liémorrhagie  dans   le 
oas  où  il  y  aurait  eu  des   vaisseaux 
dans  l'épaisseur   de    rhyuieu.  Apres 
l'issue  de  quelques   onces   d'un    li- 
quide   noirâtre  et  visqueux,  il    put, 
en  introduisant  le  doigt,  Rentirnette- 
ment  la  poche  des  eaux,  la   rompre, 
puis    reconnaître    distinctement  une 
présentation  du    sommet  en  position 
occipilo  iliaque  gaucbe  antérieure.  Il 
s'écouta    dix  sept    heures   entre    les 
premières  douleurs,  et  la  délivrance. 
\.SrW'York  Mp'L  Journal,  et  Mont- 
pcUiermdd.,  1871,  n«'  I.; 


'fraitement  da  bubon  par 
lea  injcctionfi  hypodermi- 
ques. Le  docteur  Werîheim ,  de 
Viebiie,  a  cherché  à  obtmir  la  gué- 
rison  des  bubons  en  provoquant  la 
résorption  des  produits  épanchés.  La 
mctho'le  qu'il  emploie  est  très  sim- 
ple, c'est  l'injecliou  sous-tutauée.  Di- 
verses solutions,  telles  que  celles  de 
moi-phin»',  de  camphre,  de  sulfate  de 
cuivre,  peuvi  nt  êire  employées  sui- 
vant les  circonstances;  le  chlorhy- 
drate de  niol^phinc  (4  grains  :lans 
4  grammes  d'eau  esi  ce  qui  lui  sem- 
ble préférable  dans  la  majorité  des  cas. 

Lorsque  l'abcès  e»i  arrivé  à  matu- 
rité, on  le  ponctionne  au  moyen 
d'une  grosse  aiguille  ou  du  tube  de 
la  seringue  de  Pravaz,  on  évacue  par 
Uiic  douce  précision  le  pus  el  Ton  in- 
jecte 8  à  1(1  goutie.H  de  la  solution. 
On  a  soin,  du  resl-,  d'enseigner  au  ma- 
lade à  vid^r  lui-même  toutes  les 
trois  heures  le  liquide  qui  aurait  pu 
s'amasser. 

L'injection  e:t  d'j.liord  répélée 
chaque  jour  ;  plus  tard  on  ne  la  pra- 
tique qu  à  longs  iiitt-rvalles.  Quoique 
cela  ne  son  pas  essentiel,  il  vaut  mieux 
que  le  malade  reste  au  lit. 

les  avantages  de  la  méthode  sont  la 
cessation  pre««que  immédiate  de  la 
douleur  dans  l  abr'es  el  la  diminu- 
tion ia|dded«'S  autres  symptômes  in- 
flammatoires. Le  pus  épaissi  se  trans- 
forme peu  à  peu  eu  une  exsudation 
de  plus  en  plus  rare,  diminuant  gra- 
duellement de  quantité,  de  soi  le  qu'au 
bout  de  trois  ou  quatre  semaines,  la 
suppuration  est  comph'lement  tarie 
iiàhs  lai>ser  de  cicatrice.  Lindura- 
tion  circonvoisine  diminue  peu  à  peu. 
\Wien  AJpd.  Wochcnschnft,  :  870,  et 
Lyon  médical,  1^71,   n^  G.j 

Traitement  par  l'îicldeph^ 
nique  de  rinloxiratioii  par  Se 
venin  de  %î|»ère  Voici  les  conclu- 
sions qui  résultent  de  nombreuses  ex- 
périence.N  faites  par  M.  Weir  Mnchell 
avec  le  venin  du  serpent  à  sonneties, 
et  p«r  MM  Gicquian  et  Viaud  Grand- 
Marais  avec  le  venin  de  la  vipère- 
aspic  : 

L'acide  phériîqoo  introduit  dans  les 
piqûres  immédiatement  après  la  mor- 
sure du  reptile  empêche  l'envenima- 
lion.  tant  locale  que  générale,  «le  se 
produire;  un  petit  flacon  de  poche,  à 
bouchon  plongeur,  servant  de  porte- 
goutte,  peut  très- Wen  servira  ce  genre 

d'expérience.  ,  .  . 

Appliqué  eu  trop    grande  quantité 


—  37(5 


sur  le  poiiil  monlti,  ce  caii^lique  peut 
produire  'les  «'schari*s  p'iis  ou  moinH 
dang^n'use-i,  huivant  la  taille  «les  ani- 
maux sur  losque  g  on  opère  :  il  peul 
même  empoisonner  de  jeunes  ani- 
maux; c'e^l  pour  cela  que  l'on  doit 
préférer  à  Temuloi  «le  l'acide  pur  celui 
d*un  mt*l»n|]fe  ae  deux  parties  d'acide 
contre  une  d'alcool. 

L'action  de  l'acide  phonique,  comme 
remëde  interne,  est  nulle  dans  l'enve- 
nimalion. 

Qu4nd  il  est  appliqué  localement. 
Tacide  agit  plutôt  sur  la  vitalité  des 


tissus  que  sur  le  venin  lui-même, 
dont  il  empêche  Tal  sorption  en  con- 
tractant violemment  le^*  p«*lit8  vais- 
seaux. C'est  auMsi  de  cette  manière 
que  semblent  agir  Tiode  et  le  lanniD, 
que  l'on  vante  comme  des  antiilotes 
du  venin  des  serpents,  et  que  leurs 
propriétés  moins  caustiques  permet- 
tent  d'employer  localement  à  plus 
h:iute  liose 

Introduit  tardivement  dans  la  bles- 
sure, l'acide  phénique  n'arrête  pas  les 
effets  du  venin.  {Journ^  de  méd.  de 
l'OueH.) 


TRAVAUX 

Eclampsic  paerpérale  chez 
aoe  albuminuriquc,  traitée 
et  ^nérie  par  lecliloral  M.  Ray- 

naud  a  fait  à  la  Société  médicale  des 
hôpitaux  la  communication  suivante 
sur  un  cas  d'éclampsie  puerpérale 
traitée  par  le  chloral. 

11  fut  appelé  récemment;  à  sept 
heures,  du  matin  pour  voir  une 
femme  qui,  depuis  la  veille  au  soir  à 
onze  heures,  à  la  suite  de  son  accou- 
chement, avait  eu  de  trente  à  qua- 
rante attaques  d'éclampsie.  Elle  était 
albuminuriquc.  Elle  conservait  du 
trismus  dans  l'intervalle  des  atta- 
ques. Des  inhalations  de  chloro 
forme  furent  faites  dans  Tunique 
but  et  avec  le  seul  résultat  de  vain- 


AGADÉMIQUES 

cre  la  contracture  des  muscles  des 
mâchoires.  Une  potion  contenant 
4  grammes  de  chloral  fut  alors  admi- 
nistrée. Cinq  minutes  après  cette  admi* 
nistration,  l'accouchée  tombait  en  ré- 
solution^  et  un  sommeil  profond  et 
paisible  succédait  aux  attaques  d'é- 
clampsie. Il  dura  jusqu'à  dix  heures 
et  demie.  A  ce  moment  eut  encore 
lieu  un  accès  qui  fut  le  dernier; 
2  autres  grammes  avaient  été  door 
nés  de  sept  heures  à  dix  heures  et 
demie  ;  quelques  autres  doses  fo- 
rent encore  ingérées.  I^a  malade  prit 
10  gramro  s  de  chloral  en  totalité. 
L'éclampsie  a  été  guérie.  L'albumi- 
nurie a  diminue  depuis.  (Séance  du 
23  décembre  1870.) 


VARIÉTÉS 


Oxyipéne  pour  awiialalr  lei  mnllem  il'lidpltiiiiz  (4)  ; 

Par  M.  K.  Rabot,  pharmacien,  secréiaire  général  do  Conseil  d'hji^iène  de  Seloe-el- 

Oise. 

L'assainissement  des  hôpitaux  est  une  des  questions  qui  intéressent  au  plni 
haut  degré  Thygiène  publique,  et  cependant  aucun  traité  ne  renferme  d'indi- 
cations  précises  à  ce  sujet. 

Hes  notions  générales  se  trouvent  partout,  indiquant  l'emploi  d'agents  dés- 
infectants plus  ou  moins  actifs,  plus  ou  moins  énergiques,  mais  qui  toos 
exigent  Tévacuation  des  salles  et  Téloignement  des  malades. 


(i)  Extrait  du  rapport  général  sur  les  travaux  du  Conseil  d'hygiène  de 
Seine-et-Oise,  1870. 


—  377   — 

Ou  puiirraii  dire  silure  que  le  meilleur  mode  de  dé>iHft'cUou  et  d'as^^ainisse- 
ment  esl,  en  réalité,  TabandoD  momentané  de  Ttiôpilal  et  la  réfection  des  en- 
duits des  salles  de  malades. 

Mais  le  plus  souvent  cet  abandon  immédiat,  en  cas  d^alTections  graves,  re- 
vêtant une  forme  épidémiquc,  est  impossible,  sauf  peut-être  à  Paris,  où  la 
multiplicité  des  hôpitaux  permet  une  évacuation  momentanée  de  quelques  ser- 
vices. 

11  est  donc  utile  d'avoir  à  sa  disposition  une  méthode  d'assainissement  pra- 
ticable sans  éloi){ner  les  malades,  et,  à  ce  point  de  vue,  nous  croyons  rendre 
un  véritable  service  à  l'art  de  guérir  et  à  Tliygiëue  des  établissements  hospi- 
taliers, en  faisant  connaître  Tapplication  d'une  méthode  qui,  à  plusieurs  re- 
pribes,  nous  a  donné  des  résultats  rapides  et  Indiscutables. 

Par  suite  de  causes  qu'il  est  inutile  de  relater  ici,  parce  qu^elles  ont  en  par- 
lie  disparu,  grâce  à  nos  conseils,  causes  tenant  à  un  vice  d'organisation  dans 
la  con>tructiou  et  la  destination  des  bâtiments,  l'hôpital  de  Versailles  vil  deux 
fois,  dans  la  première  moitié  de  Tannée  1^68,  trois  salles  affectées  au  service 
de  chirurgie  envahies  par  une  sorte  de  pourriture  d'hôpital,  dont  les  effets  dés- 
astreux ne  tardèrent  pas  à  se  faire  sentir. 

Malgré  tous  les  soins  apportés  aux  pansements,  malgré  les  lavages  fréquents 
à  l'eau  chlorurée,  les  plaies  de  tous  les  blessés  ou  opérés  prenaient  prompte- 
ment  un  aspect  gangreneux  caractéristique.  Les  surfaces  devenaient  ternes, 
grises,  douloureuses  ;  elles  offraient  bientôt  des  excavations  dont  les  bords 
relevés,  taillés  à  pic,  avaient  le  caractère  particulier  â  la  pourriture  d'hôpital 
ni  éreuse. 

Les  plaies  les  plus  légères  prenaient  alors  un  earaclère  de  gravité  inquié- 
tant, et  une  terminaison  fatale  est  venue  plusieurs  fois  justifier  les  tristes  pré- 
visions des  chefs  de  service. 

La  première  invasion  du  mal  eut  lieu  au  mois  de  février,  et  dans  une  saison 
oii  l'hôpital  encombré  ne  permettait  pas  même  l'évacuation  d'une  salle. 

D'ailleurs  le  séjour  des  malades  était  notablement  prolongé  par  l'envahis- 
sement de  cette  gangrène,  qui  sévissait  sur  tous,  et  qui,  d'un  mal  insignifiant, 
faisait  une  affection  dangereuse. 

Le  permanganate  de  potasse,  employé  depuis  un  mois  en  lotions  pour  les 
pansements,  n'avait  donné  aucun  résultat  appréciable,  et  cela,  comme  nous 
l'avions  prévu,  parce  qu'il  modifiait  momentanément  la  surface  ulcérée,  mais 
n'attaquait  pas  la  cause  première. 

Après  une  étude  attentive  des  moyens  employés  jusqu'ici,  de  leurs  résultats, 
de  leur  mode  d'action  et  des  causes  du  fléau  qu'il  fallait  combattre,  nous 
nous  mimes  à  l'œuvre  le  15  février,  et  voici  à  quel  procédé  nous  eûmes  re- 
cours, après  nous  être  assuré,  à  plusieurs  reprises,  par  des  analyses  rigoureu- 
ses, que  c'était  dans  l'atmosphère  confinée  des  salles  qu'il  fallait  détruire  le 
principe  délétère,  et  non  sur  les  surfaces  gangrenées. 

Les  analyses,  en  effet,  y  révélaient  la  présence  de  composés  ammoniacaux 
et  salfurés  qui  ne  se  trouvent  jamais  dans  l'air  confiné,  simplement  vicié  parla 
reapi  ation  d'un  certain  nombre  de  personnes  dans  des  conditions  normales. 

L'examen  des  matières  microscopiques  en  suspension  d.ns  l'air  et  recueil- 
lies dans  une  petite  quantité  d'eau  tant  par  condensation  que  par  cliargetf 
snccesaives  d'air  dans  uQ  flacon  contenant  une  petite  quantité  d'eau  distillée, 


-    .178 

n  permis  de  reconngltre  une  quantité  coiisi(lûrahl<'  de  corps  orjtQDÎaéa,  spores 
de  toute  espace,  dont  1.t  détermination  est  encore  à  faire  (1). 

Divers  essais  nous  décidërent  à  ne  pas  compter  sur  le  permanganate  de  po- 
tasse^  trop  vanté  par  les  praticiens  anglais,  ainsi  que  nous  le  ferons  voir  dans 
une  étude  comparée  des  divers  désinfectants  employés  en  médecine. 

Au  lieu  de  chercher  à  produire  une  oxydation  indirecte  des  principe^  viei^l) 
absorbés  par  les  malad»'s,  nous  eûmes  recours  à  l'oxyîz'ene  lui-même. 

Lf's  trois  salles  (lar.s  I:>^qniils  noii^  o;térioiis  salles  Saii^ile'Sopbie,  Saint- 
Philippe  r>t  SaiiitCômc)  contiennent^  celle-ci  vingt,  les  deux  autres  c^cnse 
trente  lits,  dans  les  temps  ordinaires;  ce  nombre  peut  aller ^  Irente-cinq 
quand  il  y  a  encombrement. 

La  salle  Saint-fftme  cube  environ  1  000  mètres. 

La  salle  Saint-Philippe,  1  500  mëtres. 

La  salle  Sainte-Sopliie  est  de  même  dimension. 

Chaque  soir  nous  fîmes  arriver  dans  chacune  de  ces  salles^  au  moyen  d'un 
tube  de  caoutchouc,  i>artant  d'une  cornue  de  fer  de  grande  dimension,  placée 
en  dehors,  un  vulume  d*oxvgëne  correspondant  au  millième  du  cube  de  la 
salle,  c'est-^-'iiro  1  mette  cub*"  pour  la  salle  Sair.t-CAme,  1  rOO  litres  poar 
chacune  des  deux  antres.  Cette  dose  nous  parut  suffisante  ponr  ne  pas  agir 
trop  vivement  sur  les  voies  respiratoires. 

Le  matin,  les  salles  étaient  ouvertes  et  aérées  comme  d'habitude,  quand  la 
tempéiature  et  l'état  de  Tatmosphëre  le  permettaient;  puis,  aprës  fa  fermeture 
des  fenêtres,  une  pareille  dose  d'oxygëne  était  de  nouveau  introduite  dans 
chaque  salle. 

Après  chaque  séance,  une  fumigation  était  faite  au  moyen  de  quelques  pin- 
cées d'une  poudre  odoriférante  que  l'on  jetait  sur  une  pelle  ronge. 

Cette  poudre  avait  la  composition  des  clous  fumants  du  Codex;  seuleroeni 
le  charbon  y  était  rempl:icé  par  une 'erlaine  proportion  de  cascarille  (Cro/Ofi 
eluifria).  delà  famille  des  euphorbiacées. 

Cette  fumigation,  purement  accessoire,  avait  pour  but  de  remonter  le  nonil 
affecté  des  malades,  en  rendant  perceptible  à  leurs  sens  ce  quMls  ne  compre- 
naient pas,  et  de  masquer  l'odeur  désagréable  et  sut  generis  que  Ton  seutaft 
en  entrant  dans  les  sall'S. 

En  outre,  à  chaque  extrémité  des  salles  et  le  plus  loin  possible  des  lits,  on 
installa  un  bassin  dans  lequel  chaque  jour  on  versait  le  mélange  snitant: 

Peroxyde  de  manganèse,  500  grammes  ;  solution  d'hypocblorite  de  ctaaox, 
5  kilogrammes,  destiné  à  produire  un  léger  dégagement  continn  d^oxygène. 

Voici  maintenant  les  résultats  qui  furent  obtenus  : 

Dès  le  lendemain  matin  du  premier  jour  d'expérience,  les  sœurs,  les  em- 
ployés cl  les  malades  constatèrent  une  diminution  notable  de  l'odeur  mépbi- 
tique  qui  auparavant  rendait  l'entrée  des  salles  très-désagréable,  mène  pour 
les  personnes  habituées. 

Cette  amélioration  devint  sensible  de  jour  en  jour;  les  malades  sceusaient 
un  excellent  sommeil,  moine  de  gêne  dans  la  respiration. 


(1)  Le  voisinage  de  lieux  d'aisances,  sur  l'air  desquels  les  sallet  (aisftieiit 
appel,  et  qui,  malgré  les  lavages  de  chaque  jour,  étaient  dassunét^t  coBStatt 
de  mMpropreté,  contribuait  certainement  à  vicier  ainsi  ratin<^s|^l(ëre4ea.iiiile|' 


—  379  — 

..yn  sf^nilmni  de  fratcbepr  avait  remplacé  la  sensation  si  pénible  do  l'air 
▼icié. 

Enfin,  de  jour  en  jour^  les  plaies  revenaienl  à  l'état  normal  ;  la  suppuration 
s'établissait  francbement,  et  le  travail  de  cicatrisation  s'opérait  dans  d'excel- 
leBles  conditions. 

Le  80  février,  bous  cessâmes  de  nous  occuper  des  salles,  (ont  phénomène 
'morbide  ayant  disparu. 

L#«inôn8fs  (%\i$  se  reproduisirent  deux  iQoi^  après,  pt  ]e  premier  roa|  nous 
eûmes  recours  aux  mènes  moyens  ;  mais  la  saison  plus  humide^  rencombre- 
ment  plus  considérable,  la  crainte  aussi  de  voir  le  mal  se  reproduire,  nous 
engagèrent  à  commuer  plus  longtemps^  et  ce  ne  fut  que  le  ^0  mai,  lorsque  la 
Ifimp^rtilurp  plus  douce  et  Talmosph^re  plus  Fècbe  permirent  d'aérer  large- 
meni,  que  l'emploi  de  notre  méthode  fut  complètement  abandoni^é. 

Gomme  la  première  fois,  les  résultats  heureux  ne  se  firent  pas  attendre^  et 
les  mêmes  symptômes  favorables  fureqt  constatés  chaque  jour,  tant  par  Mr  l^ 
docteur  Ozanne,  chirurgien  en  chef,  que  par  les  autres  médecins  et  chirurgiens 
de  l'hôpital. 

Ces  résultats  nous  on(  semblé  avoir  une  importance  d'autant  plus  grande, 
qye  pas  un  d^  nombreux  malades  qui  encombraient  les  salles  n'a  éppoové, 
pendant  les  deux  périodes  d'assainissement,  un  seul  instant  de  gêne. 

Tous,  ao  contraire,  aocui^aient,  comme  nous  l'avons  dit,  une  sensation  de 
tnXcï^p.w  agréable  et  une  respiration  plus  facile 

Il  nous  paraU  iuqlile  de  chercher  dans  les  différentes  théories  actuelle- 
ment en  usage  une  explication  de  l'action  de  l'oxygène  en  pareil  cas.  Mous 
nç^ voulons  point  élever  de  discussion  sur  la  présence  ou  Tabsence  de  l'ozone, 
C^  qni,  ^  uptre  jivis,  n'avancerait  nullement  la  question,  Yozonv,  dans  bien 
des  cas,  étant  encore  un  agent  problématique 

!fop^9vons,  après  une  étude  approfondie  des  causes  d'infection  et  des  pro- 
cédés dp  désinfection,  été  amené  à  inaugurer  l'emploi  d'une  méthode  facile 
et  éninemmMi  pratique  ;  elle  nous  a  donné  d'excellents  résultats,  et  nous  la 
faisons  connaître  pour  l'utilité  qu^on  peut  en  retirer. 

IliHif  j^yonç  e^  v^^^  troisième  fois  l'occasion  d'y  avoir  recours  dans  un  autre 
^bllss^ent,  et  l'effet  a  été  le  même  que  dans  les  deux  observations  citées 
dans  ce  mémoire. 

Aujourd'hui  que  l'oxygène  est  devenu  un  produit  industriel  et  peut  être 
Hyr|  j|  ins  prix,  |'^pip)oi  peut  en  être  fait  sans  augmentation  de  personnel  et 
pneagne  «gns  frei«.  iRsvufi  médmU.) 


Nécrologie.  —  La  science  vient  de  faire  des  pertes  bien  douloureuses  : 
M.  le  professeur  Longet,  membre  de  l'Académie  des  sciences  et  de  l'Acadé- 
mie de  médecine,  est  mort  subitement  à  Bordeaux,  le  !24  avril  dernier,  dans 
la  maison  de  son  ami  M.  le  profes-eur  Oré.  La  physiologie  doit  surtout  à 
il.  Longet  des  recherches  sur  les  propriétés  et  les  louclions  des  nerfs  et  de 
la  moelle  épinière  ^1841  j  ;  sur  les  fonctions  des  nerfs  et  des  muscles  du  la- 
rynx (1841);  sur  les  fonctions  de  l'épiglolte  et  sur  les  agents  de  l'occlusion  de 
la  glotte  (1841);  sur  llrrilabililé  musculaire  (1841;;  sur  l  action  exf  rcéf  par 
l'IubaUlion  de  l'élher  sulfurique  sur  le  système  nerveux  (1847;.  Enfin  tout  le 
mQn4ç  çBI^^^  ^\  aporécie  sou  ouvrage  sur  Tanaiomie  et  la  physiologie  du 


syâiciiie  ui?rvcu.\  el  son  grand  (railc^  devenu  classique,  de  pliysiologit?.  {Gaz, 
heb'l.) 

M  Payen,  Tillustre  chimislc,  membre  de  riuslUul,  a  élé  frappé  d'apoplexie, 
te  11  mai  dernier,  pendiinl  son  repas,  et  a  succombé  le  lendemain,  âgé  de 
soixante  seize  an^ 

Nous  avons  aussi  à  regretter  la  mort  bien  tualtendue  de  M.  le  docteur  Lié- 
geois, agrégé  de  la  Faculté  de  médecine  de  Paris,  chirurgien  des  hôpitaux^ 
qui,  si  sou  existence  n  eût  été  brisée  si  prématurément^  promettait  de  rendre 
à  notre  science,  des  services  importants 

Enfin,  d  après  ce  qu'où  uous  annonce,  M  le  docteur  Poret.  médecin  de 
l'Asile  d'Auxerre,  vient  de  succomber  à  l'âge  de  soixante  et  un  ans. 


Légion  d'honneur.  —  Nous  n'avons  connu  que  tardivement  les  nominations 
suivantes  (qiti  ont  été  faites  par  décret  du  22  février  dernier)  de  MM.  les 
docteurs  Ulacbez.  Letzrand  du  Sauile,  fierthier,  Prat  et  L*auoix,  médecins 
trailauts  à  rambulance  militaire  des  varioleux  de  Bicétre  (^services  distingués 
pendant  cinq  mois  consécutifs  sous  le  feu  de  l'ennemi). 


Bulletin  de  ^étranger.  —  L'illustre  professeur  Slioda  vient  de  quitter  volon- 
tairement son  enseignement  clinique  à  l'Université  de  Vieune.  à  la  fin  du  se- 
mestre d*hiver.  A  un  âge  où  tant  d'autres  professeurs  se  cramponnent  violem- 
ment à  une  popularité  qui  leur  échappe  —  il  n'a  que  suixante-cinq  ans  ~  il 
a  donné  sa  démission,  sans  autre  motif  que  le  soin  de  sa  réputation,  en  se  fai- 
sant remplacer  par  un  plus  jeune,  M.  le  docteur  Duchek.  Une  grande  ovation 
lui  a  élé  faite  à  ce  sujet  par  les  étudiants,  réunis  au  nombre  de  plus  de  I  700 
pour  lui  présenter  une  adresse  de  remerclments  et  de  regrets  revêtue  de 
3500  signatures. 

«  A  une  époque  oii  la  médecine  reposait  encore  sur  Pempirisme.  disent- 
ils,  et  quand  le  diagnostic  plus  ou  moins  fallacieux  ne  se  basait  encore 
que  sur  des  signes  obscurs,  vous  vous  fîtes  réformateur,  et  votre  logique  la- 
mineuse  et  vos  investigations  infatigables  détruisirent  les  hypothèses  artiii- 
ciehes  et  fondèrent  la  science  sur  une  base  physiologique  inébranlable.  Le 
monde  entier  sait  ce  que  vous  avez  fait  pour  la  science,  mais  ce  que  vous  avei 
fait  pour  vos  nombreux  élèves  est  inconnu  du  public.  La  postérité,  comme  vos 
contemporains,  honorera  votre  nom  comme  un  brillant  exemple  d'une  grande 
et  noble  humanité  et  d'une  intrépide  fermeté  de  caractère.  » 

Ëmu  par  cette  démonstration  sympathique,  le  célèbre  maître,  entouré  de 
ses  collègues  Roliitanslii,  Hebra,  Braùn,  Hyrtl  et  Br&clie,  ne  put  répondre  que 
quelques  mots. 

On  craignait  des  troubles  à  propos  de  celte  manifestation  entre  les  étudiants 
allemands,  qui  voulaient  prendre  le  premier  rang,  et  les  Esclavons,  auxquels 
M.  bkodase  rattache  par  sa  naissance,  et  qui  voulaient  porter  Pétendard  de 
leur  pays  en  opposition  avec  celui  des  Allemands.  Eu  consentant  à  ne  se  parer 
d'un  drapeau  ni  les  uns  ni  les  autres,  tout  8*est  passé  pacifiquement.  Un  des 
élèves  les  plus  constants  el  les  plus  distingués  du  maître,  le  docteur  SchrOtter, 
prépare  ses  leçons  cliniques  pour  une  prochaine  publication.  {Union  mé~ 
dicale.) 


Pour  les  articles  non  signés  :  F.  BRIGHETBA0. 


<-  381  — 
THÉRAPEUTIQUE  MÉDICALE 


Da  traliement  de  la  névralgie  éplleptifforme  % 

Par  M.  le  docteur  Fhancis  E.  Anstib,  médecin  à  rhOpitàl  de  Westmiasier  (i). 

Il  n'est  pas  de  sujet  sur  lequel  Trousseau  ait  répandu  plus  de 
lumière  que  sur  celte  cruelle  espèce  de  névralgie  faciale  à  laquelle 
il  a  donné  le  nom  d^épilepti forme.  Le  tableau  de  cette  maladie  qui 
est  sorti  de  ses  mains  est  merveilleusement  animé,  merveilleuse- 
ment conforme  à  la  nature,  encore  bien  que  tracé  d'une  plume  un 
peu  trop  subtile  ;  et  il  y  a  une  inspiration  juste  dans  cette  vue  qui 
Pa  conduit  à  lui  imposer  cette  dénomination  d'épileptiforme, 
quoique  cette  dénomination  elle-même,  ce  qu'on  ne  saurait  con- 
tester, ne  soit  pas  des  plus  heureuses.  Et  en  effet,  n'est-il  pas  bien 
fâcheux^  par  exemple,  d'induire  les  esprits  ordinaires  à  s'arrêter 
trop  strictement  à  l'aspect  convulsif  de  Taccès  douloureux  plu- 
tôt qu'aux  remarquables  conditions  de  constitution  et  d'hérédité 
qui  distinguent  les  victimes  de  cette  maladie?  Il  est  vrai,  d'un 
autre  côté,  que  le  mot  épileptiforme  peut  servir  à  appeler  l'attention 
sur  la  réelle  et  importante  parenté  qu'il  y  a  entre  l'épilepsie  et  cer- 
taines formes  de  névralgie  faciale. 

Quoi  qu'il  en  soit,  en  ce  qui  concerne  le  traitement,  Trousseau 
me  parait  avoir  fait  l'inverse  de  ce  qui  convient,  par  les  préceptes 
qu'il  a  posés.  Je  parle  ainsi  avec  la  défiance  qu'on  doit  éprouver  en 
critiquant  les  préceptes  d'un  maître  si  éminent,  mais  en  même 
temps  avec  la  fermeté  de  conviction  qui  résulte  de  faits  observés 
incontestables.  Trousseau  décrit^  avec  cette  brillante  éloquence 
qui  lui  est  propre,  l^aspect  tragique  que  présente  à  ses  yeux  la 
malheureuse  victime  atteinte  de  tic  douloureux,  le  peu  d'espoir  qui 
est  permis  au  patient  d'en  obtenir  la  guérison,  et  la  certitude  que 
ce  qu'il  pourra  gagner  de  soulagement  par  les  médications  mises 
en  œuvre  sera  suivi  du  retour  de  toutes  ses  souffrances.  Il  pose 
comme  une  loi  absolue  que  nous  n'avons  rien  de  plus  à  attendre 
qu'un  répit  ou  une  atténuation  temporaire,  puis  il  continue  en 
disant  que  ce  faible  degré  d'amélioration  sera  procuré  par  l'emploi 
de  doses  très-élevées  et  croissantes  d'opium,  mieux  que  par  tout 
autre  moyen. 


(i)  The  Lancêt,  janvier  1869.  j 

TOMB  LXXX.   \U  LIVR.  31 


Je  remarque  que  les  (jivers  ailleurs  nui  sont  venus  depuis  ont 
suivi  le  môme  avis  ;  mais  je  suis  si  foncièrement  convaincu  que  le 
principe  ainsi  posé  est  erroné,  que  je  crois  devoir  protester  ici.  J'en 
vais  donner  mes  raisons  aussi  brièvement  que  possible. 

Que  la  description  qu'a  faite  Trousseau  de  la  névralgie  faciale 
convulsive  comme  d'une  affection  pour  laquelle  il  n'est  pas  d'es- 
poir  de  guérison,  ne  fût^  à  l'époque^  à  peu  près  exacte,  c'est  ce 
qui  ne  peut  être  rais  en  doute.  Evidemment  il  dépeint  une  ma- 
ladie complètement  différente  des  névralgies  plus  bénignes  qui 
peuvent  se  rencontrer  à  toute  époque  de  la  vie,  une  névralgie  qui 
est  rare^  qui  est  restreinte  à  certaines  familles  éminemment  névro- 
pi^thiques,  et  qui,  dans  ces  familles, n'attaque  qu'un  nombre  limité 
d'îndiyidus  qui  ont  dépassé  la  période  d'épanouissement  de  la  vie 
et  sont  entrés  dans  celle  de  la  dégénération  organique.  La  douleur 
est  d'une  effroyable  intensité^  et  il  n'en  est  pas  qui  soit  plus  pénible 
à  supporter  à  cause  de  la  soudaineté  poignante  avec  laquelle  elle 
s'élance  à  travers  le  nerf  afiecté^  à  l'occasion  parfois  d'un  mouve- 
ment musculaire  insignifiant  en  lui-même,  mais  nécessaire,  tel  que 
celui  de  la  mastication. 

Que  de  très-hautes  doses  d'opium  soient  réclamées  pour  exercer 
une  influence  puissante  sur  la  maladie,  si  le  médicament  est  ad- 
ministré par  la  voie  gastrique,  c'est  ce  qui  est  encore  parfaitement 
exact.  Ces  doses  doivent  être  continuées  et  rapidement  accrues, 
avec  cet  effet  inévitable  de  troubler  sérieusement  les  fonctions  de 
digestion  et  d'assimilation.  Et  après  tout  cela,  le  résultat  le  plus 
avantageux  auquel  on  puisse  atteindre,  c'est  que,  pendant  un  petit 
nombre  de  semaines  ou  de  mois,  il  peut  y  avoir  une  diminqtiou 
notable  de  la  violence  de  la  douleur  ;  mais  avec  la  certitude  que, 
plus  tôt  ou  plus  tard,  elle  s0  ravivera  dans  toute  son  intensité,  et 
qu'alors  ni  l'opium  ni  rien  autre  n'aura  le  pouvoir  de  produire  sur 
elle  aucun  effet  sensible.  Et  pour  surcroit,  le  rest^  de  la  vie  chei 
ces  infortunés  malades  est  rendu  plus  misérable  encore,  dans  la 
plupart  des  cas,  par  un  dérangement  total  de  la  digestion  et  par  le 
défaut  de  la  nutrition,  qui  en  est  la  conséquence. 

Maintenant,  je  pense  qu'un  résultat  beaucoup  plus  avantageiUL 
peut  être  obtenu  si  la  maladie  est  traitée  de  bonne  heure,  confor- 
mément à  la  méthode  suivante  :  1°  révulsion  d'un  mode  particu- 
lier; 2°  toniques  nutritifs;  3°  injections  sous-cutanées  de  morphine 
ou  d'atropine,  suivant  les  circonstances. 

La  révulsion,  pour  être  utile  dans  1^  névralgie  faciale  épilepti- 


—  383  — 

forme,  ne  doit  pas  êti^  appliquée  sur  les  branches  de  la  cinquième 
paire  de  nerfs,  mais  sur  celles  ^u  nerf  occipital,  à  la  puque.  Un  vé- 
sicatoire  pose  au  niveau  des  premiers  de  ces  nerfs  est  aussi  sou- 
vent nuisible  qu'avantageux  ;  sur  les  derniers,  il  a  quelquefois 
une  efficacité  remarquable  pour  procurer  du  soulagement.  Ce  sou- 
lagement n'est,  il  est  vrai,  qu'un  répit  de  courte  durée  ;  mais  ce 
répit  n'en  est  pas  moins  un  résultat  de  très-grande  conséquence 
dans  une  si  terrible  maladie^  car  le  simple  fait  de  laisser  continuer 
une  telle  (Couleur  est  lui-même  du  plus  mauvais  augure  qu'i)  est 
possible. 

L'usage  assidu  de  l'huile  de  foie  de  morue,  ou  de  qi^elque  sub- 
stance grasse  pouvant  lui  servir  de  succédané,  devra  être  prescrit 
et  continué  avec  persévérance  depuis  le  début,  et  c'est  là  un  point 
de  la  plus  haute  importance. 

Quant  aux  injections  sous-cutanées,  elles  nous  mettent,  en  ce  qui 
concerne  Temploi  de  Topium  dans  le  tic  douloureux,  dans  une  si- 
tuation tout  à  fait  différente  de  celle  qui  a  été  signalée  plus  haut. 
Rien  ne  saurait  plus  justifier  l'administration  d'énormes  doses 
d'opium  dès  le  commencement  du  mal  ;  il  suffira  de  débuter  par 
UQ  sixième  de  grain  de  morphine  deux  fois  par  jour,  en  augmen- 
tant, s'il  est  nécessaire,  jusqu'à  un  quart  ou  un  demj-grain,  et, 
dans  des  circonstances  rares,  jusqu'à  un  grain  entier. 

Si  ce  médicament  procure,  de  concert  avec  les  autres  moyens 
ci-dessus  indiqués,  une  rémission  notable  de  la  douleur,  on  en  di- 
minuera graduellement  la  4ose  avec  circonspection  et  régularité, 
en  tenant  compte  des  circonstances. 

La  morphine  reste-t-elle  sans  effet,  on  peut  essayer  l'atropine, 
en  commençant  par  des  doses  d'un  soixantième  deg^ain  ;  l'injection 
d'uue  moindre  quantité  serait  probablement  sans  utiljté  dans  le  tic 
douloureux  intense. 

S'il  n'y  a  pas  d'espoir  de  guérison  pour  cette  forme  de  névral- 
gie par  la  méthode  de  Trousseau,  ou  par  toute  autre  qui  aurait 
pour  objet  et  pour  moyen  de  narcotiser  profondément  le  malade, 
la  perspective  est  loin  d'être  aussi  sombre  quand  on  a  recours  à 
l'injection  sous-cutanée,  avec  les  précautions  mentionnées  plus 
haut.  Bien  que  je  ne  puisse  dire  que  j'a^e  js^mais  vu  une  guérison 
positive  et  absolue  d'une  névralgie  faciale,  se  présentant  dans  les 
conditions  qui  ont  été  décrites  comme  propres  à  la  forme  dont  il 
est  ici  question,  il  est  certain  que  l'expérience  de  ceux  qui  ont 
employé  dans  de  grandes  proportions  la  méthode  sous-cutanëe  a 


—  384  — 

prouvé  que  les  attaques  de  cette  maladie,  quand  elles  viennent  à  se 
produire^  peuvent  être  refrénées  et  leur  intensité  grandement  adou- 
cie ;  avec  ce  résultat  général,  que  Tinvasion  d'un  tic  douloureux 
dans  la  dernière  période  de  la  vie,  même  chez  un  malade  dont  les 
antécédents  personnels  et  héréditaires  sont  du  plus  fâcheux  au- 
gure, n'est  plus  la  notification  d'une  misère  à  peine  endurable  et 
qui  ne  devra  avoir  d'autre  terme  que  celui  de  Texistence. 

L'économie  dans  l'emploi  de  l'opium,  qui  résulte  de  Tadminis- 
tration  par  la  voie  hypodermique  au  lieu  de  la  voie  gastrique,  est 
énorme  ;  et  cela  non-seulement  par  rapport  à  chaque  dose  à  em- 
ployer pour  produire  un  effet  donné,  mais  aussi  (ce  qui  est  de  la 
plus  haute  importance  relativement  à  l'intégrité  de  la  digestion 
et  de  la  nutrition  qu'il  est  nécessaire  de  préserver)  par  rapport  à 
la  mesure  qui  doit  présider  à  l'accroissement  des  doses. 

Dans  les  remarques  qui  précèdent^  je  ne  me  suis  occupé  que  des 
méthodes  de  traitement  qui  sont  à  la  portée  de  chaque  praticien. 
Mais  il  est  nécessaire  de  dire  que,  pour  ceux  qui  sont  en  position 
de  pouvoir  se  munir  d'un  appareil  propre  à  fournir  un  courant 
galvanique  constant^  l'espoir  de  réussir,  même  dans  les  cas  en 
apparence  les  plus  désespérés  de  névralgie  faciale  épileptiforme, 
se  trouve  grandement  augmenté.  Je  ne  m'appuie  pas,  pour  juger 
ainsi,  sur  ma  propre  expérience,  qui  est  beaucoup  trop  limitée  ; 
mais  j'affirme  qu'il  est  impossible  à  toute  personne  sincère  d'étu- 
dier attentivement  le  traité  d'électrothérapie  de  Benedikt  sans  ar- 
river à  cette  conclusion,  que  nous  avons  dans  le  courant  constant 
un  agent  capable  de  donner  plus  de  résultats,  dans  les  cas  les  plus 
intenses,  qu'aucun  autre  traitement  par  les  substances  médica- 
menteuses ou  tout  autre  moyen  que  ce  soit.  Un  courant  de  faible 
tension  d'une  pile  Daniell,  appliqué  chaque  jour  en  séances  de  quel- 
ques minutes,  paraît  quelquefois  arrêter  complètement  une  névral- 
gie faciale  du  plus  mauvais  caractère  et  otfrant  au  début  le  pronostic 
le  plus  défavorable.  Nous  pouvons  surtout  concevoir  des  espé- 
rances, à  ce  qu'il  me  semble,  à  l'égard  des  résultats  que  peut  don- 
ner la  galvanisation  du  sympathique,  dans  des  cas  qui,  par  d'autres 
moyens,  ne  permettraient  de  rien  espérer  raisonnablement  au  delà 
d'un  amendement  insignifiant.  Mais,  sur  ce  point,  l'espace  qui^me 
reste  ne  me  permet  pas  de  m'arrêter  longuement,  et  un  exposé 
trop  resserré  de  ce  mode  de  traitement  induirait  probablement  en 
erreur.  Pour  ceux  qui  possèdent  les  connaissances  préliminaires 
requises  sur  l'électricité  et  Télectro-physiologie,  et  en  même  temps 


—  38Ô  — 

les  moyens  de  se  procurer  le  luxe  assez  dispendieux  et  embarras- 
sant d'une  pile  à  courant  constant  réellement  efficace^  je  me 
permettrais  d'insister  sur  la  nécessité  de  se  livrer  à  une  étude  atten- 
tive des  traités  d'Althaus,  de  Remak,  de  Benedikt,  etc.,  sur  rem- 
ploi médical  de  l'électricité.  Ils  y  trouveront  des  faits  qui  arrêteront 
leur  attention  et  les  engageront  dans  une  branche  importante  de  la 
thérapeutique  des  névroses  douloureuses.        Trad.  D'  A.  G. 


De  l'emploi  du  bain  éleelrique  dann  le  tretublemcnl  mcrcurlol 
et  dauM  le  Iremblcmeut  alcoolique  (i)  ; 

Par   M.    le    docteur    Ga mille    Chapot-Duvbrt. 

Avant  de  faire  connaître  la  valeur  thérapeutique  du  bain  élec- 
trique, nous  devons  dire  quelques  mots  de  l'appareil  dont  nous 
nous  sommes  servi.  L'invention  de  cet  appareil  appartient  à 
M.  Potin,  de  Yincennes,  qui  l'installa  à  l'hôpital  Saint-Louis  par 
les  soins  de  M.  le  docteur  Lallier,  médecin  de  cet  hôpital. 

Voici  les  éléments  qui  le  composent  : 

1*  Un  couple  de  Bunsen  moyen  modèle  ; 

^^  Une  bobine,  à  gros  fil  unique,  munie  d'un  régulateur  de 
cuivre  qui  augmente  et  diminue  la  force  de  l'appareil  en  couvrant 
ou  découvrant  une  portion  plus  ou  moins  grande  du  fer  central 
de  la  bobine,  lequel  sert  à  interrompre  le  courant  au  moyen  d'un 
trembleur.  A  chaque  interruption,  V extra-courant  se  répand  dans 
Teau.  Le  pôle  positif^  constitué  par  un  gros  charbon,  correspond 
aux  pieds^  et  le  pôle  négatif^  constitué,  lui^  par  une  plaque  de 
zinc^  correspond  à  l'extrémité  céphalique. 

TREMBLEMENT  MBRCURISL. 

Le  tremblement  est  une  des  manifestations  les  plus  fréquentes 
de  rintoxication  mercurielle.  Sans  présenter  aucune  gravité  pour 
la  vie  du  malade^  ce  tremblement  est  un  accident  fâcheux  pour 
l'ouvrier  qui  est  obligé  de  gagner  sa  vie  chaque  jour  par  son 
travail.  La  marche  de  la  maladie  est  lente^  de  plus  elle  récidive 


(1)  Extrait  de  la  Dissertation  inaugurale  de  M.  le  docteur  Chapot-Davert, 
intitulée  :  De  quelques  applications  de  Nlectricité  à  la  thérapeutique,  (Thèses 
de  Paru,  1870.) 


—  386  — 

AréqUebiment^  si  les  individu^  s'exposent  de  nouveau  aux  mêmes 
influences. 

Le  traitement  employé  contre  le  tremblement  mercuriel  consiste 
dans  les  sudorifiques^  les  bains  de  vapeur,  les  bains  stilfureiiz  ; 
Topium  a  été  aussi  empioyé  ;  mais  le  trailemeiit  alors  à  été  toti- 
jours  etcéssivehlent  long,  souvent  même  la  maladie  h'à  pas  ^té 
modifiée. 

Nous  n'avons  trouvé  nulle  part  aucune  observation  de  tremble- 
ment mercuriel  traité  par  Télectricilé.  M.  Axenfeld,  dans  une  ob- 
servation de  tremblement  publiée  dans  la  Gazette  des  hôpitaux 
du  1*'  mars  1870,  se  contente  de  dire  que  les  bains  électriques 
pourraient  être  un  auxiliaire  thérapeutique  à  utiliser  dans  Tempoi- 
sonnement  mercuriel  en  particulier^  afin  d'aider  à  l'élimination  de 
la  substance  toxique. 

M.  Lallier  ayant  Fait  installer  à  Phôpital  Saint-Louis  l'appareil 
inventé  par  M.  Potin,  tenta  de  traiter  par  Télectricité  les  tremble- 
ments mercuriels,  et  il  obtint  de  très-bons  résultats.  M.  Paul 
voulut  à  son  tour  savoir  quelle  était  la  valeur  thérapeutique  de  ces 
bains  dans  le  tremblement.  Les  observations  que  nous  citons  dé- 
montrent que  Ton  ne  pouvait  désirer  mieux  des  bains  électriques 
dans  le  traitement  de  cette  maladie. 

Obs.  L  —  Elobay,  vingt-six  ans,  miroitier,  est  entré  à  l'hôpital 
Sàint-Louis,  salle  Napoléon,  service  de  M.  Paul,  le  i^jaiivier  1870. 
Cet  homme,  d'une  constitution  robuste^  sans  maladie  antérieure, 
est  à  Paris  depuis  cinq  ans  seulement.  Jusqu'à  vingt  ans  il  s'est 
livré  aux  travaux  des  champs^  et  ce  n'est  qu'en  arrivant  à  Paris 
qu'il  à  commencé  son  métier  d'étameur  de  glaces.  Après  quelques 
mois  de  travail  dans  celte  dernière  profession,  il  fut  pris  de  sto- 
matite ;  ses  gencives  étaient  pâles  et  décolot-ées  ;  il  crachait  beau- 
coup. Ces  accidents  disparurent  après  trois  semaines  de  traitement. 
Il  reprit  son  métier,  et  pendant  deux  ans  il  n'eut  aucune  autre 
manifestation  de  Tintoxication  mëi'curicllé.  Alors,  les  accidents 
qu'il  avait  déjà  eus  du  côté  de  la  bouche  reparurent  peut-être  avec 
plus  d'intensité  que  la  première  fois.  Néanmoins,  un  mois  de 
traitement  suffit  pour  les  faire  disparaître. 

Cet  homme  nous  dit  qu'il  ne  boit  pas  plus  d'un  litre  de  vin  par 
jour,  et  qu'il  ne  prend  aucune  liqueur.  Jamais  non  plus  il  ne  loi 
est  arrivé  de  faire  d'excès. 

Vers  la  fin  de  décembre,  il  commença  par  éprouver  une  grande 
faiblesse  dans  les  membres  ;  il  se  sentait  mal  à  son  aise,  rompu 
comme  s'il  avait  reçu  des  coups.  Cet  état  persista  pendant  huit 
joUrs,  buis  le  tretnblement  survint.  La  main  droite  trembla  deux 
ou  trois  jouis  plus  tôt  que  la  main  gauche.  Le  14  janvier,  iious 
(;o/Ji>latpn;s  que  la  main  droite  tremble  plus  que  la  main  gadbUii. 


-  387  - 

Le  tremblement  a  toujours  été  en  augmentant  depuis  qùiiize 
jours  ;  le  malade  peut  bien  saisir  un  objet,  mais  il  éprouve  beau- 
coup de  difficulté  pour  le  déposer  ;  et  ce  n^est  qu'après  avoir  fait 
exécuter  plusieurs  oscillations  à  sa  main  (jii'il  y  parvient.  Sa  maiii 
droite  tremble  tellement,  qu'il  est  impossible  au  malade  de  s'en 
servir  pour  manger  ;  il  ne  peut  porter  sa  fourchette  à  sa  bouche. 

Les  jambes  n'ont  pas  été  atteintes  dès  Ib  début  do  là  maladie; 
ce  n'est  que  vers  le  8  janvier  que  le  malade  se  sentait  fatigué  lors- 
qu'il commençait  à  marcher  ;  mais,  dans  le  courant  de  la  jour- 
née cette  fatigue  disparaissait,  et  le  malade  ne  s'apercevait  plus  de 
rien  dans  sa  démarche  pendant  le  reste  de  la  journée. 

Mais  depuis  deux  ou  trois  jours  ses  jambes  refusent  de  le  por- 
ter ;  elles  sont  agiténs  d'un  tremblement  considérable  ;  le  malade 
ne  peut  plus  maicher  du  tout.  Il  ressent  des  fourmillements  très- 
incommodes  dans  les  avant-bras  et  les  mollets. 

Depuis  le  8  janvier,  Elobay  ressent  une  douleur  en  ceinture  ;  il 
éprouve  la  sensation  d'une  corde  qui  lui  serrerait  fortement  l'abdo- 
Hien. 

La  sensibihté  est  intacte  aux  membres  supérieurs  et  inférieurs. 
La  cohtraclilité  musculaire  s'exerce  bien  aux  avant-bras  ;  il  serre 
vigoureusement  les  doigts.  De  mêiiie  aux  membres  inférieurs  nous 
ne  constatons  rien  d'anorhial  dans  la  contractilité  des  muscles. 

Le  14  janvier,  Ëlobay  prend  un  bain  électrique  pour  la  première 
fois.  Il  reste  dans  le  bain  vingt  minutes.  Tous  les  jours  il  prend  un 
bain. 

Après  seJDt  bains,  le  nialade  marche  beaucoup  mieux  ;  le  trem- 
blement A  beaucoup  diminué  dans  les  bras.  11  se  sert  de  sa  main 
droite  pour  manger. 

Après  douze  baiiis  l'aoiélioration  est  encore  plus  sensible.  Le 
malade  marche  d'un  pas  assuré  ;  il  court  facilement,  tandis  qu'il 
ne  pouvait  se  tenir  debout  lorsqu'il  est  entré  à  l'hôpital. 

Après  vingt  bains  électriques,  Elobay  demande  à  quitter  l'hôpi- 
tal ;  il  est  parfaitement  guéri,  le  tremblement  a  complètement  dis- 
paru« 

Obs.  II.  —  Libaut  (Théodore),  miroitier,  vingt-cinq. ans. 

Jusqu'à  l'âge  de  huit  ans  il  a  habité  le  Havre,  où  il  travaillait 
sur  le  port.  Il  y  a  sept  ans,  il  est  venu  à  Paris  pour  apprendre  l'état 
de  miroitier  ;  mais  il  n'y  a  que  trois  ans  surtout  qu'il  est  employé  à 
étamer. 

Pour  la  premièie  fois,  en  mars. 4869,  il  comi^iença  h,  éprouver 
les  effets  de  l'intoxication  mercurielle.  Il  s'aperçut  d'abord  que  ses 
bras  et  ses  jambes  perdaient  de  leur  force  ;  puis  ses  bras  commen- 
cèrent à  Iremhler  et  lu  tremblement  arriva  bienlôL  à  lin  tel  degré, 
qu'il  ne  pouvait  presque  plus  se  servir  de  ses  mains.  Ses  jaiubes 
n'éiaienl  atteintes  (\}ïé  d'un  tremblement  léger. 

Ses  gencives  étaient  gonflées  et  le  faisaient  beaucoup  sou!frîi% 
cependant  il  y  avait  peu  de  ptyâlismè  ;  ses  dents  étaiéni  vacil- 
lantes. 


—  388  — 

Il  fut  placé  à  l'asile  de  Yincennes,  où  on  lui  fit  prendre  des  bains 
sulfureux  et  des  bains  de  vapeur.  Il  resta  à  Tasiie  trente  jours, 
puis^  voyant  que  son  Iremblemcnt  ne  diminuait  pas  très-vite^  il 
quitta  riiôpital  pour  reprendre  son  travail.  Il  continua  à  travailler 
jusqu'au  mois  de  novembre.  Mais  alors  le  tremblement^  qui  n'avait 
jamais  cessée  devint  tellement  violent  et  dans  les  bras  et  dans  les 
jambes,  que  le  malade  dut  de  nouveau  suspendre  son  travail. 

A  ce  moment,  ses  gencives  étaient  très-gonflées  ;  il  crachait 
beaucoup. 

Pendant  trois  semaines,  il  se  reposa  chez  lui  où  il  prit  quelques 
bains.  Son  état  ne  s'améliora  pas.  Pendant  le  mois  de  décembre, 
il  rentra  de  nouveau  à  l'atelier;  mais  ne  pouvant  se  servir  que  dif- 
ficilement de  SCS  mains^  il  fut  employé  à  servir  les  autres  ouvriers. 


nouvi 

ficilement,  sa  parole 
un  peu,  il  lui  était  impossible  d'articuler  un  mot.  Il  n'ouvrait  que 
difficilement  les  mâchoires,  qui  étaient  fortement  serrées  Tune  con- 
tre l'autre. 

Il  entra  alors  à  Thôpital  Saint-Antoine  dans  le  service  de 
M.  Guyot,  qui  lui  fit  prendre  des  bains  sulfureux.  Il  y  resta  pen- 
dant tout  le  mois  de  février  et  prit  vingt- cinq  bains  sulfureux. 

Cependant  son  état  ne  s'améliorait  pas.  Il  quitta  Thôpital  Saint- 
Antoine  pour  rentrer  chez  lui,  où  il  est  resté  jusqu'au  25  mars. 

A  cette  époque^  il  est  entré  à  Thôpital  Saint-Louis  dans  le  ser- 
vice de  M.  Bazin ^  qui  lui  fit  prendre  des  bains  sulfureux.  Après 
dix-huit  jours  de  traitement^  M.  Bazin,  voyant  qu'il  ne  pouvait 
obtenir  aucune  amélioration  dans  l'état  de  son  malade,  l'adressa  à 
M.  Paul,  qui  le  reçut  dans  la  salle  Napoléon^  le  14  avril. 

Voici  ce  que  nous  constatons  au  moment  de  son  entrée  : 

C'est  un  homme  d'apparence  chétive  ;  il  est  maigre,  au  teint 
pâle  et  décoloré.  Sa  parole  est  embarrassée,  il  parle  en  traînant. 
Ses  gencives  offrent  peu  d'altération,  elles  sont  complètement  dé- 
colorées. Il  est  vrai  que  notre  malade  ne  travaille  plus  dans  le 
mercure  depuis  plus  de  trois  mois. 

Rien  d'anormal  dans  la  sensibilité^  ni  dans  la  contractilité  des 
muscles. 

Les  membres  supérieurs  sont  agités  d'un  violent  tremblement,  le 
malade  ne  prend  que  difficilement  son  verre  pour  le  porter  à  sa 
bouche.  Ses  jambes  tremblent  également  beaucoup^  il  y  éprouve 
parfois  des  douleurs  assez  fortes. 
^    Il  ne  peut  ni  marcher  ni  se  tenir  debout. 

Le  15  avril,  on  l'envoie  au  bain  électrique,  il  y  reste  vingt  mi- 
nutes. Tous  les  deux  jours  il  prend  un  bain  de  la  même  durée. 

28  avril.  Il  a  pris  cinq  bains,  le  tremblement  a  un  peu  diminué 
dans  la  main,  le  malade  est  plus  maître  de  ses  mouyements.  Uais 
ses  jambes  tremblent  toujours  beaucoup. 

18  mai.  Les  mains  ne  tremblent  presque  plus  après  treisQ  tMÛns. 


—  389  — 

L'amélioration  des  jambes  est  moins  sensible,  elles  sont  faibles  et 
tremblent  toujours. 

10  juin.  Le  malade  marche  maintenant  d'un  pas  assuré,  ses 
mains  ne  tremblent  plus.  Il  a  pris  vingt-six  bains,  il  quitte  Thô- 
pital. 

Obs.  IïL  — Jacquet  (Joseph),  miroitier,  âgé  de  vingt-neuf  ans, 
est  entré  à  l'hôpital  Saint-Louis^  salle  Napoléon,  dans  le  service 
de  M.  Paul,  le  18  janvier  1870. 

Cet  individu,  d'une  santé  habituelle  excellente  et  d'une  sobriété 
exemplaire,  sans  aucune  maladie  antécédente,  est  arrivé  à  Paris 
en  1859  pour  y  exercer  son  état  de  miroitier,  dont  il  avait  appris 
les  premières  notions  dans  son  pays  depuis  Tâge  de  onze  ans. 
Mais  jusque-là  il  n'avait  été  employé  que  comme  dégrossisseur  et 
n'avait  jamais  rien  eu  à  faire  avec  le  mercure.  En  arrivant  à  Paris, 
il  quitte  ce  premier  emploi  et  devient  étameur. 

Pendant  dix  ans  il  n'a  éprouvé  aucun  effet  fâcheux  du  mercure 
qu'il  maniait  pourtant  journellement.  Sa  santé  n'a  jamais  été 
altérée.  C'est  vers  le  20  décembre  1869  que  les  premières  atteintes 
du  mal  se  firent  sentir.  Il  commença  à  s'apercevoir  à  cette  époque 
que  ses  bras  étaient  moins  sûrs  et  moins  forts  que  de  coutume.  Il 
sentait  que  ses  mains  vacillaient.  Il  ne  s'inquiéta  pas  davantage  de 
son  état  et  continua  à  travailler.  Mais  au  bout  de  cinq  ou  six  jours 
ce  vacillement  qu'il  ressentait  d'abord  se  changea  en  un  tremble- 
ment qui  devint  bientôt  lui-même  très- intense,  à  tel  point  que  le 
malade  ne  pouvait  plus  maintenant  se  servir  de  ses  mains  pour 
manger  ;  il  ne  pouvait  rien  approcher  de  sa  bouche. 

Cependant  il  n'avait  encore  rien  ressenti  dans  les  jambes  ;  il 
allait  et  venait  comme  d'habitude.  Mais  le  17  janvier,  lorsqu'il 
voulut  se  lever,  ses  jambes  refusèrent  de  le  porter  et  il  tomba  par 
terre.  Il  n'avait  rien  éprouvé  d'anormal,  ses  jambes  étaient  agitées 
d'un  tremblement  très- violent  que  le  repos  ne  parvenait  même  pas 
à  calmer. 

Pendant  huit  jours  il  dut  garder  le  lit  sans  pouvoir  se  soutenir. 
Cependant,  sans  avoir  subi  aucun  traitement,  il  se  remit  un  peu, 
ses  jambes  redevinrent  un  peu  plus  fortes  et  le  malade  put  se  te- 
nir debout  ;  toutefois  sa  démarche  est  chancelante  et  à  chaque 
instant  il  craint  de  tomber. 

Notre  malade  a  éprouvé  un  phénomène  assez  singulier.  Deux  ou 
trois  jours  après  l'apparition  des  premiers  accidents^  il  lui  était 
impossible  d'ouvrir  la  bouche  ;  les  arcades  dentaires  étaient  for- 
tement resserrées  les  unes  contre  les  autres.  Mais  cet  accident  dis- 
parut spontanément  au  bout  de  quatre  ou  cinq  jours. 

Ce  malade  ne  présente  aucun  autre  phénomène  de  la  cachexie 
mercurielle,  si  ce  n'est  peut-être  un  peu  de  pâleur  du  visage;  les 
gencives  sont  blanches. 

M.  Paul  soumit  d'abord  ce  malade  à  l'influence  des  courants 
continus.  Mais  au  bout  d'une  douzaine  de  séances,  voyant  l'inu- 
tilité de  ce  traitement.  M,  Paul  envoya  le  malade  aux  bains  élec- 


—  390  — 

triques,  tous  les  jours  et  vingt  minutes  chaque  fois.  Âpres  huit 
bains,  un  mieux  sensible  s^était  opéré  dans  Tétat  du  malade,  le 
tremblement  avait  beaucoup  diminué^  et  après  vingt-trois  bains^ 
le  ilialade  sortait,  le  5  mars  1870,  parfaitement  guéri. 

Obs.  IV.  —  Laugier  (Joseph),  vingt-huit  ans,  est  entré  à  Fhô- 
pital  Saint-Louis,  salle  Napoléon^  dans  le  service  de  M.  Paul,  le 
19  février  4870. 

Cet  homme  est  étameur  en  glaces  depuis  quatre  ans  ;  quoique 
soumis  journellement  aux  influences  délétères  du  mercure,  sa 
santé  ne  s'était  altérée  en  rien,  lorsqu'il  y  a  deux  mois  environ 
il  s'aperçut  que  ses  mains  étaient  agitées  d'un  léger  tremblement. 
Néanmoins  il  continua  son  travail,  mais  aussi  il  vit  le  tremblement 
augmenter  assez  rapidement,  et  bientôt  ce  tremblement  devint  si 
intense,  que  le  malade  ne  put  plus  travailler  et  entra  à  Thôpital. 
Cet  homme  nous  dit  qu'il  ne  boit  pas. 

Le  tremblement  des  mains  est  en  effet  très-intense,  à  tel  point 
que  le  malade  est  obligé  de  se  servir  de  ses  deux  mains,  pour  por- 
ter son  verre  à  sa  bouche  ;  les  jambes  ont  été  épargnées,  et  c'est  à 
peine  si  on  aperçoit  un  léger  tremblement,  qui  cependant  eët  évi- 
dent ;  sa  démarche  est  assez  ferme  et  assurée. 

Le  malade  nous  dit  que  depuis  quinze  jours  ses  gencives  sai- 
gnent assez  facilement.  Ses  gencives  sont  en  effet  épaisses,  enflam- 
mées. Le  malade  est  tourmenté  par  un  ptyalisme  assez  abondant. 
Les  dents  sont  déchaussées. 

Laugier  est  soumis  à  l'influence  des  bains  électriques.  Après  seize 
bains,  son  état  s'est  sensiblement  améhoré. 

Mais  il  ne  peut  terminer  son  traitement,  la  santé  de  sa  femme  le 
réclame  chez  lui  et  il  quitte  Phôpital,  non  parfaitement  guéri, 
mais  avec  un  mieux  sensible  datis  son  état. 

Obs.  V.  —  Marie  Marchalier,  quarante-cinq  ans,  ouvrière  en 
peaux  de  lapin. 

D'une  santé  habituelle  excellente,  sans  maladie  antérieure,  cette 
femme  exerce  son  état  d'ouvrière  en  peaux  de  lapin  depuis  trente- 
cinq  ans,  employant  tous  les  jours  le  nitrate  acide  de  mercure. 

Pendant  que  tous  les  autres  ouvriers  de  l'atelier,  ses  camarades, 
subissaient  l'influence  délétère  des  émanations  du  mercure,  elle 
seule  résistait  à  l'intoxication  professionnelle.  Mais  le  14  Dovem- 
bre  1869,  après  avoir  travaillé  toute  la  journée,  au  moment  où 
elle  se  disposait  à  quitter  l'atelier,  elle  fut  prise  d'un  étourdisse- 
ment  et  se  laissa  tomber  par  terre.  Revenue  à  elle  au  bout  de 
quelques  instants,  il  lui  fut  impossible  de  se  tenir  debout;  ses  bras, 
ses  jambes  étaient  agités  d'un  tremblement  violent.  Pendant  un 
mois  elle  se  reposa  chez  elle  ;  mais  voyant  que  son  état  ne  s'amé- 
liorait pas,  elle  entra  à  Saint-Louis,  salle  Saint -Thomas,  service 
de  M.  Paul. 

Nuus  avons  coustaté  alors  les  phénomènes  suivants  :  le  teint  de 
la   malade  ne   [irésentait  rien   d'anuimal,    ses  gencives  étaient 


exemptes  de  toute  altération  adàlogùe  à  la  gingivite  tnercurielle. 
Ses  mains  étaient  agitées  d'un  tremblement  considérable  qui  ren- 
dait la  préhension  des  objets  difficile  et  même  impossible. 

Ses  jambes  tremblaient  également  beaucoup,  la  malade  ne  pou- 
vait ni  marcher  ni  se  tenir  debout. 

La  malade  fui  immédiatement  soignée  par  les  bains  électriques. 
Après  trente  bains  elle  quittait  l'hôpital  parfaitement  guérie,  tout 
tremblement  avait  disparu. 

.  Quelques  jours  après  sa  sortie,  elle  reprit  son  métier  d'apprêteuse 
de  peaux  de  lapin  ;  mais  à  peine  avait-elle  travaillé  quelques  jours, 
qu'elle  fut  reprise  de  tremblement.  Ses  bi'as  et  ses  jambes  trem- 
blaient adtanl  que  là  première  fois.  Elle  rentra  immédiatement 
dans  le  service  de  M.  Paul,  qui  Tenvoya  aux  bains  électriques. 

A  la  date  du  20  juin,  la  malade  a  pris  quatorze  bains,  le  trem- 
blement a  presque  complètement  disparu  ;  ettcorfe  quelques  bains 
et  la  malade  sera  parfailement  guérie. 

Remarque.  —  Dans  un  cas  de  tremblement  mercuriel  traité  pai* 
lès  bains  sulfureux,  M.  Axenfeld  fit  faire  l'âtialyse  des  urines  et 
de  la  salive  du  malade. 

L'élimination  du  mercure  par  ces  deux  liquides  fut  toujours 
constatée.  De  plus,  ayant  fait  placer  le  malade  dans  une  baignoire 
eh  bois  remplie  d'eau  acidulée,  on  mit  en  côhimunication  avec  le 
bain  les  deux  pôles  d'une  série  d'éléments  de  Ûuhsen.  Une  plaque 
de  cuivre  disposée  à  l'un  des  pôles  ne  larda  pas  à  se  couvrir  d'un 
dépôt  de  mercure. 

Nous  avons  voulu  vérifier  ce  fait  de  M.  le  professeur  Axenfeld  ; 
lâ  plaque  de  zinc  du  bain  électriqile  a  été  examinée  par  M.  Lutz, 
professeur  agrégé  deTÈcole  de  médecine  el  pharmacien  en  chef  de 
l'hôpital  Saint-Louis,  et  jamais  on  n'a  pu  y  découvrir  aucune  trace 
de  mercul^e.  Quant  à  l'analyse  des  urines,  elle  fut  faite  par 
M.  Bayard,  interne  eti  pharmacie  du  service,  qui  ne  put  voir  dans 
ce  liquide  aucune  élimination  de  mercure,  bien  que  les  procédés 
qu'il  a  employés  dans  son  analyse  fussent  ceux  dont  s'était  servi 
le  chimiste  de  M.  Axenfeld  et  que  ses  expériences  aient  été  faites 
sous  les  yeux  de  MM.  Lutz  et  Glievallier. 

TREMBLEMENT   ALCOOLIQUE. 

Le  tremblement  alcoolique  a  été  rarement  traité  par  rélcctricité; 
Van  Hoisbeek  déclare  dans  son  Conipendium  d'électricité  médi- 
cale qu'il  a  eu  un  grand  nombre  de  fois  l'occasion  de  constater 
les  bienfaits  de  i'électrothérapie  dans  le  trenibleineat  alcoolique 
en  particulier. 


Quant  àRemak,  il  déclare  en  passant  (p.  431)  que  parfois  il  a 
obtenu  très-rapidement  de  bons  résultats  dans  \e.tremor  potatorum. 

Nous  n'avons  pas  essayé  dans  de  pareils  cas  les  courants  conti- 
nus, avec  lesquels  nous  n'avions  eu  que  peu  de  succès  dans  le  trem- 
blement mercuriel. 

Encouragé  au  contraire  par  les  heureux  résultats  que  nous  avions 
obtenus  avec  les  bains  d'eau  tiède  électrisée  par  le  passage  de  cou- 
rants interrompus,  se  succédant  dans  le  même  sens,  nous  avons 
tenté  le  même  moyen  dans  un  cas  de  tremblement  alcoolique  et 
nous  n'avons  eu  qu'à  nous  en  féliciter^  ainsi  que  le  prouve  Tobser- 
vation  suivante  : 

Obs.  VI.  —  Fontaine  (Eugène),  trente-neuf  ans,  ciseleur,  entre 
h  rhôpital  Saint-Louis,  salle  Napoléon,  dans  le  service  de  M.  le 
docteur  Paul,  le  26  avril  1870. 

Cet  homme,  d'une  apparence  robuste  et  athlétique,  nous  dit 
n'avoir  jamais  été  malade  de  sa  vie,  si  ce  n'est  à  Tâge  de  treize 
ans,  où  il  a  eu  la  fièvre  typhoïde. 

A  quinze  ans,  il  a  commencé  son  état  de  ciseleur,  et  depuis  le 
jour  où  il  a  été  indépendant,  il  a  contracté  l'habitude  de  la  bois- 
son ;  il  a  toujours  bu  beaucoup,  le  matin  surtout  ;  très-souvent  il 
lui  est  arrivé  de  boire  à  lui  seul  2  et  3  litres  de  vin  blanc  à  jeun  ^ 
quelquefois  il  varie,  et  Teau-de-vie  remplace  le  vin  blanc. 

Non  content  de  ses  libations  du  matm,  il  boit  encore  pendant 
ses  repas  au  moins  3  litres  de  vin  rouge. 

Depuis  dix-huit  mois  il  mange  peu,  et  chaque  matin  il  a  des 
vomissements  pituitaires. 

Il  y  a  huit  ans  qu'il  s'est  aperçu  que  ses  mains  tremblaient  un 
peu;  mais  il  a  continué  à  boire  et  à  travailler,  bien  qu'il  dût  ma- 
nier des  outils  assez  petits. 

Pendant  cinq  ans  le  tremblement  n'a  pas  augmenté  ;  mais,  de- 
puis trois  ans,  il  tremble  davantage  ;  ses  jambes  ont  été  atteintes 
depuis  cette  époque,  la  droite  tremble,  la  gauche  tremble  plus  que 
la  droite. 

Malgré  tout,  il  a  continué  à  boire  ;  au  moins  une  fois  par  se- 
maine, il  s'enivrait  et  il  a  remarqué  que  le  lendemain  de  ses  orgies, 
son  tremblement  augmentait  d'une  manière  très-sensible,  à  td 
point  qu'il  s'est  vu  obligé  de  suspendre  son  travail  pendant  deux 
ou  trois  jours. 

C'est  alors  seulement  que  son  état  a  commencé  à  l'inquiéter.  D 
est  entré  à  Thôpital  le  23  avril. 

A  son  entrée  à  l'hôpital,  le  tremblement  est  très^accusé,  et  celui 
des  jambes  est  assez  fort  pour  lui  rendre  la  marche  difficile.  La 
dyspepsie  existe  toujours.  On  ordonne  les  bains  électrisés,  sans 
autre  traitement.  Au  bout  de  sept  bains,  le  tremblement  a  com- 
plètement disparu,  il  est. maître  de  tous  ses  mouvements  et  quitte 
l'hôpital  le  7  mai  parfaitement  guéri. 


—  393  — 
THERAPEUTIQUE  CHIRURGICALE 


AppréelAtiOD  eomparalive  des  divers  moyeoa  de  IraltemeDt 

des  p«eadarlhroae«(i); 

Par  !!•  BiRBKOBR-FiaAuD,  docteur  en  médecine,  docteur  en  chirurgie,   médecin 
principal  de  la  marine,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur*, etc. 

La  longue  étude  que  je  viens  de  faire  des  moyens  de  traitement 
des  pseudarthroses  serait  tout  à  fait  incomplète  si^  maintenant 
que  nous  avons  une  connaissance  suffisante  des  détails  de  la  ques- 
tion, je  ne  cherchais  pas  à  comparer  d'une  manière  synthétique 
les  diverses  méthodes  thérapeutiques,  afin  de  voir  d'abord  celles 
qui  doivent  avoir  la  préférence  d'une  manière  absolue»  en  second 
lieu  celles  qui  méritent  d'être  employées  plus  volontiers  suivant 
telle  ou  telle  condition.  Cette  étude  complémentaire  indispensable 
est  extrêmement  difficile  à  faire,  et  nous  n'avons  quelques  chances 
de  nous  en  tirer  qu'en  redoublant  d'ordre  et  de  méthode. 

Mais,  avant  de  commencer,  présentons,  touchant  la  valeur  com- 
parative des  divers  moyens  de  traitement  des  fractures  non  conso- 
lidées^ les  conclusions  de  l'auteur  qui  jusqu'ici  a  fait  le  travail  le 
plus  étendu  sur  la  question.  Ces  conclusions  vont  pour  ainsi  dire 
nous  familiariser  avec  le  sujet,  qui  réclame  toute  notre  attention. 

M.  Gurlt  a  résumé  {Bandbuch  der  lehre  von  den  Knochenbrû- 
chen,  1862,  p.  726-727)  de  la  manière  suivante  son  opinion  sur 
les  divers  moyens  de  traitement  des   pseudarthroses  : 

V  II  n'y  a  presque  rien  à  attendre  des  moyens  pharmaceutiques 
pour  la  guérison  des  pseudarthroses  ;  mais  à  la  vérité  un  traite- 
ment diététique  peut  contribuer  dans  certaines  circonstances  à  la 
guérison,  et  rendre  quelques  services  par  le  retentissement  local 
qu'il  peut  avoir. 

2®  Il  faut  supprimer  de  l'ordre  des  moyens  locaux  l'application 
d'un  vésicatoire  ou  d'un  caustique  sur  la  peau,  parce  qu'ils  sont 
trop  peu  actifs;  l'électropuncture ^  l'électricité,  la  scarification 
sous-cutanée^  l'acupuncture,  la  ligature  du  cal  fibreux  (ce  que  j'ai 
appelé  récrasement  linéaire),  le  grattage  des  fragments,  la  résec- 
tion avec  fixation  des  os  à  l'aide  de  vis  d'acier^  comme  étant  d'un 


(1)  Extrait  da  livre  de  notre  distingaé  collaborateur,  que  nous  avons  cher- 
ché à  apprécier  dans  notre  fascicule  du  15  mars  dernier. 


—  394  — 

# 

effet  trop  incertain  ;  il  faut  avoir  recours  d^me  manière  très-res- 
treinte  à  la  résection  avec  ses  diverses  modifications,  et  au  séton. 

3°  S'il  s'agit  d'un  retard  dans  la  formation  du  cal,  qui  a  com- 
mencé à  se  solidifier,  mais  n'est  pas  arrivé  encore  au  degré  suf- 
fisant de  fermeté  relativement  au  temps  écoulé,  il  faut  attacher 
une  grande  importance  à  Timmobilisation  de  la  fracture,  en  tenant 
compte  des  dispositions  individuelles  et  locales.  C'est  surtout  par 
un  bandage  solidifiable  que  cette  immobilisation  sera  obtenue.  On 
produira  une  action  vitale  plus  vive  à  l'endroit  de  la  fracture  en 
badigeonnant  au  préalable,  pendant  quelque  temps,  la  surface  cu- 
tanée de  la  région  avec  de  la  teinture  d*iode.  Qn  pourra  faire  ce 
badigeonnage  pendant  que  le  bandage  est  en  place,  si  ce  bandage 
possède  des  fenêtres  ou  a  des  valves  mobiles. 

4°  S'il  existe  une  pseudarthrose  réelle  avec  peu  de  mobilité  et 
sans  dislocation  des  fragments,  il  faut  avoir  recours  au  frotte- 
ment manuel  poussé  jusqu'à  la  production  d'une  réaction  suffisante; 
on  peut  ainsi  faire  la  destruction  sous-cutanée  de  la  masse  fibreuse 
intermédiaire  aux  fragments,  et  on  appliquera  ensuite  un  bandage 
solide.  Si  Ton  n'arrive  pas  au  but  de  cette  p^anière^  on  poi;rrait 
aussi,  après  avoir  comraiencé  toutefois  par  le  frottement,  recourir 
aux  chevilles  d'ivoire  ou  aux  vis  d'acier,  ou  peut-être  aussi  à  la 
perforation  sous -cutanée  des  fragments. 

5<»  Dans  le  cas  de  pseudarthrose  peu  mobile  et  avec  chevauche- 
ment des  fragments,  il  faut^  après  avoir  plongé  le  sujet  dans  le 
sommeil  chloroformique,  faire  le  déchirenqent  sous-cutané  de  la 
masse  fibreuse  internaédiaire.  On  restaurera  ensuite  autant  q^e  pos- 
sible la  longueur  normale  des  membres,  l'on  frottera  ies  surfacesde 
cassure  des  fragments,  et  op  les  ^approchera.  Ce  frottement  est  fait 
dans  le  but  de  produire  le  procès  exsudatif.  Quand  on  aura  fait 
ces  frottements,  on  appliquera  immédiatement  et  pendant  que  la 
narcose  dure  encore,  un  bandage  de  gypse,  afin  de  conserver  la 
longueur  normale  rendue  de  nouveau  au  membre.  Si,  ap^ès  quel- 

3ue  temps,  on  trouvait,  en  défaisant  le  bandage,  que  la  consoli- 
ation  n'a  pas  fait  des  progrès  suffisants,  il  faudrait  recourir  de 
nouveau  à  des  frottements  répétés  pour  produire  une  réaction  éner- 
gique. 

6*»  S'il  se  rencontre  une  articulation  fausse  très-^iobile,  avec 
une  masse  intermédiaire  fibreuse  longue  et  une  atrophie  considé- 
rable des  fragments,  ou  bien  s'il  s'agit  d'un  de  ces  cas  rares  de 
pseudarthrose  dans  lesquels  il  existe  une  articulation  très-parfaite 


—  395  — 

^e  nouvelle  formation,  il  faut  d'abord  rapprocher  les  fragrnents  et 
les  maintenir  en  rappor(  par  une  compression  qui  agit  ddns  la 
direction  de  la  longueur  du  membre  (diaprés  la  méthode  d'Apaes- 
bury);  on  aura  soin  ensuite  de  frotter  les  fragments  à  plusieurs 
reprises  pendant  un  temps  assez  long  pour  la  destruction  de  la 
masse  intermédiaire  empêchant  la  guérison.  Pour  améliorer  l'état 
atrophique  des  fragments,  qui  empêche  tant  la  consolidation,  on 
peut  enfoncer  dans  leur  substance  des  chevilles  d'ivoire  ou  des  vis 
d'acier  ;  on  ferait  peut-être  bien  aussi  de  pratiquer  la  perforation 
sous-cutanée  de^  fragments  ;  on  produira  par  ces  opérations  une 
augmentation  de  volume  des  extrémités  osseuses.  Si  elles  n'ont  pas  • 
fait  obtenir  la  guérison,  on  pourra  tenter  le  déchirement  sous-cu- 
tané de  la  niasse  intermédiaire  avec  une  plus  grande  chance  de 
succès. 

1*"  Sj  ces  moyens  ne  ptiènent  pas  au  but,  ou  si  Ton  a  des  motifs 
pQipr  considérer  comipe  cause  de  la  pseudarthrose,  soit  l'interpo- 
sition d'une  portion  de  muscle  entre  les  fragments,  soit  une  ma-  • 
l{|()iQ  des  os  (par  exemple^  des  échinocoques),  il  fefut  mettre  les 
fj-agnaenjs  à  nu  h^  l'aide  d'une  incision  ;  on  retirera  lefçjîsceau  mus- 
culaire interposé,  et  on  fera  la  cautérisation  des  fragments,  ou  bien 
la  résçction  s'ils  sont  trop  nialades  ;  on  augmentera  les  chances 
dq  la  guérison,  dans  le  plus  grand  nombre  des  cas,  en  ajoutant  à 
cette  résection  la  suture  osseuse.  Si,  dans  les  cas  dont  il  est  ques- 
tion, on  n'employait  que  le  séton  avec  ou  sans  résection  des  os, 
le  succès  serait  très-douteux  :  il  faudrait  dans  tous  les  cas  faire 
l'extraction  des  séquestres,  s'il  en  existait. 

8®  Les  pseudartbroses  qui  existent  dans  le  voisinage  d'une  arti- 
culation sont  inabordables  pour  un  traitement  local  quelconque, 
et  par  conséquent  inguérissables  ;  car,  même  dans  les  conditions 
d'un  succès  facile,  il  faut  rejeter  tout  moyen  qui  expose  à  la  sup- 
puration, quelque  insignifiante  qu'elle  soit,  parce  que  le  danger 
d'une  suppuration  de  l'articulation  est  très-menaçant  ici, 

9°  L'amputation  des  pseudartbroses  est  seulement  admissible 
dans  les  cas  excessivement  rares,  mentionnés  ailleurs  (la  réaction 
exagérée  et  dangereuse  à  la  suite  de  certaines  opérations  pratiquées 
pour  la  cure  de  la  pseudarthrose,  la  gangrène  du  membre, etc.). 

Le  chirurgien  allemand  a  formulé  là  des  conclusions  très-sages 
et  que  nous  partagerons  pour  la  plupart  ;  mais  il  les  a  présentées 
d'une  manière  qui  nous  paraît  trop  brève,  en  même  temps  que 
disposées,  sans  beaucoup  d'ordre,  d'une  façon  qui  ne  se  prête  pas 


—  396  — 

bien  à  Tëtude;  nous  allons  reprendre  la  question  à  un  antre  poin 
de  vue^  afin  d'être  plus  clair  et  plus  méthodique. 

Dans  chaque  chapitre  qui  traite  des  divers  moyens  de  traitement 
des  fractures  non  consolidées,  nous  avons  déjà  fait  pressentir  les 
indications  et  les  contre-indications  de  chacun  d'eux.  Nous  allonst 
maintenant  nous  poser  la  question  d'une  manière  différente  ; 
nous  allons  nous  demander  à  quelle  série  de  moyens  il  faut  re- 
courir, suivant  les  cas^  que  nous  aurons  soin  de  spécifier. 

Quand  le  chirurgien  est  au  lit  du  malade  et  qu'il  se  demande  à 
quelle  méthode  thérapeutique  il  faut  recourir,  s'il  doit  agir  éner« 
giquement,  au  risque  de  faire  courir  de  mauvaises  chances  au  su- 
jet ;  s'il  faut^  au  contraire^  user  des  moyens  de  douceur,  au  risque 
de  ne  pas  obtenir  la  consolidation,  il  doit  chercher  les  raisons  dans 
trois  séries  d'idées. 

V  Le  malade  est*il  dans  des  conditions  de  santé,  de  constitution, 
qui  permettent  d'agir  énergiquement  ou  commandent  la  tempori- 
sation ? 

2®  Le  sujet  est-il  dans  une  position  qui  lui  permette  de  vivre 
avec  son  infirmité^  ou  doit-il^  au  prix  même  de  fâcheuses  chances 
à  courir^  avoir  l'intégrité  de  ses  fonctions  de  mouvement  ? 

3®  La  forme  de  pseudarthrose  que  Ton  a  sous  les  yeux  est-elle 
de  celles  qui  guérissent  facilement  sous  l'influence  de  moyens 
doux,  est-elle  de  celles  qui  réclament  un  traitement  énergique,  ou 
qui  prescrivent  d'une  manière  péremptoire  le  traitement  palliatif  ! 
Nous  avons  là  trois  chapitres  distincts  et  d'une  grande  impor- 
tance à  étudier. 

1®  GoNSmÉRÀTlONS  Tia£ES  DE  l'éTÀT  DB  SANTÉ  OU  DB  HALADIB 

nu  SUJET. 

L'état  de  santé  ou  de  maladie  du  sujet,  sa  constitution,  son  âge^ 
doivent  entrer  en  très-sérieuse  ligne  de  compte  dans  l'esprit  du 
chirurgien  qui  entreprend  la  cure  d'une  pseudarthrose,  ayant  une 
importance  considérable  dans  la  question.  En  effets  supposons,  par 
exemple,  que  Ton  ait  affaire  à  une  femme  grosse  ou  allaitant, 
ne  voudra-t-on  pas  attendre  son  accouchement  oii  le  sevrage  de  son 
enfant  pour  opérer  ?  Si  le  sujet  porteur  de  la  non-consolidation 
est  scorbutique,  tuberculeux,  cancéreux,  le  chirurgien  prendra-t-il 
une  détermination  sans  avoir  tenu  compte  de  l'état  général  ?  As- 
surément non,  et  l'on  voit  donc  que  nous  ne  saurions  passer  cette 


—  397  — 

question  sous  silence,  sans  laisser  une  lacune  énorme  dans  notre 
travail. 

Pour  envisager  tout  ce  qui  est  afférent  à  l'état  général  de  Tindi- 
yidu  sans  avoir  à  craindre  d'oublier  quelque  point  important^  nous 
allons  énumérer  les  diverses  conditions  du  sujet  dans  Tordre  que 
nous  ayons  adopté^  quand  nous  avons  étudié  Tétiologie  des  fractu- 
res non  consolidées.  C'est  ainsi  que  nous  parlerons  successivement 
de  TAge,  du  sexe,  du  régime^  des  influences  morales,  des  maladies 
aiguës  et  des  maladies  chroniques. 

Age.  —  Toutes  choses  égales  d'ailleurs^  la  fracture  non  conso- 
lidée peut  exister  sur  un  enfant,  un  adulte,  un  vieillard,  première 
condition  capable  de  faire  varier  la  détermination  du  chirurgien. 
En  effet,  que  Ton  ait  affaire^  par  exemple,  à  un  très-jeune  enfant 
porteur  d^une.fausse  articulation  de  la  seconde  classe  (pseudarthrose 
flottante,  ou  avec  complète  indépendance  des  fragments)  sans  inter- 
position d'organes  mous,  on  espérera  plus  qu'à  un  autre  âge  la  con- 
solidation^ pouvant^  vu  le  volume  des  parties,  mieux  produire  la 
coaptation  des  fragments  et  leur  avivation  par  le  frottement,  de 
sorte  que  cette  prescription  de  la  résection,  qui  est  absolue  dans  la 
pseudarthrose  de  la  deuxième  classe  chez  l'adulte^  ne  Test  plus  ici. 
ly autre  part,  il  faut  se  souvenir  que  chez  les  enfants  la  vitalité 
des  organes  est  telle,  la  force  de  réparation  est  si  puissante^  que  la 
nature  secondera  avec  une  grande  efficacité  les  tentatives  du  chi- 
rurgien, condition  qui  le  poussera  plus  péremptoirement  dans  k 
voie  des  efforts  de  toute  nature  pour  obtenir  la  consolidation.  Enfin, 
il  ne  faut  pas  oublier  aussi  qu'à  cet  âge  tous  les  organes  se  déve- 
loppent rapidement^  et  que  le  membre  atteint  de  pseudarthrose, 
grossissant  moins  vite  que  les  autres^  il  y  aura  bientôt,  si  Ton  perd 
du  temps,  une  différence  que  rien  ne  pourra  combler  et  qui  sera 
extrêmement  fâcheuse^  on  le  comprend  ;  de  sorte  que  Ton  peut 
dire  hardiment  que  les  pseudarthroses  des  enfants  doivent  être  trai- 
tées plus  rapidement  qu'à  un  autre  âge  et  que  le  chirurgien,  sa- 
chant qu'il  est  puissamment  secondé  dans  ce  moment  par  les  ef- 
forts de  la  nature^  doit  se  décider  plus  facilement  et  plus  vite  à 
parcourir  toute  la  gammé  des  moyens  thérapeutiques,  jusques  et 
y  compris  la  résection^  en  laissant  de  côté  le  traitement  palliatif, 
qui  donnerait  ici  moins  qu'ailleurs  de  bons  résultats. 

Je  n'ai  rien  à  dire  de  l'âge  adulte,  qui  est  la  loi  commune;  et 
pour  finir  ce  qui  a  trait  à  l'âge,  il  faut  dire  que  le  vieillard  étant  dans 
les  conditions  opposées  à  celles  de  Tenfant,  c'est  la  conclusion  op- 

TOME  LXXX.  ii«  UVR.  32 


-    398  — 

« 

posée  qu'il  faut  adopter.  En  ofTet,  ici  le  traitement  palliatif  est  un 
excellent  ilioyen  de  ntainti'nir  le  statu  quo  pendant  le  peu  de  jours 
que  le  sujet  doit  vivre  encore,  et  les  autres  tentatives  quelles  qu'eltos 
soient,  étant  faites  sur  un  organisme  qui  reste  sourd  aux  influen- 
ces thérapeutiques  et  qui  même  semble  profiter  souvent  de  la 
moindre  excuse  pour  engendrer  ou  laisser  naître  une  complication, 
sôtit  absolutnent  contre-indiquées. 

Sexe,  —  Nous  n'avons  guère  à  nous  occuper  du  sexe  qu'à  cause 
de  la  grossesse  et  de  l'allaitement,  car,  en  dehors  de  ces  fonctions, 
l'organisme  féminin  ne  présente  rien  de  particulier  au  point  de 
vue  qui  nous  occupe.  Or^  pendant  la  grossesse  et  Tallaitement,  la 
temporisation  j  c'est-à-dire  les  moyens  palhatifs  sont  formellement 
indiqué8>  tant  pour  la  raison  que  souvent  une  guérison  inespérée 
est  survenue  à  la  cessation  de  la  fonction^  que  pour  la  raison^  aussi 
puissante  au  moins,  qu'il  ne  faut  pas  compromettre  la  vie  de  l'ea- 
fanty  pour  soigner  la  mère  d'une  maladie  qui  n'a  rien  de  bien 
dangereux. 

Régime»  —  La  question  de  régime  de  l'individu  ne  doit  pas  nous 
arrêter  longtemps  après  ce  que  nous  avons  dit  à  rnaintes  reprises. 
En  effet»  lorsque  le  chirurgien  est  en  présence  d'une  pseudarthrose, 
il  doit  se  demander^  entre  autres  questions^  si  Talimentation  du 
sujet  est  ou  non  défectueuse.  Dans  le  cas  d'insuffisance  ou  de  mau- 
vaise direction  de  ce  régime,  il  faut  commencer  par  une  modifica- 
tion de  la  bromatologie  avant  de  rien  tenter  d'énergique  *,  mais  ce 
sont  là  des  mesures  de  prudence  qu'il  suffit  de  signaler  sans  avoir 
besoin  d'en  parler  longuement. 

Influences  morales.  —  Les  influences  morales  dé  l'individu 
doivent  être  prises  en  sérieuse  considération  par  le  chirurgien, 
qui  manquerait  tout  à  fait  d'élévation  de  vue,  s'il  méconnaissait 
cette  cause  dans  nombre  de  fractures  tardant  à  se  consolider.  C'est 
ainsi,  par  exemple,  qu'il  faudra  voir  dans  des  cas  analogues  à 
ceux  du  docteur  Aubin  (sérié  Féntur^  ohs.  6)^  et  plusieurs  aiitres, 
si  quelque  chose  de  l'ordre  moral  ne  doit  pas  être,  fait  avant  toute 
intervention  de  thérapeutique  matérielle  ;  on  pourra  m'objecter 
que  très-certainement  l'influence  morale  ne  fait  rien  pour  la  genèse 
d'une  pseudarthrose  de  la  seconde  classe,  mais  je  répondrai  que 
peut-être  cette  influence  morale  fait  secondairement  quelque  chose 
de  plus  que  ne  pensent  les  sceptiques  pour  la  guérison.  £t^  en  effet, 
je  touche  là  un  point  qui  n'est  pas  spécial  à  la  quesiion  qui  nous 
occupe  aujourd'hui;  mais  ce  point  domine  la  chirurgie  tout  entière 


—  .399  — 

et  à  ce  titre  ne  saurait  être  méconnu.  Dans  toute  intervention  chi- 
rurgicale, rhomme  de  Fart  doit  savoir  inspirer  confiance  et  bon  cou- 
rage à  son  malade  :  il  faut  donc  que  dans  la  thérapeutique  des  pseu- 
darthroses  Topératcur  n'oublie  pas  de  capter  l'esprit  du  blessé  à  ce 
point  de  vue  ;  chose  plus  difficile  peut-être  ici  qu'ailleurs,  car  sou- 
vent le  malade  a  vu  échouer  déjà  maintes  tentatives,  mais  chose 
néanmoins  utile  et  dont  rimportance,  quoiqu'elle  ne  puisse  être 
déterminée  d'une  manière  précise  et  matériellement  pondérable, 
n'en  est  pas  moins  à  prendre  en  très-sérieuse  considération. 

Maladies  aiguës,  —  Les  diverses  maladies  aiguës  ne  peuvent 
intervenir  dans  le  traitement  des  pseudarthroses  qu'à  ce  titre  :  que 
toute  opération  doit  être  renvoyée  à  h  convalescence  pour  deux 
raisons  :  i°  il  est  notoire  qùë  souvent  la  consolidation  des  os  s'ëst 
opérée  à  la  <îonvalesc6nce^  alors  qu'elle  avait  été  nulle  ou  paru  eom- 
promil^e  pendant  la  lùaladie  ;  â<^  il  serait  véritablement  absiirdé 
dé  compliquer  encore,  sans  chance  de  succès^  tm  état  de  maladie 
aiguë  déjà  plus  ou  moins  grave,  et  coiitre-indiquànt  assurément 
toute  tentative  de  quelque  uatute  qu'elle  soit. 

Scorbut  et  syphilis.  —  Lé  scorbut  et  là  syphilis  ëont  déâ  itlà- 
ladies  qUi  doivent  être  fériés  avant  toute  tentative  chirurgicale 
contre  une  fracture  non  consolidée.  Quelle  que  soit  sa  forme,  cette 
brève  prescription  est  si  justifiée  par  tout  ce  que  nous  avons  dit 
jusqu'ici,  qu'il  est  inutile  de  nous  appesantit  davantage  sur  elle. 

Scrofules:,  rachiiismey  goutte  et  cancer.  —  Ndlis  ârrivbiis  éh 
dernière  analyse  à  un  groupe  de  maladies  qui  dôivetit  infldèncêi' 
d'une  manière  considérable  l'esprit  du  chii'iirgien^  et  ces  faialadiës 
86  partagent  en  deux  catégories.  Dans  la  première  se  rangeiii  les 
scrofiiles,  le  Rachitisme  et  la  goutte  ;  daiis  la  setsoridë  noiië  ne  pl^-i* 
eerons  que  le  cancer. 

A.  Dans  les  scrofule^,  le  rachitisme^  la  goutté^  l'étfiit  ^éfiêi'àl 
est  d'abord  à  améliorer  avant  d'intervenir  chirurgicalement  ^  ë( 
souvent  celte  amélioration  peut  tendre  de  grands  service^  ;  titié  fbis 
qu'elle  est  produite^  les  diverses  opérations  peuvent  être  tetitêëà, 
et  qnoiqti'on  doive  espérer  moins  eu  un  bon  résultât  qUe  si  Vbti 
atait  affaire  à  une  excellente  constitution^  oti  peut  tiéàtîDidihâ  peh- 
ser  encore  que  la  consolidation  n'est  pas  imposéible  à  bbtëtiir.  Le 
traitement  palliatif  n'est  donc  indiqué  que,  d'abord  petidàdt  të 
tiraitement  général;  en  second  lieu  c[uedans  le  cas  où  Ton  apprécie 
qUe  les  opérations  sont  inopportunes, 

B.  Dans  le  cancer,  nous  avons  vu,  en  nous  occuçaxv\.d&\ï%SL^<;^- 


—  400  — 

mie  pathologique,  les  raisons  qui  font  que  toute  intertention  chi- 
rurgicale est  inopportune,  et  d'ailleurs  la  vie  du  sujet  est  menacée 
d'une  manière  si  fatale  et  à  une  échéance  si  rapprochée  dans  ce 
cas^  qu'il  est  même  inutile  de  songer  à  un  appareil  de  traitement 
palliatif  bien  compliqué. 

^  Considérations  tirébs  de  li  position  du  sujet  et  des 

circonstances  extérieures. 

La  forme  de  la  pseudarthrose  et  Tétat  de  santé  ou  de  maladie 
de  rindividu  sont  assurément  de  nature  à  faire  pencher  très- for- 
tement la  pensée  du  chirurgien  dans  un  sens  ou  dans  l'autre  ; 
mais  il  y  a  un  troisième  ordre  de  considérations  qu'il  ne  saurait 
méconnaître  et  qui  doivent  aussi  être  discutées  avec  soin  avant  toute 
tentative  thérapeutique^  sous  peine  d'encourir  le  reproche  d'une  dé- 
cision prématurée  :  c'est  la  série  des  conditions  extérieures  du  su* 
jet.  Il  semble  de  prime  abord  que  les  choses  étrangères  à  l'individa 
n*ont  qu'une  très-mince  importance  dans  une  affection  purement 
chirurgicale,  et  cependant  nous  n'aurons  pas  de  peine  à  prouva  le 
contraire^  et  il  nous  suffit,  par  exemple^  de  rappeler  les  faits  que 
rapporte  Larrey  (série  Humérus^  obs.  183,  184,  185).  Dans  ces 
cas,  puisque  les  sujets  pouvaient  remplir  les  fonctions  de  leur  mé- 
tier sans  beaucoup  de  difficultés  grâce  à  un  appareil  palliatif 
simple,  n'eût-il  pas  été  tout  à  fait  hors  de  propos  de  tenter  toute 
opération  capable  de  produire  des  accidents,  et  de  ne  donner,  en  re- 
vanche des  mauvaises  chances  qu'elle  faisait  courir,  qu'une  solidité 
dont  le  blessé  pouvait  à  la  rigueur  se  passer? 

Sous  la  dénomination  de  conditions  extérieures  ,  nous  allons 
étudier  Tinfluence  que  peut  avoir  la  profession,  c'est-à-dire  la  po- 
sition sociale  d'une  part,  les  influences  épidémiques  qui  peuvent 
exister  dans  le  moment  du  traitement  de  la  pseudarthrose  d'antre 
part. 

Profession,  — •  La  position  sociale  du  blessé  exercera  une  grande 
influence  sur  l'esprit  du  chirurgien  quand,  par  exemple,  il  se  trou- 
Tera  en  présence  d'une  pseudarthrose  bien  caractérisée  et  parais- 
sant devoir  résister  aux  moyens  les  plus  bénins  employés  pour  sa 
guérison.  En  effet,  comme  les  diverses  opérations  de  perforation 
sous-cutanée,  d'injections  irritantes,  de  résection,  etc.,  peuvent 
être  la  cause  d'accidents  très-divers,  il  naîtra  telle  circonstance  (A 
il  sera  nécessaire  de  tenter  la  guérison  au  prix  même  de  toutes  les 


—  401  — 

mauvaises  chances;  d'autres^  au  contraire,  où  il  faudra  se  conten- 
ter des  moyens  palliatifs.  Nous  ne  pouvons  envisager  toutes  les 
conditions  dans  cette  étude,  car  les  combinaisons  sont  si  nombreu- 
ses qu'elles  se  muliplient  presque  jusqu'à  Tinfini.  Néanmoins,  nous 
allons  en  présenter  quelques  unes^  et,  après  les  avoir  lues,  il  sera 
facile  au  praticien  d'avoir  des  jalons  pour  juger  lui-même  la  ques* 
tion  telle  qu^elle  peut  se  présenter. 

Etant  donné  une  pseudarthrose  qui  a  résisté  aux  moyens  bénins 
de  traitement^  tels  que  Pimmobilisation  prolongée,  les  irritants 
extérieurs,  le  frottement,  les  aiguilles  même  quelquefois  ;  si  la  fonc- 
tion du  membre  est  assez  conservée  pour  que,  grâce  à  un  appareil 
|)eu  coûteux,  simple  et  facile  à  appliquer,  le  sujet  puisse  remplir 
ses  obligations,  une  opération  exposant  à  des  chances  d'accidents, 
de  suppuration,  d^impotence,  de  mort  même,  est  formellement 
contre-indiquée  ;  cette  formule,  prise  comme  base  d'appréciation, 
peut  déjà  guider  très-sûrement  le  praticien  dans  sa  détermination. 

Si  le  sujet  porteur  de  pseudarthrose  est  privé,  au  contraire,  de 
ses  moyens  d'existence  par  la  non-consolidation  ;  s'il  a  besoin  d'un 
appareil  compliqué  et  se  dérangeant  facilement,  trop  coûteux  pour 
sa  situation  de  fortune  ;  en  un  mot,  s'il  est  dans  une  situation  op- 
posée à  la  précédente  spécification,  l'opération  doit  être  tentée, 
même  alors  qu'elle  exposerait  à  des  accidents  de  diverses  natures. 

N*est-il  pas  rationnel  d'admettre  que  l'homme  de  bureau  ou 
l'ouvrier  qui  peut  travailler  dans  la  position  assise,  n'aura  pas  aussi 
péremptoirement  besoin  d'une  solidité  absolue  du  membre  inférieur 
que  le  matelot,  le  maçon  et,  en  un  mot,  toutes  les  professions  qui 
réclament  une  agilité  réelle  de  locomotion  ?  Le  forgeron,  qui  a 
besoin  de  manier  de  lourds  marteaux,  peut  continuer  à  gagner  son 
pain  avec  une  pseudarthrose  du  membre  inférieur^  tandis  que  le 
facteur,  le  commissionnaire,  le  surveillant  peuvent  se  passer  de  la 
solidité  d'un  membre  thoracique. 

Dans  quelques  circonstances,  l'ouvrier  estropié  peut  changer  de 
profession  sans  grand  inconvénient,  d'autres  fois  la  perte  de  son 
travail  habituel  le  condamne  à  la  misère.  On  voit  là  d'une  part  la 
contre-indication,  d'autre  part  l'indication  absoluerd 'une opération,' 
quelque  graves  que  puissent  en  être  les  conséquences. 

Les  combinaisons  sont  donc  pour  ainsi  dire  infînies,  et  il  serait 
impossible  de  les  prévoir  toutes.  Dans  ce  moment,  il  aura  suffi, 
comme  je  le  disais  tantôt,  d'avoir  montré  quelques  jalons  pour  que 
le  praticien  puisse  à  son  tourdéterminerau  lit  du  malade  la  somme 


—  402  — 

de  raisons  qui  existent  pour  ou  contre  telle  ou  telle  manière  de 
faire  ;  rappelons  seulement  que  cette  question  est  extrêmement 
ardue,  car  elle  touche  par  plusieurs  points  à  ce  grave  débat  des 
opérations  obligatoires  et  des  opérations  de  complaisance^  qui  est, 
il  faut  en  convenir^  un  des  sujets  les  plus  difficiles  et  les  plus  com- 
plexes en  chirurgie. 

Etat  sanitaire  extérieur.  —  Ce  point  est  infiniment  moins  ira- 
portant^  et  il  suffit  de  dire  d'un  mot  que  les  pseudarthroses  rentrent 
dans  la  loi  commune  des  affections  chirurgicales,  et  qu'à  ce  titre 
elles  commandent  de  ne  faire  une  opération  sanglante  que  dans 
telles  conditions  de  l'atmosphère,  dans  telle  salle  ou  tel  hôpital^  etc., 

pour  n'avoir  rien  à  dire  de  plus. 

f 

3*"  G0N8IPÉBATIQN9  TIP^BS  |)|S  \X   FORMÇ  pSS  PSPODAUTWOSES. 

Nous  allons  suivre  la  marche  qui  nous  est  familière  et  qui 
partage  les  variétés  anatpniiques  des  fractures  non  consolidées 
en  cinq  classes  distinctes^  ayant  chacune  ses  caractères  bien  par- 
ticuliers. 

A.  Première  classe.  —  Retard  dar\s  la  consolidation,  —  La 
fracture  non  consolidée  simple  ou  de  la  prenaière  classe  ne  réclame 
lout  d'abord  que  les  moyens  de  traitement  les  plus  doux  :  ce  n*est, 
pour  commencer,  que  l'immobilité  prolongée  avec  ou  sans  corn- 
pression  d^s  fra^ji^^nts.  Les  appareils  qui  permettent  la  coaptation 
et  l'immobilité,  en  même  temps  qu'ils  laissent  la  plus  grande  par- 
tiç  (je  l^  pg^u  exposée  à  Tair^  sipnt  particulièrement  conseillés  daps 

çe^  cas,  ei  nou^  YPJPps  ^  ?^!^f^^^^  i^^  R^^^4H^  ^^^^  ^TuR^H^?*^  ^ 
excitants  et  irritants  extérieurs,  qui  sont,  en  première  ligne,  (es 

embrocations  alcoolique^,  {es  frjctiQns  légèrenieqt  irritantes  ;   puis 

les  irritations  très-superficielles,  rubéfaction,  vésication  et  cautién- 

satjon  à  la  teinture  d'iode. 

Mais  il  ne  faut  pas  oublier  de  spécifier  que.  dans  les  cas  qui  pous 

r  r       .     I.-       I.      ^v  •J'f     ••    •    -f         ■  -ri      f  I  ■  *        1     7i;t, 

occupent,  1^  chirurgien  doit  chercher  avec  lé  plus  grand  soin  à 
déterminer  quelle  est  la  cause  du  retard  dans  la  consolidation  ;  car, 
à  côté  de  ces  moyens  locaux  tout  à  fait  secondaires,  il  sera  le  plus 
souvent  indiqué  d'empjoyer  tel  agpt  de  traitenien^  général  qui 
fera  infiniment  plus  pour  la  ^uérison,  et  notons^  avec  la  plus 
grande  insistance,  que  cette  inlervention  des  agents  thérapeuti(|ues 
médicaux  est  d^inc  importance  capitale  ici,  et  que  leur  oubli  est 
le  secret  d'une  infinité  d'insuccès. 

Lorsque  les  moyens  si  bénins  et  si  secondaires  de  l'immobilisa- 


-m- 

tion  prolongée,  avec  oji  sans  compression  et  excilalion  ou  jrrjta- 
tion  cutanée,  n^onl  pas  amené  la  consolidation,  ef  que  tout  traite^ 
ment  général ,  qui  a  pu  paraître  indiaué,  est  terminé  et  n^a 
manifestement  pas  produit  la  consolidation,  le  chirurgien  est  auto- 
risé à  songer  à  des  moyens  plus  énergiques  ;  et  parpii  eux  i^n  des 
premiers  à  mettre  en  œuvre  est,  ie  crois,  la  punctiire  et  Téloctro- 
puncture,  à  l'aide  desquels  on  peut  donner  a  la  région  le  degré 
d'excitation  circulatoire  que  Ton  désire.  Il  me  i^einble  que,  lorsque 
le  diagnostic  est  bien  assuré,  et  que  d'autre  part  telles  conditions 
générales  défavorables  ont  été  parfaitement  amendées  par  un  trai- 
tement général,  l'immobilité  et  Télectro-puncture  doivent  venir  à 
bout  de  cette  lenteur  de  la  consolidation. 

Lorsque,  malgré  ces  moyens  variés,  le  cal  ne  peut  acquérir  la 
solidité  suffisante  pour  les  fonctions  du  membre,  il  m'est  avis 
que  le  moment  est  venu  de  recourir  au  frottement,  qui  sera  d'abord 
pratiqué  par  la  main  du  chirurgien,  et  ensuite,  en  cas  d'insuccès 
de  ces  premières  tentatives,  soit  par  l'application  d'un  appareil 
spécial  de  traitement  palliatif  :  c'est  du  frottement  automatique  de 
Hunter  que  je  veux  pailer  ici,  et  je  rappellerai  qu^il  a  donné  d'ex- 
cellents résultats  dans  les  mains  habiles  de  M.  Léon  Le  Fort. 

Je  ne  prescris  le  frottement  direct  et  automatique  qu'en  dernière 
analyse  et  en  cas  d'impuissance  avérée  des  autres  moyens  précé- 
demment indiqués,  parce  que  le  frottement,  tout  bénin  qu'il  est, 
n'a  pas  l'innocuité  des  moyens  précédents,  et  je  dois  dire' ici  toute 
ma  pensée  :  Je  le  conseille,  en  fin  de  conipte,  pensant  (pi'il  va 
faire  sortir  dans  tous  les  cas  le  sujet  de  cet  état  d'atlente'passive 
d'une  consolidation.  En  effet,  ou  bien  il  produira  une  excitation 
circulatoire  favorable  à  la  consolidation  ;  ou  bien,  au  contraire,  il 

« 

transformera  la  forme  actuelle  en  pseudarthrose  fibreuse  simple 
(troisième  classe),  et  alors  l'affection  ayant  gagné  en  gravité,  pour 
ainsi  dire,  justifiera  l'emploi  de  moyens  plus  énergiques  et  plus 
capables  ainsi  de  rendre  la  solidité  à  Tos  de  la  région. 

Les  autres  agents  de  traitement  des  pseudarlhroses  ne  sont  pas 
indiqués  dans  la  première  classe  de  non  consolidation  qui  nous 
occupe  actuellement,  pour  la  raison  qu'ils  sont  trop  violents  et 
exposent  le  sujet  à  des  accidents  que  la  gravité  de  la  maladie  ne 
justifie  pas.  D'ailleurs,  il  faut  reconnaître  que  le  frottement,  qui 
est  pratiqué  en  dernière  analyse,  guérit  ou  transforme  le  retard  de 
la  consolidation  et  par  conséquent  rend  les  autres  moyens  inutiles, 
c'est-à-dire  les  contre-indique. 


—  404  — 

B.  Deuxièmb  classe.  —  Pseudarthrose  flottante.  —  Dans  cette 
classe,  il  faut  établir  une  subdivision  suivant  :  A.  que  les  fragments 
sont  séparés  par  une  masse  musculaire  ou  autre  ;  ou  bien  B.  qu'ils 
peuvent  être  mis  au  contact  immédiat. 

A.  Lorsque  les  fragments  sont  séparés  par  une  portion  de  par- 
ties molles^  le  traitement  palliatif  ou  la  résection  sont  les  seuls 
moyens  à  mettre  en  œuvre  ;  en  effet,  ou  bien  on  se  résout  à  rester 
dans  le  statu  quo,  et  à  laisser  le  blessé  avec  son  infirmité,  et  alors 
on  emploie  un  appareil  approprié  ;  ou  bien  on  veut  ramener  la  so- 
lidité entre  les  os,  et  alors  il  faut  d^abord  enlever  la  cloison  acci- 
dentelle, puis  placer  les  fragments  avivés  en  contact  immédiat  et 
solide. 

B.  Lorsque  les  fragments  ne  sont  pas  séparés  par  des  parties 
molles,  le  chirurgien  peut  choisir  entre:  1^  le  traitement  palliatif; 
2*  le  frottement  ;  3"  les  irritants  intérieurs  ;  4"  la  résection.  Met- 
tons  le  traitement  palliatif  hors  de  cause^  car  nous  n^avons  pas  à 
déterminer  actuellement  s'il  doit  ou  non  avoir  la  préférence.  Res- 
tent donc  en  présence  :  le  frottement,  les  irritants  intérieurs  et  la 
résection.  Or,  si  les  fragments  sont  difûcilement  amenés  au  con- 
tact^ s'ils  sont  de  forme  conique,  effilée^  il  est  inutile  de  songer 
aux  deux  premiers  moyens,  la  résection  peut  seule  être  mise  en 
œuvre  pour  amener  la  consolidation.  Si,  au  contraire»  les  fragments 
peuvent  seulement  être  mis  au  contact,  sUls  présentent  de  larges 
surfaces  se  correspondant  bien  exactement  y  on  peut  essayer  le 
frottement  d'abord^  puis  les  perforations  osseuses  sous-cutanées 
(méthode  de  Brainard)^  pour  remettre  les  extrémités  des  fragments 
dans  Tétat  d'irritation  qui  les  dispose  à  l'agglutination,  seulement 
on  comprend  que  cette  avivation  des  fragments  est  difficile  à  pro- 
duire par  ces  moyens  d'une  manière  régulière  et  dans  le  degré 
voulu,  sans  rester  trop  en  arrière  ou  le  dépasser,  de  sorte  qu'on 
remploiera  comme  méthode  de  prudence,  et  je  crains  que^  bien 
souvent,  on  ne  soit  obligé,  vu  leur  insuffisance,  de  recourir  à  la 
résection^  qui  est  infiniment  plus  grave,  mais  aussi  infiniment 
plus  efficace. 

C.  Troisième  classe.  —  Pseudarthrose  fibreuse  simple» — La 
troisième  classe  de  pseudarthrose  doit  ici,  comme  toujours,  se 
partager  en  deux  catégories,  suivant  :  A.  que  les  fragments  peu- 
vent facilement  être  mis  au  contact  immédiat  ;  B.  qu'un  os  voisin 
ou  une  jetée  osseuse  accidentelle  empêche  ce  rapprochement. 


—  405  — 

Dans  ce  dernier  cas  on  comprend^  sans  que  nous  ayons  besoin 
de  le  dire  bien  longuement^  que  toute  opération  tentée^  si  elle  ne 
commence  pas  par  enlever  ^obstacle  mécanique  au  rapprochement 
des  fragments,  sera  a&olument  inutile,  de  sorte  que  l'on  n'a  qu'à 
choisir  entre  le  traitement  palliatif  et  la  résection,  sans  pouvoir 
songer  un  moment  à  voir  réussir  tel  autre  moyen  qu'on  voudrait 
employer. 

Dans  Tautre  catégorie,  c'est-à-dire  dans  les  cas  où  les  fragments 
peuvent  être  rapprochés,  la  situation  est  toute  différente,  et  on  peut 
dire  que  Ton  est  alors  en  présence  de  la  forme  de  la  pseudarlhrose 
la  plus  facile  à  guérir,  après  la  première  classe.  Enumérons  les  di- 
vers moyens  de  traitement  qu'on  peut  chercher  à  mettre  en  pra~ 
tique  : 

1®  L'immobilité  prolongée,  avec  ou  sans  compression  des  frag- 
ments, ne  peut,  dans  la  grande  majorité  des  cas,  être  considérée 
que  comme  un  adjuvant  qui  doublera  l'efficacité  des  autres  ;  em- 
ployée seule,  elle  serait  ou  bien  insuffisante  ou  au  moins  trop  lente 
à  agir^  de  sorte  qu'il  ne  faut  y  recourir  que  pendant  que  l'on  em- 
ploie des  moyens  plus  énergiques  ; 

^  Même  chose  à  dire  pour  les  irritants  extérieurs,  qui  sont  en- 
core- moins  énergiques  que  le  précédent,  dans  le  cas  qui  nous  oc- 
cupe ; 

3®  Le  frottement  se  présente  alors  comme  l'agent  indiqué  de 
préférence  aux  autres  tout  d'abord,  et  j'estime  que  c'est  par  lui 
qu'il  faut  commencer  ;  ce  n'est  que  quand  il  a  été  manifestement 
inutile  ou  qu'il  n'a  pu  ramener  la  consolidation  complète,  qu'on 
songera  à  un  autre  moyen  thérapeutique  ; 

4®  Quand  le  frottement  a  été  inutile  ou  insuffisant^  les  irritants  - 
intérieurs  se  présentent  alors  à  l'esprit  du  chirurgien^  et^  parmi 
eux,  je  voudrais  recourir  de  préférence  :  A.  aux  aiguilles  avec 
électro-puncture;  B.  aux  injections  irritantes  sous-cutanées  ;  C.  aux 
perforations  sous-cutanées  de  Brainard.  La  première  catégorie 
des  irritants  intérieurs  me  paraissant  la  plus  bénigne^  c'est  sur  elle 
que  j'insisterais  avant  de  recourir  au  séton  et  à  l'écrasement  li- 
néaire du  cal^  qui  font  subir  aux  tissus  une  agression  infiniment 
plus  violente  et  par  conséquent  infiniment  plus  dangereuse. 

Il  est  bien  entendu  que  dans  les  cas  où  Ton  recourt  au  séton,  il  ne 
faut  pas  prolonger  le  séjour  du  corps  étranger  pendant  longtemps. 
Quant  à  implantation  des  corps  étrangers  dans  les  fragments  (mé- 
thode de  Dieffenbach),  je  suis  d'avis  de  n'y  pas  recourir,  estimant 


—  406 


■/• 


que  le  danger  que  l'on  fait  courir  au  malade  n'est  pas  compensé 
par  les  chances  de  guéri  son  que  donne  le  moyen  ; 

5®  C'est  en  fin  de  conipte  que  se  présente  la  résection,  et/ comme 
j*aî  eu  Toccasion  de  le  dire  et  de  le  répéter,  ce  n'est  qu'après  avoir 
bien  pesé  dans  son  esprit  le  pour  et  le  contre  qu'on  se  décidera  à 
y  recourir.  Dans  le  cas  où  l^on  emploie  la  résection,  je  crois  que 
l'on  doit  préférer  la  section  des  deux  fragments  ou  leur  grattage  ; 
dans  tous  les  cas,  on  doublera  la  résection  de  la  suture  ou  de  la  li- 
Çature  des  fragments,  pour  en  assurer  le  succès. 

D.  Quatrième  classe.  —  Pseudarihrose  ostéophy tique,  —  Dans 
cette  classe  de  pseudarthroses,  il  y  a  une  distinction  à  établir  :  A.  les 
extrémités  osseuses  sont  encore  malades  ;  B.  les  extrémités  osseu- 
ses sont  actuellement  bien  guéries. 

A.  8i  les  extrémités  osseuses  sont  malades^  c'est  au  traitement 
médical  qu'il  faut  recourir  tout  d'abord,  si  l'on  peut  penser  que 
cette  maladie  des  fragments  est  entretenue  par  une  affection  diathé- 
sique.  Lorsque  tous  les  doutes  de  ce  côté  sont  effacés,  c'est  l'immo- 
bilisation prolongée  et  les  irritants  extérieurs  qui  doivent  constituer 
le  traitement  ;  on  peut  ajouter  à  ces  irritants  extérieurs  des  inci- 
sions de  cootre-ouvertures,  le  drainage,  des  injections  dëtersives^ 
excitantes,  antiseptiques  à  travers  les  fistules^  pour  modifier  leâ 
surfaces  osseuses  ;  mais  remarquons  que  ces  moyens  habituera 
la  thérapeutique  des  lésions  vitales  des  os  ne  peuvent  ici  âtre  con- 
sidérés comme  Ips  agents  de  la  quatrième  catégorie^  ks  irritants 
intérieurs. 

C'est  donc  à  l'immobilité  prolongée  et  aux  irritants  externes  que 
l'ont  recourt  dans  le  cas  qui  nous  occupe,  et  si  la  guérison  n^est 
pas  obtenue  ainsi,  c'est  à  la  résection  qu*il  faut  recourir,  d&ns  le 
£as  oi|  l'on  veut  employer  un  nioyen  de  traitement  chirurgical  réel- 
lement capable  de  guérir  le  sujet.  Les  irritants  intérieurs^  aiguilles, 
cautérisation^  séton^  etc.,  etc.,  comme  le  frottement,  sontpomplé- 
tement  et  absolument  contre-indiqués,  ne  pouvant  que  surirriter 
intempestivement  les  os  déjà  malades,  au  lieu  de  (aire  quelque 
chose  d'efBcace. 

B.  Si  les  extréipités  osseuses  sont  actuellement  guéries  et 
redevenues  biçn  saines,  l'immobilité  prplongée,  puis  le  frottement, 
les  irritants  intérieurs,  sont  les  moyens  qui  sont  successivement 
mis  en  œuvre,  suivant  les  cas,  comme  s'il  s-agissait  d'une  pseu- 
darthrose  fi))reusc  simple  ;  ^eulemepl  reconnaissons  qu'il  est  pos- 


—  407  — 

sible  souvent  que  les  ostéophytes  soient  disposés  de  telle  sorte 
qu'ils  empêchent  un  contact  assez  étendu  des  fragments^  et  que  les 
chances  de  succès  de  ces  moyens  secondaires  sont  beaucoup  moins 
nombrpses,  de  sorte  que,  quoiau'il  faille  d'abord  \es  employer, 
il  faut  avoir  aussi  l'esprit  tourné  vers  la  résection  y  qui  est  un 
moyen  infiniment  plus  dangereux,  il  est  vrai,  mais  aussi  infini7 
ment  plus  capable  de  produire  la  consolidation. 

E.  Cinquième  classe.  —  Fibro-synQvwk-  —  tes  psjfsud^- 
Ibrose^  dans  lesquelles  il  ej\^\&  une  membrane  syqpvi^le  fie  Qpu- 
v^lle  formation,  succédapt  çqit^unq  pseudartbrpse  fit^reuse  simple, 
soit  à  upe  pseudartbrq^e  ostéophytiqMfi  ,  dojjffpt  r<?cl4ippf  les 
moyens  qui  réussissent  d^ni;  ces  deux  cUss^9«  ^t  il  f^ut  les  r^ngçr 
dans  trois  catégories  :  i»  cplle^}  dopt  le^  fragroients  sopt  s^in3  ^t 
peuvent  être  rapprochés  ;  2^  celles  dont  les  fragipents  9PPt  ma- 
lades ;  3*^  celles  dont  les  fragments  n^  peuvent  être  mis  ep  con- 
tact. 

A.  Paps  )a  prepiièrç  c$itégorie^  l-iipppbilité  prplongée,  ayec  Qp 
sap9  çpmpres^iop,  pourrait  %%\v  e(fic(^ceinent^  fpais  elje  p;*ep(]r^jt 
trop  de  tqrnps,  «{e  sorte  qu'e)le  doit  ^tr^  reléguée  au  titre  d^  mpyen 
adjuvant.  Lçs  irrit$Lnt$  çxtérieprs  sont  (rès-jnutijes  p^r  leur  jm- 

puissjmQe;  le  froftemeptet  quelques  irritante  intôriewrs  (^guille?, 

cftuférjpîitiqn)  soptle^  mpyep^  k  meUre  ep  œuvre.  Pe  n'est  qp'après 
qpe  Iqpr  imp^ii^^anc^  est  abi^plupient  dérppPtr^e^  Qpe  la  résectipp 
doit  se  présenter  à  l'esprit  dp  chirurgien. 

B.  fiâDs  la  seconde  c^tégorie^  c'est-i-dir^  si  leti  fragment»  3Qpt 
malades,  il  n'y  a  qu'à  attendre. leur  gpéri^op  en  employant  l'immp- 
bilité  et  les  irritants  extérieurs.  Lorsque  leur  impuissance  est  ma- 
nifeste, I  i4ée  de  la  résection  ^era  débattue. 

G.  Dans  la  troisième  catégorip,  c'e^^t-à-dire  si  les  {ragments  ne 
peuvent  être  rapprochés^  le  frottenaent,  U^  aiguilles  et  les  injections 
irritantes  devront  êtrç  essayées,  suns  gr^nd  espoir  de  réussite»  et 
ridée  de  la  résection  «e  présentera  aussitôt  ^près,  car,  si  on  ne  veut 
pas  se  contenter  du  traitement  palliatif,  c'est  ejle  qui  seple  pept 
donner  des  chances  d'une  popsolidation  satisfaisante* 

Cette  appréciation  comparative  des  moyens  de  traitement  des 
pseudarthroses^  bien  quMlant  le  résumé  aussi  court  que  possible 
du  grand  chapitre  que  nous  venons  d'étudier,  est  encore  tellement 


—  408  — 

longue  que  nous  avons  besoin  de  condenser  ici  nos  conclusions 
d'une  manière  plus  brève^  et,  d'ailleurs^  nous  suivons  en  cela  une 
marcbe  qui  n'est  peut-être  pastrès-ëlëgante,  faisant  revenir  plusieurs 
fois  sur  le  même  sujets  mais  qui  me  parait  éminemment  utile  dans 
une  œuvre  pratique,  puisqu'elle  procède  par  éliminations  et  con^ 
densations  successives,  permettant  de  dire  en  fin  de  compte^  en 
quelques  mots  et  d'une  manière  générale,  tout  ce  qu'une  longue 
étude  a  enseigné  en  détail. 

Le  chirurgien  qui  est  en  présence  d'une  fracture  non  consolidée 
doit  s'inspirer  de  trois  ordres  de  considérations  :  A.  Tétat  physio- 
logique ou  morbide  de  l'individu  ;  B.  sa  position  sociale  ;  C.  enfin 
la  forme  de  la  non-consolidation  ;  et  je  crois  que  c'est  en  suivant 
cette  marche  rationnelle  qu'il  aura  le  plus  de  chances  d'arriver  sa- 
gement au  but. 

A.  Première  série.  —  La  pseudarthrose  est-elle  chez  un  enfant? 
la  guérison  doit  être  cherchée  plus  énergiquement  au  besoin,  ayant- 
pour  auxiliaire  une  nature  bien  disposée,  un  plus  bel  enjeu  dans 
la  réussite^  etc.,  etc.;  chez  un  vieillard,  au  contraire,  le  traitement 
palliatif  est  signalé  par  la  raison  ;  la  grossesse,  la  lactation^  doi- 
vent faire  attendre  ;  les  maladies  diathésiques  guérissables  aussi  ; 
celles  qui  sont  incurables  défendent  toute  intervention  active. 

B.  Deuxième  «érte.  —Quand  la  pseudarthrose  résiste  aux  moyens 
simples,  le  traitement  palliatif  est  indiqué  si  le  sujet  n'a  pas  un 
absolu  besoin  de  sa  santé  ;  s'il  faut  à  tout  prix  qu'il  guérisse,  les 
opérations  sont  là  malgré  les  chances  fâcheuses  qu'elles  entraînent, 
et  le  chirurgien  a  dans  la  nécessité  d'une  intervention  active  la 
justification  de  sa  détermination  quelle  qu'elle  soit. 

G.  Troisième  «ertie.  —La  fracture  non  consolidée  simple  où  delà 
première  classe  ne  doit  réclamer  que  les  moyens  de  traitement  les 
plus  doux^  l'immobilité  prolongée  avec  ou  sans  compression  des 
fragments  ;  les  irritants  extérieurs,  le  frottement^  et,  à  fortiori,  les 
irritants  intérieurs  et  la  résection,  doivent  être  laissés  de  côté  dans 
cette  circonstance  ;  ce  n'est  que  quand  la  pseudarthrose  a  changé 
de  caractère  que  ces  derniers  moyens  peuvent  être  mis  en  œuvre. 

Si  la  pseudarthrose  est  de  la  deuxième  classe  ou  flottante,  le  traite- 
ment palliatif  ou  la  résection  sont  seuls  indiqués^  dans  le  cas  d'in- 
terposition musculaire  ou  vasculaire.  Le  traitement  palliatif,  le 
frottement,  les  irritants  intérieurs^  la  résection  sont  applicables 
dans  le  cas  où  les  fragments  sont  bout  à  bout. 

Si  la  pseudarthrose  est  de  la  troisième  classe  ou  fibreuse,  le  trai- 


~  409  — 

tement  palliatif  ou  la  résection  sont  en  balance^  dans  le  cas  ou  un 
os  voisin  empêche  le  rapprochement  des  fragments.  Si,  au  con* 
traire,  les  fragments  peuvent  se  rapprocher,  l'immobilité  avec 
extension  ou  compression,  le  frottement,  les  irritants  intérieurs, 
la  résection  sont  la  gamme  thérapeutique  à  suivre. 

Si  la  pseudarthrose  est  ostépphytique,  on  recourra  au  traitement 
médical  et  ensuite  à  la  résection,  en  cas  de  maladie  des  fragments. 
Si,  au  contraire,  les  fragments  sont  guéris,  h  cas  rentre  dans  la 
classe  précédente. 

Si  la  pseudarthrose  est  delà  cinquième  classe,  le  frottement,  les 
irritants  intérieurs,  la  résection  d'une  part,  le  traitement  palliatif 
d'autre  part,  s'ofTrent  au  chirurgien,  suivant  les  conditions  de  la 
fracture  non  consolidée. 


CHIMIE  ET  PHARMACIE 


Du  MiccliarAte  de  fer  ; 

Par  M.  B.  DuQouKBL,  pharmacien. , 

En  précipitant  une  solution  de  sel  ferrique,  perchlorure  ou  per- 
sulfate,  par  un  alcali  tel  que  Tammoniaque,  la  potasse  ou  la  soude, 
on  obtient  un  précipité  gélatineux  de  peroxyde  de  fer  hydraté. 

Ce  précipité,  facilement  soluble  dans  les  acides  étendus  et  même 
dans  l'eau  saturée  de  sucre  (sirop  à  35°)  au  moment  même  de  sa 
préparation,  ne  tarde  pas  à  prendre  une  certaine  cohésion,  qui  le 
rend  plus  difficilement  soluble  dans  les  mêmes  acides,  et  à  peu 
près  insoluble  dans  la  même  eau  sucrée  après  vingt-quatre  heures 
de  préparation. 

Cette  modification  dans  l'état  physique,  sinon  dans  la  composi- 
tion chimique  du  peroxyde  de  fer  hydraté,  avait  déjà  été  signalée 
à  propos  de  son  emploi  comme  contre-poison  des  préparations  arse- 
nicales. Elle  peut  être  facilement  éludée  en  combinant,  comme 
difiérents  auteurs  Tout  déjà  proposé,  l'oxyde  de  fer  avec  le  sucre,  de 
façon  à  former  un  composé  ferrugineux  fixe,  à  l'état  sec  comme 
à  Tétat  de  dissolution  aqueuse,  et  qui  se  décompose  sous  l'in- 
fluence des  acides  les  plus  faibles  en  rendant  à  l'oxyde  de  fer 
toutes  ses  propriétés. 

Pour  préparer  ce  composé,  que  l'on  peut  appeler  un  taccharate 
de  fer  y  on  prend  une  solution  concentrée  de  perchlorure  ou  de  per- 
sulfate  de  fer  que  Ton  mélange  à  100  volumes  de  sirop  de  sucre  et 


—  410  — 

que  Ton  additionne,  en  l'ajoutant  goutte  à  goutte^  d'une  solution 
au  dixième  de  soude  caustique  jusqu'à  t*apparition  d'une  légère 
réaction  alcaline  au  papier  de  tournesol. 

L'acide  du  sel  de  fer  se  combine  à  l'alcali,  et  Toxyde  de  fer  mis  en 
liberté  8*unit  au  sucre^  qui  joue  le  rôle  d'acidei  pour  foitner  le 
saccharate  de  fer. 

On  okient  ainsi  une  préparation  d'un  rouge  foqcé)  complète- 
ment transparente,  se  conservant  indéfiniment  sans  donner  lieu  au 
moindre  dépôt  d'oxyde  de  fer^  et  qui  renferme^  outre  le  saccharate 
de  feri  un  excès  de  sirop  et  du  chlorure  ou  du  sulfate  de  soude  en 
petite  quantité  et  presque  insignifiante. 

Si  l'on  veut  employer  l'oxyde  de  fer  sous  forme  de  sirep^  i)  suffit 
de  doser  convenablement  la  proportion  de  chlorure  ou  de  sulfate  de 
fer  qui  donnera  un  poids  déterminé  de  fer.  Par  exemple  : 

Solution  de  perchlorure  de  fer  à  30  degrés.  ...        5    (soit6s,30) 

Sirop  de  sucre 100 

Solution  au  dixième  de  soude  caustique. Q.  S. 

F.  S.  A. 

V 

Une  cuillerée  à  bouche  représente  10  centigrammes  de  fer  métal- 
lique ;  la  composition  de  ce  sirop  correspond  à  celle  du  sirop  àd 
tartrate  ferrico-potassique  du  Ck)dex. 

Si  Ton  préfère  administrer  le  saccharate  de  ter  à  l'état  sec  et 
privé  du  chlorure  de  sodium  ou  du  sulfate  de  soude  en  petite  quan- 
tité^ dont  la  présence  ne  saurait  cependant  avoir  de  .graves  incon- 
vénients^ on  additionne  d'un  grand  excès  d'alcool  le  sirop  ci- 
dessus. 

Il  se  forme  un  précipité  rougeàtre^  qui,  recueillj  et  lavé  à  l'alcool, 
puis  desséché j  représente  le  saccharate  d'oxyde  de  fer  solul^ie^  con- 
tenant seulement  la  quantité  ae  ^ucre  indispensable  à  sa  solubilité. 

C'est  un  corps  inodore,  possédait  une  saveur  légèrement  sucth 
et  nullement  ferrugineuse^  très-soluble  dans  l'eau,  et  formant  aiec 
elle  une  solution  rouge  foncée,  mais  ne  donnant  plus  toutes  les 
réactions  des  sels  de  fer. 

Le  saccharate  d'oxyde  de  ter  sec  renferme  environ  20  pour  100 
d'oxyde  de  fer,  et  seulement  des  traces,  au  plus  1  pour  100,  de 
chlorure  ou  de  sulfate  de  soude.  Il  peut  être  administré  sous  forme 
de  poudre^  avec  ou  sans  addition  de  sucre  ou  de  pilules;  il  nous 
parait  appelé  à  rendre  des  services  comme  ferrugineux  d'une  ad- 
ministration facile^  d'un  dosage  rigoureux  et  d'une  action  sûre. 


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—  412  — 

• 

J'ai  examiné  encore  l'amidon  nitré  ou  xyloïdine.  En  traitant 
Pamidon  par  Tacide  nitrique  ordinaire,  on  obtient  l'amidon  solu- 
ble.  Le  mélange  d'acide  sulfurique  et  nitrique  donne  de  la  xyloï- 
dine, mais  Tacide  nitrique  fumant  réussit  beaucoup  mieux  :  la 
préparation  ne  demande  qu'un  instant.  La  substance  se  dissout 
assez  bien  dans  Talcool  et  Téther  mélangés,  mais  par  évaporation 
on  obtient  un  résidu  qui  n'a  pas  de  cohésion. 

J'ai  essayé  l'action  d'autres  dissolvants  sur  la  xyloïdine,  j'espé- 
rais que  Téther  nitrique  et  les  carbures  nitrés^  en  raison  de  l'ana- 
logie de  composition,  la  dissoudraient  moins.  Il  n'en  a  rien  été. 

J'ai  essayé  d'employer  le  collodion  pour  faire  les  membranes 
des  dialyseurs,  à  cause  des  avantages  que  ces  membranes  semblaient 
devoir  présenter  pour  la  dialyse  des  liquides  corrosifs.  Le  collodion 
non  élastique  n'a  pas  réussi  ;  il  se  déchirait  en  séchant  :  le  col- 
lodion élastique  réussirait  probablement  mieux.  J'avais  renoncé 
avec  regret  à  cette  application  lorsque  je  vis  au  laboratoire  de 
M.  Bérard^  à  la  Sorbonne,  des  ballons  en  collodion  servant  à  ren- 
fermer des  mélanges  détonants  pour  les  expériences  des  cours  de 
chimie. 

Ces  ballons  se  font  en  versant  du  collodion  épais  dans  des  bal- 
lons de  verre  de  manière  à  recouvrir  la  face  intérieure  d'une  mem- 
brane mince.  Quand  le  collodion  a  séché,  on  y  verse  de  l'eau  aci- 
dulée qui  fait  détacher  très-vite  la  membrane.  On  a  ainsi  un  vase 
très-mince  dont  on  peut  se  servir  comme  dialyseur.  Je  n'ai  point 
fait  d'expériences  jusqu'à  présent  avec  cet  appareil,  je  me  suis 
seulement  assuré  que  le  sucre  traverse  le  dialyseur.  Il  contient 
une  petite  quantité  d'huile  de  ricin,  mais  je  ne  me  suis  pas  aperça 
qu'elle  empêchât  la  dialyse  ;  on  s'assure  facilement  si  le  vase  n'est 
pas  percé,  en  y  insufflant  doucement  de  l'air  et  en  examinant  s'il 
conserve  sa  forme  arrondie. 

En  résumé,  je  crois  qu'il  convient  d'essayer  le  collodion  qu'on 
achète  dans  le  commerce  et  d'exiger  qu'il  donne  7,5  pour  100  de 
résidu  s'il  n'est  pas  élastique,  14  pour  100  s'il  est  élastique. 

L'emploi  de  papier-poudre  offre  le  moyen  le  plus  sûr,  le  plus 
rapide  et  le  plus  simple  d'arriver  à  ce  résultat.  En  outre,  comme 
sa  dissolution  est  immédiate,  il  peut  être  préparé  au  moment 
même  de  la  prescription,  ce  qui  permettrait  de  modifier  sa  com- 
position en  remplaçant  l'alcool  par  des  solutions  alcooliques  d'extraits 
de  produits  chimiques,  d'alcaloïdes,  etc.^  ou  être  préparé  par  des 
solutions  éthérées. 


—  443  — 

Peut-être  pourrait-on  donner  ainsi  à  la  thérapeutique  une  nou- 
velle forme  de  médicaments  qui,  dans  beaucoup  de  cas,  pourrait 
remplacer  les  emplâtres,  qui  déplaisent  aux  malades. 

Depuis  quelque  temps  je  me  sers  du  collodion  pour  la  prépara- 
tion des  emplâtres  de  thapsia.  Les  emplâtres  de  thupsia  du  com- 
merce perdent  au  bout  de  peu  de  temps  leur  activité  par  suite  pro- 
bablement de  la  perte  de  Thuile  essentielle.  Il  convient  donc  de  les 
préparer  au  moment  du  besoin.  Un  pharmacien  de  Lyon,  M.  Ga- 
zeneuvô^  vend^  depuis  quelque  temps,  une  solution  alcoolique  de 
thapsia,  qu'il  suffit  d'étendre  sur  du  sparadrap  ou  du  papier  pour 
avoir  un  emplâtre  très-actif. 

M.  Bourgeaud,  pharmacien  à  Paris,  vient  d'annoncer  un  produit 
qui  n'est  qu'une  imitation  du  thapsia  Gazeneuve.  Ges  produits  ont 
un  défaut  :  ils  sèchent  trop  lentement  et  ne  peuvent  pas  être  pré- 
parés au  moment  du  besoin.  Voici  la  formule  que  j'emploie  de- 
puis quelque  temps  avec  le  plus  grand  succès. 

Alcool 3,50 

Elher 11,50 

Papier  poudre 1>00 

Résine  de  thapsia 10,00 

On  l'étend  avec  un  pinceau  sur  du  sparadrap  au  moment  du 
besoin.  Il  sèche  instantanément.  (Joum.  depharm.  et  de  chimie^ 
cet.  1870.) 


CORRESPONDANCE  MÉDICALE 


Care  remarquable  d'une  eoniitipallou  de  quarante  Jonr^^ 
obtenue  par  l'éleelrothéraple  InduetiTe. 

La  constipation  est  une  de  ces  anomalies  de  l'organisme  animal 
qui,  bien  que  compatible  avec  l'état  de  santé  le  plus  satisfaisant, 
peut  devenir  quelquefois  par  son  opiniâtre  persistance  la  source 
d'une  foule  d'accidents  plus  ou  moins  graves,  auxquels  il  est  urgent 
que  l'homme  de  l'art  sache  porter  remède  sous  peine  de  compro- 
mettre la  vie  de  son  client.  Je  crois  donc  servir  utilement  les  inté- 
rêts de  la  science  et  de  l'humanité  en  signalant  à  la  connaissance 
des  nombreux  lecteurs  du  Bulletin  de  Thérapeutique  la  remar- 
quable  cure  d'une  constipation  obtenue  eu  dix  minutes  par  les 

TeME  LXXX.  !!•  LIVR.  55 


coiuanb  (rituluctioh,  après  une.  ii^sistànco  de  (lùaraule  jouis  à 
lôùtés  li?s  ressoiuces  i\c  l.i  médecino.  Voici  le  fait  : 

M"*  àe  ***,  âgëe  dé  qualrc-vîngls  ans,  d'un  tempérament  ëmi- 
nernndent  satiguin,  ancienne  supérieure  des  ëtâbiissëinéhls  de  Tin - 
slitut  de  la  Présentation  dans  U  proifincé  de  Bnrdeauk^  fut  élleihtc, 
à  Tâge  de  vingt  ans,  d'une  dyâsenlerie  qui,  d'après  les  l-enseighc- 
nients  qu'elle  donne,  ne  dura  pas  moins  de  vingt-quatre  mois 
sans  interruption,  et  fut  bientôt  suivie  d'un  état  habituel  de  consti- 
pation se  prolongeant  de  six  à  huit  joili's  et  s'actomuagnaiii  le  plus 
febtivéhl  de  boilttécs  de  chaleutà  la  fncd.  d'étdilitlissrHIentf  et  de 
douleurs  fronto -occipitales.  Ces  symptômes  nôrt  équivoques  de 
i)(ienace  de  eonge^tioti  cérébrale  cédèient  toujours  à  rappîicâtion 
des  sangsues  au  fundemeut  ou  aux  piemicres  évacuations  de  ma- 
tières stercorales.  Au  point  de  vite  de  la  solution  du  problème  étlo- 
logicple  qbe  je  rtic  proposb  d'effleurer  en  derhief  lieti,  je  fcl'ois  iie 
devoir  pas  passer  sttus  feilënce  i'invasioh  d'ùné  atteinte  de  rhahla- 
tisme  dont  celle  bonne  religieuse  fut  saisie  dix  ans  apl'èS|  c'est- 
à-dire  en  1850,  alïoclion  qui  de  la  rôgion  lombaire,  son  siège  de 
prédilectiort,  «i»  portant  successivement  sur  toutes  l^s  articulations, 
sembla,  depuis  celte  époque  jusqu'à  ce  jour,  a^dil^  bris  droit  de 
domicile  pélinanent  dans  son  organisme,  eti  se  jouâht  de  tous  les 
etTorts  de  VàH  de  guérir,  voire  même  des  l'àux  thermales  les  plus 
accréditées. 

C^èiit  ait  mtliëil  de  cëé  ciises  alteHi^UVe^  de  Cf^hstlpâtion  et  de 
rhuniatisniè  ({ue  telle  h.*spectable  FoeUr  fut  pt*ise>  ^n  aôûl  dertilBr, 
de  ce  long  accès  de  constipation  (si  l'on  peut  employer  ce  ttibt)  qui 
fait  le  sujet  de  celle  observation  et  qui,  par  une  série  d'accidents 
très-graves  dont  il  fut  cause,  ébilduisit  la  malade  aux  portes  du 
tombeau.  Habituée  qu'elle  était  à  ces  fréquents  retouis  de  consti- 
pation, elle  n'en  tidl  pas  compte  pendittl  là  t^rêttiière  semaine,  et 
se  contenta,  comme  à  son  ordinaire,  d'user  exclubivement  de  bouil- 
lons gras,  de  boissons  rafraîchissantes  et  de  lavements  laxatifs. 
Ce  ne  fut  que  lors  de  rapj)arition  des  douleurs  à  la  tête,  des  étour- 
dissemenls,  des  coliques  abdominales ,  des  vomittsements,  de  la 
somnolence  et  de  l'inaplilude  aux  travaux  intellectuels,  que  notre 
▼éhérable  cliente  se  décida  à  féclamer  noss  conseils.  NeUs  mimes, 
à  coDtiibution  pendant  cinq  semaines  tous  les  moyens  pharma- 
ceutiques et  hygiéniques  usités  en  pareille  occurrence,  tels  que 
l'huile  de  ricin^  potions  à  Textrail  de  belladone,  selon  la  iDélhodè 
de  Trousseau,  pilules  d'extrait  de  noix  vomi(lue,  suppbsitbi^e8  tan- 
tôt belladones ,  tantôt  aloétiques  ,  frictions  abdominales  Avee  les 
teintures  de  coloquinte  et  d'aloès,  lavements  drastiques^  huile  de 
croton-tiglium,  bains  de  siège,  etc.,  etc.,  et  tout  cela  sans  obte- 
nir ombre  de  soulagement.  Cependant,  au  quarantième  jour,  les 
symptômes  s^aggravent  au  point  de  devenir  très-àlaî*mants  :  te  dé- 
lire ^é  manifeste  par  intervalles,  la  face  devient  vultueuse.  Tabdo- 
mea  est  tellement  dur,  leudvx  el  çv:oéminent  qu'une  rupture  de  l'in- 


—  418  — 

■ 

féâtin  Semblé  à  iedouler,  la  ffiiistiori  est  èxlrëfhèroehtdiftîcile,  lé  pouls 
8ê déprime,  l'haleine  est  fétide,  lés  eitréiilités  feôht  ttôldéi,  etc.,  ètë. 
En  présence  d'un  danger  de  mort  aussi  menaçant,  je  propose, 
en  désespoir  de  cause,  l'intervention  des  eourants  éleCtro -magné- 
tiques comme  le  moyen  le  plus  énergique  de  solliciter  les  contrac- 
tions du  gros  intestin.  Après  quelques  hésitations  probahlement 
motivées  par  un  excès  de  pudeur,  réloclricité  inductive  localisée 
est  acceptée.  Me  servant  du  petit  et  excellent  appareil  électro-mé- 
dical tieGailTe,  je  fais  introduire  dans  le  i-ectum  le  fil  négatif  comme 
le  plus  puissant  à  mettre  en  jeu  la  contractilité  musculaire,  et  ap- 
pliquer sur  Tombilic  le  fil  positif.  Je  fais  marcher  penjant  vingt 
lûirtUlës  le  cotirant  inducteur  en  commençant  par  les  plus  faibles 
dosés,  puis  grdduelletnferit  j'en  augmenté  rihtérisîté.  Cette  longue 
et  douloureuse  séance  est  supportée  avec  beaucoup  de  courage  et 
de  résignation.  Dix  minutes  après,  j'avais  à  i|iie  féliciter  d'avoir 
obtenu  TefTet  si  ardemment  désiré  et  d'avoir  ainsi  arraché  la  ma- 
lade à  une  mort  qui  semblait  itiirhiriente. 

Quelle  SI  été  Ia  causé  déterminfttltc  dé  t;èt  état  habituel  de  consti- 
pation ?  Pour  procéder  d'une  manière  plus  logique  à  la  sottttibh 
de  ce  problème  étiologîque,  nous  distingueroris  ici  éëixx  èspèëe^  dé 
causes^  la  cause  prochaine  et  imiUédiate,  et  la  ëaHsè  éloignée  dii 
médiate.  Niil  doute  pour  nous  qu'il  faut  (ihei*cher  là  {irërtiiêrè  de 
ces  deux  causes  dans  l'inertie,  Tatonie  de  \ti  ptiissanbc  cdtitrâctilë 
du  gros  intestin  ou  èneore  mieux  du  reettim,  et  ceJa,  ei\  vertu  de 
l'aphorisme  natdram  morborum  ostèndit  curatio.  En  effet,  ott  ne 
peut  contester  que  c'est  à  Téleetricité  localisée  que  tloils  devons 
attribuer  la  cure  de  t^ttë  constipation  st  tenace  et  si  rebellé.  Or, 
comment  a  dû  agir  le  cbm*ant  inducteur,  si  ce  h*est  en  réveillant, 
en  sollicitant  ta  contraction  dé  Iti  tunique  mtisculaire  de  rilltëstin, 
et  par  suite  en  provoquant  rexptll^ioh  des  rhfttières  fécale^  t 

Mais  quelle  a  été  lét  éaùsë  Médiate  ou  éloighëé  ?  Notis  croydns 
devoir  la  placer  de  préférence  dans  la  dysséhtèrie  chrorliqtië,  soit 
parce  qu'elle  a  ptécéàé  la  ititihife^tfltioh  dt  réiitt  habituel  de  êdtl- 
stipation,  soit  par  la  raisoti  que  les  efforts  répétés  et  itiutiles  d'dl* 
1er  à  la  selle  ont  pu  et  dû,  peftdaht  Tëtpàcè  dé  deul  arië  ^n'h  duré 
la  dyssenterië^  épuiset,  amoindrir  la  coMtràctilité  de  Fintei^tin.  te- 
pendant^  pour  ne  pas  être  exclusif,  je  h'oseràis  {laè  àffif'tUèr  que 
^élément  rhumatismal,  qui  it'a  |tas  ettcore  ceséé  dé  travaille^  éët 
ôrgatiismë,  quoique  postérieur  de  dit  ails  ft  la  t>rënii6K  irrlée  de 
constipàtiod,ait  été  totftleoiyit  étranger  à  Tefitrétieti  et  ft  la  fiiefsis- 
tance  de  cette  infirmité,  en  maintenant  ou  en  augmentant  même 
Tàtaiiie  muéculairë  da  conduit  digestif.  DU  reste,  t;^Uti^t<^vac 


—  416  — 

médecin  la  véritable  notion  du  pourquoi  et  da  comment,  pourvu 
qu'il  ait  atteint  le  noble  but  de  sa  mission,  qui  est  de  soulager  et  de 
guérir.  Dans  tous  les  cas,  il  est  certain  que  c'est  à  l'électrothéra- 
pie  qu'est  dû  l'honneur  de  la  cure* 

D'  A.  Cade  (de  Bourg-Saint- Andéol). 


BIBLIOGRAPHIE 


Vlntendanc$t  la  Médecine  et  la  Pharmacjie  militaires,  par  le  docteur  Jeannel, 
in-So^  8  pages^  chez  J.-B.  Baillibre,  19,  rue  Hautefeuille,  Paris.  Prix  :  30 cen- 
times. 

L'intendance  militaire^  dont  les  services  sont  discutés  avec  pas- 
sion^ ne  mérite  pas  toutes  les  condamnations  prononcées  contre 
elle  dans  Tarmée  et  dans  le  public.  Elle  a  été  souvent  le  bouc 
émissaire  du  commandement.  Dès  le  début  de  la  campagne,  un 
immense  magasin  formé  par  Tordre  du  ministre  de  la  guerre  à 
Sarreguemines^  à  Textrême  frontière,  est  devenu  la  proie  des  Prus- 
siens aussitôt  après  notre  premier  revers;  le  J4  août^  Tempereur 
Napoléon  III  ne  s*est  pas  occupé  de  conserver  ses  communications 
par  le  chemin  de  fer  de  TEst;  le  maréchal  Bazaine  a  laissé  inter- 
cepter dès  le  i7  août  Tembranchement  de  Metz  à  Luxembourg  par 
Thionville  :  il  est  donc  injuste  de  rendre  Tintendance  responsable 
de  l'irrégularité  des  distributions  et  de  l'insuffisance  des  approvi- 
sionnements à  Tarmée  du  Rhin  et  dans  la  forteresse  de  Metz. 

M.  Jeannel  établit  ces  faits  comme  précaution  oratoire,  aûn  de 
démontrer  qu'il  ne  veut  pas  faire  flèches  de  tout  bois  dans  les  atta- 
ques qu'il  dirige  contre  Tinlendance. 

Il  est  malheureusement  fort  à  craindre  que  cette  modération  et 
cette  bonne  foi  ne  soient  pas  beaucoup  prisées  par  les  ennemis 
acharnés  de  Tintendance^  et  que  celle-ci,  de  son  côté,  ne  sache 
pas  beaucoup  de  gré  de  sa  courtoisie  à  celui  qui  lui  porte  d'ailleurs 
des  coups  non  moins  dangereux  que  flatteurs. 

Selon  Tauteur,  la  constitution  de  l'intendance  militaire  est  con- 
traire aux  principes  mêmes  de  notre  organisation  sociale  ;  il  rend 
un  juste  hommage  à  la  valeur  personnelle  des  intendants,  mais 
il  fait  connaître  la  source  légitime^  et  jusqu'à  présent  mal  appré- 
ciée, des  jalousies  et  des  haines  soulevées  contre  eux;  il  s'exprime 
ainsi  : 

(if ...  Les  hostilités  aux(\ueUes  les  intendants  sont  en  butte  résul- 


-  417  — 

tent,  non  pas  de  leur  valeur  négative,  noiaisde  la  constitution  pri- 
vilégiée du  corps  auquel  ils  appartiennent.  Je  rends  hommage  à 
leur  honnêteté;  je  reconnais  la  parfaite  distinction  de  la  plupart 
d'entre  eux  ;  mais,  à  mon  avis,  Tintendance  est  atteinte  d'un  vice 
radical  :  elle  est  dans  l'armée  comme  un  reste  de  Taristocratie  de 
l'ancien  régime;  j'oserais  presque  dire  qu'elle  e8t  féodale.  Je  le 
prouve  : 

((  Les  officiers  de  rinlendancc  se  recrutent  exclusivement  parmi 
les  capitaines  de  l'armée,  à  la  suite  d'un  concours  dont  le  pro* 
gramme  comprend  l'administration  militaire  dans  son  ensemble, 
et  ils  sont  les  commandants-nés  de  six  catégories  d'officiers  qui  se 
recrutent  par  d'autres  voies;  à  ces  officiers  tout  avancement  est 
absolument  fermé  dans  le  cadre  même  de  leurs  chefs  perpétuels; 
ce  sont  :  1°  les  officiers  de  santé  militaires  (médecins  et  phar- 
maciens) ;  2^  les  officiers  d'administration  des  hôpitaux  ;  3"  les 
officiers  d'administration  des  subsistances;  4* les  officiers  d'adminis- 
tration du  campement  et  de  riiabiliement;  5**  les  officiers  d'admi- 
nistration des  bureaux  de  l'intendance;  6°  les  officiers  du  train 
des  équipages. 

«Tous  les  officiers  composant  ces  différents  corps  ont  dû  faire 
au  début  de  leur  carrière  un  vœu  d'obéissance  éternelle  aux  offi- 
ciers de  l'intendance. 

»...  Cette  situation,  éminemment  aristocratique,  produit  d'une 
part  une  confiance  en  soi  et  un  sentiment  de  supériorité  qui  vont 
trop  souvent  jusqu'à  la  morgue,  et  d'autre  part  l'abaissement  des 
caractères,  les  flatteries  obséquieuses  et  les  animadversions  cor- 
diales et  secrètes  ;  elle  éteint  l'amour  du  devoir  et  rémalation  du 
bien  public  -,  elle  fausse  les  responsabilités  en  les  attribuant  à  qui 
n'est  pas  capable  de  les  porter  ;  enfin  elle  confond  deux  opérations 
logiquement  distinctes  :  le  contrôle  des  dépenses  et  les  dépenses 
elles  mêmes.  » 

La  difficulté,  c'est  de  remplacer  l'intendance,  qui  offre  l'avantage 
d'harmoniser  par  l'unité  de  son  joug  tous  les  éléments  distincts 
des  services  médicaux,  pharmaceutiques  et  administratifs  des  hôpi- 
taux et  ambulances  et  des  magasins  militaires. 

M.  Jeannel  expose  avec  force  les  arguments  produits  par  les  mé- 
decins militaires,  qui  réclament  pour  eux-mêmes  l'administration 
et  l'autorité  suprême  dans  les  hôpitaux  et  les  ambulances  ;  mais  il 
formule  avec  une  parfaite  netteté  les  arguments  contraires. 

11  conclut  en  demandant  que  tous  les  services  dits  administratifs 


dç  l'arma  obtiennent  l^iir  autonomie  $o)is  les  ordres  du  çominande- 
ment  en  tout  ce  qui  concerne  la  discipline  ^et  Texécution  des  règle* 
ments,  et  soient  mis  sous  la  tutelle  etia  surveillance  4e  leurs  inspec- 
teurs généraux  respectifs  en  tout  ce  qui  concerne  la  direction 
professionnelle,  l'appréciation  4m  mérite,  Tavancement,  les  féconi- 
peq^es,  etc.  C'est  d'ailleurs  ,  comme  il  le  fait  remarquer,  l'orga- 
nisation des  corps  spéciaux  :  le  génie  et  Tarlilierie. 

Quant  à  Tintendance,  elle  aurait  le  contrôle  des  recettes  et  des 
dépenses  en  argent  et  eu  matières  ;  elle  cesserait  d'administrer  et 
de  ppm mander. 

\je  recrutement  des  services  administratifs  de  l'armée,  qui  a  lieu 
actuellement  parmi  les  sergents,  se  ferait  à  la  suite  d'un  concours 
p^mi  les  jeunes  gens  du  contingent  annuel  pourvus  du  diplôme 
de  bachelier  es  lettres  ;  et  l'intei^dançe  se  recruterait,  non  plus 
parmi  les  capitaines  dont  la  vocation  militaire  est  médiocrci  mais 
bien  parmi  les  oftici ers  d'administration  comptables  assimilés  capi- 
taines. 

Cet  opuscule,  très-court,  très-substantiel  et  très-précis,  fait, 
selon  nous,  grand  honneur  à  son  auteur,  qui,  préoccupé  seulement 
de  rintérêt  public,  n'a  pas  craint  de  dire  ce  qui  lui  paraît  la  vérité 
avep  fermeté,  mais  sans  rien  qui  puisse  blesser  les  personnes.  Il 
arrive  en  temps  opportun,  et  sera  lu  avec  empressement  par  les 
ofOeicrf  de  santé  militaires,  et  surtout  par  les  officiers  d'adminis- 
tratiopj^  dont  la  cause  n'a  pas  encore  eu,  que  nqi4i$  sachions,  de 
plj|idoyer  pl<|s  chaleureux  et,  nous  le  croyons,  plus  )pgique. 

Il  no^f  i^mbie  impossible  que  1^  commission  d^  réergj^ni^ation 
de  l'arm^ef  actuellement  réunie,  ne  tienne  pas  compte  du  travail  de 
potre  confrère,  si  préoccupée,  comipe  elle  j'est,  du  bien  public  avant 
tout,  ell^  veut  entrer  résolument  ^^ns  la  voie  de  1^  régénération  de 
notre  i^dministratioa  pilitaire. 

•ULLETIH  OCS  HOPITAUJl 


FlaiE  pénétrante  du  CRANE,  SUITE  d'uN  COUP  DE  FEU  ;  GUÉRISON, 
MALGRÉ  LA  PRÉSENCE  DE  LA  BALLE  DANS  l'eNCÉPHALE.  —  NojlS  em- 
pruntons à  une  publication  de  M.  le  docteur  Mire,  médecin  aide- 
major  [i),  cett0  importante  et  Irès-iruéressanle  observation  qu'il  a 


(i)  ^ujV Union  m¥i(^{^  <J«f  tt  et  !6  mart  dernier. 


-  m- 

recueillie  à  l'hopitaj  militaire  (jeVjripgnnpff  dapsl^  s^rfiçe  d§  Ii|,  |ç 
(jocteur  Flescbut,  pendant  le  sicige  dp  Paris. 

Le  40 octobre  (870,  Schock  (ChaHes),   soldat  au  8l«  de  ligne, 
élait  couciié  à  terre  pour  éviter  le  feu  de  l'ennemi ,  lorsqu'il  a  reçif 
une  balle  qui  a  traversé  Tos  frontal  et  a  pénétré  dans  la  cavité 
crânienne.    Aussitôt  douleurs  vives,  hémorrbagie  abondante,  quj 
n'amènent  cependant  aucune  syncope.  La  blessure  est  située  pres- 
que sur  la  ligne  médiane,  à  1  centimètre  et  demi  environ  au-dessus 
de  la  naissance  du  nez  ;  sa  forme  est  arrondie  et  ses  bords  légère- 
ment déchirés  ;  son  diamètre  est  à  peu  près  celui  d'une  pièce  de 
50  centimes.  La  solution  de  continuité  de  l'os  n*a  pas  cette  éten- 
due, elle  seml>le  fort  étroite  et  n'admet  'lu'avec  peme  Texlrémité 
d'une  sonde  de  femme    M    Fleschut,  chef  du  service,  introduit 
dans  la  plaie  un  stylet  de  trousse  qui  pénètre  à  une  profondeur  dé 
6  à  "3  centimètres  avant  d'arriver  au  projectile,  dont  la  direction 
est  sensiblement  oblique  de  haut  en  bas,  de  gauche  à  droite  et 
d'avant  en  arrière.  (L'exploration  est  faite  en   présence  d'un  dès 
médecins  traitants  qui,  lui  aussi,  constate  parfaitement  la  sensation 
toute  pariiculièi'e  que  donne  une  balle   frappée  par  l'extrémité 
mousse  d'un  stylet  métallique).  Retiré  au  dehors^  I  instrument  ra- 
mène  quelques  fragments  de  substance  cérébrale.  Du  sang  est 
extravasé  dans  les  mailles  du  tissu  cellulaire  de  !a conjonctive  ocu- 
laire droite,  et  la  paupière  supérieure,   fortement  œJéraatiée,  re- 
tombe sur  la  cornée.  La  vision  est  comptéfement  abolie  de^  deux 
côtés  depuis  le  moment  de  l'accident.  Il  y  a^  en  outre,  une  hyper- 
estliésie  manifeste  du  sens  de  l'ouïe.  Toute  la  région  du  fi'ont  esf 
le  siège  de  douleurs  très  vives.  Pour  éviter  les  vertiges  et  les 
étourdissements,  on  maintient  la  tête  immobile  dans  une  position 
élevée.  Le  lendemain,  en  présence  du  baron  Larrey,  médecin  en 
chef  de  l'armée  de  Paris,  le  stylet  pénètre  tout  entier  dans  la  cavité 
crânienne  sans  rencontrer  la  balle,  qui,  sous  l'influence  de  fa  posi- 
tion élevée  de  la  tête,  a  dû  céder  à  l'action  de  la  pesanteur  et  faire 
du  chemin  en  arrière. 

Dans  la  journée  du  H,  la  vue  est  revenue  partiellement  à  gau- 
che ;  à  droite,  les  muscles  du  globe  oculaire  l'esfent  paralysés  et  la 
rétine  absolument  insensible.  La  tète  doit  être  toujours  maintenue 
immobile,  sous  peine  de  douleurs  vives.  L'intelligence  reste  nette 
et  le  moral  excellent.  //  n'y  a  pas  eu  encore  un  seul  instant  de 
fièvre,  grâce  peut-être  à  l'administration  des  opiacés,  que  l'on  4 
donnés  à  haute  dose  dès  les  premiers  jours  (0,^0  ;  —  0,30  ;  —  puiîj 
0,40  d'extrait)  pour  empêcher  les  accidents  inflammatoires  que  Ton 
redoutait  du  côté  de  l'encéph-ile  ;  ils  n'ont  triomphé  qu*à  grand*- 
|)eine  de  Tinsomme  rebelle  dont  le  patient  est  tourmenté  depuis  l|S 
moment  de  Tacciilent  ;  mais,  en  tous  les  cas,  ils  ont  eu  cet  heureux 


—  420  — 

pénible,  se  fait  avec  plus  de  facilité  ;  un  hoquet  assez  fatigant,  qui 
suivait  chaque  repas,  tend  à  disparaître.  Bien  qu'on  ait  diminué  la 
dose  de  laudanum^  le  sommeil  commence  à  revenir  ;  il  n'est  plus 
aussi  souvent  interrompu  par  les  soubresauts  fort  incommodes  qui 
le  troublaient. 

Une  bronchite  intercurrente,  malgré  les  retentissements  dou- 
loureux provoqués  par  la  toux,  n'a  pas  aggravé  la  situation,  et 
Scbock  peut  déjà  rester  sur  son  lit,  au  moment  des  repas,  sans 
éprouver  ni  vertiges  ni  éblouissements. 

Le  5  novembre,  il  s'est  levé  quelques  instants  ;  les  jours  suivants, 
il  a  pu  faire  quelques  pas,  avec  de  grandes  précautions  toutefois, 
et  en  maintenant  lu  lête  étendue  en  arrière. 

La  plaie,  qui  a  beaucoup  suppuré  pendant  les  trois  premières  se- 
maines, est  déjà  presque  cicatrisée  dès  le  commencement  de  no- 
vembre. Il  reste  à  peine  un  trajet  fistuleux  donnant  encore  passage 
à  quelques  gouttes  d'une  humeur  jaunâtre. 

Le  22,  la  blessure,  un  instant  complètement  fermée,  s'est  ou- 
verte de  nouveau  ;  les  téguments  de  la  partie  inférieure  du  front 
et  supérieure  du  nez  ont  pris  une  coloration  rougeâtre  qui  s'est 
étendue  bientôt  jusqu'à  l'angle  interne  de  l'orbite  droit.  Dans  toute 
cette  région,  les  parties  molles  sont  empâtées,  un  peu  tuméfiées  et 
comme  gorgées  d'un  liquide  sanieux,  dont  la  rétention  provoque 
quelques  accidents  qui  disparaissent  dès  qu'il  a  repris  un  libre 
cours. 

A  la  fin  de  novembre,  la  douleur,  déjà  beaucoup  atténuée  par 
les  narcotiques,  quitte  la  région  postérieure  du  crâne  pour  se  fixer 
pendant  quelques  jours  au  sommet  de  la  tète  et  regagner  ensuite  le 
front,  son  premier  point  de  départ. 

Depuis  le  13  octobre,  date  du  retour  partiel  de  la  vision  à  gau- 
che, jusqu'à  la  fin  de  ce  même  mois,  l'état  des  deux  yeux  ne  s'est 
pas  sensiblement  modifié.  Le  releveur  de  la  paupière  supérieure, 
les  muscles  propres  du  globe  de  l'œil,  l'iris  paralysé  à  droite,  ont 
gardé  à  gauche  presque  toute  leur  liberté.  La  rétine  droite  est  in- 
sensible à  la  lumière  qui,  néanmoins,  provoque  de  la  douleur  et 
un  écoulement  de  larmes  très-abondant. 

il  existe  bien  à  gauche  un  peu  de  paresse  de  l'iris  et  un  certain 
degré  de  photophobie,  mais  cet  œil  peut  encore  distinguer  à  1  mè- 
tre les  traits  de  Tinfirmier  qui,  au  pied  du  lit,  n'est  déjà  plus  qu'une 
ombre  noire  sans  contours  bien  arrêtés.  La  lecture  est  possible  de 
très-près  et  à  condition  de  ne  pas  durer  plus  de  quelques  secondes. 
Cet  état  s'aggrave  encore  penclant  les  premiers  jours  de  novembre. 
L'œil  droit,  il  est  vrai,  commence  à  percevoir  vaguement  et  seule- 
ment au  déclin  du  jour,  les  contours  des  objets  de  gi*ande  dimen- 
sion ;  mais,  en  revanche,  l'œil  gauche  faiblit  de  plus  en  plus,  et, 


dimension.  Contrairement  à  toute  prévision,  à  la  fin  de  ce  même 
mois,  cet  organe,  loin  de  continuer  à  faiblir,  semble  devenir  meil- 


—  421  — 

leur,  et  le  12  décembre,  Schock  peut  déjà  faire  sa  partie  de  piquet, 
tenant  ses  cartes  à  une  distance  de  plus  de  30  centimètres. 

Le  46,  il  reconnaît  déjà  le  nombre  des  doigts  qu^on  lui  présente 
et  il  peut  lire  facilement  les  caractères  d'imprimerie  quand  ils  sont 
un  peu  rapprochés. 

Pendant  que  la  vision  de  Tœil  gauche  a  été  ainsi  s'améliorant, 
Téfat  de  Toeil  droit  n'a  subi  d'autres  modifications  qu'un  retour 
partiel  des  mouvements  des  muscles  droits  interne  et  externe, 
permettant  déjà  quelques  mouvements  de  latéralité. 

Dès  la  fin  de  décembre,  le  bourrelet  formé  par  la  muqueuse  a 
un  peu  diminué,  grâce  aux  scarifications  et  aux  excisions  qui, 
plusieurs  fois,  ont  été  pratiquées. 

Vers  le  milieu  de  janvier,  la  plaie  est  complètement  fermée  par 
un  tissu  fibreux  cicatriciel  adhérent.  La  table  externe  du  frontal  a 
subi,  à  ce  niveau,  une  perte  de  substance  bien  reconnaissable  à  une 
dépression  presque  circulaire,  toute  parsemée  d'aspérités  et  delà 
grandeur  d'une  pièce  de  i  franc  environ.  La  rougeur  et  l'empâte- 
ment ont  disparu  dans  les  tissus  voisins,  qui  ont  repris  leur  colo- 
ration et  leur  consistance  habituelles. 

L'appétit  est  celui  d'un  homme  en  bonne  santé  ;  le  sommeil  est 
très -calme  et  n'est  plus  interrompu  une  seule  fois  pendant  toute 
la  nuit.  Schock  passe  sa  journée  à  jouer  aux  cartes,  à  se  promener 
dans  les  corridors  et  dans  les  salles. 

Dans  les  premiers  jours  de  février,  sur  sa  demande  réitérée,  on 
lui  permet  de  quitter  Thôpital  pour  entrer  au  dépôt  établi  près  des 
Invalides  pour  recevoir  les  militaires  convalescents. 

A  cette  observation  notre  distingué  confrère  ajoute  des  rcQexions, 
dont  nous  reproduisons  les  suivantes  : 

il  Nous  ne  croyons  pas,  dit-il,  que  Ton  puisse  mettre  sérieuse- 
ment en  doute  la  présence  du  projectile  dans  la  cavité  crânienne. 
L'exploration  de  la  plaio,  faite  à  deux  reprises  différentes  et  en  pré- 
sence de  témoins  compétents,  les  fragments  de  substance  cérébrale 
ramenés  au  dehors  par  l'instrument,  éloignent  absolument  l'idée 
d'une  erreur  de  diagnostic. 

«  La  perte  de  la  vision,  la  paralysie  du  releveur  de  la  paupière, 
des  muscles  droits  et  obliques,  Tecchymose  sous-conjonctivale,  la 
propulsion  en  avant  de  toutes  les  parties  molles  contenues  dans 
l'orbite  sont  généralement  regardées  comme  des  signes  certains 
d'une  blessure  de  l'encéphale  ou  tout  au  moins  des  parties  les  plus 
profondes  de  l'orbite,  que  la  balle  n'aurait  du  reste  pu  atteindre 
sans  traverser  le  lobe  antérieur.  En  dirigeant  un  stylet  un  peu 
obliquement,  de  haut  en  bas,  de  gauche  à  droite  et  d'avant  en 
arrière,  on  a  pu  l'introduire  tout  entier  dans  la  cavité  crânienne 
sans  parvenir  jusqu'au  corps  étranger.  On  est  donc  autorisé  à  sup- 


-m- 

ppser  qH^p))éis^ai)t  m%  iQJs  ie  la  pesanteiir,  et  par  suite  de  )a 
position  élevée  de  la  tète  pendant  les  premiers  jours,  la  balle  a  dû 
£aire  du  chemin  en  arrière  et  aller  se  loger  dans  le  lobe  moyen^ 
peut  être  même  dans  le  lobe  postérieur.  C'est  du  reste  vers  celte 
région  que,  deux  ou  trois  jours  après  ^accident,  le  blessé  ressentait 
les  plus  vives  douleurs^  occasionnées,  selon  lui^  par  la  présence 
du  projectile,  qu'il  assurait  s'être  arrêté  à  ce  niveau^  et  dont  il  pré- 
tendait même  sentir  les  déplacements.  Les  souffrances,  les  étour- 
dissements  causés  par  la  mastication  et  les  mouvements  de  flexion 
de  la  têle,  les  retentissements  doulpureux  que  provoquaient  à  ce 
point  réiernun^ent  et  la  toux,  semblent  devoir  donner  quelques 
probabilités  à  cette  bypolbèse,  contre  laquelle  la  physiologie  du  cer- 
veau ne  nous  paraît  devoir  élever  aucune  objection  sérieuse  (I). 

qf  La  guérison  ^st-elle  définitive  ?  S'^sl-il  formé  un  kyste  pro- 
tecteur qui  préservera  dans  Tavepir  les  parties  environnantes  de 
toute  altération  fâcheuse  ?  Cette  supposition  ne  nous  parait  point 
invraisemblable. 

0  Les  exemples  de  blessures  du  cerveau  n'ayant  pas  eu  une 
issue  funeste,  ne  sont  point  abso|urpent  rares  dans  la  scierice,  et 
nEialgrë  les  dangers  qui  en  sont  la  suite,  il  nous  semble  que  les 
chirurgiens  sont  peut-être  trop  pertes  à  exagérer  la  gravité  des  lé- 
sions de  cette  nature,  regardées  généralement  comme  au-dessus 
des  ressources  de  Tart. 

((  Bon  nombre  de  fractures  des  os  de  la  tête  ont  guéri  après 
Textraction  d'esquilles  volumineuses  implantées  profondément  dans 
Tencéphale  (2)  ;  même  les  herpies  du  cerveau,  avec  perte  de  sub- 
stance, qui  compliquent  parfois  les  lésions  [de  cette  nature,  n*ont 
pas  toujours  entraîné  la  mort.  Quelques  blessés  ont  pu  survivre  à 
des  abcès  volumineux  forn^és  dans  cet  organe  à  la  suite  de  violents 
traumatismes,  et  on  trouve  dans  les  recueils  spéciaux  quelques  ob- 
servations remarquables  où  un  corps  étranger,  après  avoir  pénétré 
dans  )es  centres  nerveux,  a  pu  y  séjourner  plusieurs  années  sans 
amener  aucun  accident  gr^ve.  Mais  la  guérison  a  toujoui^s  été 
achetée  au  prix  de  dangers  considérables  qui  ont  compromis  le  plus 


(1)  Voir  les  expériences  de  Ftourens  et  de  Vulpian.  D'après  Longet  {Traité 
d'anatomie  et  de  physiologie  du  système  nerveux),  après  la  perte  presque 
CMtpl^  d'à»  bémisj^tière  cérébral,  rbomni6  peut  eicure  jouir  BomaleneBt 

(î)  Mrrtf  ■  Btu4p  înr  la  tréj^anfitiqn  4»  crâne  y  p.  f5  ei  çuiv^fates. 


-413- 

souvent  i'eiistence  du  maM^  et  qi|i,  dans  presque  tous  les  c^s, 
ont  eu  pour  résultat  final  la  perte  de  quelque  sens.  Presque  toujours 
les  facultés  intellectuelles  ont  été  gravement  atteintes;  il  y  ^  çu  iç$ 
accidents  de  paralysie  et  de  convulsions  qui  ont  persisté  de  longues 
^npécs  encore  après  la  guérison  de  la  plaie. 

a  Le  cas  qui  nous  occupe  est  remarquable  par  Tabsence  complète 
de  tout  symptôme  fébrile  ;  il  n'y  a  pas  eu  Mu  seul  instant  de  stu- 
peur ou  de  délire,  nul  signe  de  contusion,  de  compression^  d'in- 
flammation cérébrale.  Nous  n  osons  dire  qu'il  faille  entièrement 
attribuer  cpt  heqr^ux  rési^ltat  k  Tactlop  des  opiacés^  qui  ont  été  ad- 
ministrés à  haute  dose,  en  même  temps  que  l'on  faisait  des  fomen- 
tations froides.  Cependant  il  est  bon  de  rappeler  que  les  narcoti- 
ques ont  joui  d'une  grande  faveur  auprès  des  vieux  chirurgiens^ 
qui  leur  ont  toujours  attribua  de  grapqes  vertus  ()ans  le  traitenaent 
des  blessures  de  la  tête.  Cette  guérison  vient^  dans  tous  les  cas,  à 
Pappui  de  la  th^se  de  Vidal,  qui  regarde  comme  les  moins  graves 
des  plaies  du  crâne  celles  qui  pénètrent  jusqu'à  l'encéphale,  la  vio- 
lence du  choc  se  trouvant  ainsi  amortie  et  le  pus  pouvant  trouver 
alors  un  libre  coups.  Nous  croyons  que,  dans  un  cas  pareil,  il  serait 
prudent  d'imiter  la  conduite  du  chirurgien  de  l'hôpital  de  Yincennes, 
qui  a  m  résister  aux  instances  réitérées  du  lil^ssé^  et  s^abstenir  de 
toi^l^  tentative  d'extraction  (i).  Pour  arriver  sûrement  au  but  sans 
eiposer  le  malade  à  des  délabrements  dangereux,  il  eût  été  néces- 
saire d'appliquer  une  couronnie  de  trépan,  aQn  d'agrandir  Pouver- 
ture,  et  l'on  sait  tout  le  péril  que  de  pareilles  manœuvres  ajoutent 
§  h  gravité  de  telles  bjessiires.  ^es  résultats,  à  coup  sûr  fort  incer- 
tains, n'en  eussent  point  compensé  le  danger.  » 


RÉPERTOIRE   MÉDIRAL 


KEVUE  DES  JOURNAUI 

BCuBls    toxiques     prodalfn  de  quiniae  avait  dètermÎQé  des  symp- 

Mr  !•  aviniiie.  A  plusieurs  re-  tomes   héroorrnagiques.    Voici    deux 

prises  déjà   et  derniëreroent  encore  exemples  d'efTels   toxiques  observés, 

(voir  notre  lome  LXXIX,  p.  573 u  nous  Tuo  par  AI.  Uarraway,  Taulre   par 

^vous  enregistré  des  cas  oti  le  sul&te  M.  Ilemming. 


(I)  H.  tarrey  conseiUe  aussi,  dans  des  cas  pareils,  d'attendre  pour  trépa- 
ner qu'il  se  8oi|  produit  4iMl(|fl99-|inf  def  apd^^ts  graves  qui,  «eatj^^  peuy^»! 


—  424  — 


Le  fait  de  M.  Garraway  a  été  publié 
dans  le  British  Med.  Journal^  octobre 
1869.  Il  s'ap[it  d'une  dame  de  quarante 
ans,  d'une  bonne  santé  antérieure^  et 

aui  tout  à  coup  a  été  prise  d'œdëme 
es  membres  et  de  la  face,  avec  rou- 
geur scarlatini forme  et  vive  angoisse 
précoMiale.  Elle  pensait  s'être  empoi- 
sonnée avec  une  pondre  blancbe  qu'un 
pharmacien  lui  avait  vendue  pour  de 
la  quinine  et  dont  elle  avait  pris  en- 
viron 1  grain  dans  un  verre  de  vin  ; 
elle  affirma  n'avoir  mangé  ni  champi- 
gnons, ni  moules,  ni  fromage  gAté,  ni 
autre  substance  indigeste.  Cependant 
le  reste  de  la  poudre  blanche  en  ques- 
lion  fut  examiné  par  M.  Garraway  et 
reconnu  pour  de  la  quinine  parfaite- 
ment pure. 

Au  bout  de  trois  ou  quatre  jours 
l'œdëme  et  l'éruption  persistaient  en- 
core, mais  il  se  produisit  sur  la  face 
et  sur  les  membres  une  desquamation 
analogue  à  celle  de  ta  scarlatine;  la 
malade  restant  faible ,  l'auteur  or- 
donna, sans  y  réfléchir»  une  mixture 
de  quinine  comme  tonique.  Deux  heu- 
res après  la  première  dose  (2  grains) 
les  symptômes  s'étaient  exaspérés  et  la 
malade  s'écriait  qu'on  l'avait  encore 
empoisonnée  avec  de  la  quinine. 

Pendant  ces  trente  dernières  années, 
ajoute  M.  Garraway,  il  ne  s'est  pres- 
que pas  passé  de  jour  que  je  n'aie 
prescrit  de  la  quinine,  tellement  elle 
est  nécessaire  dans  la  localité,  et  c'est 
Ja  première  fois  que  je  lui  vois  pro- 
duire des  accidents  en  dehors  de  quel- 
que mal  de  tête. 

Un  cas  semblable  est  rapporté  dans 
le  même  journal  (numéro  de  novem- 
bre), par  M.  Hemming  ;  c'est  le  pre- 
mier que,  dans  une  pratique  de  vingt- 
cinq  ans,  l'auteur  dit  avoir  observé  et, 
si  loin  qu'il  reporte  ses  souvenirs,  il 
ne  se  rappelle  avoir  lu  rien  de  sem- 
blable sur  les  effets  toxiques  des  sels 
de  quinine. 

La  malade  est  une  dame  avancée  en 
âge,  convalescente  d'une  graye  mala- 
die et  à  laquelle  des  doses  de  1  grain 
de  quinine  chacune  avaient  été  pres- 
crites. Le  lendemain  matin,  l'auteur 
est  appelé  en  toute  bâte,  la  nuit  s'était 
passée  sans  sommeil,  la  langue  était 
blanche  et  une  éruption  scarlatini- 
forme,  très-prurigineuse,  s'était  mani- 
festée sur  tout  le  corps;  la  face  était 
légèrement  bouffie,  sans  œdème  ail- 
leurs; il  y  avait  aussi  un  peu  de  gêne 
précordiale.  La  malade  n'hésita  pas  à 
accuser  la  quinine,  car  quelques  an- 
nées auparavant,  étant  en  France,  elle 


avait  éprouvé  deux  fois  les  mêmes  ac- 
cidents ;  rien,  du  reste,  dans  son  ré- 
gime, etc.  ne  put  expliquer  réclusion 
de  pareils  phénomènes.  L'éruption  et 
la  démangeaison  disparurent  pea  à 

λeu  après  quelques  jours  de  durée, 
aissant  après  elles  une  desquamation 
générale,  qui  à  la  fin  de  la  troisième 
semaine  n'était  pas  encore  complète. 
  part  un  peu  de  fatigue,  suite  de 
l'insomnie  causée  par  réruption,  il  ne 
résulta  rien  de  fâcheux  de  cette  petite 
indisposition.  La  malade  avait  pris 
seulement  deux  doses  de  mixture. 

Une  amie  très-intelligente,  qui  dans 
le  moment  se  trouvait  auprà  de  la 
patiente,  affirma  avoir  vu  de  pareils 
accidents  mentionnés  par  un  auteur 
français  à  la  suite  de  radminlstration 
de  la  quinine  ;  mais  elle  ne  se  rappela 
ni  le  nom  de  l'auteur,  ni  le  titre  de 
l'ouvrage.  {Lyon  m^dtcoZ,  1871,  n«5.) 

Hématurie  produite  par 
l'usage  interne  du  sulfate  de 
quinine.  Aux  faits  que  nous  avons 
rappelés  ci-dessus  et  à  ceux  contenus 
dans  l'article  qui  précède,  il  faut  ajou- 
ter le  suivant  que  M.  le  docteur  Ga- 
cherè  rapporte  dans  le  numéro  d'oc- 
tobre 18b7  du  Journal  de  médecine  de 
la  Nouvelle- Orléans t  et  qui  a  trait  â  un 
enfant  de  treize  ans,  souffrant  d'accès 
de  fièvre.  Les  parents  lui  donnèrent  de 
la  quinine  en  aeux  occasions,  et  chaque 
fois  l'administration  du  remède  fut  im- 
médiatement suivie  d'une  hémorrha- 
gie  par  la  moqueuse  urlnaire. 

Appelé  à  voir  l'enfant,  M.  Gacherè 
prescrivit,  contre  les  avis  de  la  mère, 
10  grains  de  sulfate  de  «quinine  divisés 
en  trois  doses.  Le  médicament  devait 
être  suspendu  si  une  nouvelle  hémor- 
rhagie  se  produisait. 

Une  heure  après  la  troisième  dose, 
survint  une  abondante  hématurie.  On 
suspendit  alors  la  quinine  et  on  la 
remplaça  par  un  autre  fébrifuge.  Ge- 
pendant  le  petit  malade  ayant  quitté  la 
localité,  un  médecin  émînent  de  la 
nouvelle  résidence  fut  chargé  de  lui 
donner  ses  soins  ;  il  lui  prescrivit  do 
sulfate  de  quinine,  et  cette  fois  encore 
l'administration  du  médicament  fut 
suivie  du  même  genre  d'hémorrhagie. 

Maintenant  l'enfant  est  encore  en 
traitement.  Dernièrement  son  père  eut 
ridée  de  lui  donner  trois  ou  quatre 
doses  d'une  décoction  de  quina  et  de 
serpentaire  de  Virginie  :  rhématnrie 
se  produisit  de  nouveau. 

M .  Gacherè  a  eu  l'occasion  d'obser- 
ver dans  ces  derniers  temps  un  cas 


—  426  — 


analogue  :  une  enfanl  de  sept  ans^  à 
laquelle  il  donna  de  la  quinine,  pré- 
senta chaque  fois  apr^  l'administra- 
tralion  du  médicament  une  hémorrha- 
gie  par  les  voies  génitales.  (Lyon 
méd.,  1871,  n»  5.) 

Effieacité  des  injections  io- 
dées dans  la  cavité  utérine 
pour  arrêter  les  hémorrha- 
gles  qni  saluent  la  déli- 
vrance. Nous  avons  déjà  parlé 
(1.  LXXIY,  p.  329)  de  ce  moyen  dont 
M.  le  docteur  Dupierris  avait  fait  l'ob- 
jet d'une  communication  à  la  Société 
de  médecine  de  Bordeaux.  L'an  der- 
nier, ce  confrère  a  publié  sur  ce  su- 
jet une  brochure  dans  laquelle  il  rap- 
porte vingt-quatre  observations,  où  le 
succès  a  été  constant,  et  où  il  n'y  a 
jamais  eu  d'accident.  Il  y  a  là  de  quoi, 
non -seulement  intéresser  les  prati- 
ciens, mais  encore  les  faire  revenir  de 
EréventioDs,  qui  semblent^  cependant 
ien  légitimes.  Quoi  qu'il  en  soit, 
voici  comment  opère  M.  Dupierris; 
c'est  un  point  que  nous  n'avions  pas 
sufBsamment  exposé  dans  l'article  de 
notre  journal  cité  plus  haut. 

«  La  malade  est  placée  sur  l'extré- 
mité d'un  lit  de  sangles,  sur  lequel  un 
plan  incliné  a  été  établi  au  moyen 
aune  chaise  renversée,  les  pieds  ap- 
puyés sur  deux  chaises.  Cette  position 
prise,  je  retire,  dit  Tauleur,  avec  la 
main  introduite  dans  l'utérus,  les  cail- 
lots et  autres  corps  étrangers  qui  se 
trouvent  dans  la  cavité;  immédiate- 
ment après^  je  glisse  la  canule  de  la 
seringue,  si  l'instrument  s'y  prête,  ou 
bien  une  sonde  de  gomme  élastique 
qui  admette  dans  son  pavillon  la  ca- 
nule d'une  seringue  moyenne,  laquelle 
contiendra  une  solution  composée  de 
30  grammes  d'eau^  15  grammes  de 
teinture  d'iode  et  5  décigrammes  dHo- 
dure  de  potassium.  Dans  cet  état  des 
choses,  l'injection  est  poussée  avec 
force  ;  la  main  qui  était  dans  l'utérus 
sert  à  fixer  la  seringue,  de  manière 
que  rinjection  soit  faite  dans  la  cavité 
ae  la  matrice.  Le  liquide  qui  a  baigné 
rintérieur  de  l'organe  est  rejeté  avec 
assez  de  violence. 

c  11  est  facile  de  s'assurer  de  la  con- 
traction de  la  matrice  en  portant  la 
main  sur  l'bypogastre  ;  on  trouve  cet 
organe  parfaitement  rétracté^  dur  et  de 
forme  sphéroïde. 

c  Les  suites  de  couches  sont  d'une 
bénignité  remarquable;  les  lochies 
sont  peu  abondantes  et  n'ont  pas  une 
odeur  très-prononcée  ;  elles  durent  de 


cinq  à  sept  jours  ordinairement.  11  se 
pourrait  que  des  cas  se  présentassent 
où  il  y  eût  quelques  tranchées  trois  ou 
quatre  jours  après  l'opéralion.  Ce  cas 
s'est  présenté  à  moi  une  fois;  la 
femme  rejeta,  le  cinquième  jour,  un 
caillot  qui  portait  la  trace  de  la  con- 
traction de  l'orifice,  où  il  s'était  arrêté. 
La  suite  n'offrit  rien  qui  ne  fût  normal. 

a  La  seringue  dont  je  me  sers  est 
un  tube  de  cristal  de  la  capacité  de 
50  grammes,  garni  d'argent,  et  ter- 
miné par  une  canule  de  16  centimètres, 
surmoutée  d'une  boule  olivaire  per- 
cée de  plusieurs  trous. 

<  Quand  je  me  suis  trouvé  au  dé- 
pourvu de  cette  seringue,  je  me  suis 
servi  d'une  sonde  de  gomme  élastique 
de  4  à  5  millimètres  de  diamètre  et 
d'une  longueur  ordinaire,  comme  celles 
que  nous  employons  pour  le  cathété- 
risme  chez  l'homme.  La  canule  de  la 
seringue  est  introduite  dans  le  pavil- 
lon, et  le  liquide  est  répandu  dans 
l'utérus  en  sortant  par  les  yeux  laté- 
raux. » 


Sar  les  remèdes  spéeill- 
qne»  du  tétanos.  Les  conclusions 
que  M.  Yandell  a  formulées  sur  le  té- 
tanos mérlleut  d'être  soumises  au  con- 
trôle de  Texpérience,  basée  sur  une 
statistique  étendue.  Elles  tendent  à 
diminuer  la  confiance  avec  laquelle 
on  a  si  souvent  préconisé  tel  ou  tel  re- 
mède comme  spécifique  du  tétanos. 

Suivant  cet  auteur,  le  tétanos  trau- 
malique  survient  ordinairement  du 
quatrième  au  neuvième  jour  après  la 
blessure,  et  ces  cas  présentent  la  mor- 
talité la  plus  étendue. 

La  guérison  du  tétanos  traumatique 
a  été  observée,  en  général,  dans  les 
cas  où  cette  complication  se  montrait 
après  les  neuf  jours  qui  suivent  la 
blessure. 

Lorsque  les  symptômes  dorent 
quinze  jours,  la  guérison  est  la  règle 
et  la  mort  l'exception,  et  la  terminai- 
son semble  indépendante  du  traite- 
ment. 

Le  chloroforme,  jusqu'à  présent,  a 
obtenu  le  plus  grand  nombre  de  gué- 
risons  dans  le  tétanos  aigu. 

Le  véritable  critérium  pour  un  re* 
mède  contre  le  tétanos  se  trouve  dans 
l'étude  sérieuse  de  la  marche  de  la 
maladie,  c'est-à-dire  qu'il  faut  cher- 
cher si  ce  remède  guérit  les  cas  dans 
lesquels  la  maladie  s'est  présentée 
avant  le  neuvième  jour,  et  s'il  échoue 
dans  des  cas  dont  la  durée  dépasse 
quinze  jours* 


—  426 


Jusqu'à  préHent  aucun  aig«Bt  souinis 
à  ce  crilériuro  n'a  pu  justitier  les  pré- 
tenlIoDs  (le  ceux  qui  l'ont  préconisé 
comme  le  vérilable.  remède  contre  le 
tétanos.  [The  American  Practitioner 
et  dus.  hehdom.,  1871,  n«  12.) 


Snr  la  iransffnsloii  da  mwtng 
défibriné  Nous  avons  rapporte  dans 
noire  tome  LXXVIll,  p.  90.  deux  cas 
de  transfusion  du  i>ang  détibrinc,  sui- 
vis de  ^uccêâ,  dont  un  sur  un  entant 
nouveau-ué.  par  le  docteur  de  Belina, 
de  Heidellierg  Suivaiit  cet  auteur,  les 
eauses  principales  de  l'insuccës  de  la 
transfusion  du  sang  et,  par  suite,  du 
di^^redit  oti  est  lombê  ce  système  en 
France,  sont  :  l'emploi  du  sang  non 
délibnné.  le  défaut  de  mesure  de  la 
quantité  de  saiig  à  employer  et  enfin 
l^impei  fection  des  instruments  et  des 
procédés  opératoires. 

L'emploi  du  sang  non  défîbriné 
amène  inévitablement  la  coagulation 
dans  les  tubes  de  l'appareil;  alors,  ou 
bien  la  transfusion  devient  impos- 
sible, ou  bien  on  peut  introduire  des 
caillot3  dans  la  vrlne,  et  Topéralion 
devient  dangereuse  et  même  fatale.  Si 
les  caillots  sont  trop  grands,  obstruc- 
tion de  l'artère  pulmonaire  et  mort  im- 
médiate; si  la  mort  n'est  pas  immé- 
diate, elle  peut  venir  d'une  embolie 
produite  parie  dépôt  des  caillots  daus 
un  endroit  quelconque  de  l'appareil 
circulatoire. 

La  lii*rine  n'est  pas  line  partie  es- 
sentielle du  sang  et  peut  en  être  re- 
trancliée  sans  inconvénient;  bien 
plus,  l'opération  que  l'on  fait  subir  au 
sang  pour  le  défibriner  a  1  avantage 
de  le  saturer  d'oxygèue  et  de  te  de- 
barrdsser  de  l'aiidc  carbonique. 

Quant  à  la  quantité,  on  a  souvent 
employé  ou  trop  de  sang,  ou  trop  à  la 
fois;  de  là,  aftlux  au  cœur,  paralysie 
consécutive,  ou  tout  au  moins  conges- 
tious  dangereuses  dans  différentes  ré- 
gions de  1  organisme. 

Jusqu'à  présent,  on  a  inventé  au 
moins  vingt  appareils  différents,  sans 
qu'aucun  satisiasse  à  toutes  les  condi- 
tions requises.  Ces  condiiious  sont  : 

1»  Que  l'appartil  puisse  être  tenu 
dans  un  état  de  propreté  parfaite; 
i2o  Que  sa  capacité  soit  suffisante 

8 oui  contenir  la  quantité  nécessaire 
e  sang,  et  qu'il  puis>e  être  manié  fa- 
cilement et  avec  précision  ; 

5"  Qu'il  soit  piossible  de  conserver 
au  saog  la  température  voulue; 
4^  Que  l'introduction  des  buU«A  d'a\T 


dans  la  veine  soit  rétidde  impiisslllé. 
{liecueil  de  méd.  vétér.,  octobre  i87Ô.) 

Observation  d'opé^atloa  éé- 
•arleaae  suivie  de  gaérisoto. 

11  s'agit  d'une  femme  des  efirlrons 
d'Orléans,  qui  se  irouvaiteo  mal  d'en- 
fant et  qui  né  pouvait  parvenir  à  aç- 
coucber,  bien  que  le  travail  durSt 
depuis  un  temps  considérable  et  q4e 
les  douleurs  fussent  extrêmement  vi- 
ves. M.  d'Olief,  appelé  àupr)^  d'elle 
par  le  médecin  ordinaire  de  la  patiente, 
reconnut,  après  Tavolr  examinée»  que 
les  difticnliés  de  Paccoucbement  pro- 
venaient d'une  tumeur  impUhtée  à  la 
face  antérieure  du  sacrUin  et  rédai- 
sant  l'espace  compris  entre  le  sacram 
et  la  sympbyse  du  publa  à  4  centi- 
mètres et  demi  environ.  Le  travail  du- 
rait depuis  trente -six  heures  sans 
avancer  sensiblement,  malgré  l'éner- 
gie et  la  violence  des  douleurs. 

M.  d'Olief  pensa  que  r^cconctiê- 
menl  ne  pourrait  se  terminer  que  psr 
Topération  césarienne;  en  consé- 
quence, il  conseilla  à  la  itaalade  de 
se  faire  transporter  à  la  Materbilé 
d'Orléans,  où  elle  arriva  le  lendemàtln. 
Le  chirurgien  constata  quVlle  se 
trouvait  dans  le  même  état  que  lâ 
veille.  La  partie  qui  se  présentiilt 
était  trè9-élevée.  C'était  la  tête,  sur 
laquelle  on  pouvait  sentir  une  tumeoi' 
sanguine,  notablement  engasée  à  tra- 
vers les  lèvres  du  col  et  Tespàce  pel- 
vien rétréci  par  la  tumeur.  La  lèvre 
antérieure  du  col  utérin  était  énor- 
mément œdémaiié.  M.  d'Oller  prati- 
qua l'opération  césarienne,  en  pré- 
S' uce  de  plusieurs  médecios  de  là 
ville. 

La  femme  ayant  été  nréalablemeùl 
en 'ormie  à  l'aide  du  chloroforme,  le 
chirurgien  incisa  la  paroi  abdominale 
sur  la  ligne  médiane  jusqu'à  la  matrice, 
il  s'aperçut  alors  que  ceile-èi  se  pré- 
sentait à  IHncision  âbdotninale  ainsi 
qu'il  arrive  souvent,  par  l'un  de  ses 
côtés,  i'our  la  mettre  dans  le  parallé- 
lisme avec  la  paroi  abdomihàle,  le 
chirurgien  ne  ciaignit  pas  d'introduire 
toute  sa  main  dans  le  ventre,  en  pas- 
sant derrière  i*utérus,  ei  de  releveircè 
dernier,  en  le  saisis^ant  à  pleine 
main 

L'incision  de  la  paroi  utérine  s'ac- 
compagna d'une  hêmorrhagle  consi- 
dérable qui  ne  fut  pas  arrêtée  sans 
Deine  ;  deux  artères  utérines  dorent 
être  liées;  les  iigat tires  furent  prati- 
quées de  manière  que  les  fa'la.aa  lien 
a«  tomber  dans  la  cavité  péntônétle, 


-  4Î7  — 


tgrubasseiil  nalurelleménl  dans  la  ca- 
vité utérine,  pour  être  ensuite  entrât- 
nés  au  dehors,  à  travers  le  conduit 
utero  vapinal. 

Après  l'extraction  de  l'enfant  et  du 
délitre,  M.  d'Ulier  constata  cette  par- 
ticularité plus  d'une  fuis  signalée  paf 
les  obKervateurs.  à  savoir  :  rélarglS- 
seiiient  excessif  de  l'ouverture  faite 
par  rincK>ion.  Il  senible  qufi  ta  face 
interne  de  l'utérus  se  porte  en  deliors, 
et  s^étalé  comme  si  la  matrice  voulait 
se  fetourner,  de  manière  que  sa  face 
Interne  devient  externe,  et  récinrd- 

anement.  M.  d'Olier  dit  qu'il  a  remé- 
lé  h  cela   avec  uiie  grande  facilité, 
en  prenant  les  deuxlèvresde  l'incision 
uiéiine  avec  le^^  iioigls  et  en  les  rame 
nant  à  leur  place  normale. 

La  hernie  de  ia  face  interne  de  l'u- 
térus aliiSt  réduite,  aucun  point  dé 
âuture  n'a  été  app'.i(tiié  âur  rihcisldlt 
uléHne:  le  chirtirgien  s'est  contenté 
de  fermer   la    plaie  abdominale   au 

nen  d'tin  nottiliresuftiéâUi  de  points 
iiture  ênioriillée. 

Avant  celle  suture,  un  accldeiit était 
venu  eilcore  compliquer  l'opération. 
Des  votnissements ,  provoqués  paf 
l'action  du  chloroforme,  ont  fait  sor- 
tir au  d»  hors  tout  té  paquet  intestibsll. 
4ii*ii  a  fallu  réduire  apt-ës  l'avoir  net- 
iové  avec  soin. 

Le  pansement  terminé,  la  malade^ 
tr^s-affaiblle  par  là  perte  de  sang,  a 
été  remise  dans  son  lit.  Pendant  les 
huit  bu  dix  Jours  qui  ont  suivi  l'opé- 
rallon,  l'éiat  de  la  malade  i  inspiré 
les  pins  vives  ihquiétudes  ;  il  seinblait 
s'atfgt-avêr  de  joui*  en  j6ui>  :  ta  fièvre 
éûiTt  Intense,  le  poulet  e>i  monté  suc-=> 
cessivement  â  hiO,  i'>5,  150  et  |u&- 
qu'à  140  pulsations  par  minute;  le 
ventre  était  te  siège  don  baltonne- 
litenl  considérable  et  de  douleurs  ei- 
cessivemeut  vives  ;  il  y  avait  des  éb- 
vit's  de  vomir,  deâ  vomissements,  uh 
hoquet  persistant  de  sinistre  augure; 
on  s'atiendait  chaque  Jour  avoir  suc- 
comber la  malade  IleureUsembht, 
vers  le  dixième  jour,  est  survenu  un 
commencement  d  amélioration  qui  n'a 
ceshé  de  faire  des  progrès.  Le  ventre 
a  diminué  de  volume,  les  douleurs  se 


sent  èalhiéès  ;  lès  f  oïdiéi^eniénts.  les 
H»uséèS,  le  bôi|ùet  se  sont  ari-ltM  i  i$ 
pouls  est  descendu  fiutïb^ssivëhlehi  Ûé 
140  à  120,  110,  100,  75  et  70  pulsa- 
tions par  minute  ;  enûn  la  malade 
s'est  trouvée  èomplétemént  guérie... 
Elle  est  resiée  à  l'bèpiial  jtf^y'aii 
15  mat-^i.  époque  où  elle  ett  est  Sertie 

fMittr  retourner  dans  son  pafs.  Dt'puls 
drs,  elle  n'a  cessé  de  jbUir  tl'une 
santé  parfaite.  [Abeille  thàt.,  1871^ 
no4.) 

temiiloi  4e  l'eltclil^lltttft 
Hlobttliis  ûmiàm  1«  iriilienleiit 
ilti  cbblérai.  Ce  sotit  les  f<  uilles 
que  l'auteur,  M.  Martin,  emploie^  de 
préférence,  de  cinq  à  huit  feuilles  en 
iufusiou  pour  un  litre  d'eau.  Les 
friiils  et  Técorcë  dohiiénl  le  moihë  ré- 
sultSt. 

L'eufeâlypius  ainsi  àdmiblstré  est 
d*Un  gdflt  agréable  ;  il  hite  la  «lécré- 
tion  de  l'uriné,  iilof's  HtéUe  (|â'elle se- 
rait SQspeiidUë  depuis  (iluslëuf^  jool's  ; 
Il  bbabge  souvent  là  taàture  et  là  ëd- 
lol-ation  des  sellés,  ibais  sui*ldut  II 
arrête  les  toiiilssénefals  oti  II  en  di- 
mihue  II  fréqueficë;  Sur  buàhaiHe- 
huit  malades  qui  lb|érëheiil  de  l'iii- 
fuslon,  soit  ttlacée.  sdtt  chaode,  soit 
itaélangée  avec  do  riiorb,  trenleéln^ 
diit  eu  les  voifiissëmëbts  at-rêtii  thils 
heUt*es  après  l'ingestinh  ëh  iiioyenue, 
sept  atndiridris  et  quatre  ëhet  qui  leè 
vomisselnënts  cuhtirtuërëhl. 

L'eUcaljrpios  parait  agl^par  l'htillë 
essentielle  qu'il  reoferrttt!^  et  ^ul  a 
une  très  grande  analogie  àtëë  l'es- 
sence dé  térébetilhiile.  G'^st  elle  ^ui 
donne  I  l'Infusiott  son  arôme; 

On  sait,  en  ëfhst,  que  ia  lérébeii- 
thine  a  été  recommandée  en  jtotion 
par  le  docteur  Dru  en  1847.  ei  par  le 
docteur  Ouclo^  éd  1805,  dans  le  iHii- 
tëideut  du  choléra.  Son  actidii  est  à 
peu  prës  là  roéihe  que  celle  de  l'ett- 
eal]{ptus.  Elle  est  diurétique,  antivo- 
mitive et  modifie  au.ssi  mattirestement 
les  Selles.  .Maté  I  eucalyptus  est  d'Utf 
goût  bien  preféhible  et  est  bléb  ttoieUic 
toléré  qu'elie.  (Algérie  médicale, 
n»  16, 1870.) 


VARitTÉt 


Faculté  dr  médecine.  —  Les  cours  de  la  Faculté  ont  recommencé  le  lundi 
12  juin  courant. 
Le  registre  des  inscriptions  a  été  immédiatement  onverU 


—  -428  - 

Les  étudiants  de  la  Faculté  qui  se  trouvent  dans  des  conditions  scolaires 
régulières  seront  admis  à  prendre  cumula tivement  les  inscriptions  de  novem- 
bre 1870,  janvier  et  avril  1871. 


HoNHcuR  A  Lk  MÉMoiBE  DE  M.  Russ.  —  Le  Couvrier  du  Bas- Rhin,  du  4  juin, 
contient  une  circulaire  adressée  aux  Alsaciens  par  les  membres  du  comité  d« 
la  souscription  en  l'honneur  de  feu  M.  Emile  Kuss,  le  dernier  maire  français 
de  Strasbourg.  «  Aujourd'hui,  la  première  partie  du  programme  est  réalisée,» 
les  frais  du  buste  en  marbre  à  placer  à  l'hôtel  de  ville  étant  couverts  ;  la 
seconde  devait  être  l'érection  d  un  monument  très-simple  à  la  mémoire  de  ce 
grand  citoyen  ;  mais  les  honorables  signataires  de  la  circulaire  proposent, 
comme  un  meilleur  moyeu  de  l'honorer,  l'institution  d'une  ou  de  plusieurs 
bourses  a  qui  permettent  l'étude  de  la  médecine  à  des  jeunes  gens^  originairet 
d'Alsace,  que  leur  situation  de  fortune  en  aurait  sans  cela  écartés^  »  Cette 
noble  idée,  pensons-nous,  n'est  pas  faite  pour  ralentir  le  zèle  des  souscripteurs 
alsaciens. 


Utgièhe  et  Salubrité.  —  On  lit  dans  le  Journal  officiel  : 

Le  conseil  d'hygiène  et  de  salubrité  du  département  de  la  Selne^  près  la 
préfecture  de  police,  s'empresse  de  rassurer  la  population  sur  Tétat  sanitaire 
actuel  de  Paris,  et  de  repousser  les  craintes  que  quelques  personnes  conçoi- 
vent à  tort  pour  l'avenir. 

11  n'existe  en  ce  moment  à  Paris  aucune  épidémie.  La  petite-vérole  elle- 
même,  ainsi  que  le  conseil  l'avait  affirmé  à  l'avance  dans  un  rapport  spécial 
et  rendu  public,  exagérée  par  des  circonstances  passagères,  a  cessé  de  régner 
épidémiquement.  Les  maladies  aiguës  mêmes  sont  très-rares,  ainsi  que  le  dé- 
montre suffisamment  la  situation  des  hôpitaux,  situation  sur  ia(|uelle  il  faut  se 
baser  toujours  pour  apprécier  exactement  la  santé  des  populations  (1). 

Tout  est  donc,  à  ce  point  de  vue,  satisfaisant  pour  le  présent.  Les  appréhen- 
sions qui  se  sont  produites  pour  l'avenir  sont  basées  sur  cette  pensée  que  des 
inhumations  très-uombreuses  ont  été  faites  au  milieu  de  la  ville,  dans  des 
lieux  publics  que  l'on  désigne^  en  dehors  des  conditions  sanctionnées  par 
l'expérience  et  ordonnées  par  les  règlements.  Ces  appréhensions  sont  absolu- 
ment sans  fondement.  Si  dans  les  premiers  jours,  en  raison  des  événements 
terribles  que  nous  traversions  et  des  difficultés  de  tout  genre  dont  ils  étaient 
rorigioe,  quelques  irrégularités  ont  en  effet  é^é  commises,  elles  sont  déjà 
complètement  réparées  ;  le  transfèremeut  a  été  opéré,  et  ce  service  s*est  fait 
depuis  dans  les  conditions  les  plus  normales  et  avec  des  soins  exceptionnels. 

Enfin,  l'activité  la  plus  grande  a  présidé  à  l'enlèvement  de  toutes  les  matiè- 
res susceptibles  de  s'altérer  et  de  donner  naissance  à  des  émanations  miasma- 
tiques (fumiers^  ordures,  liquides  chargés  de  substances  organiques,  etc.), 
matières  dont  Taccumulation  forcée  eût  pu  exercer  une  regrettable  influence. 

On  peut  donc  affirmer  d'abord  que  Paris  est  en  ce  moment  placé  dans  les 
conditions  de  santé  publique  et  de  salubrité  les  plus  satisfaisantes,  et  en  se- 
cond lieu,  qu'on  est  complètement  en  droit  d'en  présager  la  persistance. 

Le  soin  que  le  conseil  a  pris  de  partager  entre  ses  membres  les  divers  ar- 
rondissements de  Paris  et  la  surveillance  incessante  qui  en  résulte  sont  les 
plus  sûrs  garants  de  la  rapidité  avec  laquelle  toute  cause  d'insalubrité  serait 
immédiatement  écartée. 


(1)  D'un  autre  côté,  nous  tenons  d'un  des  médecins  d'état  civil  que  la 
mortalité  à  domicile  est  descendue  à  un  chiffre  très-sensiblement  inférieur  au 
chiffre  ordinaire,  ce  qui  peut,  du  reste,  tenir  pour  une  bonne  partie  à 
l'absence  d'un  grand  nombre  des  personnes  qui  habitent  ordinairement  Paris. 


Pour  les  articles  non  signés  :  F.  BRiCHETEAU. 


-  4S9  — 
THÉRAPEUTIQUE  MÉDICALE 


lies  dMiserfl  du  chloral. 

Que  le  chloral  n'est  pas  ino&ensif,  c'est  une  proposition  qui  as- 
surément pouvait  être  formulée  dès  le  premier  jour  que  cette  sub- 
stance a  été  introduite  dans  la  thérapeutique,  et  sans  attendre 
qu'on  fût  à  même  d'en  fournir  des  preuves  matérielles.  N'était-il 
pas  en  efiet,  non  -  seulement  vraisemblable^  mais  certain  qu'un 
agent,  qui  à  dose  assez  faible  précipite  dans  un  sommeil  pro- 
fond, pouvait,  administré  en  quantité  plus  considérable  —  et 
même  sans  cette  condition^  car  il  est  connu  que  certains  sujets  se 
montrent  plus  sensibles  que  d'autres  à  l'influence  des  médicaments 
actifs  —  pouvait ,  disons-nous^  occasionner  des  accidents  ?  Du 
reste,  les  expériences  du  médecin  qui  a  doté  la  thérapeutique  de  ce 
médicament  font  voir  que  chez  les  animaux  des  doses  sufGsantes 
peuvent  occasionner  la  mort,  d'où  la  conséquence  bien  naturelle 
que  le  même  résultat  funeste  était  aussi  à  redouter  chez  Thomme. 
Cependant,  et  en  vérité  Ton  est  bien  autorisé  à  exprimer  ce  repro- 
che, dans  la  pratique  un  compte  suffisant  n'a  pas  été  tenu  d'une 
si  terrible  éventualité.  Comme  le  dit  M.  le  docteur  Crichton 
Browne^  Tun  des  auteurs  dont  les  observations  servent  de  base  à 
cette  note^  «  jusqu*à  présent  la  tendance  générale  a  été  bien  cer- 
tainement d'exagérer  les  mérites  du  chloral.  Le  caractère  agréable 
de  Fespèce  d'ébriété  et  d'oubli  qu'il  engendre^  la  rapidité  et  l'évi- 
dence de  ses  effets,  ce  qu'il  y  a  de  spécieux  dans  la  réputation  qui 
lui  a  été  faite  d'être  un  succédané  de  l'opium^  possédant  tous  ses 
avantages  sans  avoir  aucune  de  ses  propriétés  délétères,  l'ont  porté 
du  premier  coup  à  la  place  la  plus  élevée  dans  la  faveur  populaire 
et  professionnelle,  et  lui  ont  assuré  un  accueil  plus  flatteur  et  plus 
largement  répandu  qu'il  n'en  avait  été  accordé  à  aucun  agent 
médicamenteux  depuis  l'introduction  de  son  grand  congénère,  le 
chloroforme.  Un  fleuve  de  chloral  a  coulé  sur  la  terre  et  toutes  les 
maladies  indistinctement  y  ont  été  plongées.  On  a  célébré  sa 
puissance  curative,  mais  jusqu'à  ces  derniers  temps  l'on  n'a  dit  que 
bien  peu  de  chose  de  ce  qui  peut  se  trouver  de  décevant  et  se  re- 
celer de  dangers  sous  ces  apparences  favorables.  » 

Ce  n'est  pas,  cependant^  qu'indépendamment  des  effets  mortels 
observés  dans  les  expériences  de  M«  Liebreich  sur  les  animaux  et 

TOMB  LXXX,  12«  LIVR.  34 


—  430  — 

signalés  par  lui,  quelques  remarques,  et  non  sans  importance, 
n'aient  été  faites  qui,  si  elles  eussent  franchi  les  limites  encore 
trop  restreintes  du  cercle  où  elles  se  sont  produites,  eussent  pu 
servir  de  sérieux  avertissement  et,  pour  ainsi  dire,  sonner  Fa- 
larme. 

Les  communications  suivantes,  en  effet,  ont  été  faites  à  la  Sb- 
ciété  de  Thérapeutique  (1)  :  —  M.  Legroux  sait  que  des  expérien- 
ces ont  été  entreprises  par  M.  Potain,  dans  son  service  de  Thôpital 
Necker,  avec  un  chloral  bien  défini  et  qui  paraît  être  identique  à 
lui-même  ;  il  a  pu  voir  là  des  effets  physiologiques  très-variés  se 
produire  sous  l'inQuence  de  cet  agent,  entre  autres  ceux  de  Fîvresse 
et  ceux  de  Tanesthcsie  ;  il  a  même  vu  se  produire  une  fois  une 
véritable  syncope  ;  il  rappelle  que,  dans  ses  essais  sur  des  lapins, 
M.  Chalvet  a  vu  l'un  de  ces  animaux  succomber  à  Pinjection  de 
doses  modérées  de  chloral.  —  M.  C.  Paul,  secrétaire  général,  dit 
que  M.  Giraldès,  ayant  dans  un  cas  administré  le  chloral  en  injec- 
tion sous-cutanée  par  cinq  piqûres,  a  vu  survenir  phlegmons,  abcès 
et  ulcérations  dans  le  lieu  des  piqûres  ;  il  peut  donc  y  avoir  quel- 
ques dangers  à  l'employer  par  ce  procédé.  —  M.  Pidoux,  ayant 
administré  le  chloral,  à  la  dose  de  2  grammes,  à  deux  hommes 
souffrant  de  douleurs  cérébrales  violentes,  les  a  vus  tomber  dans  un 
sommeil  de  plomb  et  se  réveiller  trois  ou  quatre  heures  après  avec 
les  mêmes  douleurs.  D'après  une  autre  observation  de  M.  Pidoux, 
des  malades  se  refusent  à  prendre  le  médicament  en  question,  les 
uns  à  cause  de  Vétat  de  subdelirium  dans  lequel  ils  restent  quelque 
temps  sous  son  influence,  les  autres  à  cause  du  goût  qu'il  laisse  à 
la  bouche  et  de  Tanorexie  quMl  arrive  souvent  à  provoquer.  —  M.  le 
docteur  Moutard-Martin  a  été  aussi  frappé  de  la  brusque  intensité 
du  sommeil  produit  par  le  chloral  et,  s'il  agit  en  se  changeant  en 
chloroforme,  n'y  aurait-il  pas  lieu  de  redouter  quelques  dangers 
dans  les  cas  où  on  l'administre?  Il  a  vu  le  chloral,  donné  à  un  ma- 
lade atteint  d'artérite  très-douloureuse,  ne  pas  amener  le  sommeil, 
mais  au  contraire  une  agitation  notable,  ainsi  que  le  fait  quelque- 
fois Popiura.  —  MM.  les  docteurs  Cadet- Gassicourt  et  Ferrand, 
MM.  Delpech  etBIondeau,  pharmaciens,  confirment  les  remarques 
précédentes,  ayant  été  témoins  soit  de  la  soudaineté  avec  laquelle 
les  malades  tombent  dans  le  sommeil,  soit  de  l'espèce  de  délire  et 


(1)  BuMins  et  Mémoires  de  la  Société  de  Thérapeuiiqm,  1868-1869,  cbei 
Asselin,  1871  ;  voir  p.  179,  186,  204  et  205. 


—  4SI  — 

de  Tagitation,  soit  de  la  somnolence  qu'il  peut  occasionner  ou 
laisser  au  réveil. 

Certes  ces  effets,  sans  être  d'une  gravité  extrâme,  étaient  tou- 
tefois de  nature  assez  sérieuse  et  asses  dignes  d'attention  pour  faire 
concevoir  aux  médecins  qui  voudraient  recourir  au  chloral^  la  né* 
cessité  de  le  prescrire  avec  beaucoup  de  précaution.  Sans  doute  un 
grand  nombre  auront  apporté  dans  son  emploi  toute  la  prudence 
commandée  quand  on  manie  un  médicament  qui  peut  être  dan- 
gereux^  surtout  si  ce  médicament  est  nouveau  et  encore  peu 
connu  ;  mais  nous  avons  quelque  raison  de  penser  que  plusieurs 
n'auront  pas  agi  avec  la  même  réserve  et  n'auront  pas  été  exempts 
peut-être  d'une  certaine  témérité.  Nous  ne  savons  si^  chez  nous^ 
une  telle  témérité,  en  supposant  qu'elle  ait  eu  lieu  en  effet,  a 
été  suivie  de  conséquences  fâcheuses;  les  épreuves  douloureuses 
par  lesquelles  la  France  vient  de  passer^  et  Paris  en  particulier^  ont 
^spendu  dans  une  large  mesure  les  communications  que  les  pra- 
ticiens font  ordinairement  soit  aux  académies  et  aux  sociétés  sa- 
vantes^ soit  à  la  presse.  Il  en  a  été  certainement  fait  à  la  presse,  et 
même  en  assez  grand  nombre^  mais  toutes  presque  ne  citent  que  des 
succès  ;  il  a  dû  y  avoir  pourtant,  il  y  a  eu,  à  n'en  pas  douter,  des 
résultat  négatifs  ;  peut-être  aussi  y  a-t-il  eu  des  résultats  funestes. 

Mais  si  les  publications  françaises  ne  nous  apprennent  rien  sur 
ce  dernier  points  il  n'en  est  pas  de  même  de  celles  de  nos  voisins 
d'outre-Manche.  Déjà,  dans  notre  livraison  du  30  avril  dernier, 
nous  avons  rapporté,  d'après  M.  le  docteur  H.  W.  Fuller,  des  ac- 
cidents inquiétants  et  même  un  cas  de  mort  manifestement  causés 
par  le  chloral.  Depuis^  nous  avons  trouvé  sur  ce  point  de  nouveaux 
renseignements,  et  nous  croyons  de  notre  devoir  d'en  faire  part 
à  nos  lecteurs. 

CSes  renseignements  se  trouvent  dans  des  articles  publiés  par 
MM.  W.  J.  Hunt  et  R.  W.  Watkins,  puis  par  M.  S.  Winter  Fisher 
dans  le  British  Médical  Journal  (25  février  et  l'''  avril),  et  enfin 
par  le  très-distingué  confrère  que  nous  avons  déjà  cité  plus  haut^ 
M.  le  docteur  J.  Crichlon  Browne^  dans  the  Lancet  {n-  des  1"  et 
8  avril).  C'est  au  travail  de  ce  dernier  auteur,  beaucoup  plus  étendu 
et  plus  complet^  que  nous  emprunteront  le  plus  grand  nombre  de 
faits,  avec  quelques-uns  des  commentaires  dont  ils  sont  accom- 
pagnés, nous  contentant  d'intercaler^  chemin  faisant,  suivant  leur 
nature,  les  faits  relatés  par  les  trois  autres  observateurs. 

Ces  faits,  qui  dans  le  fond  sont  probablement  le  produit  d'un 


—  432  — 

même  mécanisme  physiologique^  si  Ton  peut  se  servir  d^une  telle 
expression^  revêtent  des  aspects  différents,  qui  permettent  d'en 
former  des  groupes  distincts. 

Le  premier  groupe  comprend  des  cas  qui  sont  caractérisés  par 
une  modification  dans  Tétat  de  la  circulation  en  certaines  parties 
du  corps.  M.  Crichton  Browne  les  a  décrits  de  la  manière  sui- 
vante : 

a  Peu  de  temps  après  le  commencement  des  expériences  faites 
avec  le  chloral  dans  cet  asile  (M.  Crichton  Brovirne  est  médecin- 
directeur  d'un  asile  d'aliénés),  je  remarquai^  chez  un  assez  grand 
nombre  des  malades  soumis  à  son  influence,  une  disposition  sin- 
gulière à  une  sorte  de  congestion  vers  la  tête  et  la  face.  Il  n'était 
pas  rare  de  voir  un  malade  anémique,  pâle,  auquel  on  avait  ad- 
ministré le  chloral,  présenter  à  certaines  heures  du  jour  une  colo- 
ration rouge  du  teint  qui  aurait  pu  faire  croire  à  la  plus  florissante 
santé.  Dans  dix-neuf  cas  sur  quarante  où  le  chloral  a  été  essayé, 
du  mois  de  février  au  mois  de  juin  1870,  et  sur  lesquels  je  possède 
des  notes^  cette  coloration  a  été  remarquée  à  un  degré  plus  ou 
moins  prononcé  ;  dans  quelques  cas,  la  rougeur  était  répandue 
seulement  sur  les  joues  ;  mais  dans  d'autres,  beaucoup  plus  nom- 
breux, elle  embrassait  de  plus  le  fronts  le  cou  et  les  oreilles,  en 
prenant  une  intensité  de  coloration  complètement  inusitée  dans 
les  conditions  naturelles.  Dans  un  cas,  qui  est  comme  le  type  du 
plus  grand  nombre,  je  trouve  noté  qu'une  demi-heure  après  l'in- 
gestion de  15  grains  de  chloral,  la  face,  depuis  la  racine  des  cheveux 
jusqu'à  la  base  du  maxillaire  inférieur^  était  d'une  teinte  écarlate 
foncée,  très-persistante  sous  la  pression,  ayant  son  maximum  d'in- 
tensité aux  éminences  malaires  et  sur  le  dos  du  nez^  et  de  là  allant 
en  se  dégradant  dans  toutes  les  directions.  Les  oreilles  participaient 
de  cette  même  coloration^  qui  se  trouvait  également  éparse  sous 
forme  de  taches  sur  le  cou  et  la  poitrine,  la  tache  la  plus  large 
ayant  à  peu  près  la  dimension  d'un  florin,  et  la  plus  bas  placée  se 
trouvant  au  niveau  delà  partie  moyenne  du  sternum.  Ce  singulier 
état  hyperémique^  auquel  s'associaient  une  légère  contraction 
des  pupilles^  une  injection  des  conjonctives  et  de  l'excitation 
de  la  circulation^  continuait  environ  une  heure,  puis  disparaissait 
durant  un  accès  d'éternument  accompagné  d'une  certaine  agi- 
tation, pour  revenir  à  la  suite  de  la  dose  suivante  de  chloral.  Une 
observation  attentive  m'a  convaincu  que  cet  état  se  présentait  rare- 
ment après  une  seule  et  même  après  plusieurs  doses  de  chloral,  mais 


—  «3  — 

qu'en  général  il  se  manifestait  quand  il  en  avait  été  pris  d*une 
manière  régulière  pendant  un  peu  de  temps.  Uusage  simultané  de 
boissons  alcooliques  en  rendait  l'apparition  beaucoup  plus  certaine. 
Une  fois  produit^  il  ne  cessait  pas  aussi  aisément  ;  le  chloral 
était-il  suspendu,  la  rougeur  ne  revenait  pas  moins^  à  1  asuite  des 
repas,  pendant  huit  ou  dix  jours,  et  beaucoup  plus  longtemps  si 
le  médicament  avait  été  continué.  C'était  là  une  source  de  grande 
incommodité  pour  les  patients  chez  lesquels  ces  phénomènes  se 
produisaient,  et  qui  avaient  conservé  assez  d^intelligence  pour  expri- 
mer leurs  sensations.  Us  se  plaignaient  de  chaleur  brûlante  à  la 
face,  de  se  sentir  tout  en  feu  et  d'éprouver  en  même  temps  de  l'é- 
tourdi ssement,  de  rincertitude  dans  la  marche  et  de  la  confusion 
dans  les  idées.  » 

M.  Grichton  Brov^ne,  cherchant  à  s'expliquer  cette  rougeur  de  la 
face  déterminée  par  le  chloral,  compare  ce  phénomène  avec  celui 
qu'on  observe  chez  quelques  personnes  dont  on  voit  le  teint  s'em- 
pourprer dans  certaines  circonstances,  par  exemple  à  la  suite  des 
repas  ou  après  avoir  ingéré  des  boissons  alcooliques,  avec  celui  no- 
tamment dont  s'affectent  beaucoup  un  assez  grand  nombre  de 
femmes,  qui  ne  peuvent  prendre  la  plus  petite  quantité  de  vin  sans 
devenir  cramoisies.  Il  en  suppose  Torigine  dans  une  modification 
subie  par  le  système  nerveux,  modification  que,  d'après  les  recher- 
ches de  Brown-Séquard  et  de  Lister,  il  regarde  comme  consistant 
en  une  paralysie  temporaire  des  centres  vaso-moteurs  de  la  tête 
et  du  cou,  consécutive  à  une  impression  violente  ou  de  nature  par- 
ticulière exercée  sur  les  nerfs  afférents  de  l'estomac  et  les  petits 
ganglions  avec  lesquels  ils  sont  en  rapport. 

Sans  nous  appesantir  davantage  sur  les  explications  de  notre 
auteur,  qu'il  nous  suffit  d'avoir  indiquées,  nous  arrivons  à  un  autre 
groupe  d'accidents  qui  paraissent  devoir  être  attribués  à  l'action  du 
chloral.  Il  se  compose  de  cas  d'urticaire  aiguë,  survenant  chez  des 
sujets  qui  jamais,  avant  l'usage  de  ce  médicament,  n'avaient  été 
affectés  de  cette  maladie,  et  qui  s'en  sont  trouvés  atteints  au  mo- 
ment où  ils  étaient  soumis  à  son  action. 

• 

Obs.  I.  Urticaire,— Dbus  la  matinée  du20  novembre  i  870,  on  s'a- 
perçoit que  la  nommée  E.  R***,  âgée  de  trente  ans,  couchée  salle  32 
de  rasile,  présentait,  environ  une  heure  après  avoir  oris  une  dose 
de  chloral,  une  coloration  vive  du  visage  et,  sur  toute  la  surface  du 
corps,  une  rougeur  inflammatoire  diffuse  ressemblant  si  exacte- 
ment à  une  éruption  scarlatineuse,  qu'on  crut  prudent  de  l'isoler  à 


-  4M- 

Thôpital  pour  les  maladies  contagieuses.  Là,  des  symptômes  plus 
caractéristiques  ne  tardèrent  pas  à  se  développer.  De  nombreuses 
élevures^  pâles,  allongées^  se  montrèrent  spontanément  sur  les 
jambes^  les  épaules^  et  vers  la  région  moyenne  du  tronc^  tandis 

Ju^il  s'en  produisait  de  semblables  également  sur  d^autres  parties 
e  la  peau  par  l'action  de  gratter.  En  même  temps  la  malade  accu- 
sait des  douleurs  cuisantes  et  pongitives^  un  sentiment  de  tension 
et  de  dureté  dans  toute  la  surface  du  corps,  une  respiration  sif-* 
fiante,  des  douleurs  vives  dans  les  yeux,  de  la  céphalalgie  et  de  la 
lassitude.  On  administra  une  dose  de  poudre  de  rhubarbe  com- 
posée (1),  et  au  bout  de  cinq  heures  (dix  heures  après  le  début  de  Tin- 
vasioti)  la  peau  était  rentrée  complètement  dans  son  état  normal. 

Obs.  II.  f/r/icaire.-^Cecasaété rapporté parM.ledocteurS.Win- 
ter  Fisher,  un  des  observateurs  que  nous  avons  nommés  plus  haut. 
En  juin  dernier,  dit  notre  confrère,  j'eus  Toccasion  d'administrer  à 
une  malade,  femme  robuste,  d'âge  moyen,  un  hypnotique,  que  je 
formulai  ainsi: 

Hydrate  de  chloral 25  grains. 

Eau ',  .       1  once  et  demie. 

Sirop  simple Q.  S. 

Après  avoir  pris  cette  potion,  la  malade  fut  atteinte  d'urticaire. 
Je  m'enquis  avec  soin  si  elle  avait  usé  de  quelqu'un  des  aliments 
qui  sont  connus  pour  faire  naître  parfois  cette  affection,  tels  que 
farine  d'avoine,  coquillages,  etc.;  elle  m'assura  que  non.  Je  sus- 
pendis l'usage  du  chloral,  sans  me  croire  en  droit  à  ce  moment  de 
lui  attribuer  la  production  de  Téruption,  Mais  vingt-six  jours 
après,  en  ayant  fait  prendre  une  nouvelle  dose  de  10  grains,  je 
VIS  en  très-peu  de  temps  les  mêmes  effets  se  manifester  de  nouveau. 

Cette  dernière  circonstance  de  la  réapparition  de  l'urticaire  après 
une  seconde  administration  de  Thydrate  de  chloral  parait  déci- 
sive pour  trancher  la  question  d'étiologie,  et  à  ce  titre  le  fait  de 
M.  Winter  Fisher,  quoique  relaté  dans  les  termes  succincts  qu'on 
vient  de  voir,  nous  semble  des  plus  intéressants.  En  le  rapportant, 
cet  observateur  s'est  borné  à  exprimer  la  relation  de  cause  à  effet 
qui  lui  a  paru  exister  entre  l'administration  du  chloral  et  l'appari- 
tion de  l'urticaire,  sans  proposer  aucune  théorie  quant  au  mode  de 


(1)  lit  formule  de  ettte  poudre  se  trduve  dans  le  formulaire  de  M.  Jeannelt 

Magnésie  calcinée 75  grammes. 

Poudre  de  rhubarbe 25       -^ 

—      de  gingembre 12       — 

M.  Dose  de  d  à  10  gramoleé. 


—  435  — 

production  de  la  maladie.  M.  Crichton  Browne  Texplique  par  une 
hyperémie  capillaire  générale  due  à  une  paralysie  vaso-motrice, 
avec  spasme  des  fibres  musculaires  cutanées  par  irritation  des  nerfs 
moteurs,  et  hyperesthésie  résultant  de  modifications  dans  les  ex- 
trémités périphériques  des  nerfs  afférents.  Ici^  les  effets  du  chloral 
se  seraient  élevés  d'un  degré  au-dessus  de  la  paralysie  vaso-mo- 
trice simple  admise  par  lui  comme  point  de  départ  des  phénomènes 
dont  il  a  été  question  ci-dessus. 

Mais,  dit  le  même  auteur,  Jes  effets  pernicieux  que  peut  exercer 
le  chloral  dans  certaines  conditions  ne  semblent  pas  se  borner  à 
une  paralysie  vaso-motrice  ou  à  une  névrose  transitoire  de  la  peau. 
Des  cas  qu'il  a  rencontrés  lui  paraissent  démontrer  qu'ils  peuvent 
aussi  atteindre  la  constitution  du  sang  et  la  nutrition  des  tissus,  et 
aller  ainsi  jusqu'à  mettre  la  vie  en  péril.  Dans  ces  cas,  qui  se  sont 
présentés  chez  des  sujets  affectés  de  maladie  organique  du  cer- 
veau, les  phénomènes  observés  ont  été  ceux  du  purpura  aigu. 

Obs.  ÏII.  Purpura, — M.  A***,  femme  âgée  de  soixante-neuf  ans, 
pensionnaire  de  Tasile  depuis  un  grand  nombre  d'années,  sujette 
à  des  attaques  périodiques  de  manie  revenant  tous  les  six  mois  et 
s'accompagnant  de  convulsions  et  de  coma,  entra  à  l'infirmerie 
pour  une  de  ses  crises  habituelles,  le  1"  mars  1870,  et  fut  mise  à 
rusagè  de  Phydrate  de  chloral,  à  la  dose  de  20  grains  trois  fois 
par  jour.  Le  médicament  amena  le  sommeil  et  de  Tanesthésie  cu- 
tanée, mais  de  plus,  le  4  mars,  un  résultat  très-inattendu,  sous  la 
forme  d'une  rougeur  vive  ayant  l'aspect  de  Térythème,  mais  per- 
sistant sous  la  pression  du  doigt,  et  répandue  sur  la  poitrine  et  les 
épaules.  Cette  rougeur,  le  6  mars,  avait  gagné  toute  Tétendue  du 
tronc  et  des  membres,  et  s'était  marbrée  de  plaques  livides  et  de 
taches  d^un  rouge  foncé.  Les  lèvres  et  la  muqueuse  buccale  étaient 
devenues  en  même  temps  rouges,  d'un  ton  de  chair  crue,  les  gen- 
cives spongieuses,  la  langue  excoriée  superficiellement  et  ulcérée 
par  places.  L'haleine  était  fétide,  le  pouls  à  120,  faible  et  dépres- 
sible,  et  l'état  général  celui  d'une  grande  débilité  avec  excitation  et 
délire.  Le  9,  il  n'était  survenu  aucun  changement,  si  ce  n'est  que 
les  ulcérations  de  la  bouche  étaient  plus  étendues  et  plus  péni- 
bles. Mais  le  11,  on  put  constater  la  diminution  de  l'éruption  pé«- 
téchiale  sur  le  thorax  et  l'abdomen,  où  elle  n'avait  jamais  eu  au- 
tant d'intensité  que  sur  les  bras  et  les  jambes,  et  où  l'on  pouvait 
maintenant  apercevoir  des  intervalles  de  peau  jaunâtres  et  môme 
blancs.  Les  bras  étaient  rouges,  mouchetés  de  lames  épidermiques 
blanchâtres  en  partie  détachées,  et  les  lèvres  encroûtées  de  sang  des^ 
séché.  Le  15,  une  sorte  de  desquamation  générale  avait  commencé, 
l'épiderme  présentant  par  places  des  soulèvements  de  forme  arron- 
die, ayecëpaississement,  semblables  à  des  ampoules  de  vésicatoire 


—  436  — 

où  le  sérum  aurait  été  résorbé  ,  et  sous  lesquels  le  derme  était  de 
couleur  pourpre  foncée  ou  jaune  en  quelques  endroits.  Il  se  forma 
ensuite  une  large  ulcération  à  la  région  sacrée^  et  quelques  cre- 
vasses et  fissures  au  voisinage  des  articulations.  La  convalescence, 
toutefois^  marcha  d'une  manière  assurée,  et  la  malade  reprit  assez 
vite  sa  santé  ordinaire.  M.  Pridgin  Teale  ,  qui  eut  occasion  de  la 
voir  dans  la  période  d'état  de  la  maladie,  diagnostiqua  un  purpura, 
sans  y  avoir  été  provoqué  par  aucune  insinuation. 

Obs.  IV.  Purpura.  —  Dans  ce  second  cas,  il  s'agit  d'une  femme 
de  quarante-six  ans,  admise  à  Fasile. depuis  quatre  ans,  et  atteinte 
d'une  afibction  du  cœur,  d'hémiplégie  gauche  et  de  démence  avec 
excitation.  Le  24  février  dernier,  M.  Crichton  Browne  lui  pres- 
crivit, comme  calmant,  15  grains  de  chloral  trois  fois  par  jour,  et 
jusqu^au  i5  mars  les  effets  en  furent  avantageux.  Mais  à  cette  date 
on  s'aperçut  de  la  présence  autour  de  Tépaule  gauche  de  nom- 
breuses taches  de  couleur  pourpre,  qui  le  lendemain  s'étaient  éten- 
dues et  venaient  se  réunir  à  d'autres  semblables  dont  s'étaient  cou- 
verts les  épaules  et  les  avant-bras.  Le  17,  plusieurs  plaques  livides 
avaient  envahi  la  face  ;  et  en  même  temps  le  bras  gaucne,  devenu 
tuméfié  et  dur,  laissait  voir  sur  sa  surface  rougie  une  quantité  con- 
sidérable de  petits  points  ou  de  stigmates  d'une  teinte  beaucoup 
plus  foncée  et  que  la  pression  ne  faisait  pas  disparaître.  Le  lende- 
main, apparition  de  taches  pourpres  foncées  et  de  décolorations 
ecchymotiques ,  les  unes  petites,  arrondies,  circonscrites,  les 
autres  larges  et  de  forme  régulière,  sur  les  jambes,  Tabdomen  et  le 
dos,  où  elles  se  montraient  restreintes  à  une  sorte  de  bande  de 
2  pouces  de  large  s'étendant  de  chaque  côté  de  la  colonne  verté- 
brale. En  même  temps  prostration  profonde,  somnolence,  faiblesse 
et  irritabilité  du  pouls,  rougeur  des  lèvres,  qui  étaient  complète- 
ment dénudées  de  leur  épithélium ,  langue  crevassée  et  couverte 
d'un  enduit  épais.  Le  19,  tes  taches,  les  ecchymoses  avaient  gagné 
dans  tous  les  sens,  en  perdant  de  la  vivacité  ae  leur  teinte  pour  en 
prendre  une  plus  somnre.  Il  se  manifesta  des  symptômes  de  con- 
gestion pulmonaire,  les  forces  baissèrent  de  plus  en  plus,  des  syn- 
copes survinrent,  et  la  malade  succomba  le  22  mars.  A  Tautopsie, 
outre  les  taches^  vibices ,  ecchymoses,  soit  d'un  rouge  terne,  soit 
livides,  dont  le  tronc  et  les  membres  étaient  couverts,  on  trouva  une 


leurs  capsules ,  un  kyste  de  l'arachnoïde  à  droite  avec  aplatisse- 
ment de  la  substance  cérébrale,  et  diverses  autres  lésions  de  l'en- 
céphale. 

D'après  l'opinion  de  M.  Crichton  Browne,  il  ne  saurait  s'élever 
aucun  doute  que,  dans  ces  deux  cas,  Taffection  décrite,  le  purpura, 
n'ait  été  la  conséquence  de  l'action  du  chloral.  Les  symptômes. 


—  437  -- 

dit-il>  en  étaient  d'un  genre  unique^  et  tels  que  jusque-là  rien  à  peu 
près  n'avait  été  observé  dans  l'asile  qui  pût  leur  être  comparé  ;  on 
avait  bien  vu  et  Ton  voit  bien  parfois^  chez  les  vieilles  femmes  alié- 
néeSy  du  purpura  senilis,  affectant  principalement  la  face  dorsale 
des  mains  et  des  bras,  mais  jamais  du  purpura  ayant  les  carac- 
tères décrits  dans  les  cas  qui  viennent  d'être  relatés. 

Sans  suivre  davantage  l'auteur  dans  les  explications  théoriques 
qu'il  propose,  nous  nous  hâtons  d'arriver  à  d'autres  faits  aussi  dé- 
sastreux que  ce  dernier,  c'est-à-dire  à  des  cas  de  mort,  qui  sem- 
blent dus  à  l'influence  du  chloral  sur  Tinnervation  du  cœur.  Les 
allusions  qui  ont  été  faites  précédemment  à  des  syncopes  observées 
à  la  suite  de  l'administration  du  chloral  avaient  déjà  témoigné  de 
cette  influence;  M.  Grichton  Browne  a  été  témoin  de  plusieurs  acci- 
dents de  ce  genre  (lipothymies  avec  affaiblissement  extrême  du  pouls 
et  vomissements)  après  une  ou  plusieurs  doses  de  chloral  ;  il  a  ob- 
servé de  plus  le  cas  suivant,  où  la  mort  lui  paraît  avoir  été  déter- 
minée par  l'action  de  cette  substance  sur  Torgane  central  de  la 
circulation. 

Obs.  V.  Mort. — M.  B***,  âgé  de  quarante-six  ans,  pensionnaire 
de  l'asile  depuis  quatre  années,  et  affecté  de  mélancolie  avec  accès 
d'impulsions  violentes,  se  plaignit,  en  février  1870,  d'une  insom- 
nie complète  qui  empoisoqnait  son  existence  et  détériorait  sa  santé 
générale.  Après  l'essai  inefficace  de  divers  médicaments,  on  pres- 
crivit le  chloral,  qui,  ayant  produit  de  bons  effets,  fut  continué  à  la 
dose  de  30  grains  chaque  soir,  du  24  février  au  24  décembre,  sauf, 
occasionnellement ,  de  courtes  interruptions.  Le  malade  se  disait 
considérablement  soulagé  par  le  chloral,  mais  privé  ïde  sommeil 
chaque  fois  qu'il  ne  le  prenait  pas,  ce  qui  était  confirmé  par  les 
témoignages  des  veilleurs^  Sous  l'influence  de  ce  médicament,  son 
état  mental  s'améliorait ,  devenant  plus  tranquille,  plus  gai,  plus 
maître  de  lui-même.  Il  présentait  cependant,  à  un  degré  marc[ué,  les 
phénomènes  de  paralysie  vaso-motrice  ci-dessus  décrits.  Cinq  mi- 
nutes après  avoir  pris  le  chloral,  son  visage  prenait  une  teinte 
rouge  foncée  qui,  en  peu  de  temps,  couvrait  le  front,  les  oreilles  et 
le  cou.  En  même  temps  sa  marche  devenait  moins  ferme,  sa  pa- 
role plus  hésitante,  et  il  avait  l'air  d'être  dans  un  état  incomplet 
d'ivresse.  L'accoutumance  à  l'usage  du  médicament  ne  diminuait 
pas  ces  effets,  mais  ne  semblait  pas  les  augmenter.  En  novembre 
et  décembre,  il  fut  à  plusieurs  fois  pris  subitement  de  terreur  et 
d'angoisse,  et  alors  il  serrait  les  mains  et  poussait  des  cris ,  sans 
qu'il  lui  fût  possible,  quand  il  revenait  à  lui,  de  rendre  compte  de 
ce  qu'il  avait  éprouvé.  Le  22  décembre ,  frissons  et  diarrhée  ;  un 
examen  attentif  ne  dénote  aucun  désordre ,  et  le  lendemain  il  se 
trouvait  mieux.  Mais  le  24,  ayant  pris,  sa  dose  de  chloral  plus  tôt 


—  438  — 

1a*à  Tordinaire,  et  une  heure  un  quart  seulement  après  le  repas 
u  soir,  on  le  vit  vingl-cinq  minutes  après  marcher  en  chancelant, 
ayant  la  face  vultueuse,  et  dans  un  état  de  confusion  d'idées  et  de 
stupidité  comme  s'il  eût  été  tout  à  fait  ivre  ;  en  cherchant  à  gagner 
son  dortoir,  il  tomba  contre  un  lit,  devint  mortellement  pâle,  fit 
quelques  efforts  convulsifs  de  respiration,  et  succomba.  On  s'em- 
pressa de  lui  porter  secours,  et  entre  autres  moyens  on  essaya  la 
respiration  artificielle  ;  tout  fut  inutile.  Le  corps  était  pâle,  les 
muscles  flasques,  les  pupilles  largement  dilatées,  et  une  éjacula- 
tion  séminale  avait  eu  lieu  au  moment  de  la  mort.  Uexamen  du 
flacon  contenant  sa  potion  fit  voir  qu'il  n'en  avait  pas  pris  la  dose 
complète.  Les  principales  lésions  révélées  par  Tautopsie  étaient  les 
suivantes  :  congestion  hypostatique  des  capillaires  et  des  veines  su- 
perficielles, celles-ci  se  dessinant  en  lignes  violacées  sur  toute  la  sur- 
face du  corps  ;  plusieurs  plaques  blanches  d'aspect  fibreux  sur  le 
feuillet  viscéral  du  péricarde;  amincissement  des  parois  du  cœur 
gauche,  épaississement  des  parois  droites,  dilatation  des  cavités 
remplies  de  sang  noir  fluide;  poumons  gorgés  de  sang  noir;  état 
graisseux  du  foie;  congestion  considérable  de  la  rate;  reins  énormes, 
avec  la  substance  corticale  pâle  et  les  pyramides  congestionnées  et 

Sresque  noires  ;  estomac  contenant  oes  aliments  incomplètement 
igérés,  sa  muqueuse  fortement  hyperémiée;  épaississement  du 
crâne  à  la  région  frontale  et  adhérence  à  la  dure-mère  ;  sinus  vides  ; 
arachnoïde  épaissie,)  d'aspect  laiteux  ;  substance  cérébrale  anémi- 
que; ventricules  remplis  d'un  liquide  clair. 

M.  Grichton  Brovirne  attribue  la  mort  dans  ce  cas  à  une  action 
paralysante  exercée  sur  le  cœur  par  le  chloral,  qui  lui  paraît  être 
doué;  comme  le  chloroforme,  de  propriétés  capables  de  diminuer 
l'action  de  cet  organe,  et  même  de  l'arrêter  complètement.  Il  fait 
remarquer  Tidentité  des  phénomènes  nécroscopiques  notés  dans  ce 
cas  avec  ceux  qui  ont  été  observés  dans  la  plupart  des  cas  de  mort 
par  le  chloroforme. 

Nous  terminerons  en  rapprochant  de  ce  fait  une  dernière  obser- 
vation due  à  MM.Hunt  et  Watkins,  et  où  il  s'agit  également  d'ac- 
cidents mortels  survenus  après  Tusage  du  chloral. 

Obs.  VL  J/br^.— Un  ecclésiastique,  âgé  de  cinquante  et  un  ans,  non 
marié,  de  tempérament  sanguin  et  sujet  à  la  dyspepsie,  commença 
k  prendre  du  chloral  le  soir  du  15  novembre  1870  ;  la  dose  fut  d'a- 
bord de  20 grains,  combinés  à  20  grains  de  bromure  de  potassium; 
puis  cette  dernière  substance  fut  laissée  de  côté,  et  la  dose  du  chlo- 
ral fut  graduellement  augmentée,  mais  sans  qu'on  ait  pu  savoir 
jusqu'à  quelle  quantité  et  avec  quelle  promptitude.  Ce  qui  est  cer- 
tain, c'est  qu'un  médecin  ne  fut  pas  appelé  à  en  diriger  l'adminis- 
tration, et  il  ne  paraît  pas  moins  sûr  que,  malgré  des  avertisse- 
ments donnas  par  kt  chimiste  qui  fournit  le  médicament,  le  malade 


—  439  — 

en  fit  un  véritable  abus.  Le  27  janvier,  à  huit  heures  du  matin,  on 
le  trouva  mort  dans  son  lit.  Lorsque  M.  Hunt  le  vit,  une  heure 
après,  il  trouva  le  corps  encore  partiellement  chaud,  avec  la  face 
pâle  et  calme,  sans  traces  de  vomissements,  sans  rien  qui  donnât 
lieu  de  supposer  que  la  terminaison  fatale  eût  été  précédée  d'aucune 
agitation.  On  sut  de  la  gouvernante  du  défunt  qu  il  avait  pris  l'ha- 
bitude de  prendre  de  Thydrate  de  chloral  le  soir  en  se  couchant,  et, 
en  comparant  le  flacon  trouvé  chez  lui  aux  notes  du  chimiste  qui 
avait  fourni  le  médicament,  on  calcula  qu'il  avait  dû,  dans  les  dix 
jours  précédant  sa  mort,  en  prendre  14  drachmes  (soit  près  de 
55  grammes,  ou  5  grammes  et  demi  par  jour).  A  l'autopsie,  la  plu- 
part des  organes  furent  trouvés  en  bon  état.  Les  seules  altérations 
constatées  furent  les  suivantes  :  concrétion  blanche  et  lisse,  de  la 
largeur  de  Tongle,  dans  la  séreuse  recouvrant  la  face  antérieure  du 
ventricule  gauche,  sans  adhérences  ;  estomac  ample  et  distendu, 
avec  accroissement  de  la  vascularité  le  long  de  la  petite  courbure 
et  vers  l'extrémité  cardiaque,  où  se  voyaient  aussi  quelques  petites 
ecchymoses  sous  la  men^brane  muqueuse  ;  adhérences  peu  éten- 
dues des  membranes  cérébrales  de  chaque  côté  du  sinus  longitudi- 
nal supérieur^  avec  d'anciens  dépôts  fibrineux  ;  les  méninges  gé- 
néralement congestionnées,  et  contenant  environ  1  once  de  sérosité 
rougeâtre  ;  circonvolutions  remarquablement  larges  et  pâles  ;  sub: 
stance  cérébrale  pâle,  molle  et  friable  ;  pas  d'augmentation  de  vas- 
cularité en  aucun  point,  à  Texceptiou  du  plexus  choroïde  ;  pas 
d'épanchement  dans  les  ventricules  ni  d'extravasation  de  sang. 

Tels  senties  faits  que  nous  avons  pu  recueillir  dans  la  presse  an- 
glaise ;  nous  les  avons  rapportés  tels  que  les  auteurs  les  ont  publiés, 
et  avec  les  commentaires  de  l'un  d'eux,  mais  en  abrégeant  ces  der- 
niers. Ces  faits  méritent  d'être  pris  en  sérieuse  attention,  car  s'ils 
ne  sont  pas  tous  peut-être  à  l'abri  de  quelques  objections  relati- 
vement à  rintervention  du  chloral  dans  leur  production  (ce  que 
Texpérience  pourra  éclaircir],  les  principaux  ne  laissent  mal- 
heureusement pas  d'incertitude  sur  la  réalité  des  dangers  que  peut 
entraîner  cette  substance.  Ce  n'est  pas  à  dire,  sans  doute,  qu'il 
faille  renoncer  à  son  emploi  ;  elle  nous  paraît  au  contraire  ap- 
pelée à  rendre  de  véritables  et  grands  services  dans  la  thérapeu- 
tique, comme  le  prouvent  surabondamment  les  faits  nombreux 
désormais  acquis,  et  qui  démontrent  ses  bienfaits  dans  beaucoup 
d'affections  nerveuses.  Mais  il  y  aura  lieu  d'étudier  avec  soin  ses 
effets,  afin  d'arriver  à  discei:ner  les  cas  morbides  où  elle  peut  être 
employée  sans  inconvénient,  et  ceux  où  *elle  se  trouvera  contre- 
indiquée  (I).  D'A.  Gàuchbt. 

— *^^    III  I  I  I  I        ■■!  I  I  I  II.. 

(1)  Aux  faits  continus  dans  cet  article  et  dans  celui  que  nous  avons  publié 


—  410  — 

Une  formale  pour  le  traltemeni  de  la  eUoredei 

Par  K.  le  doetear  Dblioux  di  Sàtxgràc. 

C'est  une  grande  erreur  de  croire  qu'avec  le  fer  seul  on  pour- 
rait  guérir  une  chlorose.  La  chlorose,  qui  est  essentiellement  une 
maladie  de  femme^  différente  de  l'anémie^  et  dans  laquelle  l'ané- 
mie ou  plutôt  Taglobulie  n'est  qu'un  élément,  o&e  bien  d'autres 
indications  que  l'administration  du  fer.  Yoici^  par  exemple,  une 
formule  que  je  propose  pour  répondre  aux  indications  les  plus  or- 
dinaires de  4a  chlorose  : 

Pr.  :  Tartrate  ferrico-potassique  ....  10  grammes. 

Poudre  d'aloës 2       — 

—  de  castoréum 2       — 

—  de  safran •      1       — 

Térébenthine  de  Venise Q.  S. 

F.  S.  A.  cent  pilules.  La  quantité  de  térébenthine,  nécessaire 
pour  donner  à  la  masse  la  consistance  pilulaire  convenable  est 
d'environ  5  grammes  ;  chaque  pilule  sera  donc  du  poids  de  20  cen- 
tigrammes et  contiendra  10  centigrammes  de  tartrate  ferrico-po- 
tassique. 

Administrez  ces  pilules  au  nombre  de  trois  par  jour,  en  commen- 
çant ;  augmentez  graduellement  d'une  pilule  par  jour,  en  vous  ar- 
rêtant au  nombre  nécessaire  pour  obtenir  et  maintenir  la  liberté  du 
ventre,  sans  aller  jusqu*à  la  diarrhée  ;  on  diminuerait  la  dose  en  pré- 
sence de  cet  accident.  On  arrive  ainsi  jusqu'à  six  et  neuf  par  jour;  il 
est  rare  que  Ton  soit  obligé  d'en  prescrire  jusqu'à  douze.  Fraction- 
nez la  dose  journalière  de  ces  pilules  en  trois  prises  :  la  première 
le  matin  à  jeun,  la  deuxième  au  commencement  du  déjeuner,  la 
troisième  au  commencement  du  dîner.  Il  est  généralement  avanta- 
geux de  consommer  plus  de  pilules  à  la  première  prise  qu'aux  deux 
suivantes.  A  jeun,  après  le  repos  de  la  nuit ,  Testomac  est  mieux 
disposé  à  la  digestion  et  à  l'absorption  des  substances  médicamen- 


dans  notre  livraison  du  30  avrils  il  est  nécessaire  d'ajouter  :  1»  an  cas  de 
mort  qui  parait  également  devoir  être  attribué  au  cbloral  et  qu'on  voit  rap- 
porté dans  la  Correspondance^  à  la  page  465  de  ^/le  Ianc6^,  numéro  du  i«'  avril, 
sous  le  titre  de  :  Action  of  Chloral  on  the  Blood  ;  2»  et  d'autres  encore  qui, 
d'après  la  Gazette  hebdomadaire  (no  du  9  juin),  se  trouvent  dans  le  Médical 
Times,  1871.  Nous  nous  proposons  de  rechercher  ces  derniers  et  de  les  ré- 
sumer pour  nos  lecteurs. 


—  441  — 

teuses.  Si  parmi  celles-ci  il  s'en  trouve  que  Ton  destine  à  faroriser 
les  évacuations  intestinales,  il  est  plus  commode  pour  le  sujet  d'en 
éprouver  l'impression  dans  le  cours  delà  matinée.  En  conséquence, 
la  dose  ordinaire  de  ces  pilules  étant  de  six  par  jour,  le  plus  habi- 
tuellement je  les  répartis  ainsi  :  trois  le  matin^  deux  vers  midi,  une 
le  soir.  De  même^  si  j'en  dois  prescrire  un  nombre  impair,  c'est  la 
fraction  la  plus  forte  qui  sera  réservée  pour  la  première  prise  de  la 
journée. 

U  me  reste  maintenant  à  justifier  la  composition  de  cette  for- 
mule et  à  en  spécifier  les  indications. 

Le  fer  y  tient  la  première  place.  La  préparation  de  ce  métal  dont 
je  fais  choix  est  incontestablement  Tune  des  meilleures.  Elle  est 
très-soluble,  mieux  supportée  que  beaucoup  d'autres  par  les  esto- 
macs délicats,  et  dispose  moins  à  la  constipation.  Elle  jouirait  même 
d'un  avantage  spécial^  si  l'on  prend  en  considération  de  récentes 
analyses  du  sang^  lesquelles  auraient  démontré  que,  tandis  que  les 
sels  de  soude  sont  abondants  dans  le  plasma  sanguin^  les  sels  de 
potasse  se  groupent  particulièrement  dans  les  globules.  Le  sel  double 
dont  il  s'agit  apporterait  donc  à  la  reconstitution  globulaire  du  sang 
deux  éléments  au  lieu  d'un,  le  fer  et  la  potasse,  et  serait  ainsi,  phy- 
siologiquement  parlant,  plus  rationnel  que  les  sels  simples  de  fer 
et  que  les  sels  doubles  de  fer  et  de  soude  ou  d'ammoniaque. 

L'un  des  symptômes  les  plus  habituels  de  la  chlorose  est  la  con- 
stipation ;  on  la  trouve  à  un  degré  plus  ou  moins  prononcé  chez 
la  plupart  des  femmes  atteintes  de  chlorose^  de  même  que  chez 
beaucoup  de  celles  qui ,  étant  ou  non  chlorotiques,  sont  atteintes 
de  leucorrhée,  d'aménorrhée  ou  de  dysménorrhée.  Ce  fait  n'avait 
pas  échappé  à  l'attention  de  nos  prédécesseurs  du  dernier  siècle  et 
du  commencement  de  celui-ci,  qui  plus  souvent  que  nous,  ainsi 
qu'on  peut  en  juger  par  les  anciens  formulaires,  unissaient  les  pur- 
gatifs aux  ferrugineux  dans  le  traitement  de  la  chlorose.  L'aloès 
possède  les  propriétés  multiples  des  toniques  amers,  des  purgatifs, 
et  surtout  des  purgatifs  qui  congestionnent  les  vaisseaux  sanguins 
de  la  région  ano-génitale.  U  agit  donc  à  la  fois  comme  stomachi- 
que, comme  évacuant,  comme  emménagogue. 

La  femme  chlorotique  est  très -fréquemment  affectée  d'une 
tympanisation  abdominale,  parfois  excessive,  parfois  même  doulou- 
reuse, avec  de  bruyants  déplacements  de  gaz^  mais  seulement  inté- 
rieurs, ce  qui  prolonge  indéfiniment  l'état  tympanique  de  l'abdo- 
men. Le  castoréum  est  Tun  des  meilleurs  moyens  à  opposer  à  cette 


—  4é2  — 

pneumatose],  à  ces  coliques  flatulentes  ;  en  même  temps  ^  par  ses 
propriétés  antispasmodiques  il  agit  contre  les  divers  troubles  ner- 
veux qui  font  partie  du  cortège  de  la  chlorose  ;  par  son  influence 
spéciale  sur  Tutérus  il  favorise  Tapparition  et  la  régularisation  du 
flux  menstruel.  Il  facilite  aussi  les  évacuations  normales  de  l'in- 
testin. 

Le  safran  est  un  calmant^  et  il  entre  certainement  pour  quelque 
chose  dans  Taction  sédative  du  laudanum.  Je  le  juge  susceptible 
d'apaiser^  avec  le  castoréum^  qui  est  aussi  un  calmant,  les  lésions 
nerveuses  des  organes  digestifs,  traduites  par  diverses  formes  de 
soufirance  et  si  communes  dans  la  chlorose.  Il  est  plus  connu  comme 
emménagogue,  et  en  effet  son  intervention  peut  être  des  plus  utiles 
pour  vaincre  Tinertie  ou  le  spasme  qui  met  obstacle  à  Tapparitiozi 
des  menstrues. 

La  térébenthine  ^  en  reliant  comme  excipient  les  divers  ingré- 
dients de  ma  formule^  a  en  outre  pour  but  de  combattre  la  leucor- 
rhée^ accompagnement  très-fréquent  de  la  chlorose.  Elle  est  tonique 
et  antinévralgique  :  elle  aide  et  concourt  à  Taction  purgative  de 
l'aloès,  à  l'action  laxative  du  castoréum.  Elle  s'adresse  donc  aussi  à 
plusieurs  des  éléments  morbides  de  la  chlorose. 

Je  n'ai  pas  la  prétention  d'offrir  ici  un  spécifique  de  cette  mala- 
die ;  je  recommande  seulement  une  combinaison  d'agents  théra- 
peutiques^ rationnelle  en  principe^  et  dont  une  longue  expérience 
clinique  m^a  prouvé  l'efficacité.  L'application  de  ma  formule^  d'ail- 
leurs^ n'exclut  pas  Temploi  de  tout  autre  remède  approprié  aux  cas 
divers^  et  j'y  introduis  même  des  modifications  selon  les  circon* 
stances.  Ainsi,  lorsque  Taloès  agit  trop  vivement  sur  les  intestins, 
je  le  remplace  par  de  la  rhubarbe;  si^  au  contraire,  la  constipation 
reste  opiniâtre,  j'ajoute  un  peu  de  résine  de  jalap ,  de  résine  de 
scammonée,  ou  de  gomme-gutte.  Si  le  ventre  est  et  demeure  libre, 
j'élimine  toute  substance  purgative.  Je  maintiens  le  castoréum  et 
le  safran,  parce  que  j'ai  surtout  en  vue  d'utiliser  la  formule  en 
question  chez  les  chlorotiques  dont  les  règles  manquent,  tardent  ou 
coulent  insuffisamment.  L'aménorrhée  est  en  effet  l'un  des^symp- 
tômes  les  plus  ordinaires  de  la  chlorose  et  qu'il  importe  le  plus  de 
combattre.  S'il  s'agissait  au  contraire  d'une  chlorose  ménorrhagi- 
que,  plus  fréquente  à  l'âge  de  la  ménopause  qu'à  celui  de  la  pu- 
berté, mes  pilules  ne  conviendraient  plus,  et  il  faudrait  là  un  autre 
traitement  dont  je  parlerai  dans  un  prochain  article. 

Quant  à  ja  térébenthine  ,  lorsque  je  crois  qu'elle  agit  trop  vive- 


—  443  — 

ment  sur  certains  estomacs,  ou  qu'elle  proroque  des  ooliqued  et  de 
la  diarrhée,  je  la  remplace  par  le  baume  du  Pérou. 

En  résumé,  je  conseille  mes  pilules  antichlorotiques  spéciale- 
ment dans  les  cas  de  chloroses  où  se  trouyent>  plus  ou  moins  ex- 
primés les  éléments  morbides  suitants  : 

Pâles  couleurs,  appauvrissement  de  sang,  affaiblissement  mus- 
culaire, mobilité  nerveuse,  palpitations  et  spasmes  divers,  gastral- 
gie ou  dyspepsie,  pneumatose  intestinale,  constipation,  aménorrhée 
ou  dysménorrhée,  leucorrhée. 


THÉRAPEUTIQUE   CHIRURCICALE 


Des  hémorrhagle*  daiMi  les  plaies  d'armes  à  Êeu^ 
esiialsse  des  ambalanees  de  Hacaenaa  el  de  0inislN»«rs9 

Par  M.  le  doctenr  B.  Boeckbz.,  profeiseur  agrégé  (l). 

Les  hémorrhagies  sont  Tun  des  accidents  les  plus  graves  et  les 
plus  émouvants  qui  se  présentent  dans  la  pratique  des  plaies  de 
guerre.  Généralement  on  n'a  que  des  hémorrhagies  secondaires  à 
combattre,  non  que  les  hémorrhagies  primitives  soient  en  réalité 
aussi  rares  qu'on  a  bien  voulu  le  dire,  mais  parce  qu'elles  n'ar- 
rivent pas  d'ordinaire  à  l'observation  du  médecin.  Si  une  grosse 
artère  est  ouverte,  la  perte  de  sang  entraîne  le  plus  souvent  la  mort 
dans  l'espace  de  quelques  minutes,  et  la  victime  est  jetée  dans  la 
fosse  commune  avec  des  centaines  d'autres,  sans  qu'on  s'enquière 
des  causes  de  la  mort.  Si  l'artère  atteinte  est  de  moindre  calibre, 
ou  si  sa  déchirure  est  incomplète,  une  syncope  bienfaisante  met  un 
terme  à  Técoulement  sanguin.  Ce  fait  reste  ignoré  à  Tambulance, 
où  la  blessure  est  considérée  comme  une  plaie  simple,  jusqu'à  ce 
qu'une  hémorrhagie  secondaire  vienne  révéler  la  lésion  vascu- 
laire. 

Il  faut  donc  se  garder  d'appliquer  aux  blessures  par  armes  à  feu 
la  théorie  des  plaies  contuses,  d'après  laquelle  les  artères  déchirées 
ne  saignent  pas,  par  suite  du  recoquillement  de  leurs  tuniques  in- 
ternes et  de  la  torsion  de  leur  tunique  externe  ;  cela  n'est  vrai  que 


(1)  Gommunication  faite  à  la  Société  de  médecine  de  Strasbourg,  le  2  fé- 
vrier 1871.  {Gaz,  méd.  de  Strasbourg^  mai  1871.) 


—  444  — 

pour  les  déchirures  par  élongation.  Mais  quand  une  artère  est  at- 
teinte en  plein  par  une  balle,  elle  se  comporte  comme  si  elle  était 
divisée  par  un  instrument  tranchant. 

On  ne  peut  guère  constater  ces  détails  dans  la  bagarre  des  com- 
bats ;  mais  quelques  observations  faites  en  temps  de  paix  en  four- 
nissent la  preuve.  Ainsi  l'un  des  premiers  accidents  occasionnés 
par  le  fusil  chassepot  eut  lieu  à  Lyon^  il  y  a  deux  ou  trois  ans, 
pendant  la  vérification  des  armes.  Un  fusil  couché  sur  une  table 
partit  par  suite  d'une  maladresse,  et  atteignit  un  sous-officier  au 
pli  de  Kaine,  exactement  au  niveau  de  Tartère  fémorale  ;  le  blessé 
périt  par  hémorrhagie  avant  qu'on  pût  lui  porter  secours.  Il  existe 
d'autres  exemples  de  ce  genre. 

Néanmoins  on  doit  reconnaître  que  la  plupart  des  hémorrha- 
gies  primitives  mortelles,  produites  par  des  balles,  proviennent  de 
lésions  des  organes  internes,  et  qu'aux  membres  les  artères  d'un 
certain  volume  sont  rarement  déchirées  en  travers,  puisqu'elles 
fuient  le  plus  souvent  devant  les  corps  étrangers. 

Il  n'en  est  plus  de  même  pour  les  blessures  des  gros  projectiles. 
Les  boulets  pleins  d'autrefois  broyaient  les  membres  ou  les  em- 
portaient sans  hémorrhagie  primitive  notable. 

Les  fragments  d'obus,  au  contraire^  par  leurs  bords  tranchants 
et  déchiquetés,  coupent  les  vaisseaux  sans  mettre  obstacle  à  la  perte 
de  sang.  Aussi  la  plupart  des  blessés  qu'on  apportait  aux  ambu- 
lances de  Strasbourg^  avec  une  lésion  d'une  artère  un  peu  impor- 
tante^ arrivaient-ils  presque  exsangues,  malgré  le  faible  trajet  à 
parcourir.  Un  certain  nombre  d'entre  eux  étaient  tellement  bas, 
qu'on  ne  pouvait  plus  songer  à  les  opérer,  ou  le  chirurgien  était 
obligé  de  le  faire  dans  des  conditions  déplorables.  D'autres  présen- 
tant des  fractures,  susceptibles  de  guérison,  durent  être  amputés  à 
cause  d'hémorrhagies  concomitantes. 

Il  serait  inutile  d'en  rapporter  des  exemples,  qui  n'ont  été  que 
trop  nombreux  pendant  le  siège  de  Strasbourg,  et  l'on  aura,  sans 
doute,  fait  des  observations  analogues  dans  les  autres  villes  bom- 
bardées. 

Je  ne  citerai  qu'un  cas,  pris  parmi  ces  nombreux  accidents  par 
obus  qui  se  présentent  encore  chaque  semaine,  et  qui  sont  dus  à 
l'imprudence  avec  laquelle  les  gens  du  peuple  manient  ceux  de  ces 
projectiles  dangereux  qui  sont  tombés  sur  notre  ville  sans  éclater. 

Obs.  I,  Blessure  de  la  jambe  par  éclat  d'obus;  fracture  dupé- 


—  448  — 

roné;  hémorrhagie  primitive;  ligature  des  artères  tibiale  posté" 
Heure  et  pêronière.  Gangrène  de  la  jambe  ;  amputation  de  cuisse  ; 
mort  par  hémorrhagie  consécutive.  (Observation  recueillie  par 
M.  Blazer,  interne.) — Aloyse  Schœffer,  âgé  de  dix-neuf  ans,  garçon 
brasseur  à  Schiltigheim,  est  apporté  à  l'hôpital  de  Strasbourg, 
dans  la  soirée  du  3  novembre  4870,  pour  une  blessure  par  éclat 
d'obus. 

Quelques  heures  auparavant,  il  était  occupé  avec  deux  de  ses 
camarades  à  décharger  un  obus.  Après  l'avoir  vidé  aux  deux  tiers, 
ils  ont  la  malheureuse  idée  d'y  jeter  un  charbon  ardent  pour  brûler 
le  reste  de  la  poudre.  L'obus  éclate  et  Tun  des  imprudents  est  tué 
sur  le  coup  ;  je  second  a  le  haut  du  bras  broyé,  de  façon  à  néces* 
siter  la  désarticulation  de  l'humérus  ;  il  guérit  de  sa  mutilation 
sans  accidents.  Ënfm  Schseffer  a  la  jambe  gauche  traversée  par 
un  fragment.  Il  peut  encore  faire  quelques  pas,  en  perdant  beau- 
coup de  sang,  et  l'hémorrhagie  irest  pas  complètement  arrêtée 
quand  on  l'apporte  à  Thôpital  en  même  temps  que  son  camarade. 

En  Texammant  peu  de  temps  après  son  arrivée,  on  constate  à 
la  partie  postérieure  de  la  jambe,  juste  au-dessous  du  mollet,  une 
plaie  décniquelée,  à  bords  noircis,  de  la  grandeur  d'un  écu  de 
cinq  francs.  C'est  l'ouverture  d'entrée  du  projectile,  qui  est  ressorti 
en  avant  à  la  même  hauteur,  par  le  milieu  de  l'espace  interosseux. 
Des  deux  côtés  des  lambeaux  musculaires  et  aponévrotiques  font 
hernie  à  travers  les  plaies,  dont  la  postérieure  laisse  échapper  un 
filet  de  sang  vermeil.  Le  tibia  est  intact  ;  mais  le  doigt  introduit 
dans  l'ouverlure  postérieure  y  rencontre  des  fragments  du  péroné. 

Le  blessé,  d'une  forte  constitution,  est  anémique,  mais  parfai- 
tement à  lui  et  explique  la  manière  dont  l'accident  s'est  produit. 

En  présence  de  l'intégrité  du  tibia,  je  me  décide  pour  la  conser* 
vation  du  membre  ;  mais  il  faut  arrêter  Thémorrhagie,  qui  est 
évidemment  de  nature  artérielle.  Les  trois  artères  principales  de  la 
jambe  se  trouvant  toutes  sur  le  trajet  du  projectile,  il  est  impossible 
de  savoir  laquelle  est  blessée.  Un  instant  j'eus  l'idée  de  lier  l'artère 
fémorale  ;  mais  ayant  plus  de  conOance  dans  la  ligature  directe,  je 
me  décide  à  débrider  la  plaie  postérieure  pour  chercher  la  source 
du  sang,  pendant  qu'un  aide  fait  la  compression  au  pli  de  l'aine. 
Arrivé  entre  la  couche  des  muscles  superficiels  et  profonds  de  la 
jambe,  je  constate  que  l'artère  tibiale  postérieure  est  déchirée.  Le 
bout  supérieur  est  rempli  par  un  caillot,  j'y  applique  un  fil  pour 
plus  de  précaution  ;  le  bout  inférieur,  qui  donne  un  jet  de  sang 
faible,  mais  continu,  est  lié  également.  Néanmoins  l'hémorrhagie 
continue;  je  me  dirige  alors  plus  en  dehors  vers  l'artère péronière, 
qui  est  également  atteinte  et  dont  je  lie  les  deux  bouts.  Le  nerf 
tibial,  qui  sépare  les  deux  vaisseaux,  n'est  plus  représenté  que  par 
quelques  filaments  de  tissu  connectif. 

A  ce  moment  il  vient  encore  un  petit  filet  de  sang  de  la  partie 
profonde  du  trajet,  dans  la  direction  du  ligament  interosseux,  ce 
qui  fait  craindre  que  l'artère  tibiale  antérieure  ne  soit  également 
lésée.  Cependant,  après  avoir  débridé  l'ouverture  antérieure,  je 

TOMI  LXXX.  12*  LIVR.  3^ 


puis  écarter  le«  muscles  ^t  (n'assurer  de  rintégrité  de  ce  yaisaaau, 
qui  bat  sous  le  doigt.  Une  petite  éponge  imbibée  d'alcool,  placée  au 
fond  de  la  plaie  derrière  le  tibia,  achève  d'arrêter  toute  hémor- 
rhagie. 

Après  avoir  enlevé  quelques  fragments  mobiles  du  péroné^  le 
membre  est  placé  dans  une  boîte  de  lUudens,  recouvert  par  une 
couche  de  ouate^  sans  aucune  constiiction  qui  pourrait  gêner  la 
circulation  du  sang,  déjà  si  compromise. 

A  novembre.  Il  n'y  plus  eu  ahémorrbagie^  quoique  le  malade 
ait  été  très-agité  toute  la  nuit.  Le  pied  blessé  s'est  très-bien  ré- 
chauffé ;  il  est  même  plus  chaud  que  celui  du  côté  opposé.  C'est 
un  signe  de  mauvais  augure,  puisque  cela  indique  que  la  circula- 
tion se  fait  par  les  capillaires. 

5  novembre»  Le  pronoitic  commence  déjà  à  se  vérifier  ;  le  pied 
gauche  est  sensiblement  plus  froid  que  le  droit,  et  le  malade  y 
ressent  des  fourmillements  douloureux.  Le  tampon  placé  dans  la 
profondeur  est  retiré  sans  hémorrhagie.  Pansement  désinfectant 
au  sulfite  de  soude, 

6  novembre.  Le  pied  gauche  est  froid  et  prend  une  teinte  bleuâtre  ; 
crépitation  emphysémateuse.  Affaissement  du  malade.  Tempéra- 
ture, a9%4.  Pouls,  108. 

7  novembre.  La  gangrène  est  manifeste  dans  la  moitié  inférieure 
de  la  jambe  ;  une  infiltration  douteuse  s'étend  jusqu'au  genou.  Ou 
se  décide,  comme  dernière  ressource^  à  une  amputation  de  cuisse 
qui  ne  présente  rien  de  particulier,  si  ce  n'est  une  consistance  pois- 
seuse du  sang. 

8  novembre.  Grande  agitation  du  malade,  vomissements  fré- 
quents. Température,  37®,6  le  matin,  SQ^^^S  le  soir.  Le  pouls  fai- 
blit et  devient  très-fréquent. 

Vin  chaud.  Glace. 

9  novembre.  Même  état.  Température,  38<*,8.  Dans  la  soirée  le 
malade  s'afiaisse  subitement  et,  quand  on  arrive,  on  le  trouve  bai- 
gné de  sang.  11  expire  quelques  instants  plus  tard. 

A  l'autopsie  on  constate  ^ue  la  ligature  de  la  fémorale  a  com- 
plètement coupé  l'artère,  qui  ne  renferme  aucune  trace  de  caillot. 
* 

En  présence  de  cette  terminaison  funeste,  on  peut  regretter  de 
n'avoir  pas  pratiqué  l'amputation  immédiate  du  membre  ,  mais 
non  d'avoir  préféré  la  ligature  directe  à  la  ligature  éloignée.  Cette 
dernière  n'aurait  sans  doute  pas  prévenu  le  résultat  fatal.  Quanta 
l'amputation,  je  Tai  rejetée  au  début  à  cause  de  l'intégrilé  du  tibia. 

Si  les  hémorrhagies  primitives  sont  rai*ement  observées,  en  rai- 
son des  circonstances  que  nous  avons  signalées  plus  haut,  il  n'en 
est  plus  de  même  des  hémorrhagies  consécutives.  Cependant,  à 
blessures  égales,  leur  fréquence  varie  beaucoup  selon  l'état  sani- 
taire des  ambulances.  Plus  la  pyobémie  et  la  pourriturç  d'hôpital 


y  prédominent,  plu^  aussi  les  hémorrhagies  seroDt  frëquen^ey  et 
plus  elles  seront  difficiles  à  combattre.  Par  suite  d'un  état  ulcéreux 
des  plaies,  l'extrémité  des  artères  blessées  est  corrodée  et  le  caillot 
oblitérateur  se  dissout.  En  même  tenips  le  sang  perd  de  sa  plasticité 
et,  lors(]u'un  fil  est  appliqué  sur  Tartre,  il  qe  s^  forme  pas  de 
bouchon  fibrineux,  ou  celui-ci  reste  incomplet  et  ne  contracte  pas 
d'adhérence  avec  la  tunique  interne.  Cette  circonstance  est  donc 
extrêmement  défavorable  pour  Thémostase,  quel  que  soit  le  moyen 
qu'on  adopte.  Même  la  ligature  du  tronc  de  Tc^itère,  à  une  cer- 
taine distance  au-dessus  de  la  plaie^  ne  donne  qu'un  répit  mo- 
mentané, à  moins  qu'on  ne  parvienne  dans  cet  intervalle  à  modi« 
fier  Tétat  général  du  blessé,  sinon  Thémorrhagie  se  reproduit  à 
Tendroit  même  oii  Tarière  a  été  liée  dans  la  continuité. 

Obs.  II.  —  A  Haguenau,  vers  la  fin  d'août,  je  fus  appelé  au 
milieu  de  la  nuit,  dans  une  maison  particulière,  auprès  d'un  lieu- 
tenant d'artillerie  qui  avait  été  amputé  de  la  cuisse,  par  un  de 
mes  collègues,  une  dizaine  de  jours  auparavant.  Le  blessé  était 
très-aifaibli,  anxieux,  en  proie  à  une  fièvre  intense  ;  déjà  la  veille 
il  avait  eu  une  petite  perle  de  sang  qu'on  avait  arrêtée  par  tam- 
ponnement. Le  moignon  était  douloureux,  couvert  d'une  couche 
grisâtre,  et  fournissait  une  sanie  mince.  11  fallut  recourir  à  Tanes- 
thésie  pour  pouvoir  l'examiner  convenablement.  On  constata  alors 
que  le  sang  provenait  de  l'artère  du  nerf  sciatique.  Deux  fois  je 
saisis  le  point  qui  fournissait  le  sang,  mais  chaque  fois  les  tissus 
se  déchirèrent  sous  l'étreinte  de  la  pince.  Mais  voyant  que  la  com- 
pression au  pli  de  l'aine  suspendait  Thémorrhagie,  je  hai  la  fémo- 
rale, séance  tenante,  au-dessous  du  ligan^nt  de  Fallope.  Un  léger 
suintement  qui  continuait  fut  arrêté  par  un  tampon  au  perchlorure. 
Le  blessé  succomba  huit  jours  plus  tard  à  la  pyohémie^  sans  re« 
nouvellement  de  la  perte  de  sang. 

Dans  l'observation  suivante  l'hémorrhagie  m'a  paru  produit^ 
également  par  l'action  corrosive  du  pus  sur  le  caillot  artériel.  Elle 
a  été  arrêtée  avec  succès  par  la  ligature  directe. 

Obs.  III.  Blessure,  par  obus,  de  la  iibiale  postérieure.  Abcès 
profond  de  la  jambe;  hémorrhagie  secondaire.  Ligature  de  la  ti- 
ôiale.  Guérison.  —  Schœnborn,  Léonard,  âgé  de  soixante-deux 
ans,  cordonnier  de  son  état^  fut  blessé  pendant  le  bombardement 
de  Strasbourg.  11  était  installé  avec  toute  sa  famille  dans  une 
chambre  basse,  au  rez-de-chaussée,  donnant  sur  le  quai  Saint- 
Thomas.  Les  fcqêtres  étaient  fermées  par  des  volets  pleins  et  gar- 
nies de  matelas.  Le  36  août  1870,  un  obus  de  i^,  lancé  par  une 
batterie  volante,  traversa  ce  blindage  incomplet  et  vint  éclater  au 
milieu  de  la  famille.  Un  petit  enfant  de  deux  ans  fut  tué  sur  le 


—  448  — 

coup  ;  la  fille  et  le  gendre  de  Schœnborn  reçurent  des  blessures 
assez  graves  aux  pieds.  Lui-même  eut  la  jambe  gauche  fracassée 
et  fut  en  outre  atteint  à  la  jambe  droite.  Transporté  à  l'hôpital  ci- 
vil, M.  le  professeur  Rigaud  lui  pratiqua  immédiatement  rampu- 
tation  du  côté  gauche  ;  à  l'autre  jambe  un  éclat  d'obus  avait  écorné 
la  crête  du  tibia  et  pénétré  dans  l'espace  interosseux.  Quelques 
jours  plus  tard  il  se  forma  un  abcès  dans  le  mollet  et  Ton  y  passa 
un  tube  de  drainage. 

A  la  fin  de  septembre,  quand  M.  Rigaud  me  remet  son  service, 
le  malade  se  trouve  dans  Tctat  suivant  :  il  est  pâle,  amaigri ,  en 
proie  à  une  fièvre  intense^  causée  par  une  vaste  collection  puru- 
lente développée  dans  le  mollet  droit  et  qui  ne  se  vide  pas  '*par  le 
tube  de  drainage.  La  crête  du  tibia  est  à  nu  un  peu  au-dessus  du 
milieu  de  la  jambe  et  en  voie  de  nécrose.  La  plaie  du  projectile^  qui 
pénètre  à  côté  de  ce  point  dans  l'espace  interosseux  ,  a  fourni  la 
veille  une  hémorrhagie.  Celle-ci  s'est  renouvelée  dans  la  nuit  et  a 
nécessité  un  bandage  compressif  serré.  Quant  à  la  plaie  d'ampu- 
tation de  la  jambe  gauche^  elle  est  pâle  et  flasque,  mais  du  reste 
en  bon  état. 

Le  4"  octobre,  au  moment  de  la  visite,  il  n'y  a  plus  d'écoulé^ 
ment  de  sang,  mais  on  ne  peut  laisser  le  blessé  sous  le  coup  d'une 
troisième  hémorrhagie  qui  l'emportera  infailliblement.  Je  songe 
un  instant  à  la  Hgature  de  la  fémorale,  étant  dans  l'incertitude  sur 
l'artère  lésée.  Cependant  les  probabilités  sont  pour  la  blessure  de 
latibiale  postérieure^  d'après  le  trajet  de  la  plaie,  et  comme  il  faut 
de  toute  façon  fendre  le  mollet  pour  ouvrir  la  collection  de  pus,  je 
me  décide  à  faire  une  tentative  de  ligature  sur  place. 

En  conséquence,  une  incision  de  10  centimètres  divise  les  tissus 
vers  le  tiers  supérieur  de  la  jambe,  à  deux  travers  de  doigt  en 
dedans  du  tibia,  et  ouvre  le  foyer  purulent  qui  se  trouve  entre  la 
couche  des  muscles  superficiels  et  profonds  de  la  jambe. 

Après  avoir  bien  abstergé  la  cavité,  on  découvre  un  point  sur  le 
trajet  de  l'artère  tibi aie  qui  fournit  du  sang  rutilant.  Le  vaisseau 
est  dénudé  et  lié  au-dessus  et  au-dessous  de  ce  point.  Toute  hé- 
morrhagie cesse  aussitôt.  La  plaie  est  maintenue  béante  pour  assu- 
rer l'écoulement  du  pus  et  soumise  à  des  pansements  répétés  an 
sulfite  de  soude.  Régime  tonique. 

Sous  l'influence  de  ce  traitement,  les  forces  se  relèvent  et  la  vaste 
plaie  du  mollet  se  comble  de  bourgeons  de  bonne  nature. 

Cependant  vers  la  fin  d'octobre  il  survient  un  nouvel  arrêt  dans 
la  guérison.  Le  malade  perd  l'appétit  et  a  de  la  diarrhée.  On  l'en- 
gage à  rentrer  chez  lui  pour  le  soustraire  à  l'influence  nosoco- 
miale.  Il  a  de  la  peine  à  se  relever;  mais  à  la  fin  de  décembre  j'ai 
la  satisfaction  de  constater  que  la  guérison  est  à  peu  près  complète 
des  deux  côtés  et  que  l'état  général  est  excellent. 

En  janvier  J87i  il  commence  à  marcher  avec  des  béquilles,  en 
appuyant  sur  la  jambe  droite,  qu'on  a  pu  conserver. 

Voilà  donc  deux  exemples  d'hémorrhagies  arrêtées  primitive- 


—  449  — 

ment  par  un  fil  ou  un  thrombus,  et  qui  reparaissent  sous  Taction 
corrosive  d^un  pus  de  mauvaise  qualité  qui  détruit  le  travail  d'ob- 
litération commencé. 

Ces  hémorrhagies  pourraient  être  dites  septicokêmiques  ;  d'au-> 
très  se  produisent  par  action  mécanique.  Ce  sont  les  secousses 
d'un  transport  trop  rude,  ou  une  impulsion  cardiaque  exagérée  par 
suite  d'émotion  ou  de  fièvre  qui  détache  le  caillot  oblitérateur. 

D'autres  fois  une  esquille  en  voie  d'élimination  ulcère  une 
artère,  ou  le  stylet  trop  zélé  d'un  aide  inexpérimenté  dérange  le 
travail  d'oblitération. 

C'est  probablement  à  l'une  de  ces  dernières  causes  qu'est  due 
Thémorrhagie  suivante  : 

Obs.  IV.  —  Un  zouave  d'une  forte  constitution  fut  atteint  à  la 
bataille  de  Wœrth  par  deux  balles  qui  frappèrent  la  partie 
moyenne  de  chacun  des  tibias.  Il  en  résulta  une  fracture  commi- 
nutive  des  deux  jambes.  On  lui  appliqua  dans  la  journée  deux  ap- 
pareils plâtrés,  fenestrés  au  niveau  des  plaies,  et  il  fut  évacué  à 
Haguenau  dans  Tambulance  de  l'école  des  frères.  Peu  de  gonfle- 
ment et  de  réaction  les  premiers  jours,  malgré  le  transport.  Plus 
tard  il  fallut  élargir  les  plaies  cutanées  et  extraire  de  nombreuses 
esquilles  ;  mais  la  suppuration  resta  de  bonne  nature  et  tout 
semblait  promettre  la  guérison  de  cette  double  lésion  si  grave, 
quand,  vers  la  fin  d'août ,  il  se  déclara  à  la  jambe  droite  des 
hémorrhagies,  qui  se  laissèrent  chaque  fois  arrêter  par  un  tam^ 
ponnement  modéré,  mais  qui  se  répétèrent  plusieurs  jours  de  suite 
et  affaiblirent  le  blessé  au  point  que  je  jugeai  prudent  de  l'amputer. 
Malheureusement  le  membre  amputé  fut  jeté  sans  que  j'aie  pu 
m'assurer  de  la  cause  véritable  de  Thémorrhagie.  Cet  homme 
guérit  parfaitement  de  son  amputation  et  de  son  autre  fracture 
comminutive,  et,  en  janvier  1871,  je  le  vis  passer  à  Strasbourg, 
en  bonne  santé,  pour  rejoindre  le  dépôt  de  son  régiment. 

Il  faut  avouer  cependant  que  les  influences  mécaniques  que  je 
viens  de  citer  causent  rarement  à  elles  seules  des  hémorrhagies, 
quand  la  nature  de  la  plaie  artérielle  n*y  prédispose  pas.  Si  une 
artère,  même  du  volume  de  l'humérale  ou  peut-être  de  la  fémorale, 
est  divisée  complètement  en  travers^  Thémorrhagie  primitive  em- 
porte souvent  le  malade  ;  mais  si  elle  est  arrêtée,  soit  par  une 
syncope,  soit  par  un  pansement  approprié,  il  ne  survient  plus 
d'hémorrhagies  consécutives  tant  que  les  conditions  sanitaires 
restent  bonnes.  Le  travail  de  cicatrisation  de  Tarière,  préparé  par 
la  formation  d'un  thrombus  et  la  rétraction  des  parois  vasculaires, 
s'achève  sans  encombre. 


—  4»Ô  — 

D  n'en  est  plus  de  même  quand  une  artère,  même  beaucoup 
plus  petite,  est  divisée  incomplétejïbnt  ou  dans  le  voisinage  immé- 
diat d*une  forte  collatérale.  Une  blessure  de  ce  genre  entraîne 
presque  forcément  à  sa  suite  rhémorrbâgie  secondaire,  quelcjue 
bonnes  que  soient  les  autres  conditions.  Dans  les  cas  les  plus  fa- 
vorables, il  estTrai,  la  plaie  des  parties  molles  se  cicatrise,  mais  il 
se  produit  un  anévrysme  ;  encore  cette  terminaison  est-elle  rare. 

Ces  conséquences  des  plaies  artérielles  incomplètes  ont  été  par- 
faitement étudiées  par  les  chirurgiens  du  commencement  de  ce  siè- 
cle et  leurs  recherches  sont  trop  connues  pour  que  je  les  rappelle 
ici  ;  mais,  tout  en  les  connaissant,  on  en  tient,  en  général,  peu 
compte  dans  la  pratique.  Et  cependant  elles  ont  une  importance 
majeure  :  en  effet,  si  les  lésions  de  Tarcadc  palmaire  donnent  lieu  à 
des  hémotrhagies  si  rebelles,  c'est  que  les  plaies  de  ce  vaisseau  se 
trouvent  presque  fatalement  à  côté  d'une  collatérale,  vu  le  grand 
nombre  de  branches  qui  en  naisseiit.  D'un  autre  côté,  toutes  les 
hémorrhagies  à  répétition  que  j'ai  vues  succéder  à  la  blessure  acci- 
dentelle d'une  artère  radiale  ou  cubitale,  coïncidaient  avec  une  di- 
vision incomplète  de  ces  vaisseaux. 

Les  hémorrhagies  de  ce  genre  commencent  ordinairement  dès 
les  premiers  jours  après  la  blessure  ;  par  des  bandages  compressifs 
ou  le  tamponnement  au  perchlorure,  oii  les  suspend  mômentané- 
iftènt  ;  knais,  comme  la  cicatrisation  définitive  dé  Tartërè  n'est  pas 
possible  dans  ces  conditions,  la  perte  de  sang  reprend.  La  ligature 
éloignée  aussi  n'apporte  qu'un  secours  temporaire^  à  moins  de 
provoquer  l'oblitération  complète  de  tout  le  tube  Artériel  depuis  la 
ligature  jusqu'à  l'endroit  blessé.  Or  on  sait  que  ce  n'est  pas  le 
cas  ordinaire  et  qu'au  bout  de  quelques  jours  la  circulation  se  ré- 
tablit le  plus  souvent  dans  le  vaisseau  au-dessous  du  point  lié.  Cet 
espace  de  temps  eût  été  suffisant  pour  la  cicatrisation  d'une  artère 
divisée  complètement  en  travers,  mais  non  d'une  artère  simplement 
entamée. 

Ces  considérations  s'appliquent  également  aux  plaies  par  armes 
à  feu,  quoique  les  balles  entament  rarement  une  artère  comme  le 
ferait  un  instrument  tranchant.  Par  contre,  en  les  frôlant,  elles  les 
contusionnent  et  provoquent  la  nécrose  d'une  portion  de  la  paroi. 
A  la  chute  de  l'escharct  le  cylindre  artériel  se  trouve  entamé  et 
nous  nous  trouvons  en  présence  d'une  plaie  artérielle  incomplète 
avec  toutes  ses  conséquences  graves.  C'est  ordinairement  du  hui- 
tième au  douzième  jour  (\ue  l'escharc  commence  à  se  détacher,  et 


—  481  — 

c'est  aussi  à  ce  moment  que  les  hémorrhagies  proTënant  de  cette 
cause  se  déclarent  presque  ëpidëmiquetnont  dans  les  ambulance^. 

Ordinairement  une  ou  deux  petites  hémorrhagies  prémonitoires 
précèdent  le  moment  critique  ;  sans  doute  Teschare  se  détache 
d'abord  en  un  point  très-limité  qui  fournit  la  petite  quantité  de  sanj^. 

A  Haguenau,  dii  jours  après  la  bataille  de  Wœrlh,  j'ai  lèii  à 
lier  deux  artères  blessées  de  cette  manière. 

Obs.  V.  Fracture  de  l'omoplate  par  balle.  Lésion  de  VartkYe 
scapulaire  commune.  Anévrysme  faux^  hémorrhagies.  Ligature  de 
l'artère  au  fond  de  la  tumeur.  Guérison,  —  Laurent  Lafon  ,  du 
2®  régiment  de  zouaves,  reçoit  le  6  août  1870  une  balle  qui  pé- 
nètre vers  le  milieu  du  moignon  de  Pépaule  gauche  et  sort  à  côté 
de  l'épine  de  la  onzième  ou  douzième  vertèbre  dorsale. 

L'humérus  est  intact  ;  le  doigt  introduit  dans  Touverture  d'en- 
trée ne  constate  pas  de  fracture  ;  aucun  signe  de  lésion  thôracique. 
Compresses  d'eau  fraîche. 

La  suppuration  devient  bientôt  très-abondante  et  vers  le  12  août 
elle  est  mêlée  d'un  peu  de  sang,  en  même  temps  que  la  partie  pos- 
térieure de  l'épaule  devient  le  siège  d'un  gonflement  considérable. 

Première  hémorrhagie  légère  par  les  deux  trous  de  balle,  le 
14  août.  Elle  est  arrêtée,  par  le  docteur  Strauss^  qui  dirige  alors 
l'ambulance,  au  moyen  du  tamponnement;  mais  elle  se  Nîpète 
plusieurs  fois  dans  la  journée  du  15  août. 

Le  lendemain,  46  août,  M.  Strauss  me  prie  de  voir  le  blessé, 
qui  est  déjà  très-aiTaibli  et  qu'on  ne  peut  laisser  plus  longtemps 
dans  cet  état.  Je  constate  k  la  partie  postérieure  de  l'épaule  uil 
gonflement  diifus^  élastique,  qui  présente  le  volume  d'une  tête  d'ett* 
faut  à  terme  et  est  animé  d'un  mouvement  d'expansion  isochrone 
au  pouls.  Les  battements  sont  faibles,  mais  cependant  indubitables. 
Bruit  de  souffle  lointain. 

Il  est  évident  que  nous  avons  affaire  à  un  anévrysme  faux,  diffus^ 
de  la  scapulaire  commune  ou  d'une  de  ses  branches,  à  en  juger 
d'après  le  siège  de  la  tumeur,  et  je  me  décide  à  l'opérer  par  l'in- 
cision directe. 

A  cet  effet  le  malade  est  anesthésié  et  couché  sur  le  côté  sain  ; 
puis  je  pratique  sur  la  partie  la  plus  saillante  de  la  tumeur  une  in- 
cision de  1(>-12  centimètres  dans  la  direction  du  bord  postérieur 
du  deltoïde.  Je  tombe  dans  une  vaste  cavité  remplie  en  partie  it 
caillots  stratifiés  et  en  partie  d'un  mélange  de  sang  et  de  pus.  Au 
fond  un  vaisseau  assez  volumineux  fournit  du  sang  rutilant.  L'in- 
dex gauche^  introduit  de  toute  sa  longueur  dans  la  plaie,  le  com- 
prime contre  le  bord  axillaire  de  l'omoplate,  qu'on  trouve  ft'acturé 
à  ce  niveau,  avec  des  bords  très-tranchants.  La  vraie  difficulté 
consiste  à  passer  un  fil  autour  de  l'artère  à  cette  profondeur,  sut- 
tout  sans  instrument  approprié.  Je  fais  monter  une  aiguille  à  su- 
turc  courbe  par  sa  pointe  dans  un  porte-aiguille,  et  le  chas  muni 
d'un  fil  me  sert  à  passer  une  ligature  au-dessus  et  an-dessous  du 


—  452  — 

point  lésé,  que  j'ai  dégagé  préalablement  avec  la  sonde  cannelée. 
Aussitôt  la  soie  serrée,  l'hémorrhagie  s'arrête.  La  plaie  est  molle- 
ment remplie  de  charpie  et  le  bras  fixé  sur  un  coussin  contre  le 
thorax. 

Dès  le  lendemain  le  pansement  fut  régulièrement  renouvelé 
matin  et  soir,  et  la  guéri  son  de  cette  vaste  plaie  marcha  sans  en- 
combre, avec  éliminations  de  quelques  esquilles. 

A  la  fin  de  septembre,  quand  je  quittai  Haguenau,  toutes  les 

E laies  étaient  fermées,  et  le  malade  commençait  à  se  servir  de  son 
ras  ;  Tarticulation  scapulo-humérale  était  tout  à  fait  libre. 

M.  le  professeur  Sédillot  a  parlé  de  ce  cas  dans  son  intéressant 
article  sur  la  chirurgie  de  guerre  (1).  Mais  il  a  commis  une  légère 
inexactitude  en  parlant  d'une  fracture  de  l'humérus  au  lieu  d'une 
fractiure  de  l'omoplate. 

Il  n^est  pas  absolument  certain  que  chez  ce  blessé  Thémorrha* 
gie  ait  été  la  suite  d'une  contusion  artérielle  ;  le  vaisseau  a  peut- 
être  été  blessé  par  les  fragments  tranchants  de  Tomoplate  que  j'ai 
constatés  pendant  Popération.  Dans  l'observation  suivante,  au  con- 
traire, la  contusion  est  hors  de  doute. 

Obs.  VI.  Anévrysme  faux  de  la  brachiale  par  blessure  de  balle, 
Hémorrhagies.  Ligature  des  deux  bouts  de  l'artère.  Guérison. 
»-  Claude  Ancey,  du  56*  régiment  de  ligne,  natif  de  la  Haute-Sa- 
voie, reçut  à  la  bataille  de  Wœrth  une  balle  qui  pénétra  vers  le 
milieu  du  bras  gauche,  au  bord  interne  du  biceps,  et  sortit  à  la 
partie  postérieure  du  membre  sans  lésion  d'os  ni  de  nerfs  ;  hémor- 
rhagie  primitive  insignifiante. 

Il  fut  reçu  à  Haguenau  dans  une  maison  particulière,  où  M.  Ar- 
naud, chirurgien-major,  atteint  lui-même  à  Wissembourg  d'un 
double  séton  de  balle  au  bras  et  à  la  poitrine,  lui  donna  des  soins. 

Le  15  août,  première  hémorrhagie  qui  fut  arrêtée  par  tampon- 
nement. 

Le  16  août,  à  sept  heures  du  soir,  nouvelle  perte  du  sang  for- 
midable. On  court  en  toute  hâte  à  la  pension  où  nous  dînions, 
pour  appeler  du  secours.  Je  me  transporte  auprès  du  blessé  avec 
mon  collègue,  le  docteur  Blum,  quoiqu'on  nous  assure  que  nous 
arriverons  trop  tard.  Nous  le  trouvons  exsangue,  en  syncope. 
M.  Arnaud,  malgré  ses  deux  blessures,  comprimait  l'artère  hu- 
mérale,  et  son  dévouement  a  certainement  sauvé  la  vie  à  ce 
soldat. 

Entre  les  deux  ouvertures  de  la  balle,  sur  le  trajet  de  l'artère 
humérale,  il  existe  une  tumeur  sanguine  considérable,  qui,  jointe 
à  la  violence  de  l'hémorrhagie,  indique  la  nature  de  la  lésion.  Je 


(i)  GazetU  médicak  d$  Strasbourg^  1870,  n»  24,  p.  275. 


—  453  — 

me  mets  immédiatement  en  demeure  de  lier  Fartëre  sur  place, 
malgré  l'éclairage  artificiel  assez  incomplet.  Les  téguments  sont 
divisés  en  long  sur  le  trajet  du  vaisseau  ;  puis  j'enlève  les  coagu- 
lums  rouges^  au  milieu  desquels  se  trouve  une  coque  fibrineuse, 
blanchâtre,  en  forme  de  nid  d'hirondelle^  du  volume  d'une  noi- 
sette. C'est  la  poche  de  Tanévrysme  faux,  qui  avait  assez  de  con- 
sistance pour  pouvoir  être  enlevée  et  conservée  dans  de  l'alcool. 
En  faisant  alors  lâcher  la  compression,  je  trouve  facilement  le  bout 
supérieur  de  l'artère,  qui  est  serré  par  un  fil.  Mais  le  bout  inférieur 
continue  à  donner  et^  pour  pouvoir  le  saisir,  je  suis  obligé  de  re- 
chercher d'abord  le  nerf  médian ,  derrière  lequel  je  parviens  à 
découvrir  et  à  isoler  l'artère.  En  soulevant  légèrement  les  deux  li- 
gatures^ j'achève  de  diviser  la  bandelette  du  vaisseau  qui  est  restée 
intacte. 

La  plaie  est  pansée  à  plat  et^  après  quelques  jours  de  forte  sup- 
puration^ elle  guérit  rapidement  sans  nouveaux  accidents. 

En  résumé,  les  observations  que  j'ai  pu  faire  pendant  cette 
guerre,  quoique  assez  restreintes  par  leur  nombre,  m'ont  confirmé 
dans  ridée  que^  dans  les  hémorrhagies  traumatiques,  il  fallait 
chercher  avec  persévérance  à  lier  les  deux  bouts  de  l'artère  dans 
la  plaie.  La  ligature  du  vaisseau  dans  la  continuité^  entre  la  plaie 
et  le  cœur,  ne  doit  être  considérée  que  comme  un  pis-aller.  Cepen- 
dant beaucoup  de  chirurgiens  la  pratiquent  de  préférence,  parce 
qu'elle  constitue  une  opération  brillante  qu'on  peut  exécuter  rapi- 
dement et  sûrement  avec  des  connaissances  anatomiques  précises. 
Mais  si  le  but  immédiat  est  facilement  atteint,  le  but  final,  c'est- 
à-dire  l'hémostase,  ne  l'est  d'ordinaire  que  pour  une  courte  durée. 
Après  un  temps  qui  varie  de  quelques  heures  à  quelques  jours, 
rhémorrhagie  reparait  dans  la  plaie  et  l'on  est  bien  heureux  en- 
core s'il  ne  s'en  joint  pas  une  seconde  au  niveau  de  la  ligature. 

On  reproche  à  la  ligature  directe  dans  la  plaie  d'être  difficile  et 
chanceuse  ;  on  n'est  jamais  sûr,  dit-on,  de  trouver  Tarière  qui 
fournit  le  sang  et  Ton  a  fait  alors  des  délabrements  inutiles  qui  ag- 
gravent la  situation  du  blessé.  Il  y  a  du  vrai  dans  ces  objections, 
mais  il  ne  faut  pas  s'en  exagérer  la  portée.  Les  incisions  néces- 
saires, quelque  larges  qu'on  les  suppose,  si  elles  agrandissent  la 
plaie,  ont  par  contre  l'avantage  de  débrider  un  membre  gonflé  et 
infiltré  de  pus  et  de  sang  ;  sous  ce  rapport,  elles  simplifient  même 
la  situation.  Le  plus  souvent  on  trouvera  l'ouverture  du  vaisseau, 
si  l'on  ne  craint  pas  d'élargir  suf6samment  la  plaie.  Dans  toutes  les 
opérations  que  j'ai  entreprises,  j'y  ai  réussi  quoique  l'éclairage  et  le 
nombre  d'aides  fussent  souvent  insuffisants.  Mais,  même  si  on  ne 


tfoùTaîf  pas  le  Taîsseàu,  le  tatnponnement  jetait  bieti  plils  èffieâte 
datis  ia  plaie  débridée,  puisqu'il  arriverait  plus  sûrement  sur  To- 
rifice  vasculaire. 

De  plus,  la  ligature  directe,  si  elle  réussit,  est  bien  plus  sûre  àa 
point  de  vue  db  l'hémostase  définitive.  Il  faut  la  pratiquer  avec  une 
certaine  prédilection,  sinon  les  incertitudes  de  ropération  font  re- 
culer le  cdirurgien  et,  à  chaque  nouvelle  hémorrhagie,  il  trouve 
des  prétextes  pour  recourir  à  la  ligature  éloignée. 

CHIMIE  ET  PHARMACIE 


Note  star  on  pafiler  siaapfiiiie  acheté  en  Alnftleteriré  ^ 

Par  M.  le  docteur  J.  Jeankel. 

Les  droguistes  anglais  livrent  au  commerce,  sous  le  nom  de 
papier  de  moutarde  (mustard  paper)  ou  de  tissu  sinapique  {sina^ 
pine  tis$ue)y  un  papier  parfumé  enduit  à'euphorbium  (résine  d'eu- 
phorbe). J'ai  reproduit  exactement  cette  préparation  au  moyen  de 
Talcoolé  d'euphorbium  (euphorbium,  1  ;  alcool  à  80,5),  dont  j'ai 
étendu  sur  du  papier  pelure  quatre  couches  successives,  recouvertes 
d*une  couche  d'alcoolé  de  Tolu.  C'est  une  préparation  élégante  et 
qui  aurait  un  grand  succès  si  elle  était  efficace.  Malheureusement 
ce  papier  est  très-peu  actif.  Après  Tavoir  mouillé^  ainsi  que  le  re- 
commandent les  vendeurs,  je  m'en  suis  appliqué  une  pièce  sur  la 
peau  de  Favant-bras  ;  au  bout  de  quelques  minutes  j^ai  éprouvé 
une  sensation  de  brûlure  acre  rappelant  Turtication  \  mais  cet  effet 
ne  s'est  pas  soutenu,  et  six  heures  après,  Tem plâtre^  que  j'avais 
oublié,  n'avait  produit  sur  la  peau  qu'une  rougeur  à  peine  appré- 
ciable. Les  effets  du  papier  imité  par  moi  ont  été  à  peu  près  sem- 
blables. C'est  donc  une  préparation  infidèle  et  qui  ne  saurait  en 
aucune  façon  remplacer  le  véritable  papier  sinapique. 


0ar  i|aeli|«ie«  propriétés  de  ralbamlDe  de  i*itea#^ 

Par  M.  A.  Petit  (i). 

Dans  une  note  adressée  le  4  décembre  1865  à  TÂcadémie  des 
sciences,  j'ai  constaté  que  presque  tous  les  acides  minéraux  ou 


fi)  Ndlii  èàtiliAUnHtLte  1  li  S^te  cMttiaâè  de  Pirié. 


organiques  s'opposent  à  la  coagulation  par  la  chaleur  deh  solùtiotisi 
étendues  d'albumine. 

Cette  albumine,  chaufiëe  en  prdseiice  des  acides^  prend  des 
ptopriétés  nouvelles.  Elle  devient  pféci  pi  table  par  la  potasse  et 
l'amtnotiiaque,  comme  s'il  s'agissail  d'un  oxyde  métallique. 

Prenons  Une  solution  faite  avec  un  dixiëme  dé  blanc  d'oéuf  et 
neuf  dixièmes  d'eau  distillée.  Elle  est  parfaitement  transparente 
après  filtration^  et  n'est  pas  troublée  par  une  addition  de  potasse  ou 
d'ammoniaque.  Elle  se  trouble  légèrement  si  Ton  sature  l'alcali 
libre  qu'elle  renferttiô. 

Si  nous  ajoutons  à  10  centimètres  cubes  de  cette  solution  une 
dizaine  de  gouttes  d'acide  acétique  concentré,  elle  devient  précipi- 
table  par  la  potasse,  mais  ne  Test  pas  encore  par  l'ammoniaque. 
En  faisant  bouillir  cette  liqueur  acidulée,  elle  reste  parfaitement 
transparente,  et  devient  précipitable  hoii-seulemeut  par  la  po- 
tasse, mais  aussi  par  l'ammoniaque. 

Ces  tHôdifications  sont  accompagnées  d'iin  changement  dans  les 
propriétés  polarimétriquës. 

La  solution  albumineuse  primitive  (solution  au  dixième)  manque 
2  degt-és  à  droite  au  t)olarimètre  dé  Soleil,  en  se  servant  d'un  tube 
de  20  centiniètres  de  tbng^  et  t  degrés  après  Tébullition  au  contact 
de  Tacide  acétique. 

L'addition  des  alcalis  à  la  liqueur  acétique  chauffée  précipité 
totalement  l'albumirie^  sans  qu*il  soit  nécessaire  d'aller  jusqu'à  la 
Saturation.  Dans  une  solution  qui  contenait  de  l'acide  acétique 
libre,  la  saturation  du  sixième  de  cet  acide  a  déterminé  la  précipi- 
tation totale  de  l'albumine. 

Les  mêmes  changements  moléculaires  avec  augmentation  du 
pouvoir  rotatoire  sont  produits  par  les  alcalis. 

En  ajoutant  à  75  centimètres  cubes  de  solution  de  blanc  d'œuf 
au  dixième  1  gramme  de  potasse  caustique^  et  saturant  aussitôt  par 
l'acide  acétique,  j'ai  obtenu,  sans  intervention  de  là  chaleur,  la 
précipitation  totale  de  l'albumine.  Deux  dosages  effectués,  l'Un  pat 
le  procédé  ci-dessus,  l'autre  en  saturant  exactement  les  alcalis  libres 
et  portant  à  l'ébullition  (ce  qui  détermine  la  séparation  flocon- 
neuse de  la  totalité  de  l'albumine),  ont  donné  des  chiffres  concor- 
dants. 

L'albumine  des  urines  ne  m'a  pas  donné  les  mêmes  résultats. 

Je  pense  que  ces  phénomènes  sont  dus  à  une  déshydratation  pro- 
duite par  la  combinaison  plus  intime  de  Talbumine  avec  |6S(  acides 


—  456  — 

ou  les  alcalis^  et  très-analogue  à  ce  qui  a  lieu  quand  on  porte  à 
rébuUition  des  solutions  albumineuses. 

Dans  le  cours  de  ces  expériences,  j'ai  également  constaté  que  le 
charbon  animal  a  la  propriété  d'absorber  Falbumine  en  solution 
dans  les  liquides^  qu'ils  soient  neutres,  acides  ou  alcalins.  G^est  un 
mode  de  séparation  susceptible  de  rendre  de  grands  services  dans 
les  analyses  végétales. 


CORRESPONDANCE  MÉDICALE 


De  Ia  nentrAllMiiloii  des  effeis  de  la  fève  de  Calabar  par 

le  snlfete  d*Atrepine. 

Monsieur  le  rédacteur, 

Le  numéro  du  30  mai  de  votre  Bulletin  de  Thérapeutique  ren- 
ferme la  traduction  d'un  mémoire  de  M.  Th.  Fraser,  ayant  pour 
titre  :  De  Vatropine  comme  antidote  physiologique  de  Vaction 
toxique  de  la  fève  de  Calabar,  Les  faits  expérimentaux  avancés  par 
le  savant  médecin  d'Edimbourg  sont,  à  mon  avis^  incontestables. 
Mais  il  existe  dans  son  travail  une  lacune  que  je  vous  demande  la 
permission  de  relever  :  elle  est  relative  à  Thistorique  de  la  ques- 
tion. 

Dans  une  note  intitulée  :  De  l'emploi  de  la  fève  de  Calabar  dans 
lé  traitement  du  tétanos,  et  communiquée  en  1867  à  la  Société  de 
biologie  (1),  après  avoir  relaté  plusieurs  observations  cliniques^  j'a- 
joutais^ à  propos  d'une  expérience  faite  sur  un  cochon  d'Inde  : 
«  Une  autre  particularité  qu'il  faut  noter  dans  cette  expérience  et 
que  nous  ne  devons  point  passer  sous  silence^  c'est  la  guériion  par 
Vatropine  des  accidents  engendrés  par  \difève  de  Calabar..,  Mais 
cette  opposition  entre  les  phénomènes  dus  à  la  fève  de  Calabar  et 
ceux  que  produit  l'atropine  mérite  d'être  traitée  à  part.  C'est  ce  que 
nous  nous  proposons  de  faire,  ayant  déjà,  sur  ce  sujet,  quelques 
expériences  intéressantes.  »  Dans  cette  même  note  je  citais  un  ar- 
ticle de  M.  Kleinwachter  bien  antérieur  à  mes  recherches,  puis- 
qu'il date  de  1864. 


(1)  Ce  travaU  a  paru  dans  la  Gazette  médicale  de  Paris,  dans  les  Mémoi^ 
res  d9  la  Société  de  biologie  et  dans  le  Mouvement  médical,  avant  d'être  tiré 
en  brochure. 


—  457  — 

En  1868,  sur  la  demande  de  M.  Giraldès,  j^envoyai  à  M.  Fraser, 
outre  ma  brochure,  des  renseignements  sur  les  résultats  que  m'a- 
Tait  donnés  à  la  Salpêtrière,  dans  le  service  de  M.  Delasiauve,  l'ad- 
ministration de  la  fève  de  Galabar  contre  Vépilepsie  et  la  chorée. 
Aussi,  en  raison  de  ces  circonstances^  ai-je  été  très-étonné  de  voir 
que  M.  Fraser  ne  faisait  aucune  mention,  je  ne  dis  pas  de  mon 
opuscule^  mais  des  indications  thérapeutiques  de  M.  Kleinwachter. 

Ce  n'est  pas  tout.  En  juin  i870,  j'ai  inséré  dans  la  Revue  pha^ 
tographique  des  hôpitaux  un  mémoire  sur  Y  Antagonisme  de  la  fève 
de  Calabar  et  de  Vatropine;  et,  désireux  de  rendre  justice  à  cha- 
cun, j'ai  placé  en  tête  de  ce  nouveau  travail  une  traduction  de  Tar- 
ticle  de  M.  Kleinwachter  ayant  pour  suscription  :  Empoisonnement 
de  quatre  hommes  par  Vatropine  ;  traitement  de  l'un  d'eux  par  la 
fève  de  Calabar,  Au  malade  le  plus  affecté  des  quatre^  M.  Klein- 
wachter fit  prendre  sur  du  sucre  iO  gouttes  d'une  solution  compo- 
sée de  6  grains  d'extrait  de  fève  de  Galabar  pour  1  drachme  d'eau. 
Il  survint  bientôt  un  amendement  remarquable^  et  le  malade  fut  ré- 
tabli avant  un  autre  chez  lequel  Tatropine  avait  déterminé  des  ef- 
fets moins  accusés.  M.  Kleinwachter  termine  par  ces  mots  :  «  Je 
ne  crois  pas  qu'il  faille  attribuer  au  hasard  Tamélioration  qui  sui- 
vit l'emploi  de  la  fève  de  Calabar,  car  elle  fut  trop  rapide  et  trop 
manifeste  pour  que  Ton  pût  en  méconnaître  la  cause.  Cependant 
il  serait  très-important,  pour  plus  de  certitude,  de  faire  des  expé' 
riences  précises  et  nombreuses  sur  la  fève  de  Calabar  comme  an^ 
tidote  de  l'atropine  (1).  » 

Cette  indication,  jointe  à  l'opposition  d'action  de  la  fève  de  Ca- 
labar et  de  l'atropine  sur  la  pupille,  nous  engagea  aussitôt  à  insti- 
tuer les  expériences  dont  quelques-unes  composent  la  deuxième 
partie  de  notre  mémoire.  Cette  seconde  partie  débute  par  un  pas- 
sage important  au  point  de  vue  de  notre  réclamation  :  «  Depuis 
l'expérience  que  nous  avons  rappelée  en  commençant  ce  travail 
(l'expérience  de  1867)^  nous  en  avons  institué  d'autres  en  1868. 
Les  résultats  que  ces  dernières  expérimentations  nous  ont  fournis 
ont  été  indiqués  dans  la  Santé  publique  (1869^  p.  44)  et  résumés 
dans  the  Lancet  (1869^  vol.  il,  p.  233).  )> 

Arrive  ensuite  l'exposition  détaillée  de  six  expériences.  Les  rap- 
porter ici  serait  inutile  et  fastidieux;  aussi  me  bornerai-je  à  dire 
quelle  est  la  façon  de  procéder  que  j'avais  adoptée.  Après  avoir 

(i)  BerL  Klin.  Woschschr.^  n»  38,1864. 


—  458  — 

administré  à  un  cochon  d'Inde  une  dose  de  fève  de  Cal^bfM^  recon- 
nue toxique  par  des  eipërimentations  antérieures,  je  lui  injectais 
une  certaine  dose  de  sulfate  d'atropine  (1).  L'animal^  à  la  suite  de 
ces  injections  successives,  offrait  des  accidents  plus  ou  moins  graves 
et  guérissait.  Deux  ou  trois  jours  plus  tard,  alors  qu^il  était  remis, 
je  lui  donnais  la  môme  dose  de  fève  de  Calabar,  cette  fois  seule; 
au  bout  d'un  temps  variable,  Tanimal  mourait.  D'où  cette  conclu- 
sion par  laquelle  se  termine  mon  mémoire  «  que  les  effets  produits 
par  la  fève  de  Calabar  sont  neutralisés  par  ceux  de  l'atropine^  et 
par  conséquent  que,  dans  les  empoisonnements  par  la  belladone^ovi 
pourrait  avoir  recours  avantageusement  à  la  fève  de  Calabar.  » 

I^s  développements  qui  précèdent  me  paraissent  suffisants  pour 
démontrer  :  1°  que  la  fève  de  Calabar  a  été  employée  cpntre  j'em- 
poisoniiemcnt  par  le  sulfate  d'atropine  dès  1864  \  2°  que  les  pre- 
mières expériences  tendant  à  prouver  Topposition  des  effets  dç 
ces  deux  substances  ont  été  faites  par  mo\  (1867-68]  ;  3°  que  la 
publication  de  mes  expériences  a  eu  lieu  avant  celle  du  travail  de 
M.  Fraser. 

Je  vous  adresse  cette  réclamatiop,  convaincu,  Monsieur  le  rédac- 
teur, que  vous  la  jugerez  fopdée,  et  je  vous  reo^ercie  d'avance  de 
l'bospitalité  que  vous  voudrez  bien  lui  accorder. 

BOURNEYIL^K. 

Paris,  19  juin  1871. 


BIBLIOGRAPHIE 


Théorie  et  pratique  :  des  dyspepsies  dites  esseniieUes,  leur  nature  et  kur 
transformation  ;  par  le  docteur  F.-J.  Willième. 

Nous  pourrions  citer  un  bon  nombre  de  médecins  qui,  atteints 
de  maladies  diverses,  ont  fait  de  celles-ci  le  thèm^  de  monogra- 
phies dans  lesquelles  les  auteurs  ont  surtout  mis  en  lumière  le  côté 
subjectif  de  leur  affection,  laissant  en  partie  dans  Tombre  ce  qui 
n'était  pas  senti.  S'il  est  une  maladie  dans  l'histoire  de  laquelle  ce 


(1)  Dans  la  première  partie  de  la  première  expérience,  l'animal,  da  poids 
de  430  grammes,  a  reçu  16  milligrammes  d'extrait  de  fève  de  Calabar  et  6  mil- 
ligrammes de  sulfale  d'atropine,  et  il  s'est  remis  des  accidents  toxiques  qu'il  a 
éprouvés;  dans  la  seconde  partie,  nous  lui  avons  injecté  16  milUgranunei 
d'extrait  de  fève  de  Calabar;  etUa  succombé  assez  rapidement. 


-m- 

danger  soit  à  redouter»  c'e%i  surtout  I4  dyspepsie,  dont  tn^te,  daiif 
le.  Tolume  dont  pous  çtllp^s  parler  brièvement^  notre  très-honorabie 
copfrère  M.  |e  docteur  Willième.  Le  distipgué  médecin  de  Mons 
se  piontre,  dans  beaucoup  de  pages  de  son  livre ,  trop  judicieux 
pour  u^avoir  pas  compris ,  mesuré  les  iqcouvéniepts  de  cette  sort^ 
d'autopsie  de  la  sensibilité  morbide;  aussi  I)ien^  quoi  qu'il  semble» 
d'après  une  remarque  de  la  courte  préface  qui  précède  son  travail, 
avoir  surtout  conçu  le  projet  de  ^oq  intéressante  monograpfiie 
parce  qu'il  était  et  est  encore  peut-être  dyspeptique^  ne  parle-t-il 
dau^  le  cours  de  sa  longue  enquête  qu'avec  une  excessive  discrétion 
de  ses  propres  souffrances.  Nous  le  louons  sans  réserve  en  cela, 
car  s'il  ne  s^était  retenu  sur  cette  pente,  il  eût  couru  risque  de  nous 
faire  une  odyssée  peu  intéressante  de  ses  laborieuses  digt^stfons,  au 
lieu  de  tracer  un  tableau  complet  de  la  maladie,  comme  il  Ta  fait 
ou  tout  au  inoins  essayé  de  le  faire ,  en  la  poursuivant  sous  les 
formes  proléiques  qu'elle  affecte  suivant  les  individus  et  suivant 
les  conditions  ou  elle  se  développe. 

Autant  qu'une  lecture  rapide  nous  permet  d'en  juger^  il  y  a  peu 
d'originalité  dans  ce  travail,  et  l'auteur,  modeste  malgré  une  éru- 
dition peu  commune^  n'y  paraît  viser  eu  aucupe  façon.  L'en  blâ- 
merons-nous? Non  certes.  Nous  préférons  de  beaucoup  cette  droi- 
ture d'un  esprit  qui  se  sait  et  se  classe  de  lui-même,  aux  illusions 
d'un  esprit  infatué  de  soi,  et  qui  se  persuade  et  cherche  à  persua- 
der aux  autres  qu'il  voit  mieux  et  plus  loin  que  ceux  qui  Tonl; 
précédé  dans  la  même  carrière,  quand  au  fopd  il  ne  fait  que  dire 
autrement  ce  que  tout  |e  monde  pense. 

Nous  parlions  tout  à  l'heure  de  l'érudition  peu  commune  de  notre 
laborieux  confrère  M.  Willième  :  cette  érudition ,  le  médecin  de 
Mons  parait  l'avoir  surtout  puisée  à  la  source  d'outre-Rbin  et  d'ou- 
tre-Mauche.  En  s'appuyant  sur  cette  érudition,  pous  craignons  que 
Tauteur  n'ait  un  peu  oublié  que,  bien  que  les  piéthodes  auxquelles 
recouraient  les  médecins  dont  il  suit  trop  exclusivement  les  leçons 
n'aient  pas,  quoi  qu'on  en  dise,  perdu  toute  leur  autorité^  des  mé- 
thodes plus  sévères  se  sont  au  moins  ajoutées  à  celles-ci  dans  la 
culture  des  sciences  naturelles,  et  qu'il  faut  demander  aux  unes 
comme  aux  autres  les  solutions  des  problèmes  qu'on  poursujt.  Quoi 
qu'il  en  soit  à  cet  égard,  M.  Willième  ne  se  noie  pas,  ne  s'englou- 
tit pas  dans  cet  océan  d'érudition  lin  peu  pédantesque,  il  en  émerge 
avec  vigueur;  et  en  somme  les  idées  doctrinales  auxquelles  il  se 
rallie  dans  sa  manière  de  comprendre  la  dyspepsie^  comme  la  thé- 


—  460  — 

rapeutique  qu^il  lui  oppose^  sont  celles  d'aujourd^hui  et  non  celles 
d'hier^  en  même  temps  qu'elles  ne  prétendent  en  aucune  façon  à 
être  celles  de  demain.  Si,  en  cilel,  le  médecin  de  Monsva  jusqu'à 
Chomel^  dont  il  répète  même  un  peu  trop  docilement  la  leçon, 
il  ne  va  guère  au  delà.  Tout  ce  que  Fauteur  a  dépensé  d'érudi- 
tion bien  assimilée  autour  de  cette  donnée  fondamentale  est  pure 
broderie,  et  il  ne  faut  pas  s'y  arrêter  plus  qu'il  ne  le  fait  lui-même. 

Nous  ne  croyons  pas  amoindrir  en  ceci  la  valeur  du  livre  ,  bien 
au  contraire  ;  nous  voulons  seulement  en  bien  marquer  l'esprit^ 
aQn  que  les  lecteurs  auxquels  nous  nous  adressons  soient  édifiés 
à  l'avance  sur  le  profit  pratique  qu'ils  en  pourront  tirer. 

M.  Willième  s'est  si  bien  habitué  à  marcher  à  la  lumière  de  l'an- 
cien professeur  de  clinique  de  la  Faculté  de  Paris^  que,  quand  par- 
fois il  abandonne  son  guide,  il  court  grand  risque  de  s'égarer  :  pour 
n'en  citer  qu'un  exemple^  voyez  ce  qu'il  dit  sur  certaines  formes 
de  gastralgie  exquise  qui,  disons-le  en  passant,  ne  sont  souvent^ 
ainsi  que  le  professe  avec  raison  M.  Lasègue,  qu'une  expression 
de  la  lithiase  hépatique,  et  dans  lesquelles  il  estime  que  le  médecin 
ne  peut  rien  faire  de  plus  que  subordonner  à  cette  hyperesthésie  la 
quantité  et  la  qualité  de  TaUmentation,  c'est-à-dire  quelques  cuil- 
lerées de  lait  coupé,  et  vous  vous  convaincrez  bien  vite  que  si  ce 
médecin  est  souvent  un  bon  guide  à  suivre,  il  faut  aussi  l'aban- 
donner quelquefois  pour  suivre  une  voie  différente.  Ce  qu'il  faut 
faire  ici,  ce  n'est  plus  écouter  cette  sensibilité  excessive,  c'est  s'en 
rendre  maître  en  chloroformisant  l'estomac  ou  en  l'endormant, 
pour  le  forcer  à  laisser  passer  l'aliment.  Hors  de  cette  voie,  si  l'on 
y  persiste  un  peu,  on  n'a  qu'un  résultat  à  attendre,  la  mort  par 
inanition.  Tout  le  monde  sait  cela,  M.  Willième  comme  tout  le 
monde;  c'est  donc  de  sa  part  une  pure  distraction,  que  nous  avons 
relevée,  comme  on  supprime  dans  un  errata  un  mot  parasite  qui 
détone  en  une  phrase  correcte. 

CLINIQUE  DE  LA  VILLE 


D£Uft  CAS  D'àSPHTXIB  traités  par  les  mHALATIONS  d'oXYGIERE.  — 

Ces  observations  ont  été  communiquées  par  M.  le  docteur  Créquy 
à  la  Société  de  thérapeutique  (1).  Quoique  déjà  anciennes,  nous 


(1)  Extrait  des  BuUetins  et  Mémoires  de  cette  Société. 


—  461  — 

croyons  bien  faire  de  les  rapporter  ici  ;  elles  confirmeront  les  résul- 
tats que  nous  avons  déjà  signalés  dans  des  circonstances  sembla-- 
bles^  et  montreront  à  nouveau  les  services  qu'on  peut  attendre  des 
moyens  qu^elles  préconisent. 

Appelé  le  4  janvier,  dit  M.  Gréquy^  près  d^une  femme  asphyxiée 
par  les  vapeurs  du  charbon  et  dans  un  état  d'insensibilité  complète^ 
nous  eûmes  l'idée  de  recourir  aux  inhalations  d^oxygène*  Les  ré- 
sultats obtenus  nous  ont  engagé  à  vous  faire  connaître  cette  obser- 
vation. 

La  dame  X'*'**,  âgée  de  cinquante-cinq  ans,  demeurant  à  la  Cha* 
pelle,  après  avoir  soigneusement  calfeutré  sa  chambre,  s'était 
étendue  sur  son  lit  à  côté  de  deux  réchauds  remplis  de  charbon^  qui 
amenèrent  un  état  d'asphyxie  voisin  de  la  mort. 

A  notre  arrivée^  Tintelligence  et  la  parole  sont  abolies,  il  en  est 
de  même  de  la  motilité;  les  membres  soulevés  retombent  comme 
des  masses  inertes. 

La  peau  reste  insensible  aux  pincements  des  doigts  et  aux  pi* 
qûres  aépingles.  Les  paupières  sont  fermées,  les  pupilles  largement 
dilatées^  presque  insensibles  à  la  lumière  ;  les  mâchoires^  fortement 
serrées,  se  laissent  difficilement  écarter.  Le  pouls  bat  environ 
iOO  pulsations.  La  respiration  est  un  peu  fréquente^  mais  Taus- 
cultation  et  la  percussion  ne  révèlent  rien  d'anormal. 

Traitbbiert.  Frictions  sèches  sur  la  peau  et  sinapismes  sur  les 
membres  ;  je  fais  en  outre  cingler  vigoureusement  la  poitrine  toutes 
les  demi-heures  avec  des  serviettes  trempées  dans  Teau  froide;  ce 
dernier  moyen  excite  un  peu  la  malade  et  lui  fait  pousser  quelques 
grognements,  mais  bientôt  elle  retombe  dans  le  même  état. 

5  janvier.  Le  coma  persiste,  Tinteiligence  et  la  motilité  restent 
toujours  abolies.  La  sensibilité  est  cependant  un  peu  revenue  dans 
le  côté  droit,  mais  le  gauche  paraît  avoir  beaucoup  moins  gagné. 
A  onze  heures  je  lui  fais  respirer  25  litres  d'oxygène  à  Taide  de 
Tappareil  de  M.  Limousin. 

immédiatement  après  cette  inhalation,  la  sensibilité  devient  plus 
vive  et  se  manifeste  dans  le  côté  gauche  à  Tégal  du  côté  droit.  L'in- 
telligence se  traduit  par  quelques  mots  mal  articulés;  les  paupières 
s'entr'ouvrent  légèrement,  et  la  malade  peut  expectorer  quelques 
crachats  dont  elle  n'avait  pas  cherché  à  se  débarrasser  jusqu'alors. 
De  nouvelles  inhalations  furent  faites  le  soir,  le  lendemain  et  le  sur- 
lendemain. Le  6,  la  sensibilité,  Tintelligence  et  la  motilité  étaient 
à  peu  près  revenues  à  leur  état  normal;  mais  le  soir  uqe  fièvre 
assez  vive  se  déclara  avec  expectoration  de  quelques  crachats  san- 
glants. 

L'auscultation  fit  reconnaître  une  pneumonie  à  la  base  du  côté 
gauche  ;  celle-ci,  qui  nous  paraît  avoir  été  déterminée  plutôt  par 
une  fenêtre  que  nous  avons  dû  tenir  ouverte  près  de  la  malade  que 
par  l'inspiration  de  l'oxygène,  resta  bornée  au  tiers  inférieur,  eut 

TOME  LXXX.  12®  LIVR.  5Ô 


—  462  — 

une  marche  assez  rapide^  entra  en  résolution  le  \^,  et  permit  à  la 
malade  de  reprendre  ses  occupations  quelques  jours  après. 

Celte  observation,  rapprochée  de  celles  qu'd  publiées  le  docteur 
Constantin  Paul  (1),  témoigne  de  Tefficacitéde  Toxygène  dans  Tas- 
phjiie  ;  il  fest  vrai  que  lorsque  celle-ci  est  déterminée  par  le  char- 
bon, bh  a  plutôt  affaire  à  un  empoisonnement  qu'à  une  asphyxie 

réelle. 

En  effet,  lorsque  le  jeu  régulier  des  organes  a  été  détruit  par  la 
privation  de  Tair,  aussitôt  que  le  libre  accès  de  celui-ci  est  rétabli, 
les  fonctions  reprennent  rapidement  leur  état  normal  ;  c'est  ainsi 
que  nous  voyons  les  choses  se  passer  lorsque  la  trachéotomie 
est  pratiquée  pour  le  croup  ou  pour  vaincre  un  obstacle  quelconque 
sur  le  trajet  de  l'air. 

Mais  il  n'en  est  pas  ainsi  après  Tasphyxie  par  les  vapeurs  de 
charbon;  l'économie  a  subi  un  véritable  empoisonnement  qui  est 
quelquefois  très-long  à  disparaître;  aussi  n'est- il  pas  très-rare  de 
vôW  ded  malades  succomber  deux,  trois  jours  et  même  plus  après 
l'accident,  bien  qu'ils  aient  été  soustraits  à  Tactioti  des  gaz  délétères. 

C'est  surtout  dans  ces  conditions  qu'il  est  nécessaire  d'exciter  le 
malade,  de  ramener  la  respiration  et  la  sensibilité  par  tous  les 
moyens  possibles.  Si,  en  efi^t,  on  abandonne  les  malades  à  eux- 
mêmes;  ils  tombent  dans  ime  espèce  de  léthargie  qiii  doit  les  con- 
duire fatalement  à  la  mort. 

Ainsi,  chez  notre  malade,  voici  ce  qu'il  était  facile  d'observer: 
lorsqu'on  l'avait  excitée  soit  en  cinglant  la  poitrine  avec  des  linges 
mouillés,  soit  en  lui  faisant  respirer  20  litres  d'oxygène,  la  respira- 
tion devenait  plus  facile,  la  sensibilité  s'éveillait;  mais  i'abandon- 
nait-on  à  elle-mêine  pendant  quelques  heures,  elle  retombait  dans 
un  sommeil  comateux  dont  on  ne  pouvait  la  tirer  que  par  de  nou- 
velles excitations. 

Il  n'est  pas  douteux  pour  nous  que  si  on  Tedt  abandonnée  à 
elle-même,  elle  eût  succombé  à  ce  ralentissement  des  fonctions  res- 
piratoires et  sensorielles. 

L'oxygène,  en  raison  de  ses  propriétés  chimiques,  doit  être  un 
des  agents  les  plus  propres  &  produire  cette  excitation;  avec  la  faci- 
lité qu'on  a  de  s'en  procurer,  il  est  probable  que,  dans  peu,  de  nou- 
Telles  observations  nous  feront  connaître  la  confiance  qu'on  doit  lui 
accorder. 


(i;  Dans  le  Bulklin  d»  Thérapeuiiquef  t.  LXXV,  p.  97. 


—  463  — 

Celte  ohsérvalioh  était  écrite  lorsque  MM.  les  internes;  mes  col- 
lègues de  la  maison  de  santé,  me  prièrent  de  visiter  ùh  de  leurs 
amis  qui  venait  d'être  victime  de  Taccidenl  arrivé  place  de  la  Sor- 
bonne. 

Ce  jeune  homme^  habitant  la  maison  où  avait  eu  lieu  Texplosioii^ 
se  trouva  suffoqué  par  les  gaz  résultant  de  la  détonation  ;  il  put 
ce|;)endant  prendre  une  voiture  et  se  faire  transporter  à  la  Maison 
municipale  de  santé. 

Nous  le  vîmes  deux  ou  trois  heures  après  l'accident;  son  état 
nous  parut  plus  grave  que  celui  de  la  malade  d(>nt  j'ai  parlé  d'a- 
bord; cependant  l'intelligence  était  parfaitement  intacte, ainsi  que  la 
sensibilité^  et  celle-ci  à  ce  point  qu'il  ne  pouvait  endurer  les  sina- 
pismes  plus  de  dix  minutes. 

Mais  la  teinte  asphyxique  était  très-prononcée^  le  visage  lé- 
gèrement plombé^  les  ongles  bleuâtres,  la  respiration  fréquente  et 
difficile  ;  le  pouls,  petit  et  irrégulier,  battait  140  pulsations.  Des  râ- 
les sous -crépitants,  fins,  abondants,  remplissaient  la  poitrine;  il 
existait  en  outre  une  tendance  marquée  à  la  somnolence;  ainsi, 
chez  notre  première  malade,  la  sensibilité  et  l'intelligence  avaient 
été  complètement  abolies^  alors  que  les  fonctions  respiratoires  et 
circulatoires  avaient  peu  souffert  ;  chez  le  second,  au  contraire,  la 
sensibilité  et  l'intelligence  étaient  parfaitement  conservées,  tandis 
que  la  circulation  et  la  respiration  avaient  subi  des  troubles  tels,  que 
nous  conservions  peu  d'espoir  de  ramener  ce  jeune  homme  à  la  vie. 

Dans  le  phénomène  asphyxie^  il  y  &  donc  la  spéciiicité  de  Tagent^ 
comme  dans  tout  autre  empoisonnement  ou  tout  autre  acte  mor- 
bide^ spécificité  dont  on  doit  tenir  le  plus  grand  cas  au  point  de  vue 
du  traitement. 

Dans  le  cas  particulier^  quel  gaz  avait  produit  les  symptômes 
graves  que  nous  venons  de  signaler?  Nous  l'ignorions^  constatant 
simplement  que  l'état  d'asphyxie  dans  lequel  se  trouvait  ce  jeune 
homme  était  tout  diilérent  de  celui  produit  par  l'oxyde  de  carbone. 
Cependant  une  indication  nous  parut  dominer  toutes  les  autres  : 
c'était  de  faire  disparaître  cette  teinte  bleuâtre  des  téguments  et  ces 
râles  fins,  conséquence  d'une  stase  sanguine  veineuse  dans  les  pou- 
mons, de  rendre  au  cerveau  les  éléments  de  son  excitabilité  propre. 
Dans  ce  but^  des  ventouses  scarifiées  avaient  déjà  été  appliquées 
sur  la  poitrine  ;  nous  prescrivîmes  de  faire  respirer  au  malade, 
toutes  les  demi-heures,  !25  litres  d'oxygène,  de  faire  suivre  cette 
inhalation  de  flagellations  sur  tout  le  corps  avec  des  compresses 


—  4«4  — 

d'eau  froide,  de  faire  suivre  celles-ci  de  massages  et  frictions  sè- 
ches, de  terminer  par  des  applications  de  sinapismes,  pour  revenir 
ensuite  aux  inhalations  d'oxygène  en  les  faisant  suivre  des  mêmes 
pratiques^  et  cela  dans  le  but  d'éviter  l'état  de  somnolence  que 
je  considérais  comme  pouvant  devenir  fatal  au  malade. 

Une  potion  alcaline  fut  prescrite  dans  le  but  de  fluidifier  le  sang. 
Cette  médication  fut  suivie  toute  la  nuit;  environ  200  litres  d'oxy- 
gène furent  aspirés. 

Après  chaque  inhalation,  le  malade  se  trouvait  mieux,  respirait, 
disait-il,  plus  librement,  se  sentait  comme  allégé,  la  somnolence 
disparaissait,  et  lui-même  demandait  qu'on  revint  à  Toxygène. 

Le  lendemain  l'asphyxie  avait  presque  disparu  ;  mais  la  bron- 
chite persista,  et  quelques  jours  plus  tard  survint  une  broncho- 
pneumonie qui  se  termina  par  la  mort,  trente-six  jours  après  Tac- 
cident. 

Quoi  qu^il  en  soit,  Toxygène  n'a  pas  moins  eu  ce  résultat  remar- 
quable de  faire  diminuer  les  phénomènes  asphyxiques  au  moment 
de  son  inspiration,  et  en  l'espace  d'une  nuit  d'avoir  ramené  ce 
jeune  homme  dans  une  situation  moins  grave  que  la  veille. 

Quant  à  la  bronchite  et  à  la  broncho-pneumonie,  on  ne  peut  les 
attribuer  rationnellement  à  Toxygèue,  puisque  la  première  existait 
avant  son  emploi,  et  que  la  seconde  ne  survint  que  quelques  jours 
après  qu'on  n'en  faisait  plus  usage.  Peut-être  faut-il  attribuer  la 
persistance  de  l'état  inflammatoire  du  poumon  à  l'action  spéciale 
et  très-irritante  des  gaz  résultant  de  la  déflagration  du  picrate  de 
potasse. 

On  sait,  en  effet,  que  les  corps  provenant  de  la  distillation  de  la 
houille  produisent  des  actions  très-variées  sur  nos  tissus  *,  les  ou- 
vriers qui  travaillent  au  goudron  de  houille  contractent  souvent  des 
prurigo  spéciaux.  Ceux  qui  manient  le  brai  sont  exposés  à  des  ké- 
ratites et  hypopions  qui  peuvent  détruire  l'œil  en  quelques  jours, 
et  qui,  dans  tous  les  cas,  guérissent  difficilement. 

Les  gaz  produits  par  la  détonation  du  picrate  de  potasse  nous  pa- 
raissent avoir  produit  quelque  chose  d'analogue  sur  la  muqueuse 
pulmonaire  de  notre  malade. 


—  i«5  — 


RÉPERTOIRE  MÉDICAL 


REVUE  DES  JOURNAUX 


Sur  le  délire  de  faiblesse 
aa  déclin  des  maladies  ai- 
guës. Noas  reproduisons  l'analyse 
de  quelques  observations  sur  ce  point 
intéressant^  due  à  M.  le  docteur  ll.We- 
ber,  qui  les  a  publiées  dans  the  Lancet, 

I.  A.  L***,  garçon  de  seize  ans, 
fat  atteint  d*une  rougeole  compliquée 
d'une  broncho-pneumonie.  La  fièvre 
fut  très-modérée.  Il  n'eut  point  de 
délire  pendant  la  période  d'augmeut 
et  d'état  de  la  maladie.  Le  huitième 
jour,  la  broncho-pneumonie  entra  en 
voie  de  résolution.  Le  neuvième  jour, 
quand  la  fièvre  avait  entièrement  dis- 
paru, le  malade  tomba  dans  un  état 
de  grande  anxiété  ;  le  pouls  était 
faible  et  fréquent;  la  peau  couverte 
d'une  transpiration  froide  abondante. 
Le  malade  se  figurait  qu'on  le  soup- 
çonnait d*avoir  commis  un  vol  et 
qu'on  allait  le  conduire  en  prison.  Il 
avait  des  hallucinations  de  la  vue  et 
de  roule.  Ce  délire  .continua  pendant 
le  dixième  jour,  mais  roulant  sur  des 
sujets  différents.  Gr&ce  à  l'adminis- 
tration de  l'opium  et  à  un  régime 
réparateur,  le  malade  eut  un  som- 
meil profond.  Â  son  réveil,  la  raison 
était  parfaite  et  la  convalescence  se 
déclara.  La  maladie  mentale  avait 
duré  deux  jours. 

II.  M.  M^^,  petite  fille  nerveuse, 
mais  d'une  bonne  constitution,  fut 
atteinte  d'une  forme  très-légère  de 
rougeole.  Le  cinquième  jour,  quand 
la  fièvre  était  déjà  tombée,  la  malade 
eut  subitement  un  délire  violent  :  le 
pouls  devint  faible  et  la  face  pâle 
et  froide.  Sous  Tinfluence  de  doses 
répétées  de  morphine,   un   sommeil 

Îirofond  se  déclara,  après  que  le  dé- 
ire  eut  persisté  pendant  douze  heures. 
La  malade  fut  parfaitement  raisonna- 
ble le  sixième  et  une  partie  du  sep- 
tième jour,  puis  le  délire  se  déclara 
derechef;  la  température  du  corps 
n'était  pas  au-dessus  de  la  normale  ; 
le  pouls  devint  de  nouveau  faible,  et 
la  peau  baignée  de  transpiration. 
Quelques  doses  de  morphine  procu- 
rèrent encore  une  fois  le  sommeil,  et, 
en  s'éveillant,  la  malade  avait  con- 
science de  son  délire  antérieur;  elle 
guérit  parfaitement. 
Environ  deux    ans   après  ^  cette 


même  petite  fille  eut  une  scarlatine 
très-grave.  La  fièvre  fut  excessive- 
ment forte  le  troisième  jour  de  l'é- 
ruption ;  elle  avait  considérablement 
diminué  le  sixième  jour  et  encore 
plus  le  huitième,  quand  la  malade, 
après  un  sommeil  court,  devint  su- 
bitement maniaque.  Les  extrémités 
étaient  froides,  la  transpiration  abon- 
dante et  le  pouls  extrêmement  faible. 
Quelques  doses  de  morphine  procu- 
rèrent un  sommeil  profond,  et  en 
s'éveillant,  la  malade  était  parfaite- 
ment raisonnable  ;  la  scarlatine  se 
termina  d'une  manière  favorable. 

III.  M.  E***,  âgé  de  vingt-neuf 
ans,  eut  un  érysipèle  de  la  face  et 
du  cuir  chevelu.  La  maladie  était  lé- 
gère et  ne  présentait  aucune  compli- 
cation. La  plupart  des  symptômes  s'é- 
taient dissipés  le  huitième  jour;  mais 
le  neuvième,  le  matin  de  bonne  heure, 
le  malade  fut  atteint  d'un  délire  ma- 
niaque, accompagné  de  phénomènes 
de  collapsus.  Quelques  doses  de  mor- 
phine, du  vin,  des  aliments  procu- 
rèrent, après  quinze  heures  de  durée 
des  symptômes,  un  sommeil  profond. 
Au  réveil,  la  raison  était  parfaite. 
La  convalescence  marchait  réguliè- 
rement, quand,  après  un  intervalle 
de  plusieurs  jours,  l'érysipèle  se  dé- 
clara de  nouveau,  suivi  de  nouvelles 
conceptions  délirantes,  accompagnées 
d'une  transpiration  abondante  et  d^nn 
pouls  faible  et  irrégulier.  Ces  symp- 
tômes furent  combattus  parles  mêmes 
moyens,  et  disparurent  après  avoir 
duré  pendant  quatorze  heures. 

IV.  J.-V.  B***,  âgé  de  soixante- 
quatre  ans,  d'une  constitution  déli- 
cate, d^un  tempérament  nerveux,  était 
atteint  d'une  pneumonie  du  côté  droit. 
Le  huitième  ou  neuvième  jour,  la 
fièvre  et  la  plupart  des  symptômes 
avaient  presque  complètement  dis- 
paru, quand  il  fut  atteint  subitement 
d'un  violent  délire  maniaque,  accom- 
pagné d'un  état  de  faiblesse  très- 
prononcé.  Sous  l'influence  des  opia- 
cés, de  l'alimentation  et  des  stimulants, 
on  obtint  un  sommeil  profond,  suivi 
d'une  convalescence  rapide.  Le  dé- 
lire avait  duré  pendant  vingt-huit 
heures 

Y.  C.  M**^,  âgé  de  vingt-deux  ans» 


—  466  — 


d'une  constitution  faible,  d'un  tem- 
pérament trës-nerveux ,  fut  atteint 
d'une  pneumonie  lobulaire  du  côté 
droit.  La  plupart  des  symptômes  s'é- 
taient dissipes,  et  le  malade  était  au 
commencement  de  la  convalescence, 
quand  tout  à  coup  se  déclara  un  dé- 
lire maniaque  trës-prononcé.  Le  pouls 
était  faible,  la  face  pâle,  les  extrémités 
froides.  Le  repos,  les  aliments,  un 
usage  modéré  des  stimulants  et  quel- 
ques doses  de  morphine  procurèrent 
un  sommeil  profond  ;  ^iprës  quoi  la 
convalescence  marcha  n;gulièrement. 
L'accës  maniaque  avait  duré  vingt- 
quatre  heures. 

VI.  Un  jeune  homme  de  vingt- 
quatre  ans,  d'un  tempérament  ner- 
veux, épuisé  par  un  travail  au-des- 
sus de  ses  forces,  était  au  commen- 
cement du  troisième  septénaire  d'une 
fîëvre  typhoïde  d'une  intensité 
moyenne  ;  la  plupart  des  symptômes 
morbides  s'étaient  presque  complète- 
ment dissipes,  quand  tout  à  coup  se 
déclara  chez  lui  un  violent  délire 
maniaque,  accompagné  d'un  collap- 
sus  trës-pro^once.  L'accës  dura  pen- 
dant quinze  heures  et  se  termina  par 
un  sommeil  profond,  grâce  à  l'admi- 
nistration des  stimulants  et  des  opia- 
cés. La  convalescence  se  déclara  im- 
médiatement aprës. 

VIL  A***,  âgé  de  vingt-huit  ans, 
d'un  caractère  impressionnable  et 
nerveux,  éiait  atteint  d'une  fîëvré 
typhoïde  peu  intense.  Un  accès  de 
délire  maniaque  se  déclara  subitement 
ctiez  lui,  à  la  fin  du  second  septé- 
naire ou  au  commencement  du  Iroi- 
zièmë,  quand  déjà  la  plupart  des 
symplOmes  typhoïdes  étaient  en  voie 
de  décroissance.  Le  délire  persista 
pendant  dix  heures,  et  disparut  grâce 
a  l'administration  des  stimulants  et 
des  opiacés. 

Il  y  a  bien  lieu,  comme  le  fait  re- 
marquer M.  Lunier,  de  faire  des  ré- 
serves sur  le  caractère  asthénique  du 
délire  dans  quelques-unes  de  ces  ob- 
servations; nous  pensons  néanmoins 
qu'elles  renferment  un  enseignement 
sérieux.  {Lancet  et  Ânn,  meU.-psy- 
ciu)/.,  janvier  1871.) 


Pe  la  salicine  daos  la  fièvre 
tjjpholde/par le  docteur  Vèr'ardîui, 
de  Bologne.  Ce  glucocide  a  été  ad- 
ministré avec  succès  pnr  Ercolani 
dans  certaines  formes  de  typhus 
chez  les  bœufs  et  les  chevaux  ;  Preli 
etGotli  l'ont  employé  également  avec 


succès  dans  le  typhus  du  porc,  du  che- 
val et  du  bœuf.  Ces  heureux  résul- 
tats ont  encouragé  M.  Verardini  à  es- 
sayer le  remède  dans  la  fièvre  ^ty- 
pholde  chez  l'homme. 

Il  le  donne  à  la  dose  de  4  à  6  gram- 
mes par  jour  et  il  en  vante  lui  aussi  les 
bons  effets;  il  rapporte  avec  détails  six 
observations  de  iiëvres  typhoïdes  gra- 
ves rapidement  guéries  par  ce  moyen; 
il  cite  aussi  trois  cas  appartenant  au 
docteur  Righi,  deux  au  docteur  Man- 
fredini,  deux  au  professeur  Villa  et  un 
au  docteur  Brugnoli;dans  tous  ces  faits 
la  salicine  guérit  très-facilement  la 
fièvre  typhoïde.  A  l'hôpital  majeur  de 
Bologne,  mêmes  brillants  résultats; 
sur  une  trentaine  de  cas  d'iléotyphus, 
on  n'eut  à  déplorer  que  deux  cas  de 
mort,  grâce  à  ce  traitement. 

La  salicine  ne  parait  pas  agir  comme 
parasilicide  à  la  manière  de  la  qui- 
nine, en  tuant  les  micro -organismes 
(microzoaires,  bactéridies)  que  l'on 
trouve  dans  le  sang  des  typhisés,  car 
ces  microzoaires  placés  dans  une  so- 
lution de  salicine  continuent  parfai- 
tement à  vivre.  Ce  médicament  parait 
agir  plutôt  en  empêchant  les  actes  de 
fermentation  qu'en  tuant  les  microzy- 
mas.  M.  Piazza  croit  que  la  salicine 
se  transforme  dans  Torganisme  en 
hydrure  de  salicyle  et  en  acide  sali- 
cylique,  qui  s'accouple  à  la  glycocolle 
(produit  intermédiaire  de  répression 
très-abondant)  et  la  réduit  sous  une 
forme  chimique  assez  stable.' 

M.  Verardini  accepte  cette  manière 
de  voir  et  n'est  pas  éloigné  d*expli- 
quer  ainsi  l'action  anlifermenlative  de 
la  salicine  ;  cependant  il  remarque 
^ue  l'acide  benzoïque,  Tacide  cumi- 
nique,  l'acide  cinnamic|ue  éprouvent 
les  mêmes  transformations  dans  l'é- 
conomie que  la  salicine,  sans  cepen- 
dant avoir  les  heureux  effets  de  cette 
substance  sur  la  fièvre  typhoïde,  ainsi 
qu*il  s'en  est  convaincu  plusieurs  fois 
au  lit  du  malade. 

Gomme  complément  à  cette  étude, 
l'auteur  a  institué  chez  des  lapins  une 
série  d'expériences  confirmatives  des 
faits  précédents.  On  sait  que  le  nerium 
oleandrum  est  une  plante  qui  produit 
chez  les  animaux  auxquels  on  radmi- 
nistre  tous  les  symptômes  ainsi  que 
les  lésions  qui  caractérisent  la  fièvre 
typhoïde  ;  M.  Verardini  a  intoxiqué 
des  lapins,  soit  avec  les  feuilles,  soit 
avec  quelques  grammes  de  l'extrait 
de  cette  plante,  et  il  à  pu  se  con- 
vaincre que  la  salicine,  administrée 
ensuite,  conjurait  les  effets  du  toxique 


—  467  — 


et  amenait  la  gnénson  de  Vanimal. 
{Journal  de  Bnuçelles,  nov.  1870.) 

Potioii  émolsionnée  con- 
tre les  coliques  sèches  9 
spasiiio4i4<>c>>«  d'aii{(iistle  et 
die  coaretations  intestinales. 

Dans  une  lettre  adressée'  au  président 
de  l'Académie  de  médecine  ,  et  re- 
produite par  la  Revue  médicale,  M.  le 
professeur  Bertulus^  de  ^larseille,  dé- 
finit ainsi  Tindication  générale  qui 
doit  servir  de  t)ase  au  traitement  de 
ces  maladies. 

Agir  avec  toute  la  vigueur  possible 
contre  le  spasme,  contre  le  létanos 
intestinal  ;  faire  cesser  par  suite  l'in- 
terversion du  mouvement  périslaUi- 
que  et  les  phénomènes  qui  en  décou- 
lent (nausées,  vomissements,  dou- 
leurs et  constipation). 

A  l'Hôtel-Dieu  de  Marseille^  U.  Ber- 
tnlus  s'est  toujours  bien  trouvé  de  la 
potion  suivante  : 

Pr.  :  Huile  fine  d'olive^  60  grarom. 
Extrait  de  datura,  10  centig. 
Laudanum  liquide,  15  gouttes. 
Alcool  de  menthe,  '20  gouttes. 
Sirop  de  laurier- 
cerise,  95  gramro. 
Mêlez. 

On  peut  joindre^,  si  l'on  veut,  à 
cette  potion  l'emploi  des  cataplasmes 
de  feuilles  de  belladone,  ou  celui  de 
la  pommade  chloroformée,  i  Mais  ce 
qu'il  faut  éviter  avec  un  soin  scrupu- 
leux, ce  sont  les  drastiques^  qui  ne 
font  qq'augmenter  ou  entretenir  le 


spasme.  (Journ.  de  méd.  $1  de  chir. 
praL,  1871,  p.  78.) 

Emploi  du  bandaiee  ina- 
movible gommé,  l^'autéûr  / 
M.  Andreini,  depuis  plusieurs  années 
emploie  avec  avantage,  comme  '  appa- 
reil inamovible,  un  bandage  forih'é 
d'attelles  de  carton  reliée^  pal*  d^ 
bandes  solides,  le  tout  imbibé  du  mu- 
cilage gommé  suivant  :  gomme  du  Se' 
négul ,  200  grammes;  eau  tiède, 
100  grammes;  alcool,  80  gratbmes. 
Cet  appareil  présente  de  nombreux 
avantages. 

La  gomme  du  Sénégal^  ou  au  be- 
soin la  gomme  arabique,  se  trouve 
dans  toutes  les  pharmacies. 

Cette  solution  étant  très-facile  à 
préparer  et  Ji  conserver,  on  pourra!) 
s'arranger  pour  eu  avoir  constamment 
de  prête  dans  les  hôpitaux. 

Elle  donne  à  l'appareil  une  très* 
grande  dureté. 

Son  usage  est  commode;  il  suffit 
pour  s'en  servir  de  tremper  dedans 
les  bandes  ou  le  carton,  ou  mènied'eil 
couvrir  purement  et  simplement  l'^l^^ 
pareil,  soit  avec  la  main^  soit  étf^e 
servant  d'un  pinceau. 

La  solidification  est  très-rapide  ;  au 
besoin  on  peut  l'activer  en  se  servant 
du  feu. 

L'appareil  s'enlève  facilement  au 
moyen  d'un  peu  d'eau  chaude  qui  lé 
ramollit. 

Le  prix  en  est  peu  élevé,  contraire- 
ment a  celui  du'siliciate  de  spude,  au- 
jourd'hui tant  recommandé.  (ili^éV'itf 
médicale,)  •    ■  -  ,     / 


VARIÉTÉ 


Faculté  de  MéDEcmB.  Hôpital  des  enfants.  —  M.  le  docteur  Ueiiri  ftoger, 
professeur  agrégé  de  la  Faculté,  a  commencé  le  cours  clinique  des  naladies 
des  enfants,  le  samedi  17  juin. 

Conférences  et  exercices  cliniques  les  lundis,  jeudis  et  samedis^  à  (lujt  heures 
et  demie. 

Légion  D^noNHEUR.  —  Par  arrêté  du  5  juin  1871^  ont  été  promus  ou  nom- 
més dans  l'ordre  national  de  la  Légion  d'honneur  : 

Au  grade  de  commandeur  :  M.  Walther  (Charles),  inspecteur  adjoint  du  ser- 
vice de  santé  de  la  marine  ; 

Au  grade  d'officier  :  MM-  Lantoin,  Girard  de  la  Barcerie,  médecins  prin- 
cipaux de  la  marine  ;  Boûcgarel,  Cosquer,  )ean,  médecins  de  première  classe 
de  la  marine  ; 

Au  grade  de  chevalier  :  MM.  Ricard,  médecin  de  première  classe  de  la  ma- 
rine ;  Grand,  Molle,  Gousyn,  Defornel,  Jacquemin,  Caillière,  Aube,  Rit^  méde- 
cins de  deuxième  classe  de  la  marine. 


—  468  — 

N£cmoLooiE.  —  Nous  avons  le  regret  d'annoncer  la  mort  de  M.  le  profes- 
seur Stœber,  qui  occupa  le  premier  et  avec  la  plus  grande  distinction  la  chaire 
de  pathologie  et  thérapeutique  générale  à  la  Faculté  de  Strasbourg.  Praticien 
trës-estimé,  il  avait  acquis  un  renom  de  science  et  de  grande  habileté  en 
ophthalmologie. 

On  a  rendu,  il  y  a  peu  de  jours,  à  la  Madeleine^  les  derniers  devoirs  à  M.  Bar- 
reswill,  chimiste  distingué,  homme  de  bien  et  des  plus  généreux,  qui  avait 
fondé  la  Société  de  protection  des  apprentis  et  des  enfants  employés  dans  les 
tnanufactures. 

Parmi  les  victimes  qu'une  mort  prématurée  a  faites  dans  les  rangs  de  la  mé- 
decine, au  milieu  des  tristes  événements  qui  viennent  de  se  succéder^  nous 
devons  une  mention  à  M.  Fax,  interne  provisoire  à  Thôpital  Beaujon,  qui  est 
mort  k  peine  âgé  de  vingt-huit  ans,  victime  du  zële  avec  lequel  il  prodiguait 
toins  aux  malades  des  services  de  MM.  Dolbeau  et  Dubreuil. 


La  Société  protictrice  de  l*enfance  informe  les  parents  qu'ils  peuvi'ut, 
comme  par  le  passé ,  s'adresser  à  elle  pour  la  surveillance  de  leurs  enfants 
placés  en  nourrice  en  dehors  de  Paris,  et  que,  chaque  mois,  elle  leur  trans- 
mettra des  nouvelles  de  leur  état  de  santé,  d'après  les  bulletins  de  ses  médecins 
Inspecteurs. 

Les  bureaux,  situés  rue  Magnan,  5,  près  la  place  du  Gh&teau-d'Eau,  sont  ou- 
verts de  dix  heures  à  quatre  heures  ;  les  dimanches  et  fêtes,  de  dix  heures 
il  midi. 

H  n'y  a  absolument  rien  à  payer. 

La  Société  prévient,  en  outre,  qu'en  raison  des  événements  qui  l'ont  empo- 
chée de  tenir  sa  séance  annuelle  de  1870,  les  récompenses  qu'elle  a  l'habi- 
tude de  décerner  aux  nourrices  les  plus  méritantes,  ainsi  que  le  prix  qu'elle 
amis  au  concours,  sont  ajournés  au  mois  de  janvier  prochain.  Eu  consé- 

2uence,  les  propositions  en  faveur  des  nourrices  devront  être  adressées  au 
iége  de  la  Société,  avant  le  i«'  décembre,  et  les  mémoires  pour  la  question  du 
prix  avant  le  1«'  novembre  i871,  terme  de  rigueur. 

Le  sujet  proposé  est  ainsi  conçu  : 

«  Etude  des  causes  de  la  mortalité  excessive  des  enfants  pendant  la  pre- 
c  mibre  année  de  leur  existence  et  des  moyens  de  la  restreinure.  i 

Les  concurrents  devront  : 

1o  Envisager,  sous  toutes  ses  formes  et  sous  ses  différents  aspects  Pinfanti- 
cide  tel  quMl  est  défini  par  la  loi  :  meurtre  d'un  enfant  nouveau-né  ; 

2o  Rechercher  et  apprécier  les  circonstances  diverses  qui  peuvent  détermi- 
ner la  mort  des  enfants:  abandon,  défaut,  insuffisance,  mauvaises  conditions 
de  l'alimentation  naturelle  ou  artificielle  ;  froid,  incurie,  malpropreté,  insalu- 
brité des  habitations,  etc.  ; 

30  Examiner  au  point  de  vue  de  la  répression,  la  question  de  la  responsa- 
bilité des  parents,  des  nourrices,  des  gardeuses,  etc.,  dans  les  circonstances 
oh  la  vie  et  la  santé  des  enfants  peuvent  se  trouver  compromises  par  leur  im- 
prudence, leur  négligence  ou  leurs  sévices  ; 

40  Indiquer  les  dispositions  préventives  qui  pourraient  être  introduites  dans 
la  législation  actuelle,  pour  restreindre  la  mortalité  générale  des  enfants. 

Le  prix  sera  de  500  francs  à  1 000  francs,  selon  l'importance  du  mémoire 
|ui  l'aura  mérité. 

Les  mémoires  seront  écrits  en  français  et  envoyés  francs  de  port. 

Les  travaux  admis  au  concours  ne  seront  pas  rendus  à  leurs  auteurs.  —  Les 
membres  du  conseil  d'administration  sont  seuls  exclus  du  concours. 

Les  concurrents  accompagneront  leur  envoi  d'un  pli  cacheté,  contenant  leur 
nom  et  leur  adresse  avec  une  devise  qui  sera  répétée  en  tête  de  leur  travail. 

■ 

PIN  DU  TOME   QUATRE-VINGTlàMB 


P&ur  les  mrticlês  non  signés  :  F.  BRIGHETEÀU. 


TABLE   DES  MATIÈRES 

DU  QUATRE-VINGTIÈME  VOLUME 


Une  pagination  double  dans  le  courant  du  volume  se  trouvant  produite 
par  suite  d'une  erreur  typographique^  le  lecteur  devra  vérifier,  seulement 
pour  les  pages  205  à  504,  les  chiffres  correspondant  dans  le  volume  à  celui 
de  la  table. 


Absinthe  (Alcool  et);  épilepsie  absin- 
thique,  373. 

Absorption  (De  1')  par  la  vessie^  44. 

Accidents  graves  (Trois  cas  d')  et  un 
cas  de  mort  causés  par  l'emploi  de 
Vhydrale  de  chloral,  266. 

Acide  phénique  (Traitement  par  V) 
de  l'intoxication  par  le  venin  de  vi- 
père, 575. 

—  phosphorique  étendu  (Action  phy- 
siologique et  emploi  thérapeutique 
den,  371. 

—  sulfurique  (Application  locale  de 
r)  dans  le  traitement  de  la  carie  et 
de  la  nécrose  des  os^  par  M.  Pol- 
lock,  302. 

Albumine  de  Vœuf  (Sur  quelques  pro- 
priétés de  V),  454. 

Alcaloïde  de  Vamanita  muscaria,  361 . 

Alcool  et  absinthe  ;  épilepsie  absinthi- 
que,  373. 

Alcooliques  (Du  pronostic  des  lésions 
traumaliques  et  des  opérations  chi- 
rurgicales chez  les),  par  M.  Ver- 
neuil,  15. 

Alcoolisme  (De  l'influence  de  V)  sur 
la  vue,  234. 

Alimentation  (Note  sur  Y)  dans  la 
glycosurie,  par  M.  May  et,  286. 

Alun  (Effet  abortif  d'un  morceau  d') 
dissous  par  mégarde  dans  une  fasse 
de  café,  132. 

Amanila  muscaria  (Alcaloïde  de  1'), 
361. 

Ammoniaque  (Empoisonnement  par 
l'),278. 

Amputations  (Suppression  de  la  com- 
pression préalable  des  artères  prin- 
cipales des  membres  dans  les),  234. 

Ankylose  de  la  hanche  ;  section  sous- 
cutanée  du  col  fémoral  ;  guérison, 
177. 

Antip&iodique  (Du  sulfate  de  buxine 
conme)^  328. 


Antiseptique  {Unnonyéi),  182. 

Appréciation  comparative  des  divers 
moyens  de  traitement  des  pseudar- 
throses,  par  Bérenger-Féraud,  393. 

Arme  à  feu  (Blessure  de  l'artère  hu- 
mérale  par);  guérison  spontanée  de 
la  plaie  artérielle  ;  absence  de  sup- 
puration de  la  plaie  des  parties 
molles,  83. 

Artère  humérale  (Blessure  de  1')  par 
arme  à  feu  ;  guérison  spontanée 
de  la  plaie  artérielle;  absence  de 
suppuration  de  la  plaie  des  parties 
molles,  83. 

Asphyxie  (Deux  cas  d')  traités  par  les 
inhalations  d'oxygène,  460. 

Atrophie  musculaire  consécutive  aux 
congélations,  226. 

Atropine  (Empoisonnement  par  1') 
guéri  par  L'opium,  331. 

—  (De  1')  comme  antidote  physiolo- 
gique de  l'action  toxique  de  la  fève 
du  Galabar,  par  M .  Fraser,  333. 

>—  (De  la  neutralisation  des  effets  de 
la  fève  du  Galabar  par  le  sulfate 
d'),  456. 

Attelle  de  Smith  (Deux  cas  d'emploi 
de  Y)  dans  les  fractures  du  fémur 
(épinarthécie),  274. 


B 


Bains  chauds  prolongés  (Tétanos 
traumalique  traité  parles)  et  la  su- 
dation ;  guérison  rapide,  275. 

—  électrique  (De  l'emploi  du)  dans  le 
tremblement  mercuriel  et  dans  le 
tremblement  alcoolique,  par  M.  Gha- 
pot-Duvert,  385. 

Bandage  inamovible  gommé  (Emploi 
du),  467. 

Belladone  (Traitement  de  l'empoison- 
nement par  l'opium  et  par  la),  230. 

—  (Empoisonnement  par  la)  appliquée 
à  l'extérieur,  330. 

BicMoracétiqUie    (Acide) ,    nouveau 


—  470  — 


''caustique,  par  M.  Y.  Schmidt,  515. 

Blessure  de  l'artëre  humérale  par 
arme  à  feu  ;  gaérf  son  spontanée  de 
la  plaie  artérielle  ;  absence  de  sup- 
puration de  la  plaie  des  parties 
molles,  85. 

Bombardement  de  Paris  (Protestation 
contre  le),  45. 

Bromure  de  potassium  (Empoisonne- 
ment par  la  strychnine  ;  succès  du), 
233. 

—  —  (Emploi  du)  dans  le  diabète^ 
234. 

— -  0f  du  chlorure  de  potassium  (De 
Taction  thérapeutique  duj  dans 
répitepsie.  229. 

Bronchite  (Série  de  formules  pour  le 
traitement  de  la),  par  M.  Delioux 
de  Saviguac,  252. 

Brûlures  (Traitement  des)^  par  M.  Le- 
gouest,  246. 

Buoon  (Traitement  du)  par  les  injec- 
tions hypodermiques^  375. 

Buxine  (Du  sulfate  de)  comme  antipé- 
riodique, 328. 


Camphre  en  poudre  (Emploi  du)  ap- 
pliqué en  abondance  pour  la  gué  - 
rîson  de  la  pourriture  d'hôpital, 
235,  280. 

Carie  douloureuse  des  dents  (Mixture 
contre  la),  82. 

—  (De  l'application  locale  de  Tacide 
sulfurique  dans  )e  traitement  de  la) 
et  de  la' nécrose  des  os,  parll.  pol- 
loçk,  302. 

Caustique  (L^acide  bichloracélfque  ; 
nouveau),  par  M.  V.  Schmidt^  315. 

Céphalœmatome  (Observation  de),  90. 

Çéohalée  intense  et  rebelle  de  cause 
douteuse  ;  chloral  donné  comme 
hypnotique  avec  plein  succës,  282. 

Çnloral  (Les  dangers  du),  429. 

—  (Trois  cas  d'accidents  graves  et 
un  cas  de  mort  causés  par  l'emploi 
du),  266. 

—  (Le)  en  obstétrique,  43. 

—  (Traitement  du  tétanos  par  le), 
235,279. 

—  (Succbs  du)  comme  hypnotique 
contre  une  céphalée  intense,  282. 

—  (Emploi  du)  contre  la  manie  aiguë, 

—  (Eclampsie  puerpérale  chez  une  al- 
buminurique,  traitée  et  guérie  par 
le),  276. 

—  (Delirium  tremens  ;  insuccès  du)  ; 
bons  effets  délai  morphine,  369. 

Chlprose  (Une  formuje  pour  le  trai- 
tement de  la),  44p. 
Chlqr^re  de  jjotfissium  (De  X^^Wqia^ 


thérapeutique  du  bromure  et  du) 

dans  l'épilepsie,  229. 
Chloruré    de   stnc  (Pansement  des 

plaies  au),  182. 
Choléra  (Emploi  de  l'eucalyptus  plo- 

buîns  dans  le  traitement  du),  427. 
Ciguè    (Bons  effets  de  la),  dans  les 

convulsions,  232. 
Citrate  de  magnésie    (Sur  la  prépa- 
ration des  limonades  purgatives  au), 

par  M.  Duquesnel,  V41> 
Citron  (Suc  de)  dans  le  traitement  du 

rhumatisme  articulaire  aigu,  5291 
Clavicule  (Extirpation  de  la),  45. 
Coaltar  pulvérulent  (Note  sur  le)  et 

son  emploi   dans  les   pansements, 

par  M.  Magnes-Lahens,  313. 
Coca  (iNote  sur  la),  par  M.  Posada- 

Arango,  562. 
Col  fémoral   (Section    sous -cutanée 

du)  dans  un  cas  d'ankylose  de  la 

hanche  ;  guérison,  177. 
Colchique  {^pWei^sie  chez  un  goutteux 

guérie  par  le),  230. 
—  (Action  thérapeutique  de  l'extrait 

alcoolique  de  semences  de)  dans  le 

rhumatisme  articulairej,  271. 
Coliques  sèches  spasmodiques  d'an- 

f^ustie  et  de  coarctations  intestina- 
es  (î'otionémulsionnée  contre  les), 
467. 

Co^^odto»  (Note  sur  le),  sa  prépara- 
tion et  ses  applications,  parll-  Gui- 
chard,  411. 

Complications  (De  quelques)  peu  fré- 
quentes de  la  scarlatine  et  du  trai- 
tement qu'elles  réclament,  232. 

Compression  (De  la)  du  perf  vague  an 
cou  comme  moyen  d'arrêter  le  vo- 
missement, 133. 

Congélations  (^tropbiç  musculaire 
consécutive  aux),  2*26. 

Conseil  général  des  hospices  (Compo- 
sition du),  141. 

Constipation  de  quarante  jours  (Cure 
remarquable  d'une),  obtenue  par 
l'électrothérapie  induclive  ,  par 
M.  Amable  Cade,  413. 

Contagion  de  la  phthisie  pulmonaire, 
274. 

Contracture  réflexe  ascendante  par 
traumatisme  articulaire,  88.' 

Convulsions  (Bons  effets  de  la  ciguë 
dans  les),  232. 

Corps  étranger  volumineux  de  Tor- 
bite,  15|. 

Coup  de  feu  dans  V^bdpmen  ;  perfo- 
ration de  l'intestin  e(  de  l'os  ilia- 
que ;  guérison,  par  M.  Bérenger- 
Féraud,  320. 

Courants  continus  (Bons  effets  des) 
dans  la  paralysie  saturnine,  par 
M.  C.  Chapot-DuvcrI,  27Q. 


—  A^^  — 


Cure  abortive  deTérysipële  au  moyen 
du  silicate  de  potasse,  1 84. 

—  radicale  (Une  nouvelle  opération 
pour  la)  de  loiigle  incarné,  '276. 

Cytisine  (Sur  la),  son  extraction,  par 

M.  A.  Uusemann,  2^8. 
Cytisus  laburnum  (Empoisonnement 

parle),  252. 

D 

Daturine  (De  l'hyoscyamine  et  de  la), 
572. 

Délire  de  faiblesse  (Sur  le)  au  déclin 
des  maladies  aiguës,  405. 

Delirium  trernens  ;  insuccès  de  l'hy- 
drate de  chloral;  bons  effets  de  la 
morphine,  509. 

Dents  (Mixture  contre  la  carie  dou- 
loureuse des),  82. 

Désinfection  et  conservation  des  épon- 
ges employées  au  lavuj^e  et  au 
pansement  des  plaies,  52'. 

Diabète  (Emploi  du  bromure  de  po- 
tassium dans  le),  254. 

Diarrhée  (Cas  rare  de)  datant  de  vingt 
ans,  traitée  sans  succès,  en  Améri- 
que comme  en  France,  par  tous  les 
moyens  imaginables,  suite  de  cause 
spécitique  primitivumeul  incounue, 
et  guérie  par  le  sulfate  de  quinine, 
par  14 •  Juies  Simon,  225. 

Digitale  (filmploi  de  la)  dans  le  deli- 
rium trernens,  235. 

—  (Deux  cas  de  delirium  trernens 
dans  lesquels,  après  l'échec  de  To- 
pium,  la  guérison  a  été  obtenue  au 
moyen  de  la).  174. 

—  Epoque  de  la  récolte  des  feuilles^ 
301. 

Dilatateur  utérin  (Nouveau),  234. 

Diurétique  (Emploi  de  l'oignon  cru 
comme),  5.11. 

Dyspepsies  dites  essentielles ^  leur  na- 
ture et  leurs  transformations,  par 
M.  NVillième  (compte  rendu),  458. 


E 


Eau  de  fleurs  d'oranger  altérée  par 
du  tannin,  par  M.  Stanislas  Martin, 
205. 

Eclampsie  puerpérale  chez  une  albu- 
minurique,  traitée  et  guérie  par  le 
chloral,576. 

Ecoulement  sanguin  (De  1')  dans  cer- 
taines opérations  pratiquées  sur  la 
face  et  des  moyens  propres  à  en  at- 
ténuer les  inconvénients  ,  par 
M.  Verneuil,  541. 

Effet  abortifd'un  morceau  d'alun  dis- 
sous par  mégarde  dans  une  lasse 
de  café,  152. 


Electricité  (Observation  d'iléqs  guéri 
pari'),  180. 

Electrothéràpie  inductivé  (Cure  re- 
marquable d'une  constipation  de 
quarante  jours  obtenue  |>ar  V)y  par 
M.  Amàble  Gade,  415. 

Embryotomie  (Nécessité  de  V)  dans 
certaines  présentations  de  répaule; 
deux  cas  suivis  de  succès,  366. 

Emphysème  insolite  des  deux  paupiè- 
res à  droite,  151. 

Empoisonnement  par  la  strychnine  ; 
doses  des  préparations  de  noix  vo- 
mique  susceptibles  de  le  produire 
et  moyens  de  traitement  proposés, 
par  M.  Delioux  de  Savignac,  49, 
145,  195. 

—  par  le  sulfate  de  cuivre,  155. 

—  par  te  cytisus  laburnum,  232. 

—  par  la  strychnine  ;  succès  du  bro- 
mure de  potassium,  255. 

—  par  l'ammoniaqxie^  278. 

—  par  le  fruit  de  houx  commun , 
527 

—  par  les  feuilles  de  Vif,  327. 

—  par  la  belladorte  appliquée  à  Vex- 
térieur,  330. 

—  Voir  Atropine,  Belladone,  Opium, 
Encéphale  (Plaie  pénétrante  du  crâne, 

suite  d'un  coup  de  feu  ;  guérison, 

malgré  là  présence  de  la  balle  dans 

1),  418. 
Endoscope  (Des  applications  de  1'), 

son  utilité   dans   le  traitement  des 

affections  de  certains  organes,  par 

M.Ed    Labarraque,  297. 
Epilepsie    (Traitement    de   T),     par 

M.  Voisin,  285. 

—  simulée  ;  son  diagnostic  par  les 
caractères  graphiques  du  pouls,  88. 

—  absinthique  (alcool  et  absinthe), 
575. 

—  chez  un  goutteux  guérie  par  le 
colchique,  250. 

—  Voir  tiromure  et  chlorure  de  po- 
fassium. 

Eponges  employées  au  lavage  et  au 
pausemeni  des  plaies  (Désinfection 
et  conservation  des), 527. 

Equitatton  (Etude  médicale  sur  1'), 
par  M.  Rider,   91,  150,185,  235. 

Errata.  Traiiemont  du  psoriaris,352. 

Erysipèle  (Cure  abortive  de  1')  au 
moyen  du  silicate  de  potasse,   184. 

Eucalyptus  globulùs  (Emploi  de  V) 
dans  le  traitement  du  choléra,  427. 


F 


Fac.'.  Voir  Opérations. 

Falsification  (Du  miel  rosat  et  dosa), 

par  M.  J.  Patel,  168. 
Fébrifuges  indigèties  (Quelques) ,  530. 


—  472  — 


F#r  (Perchlonird  de)  dans  le  traite- 
ment des  fièvres  muqueuses  ii  forme 
torpide,  133. 

—  (Des  succédanés  du  percMorure 
de)  et  de  ses  incompatihilités,  par 
H.  Bouilhon,  218. 

—  (Saccharatc  de)^  par  M»  Duqaes- 
nel,  409. 

Fève  du  Calàbar  (De  Tatropine 
comme  antidote  physiologique  de 
l'action  toxique  de  la},  par  M.  Tho- 
mas R.  Fraser,  333. 

— >  —  (De  la  neutralisation  des  efîets 
de  la)  par  le  sulfate  d'atropine,  456. 

Fièvres  muquetues  à  forme  torpide 
(Du  perchlorure  de  fer  dans  le 
traitement  des),  133. 

Flexion  forcée  (De  la)  pour  arrêter 
une  hémorrhagie,  i84. 

Fractures  non  consolidées  (Valeur  du 
séton  dans  le   traitement  des],  58. 

—  —  (Des  indications  de  la  résection 
dans  les),  par  M.  fiérenger-Féraud, 
109,  153. 

—  —  oupseudarthroses  (Traité  des), 
par  M.  Bérenger-Féraud  [compte 
rendu),  220. 

—  —  (Appréciation  comparative  des 
divers  moyens  de  traitement  des), 
par  M.  Bérenger-Féraud,  393. 

—  du  fémur  (Deux  cas  d'emploi  de 
l'attelle  de  Smith  dans  les),  274. 


Gasiralgie  (Doit-on  toujours  chercher 
à  guérir  la)  ?  88. 

Glande  lacrymale  (Kyste  d'un  des  con- 
duits excréteurs  de  la),  134. 

Glycosurie  (Note  sur  1  alimentation 
dans  la),  par  M.  Mayet,  286. 

Goudron  (Du)  en  émulsion  sucrée, 
par  M.  Roussin,  124. 

—  pulvérulent  (Mémoire  sur  le),  par 
M.  Magnes -Lahens,  313. 

Grossesse  avec  hymen  intact,  375. 
Guérison  (Trois  cas  de)  de  pyémie, 

—  (Nouveau  procédé  pour  la)  des  tu- 
:.  meurs  hémorrholdaires,  233. 


H 


Hanche  (Ankylose  de  la),  section 
sous-culanée  du  col  fémoral  ;  gué- 
rison, 177. 

Haschisch  (Du)  daus  l'hydrophobie^ 

Hématurie  produite  par  l'usage  in- 
terne du  sulfate  de  quinine,  424. 

Hématosine  (Emploi  thérapeutique  de 
i  ),  lo2. 

Béméralopie  (Traitement  de  1')  par 


rhuile  de  foie  de  morne  et  resienee 
r  de  térébenthine,  133. 
Hémoptysie  de  nature  intermittente, 
87. 

—  par  fluxion  (Efficacité  de  la  mé- 
dication vomitive  dans  le  cas  d'), 
284. 

Hémorrhagie  (Flexion  forcée  pour  ar- 
rêter une),  184. 

—  utérine  (Transfusion  du  sang  dé- 
fîbriné  pratiquée  avec  succès  pour 
une),  283. 

—  (Efficacité  des  injections  iodées 
dans  la  cavité  utérine  pour  arrêter 
les)  qui  suivent  la  délivrance,  425. 

'-  (Des)  dans  les  plaies  d'armes  à 

feu,  par  M.  Bœckel,  443. 
HémorrhoVdatres    (Nouveau   procédé 

pour  la  guérison  des  turoeurs),233. 
Hernie  étranglée  (Bons   effets  de  la 

ponction  de  l'intestin  dans  la),  368. 
Hotix  commun  (Empoisonnement  par 

les  fruits  du),  327. 
Huile  de  foie  de  morue  (Traitement 

de  l'héméralopie  par  V)  et  l'essence 

de  térébenthine,  133. 
(De  la  préparation  et  des  ca- 
ractères du  savon  calcaire  à  r),par 

M.  de  Beck,  265. 

—  d^ olive  (Onctions  avec  V)  dans  les 
maladies  des  enfants,  329. 

Hydrate  de  chloral.  Voir  CMoral. 
Hydrophobie  (Du  haschisch  dans  1*), 
372. 

Hymen  intact  (Grossesse  avec),  375. 
Hyoscyamine  (De  1']  et  de  la  daturine, 
372. 


If  (Empoisonnement  mortel  .par  les 
feuilles  de  V),  327. 

Iléus  (Observation  d*)  guéri  par  l'é- 
lectricité, 180. 

Incompatibilités  (Des   succédanés  du 

Êerchlorure  de  fer  et  de  ses),  par 
[.  Bouilhon,  218. 

Indications  (Des)  de  la  résection  dans 
les  fractures  non  consolidées,  par 
M.  Bérenger-Féraud.  109. 

Injections  hypodermiques  (Traitement 
du  bubon  par  les),  375. 

—  iodées  (Efficacité  des)  dans  la  ca- 
vité utérine  pour  arrêter  les  hé- 
morrhagies  qui  suivent  la  déli- 
vrance, 425. 

Institut  (Protestation  de  V)  contre 
l'arrcstalion  de  M.  P.  Thénard  par 
les  Prussiens,  45. 

Intendance  (L'),  la  médecine  et  la 
pharmacie  militaires^  par  M.  Jean- 
nel  (comple-rendu),  416. 

Intestin  grêle  (Elimination  d*une  por- 


—  473  — 


tion  d')  longae  de  40  centimètres, 

dans  un  cas  d'occlusiou  intestinale; 

guérison,  89. 
Invagination    intestinale    (Guérison 

depuis  dixansd'unej  avec  expulsion 

de  75  centimètres  ^intestin  Rréle, 

136. 
lodure  de  potassium  (De  1')  dans  le 

traitement  de  la  paralysie  agitans, 

loi. 


K 


Kyste  d'un  des  conduits  excréteurs  de 
la  glande  lacrymale^  134. 

—  fongueux  delà  gaine  des  radiaux, 
283. 

—  delà  ré^on  coccygienne;  incision 
et  cautérisation  ;  guérison,  285. 


Lésions  traumaii(fues  (Du  pronostic 
des)  et  des  opérations  chirurgica- 
les chez  les  alcooliques,  par  M.  Ver- 
neuil,  15. 

Limonades  purgatives  (Sur  la  prépa- 
ration des).  Voir  Citrate  de  ma^ 
gnésie. 

Luxation  de  la  rottde  ;  réduction  par 
un  procédé  particulier,  44. 


Maladies  nerveuses  (Métaux  électri- 
ques dans  les),  181. 

—  des  femmes  (Le  permanganate  de 
potasse  dans  quelques),  180. 

—  des  enfants  (Onctions  avec  Thuile 
d'olive  dans  les),  329. 

Manie  aiguë  (Observation  de]  défini- 
tivement guérie  par  la  saignée  oc- 
cipitale, au  moyen  de  la  térabdelle. 
331. 

(Emploi  du  chloral  contre  la), 

231. 

Maxillaire  supérieur  (Résection  in- 
trabuccale  du)^  233. 

Médication  arsenicale  (De  la)  dans  la 
tuberculose  méningitique  et  périto- 
néale,  par  M.  Gersoy  (de  Langres)^ 
316. 

—  vomitive  (Efficacité  de  la)  dans  le 
cas  d'hémoptysie  par  fluxion,  284. 

Métaux  électriques  dans  les  maladies 
nerveuses,  181. 

Miel  rosat  (Du)  et  de  sa  falsification, 
par  M.  J.  Patel,  168. 

Morphine  f  Deltrttim  trvmens  :  insuc- 
cès de  l'hydrate  de  chloral  ;  boni 
effets  de  la),  369. 

Mortalité  pendant  le  siège  de  Paris, 
145. 


Nécrose  des  os  (De  Tapplication  lo- 
cale de  l'acide  sulfurique  dans  le 
traitement  de  la  carie  et  de  la),  par 
M.  G.  PoUock,  302. 

Nerf  vague  (De  la  compression  du) 
au  cou  comme  moyen  d'arrêter  le 
vomissement,  133. 

Névralgie  épUeptiforme  (Du  traite- 
ment de  la),  par  M.  Francis  £. 
Ânstie,381. 

Nota;  vomique.  Voir  Strychnine^  Etfh 
poisonnement. 

Noyaux  de  cerises  arrêtés  à  la  val- 
vule iléo-cœcale,  178. 


0 


Obstétricale  (De  la  saignée  dans  la 
pratique),  276. 

Obstétrique  (Le  chloral  en),  43. 

Occlusion  intestinale  ;  élimination 
d'une  portion  d'intestin  grêle  de 
40  centimètres  ;  guérison,  89. 

Œufs  (Nouveau  moyen  de  conserver 
les  blancs  d*),  par  M.  Stanislas 
Martin,  78. 

Oignon  cru   (Emploi  de  V]  comme  . 
diurétique,  àSl. 

Ongle  incarné  (Une  nouvelle  opéra- 
tion pour  la  cure  radicale  de  T), 
276. 

Opérations  pratiquées  sur  la  face  (De 
l'écoulement  sanguin  dans  certai- 
nes) et  des  moyens  propres  à  en 
atténuer  les  inconvénients ,  par 
M.  Ver  neuil,  341. 

—  césarienne  (Observation  d'),  sui- 
vie de  guérison,  426. 

Opium  (Traitement  de  Tempoisonne- 
mentpar  1')  et  par  la  belladone, 
230. 

—  (Empoisonnement  par  Tatropine 
guéri  par  1'),  331. 

Orbite  (Corps  étranger  volumineux  de 

1'),  131. 
Oxygène  pour    assainir    les    sallei 

d'hôpitaux,  par  M.  E.  Rabot,  376» 

—  (Deux  cas  d'asphyxie  traités  par 
les  inhalations  d'),  460. 


Papier  sinapiquef  454. 

Panaris  tendineux  du  pouce  droit; 
suppuration  de  la  gaine  du  muscle 
long  fléchisseur  propre  du  pouee  ; 
ouverture  de  cette  gaine  ;  guéri- 
son, 37. 

Pansement  des  plaies  an  chlorure  de 
zinc,  182. 

—  (Note  sur  le  coaltar  pulvérulent  et 


—  474  — 


son  emploi  dans  les)^  par  M.  Ma- 
l^nes-Lahens,  315. 

Pàràcmlèse  du  ftéricarde.  Voir  Pé- 

.  ricàrdite. 

Paralysie  agitans  (De  l'iodure  de  po- 
tassium dans  le  traitement  de  la), 

—  saturnine  (Bons  effets  des  courants 
continus  dans  la),  270. 

Paupières  (Emphysème  insolite  des 
deux)   à  droite,  131. 

Perchlorure  de  fer  (Du)  dans  le  trai- 
tement des  bëvres  muqueuses  à 
forme  torpide,  133. 

—  Voir  Fer^  Incompatibilités, 
Perforation  de  la  voûte  orbitaire  (tu- 
meur fibro-cysUque  de  Tœil  gau- 
che) ;  guérison,  277. 

—  de  IHntestin  et  de  Vos  iliaque  par 
coup  de  feu  ;  guérison,  3^. 

Péricardite  ;   épanchement  de  séro- 
i  site  purulente  ;  ponction  avec  Tap- 

pareil  du  docteur  Di'eulafoy  ;  gué- 

rison^  125. 
Périoste  ;  de  sa  conservation  dans  la 

chirurgie  opératoire,  230. 
Permanganate  de  potasse  (Du)  dans 

quelques  maladies  des  femmes^lSO. 
Phénate  de  potasse,  82. 
— _  —  réactif  de  la  présence  de  l'eau 

dans  l'éther^  83. 
Phosphate  de  chaux  officinal   (De  la 

Brésence  du  plomb  dans  le)^  par 
[.  H.  Duquesneij  357. 
Phthisie  tuberculeuse  (Nouveau  mode 
de  traitement  de  la)  au  moyen  de 
Thuile  de  foie  de  morue  saponifiée 
par  la  chaux,  par  M.  van  den  Gor- 
put,  200. 

—  pulmonaire  (Contagion  de  la), 
274. 

Piqûre  de  la  scolopendre  mordante, 

.  135. 

Plaies  d^ armes  à  feu  (Réflexions  sur 
les)  observées  pendant  la  campa- 
gne de  France  de  1870-1871,  par 
M.  Tillaux,211,  259. 

(Des  hémorrhagies  dans  les), 

par  M.  BœckeJ,  443. 

—  pénétrantes  de  la  poitrine  et  des 
poumons  (Du  traitement  des)^  183. 

du  crân<i,  suite  d'un   coup  de 

feu  ;  guérison  malgré  la  présence 
de  la  balle  dans   Tencéphale,  418. 

Plomb  (De  la   présence  du]  dans  le 

Shosphate   de  chaux  officinal,  par 
1.  il.  Duquesnel,  357. 
Ponction  de  l'intestin  (Bons  effets  de 
là)  dans  la  hernie  étranglée^  368. 

—  du  péricarde.  Voir  Péricardite. 
Pouls  (Diagnostic  de  Tépilepsie  simu- 

jée  par  les  caractères  graphiques 
du),  8S. 


Pourriture  d*h6pital  (Eîhploi  du  cam- 
phre en  poudre  appliqué  en  abon- 
dance pour  la  guérison  de  la),  235, 
280. 

Présentations  de  VépauU  (Nécessité 
de  l'embryotomie  dans  certaines); 
deux  cas  suivis  de  succès^,  366. 

Principes  thérapeutiques  (Quelques)  à 
propos  de  la  pathogénie  des  scro- 
fules, par  M.  Dauvergne  père,  241. 

Pronostic  (Du)  des  lésions  traumati- 
ques  et  des  opérations  chirurgicales 
chez  les  alcooliques,  par  M.  Ver- 
neuil,  15. 

Pseudarthroses  (Appréciation  compa- 
rative des  divers  moyens  de  trai- 
tement des),  par  M.  îBérenger-Fé- 
raud,  39?. 

Psoriasis  (Traitement  du),  231. 

—  Errata,  332. 

Purgatifs.  Voir  Séné. 

Pyémie  (Trois  cas  de  guérison  de), 
179. 


Quinine  (Emploi  de  la)  comme  topi- 
que dans  les  maladies  des  yeux, 
233. 

—  (Effets  toxiques  produits  bar  la), 
423. 

—  (Hématurie  produite  par  le  sul- 
fate de),  424. 

R 

Recherches  chimiques  et  physiologie 
ques  sur  la  nature  des  principes 
purgatifs  du  séné  de  la  Palte,  par 
ftlM.  Bouchut  et  Bourgeois,  5. 

Remèdes  spécifiques  (Sur  les)  du  té- 
tanos, 425. 

Résections  dans  les  fractures  non  con- 
solidées. Voir  Fractures,  Indica^ 
tions, 

—  sous'périostées,  231. 

—  intrabuccale  du  maxillaire  supé- 
rieur, 253. 

Rétroceps  (Un  insuccès  du)  ;  ses  cau- 
ses ;  réOexions.  par  M.  E.Devaux, 

Revaccination,  Voir  Variole, 
Rhubarbes  (Recherches  historiques 
sur  les),  par  M.  Stanislas  Martin, 
34. 
Rhumatisme  articulaire  (Action  thé- 
rapeutique de  l'extrait  alcoolique 
de  semences  de  colchique  dans  le). 
271.  " 

(Le  jus  de  citron  dans  le  trai- 
tement du),  329. 

Rotule  (Luxation  de  la)  ;  réduction 
car  un  procédé  particulier,  44. 


—  475  — 


$àcàuira(e  àefer  (Ud),  jiar  M.  tt. 
piiquêsinel^  409. 

Saft-an  (Falsification  db);  360. 

Saignée  (De  la)  dans  la  pratique  ob  - 
àt^trlcale ,  276.  ... 

—  occipitale  (Observatioti  de  aàme 
aiguë  définilivemeut  guérie  par  la) 
au  moyeti  dé  la  térabdelle,  §31. 

Salicine  (De  la)  dans  la  fièvre  ty- 
phoïde, 4ë6. 

Sang  défibriné  (Sur  la  transfusion 
du),  426. 

Savon  calcaire  à  Vhuile  de  foie  de 
morue  (De  la  préparation  et  des 
caractères  du),  par  M.  0.  de  Becli, 
Î65. 

Scarlatine  (De  quelques  cbiilt)licà- 
tions  peu  fréquentes  de  la)  et  du 
traitemeut  qu'elles  réclament,  232. 

Scolopendre  (Piqûre  de  la),  135. 

Scrofules  (Quelques  principes  théra- 
peutiques à  propos  de  ia  pathogé- 
uie  des),  par  M.  Dauvergne  père, 
241 

Séné  de  la  Palte  (Recherches  chimi- 
ques et  physiologiques  sur  la  nature 
des  principes  purgatifs  du) ,  par 
MM.  Bouchut  et  Bourgeois,  5. 

Séton  (De  la  valeur  thérapeutique 
du)  dans  le  traitement  des  fractu- 
res non  consolidées,  par  M.  Bé- 
renger-Féraud,  58. 

Silicate  de  potasse  (Cure  abortive  de 
l'érysipëleau  moyen  du),  184. 

Strychnine  (De  l'empoisonnement  par 
la)  ;  doses  des  préparations  de  noix 
vomique  susceptibles  de  le  produire, 
et  moyens  de  traitement  proposés, 
par  M.  Delioux  de  Savignac^  49, 
145, 193. 

—  Voir  Empoisonnement, 
Sinus  frontal  (Abcès  du),  42. 
Succédanés  (Des)  du  perchlorure  de 

fer  et  de  ses  incompatibilités,  par 
M.  Bouilhon,  218. 

Sucre  (L'abus  du),  par  M.  Bouilhon, 
263. 

Sulfate  de  quinine  (Modes  d'adminis- 
tration du)  ;  adjuvants,  correctifs, 
doses,  par  M.  Delioux  de  Savignac, 
237,  289. 

—  —  (Hématurie  produite  par  Tu- 
sage  du),  424. 

—  di  cuivre  (Empoisonnement  par 
le),  135. 

Voir  Buœine, 

Sulfure  de  carbone  (Désinfection  du), 
81. 

Suppression  (De  la)  de  la  compres- 
sion préalable  dea  artères  principa- 


les des  membres  dans  les  amputa- 
tions, 234. 

Suppuration  de  la  gaine  dii  musde 
long  fléchisseur  propre  du  pouce. 
Voir  Panaris. 

Syphilides  ulcéreuses  circonscrites 
(Du  traitement  des)  par,  le  spara- 
drap de  Vigo,  bai*  M.  Constantin 
Paul  9*7.        .  . 

Syphili's  (Traité  historique  et  p/'ajliiîtie 
de  la),  par,  M.i  Ë.  Lancei'eàûXi 
(compte  rendu),  lll: 


s 


tannin  (Ëau  de  fleiirs  ï'oriiiigdi*  ai 
térée  pai*  du),  {iir  M.  Stanisià 
Martin,  ?65.     .  . 

Taxis  (Manière  particulière  de  prati- 
quer le),  130. 

Térabdelle  (Observation  de  manie  ai- 
guë définitivement  guérie  par  la 
saignée  occipitale  au  moyen  de  la), 
231. 

Térébenthine  (Traitement  de  l'hémé- 
ralopie  par  l'huile  de  foie  de  mo- 
rue et  l'essence  de),  133. 

Tétanos  (Traitement  du)  par  le  chlo- 
ral,  235,  279. 

—  traumatique  ;  traitement  par  les 
bains  chauds  prolongés  et  la  suda- 
tion ;   guérison  rapide,  275. 

—  (Sur  les  remèdes  spécifiques  du). 
425. 

Thérapeutique  (Effet)  de   l'hémato- 

sine,  152. 
Traité  historique   et  pratique  de  la 

syphilis,    par   M.  £.    Lanceraux 

(compte  rendu,  171. 
Traitement  des  syphilides  ulcéreuses 

(  Du)  circonscrites  par  le  sparadrap 

de  Vigo,  par  M.  Constantin  Paul, 

97. 

—  des  plaies  pénétrantes  de  la  poi- 
trine et  des  poumons,  183. 

—  delà phthisie.  Voir  Phthisie. 

Transfusion  du  sang  déftbriné^  pra- 
tiquée avec  succès  pour  une  hémor* 
rhagie  utérine,  283. 

(Sur  la),  426. 

Tremblement  mercuriel  (De  l'emploi 
du  bain,  électrique  dans  le)  et  dans 
le  tremblement  alcoolique,  par  M.  G. 
Ghapot-Duvert,  385. 

Tuberculose  (De  la  médication  arseni- 
cale dans  la)  méningitique  et  péri- 
tonéale,  par  M.  Gersoy  (de  Langres), 
316. 

Tumew  ftbrocystique  de  Pœil  gau* 
che  ;  perforation  de  la  voûte  orbi- 
taire  ;  guérison,  277. 


-  476  — 


Utérin  (Nouyeau  dilatateur),  254. 


V€Uiur  thérapeutique  du  séton  (De 
la)  dans  le  traitement  des  fractures 
non  consolidées,  par  M.  Bérenger- 
Féraud,  58. 

Valvule  iléo^œcàle  (Noyaux  de  ceri- 
ses arrêtés  à  la),  178. 

Variole  mortelle  chez  un  enfant  vac- 
ciné depuis  dix  jours  ;  revaccina- 
tions nombreuses  avec  du  vaccin 

'  emprunté  à  cet  enfant  ;  succès  de 
ces  dernières  sans  transmission  de 
la  petite-vérole.  86. 

Venin  de  vipère  (Traitement  par  Ta- 


cide  phéniqne  de  rintoxication  par 
le),  375. 

Vessie  (De  Tabsorption  par  la),  44. 

Vigo  (Du  traitement  des  syphilides 
ulcéreuses  circonscrites  par  le  spa- 
radrap de),  par  M.  Constantin  Paul. 
97. 

Vomissement  (Compression  du  nerf 
vague  au  cou  comme  moyen  d'ar- 
rêter le),  133. 

Vue  (De  rinfluence  de  l'alcoolisme 
sur  la),  234. 

VtUve  (Rétrécissement  cicatriciel  de 
la)  ;  débridement  ;  accouchement 
multiple»  41. 


Yeux  (Emploi  de  la  quinine  comme 
topique  dans  les  maladies  des),  239. 


Paris.  —  Typographie  A.  Humivm,  rue  du  Boulevard^  7. 


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